Hom 2014.11.23 Fête Christ Roi de l`univers - Saint Jean
Transcription
Hom 2014.11.23 Fête Christ Roi de l`univers - Saint Jean
Fête du Christ Roi de l’univers La fête que nous célébrons aujourd’hui en Église a été instituée par le pape Pie XI en 1925, quelques années après la grande guerre de 1914-1918. Il voulait mettre en lumière l'idée que les nations devraient obéir aux lois du Christ ; ce serait une assurance de marcher ensemble vers une paix durable. À l'origine, cette fête était célébrée le dernier dimanche d'octobre, juste avant la Toussaint. Depuis le concile Vatican II (1962-1965) et la réforme liturgique qui a suivi, en 1969 cette fête a été reportée au dernier dimanche de l'année liturgique. Par ailleurs, le nom même de la fête a été changé : de la fête du «Christ-Roi », on est passé à la fête du "Christ Roi de l'univers" ; ce n’est pas qu’une affaire de mots ; c’est le sens même de la fête qui a changé : La fête du « Christ-Roi », invitant les nations à obéir aux lois du Christ, mettait l’accent sur les hommes en les appelant à une conversion pour suivre des lois ; la fête du « Christ Roi de l’univers », en revanche, met l’accent sur le Christ luimême, en qui toute la création est récapitulée ; invitation à nous tourner vers le Christ. C’est une plus grande mise en valeur de la Parole de Dieu, grâce au concile Vatican II, qui a permis ce glissement : passage d’une Église qui édicte des lois à une Église qui nous tourne vers le Christ. Les textes bibliques de la fête ont eux aussi été changés. La seconde lecture, tirée de la première lettre de St Paul aux Corinthiens, nous appelle à contempler « le Christ… ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité », le Christ qui a détruit jusqu’au « dernier ennemi » de l’homme, la mort, et qui rassemble l’humanité pour la présenter à Dieu le Père. Vaste horizon à la fois déjà réalisé puisque Jésus est ressuscité, mais aussi toujours en gestation puisque notre monde est encore bien loin de s’être totalement tourné vers ce Christ, qui seul peut finaliser l’unité. La première lecture et le psaume qui la suivait nous parlent de Dieu avec une image à laquelle le peuple de l’ancien testament est toujours resté attaché, jusqu’à Jésus lui-même : celle du berger. Le prophète Ézékiel, qui faisait partie des habitants de Jérusalem exilés à Babylone, transmet à ses frères exilés cette parole de Dieu pleine d’espérance : « j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis… ». Et le psaume 22 donne la réponse du peuple : « le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien… Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ». ». Fêter le Christ roi de l’univers, c’est rendre grâce à Dieu qui nous conduit, qui nous guide par son Fils Jésus venu partager notre condition humaine… et qui donne sens, orientation, à notre vie d’aujourd’hui. Ceci avec la magnifique parabole que nous avons entendue dans l’évangile ; elle nous parle d’une rencontre à venir avec le Fils de Dieu, pasteur, roi et juge de l’univers. Quand il viendra, toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres… Aux uns il dira : « venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le royaume préparé pour vous depuis la création du monde. ». Et aux autres, il dira : « allez-vous en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. ». Concrètement cela signifie, pour les uns, venez avec moi, et pour les autres, allez-vous en loin de moi. Être ou ne pas être avec le Christ ressuscité, voilà bien un enjeu important ! Certainement nous désirons tous être du bon côté. Dans la parabole, Jésus nous dit que tout se joue aujourd’hui. Tout se joue aujourd’hui, non pas dans notre relation à Dieu, ce qui ne concernerait qu’une partie des hommes parce que tous ne le connaissent pas. Tout se joue aujourd’hui dans notre relation aux autres êtres humains, notamment les plus pauvres : ceux qui ont faim, ceux qui ont soif, ceux qui cherchent une patrie d’accueil, ceux qui n’ont pas de quoi s’habiller, ceux qui sont malades ou en prison… Jésus nous dira : « chaque fois que vous l’avez fait (ou pas fait) à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (ou pas fait). » Traduisons pour nous : « ce que tu fais (ou ne fais pas) au plus petit de ces êtres humains, qui sont mes frères, c’est à moi que tu le fais (ou ne le fais pas ». Aujourd’hui, dans ma façon de vivre avec les autres, je suis déjà et je me prépare à être pour toujours avec Jésus ressuscité, ou je suis déjà et je me prépare à être pour toujours loin de Jésus ressuscité. Soyons vrais : il nous arrive de partager avec ceux qui ont faim, soif, qui sont exilés, malades ou en prison… et il y a plusieurs manières de vivre toutes ces pauvretés. Et des personnes non croyantes le font aussi bien et peut-être mieux qui nous. – Il nous arrive aussi de passer à côté de ces pauvretés sans les voir, refusant de les regarder parfois et donc de ne rien faire. Il n’y a pas d’un côté les tout-bons, les « bénis de Dieu », et de l’autre les tout-mauvais, les « maudits ». En chacune et chacun de nous il y a du bon et du moins bon, voire du mauvais ; du bon grain et de l’ivraie, comme dit Jésus dans une autre parabole. Je vous invite à essayer de faire un bilan à la fin de l’année liturgique 2013-2014 (c’est-à-dire depuis le 1er dimanche de l’Avent 2013 jusqu’à aujourd’hui). Pas pour nous féliciter ou nous culpabiliser, mais pour nous préparer à entrer dans une nouvelle année dimanche prochain. Comme je l’ai écrit sur le bulletin, il s’agit d’un nouveau pèlerinage avec nos frères à la suite de Jésus qui nous redit : « ce que tu fais à l’autre, c’est à moi que tu le fais. » - Amen. Père Gaby Allain