Martine Fillon - Petites soeurs de Jésus de Charles

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Martine Fillon - Petites soeurs de Jésus de Charles
Témoignage de Sœur Martine Fillon - Fraternité des Petites Sœurs de Jésus de Charles de Foucauld Journée annuelle Justice et Paix - Instituts Religieux - 28 janvier 2013.
20 Janvier 2012 . Témoignage pour l'ACO 93
Chrétiens Musulmans :Comment vivre ensemble ?
Présentation :
Je m'appelle Martine, et je fais partie de la Fraternité des petites sœurs de Jésus de Charles de Foucauld. La
Fraternité a été fondée en 1939 au Sahara, parmi des nomades musulmans; et ce sont eux, les premiers amis, qui
ont aidé à la fondation. Après, la congrégation s'est étendue au monde entier, mais avec le même esprit : une vie
d'union à Jésus, et une présence toute simple d'amitié, dans un cadre très ordinaire... comme Jésus à Narareth.
A La Courneuve, nous sommes une petite fraternité de quatre sœurs, dans la cité des 4000. Notre logement : grand
immeuble de 200m, 15 étages, 30 appartements par escalier.
Notre mode de vie :
- Prier en portant la vie ordinaire ; et vivre la vie ordinaire en la portant devant Dieu.
- Vivre la relation au fil des jours et des événements, dans la cité. Deux d'entre nous sont à la retraite, et ont plus
de temps pour la vie du quartier. Les gens nous repèrent bien comme les « soeurs »... et c'est clair que la relation
qui se tisse avec l'une ne s'arrête pas à une relation d'amitié personnelle avec elle ; plus loin que la sœur, il y a les
autres sœurs, plus loin il y a l'Eglise – au moins la paroisse-. Nous sommes repérées comme « femmes de Dieu ».
- Nécessité de gagner notre vie, comme nos voisins. Chômage ou temps de travail. Actuellement, nous sommes
deux au travail salarié. Elisabeth est femme de ménage dans un hôpital, et je suis employée de maison sur Paris et
St Denis.
Introduction :
On me demande de témoigner. Cela ne me semble pas très facile, parce que :
− comme religieuses nous avons choisi de venir ici et d'y vivre. Nous n'y sommes pas nées...
− nous n'avons pas d'enfants, avec la responsabilité que ça suppose...
Alors face à votre expérience, à tout votre vécu, je me sens toute petite.
Je suis sûre que vous vivez beaucoup de choses très positives. Mais peut-être est-ce pour vous difficile de vous en
rendre compte vous-mêmes. Alors je me lance dans ce témoignage, en espérant qu'il vous fera relire votre
expérience d'une manière positive. J'espère que ça vous aidera à voir les germes d'espérance qu'il y a déjà dans vos
vies, dans votre état de vie.
Je partirai de trois exemples, en essayant d'en tirer à chaque fois quelques points importants, à ce qui me semble.
- Etre clair sur son identité, reconnaître l'autre dans sa différence, recevoir de lui...
- Un dialogue vrai : plusieurs étapes... qui nous entraînent nous-mêmes plus loin dans notre foi
- Difficultés, contradictions : ma maison est-elle fondée sur un Roc ?
Etre clair sur son identité, reconnaître l'autre dans sa différence, recevoir de lui...
Un jour, l' an dernier, les Jeunes Musulmans de France organisent à La Courneuve une séance de spectacle qu'ils ont
montée avec des filles et garçons de l'âge du collège. Ils invitent largement, mettent des tracts. C'est à partir de 3h
de l'après-midi. L'une de mes sœurs de communauté, Isabelle, et moi, arrivons à 15h. Ils ont des difficultés avec le
son. Le spectacle est un peu retardé. Nous avons donc le temps d'attendre, de faire connaissance avec ceux et celles
qui sont là... les filles sont parfois très couvertes, d'autres sont en pantalons, sans voile. Une diversité donc. Les
organisateurs sont très gentils. Nous sommes les seules chrétiennes, et ils nous accueillent avec beaucoup de joie.
Le spectacle commence : les jeunes mettent en scène leur difficultés avec un prof qui les fiche d'avance comme des
bons à rien, et aussi leurs difficultés avec la violence ou la drogue. Il y a également, heureusement, un prof qui les
écoute, les valorise, et les mêne plus loin... Tout est très vrai, bouleversant même, et comme un chemin
d'apprentissage. Pour apprendre quoi ? Que chacun a un avenir qui en vaut la peine... que j'ai à prendre confiance
en moi... et à être responsable de l'autre. Le mot clef est : être ouvert à l'autre. A la sortie, de nouveau, nous
parlons avec les jeunes, et leurs jeunes responsables. Pour eux, c'est précieux que des chrétiennes soient là... et
apprécient leur travail bénévole... et pour nous, c'est précieux de vivre ce moment d'immersion parmi eux, et de
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recevoir leur accueil. Les valeurs humaines qu'ils ont mises en scène, sous-tendues par leur foi musulmane, sont
des valeurs communes, partagées. Eux et nous, nous vivons une vraie joie, ça se voit sur les visages. Nous
échangeons des mails...
La joie... c'est un bon signe indicateur ! Un signe de vie, et aussi un signe de la présence de Dieu...
On peut noter une chose : dans cette expérience nous sommes seules chrétiennes... Nous sommes
arrivées timidement, pas en force... mais en situation de faiblesse, de minorité... et sans cacher notre
identité. Et nous nous sommes laissées accueillir. Et c'est cela qui a permis la rencontre. Je pose la
question : est-ce qu'il n'y a pas là quelque chose de l'appel spécifique du chrétien : cette ouverture au
sein même de la faiblesse. Regardons Jésus, dans la crèche... petit, dépendant... et c'est dans cet état-là
qu'il nous accueille. A la croix aussi. Evaluer le nombre que nous sommes, compter nos forces, c'est
peut-être une tentation. Assumer d'être faible, ouvrir les bras et se laisser accueillir, c'est suivre Jésus.
Je reprends le récit.
Il fait assez beau ce jour-là, et quand nous rentrons dans la cité, nous trouvons Zineb, une voisine, assise dans
l'herbe avec sa belle-fille et d'autres femmes. Zineb demande où nous étions, nous racontons... Elle s'étonne, elle
n'était pas au courant de ce spectacle, elle serait bien venue aussi, et elle demande de la prévenir, la prochaine
fois... Mais surtout, il y a en elle, et dans les autres, une grande joie... car nous parlons positivement de ce que nous
avons vu, vécu. Elles apprécient notre joie comme signe d'ouverture, et nous apprécions la leur comme le signe
d'un moment de rencontre au niveau de ce qui nous fait vibrer chacune. Zineb explique aux autres femmes que
nous sommes des sœurs. Notre identité chrétienne est très claire. Elles savent très bien que nous n'allons pas nous
convertir à l'Islam. Ce qui fait la joie, c'est que nous sommes différentes, et que notre rencontre a pour socle le fait
que nous sommes différentes.
Quelques mois après, c'est Noël... nous passons chez Zineb, comme chaque année, apporter des biscuits et des
chocolats faits maison. A Noël, nous fêtons Dieu qui s'est l'un de nous, petit et proche. Nous voulons donner ce
signe de la proximité de Dieu et de l'amitié pour tous. Alors nous passons avec une assiette chez beaucoup de ceux
que nous connaissons au moins un peu, en disant que c'est un petit signe d'amitié à l'occasion de notre fête.
Souvent, ça permet d'ailleurs à l'amitié de se tisser plus fort...
Bref, nous arrivons chez Zineb... Elle nous invite à rester là un moment... Elle nous questionne sur le sens de Noël...
Elle pose des questions à partir de ce qu'elle voit à la télé : le foi gras, le sapin, les jouets. Et pourquoi le 25
décembre ?... Alors nous expliquons ce qui est religieux et ce qui ne l'est pas. Le mois de décembre, c'est le moment
où la nuit est la plus longue et où les jours vont commencer à grandir... et Dieu vient nous rejoindre dans toutes les
nuits du monde : nuit du desespoir, nuit des violences, nuit de toutes les souffrances. Dieu, nous ne le voyons pas...
mais nous le percevons à travers de toutes petites lumières. Et à Noël, c'est une toute petite lumière qui vient. Mais
une étincelle d'espoir, ça peut allumer un grand feu d'espoir.... Une étincelle d'amour, ça peut allumer un brasier
d'amour. Alors on parle ensemble des actes de solidarité, dans le quartier, qui sont plus forts que tout ce qui détruit.
Zineb qui aide un jeune couple sans logement fixe. Karim qui boit, mais qui va faire les courses d'une vieille dame...
On parle ensemble de ces petites choses quotidiennes qui sont des merveilles, des merveilles dans l'ombre, mais
des merveilles quand même. Zineb peut parler, elle aussi, de l'importance du partage avec le plus pauvre, dans sa
foi musulmane, elle peut parler de sa confiance en Dieu quand tout va mal. Elle vient de perdre sa mère, d'ailleurs,
et ce deuil fait partie du dialogue... avec la foi dans la vie pour toujours.
On peut noter plusieurs choses : on est parti d'une situation de convivialité et d'amitié... qui s'est
construite dans le temps, pendant longtemps. On est parti d'une situation où l'autre, déjà, se sentait
reconnu, apprécié. Ca permet alors un dialogue où personne n'est sur la défensive. On est parti aussi
d'un contexte concret (Noël, ici ; d'autres fois, ça peut être le décès de quelqu'un, ou une naissance,
une situation de famille, une question soulevée par les médias). A partir de là, chacune s'exprime, mais
à partir de ce qu'elle vit, ce qui la fait vivre et espérer ou aimer, ce qu'elle voit.
Un dialogue vrai : plusieurs étapes... qui nous entraînent nous-mêmes plus loin dans notre foi
Je prends un autre exemple : avec Fatouma, nous avons eu d'abord des liens conviviaux de voisinage, dans l'escalier,
dans l'ascenseur, puis chez eux, chez nous. Nous nous sommes intéressés à ce que sa famille vivait : l'éducation des
enfants, les problèmes de travail, la santé des grands-parents âgés en Tunisie. Un jour, il y a eu une autre phase : à
l'occasion du Ramadan, nous avons été invités à passer une soirée chez elle et sa famille, après la rupture du jeûne.
C'était être invitées à partager un peu comme un moment sacré avec eux... Sans chercher à nous convertir, mais
seulement pour exprimer le feu débordant de sa foi, Fatouma a exprimé ce que ça représentait pour elle, le
Ramadan : se tourner vers Dieu, et être heureux de vivre en sa présence. Partager avec les plus pauvres aussi. Sans
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le partage, le Ramadan perd son visage. Si je me dispute avec les voisins, ce n'est pas non plus le Ramadan. Elle a pu
se sentir écoutée, appréciée dans sa foi, reconnue. Mais, à cette étape, elle ne nous demandait pas de nous
exprimer à notre tour.
Un jour, elle m'a appris que Zora, une jeune maman, plus proche de chez nous, était en soin pour un cancer du sein.
Et le Papa était au chômage. Je connaissais un petit peu le fils, je ne connaissais pas la maman, et j'ai demandé à
Fatouma de m'emmener chez elle. Nous avons vécu là une troisième étape : celle d'être ensemble, chrétienne et
musulmane, auprès de quelqu'un en situation difficile. Après la convivialité, qui est une première forme de dialogue
interreligieux, voilà une deuxième forme : construire ensemble un monde plus humain. Au moment de l'Aïd, nous
faisons le tour de beaucoup de familles pour pour souhaiter aux amis musulmans une bonne fête et de reconnaître
la valeur de leur démarche de foi. Dès le premier jour de l'Aïd, nous allons voir Zora. Bientôt, quelqu'un sonne à la
porte, c'est Fatouma. Quand nous sortons, elle nous dit: « Ah, vous, dès le début, vous allez voir les familles les plus
pauvres. Vous êtes vraiment des femmes de Dieu ! » Nous étions les premières surprises ! Mais voilà, cette fois, elle
était capable de reconnaître explicitement la valeur devant Dieu de ce que vit l'autre. Depuis, nous sommes passées
à une forme de dialogue interreligieux : il y a un échange réciproque sur ce qui nous fait vivre, profondément... ou
sur ce que dit le Coran, ou la Bible. Il y a des points où c'est pareil, d'autres où c'est différent. Mais la différence
n'est pas une difficulté. Chacune parle de ce qui l'habite, ce qu'elle aime, ce qui la fait vibrer, et ça, c'est sacré. Si
c'est un point commun, on se réjouit ensemble ; si c'est un point différent, on accueil avec respect... Parfois, la
tradition de l'autre met en lumière quelque chose qui est dans aussi dans sa propre tradition, mais peut-être mis en
lumière autrement. Par exemple : Dieu est « plus grand ». Qu'est-ce que ça veut dire pour moi ? Pour moi, Dieu se
fait surtout tout petit, tout pauvre, en Jésus. Mais Dieu « plus grand », qu'est-ce que ça veut dire ? Qu'est-ce que ça
me rappelle et que j'ai besoin de retrouver ? Dieu est plus grand que mes raisonnements, Dieu est plus grands que
nos catégories, Dieu est plus grand que les religions des uns et des autres...
Quand je vois Fatouma, et sa foi profonde... quand je vois Zineb, et sa manière d'ouvrir sa porte à une
famille en difficulté, quand je vois Karim, qui, tout en étant pris par l'alcool, fait attention aux autres...
je me dis que Dieu fait chemin avec chacun, chacune. La religion de chacun est un chemin vers Dieu.
Combien de fois dans l'Evangile, Jésus remarque la foi ou le comportement d'un païen, et l'exauce ! Le
païen reste païen . Mais Jésus sait voir dans l'autre, et dans sa religion, un chemin qui le mène
réellement vers Dieu. « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, qui a caché ce mystère aux
sages et aux savants, et qui l'a révélé aux tout-petits ». Les tout-petits, ce sont les cœurs simples, ce
sont aussi ceux qui sont dans une autre voie que nous... ceux qui n'ont pas reçu ce que nous avons
reçu, c'est à dire cette merveille de l'Evangile. Mais ils sont là, et ils font chemin vers Dieu. Je ne dis pas
que toutes les religions se valent, et que notre chemin qui passe par Jésus est un chemin parmi
d'autres, interchangeable. Mais je ne veux pas faire de notre religion un absolu, une idôle... Le
christianisme n'est pas d'abord une religion, il est plus qu'une religion. Ce qui compte le plus, c'est ce
qui le déborde : un amour fou pour la personne de Jésus. Et dans la foi, nous croyons que aimer Jésus
nous lie au reste de l'humanité. Et que Jésus nous mène tous vers son Père. Ca devrait nous rendre
fous d'amour et d'émerveillement... ouverts au-delà de toutes les limites humaines, et ça devrait se
percevoir... En ce sens, le dialogue avec d'autres qui croient autrement, nous entraîne à dépasser les
limites religieuses que nous n'arrêtons pas de mettre : face à la différence, Jésus nous entraîne plus
loin, au fond du fond de son mystère, au cœur du cœur avec Lui.
Difficultés, contradictions : ma maison est-elle fondée sur un Roc ?
Ce n'est pas toujours facile... Vous en avez parlé entre vous, et je ne vais pas répéter. Dans ces moments ou aspects
plus difficiles, nous avons besoin d'être fondés sur un Roc.
Cette année, au moment de l'Aïd, nous sommes allées dans une famille du Sénégal: il y avait notre amie Fatou, et
des hommes qui palabraient. L'un a commencé à dire qu'il était un ancien chrétien, mais que l'Islam lui apportait
beaucoup plus : c'était le plus du top. Ca le faisait vivre, et ça nous l'avons écouté, c'est important de relever ce qui,
dans l'autre, fait vivre. Mais après, nous avons eu des questions polémiques, de la part d'un autre homme, sur le
voile des femmes chrétiennes (selon une lettre de St Paul), et sur ce que nous devons faire ou pas, etc. Je refuse
d'entrer dans toute question polémique. Pour le voile, je dis que les musulmans savent comment lire et interprêter
leurs textes, et que de même ce sont les chrétiens qui savent comment lire leurs textes, les interprêter, et comment
en vivre. Basta. Pour le reste, je réponds une chose : pour nous, il n'y a pas ceci ou cela de telle ou telle manière ;
Dieu nous dit : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ; et vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous
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commande ; et ce que je vous commande c'est de vous aimer les uns les autres, d'aimer même vos ennemis ». Pour
nous, nous n'avons pas des choses à faire... nous avons à aimer, et aimer, ce n'est jamais fini. Nous n'aimerons
jamais assez. Nous ne pardonnerons jamais assez. Nous essayons tout ce que nous pouvons, mais nous ne serons
jamais comme des justes devant Dieu. Mais Dieu est miséricordieux. Ne pas être à la hauteur de son
commandement, ça me fait apprécier et accueillir la miséricorde de Dieu. Je suis poussée à lui faire confiance. Ce
n'est pas une loi, mais un amour. Vous aussi vous croyez au Dieu Miséricordieux, n'est-ce pas ? »
J'essaie de parler avec mon cœur... avec ce qui est tout pour moi... non au niveau de la tête. Et j'essaie de sortir de
la polémique en rejoignant un point qui est commun entre nous.
Pour cela, pour tenir bon en étant minoritaire ou en étant face à la contradiction, il faut être debout sur un socle
solide, un roc : ce Roc, c'est Jésus, et c'est l'Evangile.
Lire seule l'Evangile, ou avec mes sœurs de communauté, c'est pour moi très important. L'Evangile devient une
nourriture. Avec les autres, je découvre ce que je ne trouverais pas toute seule. Je suis poussée à lire, relire, faire le
lien avec ma vie. Ca me branche sur Jésus, sa personne et sa manière. Ne pas être des chrétiens isolés, c'est une
force. Dans notre congrégation, nous disons que la communauté est le premier lieu de notre mission. Jésus a dit :
« Quand vous êtes deux ou trois réunis en mon Nom, je suis au milieu de nous ». L'important n'est pas le nombre,
mais que Jésus soit là, au milieu. La communauté chrétienne, c'est la même chose, Jésus est là au milieu, et plus
nous le recevons du fait de notre unité, plus nous serons sur un roc pour être dans le monde, auprès des gens, avec
eux.
C'est pourquoi nous attachons beaucoup d'importance à la vie de la petite chapelle qui est au milieu des HLM de
notre cité. L'Eucharistie tisse entre nous l'unité... mais il y a aussi la convivialité. Nous en prenons soin. Parfois,
après la messe, j'ai envie de rentrer vite chez nous, parce qu'il y a tant à faire : le repas, le repassage, etc., ou même
la prière en silence. Tout cela est bon, mais pas tout de suite. C'est une tentation. L'important est d'abord de soigner
la convivialité. Les gens ont tendance à filer comme des lapins eux-aussi. Alors un jour j'essaie de parler avec l'un,
faire un bout de chemin avec l'autre, une autre fois j'essaie de faire en sorte que deux qui ne se connaissent pas
puisse se rencontrer... Et puis il y a la possibilité de vivre aussi la convivialité entre paroissiens du quartier à d'autres
moments... il faut en garder le souci.
Pour conclure, j'ai envie de dire deux ou trois choses :
Notre fondatrice, petite sœur Magdeleine, disait : « Nous devons aller vers l'autre comme des petits » ; « en nous
laissant accueillir » ; « notre mission, c'est d'aimer, car l'amour rapproche de Dieu ».
Si nous approchons l'autre comme des « petits », les portes s'ouvriront peu à peu... Notre cœur s'ouvrira aussi, et
nous découvrirons les merveilles que Dieu fait en tous. L'espérance, c'est dans la nuit... mais avec un regard qui sait
chercher les plus petites étoiles.
Si nous croyons que l'amour rapproche de Dieu... alors nous n'aurons plus peur d'être minoritaires ; car quand nous
aimons, quand l'autre aime... alors Dieu n'est pas loin. Et il m'est arrivé de dire à Fatouma : « tu te rends compte,
c'est génial de pouvoir partager comme ça ensemble ! Dieu doit être heureux au moins autant que nous ». Et elle
m'a répondu : « Oui, et nous avons de la joie ». Et nous savions très bien, l'une et l'autre, que cette joie était un
signe de Sa présence. »
La présence de Dieu... c'est ça le « Royaume de Dieu ». Cherchons-nous autre chose ?
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