À LA VITESSE DES CROISIÈRES

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À LA VITESSE DES CROISIÈRES
À LA VITESSE DES CROISIÈRES
FICHE 4-06
POSITIONNEMENT DU FLEUVE SAINT-LAURENT
Le secteur des croisières internationales s’est beaucoup développé au cours des dernières années sur le
fleuve Saint-Laurent. Le fleuve présente un potentiel de croissance considérable si l’on considère son
positionnement privilégié auprès d'un très grand bassin de clientèle. En effet, le Saint-Laurent possède
de très bons atouts sur lesquels il est possible de miser pour le développement et la mise en marché de
croisières internationales, dont la proximité des États-Unis qui représente près de 67 % du marché
mondial, 78 % du marché nord-américain et un potentiel de croisiéristes évalué à près de 127 millions
(TQ, 2008).
Le Saint-Laurent s’insère dans la région de croisières Canada–Nouvelle-Angleterre, une destination en
émergence qui regroupe moins de 2 % du marché mondial, et qui inclut les villes de Boston et New York
d’où proviennent la majorité des croisières. Dans un contexte où une croissance importante des
croisières internationales est prévue au cours des prochaines années, les compagnies de croisières sont
appelées à diversifier leurs destinations, ce qui peut être prometteur pour les destinations en émergence.
Plusieurs investissements ont été réalisés au cours des dernières années pour améliorer la capacité de
différentes destinations de la région Canada–Nouvelle-Angleterre, que ce soit dans le Saint-Laurent
même, dans les Maritimes ou sur la Côte Est des États-Unis.
La localisation géographique du Saint-Laurent lui permet aussi de s’insérer, en plus de l’axe Canada–
Nouvelle-Angleterre, dans les croisières transatlantiques, les croisières nordiques vers le Labrador et le
Groenland, ainsi que dans les croisières fluviales en provenance ou en partance de Toronto et des villes
américaines des Grands Lacs (TQ, 2008).
Le Saint-Laurent regroupe neuf escales pour les croisières internationales, soit Québec, Montréal,
Saguenay, Trois-Rivières, Baie-Comeau, Gaspé, Îles-de-la-Madeleine, Sept-Îles et Havre Saint-Pierre.
Québec et Montréal sont les escales les plus fréquentées et représentent la majorité des visites. Ces
deux grands centres constituent les destinations phares du Saint-Laurent qui permettent d’attirer les
grandes lignes de croisières dans le Saint-Laurent.
Les différentes escales du Saint-Laurent présentent ensemble une offre complémentaire regroupant des
points d’intérêt culturels, mais aussi des attraits naturels comme le Fjord du Saguenay, des parcs
nationaux et les couleurs d’automne.
Durant la saison 2012, ce sont 230 000 croisiéristes et 90 000 membres d’équipages pour un total de
320 000 visiteurs qui sont venus dans ces différentes escales (ACSL, 2012). La majorité des croisières
sur le fleuve est effectuée à l’automne et contribue ainsi à prolonger la saison touristique estivale.
L’achalandage de navires dans la région de croisières Canada–Nouvelle-Angleterre durant l’automne
s’explique entre autres par le fait qu’à cette période de l’année, certains navires reviennent de l’Europe
avant d’être redéployés dans les Caraïbes (OTQ, 2008).
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POSITIONNEMENT DE LA RÉGION DE QUÉBEC
Les croisières internationales ont pris une importance grandissante dans la région de Québec au cours
des dernières années. Le port de Québec a ainsi connu une croissance importante de cette activité; alors
qu’il accueillait près de 56 000 passagers en 2000, près de 180 000 passagers sont venus au port en
2014. Ces 180 000 passagers (croisiéristes et membres d’équipages) ont séjourné à Québec grâce à
109 visites de navires offertes par une vingtaine d'entreprises de croisières. Près de 60 % des
croisiéristes venant dans le Saint-Laurent et à Québec sont américains, 18 % sont européens et 17 %
sont canadiens.
On note deux types de visites concernant les navires de croisières, soit les escales et les opérations
d’embarquement et de débarquement. Les escales sont de simples arrêts de durées relativement limitées
(environ une journée) qui permettent aux passagers de visiter la ville. Lors d’une escale, les visiteurs
passent en moyenne 6,1 heure à terre (Doxa, 2013).
Les opérations d’embarquement et de débarquement permettent quant à elles d'entreprendre ou de
terminer une croisière, les croisiéristes arrivent ainsi dans la région ou la quittent par d’autres moyens de
transport. Ces opérations amènent souvent les croisiéristes à rester plus longtemps dans la région et, du
même coup, à y dépenser davantage. En 2014, le port de Québec a accueilli près de 63 000 passagers
en embarquement/débarquement. Québec est d’ailleurs le principal port d’embarquement et de
débarquement dans le Saint-Laurent, et connait une croissance de 20 % par année dans ce secteur
d’activité (APQ, 2013).
Tableau 1 : Achalandage de croisières internationales au Port de Québec
Escales
Croisiéristes
Équipages
Visiteurs
2009
76
87 000
30 000
117 000
2010
75
102 000
34 000
136 000
2011
76
83 000
31 000
115 000
2012
102
117 000
44 000
162 000
2013
103
123 000
41 000
164 000
2014
109
134 000
46 000
180 000
Source : Port de Québec
L’essentiel des activités de croisières internationales se fait durant la saison automnale, soit en
septembre et octobre. Des efforts sont faits afin d’étirer la saison de croisières et attirer davantage de
navires durant la période estivale, soit de mai à août. En 2013, ce sont 38 escales qui ont été réalisées
durant la période estivale sur un total de 103. Ce nombre est appelé à croître au cours des prochaines
années.
ATOUTS DE LA RÉGION
Les attraits de la région et les activités offertes aux croisiéristes sont nombreux et diversifiés. Le
caractère historique et européen de la ville, et plus particulièrement du Vieux-Québec, constitue en soit
un attrait pour les visiteurs arrivant par navires de croisières. Les éléments permettant à la région de se
démarquer comme destination croisière incluent aussi le site de la Chute Montmorency, l’île d’Orléans et
la Côte-de-Beaupré incluant la Basilique et le Canyon Sainte-Anne.
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La qualité de la région de Québec comme destination pour les croisières internationales est de plus en
plus reconnue, ce qui explique la progression constante de l’achalandage. Les atouts de la région pour
les croisières internationales se sont aussi traduits par des reconnaissances de l’industrie même. Au
cours des dernières années, Québec a obtenu le titre de destination la plus populaire des croisiéristes
parmi les 400 destinations offertes par la compagnie de croisière Holland America Line. La région s’est
aussi retrouvée parmi les dix destinations les plus appréciées par la clientèle de la compagnie Royal
Caribbean International (APQ, 2012). Soulignons aussi qu’un sondage auprès de la clientèle de
croisières internationales a permis d’établir que Québec a la meilleure cote d’appréciation parmi les
principaux ports d’escale du Saint-Laurent (Doxa, 2013).
INFRASTRUCTURES D’ACCUEIL
C’est dans le secteur de la Pointe-à-Carcy du port de Québec que les navires de croisières sont
accueillis. Trois quais sont dédiés à cette activité et ils sont aussi dotés d’un terminal de croisières en
service depuis 2002 (APQ, 2009). Ce terminal permet de recevoir des navires de très gros gabarit tant
pour les escales que pour les opérations d’embarquement et de débarquement. Il est entre autres doté
d’une passerelle le reliant aux navires, ainsi que des installations pour accommoder les passagers au
départ ou à l’arrivée. Le terminal permet aussi d’offrir des services de douanes. Le secteur de la Pointe-àCarcy présente plusieurs avantages pour l’accueil de navires de croisières incluant le caractère
récréotouristique du site et la proximité du Vieux-Québec.
La croissance rapide des activités de croisières amène des périodes de pointe dépassant les capacités
d’accueil de la Pointe-à-Carcy. À titre d’exemple, durant la saison 2012, Québec a connu un achalandage
de 25 000 passagers en une période de 48 h alors que cinq navires de croisières faisaient escale à
Québec (APQ, 2012). Lors de telles périodes de pointe, certains navires sont accueillis dans d’autres
secteurs du port, soit dans les secteurs de l’Estuaire ou de l’anse au Foulon ainsi qu’aux quais de la
Garde côtière canadienne. Des installations temporaires sont alors parfois nécessaires afin de desservir
les croisiéristes.
Soulignons aussi que des travaux réalisés dans le secteur du traversier à Lévis permettront de réparer et
de réaménager le quai Paquet qui pourrait éventuellement accueillir des navires de croisières. Les
investissements réalisés dans ce secteur par la Ville de Lévis et la Société des traversiers du Québec
visent aussi la construction d’une nouvelle gare fluviale desservant les utilisateurs du traversier ainsi que
le réaménagement d’espaces à caractère récréotouristique (Ville de Lévis, 2014).
SERVICES SOLLICITÉS ET RETOMBÉES
Selon un sondage réalisé en 2012 auprès de la clientèle voyageant au Québec sur des navires de
croisières internationales (Doxa, 2013), un croisiériste dépense près de 230 $ durant son séjour au
Québec, dont près de 130 $ sont consacrés à l’hébergement pour les croisiéristes en embarquement ou
débarquement. Les autres postes de dépenses pour les croisiéristes sont l’achat d’aliments et de
boissons (20,2 %), les souvenirs (14,1 %), les forfaits d’excursions (13,3 %) ainsi que les vêtements et
chaussures (12,7 %).
Les croisières internationales amènent ainsi une clientèle croissante pour les commerces des escales
visitées, ainsi que pour différents « tours opérateurs » offrant des services de transport et de guide pour
les visiteurs désirant profiter de forfaits d’excursions. Ce sont près de quatre croisiéristes sur dix qui
participent à un forfait d’excursion durant leur séjour dans le port d’escale. Durant une escale, les
croisiéristes passent en moyenne 6,1 h à terre (Doxa, 2013). En tout, les croisières internationales
génèrent des retombées de 23 M$ pour la région de Québec (APQ, 2013).
Outre les dépenses réalisées directement par les croisiéristes, cette activité génère une demande auprès
de différents fournisseurs spécialisés desservant les entreprises de croisières elles-mêmes. C’est entre
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autres le cas pour les services de remorquage qui sont requis par les navires. Ceux-ci peuvent aussi
demander un ravitaillement pour de l’eau et différentes denrées auprès de fournisseurs locaux. Certains
navires font aussi appel à des entreprises spécialisées en services environnementaux pour la
récupération de déchets ou des eaux usées.
Les navires de croisières internationales sont généralement représentés sur place par un agent maritime
qui assure les liens entre les navires et les autorités locales. Ces agents peuvent être appelés à intervenir
pour des services portuaires, des questions juridiques ou d’assistance médicale. Ils peuvent aussi agir
d’intermédiaires avec des fournisseurs locaux, notamment pour le ravitaillement ou d’éventuelles
réparations à effectuer.
Les activités de croisières impliquent aussi la mise en place de toute une logistique centrée sur le secteur
portuaire, mais qui s’étend bien au-delà. Cette logistique concerne le transport des passagers, incluant
ceux qui arrivent de l’extérieur par train ou avion, leurs accès aux zones d’embarquement, la signalisation
et la circulation locale, le stationnement ainsi que la circulation des « tours opérateurs ».
INITIATIVES DE DÉVELOPPEMENT ET INTERVENANTS IMPLIQUÉS
Sur le marché des croisières internationales, il existe une forte concurrence entre les destinations voulant
se positionner auprès des grandes compagnies qui dominent ce secteur. Pour se démarquer dans ce
domaine, des efforts constants doivent être consentis afin de demeurer compétitifs. Au Québec et dans la
région même de Québec, plusieurs intervenants travaillent au développement des croisières
internationales.
Le développement des marchés doit prendre en compte le fait que Québec fait partie d’une route qui
regroupe d’autres escales dans le Saint-Laurent et d’une offre plus large regroupant des destinations
complémentaires. Ainsi, les efforts locaux visant à desservir la clientèle croisières s’ajoutent aux efforts
concertés à l’échelle du Saint-Laurent pour augmenter l’achalandage du fleuve par les navires de
croisières internationales.
À l’échelle du Saint-Laurent, l’Association des croisières du Saint-Laurent (ACSL) travaille à promouvoir
la destination Saint-Laurent auprès des compagnies de croisières internationales en orientant et en
regroupant les efforts de développement ainsi que les atouts des partenaires et des escales afin de bâtir
la marque Croisières du Saint-Laurent (ACSL, 2014). Cet organisme regroupe l'offre des 9 escales du
Saint-Laurent incluant Québec, et fait un travail de mise en marché pour ses membres. Soulignons aussi
la contribution du ministère du Tourisme du Québec qui vise à appuyer le développement et la promotion
des croisières internationales à l’échelle du Québec.
Dans la région de Québec, l’Administration portuaire de Québec travaille beaucoup au développement
des croisières internationales en plus d’être au centre de tous les aspects opérationnels et logistiques qui
en découlent. L’Office du tourisme de Québec met aussi en œuvre des actions visant à développer et
faire connaitre l’offre permettant de desservir la clientèle des croisières internationales. Cet organisme
travaille entre autres à optimiser la collaboration entre les associations touristiques régionales et à mettre
en valeur les atouts de la région par des campagnes de marketing avec des partenaires (OTQ, 2013).
CROISIÈRES FLUVIALES
On retrouve aussi sur le Saint-Laurent une offre de croisières fluviales dont les destinations sont des
ports longeant le réseau Saint-Laurent–Grands Lacs. Ces croisières s’apparentent aux croisières
internationales dans la mesure où elles permettent aux croisiéristes de découvrir plusieurs destinations
grâce à des escales relativement courtes à l’intérieur d’un même voyage qui comporte des nuitées à bord
du navire ou sur terre.
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Les attraits des différentes escales du Saint-Laurent peuvent ainsi être les mêmes pour les deux types de
croisières. Les croisières fluviales se font toutefois sur des navires de plus petites tailles avec un nombre
de croisiéristes plus limité, et n’ont pas nécessairement la masse critique nécessaire pour générer la
même offre de services par exemple au niveau des « tours opérateurs ».
L’offre de croisières fluviales sur le Saint-Laurent est actuellement relativement limitée. On retrouve
quelques entreprises offrant ce type de produits dont St. Lawrence Cruise Lines qui offre entre autres des
voyages reliant Kingston en Ontario et la ville de Québec, avec des voyages comptant plusieurs arrêts en
aval du Lac Ontario. La compagnie CTMA assure un lien régulier entre Montréal et les Îles-de-laMadeleine avec quelques escales incluant la ville de Québec. Croisières AML offre aussi des croisières
fluviales reliant Québec à Charlevoix avec hébergement sur terre.
L’offre de croisières fluviales sur le Saint-Laurent sera aussi bonifiée avec la venue d’une entreprise
française spécialisée dans le domaine, et ce, à différents endroits dans le monde. C’est ainsi que
l’entreprise Rivages du monde offrira à compter de 2015 des croisières fluviales couvrant les Grands
Lacs jusqu’à Toronto et le Saint-Laurent jusqu’à la ville de Québec.
RÉFÉRENCES
Administration portuaire de Québec : Guide du Port de Québec, 2009.
Administration portuaire de Québec : Rapport annuel 2013.
Association des croisières du Saint-Laurent (ACSL) :
http://www.cruisesaintlawrence.com/FR/LAssociation/1082/Mission-et-services.aspx, consulté le 26 août 2014.
Doxa Focus : Étude auprès des croisiéristes et des membres d’équipage des navires de croisières dans les ports de
Saint-Laurent, rapport d’étude présenté à Tourisme Québec, juin 2013.
Office du tourisme de Québec : Plan de développement de l’offre et de la mise en marché 2014-2016 de la
destination touristique de Québec, 2013.
Rivages du monde : www.rivagesdumonde.fr/nos-croisieres/croisieres-au-canada, consulté le 30 septembre 2014.
Tourisme Québec : Stratégie de développement durable et de promotion des croisières internationales sur le fleuve
Saint-Laurent, 2008.
Ville de Lévis : www.ville.levis.qc.ca/Fr/Citoyens_Urb_Tra.asp, consulté le 30 septembre 2014.
Mars 2015
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