UNE AUTRE IDEE DU PICK AND ROLL

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UNE AUTRE IDEE DU PICK AND ROLL
UNE AUTRE IDEE DU PICK AND ROLL
Par Grégory HALIN
IINTRODUCTION
Si les écrans sur porteur de balle sont tant utilisés aujourd’hui lors des compétitions de
haut niveau, c’est qu’ils restent une arme redoutable pour qui sait les exploiter. Ils sont
rapides à mettre en place et peuvent se décliner de multiples façons en fonction du moment de
l’attaque : transition, début de d’attaque, manœuvre enchaînée dans un système, ou fin de
possession…
L’objet de cet article n’est pas de revisiter de manière exhaustive le pick and roll, mais plutôt
de mettre le focus sur deux manières différentes de jouer une même option défensive, l’aiderreprendre à plat ou vertical. Nous verrons que l’on peut distinguer deux intentions
tactiques autour de la pose de l’écran : dans un cas, il s’agit de jouer un pick and roll dans sa
conception classique (j’utilise l’écran pour créer un déséquilibre dans la défense), alors que
dans l’autre, il s’agit de leurrer la défense (l’écran est un prétexte pour faire sortir le défenseur
du poseur).
Première intention tactique : exécution “classique”du pick and roll
Le « roll » du poseur s’effectue en même temps ou APRES le passage du porteur de balle.
Lorsque l’on pose un écran sur un porteur de balle, on cherche théoriquement à favoriser
celui-ci en créant un déséquilibre défensif que l’on va chercher à sanctionner directement ou
indirectement. L’intention de jeu prioritaire est donc d’utiliser l’écran (sauf dans le cas où l’on
attaque à l’opposé de celui-ci) : le porteur va peut-être passer entre les deux défenseurs si 5
sort trop loin (figure 1), réattaquer très fort après le « reprendre » du N°5 (figure 2) ou trouver
un partenaire démarqué.
Figure 1
Le N°1 attaque l’intervalle
entre D1 et D5
Figure 2
Dès que D5 repart vers le
panier, le porteur de balle
(1) réattaque fort le panier
avant que son vis-à-vis
n’ait le temps de le
récupérer
Grégory HALIN Décembre 2007
1
On peut aussi accentuer les retards défensifs comme cela se fait de plus en plus à haut niveau
en aménageant la manœuvre en amont. En effet, des tendances modernes se sont développées
en réponse à l’efficacité grandissante des coordinations défensives (figures 3 et 4).
Voici deux exemples (voir article de Thierry MOULLEC « Les tendances offensives du jeu
d’écran sur porteur de balle » sur le site de la FFBB pour plus de détails.) :
Figure 3
Figure 4
3 pose un écran sur le défenseur de 5
pour retarder la manœuvre défensive
4 et 5 changent de côté avant
de poser leur écran
Conséquences technico-tactiques
Porteur de balle
Ici, l’écran est exploité ; cette logique offensive est très dépendante de l’expertise du porteur
de balle avec le ballon car il va « jouer » autour du poseur en gérant les rythmes du dribble et
en faisant les bons choix en fonction des réponses défensives : reculer avec le ballon pour
prendre de l’angle et passer le ballon, jouer pour lui, fixer-passer, etc…
Poseur d’écran
Il doit sprinter et aller « chercher » le défenseur du porteur comme une cible tout en s’arrêtant
juste avant le contact, appuis au sol pour éviter la faute offensive. Ensuite, il attend que le
porteur exploite l’écran, et enfin il exécute le « roll » soit directement (photos 1 et 2) soit en
s’ouvrant au ballon.
Photo 1
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Photo 2
2
Partenaires
Le jeu sans ballon des autres joueurs va s’organiser surtout en fonction des intentions du
porteur de balle. Si celui-ci n’a pas pris l’avantage grâce à l’écran, les partenaires doivent se
rendre disponibles pour une passe en cas d’aide défensive.
Seconde intention tactique : anticipation du poseur d’écran
Le « roll » du poseur s’effectue en même temps ou AVANT le passage du porteur de balle.
Lorsque l’on regarde les lituaniens qui sont une référence en Europe, on s’aperçoit que
l’intention offensive n’est pas toujours celle que l’on a décrite plus haut ; le pick and roll est
envisagé dès le début de l’action comme une coordination à 3, 4 ou 5. La priorité n’est pas de
travailler pour le porteur et donc d’exploiter l’écran, mais plutôt de jouer sur les triangles de
passe en faisant sortir le défenseur du poseur d’écran pour mettre à profit ensuite le surnombre
offensif qui en résulte (figure 5, photos 3, 4 et 5).
Figure 5
Photo 3
-5 anticipe la sortie de D5 et plonge vers le
panier
-Le porteur de balle ne prend pas l’écran
-Le surnombre défensif sur le porteur crée un
surnombre offensif pour les non porteurs
Photo 4
Photo 5
Contrairement à la logique précédente, il vaut mieux éviter de générer un retard défensif afin
de s’assurer que les deux défenseurs concernés par la défense sur le pick and roll vont sortir et
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s’investir franchement. La Lituanie utilise beaucoup cette option en début d’attaque comme
un système à part entière.
Conséquences technico-tactiques
Porteur de balle
Le porteur ne cherche pas forcement à utiliser l’écran, il se « contente » d’attirer les deux
défenseurs (avec le risque de trappe). L’expertise consiste ici à s’ouvrir un angle de passe et à
lire le jeu pour donner (vite) le ballon dans les bons temps.
Poseur d’écran
Il ne pose parfois à peine (ou pas du tout) l’écran ! Il joue sur sa vitesse de course et
l’enchaînement pour prendre à contre-pied son défenseur qui sort vers l’extérieur (figure 6 et
photos 6 à 9). Cela demande donc des qualités d’anticipation et une bonne mobilité.
Partenaires
Le jeu sans ballon à la périphérie va consister à jouer très large pour augmenter les distances
de course des défenseurs et ouvrir des angles de passe pour le porteur. Ensuite, il faut
évidemment être capable d’exploiter ce petit temps d’avance.
Photo 6
Photo 7
Photo 8
Photo 9
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4
Figure 6
5 feinte la pose de l’écran et prend de vitesse son
défenseur ainsi que les rotations défensives.
La remontée du poste 4 permet de libérer
l’espace pour la passe de 1.
CONCLUSION
En substance, on peut dire que d’un côté, on a une logique centrée sur l’exploitation de
l’écran (pick and roll « classique »), et de l’autre, une logique construite autour du jeu sans
ballon, de la mobilité et de la passe. C’est pourquoi on retrouve des joueurs comme Tony
PARKER, agressifs, rapides et experts dans le maniement du ballon, qui jouent plus
naturellement sur la première intention, alors que des joueurs comme JASIKEVICIUS ou
PAPALOUKAS, moins rapides mais dotés d’une vision du jeu exceptionnelle jouent aussi
volontiers autour de la seconde.
Jouer le pick and roll est donc à la fois très simple et très complexe car s’il est vrai qu’il est
pratique et rapide à organiser (en tout cas dans sa dimension à 2), il requiert de la maîtrise
dans la conduite de balle, dans les timings de passe et dans la connaissance du jeu (ce n’est
pas un hasard si ce sont les meneurs de jeu qui l’exécute le plus souvent).
Pour les mêmes raisons, c’est un excellent outil de formation pour travailler les changements
de rythme avec le ballon, l’anticipation des manœuvres défensives et le jeu de passe lorsqu’il
est envisagé collectivement.
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