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La grande distribution franchit la barre des 2.000 « drive »
Par PHILIPPE BERTRAND | 11/03 | 17:45
Toutes les enseignes françaises développent ce nouveau
service. L'enjeu est désormais d'optimiser le modèle pour
assurer sa rentabilité.
Le succès du « drive » ne se dément pas. Poussés par l'atonie de la consommation
à ratisser large en multipliant les formats de magasins et les services, les
distributeurs français poursuivent le développement à marche forcée de ces points
de collecte des courses alimentaires commandées sur Internet. Selon l'institut
spécialisé Retail Explorer, la barre des 2.000 unités a été franchie au cours de la
première semaine de mars, avec précisément 2.036 « drive » pour 10 enseignes. De
leurs côtés, a2distrib et les Editions Dauvers, autres sources statistiques, en
comptaient 1.986 le 2 février. On ne recensait que 1.000 « drive » en juin 2012 !
Selon le cabinet Argon Consulting, cette forme de distribution représenterait
désormais entre 2,5 % et 3 % du marché français de l'alimentation et des produits de
grande consommation.
Un axe de développement stratégique pour Leclerc
Si numériquement, ce sont Système U et Intermarché qui arrivent en tête du
classement, avec plus de 500 points de collecte, le leader inconteste du « drive »
est en realite Leclerc qui en a fait un veritable axe de developpement
strategique.
L'enseigne d'origine bretonne mise en effet sur les « drive » autonomes, souvent
déportés, pour permettre à ses adhérents d'élargir leur zone de chalandise. Des «
drive » qui sont de petits entrepôts, là où pour les U et les Mousquetaires, il ne s'agit
que d'un service, les colis étant garnis de produits collectés dans les magasins par
des employés. Chez Leclerc, les « drive » ont généré 838 millions d'euros de chiffre
d'affaires en 2012, soit un quart de la croissance de l'enseigne, et l'objectif est
d'atteindre 1,4 milliard en 2013 avec 400 unités.
« Les "drive" autonomes ont un véritable modèle économique, explique Grégory
Boulanger expert de la distribution chez Argon Consulting. On en compte entre 500
et 600 ». Si les experts estiment que l'effet de cannibalisation sur les ventes des
magasins traditionnels est compensé par l'arrivée de nouveaux clients et la hausse
du panier moyen (90 euros chez Leclerc, par exemple), l'enjeu du nouveau service
est sa rentabilité. Alors que chez Leclerc on affirme qu'un « drive » est « aussi
rentable qu'un magasin », chez Intermarché, Jean-Pierre Meunier, le président du
groupement, estime que le « "drive" accolé dégrade la rentabilité » quand c'est un
employé qui parcourt les rayons à la place du client. Avec, selon a3distrib, 10.000
références en moyenne, dont peu de produits frais, le « drive » restreint le choix et
limite également les achats d'impulsion. Autant de raisons qui ont longtemps freiné
les ardeurs de Carrefour et Casino, les deux groupes de distribution cotés en Bourse.
« Vers une mutualisation des coûts »
Pour élargir l'offre, Auchan a installé à côté de son « drive » de Villeparisis, en Seineet-Marne, comme l'a revele « Le Monde »,un magasin de produits frais baptisé
Arcimbo ainsi qu'une boulangerie. Mais pour Grégory Boulanger, l'optimisation du
modèle est ailleurs : « On va vers la mutualisation des coûts avec l'élaboration des
colis dans un entrepôt central qui sert également à la livraison à domicile ». Pour le
consultant, le hollandais Ahold constitue un bon exemple qui propose au même prix
« magasin » les produits à collecter dans les « drive » ou à livrer à domicile, mais en
facturant le service à des tarifs variables selon les jours et les horaires. C'est cette
logique de mutualisation qui pousse également aux Etats-Unis Peapod, le spécialiste
de la livraison à domicile, à ouvrir des « drive ». Une démarche que suit Hourra, le
cybermarché de Cora, qui vient d'ouvrir un point de collecte à Marignane.
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Par PHILIPPE BERTRAND
http://m.lesechos.fr/industrie-services/la-grande-distribution-franchit-la-barre-des-2-000-drive0202635915733.htm