Loupes pour la Macédoine - Production des enseignants et des

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Loupes pour la Macédoine - Production des enseignants et des
Loupes pour la Macédoine :
1) Les dispositifs :
Le dispositif de l’état macédonien : (voir tableau des systèmes français et macédonien)
Il y a sur le territoire, 166 écoles primaire-collège, et 77 écoles secondaires-lycée.
Le système macédonien impose le choix de l’étude d’une première langue étrangère au niveau
de la « Cetvrto oddelenje IV : 9-10 ans », correspondant à notre CM2. Ensuite c’est lors de la
«Sesto oddelenje VI : 12-13 ans », soit notre 5ème.
Ensuite lors de l’entrée au lycée, suivant sa spécialité, maths où sciences humaines, l’élève a
plus ou moins d’heures de langues, cela varie généralement de LV1(3h/semaine) LV2
(2h/semaine) à LV1(1h30/semaine) LV2 (1h30/semaine).
Les langues présentes sont en majorité : l’anglais, le français et le russe. Depuis environ trois
ans, on assiste à l’arrivée de l’allemand ainsi que dernièrement de l’italien et de l’espagnol.
La présence du russe s’explique par le fait qu’il existe des professeurs et qu’il faut donc bien
les « utiliser ». Dans une mesure moindre ce fait se répète pour le français. En effet quand
certains professeurs partiront en retraite, ils seront remplacés par des professeurs d’anglais
premièrement ainsi qu’ensuite par des professeurs d’allemand et d’espagnol et/ou d’italien.
La coopération bilatérale :
Aujourd’hui en Macédoine et cela sous l’impulsion propre du « Centre Culturel Français » et
de son bureau pour la politique linguistique, plusieurs projets de relance du français ont été
initialisés :
-
-
jardin d’enfants : Des jardins d’enfants francophones se sont ouverts, 2 à Skopje (la
capitale) 43 élèves, et des tentatives d’implantation sont actuellement tentés dans les 3
villes les plus importantes du pays après la capitale, Kumanovo, Tétovo et Bitola. De
7h à 16h, avec cours de 9h à 15h, 5 jours par semaine. (75 euros/mois)
A la sortie du jardin d’enfants, 20 élèves sont concernés par l’étude du français par le
CNED, et ceci sous la conduite d’un professeur de français du CCF, 4 heures et demi
par semaine. (Ici aussi à la charge des parents)
Enseignement élémentaire : un projet de classe bilingue axé sur deux matières
seulement (l’éducation physique et la pratique théâtrale), Kumanovo, Tetovo, Bitola et
Skopje, 100 élèves sont concernés par ce projet et ceci à raison de 3 heures/semaine.
Enseignement central : système de classes bilingues sur tout le territoire de la
Macédoine (2 à Skopje, 2 à Kumanovo, 1 à Tétovo, 1 à Bitola, 1 à Négotino, 1 à
Prilep), soit 452 élèves concernés. A l’étude de matières de spécialités (biologie,
littérature, physique, chimie…) et rajoutés 2h30 de langue française par semaine par
un lecteur français, ainsi que les heures de français du professeur de Macédoine.
Le nombre de matière de spécialités est spécifique à chaque lycée, ainsi que les
matières enseignées. Ce système est donc relativement hétérogène d’une ville à l’autre
du pays. Le but de ces classes bilingues étant de préparer les étudiants à aller étudier
en France, la finalité d’usage de la langue est de type DALF)
En général, ces projets sont financés par l’Ambassade de France en Macédoine et le cas
échéant les parents payent le service éducatif désiré. L’Etat macédonien ne prend pas en
charge les projets, il les accepte, mais ne les finance pas.
- Enseignement universitaire :
 Université Sts Cyril et Méthode, université d’état :
L’enseignement du français dans cette université dispose de deux chaires, une chaire
de traduction interprétariat, ainsi que d’une chaire de français, axée sur la formation
des maîtres, chacune de 4 années.
Existence d’un DESS « Commerce international et langues étrangères » monté avec
l’aide de l’Université de Rennes 2, mais non reconnus par cette dernière, à 40% en
langue française.
 Université de l’Europe du sud-est, université privée :
Cette université ne dispose que d’une seule chaire de français qui s’occupe
exclusivement de la formation de maîtres, sur 4 années aussi.
Pour la faculté de formation de maîtres, et pour la chaire de français, mise en place
d’un partenariat Tétovo-Angers avec reconnaissance des diplômes de Tétovo par
l’Université d’Angers.
Coopérations multilatérales AIF et AUF : Les universités Sts Cyril et Méthode, St Clément
d’Ohrid et de l’Europe du sud-est de Tétovo sont rentrés dans l’AUF en septembre 2003,
certains projets quant à la langue française semblent se dessiner mais rien n’est encore bien
défini.
De même avec l’AIF, un projet de classes bilingues au niveau des lycées techniques
sembleraient se dessiner pour l’année 2005.
2) les moyens de communication de masse :
- Télévision : Le dimanche soir, est programmé une soirée « française », mais celle-ci
est totalement sous-titrée en langue macédonienne, ceci sur MTV, la chaîne d’état de la
Macédoine. (Ce n’est pas la chaîne la plus regardée, même si elle rencontre un certain public,
un peu comme F2 ou F3 face à TF1). De nombreux foyers sont aujourd’hui muni du câble ou
d’une antenne parabolique. Mais la encore la présence des chaînes françaises est minime.
(Une anecdote : sur le câble dans la ville de Kumanovo, la seule chaîne française présente
était la chaîne pornographique XXL, pour l’étude du français cela limite les perspectives…)
- Radio : Depuis un an et demi , RFI émet sur la bande FM en Macédoine, mais il est
très difficile de comptabiliser l’écoute de cette station. A priori cette station est écoutée par les
expatriés plus que par les locaux.
- Presse : Deux stands de presse internationale existent en Macédoine, à Skopje. Tous
deux sont assez bien achalandés en presse française (Le Monde, Libération, le Canard
Enchaîné, Le Monde Diplomatique, L’équipe, et quelques hebdomadaires, Elle, Maisons et
Jardins…), là encore il semble que cette presse soit achetée par le nombre d’expatriés
francophones importants en Macédoine (diplomatie, armée…). Sinon dans le reste de la
Macédoine, la presse étrangère n’est pas présente.
3)les représentations.
Représentations, attentes et besoins :
Le français est, en Macédoine, une langue qui comporte une contradiction interne.
En effet, elle est considérée comme LA langue de la culture, de la civilisation, mais cette
notion révèle aussi de ce fait même un côté plus sombre. Elle est aussi la langue du passé,
face à l’anglais et à l’allemand, considérés comme les langues de l’économie et du business,
donc langue du présent.
La notion de langue est aussi étroitement liée à celle de la culture, et là encore la langue
française souffre d’un excès de représentativité qui l’éloigne d’un côté moderne et même du
futur, car trop ancrée dans le passé. Les chansons connues en Macédoine sont celles de Joe
Dassin, Gilbert Bécaud, Montand, Piaf. La culture française contemporaine est méconnue et a
donc bien du mal à rivaliser, comme en France du reste, au niveau de la culture populaire de
la chanson par exemple, avec les productions américaines.
Pour tout cela le français véhicule l’image d’une langue figée, car ancrée dans le passé et plus
en phase avec la modernité représentée par l’anglais en grande majorité, et ceci dans le monde
entier, et ensuite par l’allemand, car dans les Balkans, l’allemand est la seconde langue du
commerce, du fait de l’émigration yougoslave plus nombreuse dans les pays germanophones,
que dans les pays francophones.
De plus, et cela en grande partie du fait de l’utilisation de méthodes pédagogiques
inappropriées, le français véhicule l’image d’une langue difficile, voire de LA langue la plus
difficile à étudier.
Tous ces aspects mis les uns à la suite des autres font du français une langue « ennuyeuse »
car « sérieuse », difficile et ne véhiculant qu’une image rattachée au passé.
On pourrait en forçant le trait dire que le français est en quelque sorte le latin, ou le grec de
demain, c'est-à-dire que tout le monde est conscient de la valeur de cette langue et du
potentiel culturel dont elle est chargée, que tout le monde aimerait parler cette langue plus que
toute autre, mais qu’en même temps faute de temps, du fait de sa complexité, du fait qu’elle
ne représente pas les mêmes possibilités économiques et du fait de son aspect figée de langue
du passé, elle ne réussit que peu à mobiliser.
Une partie de la population de Skopje, la capitale de ce pays, semble aimer aussi le français
pour le côté un peu snob que cela peut représenter aujourd’hui de savoir parler le français, en
ces temps du tout « anglais ».
Attentes :
Les attentes liées à la langue française sont de plusieurs ordres.
En Macédoine, comme aujourd’hui dans de nombreux pays, il y a une sorte de course aux
diplômes. Cette course aux diplômes se manifeste aussi par une course à la connaissance des
langues étrangères, une fois l’anglais en poche, il est de bon ton de connaître une seconde
langue, le français, l’allemand et pourquoi pas, le russe, le grec, l’albanais, l’espagnol ou
l’italien.
Des écoles privées de langue s’ouvrent (et se ferment) tous les jours en Macédoine.
De ce fait les attentes sont souvent complexes à cerner car parfois du fait de cette folie de la
course aux diplômes, elles ne sont pas forcément très clair non plus pour ceux qui s’inscrivent
à ces cours de langue.
Au niveau des classes bilingues ce qui incite à l’inscription est la possibilité pour les élèves de
pouvoir poursuivre leurs études en France, dans une université française, à l’égal d’un
étudiant français. La motivation est souvent aussi liée à l’idée que peut-être grâce à cette
classe bilingue, fonctionnant sur des financements privés, ces élèves pourront grâce à l’appui
de la France et des professeurs français sur place effectuer un voyage en France (l’image de
l’occident est souvent démesurément idéalisée, quand un mur des visas nous empêchent de
pouvoir nous y rendre de manière libre). Ces projets de classe bilingue sont soutenus
entièrement par l’Ambassade de France, l’utilisation de ce nom même véhicule une notion de
prestige, aussi qui peut incliner à une inscription.
De plus à cette époque l’élève accepte de se retrouver dans une classe bilingue à l’âge de 14
ans, beaucoup plus sur les «conseils avisés » de ses parents, qui eux y voient surtout ces
possibilités.
Au niveau universitaire :
Souvent les étudiants qui s’inscrivent en français, le font car c’était la langue dans laquelle ils
étaient les meilleurs au lycée où parce qui n’ont pas pu s’inscrire en anglais… et l’inscription
en français leur permet de s’inscrire à l’Université et d’étudier l’anglais en seconde langue.
Les attentes sont minces du fait que le français ne représente plus une langue du futur pour le
développement, l’anglais semblant tout balayer sur son passage.
Les bourses peuvent aussi parfois être dévoyées de leur sens initial, plusieurs étudiants se sont
inscrits en français car ce département proposait des bourses (900 euros, prix de l’inscription à
l’université de l’Europe du sud-est de Tétovo), alors qu’ils se seraient inscrits ailleurs ou ne se
seraient pas inscrits faute de moyens, sans cette aide.
Les attentes sont bien difficiles à énoncer car le français ne propose pas beaucoup
d’opportunités économiques dans ce pays, et de toute façon, l’anglais est la langue de
l’économie et des échanges… donc CQFD. Le fait que le français soit la seconde langue de
l’union européenne semble malgré tout asseoir la langue française comme la seconde langue
étrangère (hors langue slave et albanaise de Macédoine).
Les besoins :
Les besoins collectifs du français sont on ne peut plus légers, il y aura toujours un besoin de
traducteurs pour faciliter les relations entre les différentes missions de ces deux états
(francophones et non francophones) qui se rencontreront, comme un besoin pour le
fonctionnement des représentations diplomatiques (Ambassade, centre culturel, alliances
françaises…) de personnes bilingues, mais pour le reste l’investissement francophone est
léger, et la plupart du temps les échanges se font par le biais de la langue anglaise.
STATISTIQUES "FRANÇAIS" ANNÉE 2003
PAYS
Population totale du pays
Population scolarisée dans le Primaire
Population scolarisée dans le Secondaire
Population scolarisée dans le Supérieur
Total de la population scolarisée
Apprenants de français dans le Primaire
Apprenants de français dans le Secondaire
Apprenants de français dans le Supérieur
Appr. de fr. Etab.Cult. et/ou Alliances (personnes différentes
2003)
Nbre d'élèves étrangers / établissements de l' AEFE (09/2003)
Total des apprenants de français
Nombre de classe(s) bilingue(s) et/ou à français renforcé
Nombre d'élèves concernés
Nombre de candidats inscrits aux examens de certifications et
tests
Nombre de candidats reçus
Nombre de professeurs de français dans le Primaire
Nombre de professeurs de français dans le Secondaire
Nombre de professeurs de français dans le Supérieur
Total des professeurs de français
Université :
Skopje, Sts Cyril et Méthode :
Traduction/interprétariat
Formation des maîtres
Macédoine
2 143 000
247 917
93 780
36 922
37
8 619
35 679
29 079
2800
584
Pas établissement
68
142
24
452
146
97
300
200
25
525
46
72
Tétovo :
Formation des maîtes :
Total
Nombre d'associations de professeurs de français
Nombre d'adhérents à la F.I.P.F.
Nombre de bourses (toutes) année 2003
Nombre d'étudiants (tous) dans le Supérieur en France (2003)
40
158
1
néant
6
29
Les systemes educatifs français et macédonien de la maternelle à la
terminale
FRANCE
MACEDOINE
(4 niveaux)
(3 niveaux)
Maternelle
Detska gradinka
(jardin d’enfants)
2 à 6 ans
3 à 6 ans
Zabaviste : 6 à 7 ans
Enseignement primaire
Osnovno obrazovanie (enseignement élémentaire)
Cours préparatoire (CP) : 6-7 ans
Zabaviste : 6-7 ans
Cours élémentaire 1 (CE1) : 7-8 ans
Prvo oddelenje I : 7-8 ans
Cours moyen 1 (CM1) : 8-9 ans
Treto oddelenje III : 8-9 ans
Cours moyen 2 (CM2) : 9-10 ans
Cetvrto oddelenje IV : 9-10 ans
Enseignement secondaire 1er degré
Collège
Sixième 6ème : 10-11 ans
Petto oddelenje V : 10-11 ans
Cinquième 5ème : 12-13 ans
Sesto oddelenje VI : 12-13 ans
Quatrième 4ème : 13-14 ans
Sedmo oddelenje VII : 13-14 ans
Troisième 3ème : 14-15 ans
Sredno obrazovanie (enseignement
Enseignement secondaire 2nd degré
principal)
Lycée
Prva godina I : 14-15 ans
Seconde 2nde : 15-16 ans
Vtora godina II : 15-16 ans
Première 1ère : 16-17 ans
Treta godina III : 16-17 ans
Terminale Tle : 17-18 ans
Cetvrta godina IV : 17-18 ans