Les télécoms en Afrique

Transcription

Les télécoms en Afrique
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Acteur de la transformation des économies africaines
Page 1 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Performances Management Consulting est une société de conseil en
management stratégique, créée en 1995 par des consultants africains ayant
acquis une expérience solide dans des cabinets et des entreprises de rang
mondial. Le cabinet s’est fixé comme ambition d’être un acteur de la
transformation des économies africaines.
Dans ce cadre, le cabinet Performances publie de façon régulière des notes
sectorielles sur un secteur clé pour la lutte contre la pauvreté et l’émergence
de l’Afrique. Ces notes vous proposent une description précise du secteur,
identifient les enjeux stratégiques et mettent en perspective les défis majeurs
auxquels les décideurs publics et les acteurs privés devront faire face.
Ce document présente la note sectorielle sur « Les Télécoms en Afrique : un
secteur dynamique et à fort potentiel ».
L’intégralité de cette publication est disponible sur le site web de PMC :
www.performancesconsulting.com
Page 2 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Sommaire
€
L’impact financier et psychologique de la crise a ralenti le marché des télécoms. ......... 4
€
En Afrique, les télécoms ont fait face à une dépréciation des valeurs boursières...............4
€
Malgré cet impact, l’Afrique affiche une résistance robuste, surtout sur le mobile ............4
€
La crise n’a pas affecté la hausse du chiffre d’affaires des télécoms en Afrique................4
€
La rentabilité des opérateurs télécoms en Afrique reste particulièrement élevée .............5
€
La dynamique des investissements reste soutenue, surtout sur le mobile ...........................6
€
Le marché africain du mobile enregistre la croissance la plus rapide au monde .................7
€
L’Afrique compte plus de 380 millions d’abonnés au mobile et une télédensité de 38% ....7
€
Le continent africain demeure un réservoir important de croissance du mobile.................8
€
Le potentiel du mobile en Afrique suscite un intérêt croissant des opérateurs. .................8
€
La croissance du mobile se poursuivrait en Afrique, mais de façon plus ralentie ................9
€
Contrairement au mobile, le fixe stagne en Afrique, avec une télédensité limitée à 3% ..10
€
L’Internet se développe plus vite, mais la pénétration demeure faible en Afrique ...........11
€
L’enjeu socioéconomique des télécoms, surtout du mobile, est devenu important ..........12
€
Le mobile en Afrique est devenu déterminant pour assurer l’accès universel...................13
€
Le mobile s’affiche aussi comme le levier pour rattraper le retard sur la bancarisation. .13
€
Les opérateurs développent également le mobile comme canal pour le transfert d’argent..14
€
L’Internet est devenu également un facteur de croissance et de création d’emplois .......15
€
L’impact des télécoms est cependant limité en Afrique par une fiscalité pesante ............15
€
Les coûts des services télécoms en Afrique demeurent les plus chers au monde..............16
€
La filière des télécentres a fortement régressé en Afrique, au profit du mobile. .............16
€
Investissements et innovations sont capitaux pour l’essor des télécoms en Afrique. ........17
€
Les Etats devront baisser les taxes pour soutenir l’investissement dans le secteur. .........17
€
Une baisse des coûts reste aussi une priorité pour assurer l’accès universel ....................18
€
La concurrence devra être intensifiée pour favoriser davantage la baisse des prix. ........18
€
Sur l’Internet, la baisse des coûts nécessite de réaliser les projets de connectivité.........18
€
Pour les télécentres, seul un développement des téléservices assurerait leur relance. ...19
€
Quant au mobile payment, simplicité, bas coût et interbancarité sont capitaux pour son
essor. .....................................................................................................................................20
Page 3 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
EXECUTIVE SUMMARY
L’impact financier et psychologique de la crise a ralenti le marché des télécoms.
La crise financière et économique a entraîné chez les opérateurs une réduction des
dépenses d’équipements de 10 à 15% au début de 20091. Quant aux utilisateurs, ils
cherchent à réduire leur consommation, à sacrifier les options payantes et les services
à la demande.
L’étude, réalisée par le cabinet de conseils Bain & Company2 en France, est très
illustrative des changements de comportement des utilisateurs face à la crise. L’étude
montre en effet qu’un (1) consommateur sur deux (2) envisage de réduire ou de modifier
ses dépenses télécoms et de loisirs numériques. Un quart des personnes interrogées pense
réduire ses appels sur le fixe et le mobile, tandis que 26% envisagent de passer au forfait
mobile moins cher.
Des restrictions sont également envisagées sur le changement de matériel (19% veulent
reporter le renouvellement de leur mobile) et sur les services facturés à la demande
(téléchargement de sonneries, vidéos, télévision…).
En Afrique, les télécoms ont fait face à une dépréciation des valeurs boursières.
La crise a entraîné une volatilité et un effritement des valeurs financières, conduisant
par la même occasion à une certaine correction des valeurs télécoms en Afrique.
A titre d’exemple, la capitalisation boursière de SAFARICOM, forte de 1 901 millions de
dollars US, s’est dépréciée de 25% durant la première semaine d’octobre 2008. La
SONATEL, leader des télécoms au Sénégal, a également vu son cours, qui frôlait les
200 000 FCFA/action en début 2008, chuter à 99 500 FCFA à la fin de la même année.
Malgré cet impact, l’Afrique affiche une résistance robuste, surtout sur le mobile.
A contrario des pays occidentaux où la crise de la liquidité a contraint les opérateurs
mobiles à se recentrer sur le service aux clients, au détriment des politiques d’expansion,
le marché du mobile en Afrique a affiché une résistance globalement plus solide. En effet,
la crise financière n’a pas eu d’impact limitatif sur la dynamique de croissance et
d’expansion des opérateurs transnationaux sur le continent africain. Ces derniers
poursuivent leurs stratégies de recherche des relais de croissance par le biais notamment
des opérations de rapprochement ou d’acquisitions de nouvelles licences.
Maroc Télécom s’inscrit ainsi dans cette dynamique d’expansion en acquérant 51% de
SOTELMA (opérateur historique du Mali) pour 250 millions d’euros. C’est le cas aussi de
l’opérateur britannique Vodafone qui a racheté 70% des parts de Ghana Telecom, à
hauteur de 900 millions de dollars US. Les ratios du prix payé au nombre d’abonnés
proches : 376 euros au Mali (670 000 abonnés mobiles) et 400 euros au Ghana (1,4 million
d’abonnés mobile).
La crise n’a pas affecté la hausse du chiffre d’affaires des télécoms en Afrique.
Les vingt-cinq (25) premières sociétés de télécommunications africaines ont affiché à
fin 2008 un chiffre d’affaires cumulé en hausse de 41,5 %, soit 8,5 points de plus qu’en
2007.
1
2
Source : UIT
Etude citée par DAILY-BOURSE.Fr
Page 4 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Cette performance est due en partie à la progression continue du chiffre d’affaires de la
plupart des opérateurs télécoms. A titre d’illustration, le chiffre d’affaires s’est accru de
+35% pour MTN Group, de +28 % pour Orascom Telecom et de +17,1 % pour Vodacom
Group.
ZAIN, qui compte en Afrique environ 40 millions d’abonnés au mobile, a réalisé un chiffre
d’affaires de 4 milliards de dollars US 2008 sur le continent.
Maroc Telecom a réalisé, au premier trimestre 2009, un chiffre d'affaires consolidé de
7,129 milliards de dirhams et un résultat opérationnel consolidé de 3,188 milliards de
dirhams, respectivement en hausse de 2,4% et 2,7% par rapport à la même période en
2008.
En 2009, les projections tablent sur une hausse de 20 % du chiffre d’affaires des
opérateurs mobiles en Afrique, soit 50 milliards de dollars US.
Figure 1: évolution du chiffre d’affaires global des télécommunications en Afrique (2004-2008)
50
54
44
35
28
2004
2005
2006
2007
2008
Source : Observatoire des Télécommunications en Afrique et au Moyen Orient, 3è édition – Quantifica
La rentabilité des opérateurs télécoms en Afrique reste particulièrement élevée.
Le ratio bénéfice net par rapport au chiffre d’affaires des 25 premières entreprises du
secteur atteint 17,7 %, un niveau très élevé par rapport aux entreprises évoluant dans
d’autres domaines d’activité.
ZAIN a affiché en 2008 des revenus en hausse de 26%, soit 7,44 milliards de dollars US. Le
bénéfice net du groupe s’est accru de 6%, passant à 1,6 milliard de dollars US ; ces
performances ont fait prendre 0,33 dollars US à l’action de ZAIN en bourse.
Au Burkina Faso, l’ONATEL a réalisé en 2008 un résultat net consolidé de 8,89 milliards de
F CFA, contre 6,63 milliards de F CFA en 2007, soit une hausse de 34,1%.
ORASCOM se distingue par des profits qui ont été multipliés par trois (3) et qui atteignent
45% du chiffre d’affaires.
Page 5 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Encadré 1- Incomes rise with the access to mobile phones
Not only is economic growth likely to drive mobile subscriber growth, but it could also increase
mobile usage. This higher mobile usage and the accompanying economic efficiencies created it
carries with it could in turn further stimulate economic growth - creating a self-perpetuating
cycle of growth. In fact, several studies have confirmed that people's incomes typically rise
when they gain access to a mobile phone.
For example, a well-known 2007 study from Harvard University tracked fishermen off the coast
of southern India, finding that when they started using cell phones to call around to
prospective buyers before they'd even got their catch to shore, their profits went up by an
average of 8 percent, while consumer prices in the local marketplace went down by 4 percent.
Building on this theme, a 2005 London Business School study concluded that for every
additional ten mobile phones per 100 people, a country's GDP rises 0.5 percent. This effect
suggests that mobile telephony in Africa can reduce the "poverty penalty" – the high prices poor
consumers are forced to pay due to economic isolation - by introducing fairer, more
transparent market pricing to consumers and producers, and in so doing stimulating economic
growth in what can develop into a virtuous cycle of long-term growth.
La dynamique des investissements reste soutenue, surtout sur le mobile.
En Côte d’Ivoire, Orange a investi 100 milliards de F CFA en 2007 pour étendre son taux de
couverture aux zones les plus reculées du pays.
En 2008, ZAIN a investi plus de 3 milliards de dollars US dans l’amélioration et l’expansion
de son réseau sur les grands marchés comme le Nigeria et le Soudan en Afrique.
Cet investissement a contribué à la croissance de sa base de clients ainsi que de ses
revenus. En 2009, ZAIN a dégagé 1,8 milliards de dollars US pour investir dans l’extension
et le renforcement de son réseau. Le groupe prévoit de consacrer environ 4 milliards de
dollars US aux investissements d’ici 2010.
Au Ghana, Vodafone envisage d’investir 700 millions de dollars US dans le développement
des infrastructures de télécommunications afin d’améliorer ses services.
Plus de 80 % des investissements réalisés dans les télécoms sont affectés à l’extension
et au déploiement de réseaux mobiles nouvelle génération.
Selon la GSMA, le total des investissements dans le mobile en Afrique atteindrait 50
milliards de dollars d’ici 2012. Cette tendance s’explique par la part particulièrement
prépondérante de la téléphonie mobile dans les recettes des opérateurs. L'Afrique est la
seule région du monde où la téléphonie mobile domine le fixe au plan des recettes ; le
mobile représente 64% des recettes téléphoniques totales.
Page 6 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 2: estimation du volume des investissements des opérateurs mobile en Afrique
subsaharienne
Source : impact de la taxation sur la croissance de la téléphonie mobile, GSMA
Le marché africain du mobile enregistre la croissance la plus rapide au monde.
L'Afrique est la région du monde qui connaît la plus forte croissance annuelle du
nombre d'abonnés à la téléphonie mobile. Entre 2003 et 2008, les taux de croissance
annuels pour la téléphonie mobile en Afrique (+47%) ont été deux (2) fois plus élevés que
ceux enregistrés dans le monde (+23%).
Une étude réalisée par le cabinet Ernst & Young3 confirme ce dynamisme en indiquant que
le marché africain de la téléphonie mobile a connu une croissance de +49,3% par an
depuis 2002, contre 7,5% pour la France, 28% pour le Brésil et 27,4% pour l’Asie. En 2008,
la hausse du parc de téléphonie mobile a atteint 35% en Afrique. Douze (12) pays
africains se placent parmi les vingt (20) plus fortes progressions du monde, les autres étant
situés en Asie ou en Europe de l’Est.
L’Afrique compte plus de 380 millions d’abonnés au mobile et une télédensité de 38%.
L'essor du secteur de la téléphonie mobile sur le continent africain a défié toutes les
prévisions. Le taux de pénétration de la téléphonie mobile est passé de 2% en 2000 à plus
du tiers de la population actuelle du continent. Le continent comptait 279,3 millions de
souscriptions au mobile en 2007, soit un taux de pénétration du mobile d’environ 30 %.
L’Afrique a terminé l’année 2008 avec 380,5 millions d’utilisateurs de téléphone portable4.
Le taux de pénétration du mobile se situe à 38 % sur l’ensemble du continent, avec des
pointes à 111% au Gabon, à 97 % en Afrique du Sud, à 76-82 % en Afrique du Nord (Algérie,
Maroc, Tunisie) ou encore à 54 % en Côte d’Ivoire.
3
4
Etude sur le développement des télécommunications en Afrique, Ernst & Young, Juin 2009
Source : WCIS
Page 7 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 3 : évolution du nombre d’abonnés et du taux de pénétration du mobile en Afrique
38%
A b o nn é s a u m o bi l e ( en m illion s )
28%
T a ux d e p é n é t ra t i on du m ob i l e ( %)
380,5
22%
15%
10%
26 3,9
200,9
84,1
13 5,7
2 0 04
20 0 5
2 0 06
20 0 7
2 0 08
Source : Observatoire des télécommunications en Afrique et au Moyen-Orient
La répartition des abonnés mobiles est aujourd'hui plus uniforme en Afrique. En 2000,
l’Afrique du Sud représentait à elle plus de la moitié des abonnés au téléphone mobile sur
le continent. En 2008, près de 81% des abonnés au mobile se trouvaient dans d'autres pays
africains et le marché est dominé par le Nigeria (26% des abonnements au mobile sur le
continent).
Le continent africain demeure un réservoir important de croissance du mobile.
Les marchés dits vierges et émergents (43 pays avec des taux de pénétration mobiles
inférieurs à 50%) devraient alimenter essentiellement la croissance du mobile en Afrique
dans les années à venir. Ils présentent une marge d’accroissement des parcs mobiles
potentiellement importante.
Au nombre de ces marchés à forte marge d’augmentation des parcs, figurent la République
Démocratique du Congo et surtout l’Ethiopie où l’absence de libéralisation limite le taux
de pénétration du mobile (2,5 % en 2007).
Les opérateurs attendent l’ouverture des marchés mobiles non libéralisés qui, à
l’image de l’Ethiopie, affichent un potentiel encore immense.
Le potentiel du mobile en Afrique suscite un intérêt croissant des opérateurs.
Plusieurs opérateurs transnationaux ont progressivement émergé et poursuivent leur
expansion sur le continent africain. Ces opérateurs contribuent très fortement à la
dynamique des télécoms du continent africain par leur prise de participation ou
l'acquisition de licences. Ils sont plus présents dans le segment du mobile plus ouvert à la
concurrence.
L’expansion des opérateurs transnationaux conduit dans certains pays à de forte
concentration des acteurs dans la téléphonie mobile. La Côte d’Ivoire par exemple
compte actuellement cinq (5) opérateurs dans la téléphonie mobile : MTN, Orange, Moov,
Koz et Green. Deux (2) autres opérateurs, Warid Télécom et AIRCOM, envisagent de lancer
leurs services très prochainement en Côte d’Ivoire
Globalement, les six (6) plus grands opérateurs transnationaux (Orange, Vodacom,
Zain, MTN, Moov et Tigo) contrôlaient 52% des abonnés mobiles africains en 2008.
Page 8 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 4 : cartographie de présence des opérateurs télécoms transnationaux en Afrique
Tunisie
Maroc
Libye
Algérie
Niger
Mali
Mauritanie
Égypte
Soudan
Sénégal
Guinée Bissau
Guinée
Sierra Leone
Nigéria
Somalie
Côte
d’Ivoire
Ethiopie
Rep.
Centrafrique
Togo
Bénin
Ghana
Liberia
Tchad
Burkina
RDC
ZAIN
Gabon
Kenya
ORASCOM
Rwanda
VODACOM
Tanzanie
Malawi
France TELECOM
Angola
Zambie
MAROC TELECOM
MTN
MILLICOM
Namibie
Madagascar
Botswana
Moov
VODAFONE
Afrique
du Sud
Lesotho
Swaziland
SUDATEL
BINTEL
La croissance du mobile se poursuivrait en Afrique, mais de façon plus ralentie.
En 2009, les projections tablent sur une hausse de 25 % du parc mobile, soit un total
de 450 millions d’abonnés en Afrique. Toutes technologies confondues, le continent
compterait en 2013 environ 550 millions d’utilisateurs de téléphone, avec le Nigeria qui
demeura le premier marché du continent. Le taux moyen de pénétration du mobile en
Afrique passerait de 38% à 61% d’ici 20185.
L’analyse de la courbe de croissance du mobile en Afrique montre qu’elle a tendance à
fléchir, en passant de plus de 61% en 2005 à 35% en 2008. Ce fléchissement résulte
d’un début de saturation de la part économiquement solvable du marché du mobile en
Afrique.
5
Source : Cabinet Ernst & Young
Page 9 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
En effet, la population active, motrice de la consommation des produits télécom et de
l’accroissement des parcs, affiche des taux d’équipement et de pénétration mobiles
tendant progressivement vers la saturation. A titre d’illustration, le parc mobile en Afrique
était de 135,7 millions d’abonnés en 2005, soit 38% de la population active du continent.
En 2008, l’Afrique affichait un parc mobile de 380,5 millions d’utilisateurs, représentant
99% de la population active.
De plus, on note une augmentation du nombre d’utilisateurs du mobile (+29% entre 2005 et
2008), plus rapide que l’évolution de la population active en Afrique (+2% entre 2005 et
2008). Cette situation amenuise, au fil des années, la marge d’accroissement global des
parcs d’utilisateurs de téléphone mobile.
Le ralentissement de la croissance des parcs mobiles en Afrique s’accompagne d’une
certaine évolution en maturité du marché, avec des utilisateurs plus exigeants sur la
qualité de services et plus demandeurs d’offres innovantes. Avec ces mutations, il
ressort que pour continuer à accroitre la création de valeur, les opérateurs mobiles en
Afrique ne pourront plus compter uniquement sur les possibilités d’augmentation des
parcs, de plus en plus réduites par la saturation progressive de la population active et le
faible pouvoir d’achat sur les autres couches de la population. La création de services à
valeur ajoutée innovants, répondant aux besoins des utilisateurs et impactant à la
hausse l’ARPU, constituera dans les prochaines années le principal déterminant pour
maintenir et accroître le revenu des opérateurs.
Figure 5 : évolution du taux de croissance annuel du mobile en Afrique
61 %
48%
39 %
2005
2006
2007
35 %
2008
25%
2009 (e)
Contrairement au mobile, le fixe stagne en Afrique, avec une télédensité limitée à 3%.
En 1998, on estimait le taux de pénétration des lignes téléphoniques fixes en Afrique à
1,4%, soit le taux le plus bas observé au monde. En 2008, le nombre total de lignes
téléphoniques installées était estimé à 32,457 millions, correspondant à une
télédensité fixe de 3,5%. Le taux d’accroissement du parc fixe en Afrique n’a pas
excédé 2% sur la période 1998-2008 et l’écart avec les autres régions du monde s’est
accentué.
Les tendances dans le secteur des télécoms en Afrique pourraient cependant favoriser
la relance de la téléphonie fixe. En effet, de plus en plus de licences attribuées à
travers le continent sont des licences globales, intégrant le fixe, le mobile et
l’Internet.
Page 10 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Les opérateurs télécoms africains se lancent également, de plus en plus, dans la
promotion d’abonnements prepaid fixes ; cette formule d’abonnement s’inspire du
modèle prepaid du mobile et s’appuie sur ses avantages en termes de maîtrise de la
consommation et des dépenses, pour viser une stabilisation des parcs et une reconquête
des utilisateurs de la téléphonie fixe.
Il convient également de noter que le développement des offres multi play, le
« boom » de l’immobilier et les besoins associés pour l’équipement téléphonique et
Internet haut débit des immeubles… contribuent à entretenir un marché relativement
croissant pour la téléphonie fixe.
Malgré la concurrence des produits de substitution (notamment du mobile), plusieurs
facteurs de l’environnement créent et entretiennent un regain d’intérêt des
utilisateurs pour la téléphonie fixe.
Figure 6 : évolution du par cet du taux de pénétration de la téléphonie fixe en Afrique
2,9%
2 6,2
2004
3,0%
3, 3%
3,1%
3, 5%
27,4
2 8,6
3 1,1
32,5
2005
2006
2007
2008
Abon nés a u f i xe ( en million s )
T a ux d e pénét r a t i o
n du f i x e( %)
Source : Observatoire des télécommunications en Afrique et au Moyen-Orient
L’Internet se développe plus vite, mais la pénétration demeure faible en Afrique.
Sur la période 2000-2008, l’Internet s’est accru en Afrique d’environ +13% par an ; le
parc des internautes est en effet passé de 11 millions en 2000 à 32 millions en 2008.
Les taux de croissance annuels pour l’Internet en Afrique ont été pratiquement deux fois
plus élevés que ceux enregistrés dans le monde.
En dépit des progrès réalisés, la quasi-totalité des pays d’Afrique ont des taux de
pénétration de l’Internet encore très faibles. Sur le continent, moins de 5% de la
population utilise l’Internet, contre une moyenne de 23% à l’échelle mondiale.
Une analyse détaillée des taux de pénétration de l’Internet montre d’énormes
disparités entre régions. En effet, ce taux est de 38% pour les Seychelles et de 30% en Île
Maurice ; il passe à moins de 0,5% pour la République Démocratique du Congo, l’Ethiopie,
la République Centrafricaine et la Sierra Leone. Les taux de pénétration dans certains pays
sont corrélés au niveau de pénétration informatique dans les ménages. Mais de façon
générale en Afrique, l’accès aux équipements informatiques est très limité en Afrique,
du fait du faible niveau de revenu des populations. Les cybercafés demeurent le
principal endroit où l’on utilise l’Internet dans la plupart des pays africains.
Page 11 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 7 : cartographie de l’utilisation de l’Internet en Afrique
Source : RFI
L’enjeu socioéconomique des télécoms, surtout du mobile, est devenu important.
La téléphonie mobile constitue un secteur parmi les plus dynamiques en Afrique. Elle
joue un rôle économique clé sur le continent, et représente en moyenne 4 % du
produit intérieur brut (PIB) des Etats africains.
La dynamique continue de croissance du mobile en Afrique est un atout majeur qui
maintiendra, à un haut niveau, les retombées économiques pour les pays du continent.
Plusieurs publications ont en effet montré qu’une augmentation de 10% de la
pénétration des mobiles entraîne une augmentation de 1,2% du taux de croissance
annuel du PIB.
La téléphonie mobile contribue également aux recettes des Etats ; en Afrique
subsaharienne par exemple, l'activité mobile représente 7 % des recettes fiscales des
Etats. La valeur de ces recettes fiscales générées à partir de l’activité du mobile est
estimée à 71 milliards de dollars US entre 2000 et 2012.
Figure 8: aperçu des contributions des opérateurs mobiles aux recettes fiscales des Etats en
Afrique subsaharienne (2006)
11%
10%
9%
8%
7%
6%
5%
5%
3%
1%
Tcha d
RDC
G a bon
C a m eroun
Keny a
B urkina
Faso
M a li
Sénéga l
Afrique du Sw aziland
Sud
Source: GSMA, Europa technologies, World Bank WDI Database
Page 12 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
En termes de création d’emplois, la téléphonie mobile emploie directement ou
indirectement plus de 3,5 millions de Subsahariens (cabinet Frontier Economics En
2006). Les opportunités de création d’emplois indirects dans le mobile sont
particulièrement élevées en Afrique ; les statistiques disponibles montrent que le mobile
génère, pour un emploi direct, 10 emplois indirects au Nigeria, 57 en Ouganda, 89 au
Kenya, 98 en Tanzanie et 169 emplois indirects au Rwanda.
La vente de cartes de recharge téléphonique et les télécentres ou call box sont les
activités créant le plus d’emplois indirects dans la téléphonie mobile. A Dakar (Sénégal),
les jeunes vendeurs de carte de recharge gagnent 4 000 F CFA à 11 000 F CFA par jour. Au
Cameroun, l’activité de MTN sur les call-box a permis de créer près de 200 000 emplois
dans le pays.
Encadré 2- The Importance of Mobile Telephony in Africa
The reasons for this rapid growth in mobile telephony are manifold. In many instances, African
phone usage is not merely a luxury or convenient alternative to reliable fixed-line services (as
it is in developed economies), but a veritable necessity. This is true especially in the case that
mobile phones make up for poor or inexistent infrastructure in many African markets.
For instance, a mother with a sick child at home can call to see if a doctor is available in the
neighboring village before beginning the journey on foot. But having access to a mobile phone
also allows for the more efficient, unencumbered flow of market information between traders
and their customers in Africa. In this case, mobile phones typically help make markets more
efficient, bring prices down, and increase productivity by allowing more people to be
integrated into the mainstream economy via their mobile phone. For instance, a plumber does
not need to loose time by returning to his shop to pick up messages or a carpenter or auto
mechanic can advertise her services on notice boards and ask potential clients to get in touch
with her via phone.
Le mobile en Afrique est devenu déterminant pour assurer l’accès universel.
L’UIT définit quant l’accès universel comme « l’accès aux télécoms pour tous dans des
conditions raisonnables ». La téléphonie mobile s’illustre de plus en plus comme le moyen
le plus efficace pour fournir des services télécoms diversifiés, publics et privés, à des
centaines de millions d’habitants, notamment dans les zones rurales et isolées en Afrique.
Les communications mobiles ont un impact particulièrement profond, en matière d’accès
universel.
Les réseaux mobiles couvrent actuellement 80% de la population mondiale. D’ici 2010,
ces réseaux mobiles rendront accessibles les services voix, données et Internet à plus
de 5 milliards de personnes, touchant ainsi 90% de la population mondiale.
Le mobile s’affiche aussi comme le levier pour rattraper le retard sur la bancarisation.
Faute d’infrastructures suffisantes, le secteur bancaire et financier en Afrique s’appuie de
plus en plus sur les réseaux mobiles (plus étendus) pour accroître l’accès des populations
aux services. Cette bancarisation via le mobile se base en premier lieu sur les moyens de
paiement, contrairement à la micro finance qui s’appuie sur le crédit pour élargir la
clientèle des services bancaires et financiers.
L’intérêt du mobile-banking réside dans le fait qu’il permet d’abaisser les coûts de
transactions et de toucher davantage de personnes, y comprises celles qui résident
dans les zones les plus reculées. Avec le mobile, les coûts d’accès aux services
bancaires sont réduits de 90%, comparés aux coûts en agence classique.
Page 13 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Le mobile banking est considéré déjà dans plusieurs pays africains comme une priorité.
Au Kenya par exemple, le taux de bancarisation a doublé en trois (3) ans grâce aux
prestations de services bancaires sur le mobile ; ces prestations attirent environ 200 000
nouvelles souscriptions par mois. En Zambie, la contribution du mobile banking est déjà
significative ; l'équivalent de 2% du PNB du pays transiterait par la solution de paiement
local CELPLAY.
Les services bancaires sur mobile devraient représenter un marché de 5 milliards de
dollars US d’ici 2012. L’Afrique se positionne déjà pour être le leader mondial des
services bancaires sur le mobile.
Encadré 3- Banking Business via Mobile Phones
Also, Africans increasingly use phones to transfer money or pay bills. This innovation makes up
for the limited banking facilities and branches in most African markets. For example,
Safaricom, a Kenyan wireless provider, launched a mobile-money-transfer service called M-Pesa
("mapesa" means "money" in Swahili), which allows Africans to send money by text message to
their friends, family, or trade partners. The recipient can then take the text message to a local
M-Pesa agent and withdraw cash.
These examples of the very important role mobile phones in Africa have come to play on an
everyday basis are also supported by the high proportion of household income typically
allocated for mobile phone services (in some countries like Ruanda beyond 25 percent of
income is spent on mobile services). This high proportion of income used for mobile telephony
suggests that people in Africa really do see mobile telephones as nearly invaluable parts of
their everyday lives.
Les opérateurs développent aussi le mobile comme canal pour le transfert d’argent.
En termes de transferts de fonds, la Banque africaine de développement (BAD) estime
que la diaspora africaine a envoyé en 2006 plus de 38 milliards de dollars US dans les
pays d'origine de ceux qui la composent. Ce montant dépasse, pour certaines années, le
volume total de l'aide publique au développement (36 milliards de dollars US en 2007) en
Afrique.
Les envois de fonds représentent en moyenne 5% du PIB des pays en Afrique ; cette
part dans le PIB atteint des niveaux exceptionnels au Mali (12,5%), en Gambie (17%), au
Burundi (22%), au Cap Vert (34%), en Erythrée (37%). Six (6) pays africains (Maroc, Algérie,
Nigeria, Egypte, Tunisie) reçoivent chacun plus d’un (1) milliard de dollars US par an.
S’appuyant sur ce potentiel attractif, les opérateurs orientent progressivement la
dynamique du mobile vers des innovations sur le transfert d’argent international et
transfrontalier, ainsi que sur les paiements sans contact.
Au Kenya par exemple, les abonnés de SAFARICOM peuvent envoyer des fonds par SMS
depuis 2007. Ce système, baptisé M-Pesa, est déjà adopté par 2 millions de clients.
S’inscrivant également dans cet élan de développement du mobile payment, Orange a
aussi lancé son offre de transfert d’argent « Orange Money », depuis juillet 2008 en Côte
d’Ivoire, puis au Sénégal et au Mali. Orange Money permet de payer des factures,
d’acheter des biens et services, de transférer ou de retirer de l’argent avec son téléphone
mobile, d’acheter du crédit téléphonique… sans se déplacer. L’objectif visé
spécifiquement par Orange Money au Sénégal est d’accroître le taux de bancarisation de
5% actuellement, en assurant une bancarisation indirecte de 20% de la population d’ici
2010. A terme, le service de transfert d’argent sera mis en place sur l’ensemble du réseau
Orange en Afrique.
Page 14 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 9: flux de transferts de fonds vers les pays africains (en millions USD)
Source : BAD, 2006
L’Internet est devenu également un facteur de croissance et de création d’emplois.
Les technologies, surtout à large bande, servent aux industries de services informatiques
locales, créant des emplois pour les jeunes, renforçant les niveaux de productivité et les
exportations, et favorisant l’intégration sociale. Le marché potentiel mondial des
industries de services informatiques représentait 500 milliards de dollars US en 2007.
De plus, un rapport de la Banque Mondiale note qu’une hausse de 10 points de
pourcentage du nombre de connexions internet haut débit s’accompagne d’un surplus
de croissance économique de 1,3 point de pourcentage. Les opportunités liées à
l’Internet demeurent peu exploitées (seulement 15%) dans les pays en développement en
général et en Afrique en particulier. Toutefois, certains créneaux se développent
progressivement dans les pays africains, en exploitant un environnement des affaires plus
favorable en termes de présence de moyens de communication fiables, peu coûteux,
sécurisés… et surtout des coûts salariaux plus faibles que les pays développés.
L’impact des télécoms est cependant limité en Afrique par une fiscalité pesante.
En Afrique, les opérateurs télécoms, notamment sur le segment du mobile, sont confrontés
à des taux de taxation très pesants. Pour l'ensemble de l’Afrique subsaharienne, le taux
moyen de taxation du chiffre d'affaires des opérateurs de téléphonie mobile est
supérieur à 30%. Les cinq (5) pays affichant les taux les plus élevés sont la Zambie (53%),
Madagascar (45%), la Tanzanie (40%), le Gabon (40%) et le Cameroun (39%).
Selon l’étude menée par le cabinet Frontier Economics (2006), l’impact fiscal s’élève à
0,8 dollar US pour chaque dollar investi en Afrique ; l’étude menée montre également
que les taxes sur l'activité mobile se répartissent de la façon suivante en Afrique
subsaharienne :
Page 15 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
-
TVA nette sur les services et les appareils mobiles : 35% ;
taxes professionnelles et sur l'emploi : 34% ;
droits de douane sur les appareils et les équipements mobiles : 20% ;
taxes sur les communications et autres : 11%.
La fiscalité élevée affecte l’accessibilité prix des produits et services télécoms pour les
populations, notamment pour les plus pauvres. Elle limite le développement du secteur
et par suite, la croissance économique du continent.
Les coûts des services télécoms en Afrique demeurent les plus chers au monde.
En 2008, le coût moyen mensuel d'un abonnement au mobile en Afrique subsaharienne
correspondait à plus de 20% du revenu national brut mensuel par habitant, contre
moins de 0,5% aux Etats-Unis et au Canada.
Le tarif des abonnements haut-débit est inaccessible pour la majeure partie des
populations africaines. Au regard des niveaux de revenus, la connexion internet en
Afrique est, de loin, la plus chère au monde. À Madagascar par exemple, le coût d’accès
à l'ADSL équivaut à un (1) mois de salaire d'un ouvrier.
La faible utilisation des capacités disponibles sur les câbles sous marins, reliant l’Afrique
aux autres continents, ne favorise pas la réduction des coûts des connexions Internet,
notamment haut débit. A titre d’illustration, les capacités du cable sous – marin SAT3 ne
sont utilisées qu’à 10% seulement en Afrique.
Les coûts d’accès et d’utilisation très élevés dans les pays africains limitent fortement la
vulgarisation des services télécoms. Pour l’UIT, une réduction des prix, même minime,
accroitrait davantage la pénétration des services télécoms en Afrique.
La filière des télécentres a fortement régressé en Afrique, au profit du mobile.
Au Sénégal par exemple, la progression des télécentres a été freinée depuis 2005 ; la
filière connaît une chute spectaculaire depuis quatre (4) ans. De 24 284 télécentres en
2005, la filière ne comptait en fin 2008 qu’un parc de 4 246 télécentres. A Dakar, sur dix
(10) télécentres qui existaient, seuls deux (2) survivent difficilement. Les recettes ont
fortement diminué, de 90 à 95% suivant les cas. Les fins de mois deviennent très difficiles
pour les gérants de télécentres, confrontés aux charges de loyer, d’électricité, de
téléphone, de salaires... Un nombre important de télécentres a ainsi été transformé en
boutiques, en dépôts ou magasins.
Figure 10 : évolution du parc de télécentres au Sénégal
24 284
17 705
22 026
18 500
15 727
10 865
15 339
13 146
12 019
9 119
4 246
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
Source : ARTP, UNETTS
Page 16 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Pour les gérants, c’est le développement de la téléphonie mobile qui a cannibalisé le
marché et la rentabilité des télécentres, conduisant ainsi à leur fermeture massive. Les
acteurs de la filière indexent essentiellement la recharge électronique (à petits prix : 100
F CFA, 200 F CFA…) et les vendeurs ambulants de cartes de recharges mobiles comme
étant les principaux facteurs de la disparition des télécentres.
La régression des télécentres est analysée sous divers angles par les observateurs. Pour
certains, les télécentres ont rempli leur mission à une époque donnée et doivent
logiquement faire place au mobile qui offre de nouvelles opportunités et facilite davantage
l’accès des populations aux services télécoms.
Pour d’autres, la gravité de la disparition des télécentres est liée aux pertes d’emplois et
de revenus, à l’accroissement du chômage et de la paupérisation des acteurs de la filière.
Investissements et innovations sont capitaux pour l’essor des télécoms en Afrique.
Les analystes posent certaines conditions pour assurer une poursuite du développement
des télécoms en Afrique. Les opérateurs devront accélérer leurs investissements,
notamment pour densifier leurs réseaux, mieux couvrir les territoires et s’installer de
plus en plus dans les zones rurales.
Le développement des applications liées à l’énergie solaire offre la possibilité de lever
les freins au développement des télécoms dans les zones rurales non électrifiées. Au
Kenya par exemple, SAFARICOM commercialise depuis août 2009 un mobile dit vert : Simu
Ya solar. Ce terminal mobile dispose d’un panneau solaire assurant sa recharge.
Compatible avec les préoccupations liées au développement durable, « Simu Ya solar »
vise aussi à assurer aux abonnés une possibilité d’utiliser en continu leur mobile, surtout
dans les zones rurales où l’électricité est absente et dans les zones urbaines subissant une
distribution rationnée du courant électrique.
Pour l’UIT, l’innovation et la différentiation des marchés demeurent fondamentales
pour mieux adapter les services télécoms aux besoins et spécificités des zones ou
populations présentant un potentiel important pour le développement du secteur en
Afrique. Les innovations devraient être développées, notamment pour accélérer la
convergence dans le secteur et favoriser l’émergence de nouveaux acteurs, avec des
services novateurs et de nouveaux modèles économiques.
Les Etats devront baisser les taxes pour soutenir l’investissement dans le secteur.
L’étude, menée par le cabinet Frontier Economics, montre qu’un lissage des taxes
appliquées au secteur des télécoms en 2007 engendrerait d’ici 2012 une progression
supplémentaire des parcs mobiles de 43 millions d'utilisateurs, et un surplus fiscal de
930 millions de dollars US.
Dans la même optique, une suppression des taxes spécifiques en Afrique induirait un
accroissement des investissements dans les télécoms de 13 milliards de dollars US
supplémentaires d’ici 2012.
Selon les estimations de la GSMA, une réduction de moitié de la taxe spécifique aux
mobiles au Kenya (qui était de 10% en 2007), induirait au cours des dix (10) prochaines
années, une augmentation de l’usage du téléphone portable de 7%, un accroissement
de la pénétration de 5% et une hausse des revenus des opérateurs de 8%. Cette
réduction conduirait également à une augmentation de 2 à 4% des recettes fiscales de
l’Etat kenyan jusqu’en 2011.
Page 17 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Partant de ces avantages potentiels, les acteurs du secteur recommandent aux Etats
africains de ne plus taxer les terminaux mobiles au rang de produits de luxe et de
supprimer ou réduire toutes les taxes spécifiques appliquées aux télécoms.
Une baisse des coûts reste aussi une priorité pour assurer l’accès universel.
Les analyses comparatives ont montré que les services télécoms en Afrique sont les plus
chers au monde.
Cette situation interpelle les opérateurs africains à réduire fortement leurs coûts
d’exploitation afin de pouvoir offrir des tarifs d’accès aux services plus abordables pour les
populations. Pour ce faire, les opérateurs devront adopter une approche plus rigoureuse
pour accroître leur efficacité et efficience opérationnelles.
La concurrence devra être intensifiée pour favoriser davantage la baisse des prix.
La concentration continue des opérateurs mobiles a déjà accéléré une baisse des prix sur
le téléphone mobile.
Cette tendance à la baisse des prix se poursuivrait dans les prochaines années au regard de
l’accentuation du jeu concurrentiel dans le mobile. La libéralisation des télécoms devra se
poursuivre dans les pays africains pour ouvrir totalement à la concurrence toutes les
composantes du secteur (mobile, fixe, Internet).
Sur l’Internet, la baisse des coûts nécessite de réaliser les projets de connectivité.
De nombreux projets ont été initiés en Afrique, notamment pour améliorer la
connectivité internationale et réduire les coûts des télécommunications, notamment
sur le haut débit.
Au nombre de ces projets, figure RASCOM qui vise à fournir une infrastructure de
télécommunications à grande échelle à moindre coût aux zones rurales du continent en
utilisant une technologie appropriée. Le coût du projet est estimé à 400 milliards d’euros
et avait pour but d’éviter le transit des communications par l’Europe et l’Amérique. Le
premier satellite (RASCOM-1) a été lancé en décembre 2007. Une fuite d’Hélium lors du
lancement a réduit considérablement la durée de vie du satellite. Un contrat avec Thales
Alenia Space et Ariane est entré en vigueur depuis septembre 2008 pour la construction en
24 mois et le lancement par la suite du satellite de remplacement de RASCOM-1.
En plus de la solution satellitaire, l’Afrique multiplie les projets de pose de câbles en
fibre optique pour accroitre la connectivité internationale. C’est le cas par exemple du
câble en fibre optique WASC destiné à relier sur 14 000 km les pays de l’Afrique de l’Ouest
à l’Europe avec une capacité de 3,84 Tbit/s sur la bande passante internationale. Le coût
du projet est estimé à 600 millions de dollars US et sa mise en service est prévue en 2011.
L’Afrique de l’Ouest est déjà desservie par plusieurs câbles dont le SAT3 et Glo 1 qui a
été récemment mis en service. Long de 9 800 km et d’une capacité de 640 Gbps, Glo 1 a
été installé par Globacom (société privée nigériane). Il offre une alternative au câble SAT3
pour la connexion à la bande passante internationale.
En Afrique de l’Est et australe, le projet EASSy, dont le coût est estimé à 235 millions de
dollars US, a été engagé pour garantir la connectivité à 250 millions de personnes dans
21 Etats de la région. Un autre câble sous-marin en fibre optique (SEACOM), connectant
l’Afrique de l’Est à l’Asie et à l’Europe est déjà en service dans cette région.
Page 18 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Figure 11: cartographie des câbles sous marins connectant l’Afrique aux autres régions du
monde
Source : Arnauld KLEIN, octobre 2009
Parallèlement, Google envisage un ambitieux projet international visant à fournir dès
fin 2010 la connexion à des prix plus abordables à 3 milliards de personnes, dans 150
pays en développement en Afrique et sur les autres continents. Le coût de ce projet est
estimé à 750 millions de dollars US.
Pour les télécentres, seul un développement des téléservices assurerait leur relance.
Il est très peu probable que les populations retournent massivement dans les télécentres,
dans leur format actuel de mono-fonctionnalité, reposant essentiellement sur le service
téléphonique filaire. Les réflexions menées sur les opportunités de redynamisation des
télécentres convergent globalement vers une reconversion et un repositionnement des
exploitants sur les téléservices.
Cette mutation est nécessaire pour permettre aux télécentres d’évoluer, de leur
caractère actuel de centre monofonctionnel, vers une diversification de leurs services.
Dans ce cadre, les télécentres pourraient assurer des activités additionnelles comme la
vente de cartes SIM, de recharges et d’accessoires téléphoniques, la vente et la gravure de
CD-ROM et DVD, la bureautique, la connexion à Internet… D’autres alternatives plus
innovantes sont actuellement prospectées par les acteurs ; elles portent sur un
repositionnement des télécentres dans la chaîne de valeur du mobile banking et dans le
paiement des factures d’eau et d’électricité, le traitement des assurances, les démarches
administratives en ligne...
Page 19 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Encadré 4- E-gouvernement au Sénégal : lancement de la première télé procédure avec la
télé déclaration de TVA
La Direction Générale des Impôts et Domaine (DGID), en collaboration avec l’ADIE (Agence de
l’Informatique de l’Etat) ont procédé en Septembre 2009, au lancement de la première télé procédure au
Sénégal (la télé déclaration de TVA).
D’une part, dans un contexte de mise en œuvre de la Société de l’Information, d’amélioration du
fonctionnement de l’Administration et de l’ouverture de l’administration vers les citoyens en utilisant les
TIC, l’ADIE a entrepris un projet global de mise en place des télé procédures au sein de l’Etat (projet
SAFI). D’autre part, la mise en œuvre des réformes auprès de l’administration Fiscale pour rendre le
climat des affaires au Sénégal plus attractif et augmenter la position du Sénégal dans le classement du
Doing Business, la demande pressante du Patronat, a amené la DGID à se positionner comme pilote dans
ce projet de Télé procédures en choisissant la déclaration de TVA comme procédure pilote.
La télé déclaration de TVA (TELETVA), permet aux entreprises qui en font la demande, donc qui le
souhaitent, de pouvoir effectuer leur déclaration de TVA mensuelle sans se déplacer au niveau de
l’Administration pour récupérer le formulaire. Depuis quelques mois, une dizaine d’entreprises, affiliées
au Centre des Grandes Entreprises (CGE), effectuent leur déclaration de TVA via cette plateforme. Cette
plateforme est ouverte dans un premier temps aux entreprises du CGE, avant de la généraliser pour toute
entreprise qui souhaite faire la télé déclaration.
Source : ADIE – Sénégal
Quant au mobile payment, simplicité, bas coût et interbancarité sont capitaux pour son essor.
Pour une plus large adhésion des populations africaines, les business modèles sur le
mobile payment devront tendre vers un mode de souscription simple, des services
adaptés à la demande et un coût d’accès relativement faible.
La question de l’interbancarité se pose également, avec notamment plusieurs
problématiques sur les partenariats à développer avec les banques, le coût des
commissions appliquées et les conditions d’accès aux systèmes de compensation. Sur le
développement des partenariats, il y a un risque de voir se développer plusieurs
communautés de paiements cloisonnées (par banque ou par opérateur) ; une telle situation
devrait être évitée, au risque de réduire la portée potentielle des offres de mobile
payment.
Le développement du mobile payment devra aussi tenir compte de l’organisation et de la
réglementation des systèmes de paiements nationaux, différents d’un pays à l’autre à
l’échelle du continent. Les banques centrales suivent déjà étroitement les différentes
initiatives, pour éviter le développement de systèmes virtuels en marge du système
financier en vigueur. Les aspects conformité, anti-blanchiment et lutte contre le
financement du terrorisme sont également suivis par les autorités compétentes en Afrique.
Page 20 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Contacts
Pour plus d’informations :
VOTRE CONTACT
Direction Marketing et Développement
Email : [email protected]
Performances Management Consulting
Immeuble Xeewel
15 Boulevard Djily Mbaye
BP 22 352 Dakar Ponty - SENEGAL
Tél. : (+221) 33 849 90 90
Fax : (+221) 33 849 97 10
Email : [email protected]
Site web: www.performancesconsulting.com
© 2010 Performances MC
Tous droits réservés
Page 21 sur 22
Les télécoms en Afrique : un secteur dynamique et à fort potentiel
Page 22 sur 22