Centre anti-cancer Emir Abdelkader d`Oran :

Transcription

Centre anti-cancer Emir Abdelkader d`Oran :
Santé-mag >DOSSIER>CANCER
Centre anti-cancer
Emir Abdelkader d’Oran :
La bonne prise en charge,
confrontée à la pénurie de médicaments
Le cancer est l’affaire de tous. La sensibilisation implique plusieurs intervenants : les centres d’enseignement et d’éducation nationale, les services de prévention, les associations de malades, les médias, presses écrites, radio télévision…
itué à l’entrée de la commune de Misserghine, le CAC est devenu, pour les
enfants malades, plus qu’un centre, une seconde résidence où l’être malade mène un
combat, quotidien, contre la mort
Il est 11h30 du matin, une journée printanière. Une ambiance bon enfant règne,
dans le service d’oncologie pédiatrique.
Malgré la maladie, les enfants jouent, en
toute innocence, dans la salle d’attente.
Certains sont là pour une séance de chimiothérapie, d’autres pour des contrôles.
Jouer semble leur seule préoccupation et
leur seule distraction. De l’avenir, ils ne s’en
soucient guère. Pour eux, c’est le présent
qui compte. C’est le cas de Karim, rencontré à l’entrée du service. Il semble bien
connaître les lieux, au point où c’est lui qui
fait le guide des visiteurs, lorsque ces derniers sont perdus. Agé de dix ans, il est devenu la star du centre. Tout le monde le
connaît. Il circule partout et chaque fois, le
personnel le salue. Portant un bonnet bleu
lui cache même le front. Ce petit garçon
est peu bavard. Au service d’accueil du service, c’est à lui qu’on confie la mission de
nous conduire jusqu’au médecin chef.
Avec le sourire discret, il nous emmène à
destination, sans prononcer un mot. « Tu
es hospitalisé dans cet hôpital ? ».
«Oui», répond Karim, avec la tête. « De
quoi es tu malade ? ». Il ne répond pas à
cette question. Il fait juste un signe de la
main pour dire je ne sais pas. Toutefois, il
accomplit bien sa mission, en nous
conduisant à destination, comme un chef.
Mais, cette innocence et cette gaîté sont
vite atténuées, lorsqu’on regarde leurs parents. Assis, le dos courbé, sur les bancs,
dans le hall de ce service, ils sont silencieux, pensifs avec le visage pâle et le regard triste. Ils attendent depuis ce matin
le tour de leurs enfants. La vie semble s’ar-
S
rêter, pour eux, en voyant leur progéniture
souffrir. Ils n’ont qu’un souhait, voir leurs
enfants sortir de cet hôpital, en marchant
sur leur pied et non pas portés dans un
cercueil. Ce drame, beaucoup l’ont vécu et
beaucoup le redoutent.
La maman de Ikrame, une petite fille,
âgée de quatre ans, atteinte d’un cancer du
rein, est assise sur le banc, dans le hall. Elle
a emmené sa fille, pour une séance de chimiothérapie. Mais, le personnel soignant
vient de l’informer que le médicament
n’est pas disponible, pour cette cure. Pendant que sa fille court avec d’autres enfants, elle, reste crispée dans son coin, à
l’annonce de cette nouvelle. Elle sait
qu’une séance manquée est un risque,
pour la santé de sa fille. Très menue, portant une djellaba orange et un foulard
blanc, âgée d’une trentaine d’année, elle ne
veut pas repartir chez elle. Elle reste, dans
l’attente de toute lueur d’espoir, annonçant la disponibilité du médicament.
«Nos enfants ne manquent de rien, sur le
plan prise en charge, au niveau de ce service. Ma fille a subi une opération chirurgicale, qui s’est déroulée dans de bonnes
conditions, puis elle est passée à la chimiothérapie. Mais, chaque fois, il y a cette
pénurie de médicament qui nous fait
craindre le pire, pour nos enfants. C’est le
seul problème, qui se pose pour nous, actuellement ». Sa voisine, qui, elle aussi, a
un fils-Benouda- âgé de dix ans, atteint du
cancer du rein, aussi, a eu la même réponse, de la part du personnel soignant.
Pas de médicament, aujourd’hui. « On ne
sait pas quand est ce qu’il sera disponible», lance cette femme d’une quarantaine d’années.
Quant au personnel soignant, bien
qu’habitué à vivre de pareilles situations,
ils considèrent que chaque jour est une
Santé-Mag - N° 03 Février 2012
21
épreuve pour eux et chaque jour est un
défi, contre la mort. Le docteur Boumedane, chef de service d’oncologie au CAC
raconte qu’en tant que médecin traitant,
il est difficile de faire un barrage à nos
émotions, durant notre travail. « Nous
restons humains et très affectés par la maladie de nos patients. Nous vivons avec le
suspense de perdre un de nos malades.
C’est toute chose que vit un médecin. Parfois, on n’ose même pas se maquiller
lorsqu’on sait que des mamans souffrent,
en voyant l’état de leur enfant, où alors
qu’elle vient de perdre son unique enfant.
C’est terrible ».
Sur la prise en charge de ces malades, le
chef de service assure qu’elle est totale.
Toutes les analyses sont effectuées, au niveau de ce service, à l’exception des scanners. Ce service travaille, aussi, en
collaboration avec le CHUO, L’EHU 1er
novembre de l’USTO et l’EHS Canastel.
« On ne demande rien au malade, sauf
pour le don de sang, qui dépend de la volonté des donneurs », assure-t-elle. «Sur
le plan alimentation en sang, la demande
est supérieure à l’offre. C’est un service qui
demande beaucoup de transfusion sanguine. C’est au quotidien, matin et soir.
On a un BTS à notre niveau et on est,
aussi, approvisionné par le CTS d’Oran,
l’EHU et parfois l’EHS Canastel. Malgré
cette coopération, l’alimentation en sang
reste insuffisante, pour répondre à la demande.
En sortant du service d’oncologie pédiatrique, virée vers le service d’oncologie
adulte.
Ici, l’ambiance est toute autre. Un silence de plomb règne, dans la salle d’attente. Des femmes, des vieux attendent
leur tour, sans dire un mot. Ils semblent
épuisés, ils restent isolés dans leur coin,

Documents pareils