Juvénile quart de finale vs SSF - Les Condors de Saint-Jean

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Juvénile quart de finale vs SSF - Les Condors de Saint-Jean
2008 (16) Quart de finale SSF à SJE
Ce vendredi 31 octobre, c’est la rencontre qu’on nomme depuis quelque temps le
match de l’Hallowe’en. Ce match n’a pas toujours lieu le 31; plus souvent
qu’autrement, il se joue la journée le plus près avant ou après le 31. Ce soir, c’est la
troisième fois en onze ans que çà tombe le jour même de l’Hallowe’en et la fiche des
CONDORS est de 1 – 1 en de telles circonstances. Habituellement, il y beaucoup de
jeunes déguisés dans les gradins.
Le bilan pour cette période de 11 ans montre un dossier de 5 – 5. Par hasard, cinq de
ces rencontres opposaient les mêmes rivaux que ce soir et les CONDORS affichent 2 – 3
dans ces affrontements, dont une victoire arrachée en prolongation l’an dernier à SSF.
Avant le match, je me suis rendu sur le terrain rencontrer un officiel. Quand les
CONDORS sont sortis pour la période d’échauffement, je me suis arrêté pour échanger
quelques mots avec Luc Savoie, l’entraîneur du Blizzard. Au même moment, notre as
porteur arrive sur le terrain à la course. Luc s’écrie « le numéro 9 ! Ébacher. Va-t-il
jouer, lui ? J’ai rarement vu un visage s’allonger subitement comme celui de Luc. JeanFred s’est joint à nous et j’ai laissé les deux entraîneurs seuls.
On se souvient que Vincent fut blessé au deuxième quart du dernier match et on ne l’a
pas revu de la rencontre. Vincent a subi des traitements à la clinique du Rouge & Or
pendant la semaine et il se peut que Luc aie été mis au courant de son état de santé.
Personnellement, je sais qu’il ne jouera pas ce soir. On m’a même dit qu’il ne revêtira
pas l’uniforme pour le match, ni lui, ni l’excellent secondeur Michaël Gélinas, ni le
joueur de ligne offensive Benjamin Leduc.
On se rappelle aussi que les CONDORS l’ont emporté de justesse par un touché contre
le Blizzard il y a deux semaines alors qu’une poussée du SSF fut stoppée au 10 des
CONDORS à 0 :31 de la fin. Du côté de SJE, on est inquiet et pour cause.
Suivant mon rituel, je monte à l’étage de la Niche pour épier les joueurs faire leurs
étirements. J’aime beaucoup cette période d’avant-match pendant laquelle on finit
toujours par évaluer les chances de nos favoris.
De mon poste d’observation privilégié, je peux aussi admirer en toute quiétude la
beauté du milieu, les rangées de beaux grands érables, les quelques feuilles qui
s’accrochent et résistent à leur chute annuelle. Qui de SSF ou de SJE résistera à sa
chute en cette dernière soirée d’octobre ? Puis, en fixant le terrain, les bâtiments, les
gradins, même les lignes du terrain, je revois en pensée les multiples efforts des jeunes
et de leurs parents bénévoles, les nombreuses corvées des vingt dernières années et
j’apprécie le chemin parcouru depuis l’époque sous les lignes de l’Hydro. Tout à coup
une pensée envahit mon esprit de plein fouet. Ce match pourrait-il être le dernier sur
ce terrain naturel ? La réalité, ce beau stade monté par étapes avec le temps par des
mains généreuses, et le rêve, le méga-projet dont on parle de plus en plus s’affrontent.
C’est avec difficulté que je repousse cette distraction en constatant avec une certaine
stupéfaction qu’à quinze minutes du botté d’envoi les gradins du côté des CONDORS
sont encore à moitié vides alors que ceux du côté des visiteurs sont déjà pleins.
Je ressens un malaise très inconfortable. La musique annonçant l’entrée de nos
favoris puis la voix enflammée de l’annonceur invitant les partisans des CONDORS à
accueillir bruyamment leurs protégés me tire de mes rêveries.
C’est un finissant qui porte le drapeau. Maxime Lamoureux (69), à sa cinquième saison,
guide fièrement vers le terrain l’équipe avec une fiche de 8 – 1 en saison régulière.
C’est un match sans lendemain pour l’une des deux équipes qui s’affrontent.
Peu de temps après, les officiels descendent à leur tour sur le terrain. Chacun a son
petit rituel. Le juge de lignes s’amène en face de la Niche au centre du terrain et les
préposés aux chaînes, que notre populaire annonceur appelle les arpenteurs, vont le
rejoindre pour les dernières consignes. Pendant ce temps, le juge de terrain fait le tour
et s’assure que les cônes sont bien en place. L’arbitre en chef, Éric Cloutier, va réunir les
capitaines des deux équipes. Une présentation sommaire des officiels mérite ici une
explication supplémentaire. Ce sont les officiels les plus expérimentés de la région
qu’on a délégués pour l’important match de ce soir avec Éric Cloutier en tête, Denis
Bédard et Richard Lafond qui approchent tous deux la trentaine année d’expérience, et
le grand Jocelyn Paul qu’on retrouvera sous peu au football universitaire et dans la
LCF. On voit ici Éric Cloutier et Denis Bédard échanger quelques propos de détente
avec Isabelle, la physiothérapeute des CONDORS avant le sifflet initial.
Il n’y a pas à dire, on a choisi la crème des officiels pour le match tant attendu, la
première marche vers le prestigieux BOL D’OR.
Isabelle se dirige ensuite vers le banc des CONDORS pour corriger un enrubannage
(taping) préventif pour le diminutif Nicolas Bélanger-Deblois qu’on connaît mieux
sous le vocable NBD. C’est ce jeune valeureux CONDOR dont on a déjà vanté le
courage qui aura la lourde tâche de remplacer Vincent Ébacher.
Isabelle vérifie son travail avec soin.
Les partisans des CONDORS sont prêts pour manifester bruyamment. D’abord de vrais
musiciens avec leur batterie.Puis des partisans avec tout ce qui peut faire du bruit. On
est prêt.
Le grand fluorescent de la tribune à l’étage s’éteint. Il ne reste que quelques lampes qui
projettent une lueur blafarde sur la tablette pour les statisticiens, les griffonneux
comme les appelle avec humour notre coloré annonceur.
Hugo Paquet entame le match avec un botté d’envoi de 35 verges. Francis G.-Brodeur
capte le ballon pour un retour négligeable. Ce qui plus à retenir dans le cas de Francis,
c’est que quelques années plus tard son frérot s’alignera pour les CONDORS. Ce sera
alors une première pour deux frères qui auront porté les couleurs de deux antagonistes
réputés dans la région.
C’est une courte série et le Blizzard doit dégager. Nicolas Lachaîne soulève les partisans
des CONDORS avec un retour de 24 verges mais l’offensive n’en profite pas et SJE doit
dégager à son tour.
Le Blizzard fait mieux qu’à sa première série et gagne deux premiers essais. Kevin
Proteau(97) et Xavier Maturin-Pouliot(55) mettent fin à la menace avec un sac du quart.
SSF doit ensuite dégager de nouveau.
Les CONDORS amorcent une deuxième série à leur 38. Les partisans sont bruyants.
SJE ne joue pas de chance quand NBD se blesse dès le premier jeu.
La physiothérapeute Isabelle et la soigneuse Jacinthe Bernier escortent NBD vers le
banc. Non, vraiment pas de chance. Déjà privés de leur as porteur Vincent, les
CONDORS devront poursuivre sans NBD, du moins pour l’instant. La douleur à la
cheville semble douloureuse.
Nicolas Lachaîne s’amène au caucus. Déjà très sollicité en défensive à la tertiaire et sur
les unités spéciales, la commande devient grande pour le rapide Nicolas qu’on
surnomme le coyote.
Nicolas soulève à nouveau les partisans des CONDORS avec une course électrisante de
28 verges jusqu’au 51 du Blizzard. Il arrive souvent que lorsque la situation l’exige, un
petit dur se lève. Comme on dit en anglais « when the going gets tough, the tough
gets going ». J’aime bien ce jeu de mots qui s’applique bien ici. En scrutant la photo, on
dirait que le coyote a toujours joué comme porteur depuis qu’il joue au football.
Sa vitesse va lui permettre de distancer deux des trois chandails blancs devant lui.
Malheureusement, l’offensive des CONDORS cafouille de nouveau et, pis encore, le
court botté d’Hugo est retourné jusqu’au 52.
Le Blizzard connaît une bonne poussée qui les mène jusqu’au 26 des CONDORS avec un
1er essai. Ouais… Une longue course de 25 verges est annulée par une pénalité pour
avoir retenu. C’est au tour de l’offensive du Blizzard de tomber en panne et les
CONDORS reprennent le ballon à leur ligne de 13. Ouf… SJE l’a échappé belle sans être
sorti du bois pour autant.
NBD revient au jeu sur le dernier jeu du premier quart avec une belle course qui le
mène à court d’une verge du premier essai.
Les statistiques du premier quart montrent du jeu partagé alors que le Blizzard a
gagné 65 verges et 5 premiers essais en 20 jeux contre des gains de 97 verges et 3
premiers essais en 17 jeux pour les CONDORS.
Le dernier jeu de la période et surtout le retour sur le terrain de NBD semble avoir
ragaillardi les partisans verts qui stimulent nos jeunes au moment où les deux
équipes changent de côté. Çà joue du tambour dans les gradins.
Plusieurs remarquent la présence de Xavier Maturin-Pouliot dans le caucus sauf peutêtre la défensive du Blizzard qui ne se méfie pas du numéro 55. Xavier capte la passe de
François et gambade 51 verges jusqu’au 28 du SSF.
Xavier saisit la passe vis-à-vis les partisans du Blizzard et vient s’arrêter devant les
partisans des CONDORS qui trépignent. Pas pour longtemps. L’offensive cafouille et au
4è et 9, Hugo dégage avec un excellent botté de 39 verges. Marc-Antoine Montminy
plaque le retourneur dans la zone des buts pour un rouge et les CONDORS marquent le
premier point du match à 2 :25.
Çà pousse fort du côté des blancs mais pas assez pour Marc-Antoine qui entraîne le
porteur au sol dans sa chute.
Les deux équipes s’échangent ensuite la possession du ballon dans de courtes et
stériles séries. Puis le Blizzard réussit une percée avec trois premiers essais jusqu’en
zone rouge au 18 des CONDORS d’où SSF réussit un placement pour prendre les
devants 3-1 à 9 :24.
Les CONDORS ripostent avec deux premiers essais mais l’offensive tombe en panne et
force un autre dégagement. Un autre excellent botté d’Hugo doublé d’une excellente
couverture refoule SSF à sa ligne de 16.
Mathieu Lessard (52) sonne la charge en plaquant le porteur derrière la ligne
d’engagement pour un PPP de 4 verges.
Le Blizzard ne s’en remet pas et doit dégager à son tour.
Les CONDORS reprennent possession du ballon en excellente position au 28. Nicolas
Lachaîne emmène ensuite les CONDORS en zone rouge au 19 avec un 4è et 1.
Les partisans verts deviennent très bruyants et les tambours résonnent de plus belle.
Mathieu Lessard s’amène au caucus. Un jeu pour le robuste secondeur ? Réussira-t-il
aussi bien que Xavier au début de la période ?
Le silence s’impose pour les partisans des CONDORS. Le jeu va se dérouler juste en
face d’eux. Les partisans du Blizzard s’époumonent mais ils sont loin du jeu.
La mise au jeu est rapide. Les yeux sont rivés sur le 52 vert. Le ballon lève. On le remet
à Mathieu qui enfonce la ligne et atteint la ligne de 11 avec un premier essai. Les
tambours battent à nouveau très fort.
Nicolas Lachaîne couronne la poussée en captant une passe qui lui permet d’atteindre
le grand rectangle.
La transformation d’Hugo permet aux CONDORS de reprendre les devants 8 – 3 avec
0 :28 au tableau.
Le fun se poursuit dans les gradins. Les partisans verts ne sont pas au bout de leurs
surprises. Hugo tente un botté court à la reprise. Jérémy Gosselin (3) touche au
ballon au moment où l’objet est sur le point de rouler en touche. L’officiel a tout vu.
Dans un tel cas, le ballon revient à l’équipe la dernière à toucher le ballon.
Le signal de l’officiel soulève une autre frappe à la batterie. Le stade est rempli. La
circulation ralentit sur Bourg-Royal. La magie d’un Friday Night Lights à son meilleur.
L’issue du match peut se décider dans les prochains jeux.
L’offensive des CONDORS s’amène sur le terrain. La stratégie est déjà décidée. Il n’y a
pas de caucus. La mise au jeu est rapide. François lance sur le flanc. Samuel Caron
capte et décampe pour une trotte de 32 verges qui s’arrête devant les partisans verts
en délire. Un Blizzard rejoint Samuel qui échappe le ballon en tombant au sol. La
décision de l’officiel jette une douche écossaise. On déclare que Samuel a bel et bien
échappé et qu’un Blizzard a recouvré le ballon. Les partisans verts chahutent la
décision.
On ne peut leur donner tort si on regarde attentivement la photo.
Le genou de Samuel est sur le point de toucher le sol alors qu’il est encore en possession
du ballon. Comme on le dit si bien, une photo vaut mille mots.
L’officiel a le dernier mot. Le Blizzard s’en tire à bon compte profondément dans sa
zone à 12 verges des buts. On était si près.
Le Blizzard reprend donc possession du ballon mais ne court aucun risque. Le quart
pose le genou au sol à deux reprises et c’est là-dessus que prend fin la première demie.
On reviendra sur ce jeu à l’analyse finale de la rencontre.
En deuxième période, le Blizzard a gagné 57 verges et 3 premiers essais en 18 jeux
contre 97 verges et 4 premiers essais en 18 jeux également pour les CONDORS.
Au total en première demie, le Blizzard a accumulé 128 verges et 8 premiers essais en
38 jeux contre 192 verges et 7 premiers essais en 35 jeux. Les CONDORS furent les
seuls à franchir la ligne des buts. SSF a écopé de 2 pénalités pour 25 verges contre une
et 10 verges pour SJE. Un seul revirement, ce jeu à la fin du 2è quart.
Le pointage indique bien l’allure du match. La défensive s’affirme de part et d’autre.
L’offensive des CONDORS a peut-être eu un léger avantage en deuxième période grâce
surtout à deux jeux surprise.
Les commentaires vont bon train pendant la pause. Les CONDORS peuvent-ils se
ressaisir ? La défensive tiendra-t-elle le coup ? Du côté des CONDORS, plusieurs
joueurs sont sollicités dans les deux sens du ballon.
SSF entame le 3è quart avec un bon botté de 44 verges suivi d’un électrisant retour de
42 verges par Nicolas Lachaîne.
Nicolas vient de semer le chandail blanc # 1 et il esquive maintenant le #98 et soulève
les partisans verts qui n’ont pas tous repris leur siège. On l’arrête finalement au 47 du
SSF. Çà promet.
Malheureusement, les CONDORS ne profitent pas du momentum. L’action se passe
encore devant les partisans verts dont le bruyant support est indéfectible. On remet le
ballon à Nicolas Lachaîne et le rapide coyote gagne 7 verges. Les partisans regardent
surtout l’officiel lancer son mouchoir orange dans le champ-arrière. Le gain est annulé
et les CONDORS sont refoulés de 10 verges pour avoir retenu.
Le coyote était bien parti. La situation empire au jeu suivant quand on échappe le
ballon. Le Blizzard recouvre, en bonne position, près du centre du terrain.
Ce n’était pas le départ souhaité pour entamer la deuxième demie. On devient
nerveux dans les gradins.
Le Blizzard gagne un premier essai mais, heureusement, c’est tout. Quatre jeux plus
tard, SSF doit dégager.
L’offensive anémique des CONDORS n’arrive pas à démarrer. Encore pire, son inertie
diminue graduellement le bruyant support de leurs partisans.
Heureusement encore une fois, le Blizzard ne profite pas de la situation. Au 4 è et 1,
SSF tente de franchir la distance. Les partisans verts reprennent vie. Çà joue de
nouveau du tambour dans les gradins. La défensive ranime la flamme.
Le front défensif répond bien. Une charge menée par Mathieu Lessard, Maxime
Lamoureux, Vincent-Gabriel Galibois et Samuel Cantin atteint le porteur du Blizzard
et nos gais lurons le plaquent une verge derrière la ligne d’engagement.
Mathieu réussit le plaqué qui cause un revirement sur essais. C’est une troisième
possession en quelques minutes pour les CONDORS, cette fois au centre du terrain.
Les partisans verts acclament l’exploit et accueillent bruyamment l’offensive sur le
terrain.
Nicolas Lachaîne entretient la flamme avec un gain de 8 verges. C’est une verge de plus
que le total de gains des deux séries précédentes. Mathieu Lessard enchaîne avec un
gain qui, de toute évidence, semble mériter un premier essai mais les CONDORS sont
pénalisés pour avoir retenu. C’est une pénalité qui survient à un bien mauvais moment.
Les CONDORS perdent leur rythme. SSF puise dans sa réserve d’énergie. Le ressort
offensif casse. C’est une troisième possession qui laisse les partisans sur leur appétit.
Et comment donc ! Huit verges de gains nets en 8 jeux. Une inertie qui peut finir
par user totalement le moral des troupes.
Hugo réussit un excellent botté de dégagement de 38 verges et refoule le Blizzard à sa
ligne de 20 avec 5 :06 au tableau.
SSF gagne un premier jeu mais est pénalisé pour avoir retenu après le gain du premier
essai. Le résultat est un gain net de 3 verges. Au 2è et 9, le Blizzard emprunte la voie
des airs. L’excellente recrue Vincent Bédard s’interpose et intercepte la passe au 45
d’où les CONDORS entament une nouvelle série en territoire du SSF. C’est une
nouvelle occasion d’amorcer une poussée victorieuse, de soulager la pression devenue
insupportable.
C’est hélas une autre série stérile. L’offensive n’arrive pas à sortir de sa torpeur. Trois
jeux puis on dégage. Les partisans asphyxiés s’assoient de nouveau sur leur appétit.
Un botté de 26 verges par Hugo refoule le Blizzard profondément dans sa zone pour
une deuxième fois d’affilée et force le Blizzard à amorcer une nouvelle série à sa ligne de
19. Notre défensive peut-elle encore résister ?
SSF sort immédiatement d’une position précaire avec une course de 18 verges. Puis au
4è et 6 au 41, on croit avoir arrêté SSF. C’est à ce moment que survient un jeu qui va
changer l’allure de la partie. Les CONDORS sont lents à se placer. Fatigue ou manque
de concentration, ou un peu des deux ? Le Blizzard très alerte ne botte pas. Après
une mise au jeu rapide, une passe complétée donne un gain de 10 verges et un 1 er essai
au 51 sur le dernier jeu du 3è quart. SSF est non seulement sorti du trou mais avec un
1er essai au centre du terrain, il vient de prendre la commande de la rencontre.
Çà ne tourne pas rond. Pour un instant, les tambours se taisent. Un vent, permettez le
jeu de mots, d’enthousiasme se lève sur le banc du SSF et dans les gradins des
visiteurs. Et l’annonceur ne trouve pas çà joli du tout. Les CONDORS sont toujours en
avance 8 – 3, mais c’est loin d’être confortable comme situation.
Les équipes changent de côté. Tout à coup, l’ambiance a changé.
SSF entame le 4è quart avec un jeu d’option. Au moment d’être plaqué, le quart
adverse remet le ballon à son porteur qui gagne 14 verges et un 1 er essai en territoire
des CONDORS au 45. Le Blizzard est patient et gruge 9 verges en trois jeux pour se
retrouver avec un 4è et 1 au 36. Une situation qui les avantage. Une passe complétée
donne un gain de 30 verges et un 1er et les buts à la ligne de 6. Les CONDORS ne
baissent pas les bras. Ils résistent à trois assauts. Au 4è essai, Francis Brodeur franchit
la ligne des buts avec le touché qui redonne l’avance au SSF 9 – 8. Le Blizzard tente
une transformation de deux points mais la passe roule au sol à 4 :05. La première
longue séquence du match et elle appartient à SSF. Elle a débuté avec 2 :54 à faire au
3è quart. Une poussée irrésistible de 14 jeux qui a produit 91 verges de gains et 5
premiers essais. Une séquence qui a surtout grugé 6 :59 au tableau, soit la moitié d’un
quart et qui a paru encore plus longue en incluant le temps qu’on a pris au
changement de côté entre les deux périodes. On dirait que pendant cette interruption
du jeu, le doute s’est installé créant une ambiance difficile à définir.
Les CONDORS ont eu 4 possessions au 3è quart mais n’ont totalisé que 8 verges de
gains en 11 jeux. Heureusement que les trois bottés de dégagement par Hugo ont
franchi 98 verges et permis de refouler l’adversaire. Pendant ce temps, le Blizzard a
aussi eu 4 possessions mais il en a récolté 79 verges et 4 premiers essais en 18 jeux.
Après le botté de reprise, l’offensive des CONDORS revient sur le terrain. Une
première passe à Samuel Caron donne 5 verges et ranime les partisans des CONDORS.
Une autre passe à Samuel donne 11 verges et un 1er essai près du centre du terrain.
Les CONDORS se rapprochent de leurs partisans qui redoublent leurs
encouragements.
Tout n’est pas perdu avec encore neuf minutes à faire.
Puis Le coyote se dégage et gambade 11 verges pour un 1 er essai en territoire du
SSF, devant les partisans verts devenus très bruyants.
Les dernières verges sont gagnées d’arrache-pied. Peu s’en fallut pour que Nicolas
s’échappe.
Une courte passe à Samuel donne 3 verges. Nicolas ajoute 4 verges au compteur. Les
tambours redeviennent très actifs et résonnent dans le Bourg-Royal. Les gains sont
courts et les partisans du SSF ajoutent au bruit qui atteint un sommet.
Au 3è et 3, Nicolas gruge 2 verges. Au 4è et 1 au 38 et tirant de l’arrière par un point,
les CONDORS s’en remettent au pied d’Hugo et tentent d’aller chercher le point
égalisateur. Hugo a maintenu une moyenne de 33 verges avec ses 3 bottés su 3è quart
mais il en a réussi un de 39 verges. Hugo a bien tenté un botté en flèche mais le ballon
ne roule pas. Les CONDORS arrivent trop vite au retourneur et n’accordent pas
l’immunité. Non seulement ils ne récoltent pas le point recherché mais la pénalité
permet au Blizzard d’amorcer la prochaine série en meilleure position.
La défensive peut-elle se ressaisir et limiter le Blizzard à une courte série ?
Au premier essai, çà s’annonce bien quand on plaque Brodeur derrière la ligne de
mêlée pour un PPP de 4 verges. Sur le jeu suivant, On remet à Hudon qui gagne 16
verges et un 1er essai au 40. Une autre course lui vaut 4 verges. Sur le jeu suivant on
l’arrête à la ligne d’engagement. On croit l’avoir freiné. Mais au 3è et 6, il se libère et
gambade 14 verges en plein centre pour un 1er essai en territoire du SJE au 51.
L’annonceur tempête. Les partisans des CONDORS marmonnent et ceux du Blizzard
trépignent. Le tableau indique 4 :07 à faire. Hudon est devenu le stimulateur des
partisans du Blizzard et le joueur qu’il faut arrêter. Au 1 er essai, il gruge 5 verges puis il
en ajoute 11 pour un autre 1er essai au 35. L’annonceur tape du pied pendant que les
voisins sur la tribune manifestent leur impatience. Les partisans du Blizzard sont de
plus en plus bruyants pendant qu’on commence à manquer de conviction dans les
gradins des partisans verts. Plusieurs tambours improvisés sont devenus plus
discrets. Les deux dernières séries semblent avoir épuisé notre défensive.
Hudon, lui, semble plein d’énergie. Il porte le ballon pour une septième fois d’affilée,
toujours dans le centre, et il ajoute deux verges au compteur. Il vient d’accumuler 52
verges en sept courses. L’officiel siffle le temps d’arrêt des trois dernières minutes avec
2 :56 au tableau. Sur le jeu suivant, le Blizzard change de stratégie. Une passe au 2è
essai est incomplète. On reprend çà au jeu suivant et çà fonctionne quand la passe
est complétée et que le coureur atteint la zone payante. C’est la consternation dans
les gradins du côté de Bourg-Royal mais la frénésie du côté du parc Saint-Viateur. Un
foulard orange au sol impose alors un silence pesant d’émotion. Les spectateurs sont
impatients de part et d’autre. L’officiel annonce finalement la décision et les clameurs
reprennent du côté de Bourg-Royal : Le Blizzard est pénalisé pour avoir retenu et non
seulement le touché est annulé mais le Blizzard est refoulé au 43 avec un 3è et 18. SSF
demande un temps d’arrêt.
Un des entraîneurs du SSF marmonne quelque chose vers l’officiel en retournant au
banc et çà ne semble pas une invitation au resto. Un autre foulard orange vole dans les
airs pour signaler une antisportive qui refoule SSF au 53 avec un 3è et 28. La
défensive profite de la situation et enfonce la ligne pour un sac de 3 verges : 4è et 31
au 54. Dégagement évident.
L’espoir renaît. Le ballon ne franchit que 19 verges sur le botté de dégagement avant de
sortir en touche au 35 d’où les CONDORS vont « jouer leur saison » comme on dit. Sur
le botté, il est évident que le Blizzard a voulu éviter un retour en demandant au
botteur de viser la ligne de côté. C’est de bonne guerre.
François complète d’abord une passe de 13 verges à Samuel. Puis le front défensif du
SSF enfonce la ligne et plaque François pour un sac de 5 verges. François se reprend
avec une passe précise à Samuel pour un gain de 31 verges qui sème la frénésie chez
les partisans des CONDORS. C’est un long 1er essai en territoire du Blizzard au 36.
Encore une quinzaine de verges de gains et on peut rêver à un bon botté de
dégagement payant. Puis SJE a quatre jeux pour y parvenir. On y est presque. Un
simple provoque l’égalité mais un placement serait encore mieux et procurerait la
victoire. Un joueur de tambour vient d’en perdre son bâton. L’espoir pâlit sur le jeu
suivant quand François trébuche en quittant sa pochette pour une perte de 11 verges.
Aie oye! Les tambours se taisent. C’est maintenant 2è et 21 au 47 avec 1 :34 au
tableau. Une passe vers Jérémy se termine au sol. Au 3è essai, François est de
nouveau plaqué derrière la ligne pour un sac de 5 verges. 4è essai et 26 au 52. On
était si près, si près. Tout n’est pas encore perdu. La tertiaire du Blizzard recule. On
concède le court gain. François s’en remet à sa cible préférée. La ligne tient bon.
Samuel capte la passe. Le Blizzard avait deviné. On encercle aussitôt Samuel qui est
plaqué après un gain de 11 verges. Il en fallait 26. L’offensive du Blizzard s’amène sur le
terrain. SJE demande un temps d’arrêt avec 1 :14 au tableau.
Au premier jeu, Hudon gruge 2 verges puis il en ajoute 3 au jeu suivant. Puis on l’arrête
à la ligne d’engagement. SJE prend son dernier temps d’arrêt avec 0 :50 au tableau.
Suite au dégagement, SJE reprend possession du ballon. Le tableau indique 0 :22.
C’est très peu. Encore moins quand la passe de François est interceptée. Les carottes
sont cuites. SSF écoule les dernières secondes et passe à l’étape suivante.
Pour les CONDORS, c’est la fin abrupte d’une belle saison. La fiche de 8 – 1 en
calendrier régulier permettait de rêver à un bien meilleur sort.
Le caucus d’après match est très court et pour cause. Le choc est foudroyant et les
mots sont difficiles à trouver. La photo montre d’ailleurs la mine déconfite de nos
valeureux CONDORS.
L’effet de ce choc brutal devient encore plus évident quand les joueurs décident d’un
caucus final sur le terrain d’entraînement avant de rentrer au vestiaire. Au bas du talus
sur le sol jonché de feuilles mortes, ils soulèvent leur casque une dernière fois.
Puis l’image me frappe de plein fouet. Ce match, c’était non seulement le dernier pour
les finissants des juvéniles 2008. C’était aussi le dernier match des CONDORS sur la
surface naturelle dans le Bourg-Royal.
On venait en effet de m’apprendre que les principaux accords pour la réalisation du
mega projet avaient été conclus pendant la semaine et qu’en septembre les CONDORS
allaient jouer sur une surface synthétique. On me demandait d’être discret jusqu’à
l’annonce officielle dans quelques semaines.
C’était deux réalités tellement différentes. Comment concilier les deux en un même
instant ?
Les percussionnistes se sont retirés rapidement avec leurs tambours alors que les
batteurs improvisés rangeaient leurs vaisseaux et contenants de toutes sortes sous
l’escalier dans la Niche comme si on oubliait qu’il n’y a pas de lendemain au match de
ce soir.
Lorsque les lumières s’éteignirent, le silence gagna lentement les gradins puis le
stationnement.
Seul, dans les gradins, mon regard se posa d’abord sur les arbres majestueux dénués
de leurs feuilles et mon imagination me fit apparaître Casper, le gentil petit fantôme
puis d’autres fantômes moins gentils de l’Hallowe’en.
C’était la fin d’une période mais non d’une époque. Les gradins, les bâtisses et
structures mises en place par les parents bénévoles depuis l’automne 1992 allaient
bientôt disparaître.
Je pensai tout à coup au serveur qui ramasse les assiettes vides du plat principal et
qui ne manque pas de répéter à chaque convive de garder la fourchette parce que le
meilleur reste à venir.
Mais toutes ces structures ne pouvaient disparaître sans qu’on leur consacre une
dernière attention. Ce sera l’objet de la prochaine chronique.
Mr.P.

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