Une année rouge coquelicot

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Une année rouge coquelicot
Une année rouge coquelicot
le 11/11/2013 - Camille Roux
Les confections de costumes pour Mémoire de coquelicots ont débuté. Fidèles aux uniformes et habits civils de
l’année 1914, tous sont faits sur base de photos ou de modèles d’époque. Photo C. R.
Dernière création du Passavent, Mémoire de coquelicots retrace l’année
1914, du 1er janvier à fin décembre. Une pièce qui sera jouée en 2014,
année centenaire de la mobilisation.
Pour commémorer, en 2014, le centenaire de l’entrée dans la Première Guerre mondiale, Yvette Sauvage- Lelong,
fondatrice et directrice artistique de la troupe du Passavent, a opté pour la fresque historique. Avec Mémoire de
coquelicots , c’est l’année 1914 dans sa totalité qui est retracée, « de l’euphorie du 1er janvier aux tranchées de
décembre, en passant évidemment par l’appel à la mobilisation du 3 août ».
Parmi les quatre projets saône-et-loiriens labellisés “Centenaire” par la mission interministérielle – voir ci-dessous
–, Mémoire de coquelicots souhaite, en 1 h 30, retracer l’entrée en guerre de la France contre l’envahisseur
allemand. Ponctuée de chants, musiques, bruits, textes et lettres, Mémoire de coquelicots est le cinquième
spectacle du Passavent sur la Grande Guerre.
Les premiers mois avec l’affaire Caillaux
La pièce débutera en pleine ivresse du Nouvel an avec, sur deux niveaux de scènes différents, scènes de campagne
« où les gens étaient très peu informés de la situation », commente Yvette Sauvage-Lelong, et scènes urbaines. «
Des milieux anarchistes et littéraires parisiens. »
Pour expliquer l’engrenage de cette entrée en guerre, la pièce zoome sur quelques affaires politiques, préludes à
la Grande Guerre. « Je parle de l’affaire Caillaux, qui ouvre un boulevard politique à l’entrée en guerre de la
France. J’évoque aussi l’attentat de Sarajevo et, événement capital : l’assassinat du pacifiste Jean Jaurès, relate
l’auteure. La mort de Jaurès laisse libre champ à l’entrée en guerre de l’Union sacrée, mouvement de toutes
obédiences politiques, toutes d’accord sur un seul point : récupérer l’Alsace et la Lorraine perdues en 1870,
explique-t-elle. Des hommes de toutes classes sociales, paysans, ouvriers, mais aussi intellectuels, dont notamment
Blaise Cendrars, se sont engagés. »
L’importance donnée par Yvette Sauvage-Lelong aux costumes prend ici tout son sens. « Les soldats n’étaient
absolument pas préparés au combat, portaient des pantalons garance rouge et des képis, uniforme de la dernière
guerre de 1870. Il y a eu énormément de tués par balle à la tête », poursuit-elle. Sur scène, 11 soldats de la pièce
vont alors s’échanger des uniformes, trop grands pour certains, trop petits pour d’autres. S’ensuivent le
déroulement de cinq mois de guerre, « représentatifs de ce qui va se passer les quatre années suivantes ».
Début de la guerre des tranchées
La bataille de la Marne en septembre 1914 marque le dernier épisode avant les tranchées. « La difficulté a été de
ne pas refaire ce qui a été fait lors des autres pièces sur cette période », avoue-t-elle. Les scènes de guerre sont
ainsi dépeintes de manière stylisée, avec des tableaux de Philippe Guerry en toile de fond. Le spectateur suivra
l’avancement dans les tranchées au travers de lettres de soldats. À ces cartes postales édulcorées par le poids de la
censure suivront les courriers d’annonce de décès. Résonneront, lors de la dernière scène, deux chants, français et
allemand, expression d’une souffrance commune aux deux camps.
Le Passavent prévoit un spectacle par an jusqu’en 2018, centenaire de l’armistice.
Yvette Sauvage-Lelong, metteur en scène au Passavent “Paysans, ouvriers, mais aussi intellectuels, dont Blaise
Cendrars, se sont engagés.”
Un projet labellisé “centenaire” par l’état
Le Passavent travaille actuellement sur la reconstitution de costumes. Photo C.R.
Mémoire de coquelicots , ainsi que l’ouverture prochaine du musée du Poilu à Sivignon –anciennement à Cormatin –,
ont tous deux obtenu le label de la mission interministérielle “Centenaire”, après dépôt de dossier en souspréfecture, et validation par l’Office national des anciens combattants (Onac). Patrice Mazoyer, fondateur du
musée et porteur de ce projet commun, s’en réjouit : « Nous allons bénéficier d’une belle communication sur tout
le territoire français avec une visibilité dans le programme officiel national des commémorations et bénéficier de
subventions ».
Indépendants, les deux projets se rejoignent sur certaines dates, et notamment lors du week-end du 3 août 2014,
jour de reconstitution de l’appel à la mobilisation. L’événement aura lieu sur la butte de Suin, commune proche de
Sivignon. « La troupe des Gâs du Tsarolais se joindra à celle du Passavent, les acteurs appelleront la population
locale à participer à cette restitution », relate Patrice Mazoyer. « On va faire revivre la sonnerie du Tocsin aux
gens, en recréant dès 16 heures, l’atmosphère de cette journée si particulière », explique Yvette Sauvage-Lelong,
directrice artistique de la troupe du Passavent. Deux représentations de la pièce auront lieu ce week-end-là, avec
en parallèle une vaste exposition de collectionneurs présentée par le musée du Poilu.
Mémoire de coquelicots : 28,29 juin 2014 à Liouville (55), le 14 juillet à Sivignon, les 2 et 3 août à Suin, les 9, 10,
16, 17 août à Sivignon, le 23 août à Rozelieures (54), le 13 septembre à Anse (69), les 20 et 21 septembre à Ciry,
les 3, 4, 5 octobre à l’Ecla de Saint-Vallier, le 17 octobre à Blanzy, le 14 novembre aux Archives de Mâcon.
Les labels du « centenaire » enfin dévoilés
La troupe du Passavent va faire revivre la Grande Guerre sur scène. Photo Camille Roux
La Saône-et-Loire n’a pas encore dévoilé la liste des projets qui bénéficieront du label national « Centenaire 14/18
», mais le président du comité départemental du Centenaire, le sous-préfet de Charolles, a accepté d’en parler un
peu pour nos lecteurs, avant de les présenter très officiellement ce mercredi 13 novembre.
À Mâcon : Grâce à la ville de Mâcon et au comité départemental du Souvenir français, vous allez pouvoir découvrir
l’histoire du 134e Régiment d’Infanterie dans la tourmente de 1914.
À Gueugnon : La Ville de Gueugnon, avec l’association Jean-Laville et le Souvenir Français, a voulu mettre en
lumière la vie des « mômes du centenaire », en rappelant notamment la place du conflit à l’école.
À Gourdon : L’association Histoire collection passion a décidé de mettre sur pieds un spectacle « Mémoire de
coquelicot » où une troupe de théâtre (celle du Passavent à Gourdon) va notamment rejouer la Grande Guerre en
tenue d’époque.
Dans toute la Saône-et-Loire : Les Archives départementales et le conseil général vont réaliser toute une
exposition sur l’information, la communication et l’état d’esprit en 1914, mais aussi des lectures, sans oublier la
numérisation d’un certain nombre de documents d’archives disponibles sur Internet.
« Cette année est consacrée au début de la Grande Guerre, explique le sous-préfet de Charolles. Nous allons
continuer cette action de labellisation jusqu’en 2018. Il n’est donc pas trop tard pour les porteurs de projets pour
se faire connaître. »
EDITO
Gentil coquelicot…
«Je n’écris qu’à partir de mes souvenirs de famille… » confie Yvette Sauvage-Lelong, metteur en scène et auteur
de spectacles pour le théâtre du Passavent. La voilà repartie une fois encore sur les chemins de la mémoire
familiale, chemins qui vont immanquablement croiser l’an prochain ceux de la Grande Guerre. On ne compte plus
ses spectacles éclairant la première guerre mondiale, de l’Homme éclaté à la veuve Maupas en passant par la
Divine soirée des généraux… Yvette Sauvage-Lelong interroge l’histoire « je n’écris rien qui ne soit vérifié »
explique t-elle comme un leitmotiv et entraîne avec elle sa troupe, enfants, adultes, animaux qui n’ont parfois
jamais approché de près le théâtre.
Elle créera en 2014 : Mémoire de coquelicots, un spectacle et surtout un projet porté par Patrice Mazoyer créateur
du musée du Poilu de Cormatin. Fermé depuis plusieurs mois, il rouvrira ses portes à Sivignon pour des expositions
et tout un projet de commémoration civile de cette guerre. Un projet choisi par la mission du centenaire de la
Première guerre mondiale qui se déplacera dans une douzaine de villes.