Séparer le blanc de la lumière

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Séparer le blanc de la lumière
Apartar lo blanco de la luz
Séparer le blanc de la lumière
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI
33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Ramiro Oviedo – Augusto Rodríguez
(antólogos)
Traduit de l’espagnol (Équateur) par Rémy Durand
Anne-Marie Durand-Kennett
et Gabrielle Lécrivain
SENAMI, Quito-Equateur, 2011
1
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI
33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
2
1- Luis Carlos Mussó (Guayaquil, 1970)
2- Pedro Gil (Manta, 1971)
3- Juan Secaira (Quito, 1971)
4- Marialuz Albuja (Quito, 1972)
5- Ana Cecilia Blum (Guayaquil, 1972)
6- Aleyda Quevedo Rojas (Quito, 1972)
7- Carlos Garzón Noboa (Quito, 1972)
8- Julia Erazo Delgado (Quito, 1972)
9- Xavier Oquendo Troncoso (Ambato, 1972)
10- Freddy Peñafiel Larrea (Quito, 1972)
11- Paúl Puma (Quito, 1972)
12- Carlos Vallejo Moncayo (Quito, 1973)
13- Franklin Ordóñez Luna (Loja, 1973)
14- Alfonso Espinosa Andrade (Quito, 1974)
15- Beatriz Viteri Garcés (Guayaquil, 1974)
16- Alex Tupiza (Quito, 1975)
17- Javier Cevallos (Quito, 1976)
18- David G. Barreto (Quito, 1976)
19- César Eduardo Carrión (Quito, 1976)
20- Rafael Méndez (Guayaquil, 1976)
21- Siomara España (Manabí, 1976)
22- Ernesto Carrión (Guayaquil, 1977)
23- Diego Cazar Baquero (Quito, 1977)
24- Cristian Avecillas (Quito, 1977)
25- Xavier Hidalgo Cedeño (Guayaquil, 1977)
26- Augusto Rodríguez (Guayaquil, 1979)
27- Luis Alberto Bravo (Milagro, 1979)
28- Rocío Soria R. (Quito, 1979)
29- Juan José Rodríguez Santamaría (Ambato, 1979)
30- Alexis Cuzme (Manta, 1980)
31- María de los Ángeles Martínez (Cuenca, 1980)
32- Dina Bellrham (Milagro 1984-2011)
33- Edison Lasso (Piñas, El Oro, 1977)
3
Prólogo
La poesía es una actividad que nadie controla
Leonard Cohen
(durante la recepción del premio Príncipe de Asturias 2011)
Entre la cicatriz y su herida, el movimiento
Siempre lo dijimos, y ahora hay que repetirlo: el oxígeno de la revolución
es su espíritu crítico. Sin ese espíritu, nos quedamos en lo mismo. Sin
tensión, sin sorpresa, sin propuesta, sin innovación, sin ciudadanía la
revolución no podría no marchitarse. Por eso, la acción cultural no es
necesaria, es indispensable.
Tiene razón Ricardo Piglia cuando afirma que la literatura no es el único
terreno donde se hace la ficción. El Estado, es cierto, produce una ficción,
y la literatura otra. Habría que decir, además, que a veces esas ficciones
se cruzan. Habría que decir también que aparte de ellas hay otras, más o
menos visibles. Entre todas ellas, en cada una, en los vínculos que las unen,
en las tensiones que las separan, en sus singularidades, en sus atavismos
y en sus emergencias, está el sentido de este mundo, que tal vez sea la
verdad.
Parte de ese sentido cabe en libros como éste que abundan en visiones.
Estas visiones son claves de ese mundo, de este tiempo. Y son también
claves de la Historia. Por eso este libro es importante, porque muestra el
camino hacia esos enigmas, y probablemente incluso los ilumina.
Hay al menos dos partes – capas – en este volumen, que operan como
opera la máscara en relación con el rostro, y viceversa.
El rostro para esta máscara son los poemas de los 33 escritores que
Augusto Rodríguez y Ramiro Oviedo han decidido mostrar con su ojo
crítico, el ojo ajeno. La máscara para este rostro son las traducciones de
las que han sido objeto, a cargo de Rémy Durand y de sus cómplices
traductoras Anne-Marie Durand-Kennett y Gabrielle Lécrivain. Ese
rostro y esa máscara configuran Apartar lo blanco de la luz. Ni esa máscara
ni ese rostro son lugares baldíos. Entre ellas existe el mismo vínculo que
existe entre la cicatriz y su herida.
4
Prologue La poésie est une activité que personne ne contrôle
Leonard Cohen
(discours de réception du Prix Prince des Asturies 2011)
Entre la cicatrice et sa blessure, le mouvement
Nous l’avons toujours dit, et maintenant il faut le répéter : l’esprit critique
est l’oxygène de la révolution. Sans cet esprit on stagne. Sans tension, sans
surprise, sans proposition, sans innovation, sans esprit de citoyenneté, la
révolution ne pourrait que se faner. Voilà pourquoi l’action culturelle n’est
pas nécéssaire, elle est indispensable.
Ricardo Piglia1 a raison quand il affirme que la littérature n’est pas le seul
espace où se construit la fiction. L’État, c’est certain, produit une fiction,
et la littérature en produit une autre. Il faudrait ajouter que parfois ces
fictions se croisent. Mises à part ces dernières il faudrait ajouter aussi qu’il
y en a d’autres, plus ou moins visibles. Parmi toutes, dans chacune d’entre
elles, dans les liens qui les unissent, dans les tensions qui les séparent, dans
leurs singularités, dans leurs atavismes et leurs exceptions, se trouve la
perception de ce monde, qui est peut-être la vérité.
Une partie de cette connaissance du monde se trouve dans des livres
comme celui-ci, qui foisonne de visions. Ces visions sont la clé de
ce monde, de notre temps. Et ce sont aussi les clés de l’Histoire. C’est
pourquoi ce livre est important, parce qu’il montre le chemin vers ces
énigmes, et certainement les éclaire aussi.
Il y a au moins deux parties – strates – dans ce volume, qui opèrent comme
le masque en relation avec le visage, et vice-versa.
Le visage pour ce masque c’est les poèmes des trente trois écrivains
qu’Augusto Rodriguez et Ramiro Oviedo ont décidé de choisir avec leur
œil critique et distancié. Le masque pour ce visage c’est les traductions
des poèmes sous la responsabilité de Rémy Durand y de ses complices
traductrices Anne-Marie Durand-Kennett et Gabrielle Lécrivain. Ce
visage et ce masque forment Apartar lo blanco de la luz. Ni ce masque ni
5
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Hermoso, pero sobre todo angustiante título – verso – el de este libro.
Premonitorio. Lo dicho: desde la tapa se anuncia el inminente brillo del
conflicto, de las aguas que se separan para dejar en el medio algo que nos
abisma. (Ese es, o podría ser, el papel de esta antologia).
En francés, estos poemas se exhiben como se exhiben los cuerpos desnudos,
como hechos singulares, como seres abandonados. Con Piglia queremos
decir que la traducción conforma otra de esas ficciones a las que hemos
aludido. En francés, apartar se ha vuelto separar… y así sucesivamente,
letra a letra, cada palabra se ha convertido en cada palabra hasta conseguir
un todo que es hecho a imagen y semejanza del rostro de partida, pero que
ya es otra cosa, ya es otro enigma.
Demasiado tiempo ha tardado el país secreto, el Ecuador, en nutrir el
misterioso mundo de la ficción poética hecho entre estas dos lenguas,
armas contra el tiempo en las voces de Baudelaire y de Vallejo, de Carrera
Andrade y de Paul Éluard. ¿Dónde estuvieron los antologadores, dónde
los gestores, dónde estuvieron los especialistas y los poetas que debieron
animarnos antes? No sabemos. Probablemente no existían… No creo. Lo
cierto es que a estos poetas, los presentados por Oviedo y Rodríguez, les
tocará también desenterrar a aquellos del país secreto, para ponerles la
máscara que mejor les convenga. Veinte años han pasado desde que Jorge
Enrique Adoum hiciera este ejercicio. Veinte años son demasiados para
hacer la pausa entre esos lectores y esta literatura. Esta historia sin esa
historia – la que se dejó de contar en el intervalo – se entiende menos. Por
eso, esta colección de poesía debe ser también leída como un homenaje a
esos poetas ausentes, generación perdida en los marasmos del ochenta, del
noventa, en los marasmos del interés individual y precario que tanto daño
nos hizo, y a veces nos sigue haciendo.
Lo que sigue, y lo que importa de lo que sigue, no es sin embargo aquello.
Lo que cuenta aquí es lo que en seguida se inicia. El encuentro del último
lector, como dice Piglia, con el último texto, el que tiene frente a sí.
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Séparer le blanc de la lumière
ce visage ne sont des espaces illusoires. Entre eux existe le même lien qui
existe entre la cicatrice et sa blessure.
Beau titre – c’est un vers – que celui de ce livre, mais surtout angoissant.
Prémonitoire. Nous l’avons dit: dès la couverture, l’imminent éclat du
conflit, des eaux qui se séparent pour laisser au centre quelque chose qui
nous plonge dans l’abîme, est annoncé. (C’est ou ce pourrait être le rôle de
cette anthologie).
En Français, ces poèmes s’exhibent comme on exhibe des corps nus,
comme des faits singuliers, comme des êtres abandonnés. Avec Piglia
nous voulons dire que la traduction adhère à une autre de ces fictions à
laquelle nous avons fait allusion. En Français, apartar (mettre à l’écart) est
devenu separar (séparer)… et ainsi successivement, lettre par lettre, chaque
mot s’est converti en un autre mot jusqu’à parvenir à un tout qui est fait de
l’image du visage originel, mais qui déjà est autre chose, déjà une autre
énigme.
Le pays secret2, l’Équateur, a trop tardé à nourrir dans ces deux langues le
monde mystérieux de la fiction poétique, armes contre le temps, dans les
voix de Baudelaire et de Vallejo, de Carrera Andrade et de Paul Éluard.
Où se trouvaient les anthologistes, les passeurs et les poètes qui auraient
dû nous encourager ? Nous ne savons pas. Probablement n’existaient-ils
pas… Je ne le crois pas. Pour sûr, il reviendra à ces poètes que présentent
Oviedo et Rodriguez d’exhumer ceux du pays secret, pour les couvrir du
masque qui leur convient le mieux. Vingt ans ont passé depuis que Jorge
Enrique Adoum a publié son anthologie. Vingt ans c’est trop pour faire
une pause entre ces lecteurs et cette littérature. Cette histoire sans cette
histoire-là – celle que l’on n’a plus raconté entretemps – se comprend
moins. Aussi, cette anthologie doit être lue comme un hommage à ces
poètres absents, ceux de la génération perdue dans les marasmes des années
quatre-vingt, des années quatre-vingt dix, dans ceux de l’individualisme
précaire qui nous a fait tant de mal, comme encore maintenant, parfois.
Ce qui suit, et ce qui importe dans ce qui suit, ce n’est pas pourtant pas
cela. Ce qui compte ici c’est ce qui émergera, dès que possible. La rencontre
avec le dernier lecteur, comme dit Piglia, avec le dernier texte, celui que
vous avez devant vous.
Ramiro Noriega Fernández
Attaché culturel
Ambassade d’Équateur en France
Traduction Rémy Durand 6
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Los autores
Les auteurs
Ramiro Oviedo (Chambo, 1952)
Profesor de Literatura latinoamericana en la Université du Littoral-Côte
d’Opale. Ha publicado varios compendios de poesía y cuento, entre ellos
Serpencicleta (Eskeletra, 1995), Esquitofrenia (Eskeletra, 2000), Escanner
(Cuenca, 2005), Los poemas del Coronel Buendía, (Quito, 2007, Casa de la
Cultura Ecuatoriana), Boca a boca, (Eskeletra, 2008), Maleta de mano, Editorial
Sur, Quito, 2009. En français: Hiéroglyphe, 1997, Semaine Sainte, 1998, Fanesca,
1999, La nature se méfie de la vitesse, Les poèmes du Colonel, Ediciones Jacques
Brémond 2002, Prix Trouvères 2002 (Le Touquet) et Claude Sernet 2004,
(Rodez). En el marco universitario, Ramiro Oviedo participa en numerosos
coloquios internacionales y ha organizado en Boulogne-sur-Mer los encuentros
sobre Juan Gelman, Roberto Bolaño y Jorge Enrique Adoum, así como una
docena de encuentros de poetas hispanófonos y francófonos.
Ramiro Oviedo (Chambo, 1952)
Professeur de Littérature latino-américaine à l’Université du Littoral--Côte
d’Opale. Ramiro Oviedo a publié plusieurs recueils de poésie et de contes,
parmi lesquels : Serpencicleta (Eskeletra, 1995), Esquitofrenia (Eskeletra, 2000),
Escanner (Cuenca, 2005), Los poemas del Coronel Buendía, (Quito, 2007, Maison
de la culture équatorienne), Boca a boca, (Eskeletra, 2008), Maleta de mano,
Editorial Sur, Quito, 2009. En français: Hiéroglyphe, 1997, Semaine Sainte, 1998,
Fanesca, 1999, La nature se méfie de la vitesse, Les poèmes du Colonel, Éditions
Jacques Brémond 2002, Prix Trouvères 2002 (Touquet) et Claude Sernet
2004, (Rodez). Dans le cadre universitaire Ramiro Oviedo participe à plusieurs
colloques internationaux et à organisé à Boulogne-sur-Mer les colloques sur
Juan Gelman, Roberto Bolaño et Jorge Enrique Adoum, ainsi qu’ une douzaine
des rencontres des poètes hispanophones et francophones.
Augusto Rodríguez (Guayaquil, Ecuador, 1979).
Periodista, editor y catedrático. Últimas publicaciones: La gramática del deseo
– recopilación – (La Paz, Bolivia 2009/ Monterrey, México 2009/ Neuquén,
Argentina 2009) y Voy hacia mi cuerpo (Lima, Perú, 2010). En cuento: Del otro
lado de la ventana (Lima, Perú, 2011). Novela: El cuaderno de K (Lima, Perú,
2011). Ha obtenido numerosos premios y menciones y fue finalista del III
Premio Internacional de Poesía Màrius Sampere (España, 2007), y del VII y
VIII Premio Internacional de Poesía Joven Martín García Ramos (España,
2008-2009). Crítico y autor de varias antologías sobre poesía joven ecuatoriana.
Es uno de los fundadores del grupo cultural guayaquileño Buseta de papel. Ha
participado en festivales poéticos, encuentros y ferias de libros en su país y
en América Latina. Parte de su obra poética está traducida en varios idiomas.
Poemas suyos han salido en importantes antologías, periódicos y revistas
impresas o virtuales de Ecuador y del extranjero. Editor de la revista literaria El
Quirófano y de El Quirófano Ediciones. Director del Festival Internacional de
Poesía Joven IEC (Ileana Espinel Cedeño).
8
Augusto Rodríguez (Guayaquil, Équateur, 1979).
Journaliste, éditeur et il dispense des cours à l’Université. Dernières publications:
La gramática del deseo – récopilation – (La Paz, Bolivie 2009/ Monterrey,
Mexique 2009/ Neuquén, Argentine 2009) y Voy hacia mi cuerpo (Lima, Pérou,
2010). En contes: Del otro lado de la ventana (Lima, Perou, 2011). Roman : El
cuaderno de K (Lima, Perou, 2011). Il a obtenu de nombreux Prix et Mentions.
Augusto Rodriguez a été finaliste du IIIème Prix international de poésie
Marius Sampere (Espagne, 2007), des VIIème y VIIIème Prix internationaux
de Jeune poésie Martín García Ramos (España, 2008-2009). Il est critique et
auteur de diverses anthologies sur la jeune poésie équatorienne. Il est l’un des
fondateurs du groupe culturel de Guayaquil “Buseta de papel”. Il a participé
à divers Festivals de poésie, à des rencontres littéraires et à des Fêtes du livre
dans son pays et en Amérique latine. Une partie de son œuvre poétique est
traduite dans diverses langues. Ses poèmes ont été publiés dans d’impotantes
anthologies, des quotidiens et des revues imprimées ou virtuelles en Équateur et
à l’étranger. Il est l’éditeur de la revue littéraire El Quirófano et des Éditions El
Quirófano et le Directeur du Festival international de jeune poésie IEC (Ileana
Espinel Cedeño).
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Los traductores
Les traducteurs
Rémy Durand (Caracas, 1946)
Pasa su infancia en Venezuela hasta los diez años. Luego va a Senegal y estudia
en el Liceo Van Vollenhoven. Prosigue estudios en la facultad de Letras de
Dakar, los mismos que interrumpe para dirigirse a Francia, en donde obtiene
la licenciatura en Letras, en 1968; después de aprobar los concursos trabaja para
la Alianza Francesa en Colombia, India, Ecuador e Irlanda, promoviendo la
lengua y la cultura francesas, la francofonía y el diálogo de culturas.
Rémy Durand est né à Caracas en 1946.
Son enfance, il la vit au Venezuela jusqu’à l’âge de dix ans. Puis ce fut le Sénégal
où il fut élève au lycée Van Vollenhoven, pour poursuivre ses études à la Faculté
des Lettres de Dakar, qu’il quitte pour la France, Licencié es Lettres, en 1968.
Suivent les Concours : il travaillera pour l’Alliance Française en Colombie,
en Inde, en Équateur et en Irlande pour promouvoir la langue et la culture
françaises, la Francophonie et le dialogue des cultures.
Vive en Toulon desde 2001. Crítico de arte, crítico literario y conferencista,
ha publicado numerosos artículos en la prensa latinoamericana, poemarios y
poemas en diversas revistas. Iniciador y fundador de encuentros poéticos en el
extranjero, tales como los « Jueves poéticos » ( Ecuador) y los « Poetry Thursdays »
(Irlanda); en Francia, en Tulon, en marzo 2001, funda la Asociación Gangotena,
que organiza encuentros poéticos. Rémy Durand es Miembro de la Fundación
Guayasamín ( Ecuador), Comendador en la Orden del Mérito de la República
del Ecuador y Caballero de las Palmas Académicas. Mayor información en su
página web: http://www.remydurand.com/
Depuis 2001 il vit à Toulon. Critique d’art, critique littéraire, conférencier, il
a publié de nombreux articles dans la presse latino-américaine, et des recueils
de poèmes dans de nombreuses revues Il est l’initiateur et le fondateur
de rencontres poétiques à l’étranger, les « Jueves poéticos » (Équateur) et
les « Poetry Thursdays » (Irlande) ; en France, à Toulon, il a fondé en mars
2001 l’Association Gangotena, qui organise des rencontres poétiques. Rémy
Durand est Membre de la Fondation Guayasamín (Équateur), Commandeur
dans l’Ordre du Mérite de la République d’Équateur et Chevalier des Palmes
académiques. Plus d’informations sur son site : http://www.remydurand.com/
Anne-Marie Durand-Kennett (Fort-de-France 1943)
Ex-profesora de Letras clásicas en los liceos de Tananarive, Noumea, México,
Washington, y profesora de Francés para Extranjeros en Carolina del Norte,
en la Universidad A & T et à la High Point Université (Estados Unidos).
Actualmente es traductora e intérprete en el Language Resources Center
de Greensboro. Ha traducido dos obras del historiador norteamericano Lee
Kennett: el ensayo Gettysburg, 1863, escrito para la editorial Economica de Paris
y traducido en 1997 con el título de Le tournant de la guerre de Sécession, y The
First Air War, 1914-1918, editorial The Free Press, New York 1991, publicado
con el título La première guerre aérienne, 1914-1918, éditions Economica, Paris
2005. Anne-Marie Durand- Kennett mantiene estrechas relaciones con
América Latina, desde su infancia en Venezuela y sus largos años de vida en
México.
Anne-Marie Durand-Kennett (Fort-de-France 1943).
A été Professeur de lettres classiques aux lycées de Tananarive, Nouméa, Mexico,
Washington et Professeur de Français langue étrangère en Caroline du nord, à
l’Université Elon, à l’Université A & T et à la High Point Université (USA). Elle
est traductrice et interprète au Language Resources Center de Greensboro. Elle
est la traductrice de deux ouvrages de l’Historien américain Lee Kennett : l’essai
Gettysburg, 1863, écrit pour les éditions Economica de Paris et traduit en 1997
sous le titre Le tournant de la guerre de Sécession, et The First Air War, 1914-1918,
éditions The Free Press, New York 1991, paru sous le titre La première guerre
aérienne, 1914-1918, éditions Economica, Paris 2005. Anne-Marie DurandKennett entretient des relations privilégiées avec l’Amérique latine, depuis son
enfance au Venezuela et un long séjour au Mexique.
Gabrielle Lécrivain (1986)
Después de haber efectuado estudios literarios, Gabrielle Lécrivain se dedica a
la traducción. Nocilla Dream, una novela del español Agustín Fernández Mallo,
inicialmente publicada en Barcelona por la editorial Candaya, debe aparecer
próximamente en editorial Allia, París.
Master en Literatura Comparada ( La Sorbona, Paris IV), también ha seguido
cursos de Filología hispánica en la Universidad de Sevilla, en literatura
hispanoamericana, métrica comparada y traducción poética. Ha elaborado dos
tesinas tituladas « « Style et traduction dans Du côté de chez Swann. Étude
comparative des traductions en langue espagnole » et « Traduire l’ironie dans Du côté de chez Swann. Étude comparative des traductions de langue anglaise ».
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Gabrielle Lécrivain (1986)
Après des études littéraires, Gabrielle Lécrivain s’est confrontée à la pratique
de la traduction. Nocilla Dream, un roman de l’Espagnol Agustín Fernandez
Mallo publié initialement à Barcelone par les éditions Candaya, doit paraître
prochainement aux éditions Allia, à Paris.
Gabrielle Lécrivain est Master en Littérature Comparée (Université de
la Sorbonne-Paris IV). Elle a suivi le cursus de Philologie hispanique à
l’Université de Séville en littérature hispano-américaine, en métrique comparée
et traduction poétique. Elle a également rédigé deux mémoires de recherche
sur les traductions de Marcel Proust, intitulés « Style et traduction dans Du
côté de chez Swann. Étude comparative des traductions en langue espagnole »
et « Traduire l’ironie dans Du côté de chez Swann. Étude comparative des
traductions de langue anglaise ».
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33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
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Nota de los autores
En este mundo inundado de poetas y de antologías, lanzar una nueva
selección es echar más leña al fuego. La información y el consumo parecen
devorarlo todo, incluso la literatura. A borbotones nos llueven chamanes,
visionarios, poetas en órbita y poetas desorbitados. Unos en helicóptero
o en ascensores ministeriales, deambulando por despachos de toda laya,
otros a pie, dándose cabezazos contra sus propios manuscritos, todos
llegan. Pero la legitimidad en poesía no se compra como las licencias de
tránsito, no se la adquiere con la ayuda de tramitadores y compadres o en
la Dirección de Aduanas de la Poesía Nacional o en las crónicas culturales
de los diarios .
La vía láctea es la autopista más ancha del mundo y no es monopolio
de nadie. Y por ella los poetas tienen derecho de circulación, con o sin
premios, en 4x4, en moto y hasta en burro, o a pata, por último; pueden ir
de retro, de frente o a contravía, con turbo o con freno de mano activado.
El poeta con chicle, fumando, que deambula ebrio o con el celular en la
oreja, puede hacer lo que se le ocurra Sólo el lector sabe con quién tiene
que vérselas y si lo que lee le rasca o no le rasca, como dice Galeano.
¿Por qué una antología en español-francés? ¿Y por qué no? A sabiendas
de que en Francia no hay más de quinientos lectores de poesía y que en el
Ecuador no deben rebasar la centena. No por nada Adoum habia escrito
“a quién mierda puede importarle ahora el amor o la poesía si ya no se usan”. El
carácter agónico del mundo, sometido a los caprichos del marketing con
sus perversiones en la estética, puede ser justamente el carburante de la
poesía, cuya suprema arrogancia sería la de « aparecer » cuando los lectores
desaparecen.
Pero que pueden reaparecer cuando el entusiasmo y la competencia de
los funcionarios de la cultura nacional conciertan talentos y esfuerzos,
en coherencia con el proyecto politico vigente. Si se me permite una
constatacion personal, será la de la sorpresa -altamente estimulante - de
contar con un Agregado Cultural dinámico y federador de ideas; con
una SENAMI sensible a las cuestiones de nuestra identidad cultural;
con poetas de todas las tendencias –rompiendo la tradición canibalista y
excluyente del pasado que se limitaba a publicar a los amigos– y con unos
traductores franceses enamorados del Ecuador y de su poesía. Por estas
razones, este libro abre una etapa en la concepción-difusión de la poesía y
en las relaciones Ecuador-Francia.
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Note des auteurs
Notes en fin de pages4
Dans ce monde envahi de poètes et d’anthologies, en réaliser une nouvelle
c’est ajouter une bûche au feu. L’information et le consumérisme semblent
tout dévorer, y compris la littérature. Il pleut à verse des chamanes, des
visionnaires, des poètes sur orbite et des poètes perdus dans l’espace.
Certains grimpent dans des hélicoptères ou prennent les ascenseurs
ministériels, déambulent dans des bureaux de tout acabit, d’autres vont
à pied, se frappent la tête sur leurs propres manuscrits, tous finissent
par arriver. Cependant la légitimité en poésie ne s’achète pas comme un
permis de conduire, elle ne s’obtient pas avec l’aide d’intermédiaires et de
copinages, ou à la Direction des douanes de la Poésie nationale, ou dans
les chroniques culturelles des journaux.
La voie lactée est la plus large autoroute du monde et n’est le monopole
de personne. Les poètes ont le droit d’y circuler, avec ou sans lauriers,
en 4X4, en moto et même sur un âne, où à pied, enfin ils peuvent aller
en marche arrière, droit devant ou en sens interdit, le turbo ou le frein à
main enclenchés. Le poète qui mâche un chewing-gum, qui fume, qui
déambule ivre ou le portable collé à l’oreille, peut faire ce qu’il veut. Seul
le lecteur sait à qui il a affaire, et si ce qu’il lit le gratte ou non, comme le
dit Galeano5.
Pourquoi une anthologie espagnol-français? Et pourquoi pas? Alors qu’en
France il n’y a pas plus de cinq cents lecteurs de poésie, et qu’en Équateur
on ne dépasse pas la centaine? Ce n’est pas sans raison qu’Adoum6 écrivait:
qui, bordel, s’intéresse maintenant à l’amour et à la poésie, puisqu’ils n’ont plus
cours? Ce monde qui agonise, assujetti aux caprices du marketing qui
pervertit l’esthétique, peut être justement un “activeur” de poésie, dont
la suprême arrogance serait de se manifester alors que disparaissent les
lecteurs.
Mais qui peuvent réapparaitre lorsque le dynamisme et le savoir-faire
des responsables de la culture nationale concertent efforts et talents, en
cohérence avec un projet politique en vigueur. Si je puis me permettre une
observation personnelle, c’est la surprise – combien encourageante – de
pouvoir compter sur un Attaché culturel dynamique et fédérateur d’idées ;
sur la SENAMI, si sensible aux questions de notre identité culturelle ; sur
33 poètes de toute tendance – rompant ainsi avec le cannibalisme du passé
qui se cantonnait à ne publier que les amis –, et sur l’apport de traducteurs
français attirés par l’Équateur et par sa poésie. Voilà pourquoi ce livre
ouvre une nouvelle page dans l’histoire de la conception-promotion de la
poésie et des rapports entre l’Équateur et la France.
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Francia siempre sintió una especie de fascinación por la literatura
latinoamericana. Valery Larbaud, Roger Caillois, René L.F. Durand,
Claude Couffon entre otros, derrocharon energía y pasión para traducirla
y descubrirla a los lectores franceses. El espacio destinado al Ecuador,
lamentablemente ha sido mínimo, como lo testimonia L’Amérique Latine
et La Nouvelle Revue Française, inventario del siglo XX en 748 páginas, que
dedica únicamente dos a Carrera Andrade y sólo una a Adalberto Ortiz.
Antes de los 90, la Universidad de Toulouse editó en elegantes folletines la
traducción de algunos cuentos de Pérez Torres, Egüez y Ubidia. Añadimos
el estudio de Adriana Castillo de Berchenko sobre Gangotena, así como
la soberbia traducción de este poeta hecha por Claude Couffon, y punto.
En este contexto, Gangotena, Hugo Mayo, Carrera Andrade, Escudero
y Adoum son, indiscutiblemente, los escritores ecuatorianos con mayor
protagonismo, llegando el primero a constituirse en poeta de culto para
algunos adeptos como Remy Durand – poeta, además de traductor de
este libro – que funda la Asociación Gangotena y mantiene una actividad
febril de lecturas y encuentros poéticos en la ciudad de Toulon. En los
últimos años, Ruales, Herrera y Alfredo Noriega – más centrados en la
narrativa –, y Oviedo, atrincherado en la poesía, conforman la diáspora
literaria del Ecuador en Francia, a la que acaba de integrarse el poeta
Guillermo Balda, con una reciente publicación.
No obstante, el lector de aquí o de allá que quiera acceder a esta antología
requiere ciertas pautas:
Cuando nacieron los poetas que integran esta selección, los mayores, que
fungían de poetas, y que frisaban los veinte años, eran tercermundistas
declarados, revoltosos, antidictatoriales y amigos de Mafalda. Con la
muerte del Che, se vieron obligados a reemplazar a Leonardo Favio,
Piero o Daniel Santos y la Sonora Matancera por Inti Illimani, Zitarrosa,
Horacio Guaraní, la negra Sosa, Violeta Parra y hasta los de Palacagüina,
según los gustos. Los más versados conocían a Alí Primera, versión
venezolana de Roque Dalton en la música comprometida. La puñalada
de la CIA en Bolivia y las dictaduras de los países del Cono Sur, que
tienen su contrapartida en el triunfo del Frente Sandinista en Nicaragua,
les enseñaron a portar el continente en sus entrañas. En el Ecuador
aprendieron a sentir su país, como si en verdad fuera suyo. Y escribieron
cosas, tomándole el pulso al tiempo podrido de la historia, tarareando
a Silvio Rodríguez, Pablo Milanés o León Gieco. Valga este guiño a la
música popular, para reproducir la atmósfera de entonces. En poesía,
los Tzántzicos Rafael Larrea, Raúl Arias e Iván Carvajal desarmaron el
discurso poético y ridiculizaron los hábitos del lector pequeño-burgués. A
la irrupción de La Pedrada Zurda, con sus textos radicalmente populares
y contestatarios, siguió la aparición de Sicoseo en Guayaquil y en Quito la
avalancha de talleres y revistas como Tientos y Diferencias, La mosca Zumba,
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Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
La France a toujours eu une sorte de fascination pour la littérature latinoaméricaine. Valery Larbaud, Roger Caillois, René L.F. Durand7, Claude
Couffon8 entre autres, ont prodigué énergie et passion pour la traduire et
la faire connaître aux lecteurs Français. Hélas, l’espace réservé à l’Équateur
a été succinct, comme en témoigne L’Amérique Latine et La Nouvelle
Revue Française9, répertoire du XXème siècle de 748 pages qui en consacre
deux seulement à Carrera Andrade et une seule à Adalberto Ortiz.
Avant les années 90, l’Université de Toulouse a publié dans d’élégants
cahiers la traduction de quelques contes de Perez Torres, Egüez y Ubidia.
Ajoutons l’étude d’Adriana Castillo de Berchenko sur Gangotena, les
belles traductions de Claude Couffon, un point c’est tout.10 Dans un tel
contexte Gangotena, Hugo Mayo, Carrera Andrade, Escudero et Adoum
sont, indiscutablement, les écrivains équatoriens les plus reconnus11,
Gangotena12 devenant un poète vénéré par quelques adeptes comme
Rémy Durand – poète et traducteur de ce livre –, qui a fondé à Toulon
l’Association Gangotena13 et ne cesse d’organiser avec passion lectures et
rencontres poétiques. Ces dernières années, Ruales, Herrera et Alfredo
Noriega – davantage établis dans le roman – et Oviedo, concentré sur la
poésie, forment la diaspora littéraire de l’Équateur en France ; elle associe
depuis peu le poète Guillermo Balda, auteur d’une publication récente.
Cependant, quelques informations seront nécessaires au lecteur, d’ici ou
de là-bas souhaitant aborder cette anthologie :
Quand naquirent les poètes qui font partie de cette anthologie, leurs
aînés, qui faisaient office de poètes y qui approchaient les 20 ans, étaient
altermondialistes déclarés, rebelles, contre toutes les dictatures, et amis
de Mafalda. Avec la mort du Che, ils se sont vus obligés de troquer
Leonardo Favio14, Piero ou Daniel Santos et la Sonore Matancera15 pour
Inti Illimani, Zitarrosa, Horacio Guaraní16, la « negra » Sosa, Violeta Parra
et même avec ceux de Palacagüina17, chacun son goût. Ceux qui étaient
le plus dans le vent connaissaient Alí Primera18, version vénézuélienne
de Roque Dalton19 dans la musique engagée. Le coup de poignard de la
CIA en Bolivie20 et les dictatures des pays du Cône sud, dont l’antidote
a été le triomphe du Front sandiniste au Nicaragua, leur apprit à porter
le continent dans leurs entrailles. En Équateur ils apprirent à sentir leur
pays comme si en vérité c’était le leur. Et ils écrivirent, prenant le pouls
du temps pourri de l’histoire, fredonnant Silvio Rodríguez, Pablo Milanes
ou Leon Gieco. Nécessaire clin d’œil à la musique populaire, pour donner
une idée de l’atmosphère de cette époque. En poésíe, les «Tzantzicos21»,
Rafael Larrea, Raúl Arias et Iván Carvajal ont dé-construit le discours
poétique et ridiculisèrent les habitudes du lecteur petit-bourgeois. Suite
à l’irruption de La Pedrada Zurda22, avec ses textes fondamentalement
populaires et contestataires, apparut Sicoseo à Guayaquil, et à Quito une
avalanche d’ateliers et de revues comme Tientos y Diferencias, La mosca
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Matapiojo, La pequeña Lulupa, Eskeletra, sin soslayar el taller dirigido por
Miguel Donoso Pareja en la Casa de la Cultura. Como se ve, la actividad
es efervescente y se concentra particularmente en Quito. De todos
estos poetas, aparte Gustavo Garzón, desaparecido por el terrorismo de
Estado, subsisten, entre otros, poetas como Edwin Madrid, Miguel Angel
Zambrano, Leopoldo Tobar, Diego Velasco y Margarita Lasso. Lejos de
la febrilidad tallerística, y desde antes de que estos aparecieran, sobreviven
por su postura estética y su contundencia nombres como los de Euler
Granda, Antonio Preciado, Bruno Sáenz, Efraín Jara, Rodrigo Pezántez
Rodas, Julio Pazos, Iván Oñate, Iván Carvajal y Javier Ponce.
Pero a los poetas que integran esta compilación Apartar lo blanco de la
luz3, les tocó lo peor : testigos de la mascarada de la democracia, crecieron
rumiando la aridez. El petróleo no sólo fue puro cuento, sino el ascensor
de un nuevorriquismo rancio que empezaba a tejer sus redes a todo nivel.
Nunca hubo Política. La historia olía a excremento. Con la complicidad
de las mayorías, se turnaron en Carondelet una recua de improvisados
que compensaban con picardía todas sus carencias. Desde León –el
sangriento– hasta los “sapos” Gutiérrez, pasando por “el loco’” Abdalá,
las fechorías de Dahik, Mahuad y las élites, que provocaron la muerte
del Sucre y la fuga masiva de ecuatorianos al exterior, esta generación,
digámoslo sin ambages, pero también sin hipérboles, ha vivido una noche
de treinta años. La euforia de Paquisha duró poco y sólo sirvió para que
Pueblo Nuevo sacara las zampoñas, desvistiera guitarras y revitalizara
nuestra autoestima obligándonos a tararear “A Mi lindo Ecuador.”
Porque, aparte ciertos logros de nuestros futbolistas o atletas en el exterior,
¿qué autoestima puede alimentar a los poetas náufragos nacidos en los
años setenta, si en lo social, en lo económico y en lo político el país quiso
dar un paso y retrocedió tres? Para muestra un botón: la determinación
del actual régimen por institucionalizar el país se ha visto frenada por
una oposición intransigente, nacida en las propias filas y secundada por la
prensa y los grupos de poder. Y en lo cultural, ídem. Aciertos estructurales
como la Ley de cultura lanzada por el actual régimen, tienen sus riesgos:
los artistas e intelectuales (o aspirantes) no dejan de merodear los barrios
del poder cultural, ofreciendo sus buenos, leales y oportunos servicios a
cambio de cualquier cosita: un reportaje fílmico que ya mismito acabo; una
novela que le tengo aquí, en la cabeza, y que está por salir; una feria de libro en
cualquier parte, aunque sea en Cuenca...; o sea que el Papá Estado, el Poder
–hábil manipulador de lenguajes– es “buenito” y los hijos tienen que
ser “bien educaditos”. Así, la burocracia cultural se congracia regalando
puestos de titulares en la Tri a escritores escaldados que saltan a canchas
incluso internacionales mientras banquea a los revoltosos, por feos, o
sea por imprensentables, eximiéndoles de la rancia y efímera gloria de
papel periódico; del oportunismo y de la falta de consistencia ideológica o
partidaria de los agraciados da cuenta el hecho de que, cuando papito anda
18
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Zumba, Matapiojo, La pequeña Lulupa, Eskeletra, sans oublier l’atelier que
dirigea Miguel Donoso Pareja à la Maison de la Culture. On peut donc
noter que les activités sont ardentes et se concentrent essentiellement à
Quito. De tous ces poètes, excepté Gustavo Garzón, que le terrorisme
d’Etat a fait disparaître23, subsistent, entre autres, les noms de Edwin
Madrid, Miguel Angel Zambrano, Leopoldo Tobar, Diego Velasco, et
Margarita Lasso. Loin de la frénésie de la création d’ateliers, et avant
que ces derniers apparaissent, demeurent de par leurs choix esthétiques et
leur forte personnalité des noms comme ceux d’Euler Granda, Antonio
Preciado, Bruno Sáenz, Efraín Jara, Rodrigo Pezántez Rodas, Julio Pazos,
Iván Oñate et Javier Ponce.
Les poètes de cette anthologie Apartar lo blanco de la luz, Séparer le blanc
de la lumière ont vécu le pire : témoins d’une démocratie de mascarade, ils
ont grandi en ressassant l’aridité. Non seulement le pétrole n’a été qu’une
chausse-trappe, mais encore un ascenseur pour nouveaux riches rances
qui commençaient à tisser leurs toiles à tous les niveaux. Il n’y eut jamais
de Politique. L’histoire sentait la merde. Avec la complicité des majorités,
une bande d’incapables se sont emparés de Carondelet24 et compensaient
leurs insuffisances avec malignité. Depuis Leon25 – le sanglant – jusqu’aux
“crapules” Gutiérrez26, sans oublier “ le fou” Abdalá27, les malversations de
Dahik28, Mahuad29 et des élites, qui provoquèrent la mort du Sucre30 et
la fuite massive d’Équatoriens à l’étranger, cette génération disons-le sans
ambages et sans hyperboles, a vécu une nuit de trente ans. L’euphorie de
Paquisha31 a peu duré, elle aura seulement incité le groupe Pueblo Nuevo
à prendre les flûtes de pan, à sortir les guitares de leur étui et à ranimer
notre amour propre, avec obligation de fredonner “A Mi lindo Ecuador.”32
En effet, excepté certains succès de nos footballeurs ou athlètes à l’étranger,
quelle estime de soi peut habiter les poètes naufragés nés dans les années
soixante dix, alors que, dans les domaines sociaux, économiques et
politiques, le pays a voulu faire un pas en avant et en a fait trois en arrière
? Un simple exemple suffit: la détermination à institutionnaliser le pays,
affichée par l’actuel régime, a été freinée par une opposition intransigeante,
née dans ses propres rangs et soutenue par la presse et les groupes de
pouvoir. En ce qui concerne la culture, idem. Le bon choix qui, du point
de vue structurel, implique la Loi de culture, présente ses propres risques:
les artistes et les intellectuels (ou prétendants) ne cessent de braconner
dans les quartiers du pouvoir culturel, et offrent leurs bons, loyaux et
opportuns services en échange de quelque miettes: un ciné-documentaire que je
viens juste de terminer; un roman rangé dans mon crâne, prêt à éclore; une fête
du livre n’importe où, quand bien même ce serait à Cuenca… disons que Papa
État, le Pouvoir – manipulateur habile de langages – est bien gentil si
ses fils sont gentiment bien élevés. Ainsi, la bureaucratie culturelle se fait
valoir en offrant des postes de titulaires à la Tri33 à des écrivains médiocres
qui font leur entrée même sur des terrains internationaux tandis qu’elle
19
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
agarrotado, achacoso y abandonado por la propia familia, ninguno es capaz
de tomar su defensa. Ese no es nuestro problema –parecen argüir algunos
de los poetas de este libro–, porque crecieron con internet y aprendieron
solos a armar revistas, talleres, páginas web, sin pedirle nada a nadie; no
siendo debitores, tampoco son dependientes ni gregarios, escriben lo que
quieren, como les da la gana. Y parece que a la mitad –al menos– no le
da la gana de escribir sobre la basura social ni sobre los desechos de la
historia; prefieren agarrarse al tubo de su propia procesión, focalizarse
en lo privado y exorcizarlo mediante la lucidez de la duda y un tipo suigeneris de resistencia. ¿Cómo reprocharles este ejercicio de libertad? ¿Con
qué argumentos podemos tildarles de marcianos o extraterrestres?. El
motor y el carburante de esta poesía es el Yo, un Yo que se permite la
arrogancia de escribirse, después de transitar por las zona del estupor y
del asombro: eso es enorme, en este mundo donde la capacidad subversiva
del lenguaje se limita al discurso gregario y a la subordinación ideológica.
Entonces, esta poesía no simplifica las cosas, sino que las complica
porque se lanza (sobre todo en los poetas maduros) a la búsqueda verbal,
rompiendo el servilismo de la palabra preñada de slogans o de inocencia.
Y bien sabemos que en poesía ambas cosas son imperdonables.
Julio 2009. Muere Adoum. Según la prensa, el país lloró despidiendo a su
poeta. Pero nos gustaría saber cuántos profesores, poetas, críticos, letrados
(sin hablar de artesanos, amas de casa, vendedores ambulantes y policías)
han leído realmente a Adoum. En 1980 el critico español Jorge Rodríguez
Padrón lanzaba su Antología de Poesía Hispanoamericana y descubría a
Adoum, como a Gelman, como a Dalton y a otros tantos, valorando la
implicación de estos poetas en el berrinche latinoamericano, sin traicionar
lo primordial: la escritura poética como espacio de libertad. Y citaba a
Darío : “El clisé verbal es dañoso porque encierra en sí el clisé mental, y, juntos,
perpetúan la anquilosis, la inmovilidad”.
2011. En el maremagnum de antologías que nos tientan –lo que
ilustra el buen momento editorial y la dinámica de quienes las arman–,
proponemos Apartar lo blanco de la luz, una selección que conmina al
lector a « ver sangrar / al animal transparente », el poeta exhibiendo sus
avatares reales o metafísicos y manchando de rojo la zona blanca de la
literatura. Exponiéndose. Dando la cara. Revelando la desconfianza y
sus vericuetos con una sustancia oral. Graficando su distanciamiento o
su bronca con la realidad, sus orfandades, sus déficits, pero también el
garbo de sus desplazamientos, la elegancia de la ironía, el humor violento,
el chirlazo de la ternura o la reflexión como vía de hallazgo, cuando se
escarba el cuerpo como espacio, la cabeza como fábrica de preguntas, eros,
orígenes, desaparición, urbe y palabra.
El sentimiento de zozobra, de vivir la juventud como una estafa y
aceptar el déficit de futuro en un país « sin remedio », en donde cada
20
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
laisse sur le banc de touche les rebelles, parce qu’ils sont moches, ou bien
qu’ils ne sont pas présentables, tout en les dispensant d’une éphémère
gloire à mauvais goût de papier journal; l’opportunisme et le manque de
conscience idéologique et partisane des heureux élus souligne le fait que,
lorsque « papito » se trouve bâillonné, souffreteux et abandonné par sa
propre famille, personne n’est capable de prendre sa défense. Ceci n’est pas
notre problème – semblent répliquer certains poètes de ce livre –, parce
qu’ils ont grandi avec internet et qu’ils ont appris seuls à faire des revues,
à créer des ateliers, des sites internet, sans rien demander à personne ; ils
ne doivent rien à quiconque, ils sont libres, ils ne sont pas grégaires, ils
écrivent ce qu’ils veulent, comme ça leur plaît. Et il semble que la moitié
d’entre eux – au moins – n’ait pas envie d’écrire sur le thème des décharges
sociales ou celui des déchets de l’histoire; ils préfèrent s’accrocher à leurs
propres préoccupations, rester dans la sphère du privé, se concentrer sur
l’intime et l’exorciser avec la lucidité du doute et une sorte de résistance
sui-generis. Comment leur reprocher cet exercice de liberté ? avec quels
arguments pouvons-nous les signaler martiens ou extraterrestres ? L’outil
et le ressort de cette poésie est le Moi, un Moi qui se permet l’arrogance de
s’écrire, après être passée par les espaces de la stupeur et de l’étonnement ;
c’est considérable, dans ce monde où le pouvoir subversif du langage se
limite au discours moutonnier et à la subordination idéologique. Cette
poésie en conséquence ne simplifie en rien les choses, elle les complique
de fait car elle se lance (surtout chez les poètes aînés), dans la recherche
verbale, en rupture avec la servilité d’une parole estampillée de slogans et
d’innocence. Et nous savons bien qu’en poésie cela ne se pardonne pas.
Juillet 2009. Adoum meurt. Selon la presse, le pays, lors de ses adieux,
pleura son poète. Mais nous aimerions savoir combien de professeurs,
de poètes, de critiques, de lettrés (sans parler d’artisans, de femmes au
foyer, de vendeurs ambulants et de policiers) l’ont réellement lu. En 1980
le critique espagnol Jorge Rodríguez Padrón lançait son Anthologie de la
poésie hispanoaméricaine et découvrait Adoum, tout comme Gelman34,
Dalton et bien d’autres, soulignant l’engagement de ces poètes dans le
foutoir latino-américain, sans trahir l’essentiel : l’écriture poétique en tant
qu’espace de liberté. Et il citait Darío35 : “Le cliché verbal est nuisible parce
qu’il enferme en soi le cliché mental, et, à eux deux, ils perpétuent l’ankylose,
l’immobilité”.
2011. Dans le maremagnum des anthologies qui nous sont proposées
– preuve du dynamisme de ceux qui les écrivent et de l’opportunité du
moment à les publier –, nous proposons Séparer le blanc de la lumière36 ,
une sélection qui incite le lecteur à voir l’animal transparent / perdre son
sang. Le poète y exhibe ses avatars réels ou métaphysiques et tache de
rouge la zone blanche de la littérature. Il s’expose. Il en prend plein la
gueule. Il révèle le manque de confiance et ses chemins scabreux par le
biais de la langue parlée. Il gratifie les distances qu’il a prises avec la réalité
21
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
día es sospechoso, podría provocar silencio, enmudecimiento o castración,
pero no es el caso. Algo de desposesión ecuatoriana y americana, en lo
temático, eso sí, y no en todos, como un lapsus desdeñoso con la historia,
como un silencio que podría ser reprochable, pero que sólo es distancia,
no pérdida ni renuncia, sino cansancio. Un cansancio que, se quiera o no,
se convierte en gesto de desdén a la emergencia, cuando sabemos que el
autismo, literariamente válido y rentable, no constituye el mejor espacio
para amalgamar lo privado con lo público, así como las consideraciones
extraliterarias no deben pesar ni en la creación ni en la selección artísticas.
Sobra decir que la presente no es una antología de la poesía ecuatoriana.
Tampoco es una antología de la poesía ecuatoriana del siglo XXI, ni
siquiera una antología de la poesía ecuatoriana contemporánea : se inscribe
únicamente en el segmento final del siglo XX y de comienzos del XXI.
Es, diacrónicamente, la segunda, pues ya Adoum elaboró la Antología
bilingüe español-francés, traducida por Nicole Rouan y lanzada por
Patiño en Poésie équatorienne du XXème siècle, en 1992. Nuestra selección
tampoco es homogénea, más bien es desigual, y en lugar de ser incompleta,
es posible que salga con adherencias, pues hay poetas con más cancha y
más vuelo que otros. El lector atento detectará en los más maduros el
impulso por la desoxidación de los significados y la búsqueda permanente
de nuevas posibilidades de sentido, no como juego caprichoso ni como
simple apuesta por la ingeniosidad. Liberada ya de la referencia y del
clonaje, y anclada más en la memoria personal, el sustrato interior nutre
esta muestra poéticamente incorrecta, es decir válida y legítima porque
no se ajusta a los cánones del gurú Tal ni del cacique Pascual, sino del
antologador deprejuiciado que recoge lo más brillante de un período del
tiempo y lo pone junto a voces y tonalidades que – esperamos – serán
brillantes dentro de poco. En todo caso, reconocimiento de una escritura
que atravesó aguaceros y padecimiento para aparecer recia y curtida, y
de otra que, sin dejar de esgrimir su legitimidad estética, sigue todavía
buscándose en la selva de la lengua y de las emociones, hurgando la
soldadura conveniente.
No hablamos de generación, pues los rasgos estéticos y temáticos de
quienes la integran son distintos. Pero tampoco hablamos de ovnis
desperdigados. A estos poetas les une como eje el azar cronológico de
haber nacido en los años 70 y de haber publicado por lo menos un libro
antes de cumplir los treinta, salvo justificadas excepciones. Si bien esto les
conduce a compartir las mismas circunstancias socio-políticas y culturales,
la especificidad y el tono de cada voz son notorias. ¿Otro rasgo común?
Aparte la mitad de autores que nos hacen respirar « en vivo » el paisaje
humano y urbano nacionales, es notorio en el resto aquel sentimiento de
desposesión nacional y continental al que hemos hecho alusión, provocado
–a nuestro, entender– por las tensiones y vaivenes histórico-políticos, y
22
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
ou son envie d’en découdre, ses orphelinages, ses échecs, mais aussi la
grâce de ses pérégrinations, l’élégance de l’ironie, la violence de l’humour,
la blessure de la tendresse ou la réflexion comme chemin de découverte,
quand il se gratte le corps considéré comme espace, la tête comme une
usine a questions, à érotismes, à identités, à disparition, productrice de
cité et de parole.
Le sentiment de naufrage, de vivre la jeunesse comme une escroquerie
et d’accepter le déficit de futur dans un pays « sans remède », où chaque
jour rôde le soupçon, devrait provoquer le silence ou la castration, mais ce
n’est pas le cas. Il y a dans la thématique quelque chose d’un Équateur et
d’une Amérique dépossédés, oui, mais pas chez tous, comme une méprise
dédaigneuse avec l’histoire, comme un silence qui pourrait être réprobateur,
mais qui n’est que distance, non point l’abandon ou le renoncement, mais
de la fatigue. Une fatigue qui, qu’on le veuille ou non, se transforme en
dédain à l’urgence, alors que nous savons que l’autisme, pertinent et rentable
en littérature, ne constitue pas le meilleur espace pour faire l’amalgame
du privé et du public, de même que les considérations extralittéraires ne
doivent peser ni sur la création ni sur la sélection artistiques.
Inutile de dire que cette anthologie n’est pas une anthologie de la
poésie équatorienne. Elle n’est pas non plus une anthologie de la poésie
équatorienne du XXIème siècle, ni même une anthologie de la poésie
équatorienne contemporaine : elle s’inscrit uniquement aux toutes fins du
XXème siècle et aux débuts du XXIème. Elle est, historiquement parlant,
la deuxième, Adoum ayant déjà réalisé l’anthologie bilingue espagnolfrançais Poésie équatorienne du XXème siècle, traduite par Nicole Rouan et
éditée par Patiño37 en 1992. Notre sélection n’est pas non plus homogène,
elle est plutôt inégale car elle présente des poètes plus intenses que
d’autres car ils affichent plus d’heures de vol. Le lecteur attentif détectera
chez les plus mûrs la force pour décaper les signifiés et rechercher de
façon permanente de nouveaux signifiants, non comme jeu capricieux ni
comme simple pari d’ingéniosité. Libéré de la référence et du clonage, et
ancré davantage dans la mémoire personnelle, le substrat intérieur nourrit
ce choix poétiquement incorrect, i.e. pertinent et légitime car il ne se
conforme pas au canons ni du Gourou Machin ni du Cacique Truc, mais
au choix sans préjugés des auteurs qui ont recueilli ce qui leur a semblé
les voix les plus brillantes dans une période de temps. D’autres voix et
d’autres tonalités les côtoient qui – nous le souhaitons – brilleront elles
aussi dans peu de temps. De fait, c’est la reconnaissance d’une écriture qui
a traversé orages et souffrance, qui nous apparaît forte et tannée, et d’une
autre qui sans cesser de brandir sa légitimité esthétique, se cherche dans
la jungle de la langue et des émotions. Elle aspire à trouver la soudure le
lien qui convient.
Ne parlons pas de génération : les choix esthétiques et thématiques des
23
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
que estos poetas sustituyen por el cosmopolitismo (algunos viajan, hablan
varias lenguas y traducen) impulsados por la mundialización de la cultura.
No obstante, el verdadero eje que les une parece ser el caos. Les separaría
la lectura que cada quien hace del mismo. Y como nada hay más ordenado
que el caos, conviene contextualizarlo:
La tutela burocrática sobre la producción, rota a mediados de los setenta
por los reticentes de La pedrada zurda, se evapora en los años 80 con la
frugalidad de talleres y revistas. A partir del 2000, la nueva hornada se
lanza a internet y crea sus páginas web y sus blogs, para asegurar la difusión,
a veces frenada por el medio local, en donde se niega el carácter público de
la cultura. Cultura que, dicho sea de paso, alimenta la alienación masiva a
través de los medios (prensa, télévisión, que sitúan en el centro del debate
su bronca con el régimen) y pone de moda la espectacularización, con
efectos contradictorios pero visibles en la producción literaria: si todo
el mundo es presidenciable, diputable, forajidizable, para convertirse
en un abrir y cerra de ojos en todo lo contrario, mejor «me callo, me
hago humo». Es la negación de la sociedad del espectáculo. Pero como
es imposible callarse, porque nadie puede atornillar los picos de los
pájaros, el silencio halla la voz de la poesía (la mayoría de los poetas de
esta selección son periodistas), entonces se multiplican los talleres y se
arboriza la producción en Quito, Guayaquil, Cuenca, Riobamba, etc., en
donde la autogestión favorece la difusión de varias compilaciones, gracias
a la aparición de nuevas editoriales privadas.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
poètes de cette anthologie sont différents. Mais ce ne sont pas pour autant
des ovnis isolés, sans relation entre eux. C’est le hasard d’être nés dans
les années 70, et la publication d’au moins un recueil avant leurs trente
ans qui les unit, sauf quelques exceptions justifiées. Il est clair alors qu’ils
partagent les mêmes contingences sociopolitiques et culturelles, cependant
la spécificité et la tonalité de la voix de chacun sont notables. Un autre
élément commun ? À part une moitié d’auteurs qui nous font respirer « à
vif » le paysage humain et urbain local, chez les autres poètes le sentiment
de spoliation nationale et continentale, auquel nous avons fait allusion, est
évident, provoqué – selon nous – par les tensions et les yoyos politicohistoriques, que ces poètes substituent par le cosmopolitisme (quelquesuns voyagent, parlent diverses langues et traduisent), entraînés par la
mondialisation de la culture. Cependant ce qui les unit véritablement
semble être le chaos. C’est certainement la lecture qu’ils en font qui peut
les distinguer. Et comme il n’y a rien de plus ordonné que le chaos, il
convient de lui donner un contexte :
Transeúntes en una zona de lecturas condicionadas y de una cultura
evasionista, en el afán de borrar esos estigmas, buena parte de estos nuevos
poetas opta por la disidencia que implica la búsqueda. Los más recios
extienden el radio de sus lecturas, reflexionan sobre el significado del arte
en medio de una sociedad castradora, intentan forjar el discurso crítico de
la neovanguardia, desarticulan el lenguaje canónico, entierran el imperio
del verso como única vía de la poesía, no desdeñan la metapoética ni la
intertextualidad, y en el plano de la difusión rentabilizan la ampliación del
mercado editorial, dinamizado por autoediciones, periódicos y concursos,
aunque este espacio interesante de oferta-demanda se vea opacado por
el efecto de las perversas relaciones entre la literatura y el poder y sus
beneficiarios.
La tutelle bureaucratique sur la production, évincée au milieu des années
soixante dix par les contestataires de La pedrada zurda, s’évapore dans les
années 80 en raison de l’abondance d’ateliers et de revues autonomes.
À partir de l’an 2000, la nouvelle fournée se lance dans internet et
créé ses sites et ses blogs, pour assurer la diffusion, freinée parfois par
l’environnement local, qui nie le caractère public de la culture. Culture qui,
soit dit en passant, alimente l’aliénation de masse par l’intermédiaire des
médias (presse, télévision), qui installent au centre du débat leurs querelles
avec le régime et mettent à la mode la mise en spectacle, avec des effets
contradictoires mais visibles dans la production littéraire : si tout le monde
est présidentiable, candidat à la députation, voyou en herbe38, donc prêt à
retourner sa veste en un clin d’œil, on choisit plutôt « je me tais, je deviens
fumée ». C’est la négation de la société du spectacle. Mais comme il est
impossible de se taire, vu que personne ne peut visser le becs des oiseaux,
le silence trouve la voix de la poésie (la majorité des poètes de cette
anthologie sont journalistes) et en conséquence les ateliers se multiplient
et la production se ramifie à Quito, Guayaquil Cuenca, Riobamba, etc.,
où l’autogestion favorise la diffusion de diverses collections, grâce à
l’apparition de nouvelles maisons d’édition privées.
Con formación universitaria en Letras o en Periodismo, gestores
culturales o profesores que participan en proyectos diversos (el teatro,
la música, las artes audioviduales, la traducción), pese a la diversidad de
intereses, estos poetas convergen en la misma ruta, dejando entrever un
imaginario disperso, con espacios creativos disímiles y sin encasillarse en
proyectos acabados. Y si en esta ruta hay quienes privilegian lo privado,
será debido al agotamiento que les produce la cantaleta del discurso
público. La despolitización, que combatieron a su modo los Tzántzicos,
Poètes-passants dans une zone de lectures conditionnées et d’une culture
aliénante, tout au désir d’effacer ces stigmates, bon nombre d’entre eux
ont choisi la dissidence qu’implique la recherche. Ceux qui résistent le
plus vont plus loin dans leurs lectures, réfléchissent à la signification de
l’art dans une société castratrice, tentent de forger le discours critique de la
néo-avant-garde, désarticulent la langue établie, enterrent la dictature du
vers comme voie unique de la poésie, ne dédaignent point la « métapoésie »
ni l’intertextualité, et, quant à la diffusion, ils rentabilisent l’élargissement
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
La Pedrada Zurda y Sicoseo, en contextos socio-políticos diferentes, parece
ganar la batalla. La apatía y el silencio apolíticos o al menos ambiguos
en un escenario tan emergente, dará lugar –quién sabe– a algunas
consideraciones, pues escribir de espaldas al carnaval del mundo tiene sus
ventajas, pero también sus desventajas.
Optar por el discurso poético en detrimento del discurso mediático,
¿no será un síntoma revelador del fracaso que implica la inflación del
lenguaje? De ser así ¿en qué medida la poesía puede revelar el descrédito
del discurso político y el divorcio con la comunidad? El lector y el tiempo
–los mejores antólogos– dirán si estos poetas logran o no el milagro de
sintonizar el imaginario masivo y si las poéticas expuestas revitalizan el
género, superando la cultura del bostezo. En lo que nos concierne, no
nos parece fortuito que ocupen un espacio en las antologías nacionales y
extranjeras, y no será una sorpresa que de esta cantera surjan los poetas
ecuatorianos del siglo XXI.
Ramiro Oviedo
Augusto Rodríguez
Séparer le blanc de la lumière
du marché éditorial, qu’ils dynamisent grâce à l’auto-édition, aux journaux
et aux concours, bien que cet espace intéressant d’offre-demande se voie
assombri par l’effet des relations perverses entre la littérature et le pouvoir
et leurs bénéficiaires.
Diplomés en Lettres ou en Journalisme, décideurs culturels ou professeurs
qui participent à différents projets (en théâtre, musique, arts audiovisuels,
traduction), malgré des intérêts divers, ces poètes prennent tous le même
chemin et laissent entrevoir un imaginaire multiple, avec des espaces
créatifs différents et sans s’enfermer dans des projets « finis ». Et si,
sur ce chemin, certains privilégient le domaine privé, ce sera le fait de
l’épuisement que produit la rengaine du discours officiel. La dépolitisation,
que les Tzantzicos, La Pedrada Zurda y Sicoseo, ont combattu à leur façon,
dans des contextes sociopolitiques différents, semble gagner la bataille.
L’apathie et le silence apolitiques ou, à tout le moins, ambigus, dans ce
théâtre de l’urgence, provoquera – qui sait – quelques commentaires :
écrire en tournant le dos au carnaval du monde a ses avantages, mais aussi
ses inconvénients.
Choisir le discours poétique au détriment du discours social médiatique ne
sera-t-il pas un symptôme révélateur de l’échec qu’implique l’inflation du
langage ? Si tel était le cas, dans quelle mesure la poésie peut-elle révéler
le discrédit du discours politique et le divorce d’avec la communauté ?
Le lecteur et le temps – ce sont eux les meilleurs anthologistes – diront
si ces poètes réussissent ou non le miracle d’accorder (au sens musical
du mot) l’imaginaire collectif et si les orientations poétiques exposées
revivifient le genre, tout en évitant la culture du bâillement. En ce qui
nous concerne, il ne nous paraît pas fortuit que ces poètes aient leur place
dans les anthologies nationales et étrangères, et nous ne serons pas surpris
que de cette pépinière émergent les poètes du XXIème siècle
Ramiro Oviedo
Augusto Rodríguez
Traduction : Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
3
Título de un poema de Carlos Vallejo Moncayo, en esta antología.
Séparer le blanc de la lumière
Notes:
Ricardo Piglia est né en 1940 à Adrogué, dans la province de Buenos Aires. Romancier, nouvelliste, essayiste,
critique littéraire et scénariste, il a également fondé et dirigé de célèbres collections de romans noirs.
2
Titre d’un recueil de poèmes de Jorge Carrera Andrade paru en 1940
4
Les notes sont de Rémy Durand; celles des auteurs sont précisées (NdA)
5
Eduardo Galeano, né le 3 septembre 1940 à Montevideo, est un écrivain et journaliste uruguayen, célèbre
pour avoir écrit Les veines ouvertes de l’Amérique latine (1971) .
6
Jorge Enrique Adoum (1926-2009) est l’un des grands écrivains de la littérature équatorienne. Secrétaire
privé de Pablo Neruda dans sa jeunesse, il représente l’Équateur à l’UNESCO, et dirige la version espagnole
du Courrier de l’Unesco jusqu’en 1987. Il est l’auteur de nombreux essais et recueils de poèmes. Il devint très
populaire à la parution de la chanson Vasija de barro qu’il composa avec les poètes Jorge Carrera Andrade et
Hugo Alemán. Il fut le traducteur de nombreux poètes, dont Jacques Prévert et l’Irlandais Seamus Heaney.
Décédé en 2009, les cendres de Jorge Enrique Adoum ont été dispersées, à côté de celles d’Oswaldo
Guayasamín, sous “l’Arbre de vie”, dans les jardins de la maison du grand peintre qui jouxte la “Capilla del
Hombre” (La “Chapelle de l’homme”).
7
René L.F. Durand (1910-2010). Il fut un éminent Professeur et hispaniste et certainement le plus talentueux
des traducteurs de sa génération. Professeur des Universités, fondateur du Centre d’études afro-ibéroaméricaines à l’Université de Dakar. Spécialiste d’Andrés Bello, de Jorge Carrera Andrade, de Rubén Darío,
de Senghor, de Juan Ramón Jimenez etc. Chroniqueur sa vie durant pour le Bulletin critique du livre Français.
Traducteur de l’œuvre complet d’Alejo Carpentier, entre autres.
8
Claude Couffon (1926- ). Professeur de littérature espagnole et latino américaine à la Sorbonne (Paris IV).
Promoteur et traducteur prolifique de nombreux écrivains latinoaméricains. Spécialiste de García Lorca et de
Miguel Hernandez, auteur de nombreuses anthologies et découvreur d’Alfredo Gangotena.
9
L’Amérique latine et la Nouvelle Revue Française 1929-2000. Les Cahiers de la NRF, éditions
Gallimard 2001. En ce qui concerne la poésie équatorienne avait pourtant paru en 1979 l’ouvrage de
référence d’Hernán Rodríguez Castelo, Lírica ecuatoriana contemporánea, deux vol., Círculo de lectores.
10
Saluons aussi le travail remarquable de la poète Margarita Guarderas, fine connaisseur de la poésie
Française contemporaine pour donner à connaître Alfredo Gangotena. Lire sa très belle traduction en
Français de Tempestad secreta (Éditions Libri Mundi, en collaboration avec le Sevice culturel de l’Ambassade
de France en Équateur 1992).
11
Ouvrage de référence : René L.F. Durand, Jorge Carrera Andrade, Pierre Seghers éditeur, collection Poètes
d’aujourd’hui, 1966. Voir aussi les ouvrages remarquables de l’Universitaire Enrique Ojeda.
On a essentiellement retenu de Jorge Carrera Andrade le poète, jusqu’à en faire une poète “officiel”. On
a oublié qu’il a été aussi un essayiste de talent (histoire, littérature), et un grand traducteur de nombreux
poètes de langue Française.
12
Alfredo Gangotena (1910-1940). Alfredo Gangotena est l’une des voix majeures de la poésie équatorienne ;
dès ses premières publications en Français à la NRF il a été reconnu par ses pairs comme l’un des grands
poètes de son temps. Hélas, il a été de son vivant et longtemps après sa mort victime de l’ostracisme de
l’intelligentia de son pays, mais aussi il a été ignoré de la plupart des chercheurs et universitaires Français.
Ce n’est que longtemps après sa mort qu’Alfredo Gangotena a été considéré comme un grand poète, et
un grand poète équatorien. Sa Poesía completa, a été éditée en Équateur par la Maison de la Culture, centre
du Guayas, en 1978. Les « poèmes Français » ont été traduits par Gonzalo Escudero et Filoteo Samaniego.
Claude Couffon – en découvreur solitaire – a beaucoup fait pour faire connaître Gangotena, en France… et
à Quito, et a publié chez Orphée La Différence ses Poèmes français (1991) et ses Poèmes français II, Orogénie
et autres textes (1992). Je suggère qu’une plaque commémorative soit apposée à Paris en l’honneur d’Alfredo
Gangotena, dans le square parisien où il vécut de nombreuses années.
Ouvrage de référence : Adriana Castillo de Berchenko, Alfredo Gangotena, poète équatorien (1904-1944) ou
l’écriture partagée, Presses universitaires de Perpignan 1992. Lire aussi l’intervention de Rémy Durand et Juan
Salazar Sancisi sur Gangotena sur http://www.remydurand.com/pdf/algang.pdf
13
Sur l’Association Gangotena, lire sur le site de Rémy Durand http://www.remydurand.com/association_
gangotena.htm
14
Leonardo Favio (né en 1938), réalisateur, scénariste, acteur, auteur-compositeur interprète argentin. Il a été
l’un des précurseurs de la balade romantique latino-américaine dans les années 60-70, et connaît un très
grand succès dans toute l’Amérique latine.
15
Daniel Santos (1916-1992), chanteur portoricain, est l’un des plus grands interprètes de bolero et de
salsa. La Sonora Matancera fondée par Valentin Cane, dont a fait partie Daniel Santos, est un groupe de
“son” cubain de grande renommée. 16
Horacio Guaraní, chanteur argentin, né en 1925 a composé des chansons, devenues aujourd’hui des
classiques : Guitarra de medianoche, Milonga para mi perro, La guerrillera, No sé por qué piensas tú, Regalito, et
surtout Si se calla el cantor, interprétée et reprise par les plus grandes voix d’Amérique Latine, dont Mercedes
Sosa.
17
“Référence aux frères Carlos et Enrique Mejía Godoy qui font partie de ce groupe musical contestataire
nicaraguayen et qui soutient la lutte révolutionnaire du Front sandiniste de libération nationale, et qui ont
eu une renommée internationale. Certaines de leurs chansons devinrent célèbres : El Cristo de Palacagüina,
Son tus perjúmenes, mujer » (NdA)
18
Connu comme “le chanteur du peuple”, Alí Primera (1942-1985) est l’un des auteurs-compositeursinterprètes les plus reconnus de son pays, le Venezuela, et en Amérique latine. “Je ne chante pas parce que la
misère existe, mais parce que la possibilité de l’éradiquer existe aussi”.
19
Roque Dalton (1935-1975), poète salvadorien. Œuvre essentielle, une vie comme un roman qui s’est
1
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
achevée tragiquement
« Assassinat de Che Guevara par la CIA et l’Armée bolivienne, le 8 octobre 1967 » (NdesA)
21
Le “Tzantzismo” est un mouvement culturel équatorien (1962-1969), résolument provocateur, considéré
comme le fer de lance culturel du pays, représenté par les poètes et écrivains majeurs de cette époque, les “
tzantzicos”. Le mot vient du shuar “tzantzico”: “celui qui fait des “tzantzas”, le réducteur de têtes. Le groupe
s’opposait à la détérioration morale, intellectuelle, et politico-bourgeoise du pays, adoptait une attitude
révolucionaire en art comme en politique par de nombreuses publications dans des revues et l’organisation
de récitals, et proposait une définition nouvelle des relations entre la société et les intellectuels.
22
La Pedrada zurda,, fondée en 1978, a été, au milieu des vicissitudes que vivait le pays, une revue littéraire, un
mouvement, une révolte, l’expression artistique d’écrivains qui luttaient contre l’ordre intellectuel établi. Les
premières publications de La Pedrada – une feuille volante – sous la responsabilité des jeunes poètes Ricardo
Torres Gavela, Hector Cisneros et Ramiro Oviedo furent un appel à ouvrir le ciel, à bombarder la lâcheté et à
parler fort.
23
“Gustavo Garzon ( l958-l990). Conteur, essayiste et critique littéraire. Il a fait partie de l’Atelier de littérature
de la Maison de la culture équatorienne sous la coordination du romancier Miguel Donoso Pareja, auteur
de contes et d’essais. Fondateur du collectif “La Mosca Zumba”, dont la revue a publié divers de ses textes.
Il disparut après sa libération, blanchi pour possession présumée illégale d’armes et militantisme dans un
groupe politique clandestin”. (NdA)
24
Le palais présidentiel de Quito s’appelle officiellement “Palais de Carondelet” (Palacio de Carondelet).
François Luis Héctor, Baron de Carondelet (1747-1807) fut administrateur au service de l’Empire colonial
espagnol. En 1797 Carondelet est affecté à la vice-royauté de la Nouvelle Grenade comme Président de
l’Audience royale de Quito.
25
Leon Febres Cordero (1931-2008) fut un leader politique influent et controversé. Chef du Parti socialchrétien, Président de l’Équateur entre 1984 et 1988. “L’autoritarisme de sa gestion, secondée par l’Armée
et la Police, finit par démanteler le groupe subversif “Alfaro Vive” et par faire disparaitre la quasi totalité de
leurs membres” (NdA).
26
Lucio Gutiérrez. Militaire et homme politique, il devint Président de la République d’Équateur le 15 janvier
2003. Il réforma le Cour suprême de Justice où il plaça ses hommes. Accusé entre autres d’atteintes aux droits
de l’homme et d’abus de pouvoir, le Parlement le destitue le 20 avril 2005. Les auteurs du Prologue de cette
anthologie parlent à son propos de “sapos”, “crapules” (lit. “crapauds”) : les Gutiérrez étaient deux, Lucio G. et
son frère qui représenta le “Parti société patriotique 21 janvier” au premier tour de l’élection présidentielle
du 15 octobre 2006
27
Abdalá Bucaram fut Président de l’Équateur de 1996 à 1997. En février 1997 il est destitué par le
Congrès pour “incapacité mentale à exercer le pouvoir” (sic) 28
« Alberto Dahik, économiste conservateur controversé, ancien Ministre des Finances et Vice-Président de la
République dans le Gouvernement de Sixto Durán Ballén ( 1992-1996). Accusé de corruption. Pour échapper
au jugement de la Cour suprême de justice il se réfugie au Costa-Rica où il vit actuellement. Rafael Correa a
demandé son amnistie” (NdesA)
29
Jamil Mahuad, avocat et politicien fut Vice-ministre du Travail (1990-1992) et Maire de Quito (1992-1998).
Élu Président de l’Équateur pour la période 1998 – 2002) il fut renversé en Janvier 2000.
30
Le “Sucre” a été la monnaie officielle de l’Équateur de 1884 à 2000. Le 1er mars 2000, le Congrès approuva la
“dollarisation” de l’économie. La monnaie officielle de l’Équateur est donc, depuis septembre 2000, le dollar
américain. Le “Sucre” doit son nom à Antonio José de Sucre, héros indépendantiste, proche de Bolivar qui le
chargea de libérer Quito, ce qu’il fit après la victorieuse Bataille de Pichincha le 24 mai 1822.
31
Paquisha : référence au conflit frontalier entre le Pérou et l’Equateur, qui débuta en 1941. La dernière guerre
a lieu en 1995 et les deux pays aboutissent à un statu quo. Un accord de paix est signé le 26 octobre 1998
à Brasilia.
32
Pueblo nuevo, ensemble de musique équatorienne, qui a rendu populaire la chanson Mi lindo Ecuador,
Mon bel Équateur. L’écouter : http://www.youtube.com/watch?v=5xwxFkxztBg&feature=related
33
“Nom donné à la sélection nationale de football de l’Équateur. Il convient de signaler que le sport –
notamment le football et la marche – est la tranchée de l’auto-estime des Équatoriens, et cela grâce à des
exploits inattendus au niveau international.” (NdesA)
34
Juan Gelman, poète argentin né en 1930), est l’une des plus grandes voix actuelles de la poésie latinoaméricaine.
35
Rubén Darío (1867-1916), poète nicaraguayen à l’origine du mouvement moderniste en Amérique Latine.
Ouvrage de référence : René L.F. Durand, Ruben Darío, Pierre Seghers éditeur, collection Poètes d’aujourd’hui,
1966.
36
Titre d’un poème de Carlos Vallejo Moncayo dans cette anthologie
37
Patiño : lancées en 1986, les Éditions Patiño (Genève) mettent en lumière des aspects méconnus de la
diversité et de la richesse culturelles de l’Amérique latine. Centrées principalement sur la poésie, leur
programme comprend une série d’anthologies (bilingues pour la lyrique d’expression espagnole et trilingues
pour celle du monde amérindien).
38
“Forajido” : “voyou”, nom donné par Lucio Gutiérrez aux opposants qui finirent par le renverser le 20 avril
2005. “Forajidizable”: voyou en herbe. Voir note 25
20
30
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Luis Carlos Mussó (Guayaquil, 1970).
Ha publicado los poemarios El libro del sosiego, 1997, Y el sol no es nombrado,
2000, Propagación de la noche, 2000, Tiniebla de esplendor, 2006, Minimal histeria,
2008, Evohé, 2008, Geometría moral, Arequipa 2010 y Cuadernos de Indiana,
2010. La Casa de la Cultura Ecuatoriana editó su antología personal Las
formas del círculo, 2007. Autor, con el poeta peruano Luis Fernando Chueca,
de Esquirla doble, 2008, y responsable, con Juan José Rodríguez, de Tempestad
secreta, muestra de poesía ecuatoriana contemporánea, 2010. Obtuvo varios
premios, entre ellos el Premio Nacional de Poesía Jorge Carrera Andrade 2006,
el Premio Nacional de Literatura M. I. Municipalidad de Guayaquil 2008, y el
Premio Nacional de Literatura Ángel F. Rojas 2010. Fue finalista en el Premio
Adonáis (Madrid, 2000). Obtuvo una beca de creación de Fundación Valparaíso
(Almería, España). Escribe crónicas y crítica de libros para la prensa. Se dedica
a la cátedra universitaria.
Séparer le blanc de la lumière
Luis Carlos Mussó (Guayaquil, 1970).
Il a publié les recueils El libro del sosiego, 1997, Y el sol no es nombrado, 2000,
Propagación de la noche, 2000, Tiniebla de esplendor, 2006, Minimal histeria, 2008,
Evohé, 2008, Geometría moral, Arequipa, 2010 et Cuadernos de Indiana, 2010.
La Maison de la culture équatorienne a édité son anthologie personnelle, Las
formas del círculo, 2007. Auteur, avec le poète Péruvien Luis Fernando Chueca,
de Esquirla doble, 2008, et responsable, avec Juan José Rodríguez, de Tempestad
secreta, florilège de poésie équatorienne contemporaine, 2010. Il a obtenu de
nombreux Prix, parmi lesquels le Prix national de poésie Jorge Carrera Andrade
2006, le Prix national de littérature 2008 de la municipalité de Guayaquil, le
Prix national de Littérature Ángel F. Rojas 2010. Finaliste du Prix Adonáis
(Madrid, 2000). Il a obtenu une bourse de création de la Fondation Valparaiso
(Almeria, Espagne). Il écrit des chroniques et des critiques littéraires pour la
presse. Il dispense aussi des cours à l’Université.
Ceremonias de amor y muerte
Cérémonies d’amour et de mort
α
α
Soy lo que sucede entre tus piernas. No son los héroes quienes incendian
las ciudades que acudirán al azar y se repartirán el botín que reserva la
suerte a los que vencen. El que escribe la hazaña/ el que añade tinieblas
a la imagen posible del canto gozará de tu cuerpo sobre esta sepultura.
Y al escribir la gesta, resuenan las trompetas y llueven polvos amarillos.
Nuestros miembros adquieren los colores del miedo.
Je suis ce qui se trame entre tes jambes. Ce ne sont pas les héros qui
incendient les villes qui surgiront au hasard et se partageront le butin
que la chance réserve aux vainqueurs. Celui qui écrit l’exploit / celui qui
ajoute des ténèbres à l’image possible du chant jouira de ton corps sur
cette sépulture. Et pendant qu’ il écrit l’épopée, les trompettes sonnent et il
pleut des poussières jaunes. Nos membres épousent les couleurs de la peur.
γ
γ
En mi sexo, un cernícalo herido que en medio de su vuelo deja escapar un
llanto descarado para la fácil nostalgia. En mi cielo, un pantano de aguas
temerosas y entre sus ondas, siete astros que aligeran la maleza. Veo siete
veces el cadáver de la bestia aun cuando sostengo en mi mano tu quijada.
Siete desfiladeros testigos de la mutilación del nombre. Y en mi cráneo,
una fiesta de insectos. La crepitación de los lugares donde se alojan tus
íconos. Y tus imágenes. Y tu voz.
Sur mon sexe, un faucon blessé qui, pendant son vol, laisse échapper un
sanglot insolent pour une nostalgie désinvolte. Dans mon ciel, un marais
aux eaux craintives et dans ses courants, sept astres qui adoucissent les
broussailles. Je vois sept fois le cadavre de la bête, même quand je soutiens
ta mâchoire dans ma main. Sept passages étroits sont témoins de la
mutilation du nom. Et dans mon crâne, une fête d’insectes. Le crépitement
des lieux où logent tes icônes. Et tes images. Et ta voix.
Ω
ω
Veo un gamo a través de mis persianas. Un gamo que retoza entre tus
brazos y que me hace estar seguro de que lloverá antes de Hoy. Y una
diminuta muerte, con su canto biselado, levanta vueltas. Acecha con una
reyerta diseminada.
Je vois un daim à travers mes persiennes. Un daim qui s’excite dans tes
bras et qui me convainc qu’il ne va pas pleuvoir avant Aujourd’hui. Et une
petite mort, avec son chant biseauté, fait des tours. Elle guette dans une
rixe diffuse.
En los arenales de la memoria, el gamo desea la frescura del helecho. Su
marcha sepia desciende como cadena de negruras. Y el follaje es escaso. Y
baja es la Edad del Germen Verde que brota de la tierra.
Dans les sables de la mémoire, le daim désire la fraîcheur de la fougère.
Sa marche sépia descend en une chaîne de noirceurs. Et le feuillage est
pauvre. Et faible l’âge du Germe Vert qui jaillit de la terre.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Lejano el propósito de la pastura. Y en el sueño, se ha investido una
asamblea de cigarras. Parece que sólo se ha aplazado el instante para
hundir el rostro en el Placer. Pero el mundo danza. Y hay un gamo que
está lejos de él.
Lointaine la cible du pâturage. Et dans le rêve, une assemblée de cigales a
tout investi. On dirait qu’on a seulement retardé l’instant où on enfouira
le visage dans le Plaisir. Mais le monde danse. Et il y a un daim qui est
loin de lui.
Poética con cajas chinas
Poétique avec boîtes qui s’emboîtent
Creó Mary Shelley con palabras a un científico –un monstruo– que a
su vez creó por galvanización a otro monstruo con órganos de varios
cadáveres, que desapareció en el hielo tras intentar destruir a su creador
por negarle compañía: Recogeré todo cuanto pueda arder para construir
una pira en la que pueda consumirse mi cuerpo. O a lo mejor tú, hipócrita
lector, y monstruo también, ya sepas esto y Mary Shelley sea engendro
tuyo que desea destruirte y desaparecer en el frío de tu pecho. O quizá
yo –el más inicuo de los monstruos– te haya inventado, LECTOR DE
CABRIOLAS EN LA MIRADA, para curar mi vanidad herida de poeta
/ para procurarme compañía / para morir con la idea de que no he muerto.
Y que el libertinaje en tu cabello sea como el del papel donde fuiste escrito,
y que en este instante se arruga por el fuego.
Mary Shelley a créé avec des mots un Scientifique – un monstre – qui
à son tour a créé par galvanisation un autre monstre avec les organes de
divers cadavres, qui disparut dans la glace après avoir tenté de détruire
son créateur parce qu’il lui refusait sa compagnie: Je ramasserai tout ce qui
peut brûler pour construire un bûcher sur lequel mon corps puisse se consumer.
À moins que toi, hypocrite lecteur et monstre de même, tu ne saches déjà
cela, et que tu aies engendré Mary Shelley pour, selon ses vœux, te détruire
et disparaître dans la froideur de ta poitrine. Ou bien il se pourrait que
moi – le plus injuste des monstres – je t’aie inventé, LECTEUR DE
CABRIOLES DANS LE REGARD, pour guérir ma vanité blessée de
poète / pour avoir de la compagnie / pour mourir avec le sentiment que je
ne suis pas mort. Et que le libertinage dans ta chevelure soit comme celui
du papier où tu as été écrit, et qu’en cet instant il soit froissé par le feu.
(Teoría del Monstruo-poema)
De dónde son los cantantes
(Théorie du poème-Monstre)
(Severo Sarduy/ 1937 - 1993)
D’où viennent les chanteurs
En tus gestos, y como escrito sobre un cuerpo, hay un big-bang que estalla
en miles de colibríes. Y en tus ojos, las luces del cocuyo reverberan hasta
convertirse en variaciones del tema de un poeta antiguo, o sobre un son
de aquellos que ya no cantamos más. Es como si recordáramos la letra de
una vieja canción. Que de dónde son los cantantes/ que hay un nombre
seguido de dos fechas encerradas en un paréntesis/ que sobre las baldosas
escaqueladas de la cocina bailamos un minué y fumamos un cigarro recién
enrollado después del amor.
Ya no veo las torres del Ingenio. Las voces de antiguas huestes
persisten en pisar nuestros talones. Esas huestes que siguen ansiosas en
convertirse en un remolino de jengibre; no en una espiral de colillas de
cigarro y latas de cerveza amarga.
Es como si recordáramos la letra de una vieja canción. Que
lágrimas negras/ que hay cifras más frías que un verso cojo/ que sobre las
baldosas escaqueladas de la cocina jugamos una partida interminable de
ajedrez.
Me acompañas al basural, e imitas con la figura a un desnudo de
Modigliani. En tus gestos, y como escritas sobre un cuerpo, no están las
torres del Ingenio. En su lugar, se halla Eiffel frente al espejo mientras
Dans tes gestes, et comme si c’était écrit sur un corps, un big-bang explose
en mille oiseaux-mouches. Et dans tes yeux, les lumières du pyrophore
éclairent jusqu’à se transformer en variations sur le thème d’un poète
ancien, ou en une musique, de celles que nous ne chantons plus. C’est
comme si nous nous souvenions des paroles d’une vieille chanson. Qui
dit d’où viennent les chanteurs / qu’il y a un nom suivi de deux dates
enfermées dans une parenthèse / que sur les dalles échiquetées de la
cuisine nous avons dansé un menuet et fumé un cigarette roulée à la main
après l’amour.
Je ne vois plus les tours du Génie. Les voix d’anciennes troupes
persistent à nous écraser les talons. Ces troupes qui aspirent avec anxiété
à se convertir en un tourbillon de gingembre; et non pas en une spirale de
mégots et de boîtes de bière amère.
C’est comme si nous nous souvenions des paroles d’une vieille
chanson. Qui dit des larmes noires / qu’il y a des nombres plus froids
qu’un vers boiteux / que sur les dalles échiquetées de la cuisine nous avons
joué une interminable partie d’échecs.
Tu m’accompagnes à la décharge, et tu imites avec ton visage un
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(Severo Sarduy/ 1937 - 1993)
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
erige una silueta de hierro que se recorta contra el cielo de azafrán. Y
cantando De dónde son los cantantes, entre cocuyos cristalizados que se
internan en el bosque ciego de tus ojos.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
nu de Modigliani. Dans tes gestes, et comme écrites sur un corps, on ne
trouve pas les tours du Génie. A leur place Eiffel se tient devant le miroir
tandis qu’il érige une silhouette de fer qui se découpe sur le ciel couleur
safran. Et il chante D’où viennent les chanteurs, entre pyrophores cristallisés
qui s’enfoncent dans le bois aveugle de tes yeux.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Pedro Gil (Manta, 1971). Ha publicado los poemarios Paren la guerra que
yo no juego, 1989; Delirium tremens, 1993; Con unas arrugas en la sangre, 1997;
He llevado una vida feliz — antología poética que incluye Los poetas duros no
lloran , 2001 — y Sano juicio, 2003. Su obra poética consta en varias antologías
ecuatorianas y latinoamericanas. Coordina el taller literario de la Universidad
Laica Eloy Alfaro de Manabí.
Madre
Pedro Gil (Manta, 1971). Il a publié les recueils Paren la guerra que yo no juego,
1989; Delirium tremens, 1993; Con unas arrugas en la sangre, 1997; He llevado una
vida feliz, anthologie qui inclut Los poetas duros no lloran, 2001; et Sano juicio,
2003. Diverses anthologies équatoriennes et latino-américaines ont publié ses
poèmes. Il est le coordonnateur de l’atelier de littérature de l’Université Laïque
Eloy Alfaro de Manabi.
Mère
Madre: ¿crees que les gustará mi canción?,
¿crees que tratarán de romperme las pelotas?
Pink Floyd
Mère: crois-tu que ma chanson va leur plaire?
crois-tu qu’ils vont essayer de me casser les couilles?
Pink Floyd
Madre:
guárdame en la refrigeradora
el cariño y la leche.
Mère:
garde-moi dans le frigidaire
la tendresse et le lait.
Madre: no me mandes nada,
suficiente tengo
con mis rayos de sol
y de risas.
Mère: ne m’envoie rien,
mes rayons de soleil
et de rires
me suffisent
Madre:
deja de engreír a Dios
con tus rezos.
Mère:
cesse de remplir Dieu d’orgueil
avec tes prières.
Madre:
No temas si eres miserable.
Somos los llamados a entrar
al reino de los mártires.
y los mártires son personas respetables.
Mère:
N’aie pas peur si tu es misérable.
Nous sommes les appelés qui entrerons
au royaume des martyrs
et les martyrs sont des gens respectables.
Madre:
Vi una señora puro hueso
y pura pena
retirando a un pequeño de la guardería
y creí que éramos tú y yo.
Mère:
J’ai vu une dame avec la peau sur les os
et profondément triste
qui venait chercher un petit enfant à la crèche
et j’ai cru que c’était toi et moi.
(¿ Me hiciste con ganas, madre ?)
(Est-ce que tu as eu envie de m’avoir, mère ?)
Madre:
vine a cantar
y estoy perdido en la ciudad
entre los artistas del descontento.
Mère:
je suis venu chanter
et je suis perdu dans la ville
au milieu d’artistes insatisfaits.
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Nada más.
Besitos de tu hijo amado.
Cuando sea famoso, hablaré de ti,
hablaré.
Rien d’autre.
Bisous de ton fils aimé.
Quand je serai célèbre, je parlerai de toi,
je parlerai.
Trauma
Traumatisme
Volaba.
Detestaba al frío
porque abusaba de los desnudos
Je volais.
Je détestais le froid
parce que j’étais un voyeur abusif des nus
et on ne me punissait pas.
Disfrutaba en las pensiones
cuando las parejas practicaban
Sabía acerca de la cirugía plástica
y no era castigado.
las poses del amor.
Je m’amusais dans les pensions
quand les couples pratiquaient
les gestes de l’amour.
Dormía cuando los otros trabajaban.
Escupían en rascacielos y alcantarillas.
Reía cuando las deudas
y penitencias me molestaban.
J’étais au courant de la chirurgie esthétique
de Dieu.
Je dormais quand les autres travaillaient.
Ils crachaient sur les gratte-ciel et dans les égouts.
Je riais quand les dettes
et les pénitences m’ennuyaient.
Hasta que me desterraron.
Jusqu’au jour où ils m’ont exilé.
Ahora no puedo volar,
perdí mis alas en una licorería.
Maintenant je ne peux pas voler,
j’ai perdu mes ailes chez un marchand de vins.
Entre Marx y un cigarrillo de marihuana
Entre Marx et une cigarette de marijuana
Los hombres
están cambiándose de lengua
de peinado de sexo,
con la ayuda de unos versos,
la ciudad se vuelve anciana
y a los muertos les crece el pelo.
Les hommes
sont en train de changer de langue
et la coiffure de leur sexe,
à l’aide de quelques vers,
la cité se fait vieille
et les morts ont les cheveux qui poussent
No fue la marihuana,
Fueron una cruz y unos clavos
que me suspendieron. En el aire.
Ce ne fut pas la marijuana,
ce furent une croix et des clous
qui m’ont suspendu. En l’air.
Por la noche las empleaditas
se tocan sus senos verdes
Le soir les petites employées
se touchent les seins verts
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de Dios.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
la cocinera aspira llegar limpia
al matrimonio. El tartamudo
ya duda de la virginidad de su abuelita.
la cuisinière souhaite arriver propre
au mariage. Le bègue
doute déjà de la virginité de sa chère grand-mère.
Mi tierra está frente al mar
de nada sirve eso
la ciencia acosa a un ángel jipi
una metralla le dispara a un guerrillero
para disimular la virgen maría se maquilla
¿ qué tanto me miras barbudo feo ?
Mi tierra está frente al mar
y ni un pez juega conmigo mientras tanto
los chanchos se volvieron reaccionarios
niegan
que la tortuga sea más veloz que la bala.
Ma terre est face à la mer
cela ne sert à rien
la science harcèle un ange hippie
une mitraillette tire sur un guérillero
pour se cacher la vierge marie se maquille
qu’est-ce que tu as à me regarder sale barbu?
Ma terre est face à la mer
et aucun poisson ne joue avec moi pendant ce temps
les cochons sont devenus réactionnaires
ils nient
que la tortue soit plus rapide que la balle.
Solitario en Guayaquil
Solitaire à Guayaquil
Solitario. Sin voluntad
para llorar en brazos del amigo.
Mejor es llorar sobre los postes o los hombros míos.
En la penumbra
se puede hacer esto y mucho más,
como encender el corazón
para escuchar las noticias interiores
o imaginar el primer orgasmo
de mi hija
o vomitar los bostezos del trabajo.
Solitario. La desolación
me tiene flaco.
Es una intrusa postrada en la cama
y en el cansancio,
es una bailarina agitando la mano.
Solitario. Apestoso a sombras
y las malas noches.
Si drogarme me hubiera dado olvido
y no penurias
a esta hora no estuviera con Dios y la Muerte.
Si no hubiera subido el precio
de las borracheras
a esta hora no estuviera junto a los chulos
esperando al peligro
y las estrellas.
Idéntico a un político sin pueblo,
Solitaire. Sans volonté
pour pleurer dans les bras de l’ami.
Il vaut mieux pleurer sur les poteaux ou sur mes épaules.
Dans la pénombre
on peut faire ça et bien plus,
comme enflammer le cœur
pour écouter les nouvelles intérieures
ou imaginer le premier orgasme
de ma fille
ou vomir les bâillements du travail.
Solitaire. La désolation
me fait maigrir.
C’est une intruse prostrée dans le lit
et fatiguée,
c’est une danseuse qui agite la main.
Solitaire. Je pue les ombres
et les nuits blanches.
Si la drogue m’avait donné l’oubli
et non pas des manques
à cette heure-ci je ne serais pas avec Dieu et avec la Mort.
Si le prix des ivresses
n’avait pas monté
à cette heure-ci je ne serais pas à côté des crâneurs
à attendre le danger
et les étoiles.
Pareil à un politicien sans peuple,
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Apartar lo blanco de la luz /
a un cantante sin público,
idéntico a un santo sin caridad,
a un cabaret sin bebedores,
a un charlatán sin saliva,
a un idiota sin sonrisa,
a un ladrón sin robo,
solitario.
Entiendan señores,
esta soledad lo vuelve a uno suspicaz,
entenado de la cólera,
un hijo de perra.
Si yo también viajo en bus
a la perdición,
si subo en ascensor al cielo,
al asombro,
si igual me cansan las responsabilidades,
¿para qué hacerme el gil,
si todos tenemos mal aliento?
Solitario en Guayaquil.
Para que Dios ni la Muerte
me delaten,
lloro sobre mis hombros.
à un chanteur sans public,
pareil à un saint sans charité,
à un cabaret sans buveurs,
à un charlatan sans salive,
à un idiot sans sourire,
à un voleur sans vol,
solitaire.
Comprenez messieurs,
cette solitude vous rend méfiant
en proie à la colère,
un fils de chienne.
Si moi aussi je voyage en bus
vers la perdition,
si je monte au ciel en ascenseur,
vers l’étonnement,
si de même les responsabilités me fatiguent
pourquoi ferais-je l’innocent
si nous avons tous mauvaise haleine ?
Solitaire à Guayaquil.
Pour que ni Dieu ni la Mort
ne me trahissent,
je pleure sur mes épaules.
Damián, hijo de Pedro Gil
Damian, fils de Pedro Gil
antes que la Reina del Camino
viaje con tu ropita
a la ciudad de la juventud,
escucha esto:
si alguien
cualquiera
quien sea
sólo por ofenderte
te dice
que fui un presidiario
de los trastornos,
que fui lo uno,
que fui lo otro,
sólo
recuérdales
que tu padre
es un gran poeta,
que no existen
poetas desalmados
Avant que la “Reina del Camino”39
ne voyage avec ton petit linge
vers la ville de la jeunesse,
écoute ceci:
si quelqu’un
n’importe qui
quiconque
juste pour t’offenser
te dit
que je fus un prisonnier
des troubles,
que je fus ceci
que je fus cela,
rappelle-leur
seulement
que ton père
est un grand poète,
que les poètes sans-cœur
n’existent pas
44
Séparer le blanc de la lumière
39 «Reina del Camino » est le nom d’une compagnie d’autocars du réseau inter-provincial en Équateur
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
ni siquiera en la peor
de las condiciones,
ni siquiera en la peor
de las metáforas.
simplemente
hay ocasiones
en que almas inocentes
demasiado inocentes
se trastornan
por sus errores,
se trastornan
por los horrores.
soy libre como tú.
con lágrimas facturé mi libertad.
sé bueno con los buenos,
lucha solo o con ellos,
sé mucho más bueno con los malos,
pero aléjate, hijito, aléjate.
pas même dans les pires
conditions,
pas même dans la pire
des métaphores.
Simplement
il y a des occasions
où des âmes innocentes
trop innocentes
sont troublées
par leurs erreurs,
sont troublées
par les horreurs.
Comme toi je suis libre.
J’ai payé de larmes ma liberté.
Sois bon avec les bons,
lutte seul ou avec eux,
sois bien meilleur avec les méchants,
mais éloigne-toi, fiston, éloigne-toi.
buen viaje.
bon voyage.
Séparer le blanc de la lumière
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Juan Secaira Velástegui (Quito, 1971).
Licenciado en Comunicación y Literatura por la Universidad Católica del
Ecuador. Ha publicado Obsesiones urbanas, ensayo crítico sobre la obra narrativa
de Humberto Salvador, editorial “El tábano”, 2007, y el poemario Construcción
del vacío, editorial Sarasvati, Nueva York 2009. Mención especial del premio de
poesía Ángel Miguel Pozanco 2008, España. En el 2008 se adjudicó un accésit
en el concurso de poesía organizado por la revista española Katharsis, por su
poemario Naturalmente preso. Su poema Ruinas (o Alimento) obtuvo una mención
en el concurso internacional Heptagrama de poesía 2010. Parte de su obra se
encuentra en la antología de poetas de Ecuador y Argentina Ruptura y desafíos
de la nueva poesía argentina y ecuatoriana, Embajada de la República Argentina,
Flacso-Ecuador, junio del 2010.
Juan Secaira Velástegui (Quito, 1971).
Licencié en Communication et Littérature de l’Université Catholique de
l’Équateur. Il a publié Obsesiones urbanas, essai critique sur l’œuvre narrative
d’Humberto Salvador, aux éditions « El tábano », 2007 et le recueil Construcción
del vacío, éditions Sarasvati, New-York 2009. Il a obtenu une mention spéciale
au Prix de poésie “Ángel Miguel Pozanco” 2008 (Espagne) . La même année son
recueil Naturalmente preso a obtenu un accessit au concours de poésie organisé
par la revue espagnole Katharsis. Son poème Ruinas (ou Alimento) a obtenu
une mention au concours international Heptagrama de poésie 2010. Un partie
de son oeuvre se trouve dans l’anthologie des poètes d’Équateur et d’Argentine,
Ruptura y desafíos de la nueva poesía argentina y ecuatoriana, Ambassade
d’Argentine Flacso-Équateur, juin 2010.
Un Stornaiolo*
Un Stornaiolo*
Veamos un Stornaiolo – desde la cornisa –
donde dos cuerpos desnudos se increpan pasión
con los dientes como ofrendas
con los senos en punta
con las miradas ciegas
ciegas de lo común
escarbando en la lascivia.
Regardons un Stornaiolo – de la corniche –
où deux corps nus s’injurient avec passion
les dents en guise d’offrandes
les seins en pointe
les regards aveugles
banalement aveugles
fouillant la lascivité.
Pongamos un Stornaiolo en el cual una mujer
atenaza al hombre con toda su energía
el talón de su pie izquierdo se dobla
hasta casi romperse
como el instante, como la puta vida
como una pasión de cabellos sueltos
de posesión y maldad
en un tenaz baile de sentidos.
Mettons un Stornaiolo où une femme
enserre l’homme de toute son énergie
le talon de son pied gauche se plie
au point de se rompre
comme l’instant, comme cette putain de vie
comme une passion de cheveux dénoués
de possession et de méchanceté
dans une tenace danse des sens.
Vino para los ojos
bocas rojas
fulminantes
y un fondo verde
en la retina.
Couleur bordeaux pour les yeux
des bouches rouges
fulminantes
et un fond vert
sur la rétine.
Digamos un Stornaiolo
gritémoslo con los ojos desorbitados
y una carcajada que golpee el vientre
de la irreal y sacrosanta “normalidad”,
mientras un prodigioso trazo demiurgo
subyuga
la penumbra.
Disons un Stornaiolo
crions-le les yeux exorbités
et dans un éclat de rire qui cogne le ventre
de l’irréelle et sacrosainte “normalité”,
tandis qu’un prodigieux trait démiurge
subjugue
la pénombre.
48
Ante el cuadro El Tango, de
Luigi Stornaiolo.
Séparer le blanc de la lumière
* devant le tableau « El Tango », de Luigi Stornaiolo
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Cabaret G.
Cabaret G.
El placer como un insecto rojo
corretea travieso
escotes, respuestas, cocaína
doblegarse al juego, hacer concesiones ante la luz latiendo
vencerse como un gusano
convertirse, caer
Le plaisir comme un insecte rouge
court de tous côtés, polisson
décolletés, réponses, cocaïne
se plier au jeu, faire des concessions à la lumière qui bat
se vaincre comme un ver de terre
se transformer, tomber
rozar al insecto un momento
piel
rictus del espanto.
frôler l’insecte un moment
peau
rictus de l’épouvante.
Deformación
Déformation
La deformación cubre su inocencia, la demuestra
en la fatuidad del inclemente campo.
“¿ No hay monstruos hermosos ?”, pregunta Octavio Paz.
- Cállate y compláceme-respondes.
-¿ Clavijas en las venas, trepan y se engordan hasta el dolor ?
Asientes trémula, papelitos de saliva, bostezos de una fiera arrugada.
La déformation couvre son innocence, l’exhibe
dans la fatuité du champ inclément.
“Il n’y a pas de beaux monstres ?” demande Octavio Paz.
- Tais-toi et fais-moi plaisir – réponds-tu.
- Les vis dans les veines, elles s’insèrent et grossissent jusqu’à la douleur ?
Tu acquiesces en tremblant, petits papiers de salive, bâillements d’un
fauve fripé.
Forastero en noche Mariscal40
Realmente en polvo
código agreste ramas desalineadas, troncos entre las nubes
un envión aquella noche junto al vendedor de armas
europeo él, cara de niño, mirada afilada, impropio como una hoja
desprendida
realmente en polvo
arrodillados ante el alcohol, la conversación, un río marchito
maquillar un designio, disimular mientras vemos el cuerpo de la mesera
a contraluz
los viajes, el ir y venir, la catarsis de una perdición controlada
arlequines de la maldad, comentamos un libro, hablamos de la falta de
pudor de algunos narradores, del ansia infinita por llamar la atención,
sorprender y escandalizar
luego la hipotermia, la cerveza suelta las lenguas, amortigua los espíritus
amaina la lluvia, los amigos comunes jamás llegaron
40
50
Nombre de un viejo barrio burgués de Quito, ahora barrio rojo Étranger dans la nuit Mariscal41
Vraiment en poussière
code agreste branches hachurées, troncs entre les nuages
une rixe cette nuit-là auprès du vendeur d’armes
lui européen, visage d’enfant, regard aigu, impropre comme une feuille
qui tombe
vraiment en poussière
agenouillés devant l’alcool, la conversation, un fleuve flétri
maquiller un dessein, dissimuler tandis que nous voyons le corps de la
serveuse à contre-jour.
les voyages, les allées et venues, la catharsis d’une perdition controlée
arlequins de la méchanceté, nous commentons un livre, nous parlons
du manque de pudeur de quelques narrateurs, de la soif infinie d’attirer
l’attention, de surprendre et de scandaliser
ensuite l’hypothermie, la bière délie les langues, calme les esprits
apaise la pluie, les amis communs ne sont jamais arrivés
41 Nom d’un vieux quartier bourgeois de Quito, maintenant quartier rouge
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
él va al baño, vuelve convertido en otro personaje
un Indiana Jones sin ojos
habla de su negocio cuando ya mis oídos han disminuido su poder
intenta sellar un pacto
el miedo cruza como un duende
este ya no parece un viernes cualquiera bebiendo hasta el desamparo
en el ambiente el peso de la incertidumbre
respuestas para morir, el rebote de los disparos reescriben en mi cuello
el vendedor se transforma, la mesera huye
todo se transforma en el lado B, las botellas adornan las paredes
con su espuma estampan el momento crucial, el encuadre se reduce a
cero
realmente en polvo.
il va aux toilettes, il revient transformé en un autre personnage
un Indiana Jones sans yeux
il parle de ses affaires quand déjà mes oreilles ont perdu de leur pouvoir
il essaye de sceller un pacte
la peur traverse comme un lutin
ça ne ressemble plus à un vendredi quelconque où l’on s’abandonne à la
boisson jusqu’au bout de la détresse
dans l’ambiance le poids de l’incertitude
des réponses à mourir, le ricochet des coups de feu réécrivent dans mon cou
le vendeur se transforme, la serveuse fuit
tout se transforme du côté B, les bouteilles ornent les murs
elles impriment de leur mousse le moment crucial, le cadrage se réduit à
zéro
vraiment en poussière.
Alas
Ailes
En medio de pájaros muertos, el concepto de volar se pierde en un
horizonte plano.
-Odio los pájaros – gritas.
-Te he inventado con alas, – me percato ante el bosque alazor.
Talismán con plumas, el ojo enceguece a la luz.
Pan en la mesa
terrones agotados por el agua.
-¿ O eres un vampiro ? – te pregunto.
Aleteas el fulgor
no tiene campo el lamento.
Vidrios por palabras
aniquilar el vuelo conjunto.
Au milieu d’oiseaux morts, la notion de voler se perd dans un horizon
plat.
-Je déteste les oiseaux – cries-tu.
-Je t’ai inventé avec des ailes – je m’aperçois devant la forêt, épervier.
Talisman de plumes, l’œil aveugle la lumière.
Du pain sur la table
des mottes épuisées par l’eau
-Ou bien es-tu un vampire? – te demandé-je.
Tu éclates d’un battement d’ailes
pas de place pour la lamentation.
Du verre en guise de paroles
annihiler le vol conjoint.
-¿ O soy la música ? – susurras desnuda.
Tus alas son espinas.
–Ou bien suis-je la musique? – susurres-tu, nue.
Tes ailes sont des épines.
Pájaros muertos
una cuerda
tiempla
el miedo.
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Oiseaux morts
une corde
calme
la peur.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Marialuz Albuja Bayas (Quito, 1972).
Es maestra en Estudios de la Cultura, con mención en Literatura
Hispanoamericana. Realizó estudios de literatura europea y norteamericana
en Harrisonburg, y de literatura francesa en Montpellier. Ha publicado Las
naranjas y el mar, 1997; Llevo de la luna un rayo, 1999; Paisaje de sal, 2004; y La
pendiente imposible, 2008, premiado por el Ministerio de Cultura del Ecuador.
Participó en el libro colectivo La voz habitada. Siete poetas ecuatorianos frente a
un nuevo siglo, 2008. Forma parte de la colección permanente Prometeo Digital,
de la Academia Iberoamericana de Poesía.
Séparer le blanc de la lumière
Marialuz Albuja Bayas (Quito, 1972).
Elle est diplômée en Études culturelles, avec mention en littérature
hispanoaméricaine. Elle a étudié la littérature européenne y nord-américaine
à Harrisonburg, et la Littérature française à Montpellier. Elle a publié Las
naranjas y el mar, 1997; Llevo de la luna un rayo, 1999; Paisaje de sal, 2004; y La
pendiente imposible , 2008, primé par le Ministère de culture de l’Équateur. Elle
a participé au livre collectif La voz habitada. Siete poetas ecuatorianos frente a un
nuevo siglo, 2008. Elle a fait partie du collectif permanent Prometeo Digital, de
l’Académie ibéro-américaine de poésie.
**
**
El Principito pidió que le pintaran un corderito.
Yo te pido que me hagas un hijo.
Que me lo pintes por dentro
que tus pinceladas viertan óleo debajo de mi falda
y que haya vida en sus colores más preciados.
Le Petit Prince demanda qu’on lui dessine un agneau.
Moi je te demande de me faire un fils.
Que tu le peignes à l’intérieur de moi
que ton pinceau verse de l’huile sous ma jupe
et qu’il y ait de la vie dans ses couleurs les plus précieuses.
Píntame un niño
para verte en cada uno de sus rasgos
para olerte en sus bracitos tiernos
y poder enumerarte en cada uno de sus dedos.
Peins-moi un enfant
pour te voir en chacun de ses traits
pour te sentir dans ses tendres petits bras
et pouvoir te nommer sur chacun de ses doigts.
Píntame el niño que una vez desdibujó sus débiles tejidos
Peins-moi l’enfant qui un jour a dé-dessiné ses faibles tissages
al saber que te marchabas para siempre
y tuvo miedo de nacer.
quand il a su que tu t’en allais pour toujours
et qu’il a eu peur de naître.
**
**
Dos veces estuve en tus días
en tus noches de la Cruz del Sur
Deux fois je fus dans tes jours
dans tes nuits de la Croix du Sud
Dos veces en tu Mar del Norte
dos noches en tu Mar Mediterráneo
y en tu Atlántico.
deux fois dans ta Mer du Nord
deux nuits dans ta Mer Méditerranée
et dans ton Atlantique.
Dos veces te besé en la frente
para que me cobijaras en tu abrazo.
Deux fois je t’ai baisé au front
pour que tu m’abrites dans ton étreinte
Ya no te espero ahora
en esta noche sólo mía
con mi cruz
que no es del sur
sino de mi dolor
dos veces.
Je ne t’attends plus maintenant
en cette nuit qui est à moi toute seule
avec ma croix
qui n’est pas du sud
mais celle de ma douleur
deux fois.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
**
**
Te diré que llevo de la luna un rayo.
No tengo cráteres ni mares secos.
Sólo un relámpago que quiebra el viento
para llevarme lejos.
Je te dirai que je tiens un rayon de lune.
Je n’ai ni cratères ni mers sèches.
Seulement un éclair qui brise le vent
pour m’emmener au loin.
Después vendrá lo tuyo.
Lo que debió guardarse
sin malversaciones ni embustes.
Lo que debió recogerse de los escombros
para volar sin ser visto.
Ensuite viendra ce qui est de toi.
Ce qu’il a fallu garder
sans malversations ni mensonges.
Ce qui dut se ramasser des décombres
pour voler sans être vu.
Lo que tenemos.
Lo que tuvimos.
Ce que nous avons.
Ce que nous eûmes.
IX
IX
Veré a la serpiente salir de mi boca
me agarraré de su piel
hasta ver en sus curvas mi cuerpo.
Saldrá nuevamente
brillante
sedosa.
Prometo. La haré regresar.
Je verrai le serpent sortir de ma bouche
je m’accrocherai à sa peau
jusqu’à voir mon corps dans ses replis.
Il sortira de nouveau
brillant
soyeux.
Je le promets. Je le ferai revenir.
Dijiste que te irías
Tu as dit que tu t’en irais
que no ibas a buscarme
entre las tumbas del colegio
que no ibas a rodear mi cuello
con tus flores funerarias
que tu n’allais pas me chercher
entre les tombes du collège
que tu n’allais pas entourer mon cou
de tes fleurs funéraires
que no ibas a quemar mis libros
que no ibas a romper mi poesía
que no ibas a violarme en el silencio
que he logrado construir lejos de ti
que no beberías
la sangre que corrió por mis piernas
cuando por primera vez
perdimos el camino a casa.
Dijiste que me ibas a olvidar.
Me lo juraste sin palabras.
que tu n’allais pas brûler mes livres
que tu n’allais pas détruire ma poésie
que tu n’allais pas me violer dans le silence
que j’ai réussi à construire loin de toi
que tu ne boirais pas
le sang qui a coulé le long de mes jambes
quand pour la première fois
nous avons perdu le chemin de retour à la maison.
Tu as dit que tu allais m’oublier.
Tu me l’as juré sans paroles.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Ahora tengo miedo de volver
y descubrir que acaso
sea cierto.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Maintenant j’ai peur de revenir
et de découvrir que peut-être
c’est vrai.
Traduction Anne-Marie Durand-Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Ana Cecilia Blum (Guayaquil, 1972).
Es promotora cultural y licenciada en Ciencias Políticas y Sociales. Fue tallerista
de la Casa de la Cultura, Núcleo del Guayas. Es autora de Descanso sobre mi
sombra , 1995; y La que se fue, 2008. Ha colaborado con algunos suplementos
literarios de su país.
Ana Cecilia Blum (Guayaquil, 1972)
Manager culturelle et licenciée en Sciences politiques et sociales. Animatrice
d’un atelier à la Maison de la culture, Centre du Guayas. Auteur de Descanso
sobre mi sombra , 1995; et La que se fue, 2008. Collaboratrice à des suppléments
littéraires dans son pays.
En la creciente luna
Dans le croissant de lune
un árbol de peces
Caracoles cuelgan de la brisa
Arena
resbala de las nubes
Naufraga el Pacífico entre los astros
Noche
marea de mares negros
un arbre de poissons
Des coquillages pendent de la brise
Du sable
glisse des nuages
Le Pacifique fait naufrage entre les astres
Nuit
marée de mers noires
En el cuarto negro
Dans la chambre noire
Con ventana a la lluvia
Nos devoran:
El apetito del desencanto
Las astillas del aprendiz
Plegarias de una loca
Por un húmedo de plástico
Afuera:
Los polvos atemporales de la huella
El susurro cósmico
Bajo las yemas del agua
Esa criatura feroz
En la cual
Nos hemos convertido.
Avec la fenêtre ouverte à la pluie
Ils nous dévorent:
L’appétit du désenchantement
Les échardes de l’apprenti
Prières d’une folle
Pour une moiteur en plastique
Dehors:
Les poussières intemporelles de la trace
Le murmure cosmique
Sous les doigts de l’eau
Cette créature féroce
En laquelle
Nous nous sommes transformés.
Todo se mece
Tout se balance
La calle es una panga
Los volcanes estallan hacia adentro
No hay refrán que valga
Ni al que madruga Dios lo ayuda
Ni por mucho trasnochar
Se escribe un buen poema
La rue est une pirogue
Les volcans font éruption à l’intérieur
Il n’y a pas de proverbe qui vaille
Dieu n’aide même pas celui qui se lève tôt
Et ce n’est pas parce qu’on se couche tard
Que l’on écrit un bon poème.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
La que se fue
Celle qui est partie
Camina en otras calles.
Sucumbe en otra lengua.
Elle marche dans d’autres rues.
Elle succombe dans une autre langue.
Lejos de su casa,
escoltada por el anonimato,
con la alforja vacía de país y herencia
asiste
al velatorio del espejismo.
Loin de chez elle,
escortée par l’anonymat,
sa sacoche vide de pays et d’héritage
elle assiste
à la veillée funèbre de ses illusions.
Entre los monumentos de la muerte
ha olvidado:
de qué savia está hecha su sangre,
de qué oficio se yerguen sus huesos.
Parmi les monuments de la mort
elle a oublié:
de quelle sève son sang est fait
pour quelle fonction se dressent ses os.
No quiso retornar cuando pudo,
es tarde
para alcanzar las carabelas.
Elle n’a pas voulu revenir quand elle le pouvait,
il se fait tard
pour rattraper les caravelles.
Lo que dejó
se lo comió el apetito de la ausencia.
Ce qu’elle a laissé
l’appétit de l’absence l’a englouti.
Volver al mismo mar
es volver al desencuentro.
Revenir à la même mer
c’est revenir à la rencontre manquée.
Séparer le blanc de la lumière
Traduction Anne-Marie Durand Kennett er Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Aleyda Quevedo Rojas (Quito, 1972). Poeta y periodista. Últimas publicaciones
: Algunas rosas verdes, Ediciones del Sistema Nacional de Bibliotecas-Ecuador,
1996, Premio Nacional de Poesía “Jorge Carrera Andrade”; Espacio vacío, Casa
de la Cultura Ecuatoriana, 2001; Música Oscura, Breve antología, AlmeríaEspaña, Colección Cuadernos de Caridemo, 2004; Soy mi cuerpo, LibresaEdiciones de la Línea Imaginaria, 2006.
Aleyda Quevedo Rojas (Quito, 1972). Poète et journaliste. Dernières
publicacions : Algunas rosas verdes, Éditions du réseau national des bibliothèquesEquateur, 1996, Prix national de poésie “Jorge Carrera Andrade”; Espacio vacío,
Maison de la culture équatorienne, 2001; Música Oscura, Brève anthologie,
Almeria-Espagne, Collection des Cahier de Caridemo, 2004; Soy mi cuerpo,
Éditions Libresa de la Línea Imaginaria, 2006.
Estallido de los cuerpos
Explosion des corps
Lentamente
alumbro tu necesaria parte erecta
me entrenzo
en tus brazos de sol
te sumerges en mis pestañas
y abriendo las fauces
nos perdemos en un estallido.
Lentement
j’éclaire l’endroit nécessaire de ton érection
je m’enlace
à tes bras de soleil
tu te submerges dans mes cils
et quand tu ouvres ta bouche
nous nous perdons dans une explosion.
Hai-kai de los pájaros
Haï-kaï des oiseaux
Cuidaré tus pájaros
pero me niego
a hacer el amor en la jaula.
Je prendrai soin de tes oiseaux
mais je me refuse
à faire l’amour dans la cage.
Canto animal
Chant animal
Obedezco al llamado
de las cenizas de la mujer
enterradas al borde del cielo
son los restos de Alejandra Pizarnik
que descansan en mi territorio
J’obéis à l’appel
des cendres de la femme
enterrées au bord du ciel
ce sont les restes d’Alexandra Pizarnik
qui reposent sur mon territoire
Descalzos sus pies y los míos
sienten la madera
la astilla de los corazones
y el trabajo de las hormigas
Ses pieds nus et les miens
sentent le bois
l’écharde des coeurs
et le travail des fourmis
Boca abajo
apretando los senos
contra la tierra y las hojas
respiramos los tallos
los breves encuentros con el amor
A plat ventre
les seins
contre la terre et les feuilles
nous respirons les tiges
brèves rencontres avec l’amour
1972 yo nacía
1972 je naissais
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
el territorio estaba definido
tú te ibas con los “prófugos del mundo”
con esos pájaros que escogieron
estrellas no conocidas
en este espacio
reconozco tu último día
que siempre es el mío.
le territoire était délimité
tu t’en allais avec les “fugitifs du monde”
avec ces oiseaux qui ont choisi
des étoiles inconnues
dans cet espace
je reconnais ton dernier jour
qui est toujours le mien.
El amor y las piedras
L’ amour et les pierres
El amor en ocasiones se vuelve insustituiblemente frágil tanto que puede
diluirse y perderse entre el oxígeno
Esta necesaria levedad es anillo solar que se pega en la lengua
inventando una ecuación de energía líquida
Golpe de aire que se repite pocas veces y siempre tiene el rostro lleno de
hielo
El amor fluye como la estructura de un bosque de cristal su corte
perfecto atraviesa montañas
Pero las piedras siempre las piedras permanecen en el lugar del amor
Logran convertirse en la exactitud que apenas la velocidad las supera.
L’amour à l’occasion devient obligatoirement fragile tant qu’il peut se
diluer et se perdre dans l’oxygène
Cette nécessaire légèreté est comme un anneau solaire qui se colle sur la
langue et qui invente une équation d’énergie liquide
Choc d’air qui se répète peu souvent et qui a toujours le visage plein de glace
L’amour s’écoule comme la structure d’un bois de cristal son entaille
parfaite traverse les montagnes
Mais les pierres toujours les pierres demeurent à l’endroit de l’amour
Elles parviennent à se transformer en l’exactitude que la vitesse surpasse
à peine.
¿Quién soy?
Qui suis-je?
¿Quién soy?
Tal vez la mujer senos de ámbar
y pies helados que escribe versos
para reconfortarse
Mas la poesía
sólo logra descarrilarme
Como el tren rojo que soy
Ese tren que se abre paso
entre las montañas puntiagudas
y difíciles de algún país
Ese tren que nunca llega
a ninguna estación de humo
Esta mujer que emana voces
Trenes y más trenes
que me esperan
Versos para sobrevivir
¿Quién soy?
Quizá este cuerpo encendido
que aún guarda tus huellas en los pliegues.
Qui suis-je?
Peut-être la femme aux seins d’ambre
et aux pieds glacés qui écrit des vers
pour se donner du courage
Mais la poésie
parvient seulement à me faire dérailler
Comme le train rouge que je suis
Ce train qui s’ouvre un chemin
entre les montagnes saillantes
et escarpées d’un quelconque pays
Ce train qui n’arrive jamais
à aucune gare enfumée
Cette femme qui laisse échapper des voix
Des trains et encore des trains
qui m’attendent
Des vers pour survivre
Qui suis-je ?
Peut-être ce corps éclairé
qui garde encore tes traces dans les plis.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Carlos Garzón Noboa (Quito, 1972).
Es poeta y pintor. Autor de los poemarios Erial y Mínima antología personal;
coautor de La voz habitada. Siete poetas ecuatorianos frente a un nuevo siglo.
Ha sido incluido en la antología Aldea poética de la editorial Ópera Prima de
Madrid, y en la antología Ciudad en verso. Sus textos constan en revistas de
Ecuador y Colombia. Es editor del Periódico de poesía del Municipio de Quito.
Carlos Garzón Noboa (Quito, 1972).
Poète et plasticien. Auteur des recueils Erial y Mínima antología personal, coauteur
de La voz habitada. Siete poetas ecuatorianos frente a un nuevo siglo. Fait partie de
l’anthologie Aldea poética des éditions Opera Prima de Madrid, de l’anthologie
Ciudad en verso. Ses textes ont été publiés dans des revues en Équateur et en
Colombie. Il est l’éditeur du Periódico de poesía de la Municipalité de Quito.
Ecce homo
Ecce homo
Se cumple la sentencia.
Me traicionan las palabras:
son los signos del látigo en la página.
Una incertidumbre me traspasa el pecho.
La corona es de versos.
Mi destino:
¿ Resucitar en el poema ?
La sentence est exécutée.
Les paroles me trahissent:
ce sont les signes du fouet sur la page.
Un doute traverse ma poitrine.
La couronne est en vers.
Mon destin:
Ressusciter dans le poème ?
Invasión
Invasion
El caballo que habitamos
está vacío.
Le cheval que nous habitons
est vide.
Lecho marino
Lit marin
El océano ha cerrado su gran párpado;
y ahora los amantes
navegan vencidos sobre un barco de piedra.
De las profundidades, emergerán sus hijos.
L’océan a fermé sa grande paupière;
et maintenant les amants
naviguent vaincus sur un bateau de pierre.
Des profondeurs, jailliront leurs enfants.
Negación
Négation
Busco un nombre de luz
para el dios ciego
que, desde mi garganta,
encadenado asciende.
Je cherche un nom de lumière
pour le dieu aveugle
qui, de ma gorge,
s’élève enchaîné.
Nadie selle
con ácido mi boca
ante aquel hijo
que avanza, vence y se desborda.
Que personne ne scelle
ma bouche avec de l’acide
devant ce fils-là
qui avance, vainc et se déchaîne.
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Apartar lo blanco de la luz /
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Séparer le blanc de la lumière
Sin embargo, la lengua es fuerte
y la palabra, débil.
Dios nace muerto entre mis dientes:
nunca quiso ser Hombre.
Cependant, la langue est forte
et la parole, faible.
Dieu est mort-né entre mes dents:
il n’a jamais voulu être Homme.
Vocación
Vocation
Me repugna la compañía de los débiles:
comunes aves para cielos tan altos,
pequeñas bocas para senos tan grandes.
La compagnie des faibles me répugne:
banalité des oiseaux pour des cieux si difficiles à atteindre,
petites bouches pour des seins si grands.
Yo, la sed insaciable, el extranjero,
fatigo los desiertos persiguiendo un oasis
y arrastro serpientes atadas a mi voz.
Moi, la soif insatiable, l’étranger,
je désespère les déserts à la recherche d’une oasis
et je traîne des serpents à ma voix attachés.
Quien tenga pies de hierro
que abandone sus sandalias y me siga:
MI SUDOR INCENDIA LOS CAMINOS.
Que celui qui a des pieds de fer
abandonne ses espadrilles et me suive:
MA SUEUR BRÛLE LES CHEMINS.
Traduction Rémy Durand
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Julia Erazo Delgado (Quito, 1972).
Es periodista. Dirigió el centro cultural “Galería Imágenes” (1997-2000). En
la actualidad colabora en el Periódico de poesía del Municipio de Quito. Consta
en antologías de la lírica ecuatoriana actual como Ciudad en verso. Antología de
nuevos poetas ecuatorianos, 2004, y La voz de Eros. Dos siglos de poesía erótica de
mujeres ecuatorianas, 2006. Es coautora del libro La voz habitada. Siete poetas
ecuatorianos frente a un nuevo siglo, 2008. En 2008 publicó Imágenes de viento y
de agua y Verbal.
Séparer le blanc de la lumière
Julia Erazo Delgado (Quito, 1972).
Journaliste. Elle a dirigé le centre culturel « Galería Imágenes ». Elle collabore
actuellement au Journal de poésie de la Municipalité de Quito. Ses textes figurent
dans des anthologies de poésie équatorienne contemporaine comme Ciudad en
verso. Antología de nuevos poetas ecuatorianos, 2004 et La voz de Eros. Dos siglos
de poesía erótica de mujeres ecuatorianas, 2006. Elle est co-auteure de La voz
habitada. Siete poetas ecuatorianos frente a un nuevo siglo, 2008). En 2008 elle a
publié Imágenes de viento y de agua, et Verbal.
Néctar
Nectar
el terror se enreda en los brazos del naranjo
se crispa entre sus ramas.
la terreur s’enchevêtre dans les bras de l’oranger
se serre entre ses branches.
un joven colibrí clama por alimento
un jeune colibri réclame sa pitance
entre estambres y pistilos
una historia de aguaceros y tornados
entre étamines et pistils
une histoire d’averses et d’ouragans
el ave se abre paso
entra resbala vence es vencido
desata olas de rocío
l’oiseau s’ouvre un chemin
il entre il glisse il vainc il est vaincu
il déchaîne des vagues de rosée
la brisa se incorpora para saludarle
plumas azules baten su cuerpo
la brise s’introduit pour le saluer
des plumes bleues fouettent son corps
alcanza el néctar
il atteint le nectar
Huellas de col
Traces de chou
Las coles han nacido en huertos familiares;
el sol de la tarde parece gemir sobre ellas.
El granjero se complace en atravesar su campo cada tarde.
Deja sus huellas en rectos surcos para sus hijos.
Las coles crecen, ascienden, duermen.
Les choux sont nés dans des vergers familiers;
le soleil du soir semble y gémir.
Le fermier prend plaisir à traverser son champ chaque soir.
Il laisse ses traces en sillons droits pour ses enfants.
Les choux poussent, grandissent, dorment.
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Séparer le blanc de la lumière
Amor filial
Amour filial
Ojos de algunos hombres y mujeres
brillan en los de una mujer,
aletean como picaflores
en su lucha por el pan.
Les yeux de quelques hommes et de quelques femmes
brillent dans ceux d’une femme,
battent des ailes comme des oiseaux-mouches
dans leur lutte pour le pain.
Metidos en su cuerpo,
en la sangre que será la misma
de sus hijos y nietos,
los amigos de en frente
Insérés dans son corps,
dans le sang qui sera le même
que celui de ses enfants et de ses petits-enfants,
les amis d’en face
(Marta, Yousef, Susana, Pedro, Isa, Ile, Anja o Xavi),
(Marta, Yousef, Susana, Pedro, Isa, Ile, Anja ou Xavi)
despiertan cuando ella duerme.
Canturrean un nostálgico flamenco
esperando un día de aceitunas negras.
se réveillent quand elle dort.
Ils chantonnent un flamenco nostalgique
en attendant un jour d’olives noires.
Mas descansan en SU CASA,
en ELLA.
No se lo figuran.
Mais ils se reposent dans SA MAISON,
en ELLE.
Ils ne se l’imaginent pas.
Destino
Destin
Llego de un país lejano del ahora.
J’arrive d’un pays éloigné du présent.
Alguien no me espera,
otro ha huido,
nadie me besa.
Quelqu’un ne m’attend pas,
un autre a fui,
personne ne m’embrasse.
El tren partió tarde,
puntual llega.
Le train est parti en retard,
il arrive à l’heure.
Sobrevuelo el andén
como pájara recién parida.
Je survole le quai,
comme une oiselle tout juste sortie de son nid
Encuentro piedras de humo en el aire,
lo fértil e infértil de la tierra.
Je rencontre des pierres de fumée dans l’air,
le fécond et le stérile de la terre.
Por la tarde sembraré los sueños,
y el hogar para el hijo
que me engendró el último viaje.
Ce soir je sèmerai les rêves,
et le foyer pour l’enfant
que le dernier voyage a engendré en moi.
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Carboncillo
Fusain
una sombra en el espejo
un río una tormenta
una playa soleada una margarita
seis días
cuatro medias lunas
una razón una tristeza brillante
un precipicio
una muerte
une ombre dans le miroir
une rivière une tempête
une plage ensoleillée une marguerite
six jours
quatre demi-lunes
une raison une tristesse brillante
un précipice
une mort
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Séparer le blanc de la lumière
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Xavier Oquendo Troncoso (Ambato, 1972).
Periodista y doctor en Letras y Literatura. Ha publicado varios poemarios entre
ellos La conquista del agua, 2001; Salvados del naufragiopoesía, 2005; Esto fuimos en
la felicidad, 2009, mención de honor en el Premio Jorge Carrera Andrade; autor
del libro de cuentos Desterrado de palabra, 2000; de la novela para niños El mar
se llama Julia , y de Ciudad en verso. Antología de nuevos poetas ecuatorianos, 2002.
Editor de diversas revistas de poesía y literatura y organizador de encuentros
de poetas jóvenes en su país y del Encuentro Internacional “Poesía en paralelo
cero”. Ha sido traducido al italiano, inglés y portugués.
Tiempo de hijos
Séparer le blanc de la lumière
Xavier Oquendo Troncoso (Ambato, 1972).
Journaliste et Docteur ès Lettres. Citons, parmi ses nombreux recueils, La
conquista del agua, 2001; Salvados del naufragiopoesía , 2005; Esto fuimos en la
felicidad, 2009; Desterrado de palabra, 2000; le roman pour enfants El mar se
llama Julia, 2002 et Ciudad en verso. Antología de nuevos poetas ecuatorianos, 2002.
Éditeur de diverses revues de poésie et de littérature, il organise des Rencontres
de jeunes poètes dans son pays et la Rencontre internationale « Poesía en
paralelo cero ». Il a été traduit en italien, anglais et portugais.
Temps de fils
A los tres Jotas de mi vida.
Aux trois J de ma vie
I
I
En el fondo de los vientos
habitan los ángeles
que parecen otros vientos
que se juntan con los vientos normales
y entonces forman los colores de las brisas
que los hijos ven,
y nosotros creemos que es el viento.
Pero son los ángeles caídos
que quieren jugar a ser viento.
À l’intérieur des vents
habitent les anges
qui ressemblent à d’autres vents
qui rejoignent les vents normaux
et forment alors les couleurs des brises
que les fils voient,
et nous, nous croyons que c’est le vent.
Mais ce sont les anges déchus
qui veulent jouer à être vent.
II
II
Mira hijo,
allá hay un fino ángel
que quiere jugar con el fuego de tus ojos.
Y por allá han aparecido otros seres nuevos
que no son los juguetes de la casa
ni los que encontramos en las ramas de los árboles.
Regarde mon fils,
il y a là-bas un ange délicat
qui veut jouer avec le feu de tes yeux.
Et là-bas sont apparus d’autres êtres nouveaux
qui ne sont pas les jouets de la maison
ni ceux que nous trouvons dans les branches des arbres.
No te tardes mucho con ellos
que tú no tienes alas
para tapar el frío de tu asombro.
Ne t’attarde pas beaucoup avec eux
car toi tu n’as pas d’ailes
pour cacher le froid de ton étonnement.
III
III
Es el silencio ahora.
El silencio está de noche ahora.
El hijo duerme conmigo
y el silencio se prende en las luces de la ciudad.
Entonces se ven las luces dentro del silencio
C’est le silence maintenant.
Le silence fait nuit maintenant.
Le fils dort avec moi
et le silence s’anime dans les lumières de la ville.
Alors on voit les lumières au sein du silence
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
y el niño se despierta y ve el silencio que le rodea
y duerme
como la ciudad
y la noche.
et l’enfant se réveille et voit le silence qui l’entoure
et il dort
comme la ville
et la nuit.
IV
IV
Es la madre y el padre
y los hijos que se van haciendo
en el zaguán de los años.
Y esos sofás y esos adornos y cristales
y esas maderas y los libros, son la casa.
Y la casa son los hijos que se leen nuestros libros
y los libros que se van haciendo hijos de los hijos.
Y las cobijas y los almohadones donde duermen
todos los animalitos fabricados en cuentos
que han leído los hijos
y que se hacen realidad en esta casa
que es el hijo de la casa y la casa del hijo.
C’est la mère et le père
et les fils qui grandissent
dans le vestibule des années.
Et ces canapés et ces ornements et ces lustres en cristal
et ces bois et les livres, c’est cela la maison.
Et la maison ce sont les fils qui lisent nos livres
et les livres qui deviennent fils de nos fils.
Et les couvertures et les oreillers où dorment
tous les petits animaux fabriqués dans des contes
que les fils ont lus
et qui deviennent réalité dans cette maison
qui est fils de la maison et maison du fils.
Sed
Soif
A Rubén Astudillo y Astudillo,
a quien le gustaba este poema
A Rubén Astudillo y Astudillo
qui aimait ce poème
No me pases la sal, samaritana.
En el pozo aún hay agua
sin fermentar.
Ne me passe pas le sel, samaritaine.
Dans le puits il y a encore de l’eau
qui n’est pas fermentée.
He llegado sudando desde el monte
y quisiera ver en ti la luz del mar.
Je suis arrivé en sueur de la montagne
et je voudrais voir en toi la lumière de la mer.
La sal, samaritana,
es el lamento del mar
sin naufragar.
Le sel, samaritaine,
c’est la lamentation de la mer
sans faire naufrage.
El pozo tiene espuma
y es de dulce.
Samaritana,
quiero en tus ojos
ver el mar.
Le puits a de l’écume
et il est en sucre.
Samaritaine,
je veux dans tes yeux
voir la mer.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Antes de la caza
Avant la chasse
A mi padre
Séparer le blanc de la lumière
A mon père
Quiero encontrar el lugar
donde ubicarme.
Entro en la vecindad
de voces que me dicen:
ve a buscarte lejos,
en los andenes de las penas,
ve a ponerte en fila con los astros;
deja el poema un rato,
y reconoce los olmos.
Piensa que ya estorbas y no sirves,
que de grande uno se trastoca
y se consume.
Je veux trouver l’endroit
où me situer.
J’entre dans le voisinage
de voix qui me disent:
va te chercher loin,
sur les quais des peines,
va faire la queue avec les astres;
abandonne un moment le poème,
et reconnais les ormes.
Pense que maintenant tu gênes et que tu ne sers plus,
pense que lorsqu’on est grand, on change
et on se consume.
Mamá ya no prepara bien las cenas,
no hay comida hasta después del día.
Maman désormais ne prépare plus bien les repas,
il n’y a rien à manger jusqu’au lendemain.
Ve a buscar el círculo vicioso
que pueda hacerte hombre
en el insomnio de los días.
Va chercher le cercle vicieux
qui puisse te faire homme
dans l’insomnie des jours.
Vete y no vuelvas
hasta después de la caza.
Va-t-en et ne reviens pas
avant la fin de la chasse.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Freddy Peñafiel Larrea (Quito, 1972).
Es periodista, crítico y editorialista. Ha publicado Del amar, de la mar, 1995; Del
asombro de las sombras, 1997; Anzuelos, 2003; y Presagio, 2009. Ha sido galardonado
con el primer lugar en el concurso Escribir y Publicar, 1997; con el segundo lugar
en la bienal de poesía Jorge Carrera Andrade 1995; y una mención especial en
el Concurso de poesía Hugo Mayo 1995. Consta en las antologías Escribir y
publicar, Hojas de poesía grafías, Nuevas páginas, La Urpila y Pensamiento.
Séparer le blanc de la lumière
Freddy Peñafiel Larrea (Quito, 1972).
Il est journaliste, critique et éditorialiste. Il a publié Del amar, de la mar, 1995;
Del asombro de las sombras, 1997; Anzuelos, 2003; y Presagios, 2009. Lauréat
du Concours Escribir y Publicar 1997. Il a été sélectionné par la biennale de
poésie Jorge Carrera Andrade 1995, et il a obtenu une mention spéciale au
Concours de poésie Hugo Mayo 1995. On trouve sa poésie dans les anthologies
Escribir y publicar, Hojas de poesía grafías, Nuevas páginas, La Urpila y Pensamiento.
un poema agazapado
un poème tapi
escondidos dentro de un libro
mis versos te esperan
se acomodan los bigotes
se regodean
mis versos de amor te esperan
saltan ante la mínima señal de movimiento
se acicalan
se visten de reyes de colores
se peinan las ralas barbas con brillantina
mis versos te esperan de amor
se saben solitarios
invencibles
no repetidos por voces ajenas a la música
y te esperan
mis versos son así
acostumbrados a esperar
entre las sombras
entre los silencios
dentro de tus ojos…
ellos te esperan…
cachés dans un livre
mes vers t’attendent
les moustaches se font belles
frémissent
mes poèmes d’amour t’attendent
ils sautent au moindre signe de mouvement
ils se pomponnent
ils s’habillent en rois colorés
ils coiffent leurs barbes clairsemées avec de la brillantine
mes vers t’attendent dans l’amour
ils se savent solitaires
invincibles
des voix étrangères à la musique ne les répètent pas
et ils t’attendent
mes vers sont comme ça
habitués à attendre
entre les ombres
entre les silences
dans tes yeux...
ils t’attendent...
la mujer que oigo
la femme que j’entends
cuando ella llega
escucho el sonido del papel de regalo que se rompe
cuando yo tenía cinco años
y esperaba un regalo más grande que mis manos.
quand elle arrive
j’écoute le son du papier-cadeau qu’on déchire
quand j’avais cinq ans
et que j’attendais un cadeau plus grand que mes mains.
infierno ocho
Enfer huit
una presentación de libro
una exposición de pintura
–cualquier hecho que reúna a más de una persona, me es insoportable–
une présentation de livre
une exposition de peinture
-n’importe quelle manifestation qui réunit plus d’une personne m’est
insupportable–
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
las sillas lejanas están ocupadas
y las voces que preguntan
por uno
por una
por un dos
quisieran ser ahogadas en fuentes de agua mineral
empujadas de puentes de jardines japoneses
ahorcadas en bonsáis
les chaises au loin sont occupées
et les voix qui demandent des nouvelles
de l’un
de l’une
de quelqu’un d’autre
souhaitent qu’on les noie dans des sources d’eau minérale
poussées du haut de ponts de jardins japonais
pendues dans des bonsaïs
no quiero un grupo
donde haya más de una persona
yo me basto para hacerme
insoportables compañías
y preguntas
je ne veux pas de réunion
où il y ait plus d’une personne
je me suffis à moi-même pour m’offrir
d’insupportables compagnies
et me poser des questions
busqué un bonsái la semana pasada
y al no encontrar a quien ahorcar
sólo lo aplasté con el pie
y, sonriendo tras mucho tiempo,
salí.
j’ai cherché un bonsaï la semaine dernière
et comme je n’ai trouvé personne à pendre
je l’ai simplement écrasé du pied
et, après avoir souri depuis longtemps,
je suis sorti.
Sol
“sous les pavés, la plage”, nanterre, mayo
1968
Soleil
“sous les pavés, la plage”, nanterre, mai
1968
debajo de la arena de playa no están los adoquines de parís
los hemos buscado
cavado
barrido
soplado
sous le sable de la plage on ne trouve pas les pavés de paris
nous les avons cherchés
nous avons creusé
balayé
soufflé
y por más húmedo que esté el sol
bajo esa arena, no está parís
et le soleil a beau être humide
paris n’est pas sous ce sable.
Letras
Lettres
escribir
borrar
ver la pantalla en blanco
y no poder dormir
buscar la palabra precisa
la exacta
la bisílaba
écrire
effacer
voir l’écran blanc
et ne pas pouvoir dormir
chercher le mot précis
exact
la parole bisyllabe
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
asonante
rítmica
la que me falta para cerrar
el libro
la que necesito para sostener la puerta
y que no se salgan los buenos momentos
la palabra que no encuentro
la del insomnio
la única palabra que sólo digo solo —con y sin tildes—
la que me callo
esa que deja la hoja en blanco más pálida
des-solada
mierda
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
assonante
rythmique
celle qui me manque pour fermer
le livre
celle dont j’ai besoin pour tenir la porte
pour que les bons moments ne s’échappent pas
le mot que je ne trouve pas
celui de l’insomnie
le seul mot que je dis seul tout seul – avec et sans guillemets –
celui que je me tais
celui qui laisse la page blanche plus pâle
désolée.
merde
Traduction Anne-Marie Durand-Kennett et Rémy Durand
88
89
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Paúl Puma (Quito, 1972). Dramaturgo, guionista y editor. Premio Nacional de
Literatura “Aurelio Espinosa Pólit” con el libro Felipe Guamán Poma de Ayala,
publicado por Planeta, 2002. Ha publicado los poemarios Los Versos Animales,
Editorial de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, Quito 1996; .Eloy Alfaro Híper
Star, Editorial de la Casa de la Cultura Ecuatoriana, Quito 1996. Autor de
las obras de teatro El Pato Donald tiene Sida o cómo elegir los instrumentos de la
desesperación, y Mickey Mouse a gogo, antología de Teatro Ecuatoriano de Fin de
Siglo, Casa de la Cultura Ecuatoriana, 2001.
Los versos animales
(Del amor y la trágica separación entre Arthur Rimbaud y Paul Verlaine)
90
Séparer le blanc de la lumière
Paúl Puma (Quito, 1972). Dramaturge, scénariste et éditeur. Lauréat du Prix
national de littérature Aurelio Espinosa Polit avec le livre Felipe Guamán Poma
de Ayala, publié par Planeta, 2002. Il a publié les recueils Los Versos Animales,
Éditions de la Maison de la culture équatorienne, Quito 1996. Eloy Alfaro
Híper Star, Éditions de la Maison de la culture équatorienne, Quito 1996.
Dramaturge, il a publié El Pato Donald tiene Sida o cómo elegir los instrumentos de
la desesperación, et Mickey Mouse a gogo, anthologie de théâtre équatorien de la
fin du siècle, Maison de la culture équatorienne, 2001.
Les vers animaux
(De l’amour et de la séparation tragique d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine)
Ayer
me estaba acordando
de que ya no me acuerdo
dónde diablos acordamos la huida
y el agravio.
Hier
je me rappelais
que je ne me rappelle plus
où diable nous avons convenu de la fuite
et de l’offense.
Quizás el tiempo
no se acordó de nosotros.
Peut-être que le temps
ne s’est plus souvenu de nous.
Claudicamos
en tratados de rosas
donde nada era cuerdo.
Nous avons renoncé
à des accords de roses
où rien n’était raisonnable.
Ayer me estaba acordando
de ese retazo tan a marzo
que ya no pudimos concluir
por tu deceso metafórico
mi amor.
Hier je me rappelais
ce morceau si bien de mars
que nous n’avons pu achever
à cause de ton décès métaphorique
mon amour.
A todos los seres que me son,
la herida nos partió el abril con la noticia,
el desencuentro
de todos quienes te adoramos a sus debido tiempo
nos sitió al final
contra mi piel.
Pour tous les êtres qui me sont proches,
la blessure a brisé notre avril à cause de cette nouvelle,
le désenchantement
de nous tous qui t’avons adoré quand il le fallait
il a mis le siège à la fin
à ma peau.
Yo te lo digo, Rimbaud,
con el que soy, en la mano,
¡odiamos tu partida!
Je te le dis, Rimbaud,
entre nous, en tête à tête,
nous avons détesté ton départ!
Engendro.
J’engendre.
Espera.
Attends.
91
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
¿ Es tu aparatosa caída esta nostalgia con que mancho la pared ?
Ta chute spectaculaire sera-t-elle cette nostalgie dont je tache le mur?
Y.
Et.
Sin más pedazo me despido
de todos quienes fuimos
mi amor…
Sans rien de plus je dis adieu
à tous ceux que nous fûmes
mon amour...
No dejes de llamarme
en los desvelos de la noche,
perro viejo,
tu palabra
alguna vez
tendrá mi voz…
N’oublie pas de m’appeler
dans les insomnies de la nuit,
vieux renard,
ta parole
parfois
aura ma voix...
Y ahora ámame mujer,
que esta molécula y su incólume esperanza
no gima,
que no llore de mi Arthur,
que no ansíe de mi Arthur,
la vida.
Et maintenant aime-moi, femme,
que cette molécule et son espoir indemne
ne gémisse pas,
que je ne pleure pas mon Arthur,
que je ne désire pas mon Arthur,
la vie.
Verlaine
Natalia bonjour o los textos del adiós
92
Verlaine
Natalia bonjour ou les textes de l’adieu
Después.
Après.
Coma.
Virgule.
Después llegó la carnicería de tu voz,
pppppphhhhhpppppp,
la circunstancia pulmonar
de tu sonrisa hígada,
(mi nataly monroe),
los cientos de capítulos cardíacos.
Ensuite est arrivée la boucherie de ta voix,
pppppphhhhhpppppp,
la circonstance pulmonaire
de ton sourire bilieux
(ma nataly monroe)
les centaines de chapitres cardiaques.
Erectos y-a-s
de tanto amanecer freudiano.
Dressés et -ées
de tant d’aubes freudiennes.
Lasaéreaslenguaseterizanenelbailecosturero
seterizan
amoratadasubrogadasicoterapiadas.
Leslanguesaérienneséthérisentdansladanseencostumes,
sinsenbilisent
amourliéeexhaltéepsychothérapiée
93
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
94
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
¡Cada grrhomm
en todo hilo del vestido!
Chaque grrhomm
sur toutes les coutures de la robe!
Tuvimostelevuelostusaurorasbidimensionales
conpasioneselectromagnéticaslosllantosfotocelulares
ritmostelevisionariostribilines
draculines.
Nouseûmesdanslevolstélévisuelstesauroresbidimensionnelles
Descompassionsélectromagnétiqueslessanglotssphotocellulaires
rythmestélévisionnairestribiliens
draculiens.
Llegó la carnicería...
La boucherie est arrivée...
Aprendí a amarte
en estampidas antropófagas
geógrafas,
gg,
retorcidas
en su fruta animal
ttttttttttt
sss
ulfuricas
caricias
alterado origen yegua, burro,
yegua intransitivo, por su origen
caliz,
copa,
in-reflexivo,
caliz,
sí, sí, sí,
te conocí:
“Sabes
hay universos musicales debajo de éstas,
tus uñas,
y en sus latidos mares
que nunca habitarás
nn
más adentro,
en sus moléculas,
dibujos de abriles
esperando tus versos,
pero nunca los tendrás,
qqrrr,
tiemblas,
nocturno y con nada,
mordiéndote sin dientes
el cosmos del prepucio
ttt
J’ai appris à t’aimer
par rafales anthropophages.
géographes,
gg,
tordues
dans leur fruit animal
ttttttttttt
sss
ulfuriques
caresses
origine altérée jument, âne,
jument intransitive, de par son origine
calice,
coupe,
in-réfléchi,
calice,
oui, oui, oui,
je t’ai connue:
“Tu sais
il y a des univers musicaux sous
tes ongles,
et dans leurs battements des mers
que tu n’habiteras jamais
nn
plus profond,
dans leurs molécules,
dessins d’avrils
qui attendent tes vers,
mais jamais tu ne les auras,
qqrrr,
tu trembles,
nocturne et sans rien,
en te mordant sans dents
le cosmos du prépuce
ttt
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
creyéndote tiempo de aves marinas,
pegado a un corazón lleno de olvidos
y sistemas de knn knn herido,
cercado por gacelas de sangre
y ocasiones negras
tiemblas.
te prenant pour un temps d’oiseaux marins,
collé à un cœur plein d’oublis
et de systèmes de knn knn blessé,
encerclé par des gazelles de sang
et de noires occasions
tu trembles.
Fugaz entre las bestias,
llegas a penetrar materias anti-letras,
los latires de la ausencia,
juegas
navegando entre las cosas,
ecos,
vacíos,
sus cenizas…
Fugace entre les bêtes,
tu arrives à pénétrer des matières anti-lettres,
les sursauts de l’absence,
tu joues
naviguant entre les choses,
échos,
vides,
leurs cendres...
Y tiemblas.
Et tu trembles.
Felipe Guamán Poma de Ayala (Erudito del Tahuantinsuyo)
Felipe Guaman Poma de Ayala (Érudit du Tahuantinsuyo)
Oh Wuamán, abuelo mío:
Perezca el momento en que fuimos partidos.
Perezca ese impenetrable árbol de la carne.
Perezca el día en que naciste y yo morí.
Sea sombría la pirámide en que hemos de llorar:
ramal bordado con nubes de sangre:
rasgos en nudos que retornan a la madeja de la recordación.
Suma de la soledad en la penumbra del agujero negro
que finge ser un lunar en tu viejísimo cuerpo,
más que los ojos escondidos de Sacsahuamán
o la cabeza de nuestro imperio
en el centro de la perfección de la afonía,
en esa ciudad de amautas y aravicos y quipucamayos
y tejedores de ponchos con más de siete muertes
que se vuelven contra sí
para recordar que aún están vivos.
Ego de la melancolía.
Invención de la Tristeza.
Pérdida.
Noche enarbolada de libélulas atroces.
Oh Wuaman, mon cher grand-père:
Que périsse le moment où nous fumes séparés.
Que périsse cet arbre impénétrable de la chair.
Que périsse le jour où tu es né et où je suis mort.
Qu’obscure soit la pyramide où nous devons pleurer:
branches bordées de nuages de sang:
traits noueux qui retournent à l’écheveau du souvenir.
Somme de la solitude dans la pénombre du trou noir
qui feint d’ être un grain de beauté sur ton corps si vieux
plus que les yeux cachés de Sacsahuamán
ou la tête de notre empire
dans le centre de la perfection de l’aphonie,
dans cette ville d’amautas et d’aravicos et de quipucamayos42
et de tisseurs de ponchos avec plus de sept morts
qui se retournent contre eux-mêmes
pour se rappeler qu’ils sont toujours vivants.
Ego de la mélancolie.
Invention de la Tristesse.
Perte.
Nuit décorée d’atroces libellules.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
42
« Amauta »: sage qui était chargé de l’éducation de la noblesse inca. « Aravico » : poète lyrique
de l’ancien Pérou. “Quipucamayo: fabricant de “quipus” o cordes unies pour compter ou écrire à l’aide de
nœuds » (N.des.A.)
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Carlos Vallejo Moncayo (Quito, 1973).
Ha publicado los poemarios En mi cuerpo no soy libre, 2002; Matrioshka, 2003; Relatos
del mal soñar, 2003; Fragmento del mar, 2005; Bajo el sol de la serpiente, 2005; y La
orilla transparente, 2008. Premio Nacional Aurelio Espinoza Pólit de Poesía 2007.
Carlos Vallejo Moncayo (Quito, 1973).
Il a publié les recueils En mi cuerpo no soy libre, 2002; Matrioshka, 2003; Relatos
del mal soñar, 2003; Fragmento del mar, 2005; Bajo el sol de la serpiente, 2005; et La
orilla transparente, 2008. Prix national de poésie Aurelio Espinoza Polit 2007 Poesía
Poésíe
Sería aventurado asegurar que alguien existe.
Evoco un espejo entre las sombras:
Soy un pacto fugaz entre el sueño y la rosa.
Il serait hasardeux d’assurer que quelqu’un existe.
J’évoque un miroir entre les ombres:
Je suis un pacte fugitif entre le songe et la rose.
Residencia
Résidence
El viento o un poema del viento,
la piedra o su recuerdo;
tu rostro o la flor que por ti se yergue.
Yo tomo la flor, el sueño que evocan Las Palabras.
Respiro,
subo por la pendiente frágil de una página,
me aparto
de los indicios del mundo;
cohabito,
como un pájaro roto
entre las líneas del Poema.
Le vent ou un poème du vent,
la pierre ou son souvenir:
ton visage ou la fleur qui se dresse pour toi.
Je prends la fleur, le songe qu’évoquent Les Paroles.
Je respire,
je monte la pente fragile d’une page,
je m’éloigne
des indices du monde;
je cohabite,
comme un oiseau brisé
entre les lignes du Poème.
Las violetas
Les violettes
He visto a una mujer sangrar de golpe,
desde su pasado remotísimo
hasta su hoy cortado.
J’ai vu une femme soudain saigner,
depuis son passé le plus lointain
jusqu’à son présent détruit.
Le he visto sentada en un manantial
creciendo hacia el polvo,
con la miel amarga y el rostro espeso.
Je l’ai vue assise dans une source
et grandir en poussière,
avec le miel amer et le visage lourd.
Una mujer incrustada en su sombra,
en su lugar de los retratos y
en su fiesta de hace tiempo.
Une femme incrustée dans son ombre,
figée à l’endroit destiné aux portraits et
dans sa fête de jadis.
Y el inmenso árbol se seca
agigantando los años,
y la ventana se aleja, cada vez,
de su antebrazo;
Et l’arbre immense sèche
les années deviennent gigantesques,
et la fenêtre s’éloigne, à chaque fois,
de son avant-bras;
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
aún te espero, dice,
borrando su cielo de nunca acabar
tras las cortinas,
y se deja morir mientras sucede
la pesada cadencia
de la luz por las ranuras.
toujours je t’attends, dit-elle,
tout en effaçant son ciel qui n’en finit pas
derrière les rideaux,
et elle se laisse mourir tandis que retentit
la lourde cadence
de la lumière à travers les embrasures.
Don de la persistencia
Don de la persistance
Daniela llegó un día a golpear mi puerta. Expliqué que yo no estaba.
Y no me creyó.
Volvió con una piedrita que extrajo de su bolsillo y me pidió sonriente
que saliera. Tampoco accedí; esta vez le dije que intentaba componer un
verso. Entonces, ella se marchó a tomar posesión del único columpio que
le quedaba al parque.
Abrí levemente la cortina para espiar la reacción de aquella niña; y
en cada vaivén, ella sonreía al sol mientras nacía.
Un 21 de julio del 2001, cerca de las 11 de la noche, fui a bajarla
del columpio de la maternidad de donde salió el llanto más dulce que le
hacía falta a mi poema.
Danièle est venue un jour frapper à ma porte. Je lui ai expliqué que je
n’étais pas là.
Et elle ne m’a pas cru.
Elle est revenue avec une petite pierre qu’elle a prise dans sa poche et
m’a demandé en souriant de sortir. Je n’ai pas accepté non plus; cette fois
je lui ai dit que j’essayais d’écrire un vers. Alors, elle est partie prendre
possession de l’unique balançoire qui restait dans le parc.
J’ai soulevé légèrement le rideau pour épier la réaction de cette fille; et
à chaque balancement, elle souriait au soleil qui naissait.
Un 21 juillet 2001, vers 11 heures du soir, je suis allé la descendre
de la balançoire de la maternité d’où sortit le sanglot le plus doux qui
manquait à mon poème.
Apartar lo blanco de la luz
ver sangrar
al animal transparente.
Séparer le blanc de la lumière
voir saigner
le transparent animal.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Franklin Ordóñez Luna (Loja, 1973).
Es licenciado en Ciencias Sociales, Políticas y Económicas y en Lengua
y Literatura, con especialidad en Filología Española por la Universidad
Complutense de Madrid. Fue Coordinador del Taller de Literatura de la Casa
de la Cultura del Azuay. Poemarios recién publicados: A cambio de monedas o
palabras, 2007; y Del Neo José y otras historias, 2008. Textos suyos han aparecido
en publicaciones como Ánfora Nova y Casa de la poesía. Actualmente es profesor
y periodista.
A la sombra del corsario
“El único destino es seguir navegando
en paz y en calma hacia el siguiente naufragio”.
José Emilio Pacheco, Titánic
Se retuerce la noche, animal en celo. Perfora la piel, los huesos donde
escribo la historia. Sube el mar: espejo y pájaro de agua; siembro tulipanes
en el vientre de gaviotas. Recorremos Goya, de las bocas del metro emergen
relámpagos, delfines, toros que navegan sobre espadas. Pero abres las
alas, desapareces. Enloquecido me lanzo a la ciudad, te busco. Azoto mi
cabeza contra el muro. La marea me arroja al país de barro y espejismos,
de gangrena y minerales. Torpes las montañas me consuelan con historias
de amores quemados. Te retengo en pedazos de papel, en mi piel donde
dibujaste ciudades muertas. Te retengo en historias de hormigas, en la
balanza, la sal que bebí de tu espalda. Lanzo mis alaridos a la cordillera, al
nudo lleno de paja y fantasmas. Qué lejano el invierno, sus noches, nuestro
lecho de metal y marihuana. Qué cercana tu voz, tus palabras con piedras
de sol… Tus manos que atraparon las mariposas de mi garganta.
Keanu Reeves
Sabes a mares del sur
ceniza de marihuana.
Llego a tus nalgas.
Qué importan los versos,
la música, Manhattan.
Qué importan las torres desplomadas,
el sur comiendo cieno,
el vacío de los desterrados.
Qué importa el mundo
soy pez de tu mar en llamas.
102
Séparer le blanc de la lumière
Franklin Ordóñez Luna (Loja, 1973).
Il est licencié en Sciences sociales, politiques et économiques et en Langue et
littérature, avec spécialité en Philologie hispanique ; il est diplômé de l’Université
Complutense de Madrid. Il a été le coordinateur d’un atelier de littérature de la
Maison de la Culture, Centre de l’Azuay . Derniers ouvrages parus : A cambio
de monedas o palabras, 2007; et Del Neo José y otras historias, 2008. Ses textes ont
été publiés dans Ánfora Nova et Casa de la poesía. Actuellement, il est enseignant
et journaliste.
A l’ombre du corsaire « L’unique destin est de continuer à naviguer
dans la paix et dans le calme vers le prochain naufrage. »
José Emilio Pacheco, Titanic
La nuit se tord, animal en chaleur. Elle perfore la peau, les os où j’écris
cette histoire. La mer monte : miroir et oiseau aquatiques ; je sème des
tulipes dans le ventre des mouettes. Nous parcourons Goya, des bouches
de métro émergent des éclairs, des dauphins, des taureaux qui naviguent
sur des épées. Mais tu ouvres les ailes, tu disparais. Je deviens fou et je me
jette dans la ville, je te cherche. Je fouette ma tête contre le mur. La marée
m’échoue au pays de boue et de mirages, de gangrène et de minéraux.
Maladroites les montagnes me consolent avec des histoires d’amours
brûlées. Je te garde sur des morceaux de papier, sur ma peau où tu dessinas
des villes mortes. Je te garde dans des histoires de fourmis, sur la balance,
dans le sel que je bus sur ton dos. Je lance mes hurlements à la cordillère,
au nœud plein de paille et de fantômes Comme il est lointain l’hiver,
ses nuits, notre lit de métal et de marijuana. Comme elles sont proches
ta voix, tes paroles aux pierres de soleil… Tes mains qui attrapèrent les
papillons de ma gorge.
Keanu Reeves Tu as le goût des mers du sud
de la cendre de marijuana.
J’arrive à tes fesses.
Qu’importe les vers,
la musique, Manhattan.
Qu’importe les tours effondrées,
le sud mangeant de la vase,
le vide des exilés.
Qu’importe le monde
je suis poisson de ta mer en flammes.
103
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Manuel
Manuel
Vale la pena haber nacido / sólo por oír pasar el viento, dice Pessoa;
yo prefiero las cadenas de tus labios, tus manos como garras,
tu esperma por mi sangre.
Bar del Infierno
A Oscar Villegas
Unos pasean sus falos. Otros estamos en calzoncillos.
Abajo, en el sótano, el semen da volteretas:
escucho sus pasos, su cansancio al trepar las paredes.
Me atrevo y bajo. Abro mis puertas.
David Ledesma
Soy sauce, mis raíces trepan al aire.
Baja, te ofrezco mis frutos,
Deja tus pájaros en mi sangre.
Ça vaut la peine d’être né / juste pour entendre passer le vent, dit
Pessoa ;
je préfère les chaînes de tes lèvres, tes mains comme des griffes,
ton sperme pour mon sang.
Bar de l’Enfer
A Oscar Villegas
Certains promènent leurs phallus. Nous autres sommes en slip.
En bas, dans la cave, le sperme fait des galipettes :
j’écoute ses pas, sa fatigue quand il grimpe aux murs
J’ose et je descends. J’ouvre mes portes.
David Ledesma
Je suis saule, mes racines remontent à la surface.
Descends, je t’offre mes fruits,
Laisse tes oiseaux dans mon sang
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Séparer le blanc de la lumière
Traduction Gabrielle Lécrivain
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Alfonso Espinosa Andrade (Quito, 1974).
Periodista. Ha publicado Cascabel con que me matas, 1995; Fragile, 1997; Breves
anotaciones, 1998; Partes del desierto, 2002; y La vida angosta, 2007. Fue miembro
del comité editorial de País Secreto, revista de ensayo y poesía.
Séparer le blanc de la lumière
Alfonso Espinosa Andrade (Quito, 1974).
Journaliste. Il a publié Cascabel con que me matas,1995; Fragile,1997; Breves
anotaciones, 1998; Partes de desierto, 2002; et La Vida angosta, 2007. Il a été
membre du comité éditorial de « País Secreto, » revue d’essais et de poésie.
las aves recogen los gusanos casi muertos y los
llevan hacia el nido
les oiseaux recueillent les vers de terre presque morts et les
portent jusqu’au nid
una voz suena de pronto desde el péndulo silente de
la infancia
une voix résonne soudain depuis le balancier silencieux de
l’enfance
(alguien callaba el juego cuando
aparecían en el cielo los gorriones
hilvanados
esa neblina de alas con olor a lejanía
(quelqu’un faisait taire le jeu quand
apparaissaient dans le ciel les moineaux
ourlés
ce brouillard d’ailes au parfum de lointain
entonces era el juego hacer silencio y santiguarse)
alors le jeu était de faire silence et de se signer)
no veíamos sino la flor que se cerraba
sobre el cáliz
nunca vimos los nocturnos averíos
nous ne voyions rien que la fleur qui se fermait
sur le calice
nous ne vîmes jamais les nuées d’oiseaux nocturnes
(nos dicen ahora que volaban
con el agua pleamar entre sus
plumas)
(on nous dit à présent qu’ils volaient
avec l’eau à marée haute entre leurs
plumes)
llega un último rumor de rasgadura
una lejana-ajena memoria desmembrada que grazna el
hambre
inconcebible entre sus infinitas jaulas de espejismos y reflejos
il parvient une dernière rumeur de déchirure
une lointaine-étrangère mémoire démembrée qui criaille de
faim
inconcevable entre ses cages infinies de mirages et de reflets
hoy las aves nos recogen
polvo de polvo convertido en nada
aujourd’hui les oiseaux nous recueillent
poussière de poussière devenue rien
en nadie
personne
**
por tu oído se te cae un gusano del cráneo
**
de ton oreille il tombe un ver de ton crâne
caracol con concha de tu hueso
deja la idea de un rastro corrosivo sobre tu piel marcada
escargot en coquille de ton os
laisse l’idée d’une empreinte corrosive sur ta peau marquée
es que no es
la primera vez que te sucede
es que no es
il est vrai que ce n’est pas
la première fois que cela t’arrive
il est vrai que ce n’est pas
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
que seas la silueta que dibujas sobre el lienzo
tus tormentos durarán la vida eterna
y yo estaré ahí las horas todas
para verte seducir a los insectos
toi la silhouette que tu dessines sur la toile
tes tourments dureront la vie éternelle
et moi je serai là toutes les heures
à te regarder séduire les insectes
**
rosas muertas
cosas quietas
la marca de tus huellas en el fango
un perro llorándole a la luna
otros días innombrables para el cántaro
la neblina universal de los finales
**
roses mortes
choses tranquilles
la trace de tes pas dans la boue
un chien qui hurle à la lune
d’autres jours innombrables pour la cruche
le brouillard universel des fins
tu epitafio dirá que fuiste de alguien.
ton épitaphe dira que tu fus à quelqu’un
**
ruedas redonda por los aires
**
Tu roules ronde dans les airs
solo yo sé que voy dentro de tu vientre
con otro nombre
bajo otra forma
moi seul sais que je vais à l’intérieur de ton ventre
sous un autre nom
sous une autre forme
cargas una máscara que nos hicimos
midiendo tu nariz levísima
mis ojos vivos
el recuerdo de tu boca y mi silencio
tu portes un masque que nous nous fîmes
mesurant ta narine très légère
mes yeux vifs
le souvenir de ta bouche et mon silence
…y tendrá tus manos que lo hicieron
el sabor del profundo silencio que tú callas
y la trenza de los sueños que tuvimos en su nombre
… et tes mains que le firent auront
le goût du profond silence que tu tais
et la tresse des rêves que nous eûmes en son nom
**
no he querido verte con la luz del día
**
je n’ai pas voulu te voir à la lumière du jour
nos desgraciamos tanto que sin mí no serías lo mismo
ni yo sabría qué hacer para nombrar las cosas
nous nous blessons tant que sans moi tu ne serais pas la même
et moi je ne saurais pas comment faire pour nommer les choses
no con luz de día
no con la piel desnuda
no con el alma entera
ni avec la lumière du jour
ni avec la peau nue
ni avec l’âme entière
no sin proteger los misterios que nos avergüenzan
nunca diciendo todo
para siempre poder volver el uno al otro
en busca del veneno que nos vive
Non sans protéger les mystères qui nous font honte
sans jamais tout dire
afin toujours de pouvoir revenir l’un à l’autre
en quête du venin qui nous anime
Traduction Gabrielle Lécrivain
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Beatriz Viteri Garcés (Guayaquil, 1974).
Licenciada en Comunicación social de la Universidad Católica de Santiago de
Guayaquil. Editora de la revista interprovincial La ruta. Ha organizado varios
talleres, eventos de cultura, comunicación y educación. Forma parte del Taller
literario El Quirófano . Está por publicar el poemario El triste país de los disfraces.
El triste país de los disfraces
Las paredes sienten el miedo de las cortinas que arrastran sus lenguas por
el suelo. Las ventanas se estremecen con el ruido nocturno y el frío que les
llega desde el tejado poblado de gatos acechando la cópula. La lámpara se
mira al espejo, éste le responde con sombras que se acuestan en la cama
y se enrollan en las sábanas. El piso es un cielo de rostros que se forman
con el polvo, la humedad y las manchas del tiempo. El armario es el triste
país de los disfraces. El escritorio, refugio de papeles condenados a acuñar
las despedidas. La casa se frunce en su cuadratura, subrayando con rojo
las heridas, multiplicando los gritos que sigo escuchando a kilómetros de
distancia.
Séparer le blanc de la lumière
Beatriz Viteri Garcés (Guayaquil, 1974)
Licenciée en Comunication sociale de l’Université Catholique de Santiago de
Guayaquil. Éditrice de la revue interdépartementale La ruta. Elle a organisé
divers ateliers, des événements culturels en communication et en éducation.
Elle fait partie de l’atelier littéraire El Quirófano. Elle publie prochainement son
premier recueil, El triste país de los disfraces.
Le triste pays des déguisements
Les murs sentent la peur des rideaux qui traînent leurs langues sur le sol. Les
fenêtres tremblent à cause du bruit nocturne et du froid qui arrive du toit
peuplé de chats qui guettent la copulation. La lampe se regarde dans le miroir,
celui-ci lui répond par des ombres qui se couchent dans le lit et s’enroulent
dans les draps. Le sol est un ciel de visages qui se forment avec la poussière,
l’humidité et les taches de vétusté. L’armoire est le triste pays des déguisements.
Le bureau, refuge de papiers condamnés à consacrer les adieux. La maison se
plie dans sa quadrature, soulignant de rouge les blessures, multipliant les cris
que je continue d’entendre à des kilomètres de distance.
Imán de muerte
Aimant de mort
La luna es imán de muerte. Tiemblan mis rodillas. Palpitan mis venas.
Me sepulta el ébano y el frío. Libera mis demonios, me expone ante mi
destino, me deja vagar descalza. Paso de víctima a cómplice. Desmitifico
su belleza.
La lune est un aimant de mort. Mes genoux tremblent. Mes veines
palpitent. L’ébène et le froid m’ensevelissent. Elle libère mes démons, elle
m’expose à mon destin, elle me laisse errer pieds nus. De victime je deviens
complice. Je démystifie sa beauté.
Cadenas y más cadenas
Des chaînes et encore des chaînes
Quiero que me sostengas con el aire que sale de tu boca, como si fuera
un títere de esos que encontré junto a las pipas rotas que desgastamos de
tanto fuego y saliva. Quiero la habitación llena de tu vapor bajo la luz de
los faros que custodian el asfalto. Quiero sentir un golpe anárquico entre
mis pechos hasta socavarme. Quiero tu voz imitando campanadas en el
cielo. Cadenas y más cadenas. Cuando por fin lo tenga todo, las arrastraré
por siglos.
Je veux que tu me soutiennes avec l’air qui sort de ta bouche, comme si
j’étais une marionnette de celles que j’ai trouvées près des pipes cassées que
nous avons usées de tant de feu et de salive. Je veux l’appartement plein
de tes effluves sous la lumière des phares qui veillent sur l’asphalte. Je veux
sentir un coup anarchique entre mes seins jusqu’à en être fouillée. Je veux
ta voix qui imite des sons de cloche dans le ciel. Des chaînes et encore des
chaînes. Quand enfin je possèderai tout, je les traînerai pendant des siècles.
Fetiches entre las piernas
Fétiches entre les jambes
Todas las noches busco tu mirada de gato bajo las almohadas, y dentro
del armario revuelvo mis interiores para encontrar algún bigote de color
impreciso con aroma a durazno vaginal. Esculturas fisgonean en fila desde
la repisa esta cacería acéfala. Escudriño mis cosas una y otra vez hasta
Tous les soirs je cherche ton regard de chat sous les oreillers, et dans
l’armoire je remue mes sous-vêtements pour y trouver quelque poil de
moustache de couleur vague au parfum de pêche vaginale. Des sculptures
fouinent en rang du haut de la console cette partie de chasse acéphale. Je
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
rebotar sobre mi sombra. Descanso de este caos que te esconde. Todo está
patas arriba y yo boca abajo con mis fetiches entre las piernas.
Un demonio más en mí
Caes sin noche y sin mañana. Te paras a mirar mi boca seca. Enluto tus
manos. Acaricio tus ojos y los niego. Toco tus piernas y las pego con cinta.
Disfruto del ritual. Vuelvo para marcar mi territorio con fluidos nuevos.
En este infierno, sin ese mito, vivo con un dios menos y sobre mí un
demonio más.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
fouille dans mes affaires à plusieurs reprises jusqu’à ce que je rebondisse
sur mon ombre. Je me repose de ce chaos qui te cache. Tout est sens dessus
dessous avec mes fétiches entre les jambes.
Un démon de plus en moi
Tu tombes sans soir et sans matin. Tu t’arrêtes pour regarder ma bouche
sèche. J’endeuille tes mains. Je caresse tes yeux et je les nie. Je touche
tes jambes et je les attache avec un ruban. Je jouis du rituel. Je reviens
pour marquer mon territoire de fluides nouveaux. Dans cet enfer, sans ce
mythe, je vis avec un dieu en moins et sur moi un démon de plus.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Alex Tupiza Aldaz (Quito, 1975)
Forma parte del consejo editorial del la revista Fe de Erratas. Ha escrito a cuatro
manos el libro Fe de Erratas, Quince Años de Éxito, 2006.
Dios sus amores
Alex Tupiza Aldaz (Quito, 1975).
Il fait partie du comité éditorial de la revue Fe de Erratas. Il a écrit à quatre
mains le livre Fe de Erratas. Quince años de Éxito, 2006.
Dieu ses amours
Sabe del mundo que fue
el que es
el que será
Omnipotente
Omnisciente
Omnipresente
pero frente a los muslos de María
no fue más que una triste palomita
Il sait des mondes perdus celui qui est
celui qui sera
Omnipotent
Omniscient
Omniprésent
mais face aux cuisses de Marie
il ne fut rien qu’une triste petite bite
Cristo maestro oral
Le Christ maître oral
Su lengua es una babel en destrucción
cuando se acerca al cielo
que tienes entre las piernas
Sa langue est une babel en destruction
quand elle s’approche du ciel
que tu as entre les jambes
El Quijote sus no lecturas
Le Quichotte ses non-lectures El Quijote no leyó el Quijote
donde en arábigo se anunciaban
todos sus entuertos
sin embargo
sin equivocarse
a muerte combatió a los gigantes
y en las ventas glorificó a las putitas.
Le Quichotte n’a pas lu Le Quichotte
où en arabe s’énonçaient
Tous ses torts
cependant
sans se méprendre
jusqu’à la mort il s’est battu contre les géants
et dans les auberges il a glorifié les petites putains.
El Quijote
Le Quichotte Cuando el Quijote despierte
y no sepa
si a quien sueña es a Pierre Menard
o a Cervantes
sabrá
que uno nunca baja dos veces
al mismo libro.
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Séparer le blanc de la lumière
Quand le Quichotte s’éveillera
et ne saura pas
si c’est à Pierre Ménard qu’il rêve
ou à Cervantès
il saura
qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même livre.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Cristo su complejo de Edipo
Sueña en deshacer la virginidad de maría
en sacar al sol la fehaciente prueba
en asesinar al padre sin suicidarse
para que la vida que se escribe en agua
no se lleve el agua.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Le Christ son complexe d’Œdipe Il rêve de prendre la virginité de marie
de mettre au jour la preuve irréfutable
de tuer le père sans se suicider
pour que la vie qui s’écrit dans l’eau
n’emporte pas l’eau
Traduction : Gabrielle Lécrivain
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Javier Cevallos (Quito, 1976)
Ha publicado La ciudad que se devoró a sí misma, 2001; y C, 2006. Su poesía
consta en varias revistas locales e internacionales.
El Belén
Séparer le blanc de la lumière
Javier Cevallos (Quito, 1976).
Il a publié La ciudad que se devoró a sí misma, 2001; C, 2006 et dans diverses
revues nationales et internationales.
Bethléhem
En mi pequeño
íntimo altar
he puesto dos velas:
Sur mon petit
autel intime
j’ai mis deux bougies:
la primera
en recuerdo del cariño que te tuve
la première
en souvenir de la tendresse que j’ai eue pour toi
y la otra
para acompañar tu cadáver perfumado.
et l’autre
pour accompagner ton cadavre parfumé
Ofelia
Ophélie
En mi ausencia cifro la venganza.
En mon absence je calcule la vengeance.
Mientras me abandono a la corriente
se llora en los pasillos y arcadas.
Tandis que je m’abandonne au courant
on pleure dans les couloirs et les arcades.
Mi lengua, amordazada en nenúfares
y mi boca, sellada por el lodo,
van dejando un rastro en las orillas.
Ma langue, bâillonnée de nénuphars
et ma bouche, scellée de boue
laissent une trace sur les berges.
Soy el cuerpo que ha sido desechado,
la forma amada que se desvanece,
el nombre que no será nombrado.
Je suis le corps que l’on a abandonné,
la forme aimée qui disparaît,
le nom que l’on ne nommera pas.
Es mi llanto el que acrecienta el caudal:
se pierde más en el infortunio que en la muerte.
Ce sont mes pleurs qui gonflent les eaux
on perd davantage dans le malheur que dans la mort.
Decido que he amado
Je décide que j’ai aimé
Asumo para mí
la locura del viajero:
conozco el puerto
mas ignoro el itinerario.
J’assume
la folie du voyageur:
je connais le port
mais j’ignore l’itinéraire.
La venganza se repliega en la mano.
La vengeance se replie dans la main.
El caballo bravío
Le cheval fougueux
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
y el liquen espumante.
et le lichen moussant.
El gesto excede al limo.
Bajo el pantano, el placer del exceso,
el efluvio delirante de la putrefacción.
Le geste dépasse l’alluvion.
Sous le marécage, le plaisir de l’excès,
Les effluves délirants de la putréfaction.
Me confundo con los gritos,
borro las huellas que dejé atrás,
me sumerjo en el lodazal.
Je me mêle aux cris,
j’efface les traces que j’ai laissées derrière moi,
je m’enfonce dans la fange.
Cómplice
Complice
La mirada se hace necesaria
empapando el vestido.
Le regard devient nécessaire
imbibant les habits
Estoy aquí porque así lo quise;
mi rostro, mis pechos serán bellos
en tanto las rocas no los golpeen.
Je suis là parce que je l’ai voulu ainsi;
mon visage, mes seins seront beaux
tant que les rochers ne les lacèreront pas.
Los ojos se deleitan en mi piel moribunda,
cada tarde mutilada,
cada miembro desatado,
piedra a piedra,
olvido y ausencia,
sueño del abandono.
Les yeux jouissent sur ma peau moribonde,
chaque après-midi mutilée,
chaque membre disjoint,
pierre à pierre,
oubli et absence,
rêve de l’abandon.
¿ Quién abandona al otro ?
¿ Yo, empapada de venganza,
una con el lecho del río ?
¿ Tú, cuya prisión es nostalgia
y tu condena, el olvido ?
Qui abandonne qui ?
Moi-même, abreuvée de vengeance;
unie au lit de la rivière
Toi, dont la prison est nostalgie
et ta peine, l’oubli ?
El cauce bebe mi abandono.
Le lit de la rivière boit mon abandon.
Arrastro los secretos de la hiedra,
el susurro del pedernal sonoro,
el agua que conquistará la piedra
y las marcas en el árbol absorto.
J’arrache les secrets du lierre,
le murmure du silex sonore,
l’eau qui conquerra la pierre
et les signes sur l’arbre pensif.
Tras de mí, la agonía aumenta,
el solitario se sabe más solo.
Derrière moi, l’agonie croît,
le solitaire se sait encore plus seul.
La venganza ha sido consumada.
La vengeance a été consommée.
Ha tomado forma
Elle a pris forme
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
en silencio escindido
y conjetura dolorosa.
dans un silence brisé
et une contingence douloureuse.
Se establece la sospecha:
el sexo se encabrita apasionado.
S’installe le doute:
Le sexe se dresse avec passion.
En los labios, la mentira,
la división y el miedo.
Habito el infierno construido,
anhelado,
el borde del gemido y la piel.
Sur les lèvres, le mensonge,
la séparation et la peur.
J’habite l’enfer construit,
désiré,
le bord du gémissement et de la peau.
Llevo el cuerpo coronado de espinas:
delirio de acero,
deseo cercado por la indiferencia.
Encierro al dolor,
lo doblego como a ganado nuevo,
permito
tan solo
que contemple las orillas
lejanas
inalcanzables.
Mon corps est couronné d’épines :
délire d’acier,
désir encerclé d’indifférence.
J’enferme la douleur,
je la dompte comme un taureau fougueux
je permets
seulement
qu’il contemple les rivages
lointains
inaccessibles.
Bajo la lengua guardo el rescoldo,
aquello que, alguna vez, incendió las palabras.
Sous la langue je garde les dernières braises,
Celles qui, une fois, ont incendié les paroles.
Cuando sea una con el silencio,
iré de regreso al hogar.
Quand je serai unie au silence,
Je reviendrai au foyer.
El horizonte rojo de ceniza de Newark
L’horizon rouge de cendres de Newark
Terminal 12 y adioses en espera:
el mundo se asoma a mi ventanilla.
Terminal 12 et adieux en attente
le monde se penche à ma fenêtre
***
¿ y si el viaje no debiera terminar ?
esa luz azulada que se prende y se apaga
transmite, en un código desconocido,
secretos a mi alma.
***
et si le voyage ne devait pas prendre fin ?
cette lumière bleutée qui s’allume et s’éteint
transmet, dans un code inconnu
des secrets à mon âme.
***
nadie me espera.
***
personne ne m’attend.
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
***
¿ y si todos los puertos fueran embarcaderos,
en continua despedida?
la vida no se detiene por el pasajero rezagado.
***
et si tous les ports étaient des embarcadères,
en perpétuels adieux ?
La vie ne s’arrête pas pour le voyageur à la traîne.
***
Museo del Prado
Velásquez, Goya, Picasso
Las Meninas
Museo del Jamón (un restaurante)
Paella vegetariana
frío
nieve
mañana Toledo
13 horas en el avión
tsunami mata 150.000 personas
te amo
***
Musée du Prado
Velasquez, Goya, Picasso
Les Ménines
Musée du Jambon (un restaurant)
Paella végétarienne
froid
neige
demain Tolède
13 heures dans l’avion
le tsunami tue 150.000 personnes
je t’aime
Mamacuchara43
Mamacuchara44
Desde
el
fondo
de
esta
calle
te
ves
tan
pequeña
que me provoca
aplastarte con la punta
de mi dedo
pulgar
43
124
Nombre de un barrio colonial de Quito, con la forma de un cucharón o una gran cuchara.
Séparer le blanc de la lumière
Du
fond
de
cette
rue
tu
te vois
si
petite
que j’ai envie
de t’écraser avec le bout
de mon pouce
Traduction Anne-Marie Durand-Kennett et Rémy Durand
44
Nom d’un quartier colonial de Quito, en forme de grande cuillère.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
David G. Barreto (Quito, 1976).
Publicó su poemario La frágil resistencia, Paradiso Editores, 2006. Es Magíster
en Literatura Hispánica por la University of Michigan, Ann Arbor, y Licenciado
en Literatura y Filosofía por la Catholic University of America, en Washington,
DC. Próximamente varios de sus ensayos serán publicados en las revistas Letras
de la Casa de la Cultura Ecuatoriana y en Podium de la Universidad Espíritu
Santo.
Séparer le blanc de la lumière
David G. Barreto (Quito, 1976).
Il a publié un recueil de poèmes, La frágil resistencia, Paradiso Editores, 2006. Il
est master de littérature ibérique et ibéro-américaine à l’Université de Michigan,
Ann Arbor, et Licencié en Littérature et Philosophie de l’Université Catholique
d’Amérique, à Washington, DC. Prochainement plusieurs de ses essais seront
publiés dans les revues Letras de la Maison de la Culture équatorienne et Podium
de l’Université Espíritu Santo.
Imágenes de Dios
Images de Dieu
Desde Nietzsche, todos los filósofos
quieren ser poetas, todos envidian a los poetas
Depuis Nietzsche, tous les philosophes
veulent être poètes, tous envient les poètes
La Edad de los Poetas está completa
L’Ère des Poètes est complète
A través del espacio,
el cuerpo de la idea se posa como una sombra,
como un dintel de luz que no se agota
en la cercanía de la voz.
A travers l’espace,
le corps de l’idée se pose comme une ombre,
comme un linteau de lumière qui ne s’épuise pas
dans la proximité de la voix
Y entonces,
en la materia del poema,
imágenes de dios:
toda sustancia infinita
que recorre tus nervios, tus huesos,
el universo de los sentidos.
Et alors,
dans la matière du poème,
images de dieu:
toute substance infinie
qui parcourt tes nerfs, tes os,
l’univers des sens.
Llegará el día, llegará,
Il arrivera le jour, il arrivera,
y los muertos estallarán en muertos –
frágil responsorio sin testigo –
para la voz de granito urdiendo el hambre sin conciencia
et les morts voleront en éclats de morts –
fragile répons sans témoin –
pour la voix de granit qui ourdit la faim sans conscience
(Elementales los rezos de los tristes,
soledad sin prisa, insostenible)
(Élémentaires les prières des tristes,
solitude lente, insoutenable)
Y seremos hojas que del tierno mármol se desprenden
al llegar el día, cuando rompa el día –
derrumbe inédito del cuerpo sin respuesta
ni recuerdos, solo,
solamente,
solo
Et nous serons feuilles qui se détacheront du marbre tendre
quand le jour se lèvera, quand le jour surgira –
écroulement inédit du corps sans réponse
ni souvenirs, seul,
seulement,
seul
Alain Badiou, descontextualizado.
126
Alain Badiou, hors contexte.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
El peso amargo de tu cuerpo ciego – sudores de un adiós hendido en tu
presencia
Y es ese momento, cuando la nieve cubre el dulce holocausto del deseo
en un tálamo partido
Cuando el amor es un enemigo intenso, aunque lejano
Es ese momento, cuando agrietamos las lenguas y decimos: Lejanía es el
acoso de uno mismo:
Casuales frases, ruinas de los meses (que son años) que sostienen hasta
hoy en sabor ajeno ese momento, cuando fue
Apartar lo blanco de la luz /
Le poids amer de ton corps aveugle – sueurs d’un adieu enfoui dans ta
présence
Et à cet instant, quand la neige recouvre le doux holocauste du désir
dans un lit nuptial brisé
Quand l’amour est un ennemi intense, bien que lointain
A ce moment-là, quand nous fissurons les langues et que nous disons :
Le lointain est le harcèlement de soi-même:
Phrases banales, ruines des mois (qui sont des années) qui préservent
encore aujourd’hui avec un goût étrange ce moment, quand il fut
(Eros es un enemigo, Anne Carson)
Toda esta profunda nostalgia por una mujer en agreste nombre que me
despoja, como a un animal, del sudor que aún retengo en el silencio
Fundación de Lisboa
Shmuel HaNagid escribe a su hijo, Yehosef, en Córdoba
Algún perro con sus dientes sobre el cuerpo
Nada cambia en el rictus de la muerte
Ésa mi única advertencia
Lisboa, 22-VII-06
Séparer le blanc de la lumière
(Eros est un ennemi, Anne Carson)
Toute cette profonde nostalgie pour une femme au nom rustre qui me
dépouille, comme un animal, de la sueur que je retiens encore dans le
silence
Fondation de Lisboa
Shmuel HaNagid écrit à son fils, Yehosef, à Cordoue
Quelque chien avec ses dents sur le corps
Rien ne change sur le rictus de la mort
Elle est mon unique avertissement
Lisbonne, 22-VII-06
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
128
129
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
César Eduardo Carrión (Quito, 1976).
Ensayista, editor y docente universitario. Estudió Comunicación y Literatura
en Quito y Filología Hispánica en Madrid. Sus ensayos y trabajos críticos han
aparecido en revistas nacionales y extranjeras. Últimos poemarios: Limalla
babélica, Quito, Eskeletra 2009; Pirografías, Quito, Gescultura, 2008; Revés de
luz, Quito, Corporación Cultural Orogenia, 2006. Ha publicado los ensayos:
Habitada ausencia: Historia y poética en la poesía de Javier Ponce, Quito, Casa de la
Cultura Ecuatoriana, 2008; La diminuta flecha envenenada: en torno de la poesía
hermética de César Dávila Andrade, Quito, Universidad Católica del Ecuador,
2007.
Tercera didascalia
Aves desplumadas en la punta de la lengua:
Confesiones reservadas para el lecho de la muerte.
Los mejores instantes escapan:
Un mirlo muy oscuro, frente a la ventana y a la medianoche.
Invisibles el plumaje, los ovarios, los testículos, el falo, la matriz,
nuestros sueños más erectos, absolutamente negros.
El ave pasa sin comer estos alpistes de carbón, estos licores de cianuro.
Vuela alto el emplumado solitario. Sin embargo,
nuestra atávica desidia nos impide admirarlo.
Los mejores momentos atoran intestinos, pervierten digestiones.
Escondemos nuestra dicha como madres que maceran avaricia
en sus fetos tumefactos. Destrozamos cada nido del alféizar con la boca:
Mil veces inhóspitos,
mil veces pertinaces las palabras del acecho.
¿ Cómo volveremos a juntar nuestra limalla dispersada sobre el campo ?
Sobre los cuerpos acribillados de aquellos mirlos,
nuestro amor se compadece de su carga. Cometemos las masacres
agarrotados de embelesos. Nos dijimos que era el clima que mostraba su
inclemencia.
¡Cómo sostener fragilidades tan pesadas!
El hombre esparcido en un cieno profundo.
El mirlo del instante extraviado en el cielo.
¡Que un relámpago divida en la mitad nuestro tiempo!
Queja de invierno
A quemar sobre las rocas los harapos de la infancia invita el frío.
Y ya que había guardado en los bolsillos un puñado de la sal de aquel
desierto,
con ella me baño y celebro el asombro de ser como el pez cuando sale
del agua:
130
Séparer le blanc de la lumière
César Eduardo Carrión (Quito, 1976).
Essayiste, éditeur et professeur. Il a étudié la communication et la littérature
à Quito et la philologie hispanique à Madrid. Ses essais et travaux critiques
ont paru dans des revues nationales et étrangères. Parmi ses derniers recueils :
Limalla babélica, Quito, Eskeletra, 2009; Pirografías, Quito, Gescultura, 2008;
Revés de Luz, Quito, Corporation culturelle Orogénie, 2006. Il a publié les essais
Habitada ausencia. Historia y poética en la poesía de Javier Ponce, Quito, Maison
de la Culture équatorienne, 2008 ; La Diminuta Flecha envenenada: en torno
de la poesía hermética de César Dávila Andrade”, Quito, Université Catholique
d’Équateur, 2007.
Troisième didascalie
Oiseaux déplumés sur la pointe de la langue :
Confessions réservées pour le lit de la mort.
Les meilleurs instants s’échappent :
Un merle très obscur, face à la fenêtre et au milieu de la nuit.
Invisibles le plumage, les ovaires, les testicules, le phallus, la matrice,
nos rêves les plus érigés, absolument noirs.
L’oiseau passe sans manger ce millet de charbon, ces liqueurs de cyanure.
Il vole haut l’emplumé solitaire. Cependant,
notre négligence atavique nous empêche de l’admirer.
Les meilleurs moments bouchent les intestins, perturbent les digestions
Nous cachons notre bonheur comme des mères qui font macérer l’avarice
dans leurs fœtus tuméfiés. Nous détruisons chaque nid des bords des fenêtres
Mille fois inhospitaliers,
mille fois tenaces les mots de l’affût.
Comment parviendrons-nous à rassembler notre limaille éparpillée dans le
champ ?
Sur les corps criblés de ces merles,
notre amour prend pitié de sa charge. Nous commettons les massacres
saisis de ravissements. Nous nous sommes dit que c’était le climat qui
montrait son inclémence.
Comment soutenir des fragilités aussi pesantes !
L’homme répandu dans une boue profonde.
Le merle de l’instant égaré dans le ciel.
Qu’un éclair divise en deux notre temps !
Plainte d’hiver
Le froid invite à brûler sur les roches les haillons de l’enfance
Et puisque j’avais gardé dans les poches une poignée du sel de ce désert,
je m’en lave et je célèbre l’étonnement d’être comme le poisson quand il
sort de l’eau :
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
¡ Sacúdete, constríñete, alimaña,
que tu cárcel pedagógica se quema !,
porque así gesticularon los profetas:
Epilépticos, escatológicos;
porque el color de nuestra sombra decidieron cuando hablaron de la luz
sin saber apenas nada de cromática, de óptica, de estética;
porque así hemos observado por su culpa las galaxias:
Mitómanos, megalómanos.
Y en gran medida por su culpa seguiremos esperando
el día en que regresen de los mares esos dioses primitivos:
Neptunos, viracochas, mercaderes,
pontífices, poetas y quimera
Parada en el abrevadero
Imagina que este río del que bebes es la calle o el zaguán que tanto
añoras.
Haz de cuenta que estas barcas que transportan penitentes
son los autobuses que nos llevan a la escuela…
¿ Qué habrá en el paraíso en vez de infancia ?
¿ Quién habita en el averno en vez de ancianos ?
¡ Dónde estará aquella niña
que te besó el primer día de clases !
Llegará tu niñez remozada, sus señales serán aguarrás
y tus puños serán el formón que conduzca sus tintas
por canales profundos. Será este poema otra quilla.
Ya vendrá un recién nacido, como el hijo de otra estrella,
completamente tierno, completamente roto,
y hastiado de la muerte sin haberla conocido.
¡ Apéate del barco mientras llega tu mesías,
apéate del mundo mientras gires sobre el sueño !
Séparer le blanc de la lumière
Secoue-toi, force-toi, animal nuisible,
que ta prison pédagogique flambe !,
car ainsi gesticulèrent les prophètes :
Épileptiques, scatologiques;
parce qu’ils décidèrent de la couleur de notre ombre quand ils parlèrent
de la lumière
sans rien savoir de la chromatique, de l’optique, de l’esthétique;
parce qu’à cause d’eux nous avons observé les galaxies de cette manière. Mythomanes, mégalomanes.
Et en grande partie à cause d’eux nous continuerons à attendre
le jour où reviendront des mers ces dieux primitifs :
Neptunes, viracochas45, marchands,
pontifes, poètes et chimère.
Arrêt à l’abreuvoir
Imagine que cette rivière à laquelle tu bois est la rue ou le vestibule que
tu regrettes tant.
Fais comme si ces barques qui transportent des pénitents
sont les autobus qui nous emmènent à l’école…
Qu’y aura-t-il au paradis à la place de l’enfance ?
Qui habite l’enfer à la place des anciens ?
Où sera cette petite fille
Qui te donna un baiser à la rentrée des classes!
Elle arrivera ton enfance retrouvée,
ses signaux seront essence de térébenthine
et tes poings seront le ciseau qui conduira ses encres
par des canaux profonds. Ce poème sera une autre quille.
Bientôt un nouveau-né viendra, comme le fils d’une autre étoile,
totalement tendre, totalement brisé,
et lassé de la mort sans l’avoir connue.
Descends de la barque tandis qu’arrive ton messie,
descends du monde tandis que tu tournes autour du rêve !
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Viracocha : Le dictionnaire de la Real Academia Española indique que le nom commun viracocha désigne
chez les Incas un conquistador espagnol. Ce nom d’origine quechua était au départ un dieu de la
mythologie inca, Firacocha. Ce dieu créateur, censé revenir parmi les Incas, était décrit avec des traits
physiques proches de ceux des Européens, ce qui explique en partie l’accueil fasciné que réservèrent
d’abord les Incas aux conquistadors. (NdT)
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Quinta didascalia
La tierra engulle lentamente los humores del canalla,
tan amargos como la senectud de los profetas,
tan ajenos como el sopor de los elegidos.
No queda un reducto de altivez cualquiera:
Se contorsionan los lomos secretos de este planeta.
La ley indefectible de las alternancias
declina un momento para disipar su justicia:
Son los amigos que han muerto.
Menos mal, un dios piadoso se retuerce en el cerebro del que olvida.
Se escabullen las caricias del creyente por los diques de las horas.
A cambio de algún fruto sedicioso de memoria, conspiramos
entre las piernas de rameras, entre los jugos de la lascivia.
Deberíamos saber que toma tiempo murmurar los resplandores.
No lograríamos cegar los manantiales ni el murmullo de las fuentes de la
noche.
Podemos recorrer un mundo entero de palacios y banquetes,
pero el rumor de los gusanos crecerá hasta lo estentóreo.
De nada vale mancharnos los dedos de aceite,
ungirnos con respuestas.
En cada entierro, el polvo lucha
por levantarse
de su propia resignación…
Y en silencio, un latido obstinado reinicia y prolonga la vida hacia afuera.
Ars combinatoria
Libertad es encontrarse con el otro cuando es nadie,
siendo alguien, por si acaso, por si alguno se interesa
en la fecha liberada en cada muda de la piel de la serpiente.
Aquel que atraviesa pantanos de brea y esculpe en el humo
incrédulos rostros, siluetas ajadas, martirios eternos.
Aquel que debería ser llamado con los nombres
de todos los tiempos, en todas las lenguas, de todos los hombres:
¡ Materia mezquina !
¿ Libertad es dejar suceder esta nada ?
Feliz procesión de entelequias,
albur que seduce a la tribu,
el totalmente otro combina su nada y nadea.
Séparer le blanc de la lumière
Cinquième didascalie La terre engloutit lentement les humeurs de la canaille,
aussi amères que la vieillesse des prophètes,
aussi étranges que l’assoupissement des élus.
Il ne reste rien d’une quelconque arrogance:
Se contorsionnent les échines secrètes de cette planète.
La loi indéfectible des alternances
décline un moment pour répandre sa justice :
Ce sont les amis qui sont morts.
Moindre mal, un dieu pieux se recroqueville dans le cerveau de celui qui oublie.
S’échappent les caresses des croyants par les digues des heures.
En échange de quelque fruit séditieux de mémoire, nous conspirons
entre les jambes des prostituées, entre les jus de la lascivité.
Nous devrions savoir que murmurer les splendeurs, cela prend du temps.
Nous ne parviendrions pas à assécher ni les sources ni le murmure des
fontaines de la nuit.
Nous pouvons parcourir tout un monde de palais et de banquets,
mais la rumeur des vers enflera jusqu’à l’assourdissement Cela ne sert à rien de nous tâcher les doigts d’huile,
de nous oindre de réponses.
A chaque enterrement, la poussière lutte
pour s’élever
de sa propre résignation.
Et en silence, un battement obstiné renouvelle et prolonge la vie vers l’au-dehors.
Ars combinatoria La liberté c’est se trouver avec l’autre quand il n’est personne,
tout en étant quelqu’un, si par hasard, si quelqu’un s’intéresse
à la date libérée à chaque mue de la peau du serpent.
Celui qui traverse des marais de goudron et crache dans la fumée
des visages incrédules, des silhouettes marinées, des martyres éternels.
Celui qui devrait être nommé avec les noms
de tous les temps, de toutes les langues, de tous les hommes :
Matière mesquine !
La liberté est-ce laisser arriver ce néant ?
Heureuse procession d’entéléchies,
coup de dés qui séduit la tribu
Le nouveau né combinant son néant, néante.
Traduction Gabrielle Lécrivain
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Rafael Méndez Meneses (Guayaquil, 1976).
Periodista. Ha publicado los poemarios Principio de caos jamás acaecido, 2002;
Nadie es poeta en su tierra, 2006; Que mi alma se la lleve el diablo, 2008;y Selección
natural, 2010.
Séparer le blanc de la lumière
Rafael Méndez Meneses (Guayaquil, 1976).
Journaliste. Il a publié les recueils Principio de caos jamás acaecido, 2002; Nadie es
poeta en su tierra, 2006; Que mi alma se la lleve el diablo, 2008; y Selección natural,
2010.
Malecón 2000
Jetée 2000
No besar
ni oler a sexo
mucho menos
rozar la perfección de tus caderas
matemos la magia
y ahoguemos el instinto
pues hay niños retozando por allí
Lo que sí podemos es
avisar si vienen
con su botella de cola
inhalando pegamento
sin zapatos sin sueños
a invadir este lugar
deslucirlo
como si fuera su tierra prometida
Ne pas embrasser
Ni sentir le sexe
Encore moins
effleurer la perfection de tes hanches
Tuons la magie
et étouffons l’instinct
car il y a des enfants qui batifolent par ici
Ce que nous pouvons faire c’est
prévenir s’ils arrivent
avec leur bouteille de cola
aspirant de la colle
sans chaussures sans rêves
pour envahir cet endroit
le détériorer
comme si c’était leur terre promise
Humo blanco
Fumée blanche
Habemus hambre inequidad sida deuda eterna
mercado global santa inquisición hateblogs pornotube
niños abusados estado de derecha matrimonios gay
AGD niños en el limbo gente santa excomulgada
Habemus faim iniquité sida dette éternelle
marché global sainte inquisition haineblogs pornotube
enfants abusés état de droite mariages gays
AGD46 enfants dans les limbes gens saints excommuniés
pero gracias a Dei (y a pesar de su opus)
mais grâce à Dei (malgré son opus)
habemus fe
habemus esperanza
habemus foi
habemus espérance
La camiseta del Che
Le tee-shirt du Che
Allí está tu hijo con su barba
su boina del che
su camiseta del che y
las frases del che
con sus botas
Gritando consignas ese vago
jodiéndonos la vida el muy pendejo
Ici se trouve ton fils avec sa barbe
son béret de che
son tee-shirt de che
les phrases de che
avec ses bottes
Il donne des ordres ce bon-à-rien
il nous fait chier le connard
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Agence de Garanties et de Dépôts
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
mientras vos
te partes el alma en nuestra factoría
de camisetas del che y
lavas nuestros platos
le envías unos dólares
para que el cojudo nos compre
otra camiseta del che
tandis que
tu te crèves l’âme dans notre usine
de tee-shirts de che et
tandis que tu laves nos plats
tu lui envoies quelques dollars
pour que le connard nous achète
un autre tee-shirt du che
Papel higiénico
Papier toilette
Decía Sabines que hubo una vez en
México
un ministro ostentoso
que se limpiaba el culo con el pueblo
Sabine disait qu’il était une fois à
Mexico
un ministre fastueux
qui se torchait le cul avec le peuple
Por acá no hacen tanto alarde
cuando
se limpian el culo con la Constitución.
Ici on ne fait pas tant d’histoires
quand
ils se torchent le cul avec la Constitution.
Esto no es poético
Ceci n’est pas poétique
Carece de erudición
metáforas, tragedia
alusiones a poetas malditos
y lo peor de todo
no vino con instrucciones
para concretar el soborno al jurado
Il manque d’érudition
de métaphores, de tragédie
allusions à des poètes maudits
et le pire de tout
il n’est pas venu avec des instructions
pour soudoyer les jurés
Séparer le blanc de la lumière
Traduction Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Siomara España (Manabí, 1976).
Licenciada en Literatura y Español. Ha publicado los poemarios Concupiscencia,
2007 y Alivio Demente, 2008. Primer Premio de Poesía, Universidad de Guayaquil,
2008 y finalista en el concurso de cuentos Jorge Luis Borges, Argentina, 2008.
El regreso de Lolita
Yo soy Lolita
así los Lobos esteparios
me desenreden
las trenzas con sus dientes
y me lancen
caramelos de cianuro y goma.
Intuí mi nombre aquel día del puerto
con los náufragos
¿ recuerdas ?
Y aquel combate
con Vladimir, el imperecedero. Sé que soy Lolita
lo supe cuando me entregó
sus manos laceradas de escribirme.
Por eso cuando apareciste
libidinoso y suplicante
a contarme tus temores
te dejé tocarme
morder mis brazos y rodillas
te dejé mutilar entre mis piernas
los ardides de Charlotte.
Sabía que tu vieja espada
cortaría una a una mis venas
mis pupilas
y me burlé cien veces
de tu estupidez de niño viejo
llorando entre mi vientre.
y cuando todos los náufragos del mundo
volvieron a mi puerto
a entregarme dádivas
que yo pagaba con carne
tú saltaste tras mi sombra
mientras yo huía y bailaba.
Por eso sé que soy Lolita,
la nínfula de moteles y anagramas
que vuelve con la maleta al hombro
a retomar tras años el pasado.
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Séparer le blanc de la lumière
Siomara España (Manabí, 1976).
Licenciée en littérature et en espagnol. Elle a publié les recueils Concupiscencia,
2007 et Alivio Demente,2008. Premier Prix de poésie universitaire, Université
de Guayaquil, 2008, et finaliste au concours de contes «Jorge Luis Borges»,
Argentine, 2008.
Le retour de Lolita
Je suis Lolita
ainsi les Loups des steppes
dénouent
mes tresses avec leurs dents
et me jettent
des caramels de cyanure et de caoutchouc.
J’ai eu l’intuition de mon nom ce jour-là au port
avec les naufragés
te rappelles-tu ?
Et ce combat
avec Vladimir, l’éternel.
Je sais que je suis Lolita
je le sus quand il m’a donné
ses mains lacérées à force de m’écrire.
Ainsi quand tu apparus
libidineux et suppliant
pour me raconter tes frayeurs
je t’ai laissé me toucher
mordre mes bras et mes genoux
je t’ai laissé mutiler entre mes jambes
les ruses de Charlotte.
Je savais que ta vieille épée
couperait une a une mes veines
mes pupilles
et je me suis moquée cent fois
de ta stupidité de vieil enfant
qui pleurait sur mon ventre.
et quand tous les naufragés du monde
sont revenus à mon port
pour m’offrir des cadeaux
que je payais en nature
tu as bondi derrière mon ombre
tandis que moi je fuyais et dansais.
C’est pour cela que je sais que je suis Lolita,
la nymphette des motels et des anagrammes
qui revient la valise à l’épaule
reprendre le passé après bien des années
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Duelo
Deuil
Estoy haciendo todos los duelos
a esta muerte:
corto mis uñas,
mi cabello,
lo visto de negro,
así como a mi cuerpo.
Cuelgo una manta en tu retrato
y voy dibujando espacios
ensangrentado besos,
disfrazando fantasmas,
Esquinas inconscientes
de laberintos y bares
mientras manos anacoretas
emparedan los rincones.
Con ojos vendados,
diagramados,
oxidados,
lapidados de salitre,
emprendo los duelos pertinentes.
Hasta que liquide
la hecatombe de la almohada,
de la espalda, del derecho y del revés.
Porque cuando me recupere de los golpes:
contra puertas, ventanas y escaleras,
entregaré a Abrahán, a Isaac
y a todos los profetas
los sacos de cenizas,
donde guardé el duelo de esta muerte.
Je porte tous les deuils
de cette mort:
je coupe mes ongles,
mes cheveux,
je les coiffe en noir,
de même que mon corps.
Je suspends un manteau sur ton portrait
et je dessine des espaces
je blesse les baisers jusqu’au sang
je déguise les fantômes.
Carrefours inconscients
de labyrinthes et de bars
tandis que des mains anachorètes
murent les coins.
Les yeux bandés,
diagrammés
rouillés,
lapidés de salpêtre,
j’entame les deuils pertinents.
Jusqu’à liquider
l’hécatombe de l’oreiller,
du dos, de l’endroit et de l’envers.
Car lorsque j’aurai récupéré des coups:
sur les portes, les fenêtres et les escaliers
je donnerai à Abraham, à Isaac
et à tous les prophètes
les sacs de cendres,
où j’ai gardé le deuil de cette mort.
*
*
Me despido de tu cuerpo
de tus ojos, de tus manos
de la cama vieja y de su estruendo
me despido de las fiebres
de los ecos de mis huesos en tus manos
de tus dientes mordedores
me despido porque es temprano
me despido porque aún escucho tus gemidos.
A chorros me sangran tus heridas
aún escarbo la nostalgia de tu cuerpo
porque si no me marcho
podríamos ser felices.
Je prends congé de ton corps
de tes yeux, de tes mains
du vieux lit et de ses fureurs
je prends congé des fièvres
des échos de mes os dans tes mains
de tes dents carnassières
je prends congé parce qu’il est tôt
je prends congé parce que j’entends encore tes gémissements.
Tes blessures me couvrent toute entière de sang
je fouille encore la nostalgie de ton corps
parce que si je ne pars pas
nous pourrions être heureux.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
*
*
El mar se desparrama
se parte en pedazos
los niños lloran
cansados de morder el agua
el duro pan
las algas secas
los náufragos por su parte
buscan látigos de fuego
los heridos retazos
para cobijar sueños
lejos el eco parpadea
nado en turbulencias
y el mediodía asoma su rostro envenenado.
La mer se répand
se brise en morceaux
les enfants pleurent
las de mordre l’eau
le pain dur
les algues sèches
les naufragés de leur côté
cherchent des fouets de feu
les morceaux blessés
pour protéger les rêves
au loin l’écho cligne des paupières
je nage dans des turbulences
et midi montre son visage empoisonné
La casa vacía
La maison vide
No
invites a
nadie a nuestra casa
pues repararan en
puertas, paredes, escaleras
y ventanas, mirarán la polilla en los
rincones, los cerrojos oxidados, las lámparas
ciegas, arruinadas. No traigas a nadie
a nuestra casa pues no tendrán más
que angustia
de tu mesa,
de tu cama,
del mantel,
del mobiliario,
se reirán de
pena por las
tazas, fingirán
nostalgia
de mi nombre
y reirán también de nuestra hamaca.
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Séparer le blanc de la lumière
N’invite
personne
chez nous
car ils répareront
portes, murs, escaliers
et fenêtres, ils chercheront les mites dans les
coins, les serrures rouillées, les lampes
aveugles, cassées. N’invite personne
chez nous car ils ne trouveront
que l’angoisse
de ta table,
de ton lit,
de la nappe,
du mobilier
ils riront de
peine à cause
des tasses, ils feindront
la nostalgie
de mon nom
et se moqueront aussi de notre hamac.
No traigas más gente a nuestra casa
pues te escribirán canciones,
te entusiasmarán el alma,
te susurrarán traviesos,
sembrarán una flor en tu ventana.
N’invite personne chez nous
car ils t’écriront des chansons,
ils encourageront ton âme,
espiègles ils chuchoteront à ton oreille
ils sèmeront une fleur à ta fenêtre.
Por eso no debes, te lo ruego,
traer más gente a nuestra casa
pues se pondrán rosados,
A cause de ça, tu ne dois pas, je te prie
inviter plus de gens chez nous
car ils deviendront roses,
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
verdosos, rojizos o azulados,
al descubrir paredes rotas
las plantas marchitadas.
verdâtres, rougeâtres ou bleutés,
quand ils découvriront les murs détruits
les plantes fanées.
Querrán barrer en los rincones
querrán abrir nuestras persianas
y encontrarán seguro entre mis libros
las excusas perversas que buscaban.
Ils voudront balayer dans les coins
ils voudront ouvrir nos persiennes
et certainement trouveront dans mes livres
les excuses perverses qu’ils cherchaient.
No traigas más nadie a nuestra casa,
así descubrirán nuestros absurdos
te llevarán lejos a otras playas
te contarán historias de naufragios
te sacarán a rastras de esta casa.
N’invite personne chez nous,
ils découvriront ainsi nos absurdités
ils t’emmèneront loin sur d’autres plages
ils te raconteront des histoires de naufrages
ils te traîneront loin de cette maison.
Traduction Rémy Durand
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Ernesto Carrión (Guayaquil, Ecuador, 1977)
Autor de La muerte de Caín, cuarteto formado por los poemarios El libro de
la desobediencia, Carni vale, Labor del extraviado y La bestia vencida (CCE,
2007), que es, a su vez, el primer volumen de una trilogía única titulada Ø.
Del quinteto Los Duelos de Una Cabeza sin Mundo, han aparecido: Fundación
de la niebla (Cascahuesos editores, Perú, 2010), Demonia factory (Zignos, Perú,
2007; Eskeletra, Ecuador, 2008; Limón Partido, México, 2009; El Conejo,
2011), Monsieur Monstruo (Ed. de autor, Ecuador, 2009) y Los diarios sumergidos
de Calibán I (Doble Rostro editores, Ecuador, 2011). Además ha publicado:
Toma esta cabeza mestiza por donde rodará un dios judío (Santa Muerte cartonera,
México, 2008), la plaquette Los diarios sumergidos de Calibán (Conaculta,
México, 2009), Bóveda 66 (Matapalo cartonera, Ecuador, 2010/ Mantis editores,
México, 2011) y Ghetto americano (Catafixia editores, Guatemala, 2010). Tuvo
a su cargo el volumen Identidades a plazo. Recopilación de textos de pacientes del
Hospital Psiquiátrico Lorenzo Ponce (CCE, 2008). Ha sido Premio Nacional
de Poesía César Dávila Andrade (2002), Premio Latinoamericano de Poesía
Ciudad de Medellín (2007), Premio Nacional de Poesía Jorge Carrera Andrade
(2008), Finalista del II Certamen Hispanoamericano de Poesía Festival de
la Lira (2009) y Becario del Fonca y la Agencia Española de Cooperación
Internacional para el Desarrollo (2009).
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Ernesto Carrión (Guayaquil, 1977).
Auteur de La muerte de Caín, qui comprend quatre parties: El Libro de la
Desobediencia, Carni vale, Labor del Extraviado y La Bestia Vencida (Maison de la
culture équatorienne 2007), qui est à son tour le premier volume de la trilogie Ø.
Du quintil Los duelos de una cabeza sin mundo, ont déjà paru les livres: Fundación
de la niebla (Éditions Cascahuesos Pérou, 2010), Demonia factory (Zignos, Pérou,
2007; Eskeletra, Équateur, 2008; Limón Partido, Mexico, 2009; El Conejo,
Équateur, 2011), Monsieur Monstruo (Chez l’auteur, Équateur, 2009) et Los diarios
sumergidos de Calibán I (Doble Rostro editores, Équateur, 2011). Il a également
publié Toma esta cabeza mestiza por donde rodará un dios judío (Santa Muerte
cartonera, Mexico, 2008), la plaquette Los diarios sumergidos de Calibán (Conaculta,
Mexico, 2009), Bóveda 66 (Matapalo cartonera, Ecuador, 2010/ Mantis editores,
México, 2011) et Ghetto americano (Éditions Catafixia, Guatemala, 2010). Il a
dirigé le volume Identidades a plazo. Recopilación de textos de pacientes del Hospital
Psiquiátrico Lorenzo Ponce (Maison de la culture équatorienne, 2008) et sa poésie
a obtenu de nombreux prix, tels le Prix National César Dávila Andrade (2002),
le Prix Latino-américain Ciudad de Medellín (2007), le Prix National Cesar
Davila Andrade (2008); finaliste du IIème concours hispanoaméricain de Poésie
«Festival de la Lira» (2009), boursier du Fonca et de l’Agence espagnole du Fonds
international pour le développement (2009)
Desembarco en el país salvaje
Débarquement au pays sauvage
hacia el progreso, atado, fijando el remezón del sueño sumergido en
vinagre, las aguas milagrosas del cielo bajan por la cañada de la madre
abierta, tensa y temblorosa para que el día empiece. Para que encubra su
equilibrio la vida con su juglar de luz, con su lagarto de sol, para que yo
viviera. Para que yo enseñara el músculo a este público ausente, a este
público urgente y maravillado por el miedo que protege sus recuerdos en
el combate de leer o de posar la mano.
vers le progrès, attaché, qui fixe les convulsions du rêve noyé dans du
vinaigre, les eaux miraculeuses du ciel descendent dans le vallon de la
mère ouverte, tendue, et qui tremble pour que se lève le jour. Pour que
son équilibre dissimule la vie avec son jongleur de lumière, avec son
lézard de soleil, pour que je vive. Pour que je montre le muscle à ce
public absent, à ce public urgent et émerveillé par la peur qui protège ses
souvenirs dans le combat de lire ou de poser la main.
hábiles cenizas que han llegado creciendo contra el fuego y la piedra al
hogar del silencio. A esta línea imprecisa donde la respiración se atrasa y
todo tiempo pasado deja de ser mejor, deja de ser certeza.
habiles cendres qui ont fini par grandir contre le feu et la pierre dans le
foyer du silence. Sur cette ligne imprécise où la respiration tarde et où
tout temps dévolu cesse d’être meilleur, cesse d’être certitude.
concentradas las migas y el huso de la ausencia lustrada a diente, las
manos viven tocando, empuñando secretos para entender que la imagen
no se detiene. Despeñaderos de sombras que adoran las cabezas que sólo
se interrogan detrás de las palabras (único lugar donde se interroga).
concentrées les mies et les fuseaux de l’absence lustrée à coups de
morsures, les mains vivent en touchant et en empoignant des secrets
pour comprendre que l’image ne s’immobilise pas. Précipices d’ombres
qui adorent les têtes qui seulement se posent des questions derrière les
paroles (unique lieu où on se pose des questions).
y así, vamos de pie o de la mano bajo un cielo salivado por ese bronco
lagarto que cancela sin quejarse sus devoraciones. Arrasando el
conocimiento la transcripción de esta voz –sin torso– que prefiere la
tinta suelta a su sangre-lava. Buscando el amo en la línea o el mayoral
inclemente que nos deje fatigados hasta vagar placenteros en la
equivocación peligrosa de olvidar qué somos. Hasta iniciar arruinados la
mediocridad laboriosa de otros mundos, otras preocupaciones.
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et ainsi, nous allons debout ou main dans la main sous un ciel que
salive ce lézard enroué qui paye ce qu’il a dévoré sans se plaindre. La
traduction de cette voix, extirpant la connaissance – sans torse – qui
préfère l’encre libérée à son sang-lave. Cherchant le maître sur la ligne
ou le contremaître sévère qui nous épuise jusqu’à ce que nous errions
reconnaissants dans l’erreur de l’oubli de notre identité. Jusqu’à découvrir
déchus la médiocrité laborieuse d’autres mondes
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Y así,
yo me propongo escribir
yo me decido a escribir
para mentirme que parto
– cuando no es cierto–
Ainsi,
je me propose d’écrire
je me décide à écrire
pour me faire croire que je pars
– alors que ce n’est pas vrai –
para escupir este sueño
de haber vivido.
Pour cracher ce rêve
d’avoir vécu.
Desconstrucción de Pessoa
Déconstrution de Pessoa
Séparer le blanc de la lumière
Tras las máscaras máscaras me acechan.
Derrière les masques des masques m’épient.
Álvaro de Campos
El comienzo es siempre una simiente que mejora el crimen y el silencio.
O sobre el pecho, esta escalera de mundos que no llegan a ninguna puerta,
a ninguna cerradura. Que demoran mi temor de no morir ajeno,
por no decir que el tiempo me visita.
Vivir consigo mismo es tan difícil,
cuando lo único cierto es un tambor de pieles que los otros rompen
para levantar sus voces. La majestad del hueso, que asienta su cardumen,
sobre el podrido eje de una tierra fría.
¿ Pero sabrá el otro, que enarbola su canto desde las entrañas,
que yo también existo ? ¿ qué también yo canto ?
Aunque la realidad no puede ser el otro,
porque sé que tampoco soy yo mismo: un espejo astillado bajo la luz
caliente...
Y la poesía, obra pura que derrota mi lugar en este sitio.
HERMOSO MONSTRUO. Reflejo fiel del ser humano que no
construye
ni destruye nada. Acaso tú, la más segura de las máscaras que tuve,
la más desvergonzada; no terminarás siendo otra cuando alguien
pase tus páginas sin entenderte.
Cuando alguien piense este canto, para todos. Le commencement est toujours une semence qui améliore le crime et le
silence.
Ou sur la poitrine, cet escalier de mondes qui ne mènent à aucune porte.
à aucune serrure. Qui retardent ma crainte de ne pas mourir étranger,
pour ne pas dire que le temps me rend visite.
Vivre avec soi est si difficile,
quand la seule chose dont on est sûr c’est un tambour de peaux que les
autres crèvent
pour mieux crier. La majesté de l’os assure sa profusion,
sur l’axe pourri d’une terre froide.
L’autre saura-t-il, lui qui brandit son chant depuis les entrailles,
que moi aussi j’existe ? que moi aussi je chante ?
Bien que la réalité ne soit pas l’autre,
parce que je sais que je ne suis pas moi-même: un miroir mis en pièces
sous la chaude lumière...
Et la poésie, œuvre pure qui met en déroute mon espace, à cet endroit.
BEAU MONSTRE. Reflet fidèle de l’être humain qui ne construit
ni ne détruit rien. Peut-être toi, le plus sûr des masques que j’aie eus,
la plus effrontée; tu ne finiras pas en étant une autre quand on tournera
les
pages de ton livre sans te comprendre.
Quand on évoquera ce chant, pour tous.
Álvaro de Campos
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Séparer le blanc de la lumière
Hölderlin soñado por Scardanelli
Hölderlin rêvé par Scardanelli
A...
A...
No es apacible un muerto, como el candil que espera obediente sobre la
mesa hueso de papeles, pues nunca guardo mis cantos por la mañana,
cantos de la amistad o la bondad de mayo; sea de un solo Dios o de estos
dioses, que registran el recorrido de las presas, siempre de sencillo destino.
Presas que de aquí para allá tantean por estos campos, con similar temor
y recogimiento en sus patas traseras.
Un mort n’est pas calme, comme la lampe à huile obéissante qui attend
sur la table un os en papiers, car jamais je ne garde mes chants le matin,
chants de l’amitié ou de la bonté de mai; que ce soit d’un seul Dieu
ou de ces dieux qui consignent le parcours des proies, toujours vers un
simple destin. Proies qui d’ici à là-bas tâtonnent à travers ces champs,
avec la même crainte et le même recueillement, sur leurs pattes arrière.
Miro a cada instante, y por la ventana, cuando no arreglo mi cama ni estoy
moviéndome de un punto a otro, como si acampara en un incendio de
proporciones dementes; y vuelve un pájaro negro o amarillo, a la rama de
la que escribo con la eficacia que encadena a la página por ser llenada. La
aspiración por la escritura es sólo esta aceptación de no salvarme.
Je regarde à chaque instant, et par la fenêtre, quand je ne fais pas mon lit
ou que je ne bouge pas d’un endroit à un autre, comme si je campais dans
un incendie aux proportions démentes; et revient un oiseau noir ou jaune,
sur le papier où j’écris avec l’efficacité qui enchaîne la page une fois remplie.
L’aspiration à l’écriture est uniquement cette acceptation de ne pas me sauver.
Sueño ¿por qué no? con cien lugares distintos, y gente que nunca he visto
y que me llama por nombres diferentes. Gente que me da comodidad
enorme y que de cuando en cuando me pide que despolve el piano.
Je rêve, pourquoi pas?, à cent lieux distincts et à des gens que je n’ai jamais vus
et qui m’appellent de noms différents. Des gens qui me rassurent pleinement
et qui de temps en temps me demandent de dépoussiérer le piano.
Por eso prefiero a veces, por la tarde, cuando me vienen a buscar
silenciosamente para llevarme a pasear doblado sobre los viñedos, o por
los campos aún no tachados por las amapolas (siempre como a un pequeño
niño, que no sabe que soltarse es peligroso), dormir hasta alcanzar el hastío
que me da otro sueño. Cerrar los ojos tajados por las cosas, y no pensar
más en el verso que desprecio, en Susette Gontard, y en los amigos que
han muerto o morirán despacio bajo el pilar de otros.
Voilà pourquoi je préfère parfois, l’après-midi, quand ils viennent me chercher
en silence pour m’emmener me promener, plié en deux, dans les vignes, ou à
travers les champs qui ne sont pas encore tachés de coquelicots (toujours
comme un petit enfant, qui ne sait pas que s’échapper est dangereux), dormir
jusqu’à atteindre le dégoût que m’offre un autre rêve. Fermer les yeux déchirés
par les choses, et ne plus penser au vers que je méprise, à Suzette Gontard, ou
aux amis qui sont morts ou qui vont mourir lentement sous le pilier des autres.
Ni deseo pensar en la familia, desterrada o descuidada por la escritura.
Y hablo por mí mismo –o a quien me leyere– como un hombre contradictorio
y orgulloso de serlo. Como un hombre que no ha sentido en la poesía
mayor necesidad que la de ocultarse, la de encimar un sitio arruinado en
el cual ya se sentía diferente. Un lugar insuficiente, donde un trapiche de
frases celaban mis pecados más modestos. Esa presencia de crimen que
hace llorar la cordura desorbitada en los límites de su caballo. Esa niñez
temperada, soberbiamente preñada, en su potranca-luz de árboles de trébol.
Je ne veux même pas penser à la famille, exilée ou négligée par l’écriture. Et je
parle pour moi-même – ou à qui me lira – comme un homme contradictoire
et orgueilleux. Comme un homme qui n’a senti, dans la poésie, que le besoin
irrépressible de se cacher, celui de surélever une aire en ruine où il se sentait
déjà différent. Un endroit insuffisant, où une meule de phrases occultaient
mes péchés les plus modestes. Cette présence de crime qui fait pleurer
la raison exorbitée aux frontières de son cheval. Cette enfance tempérée,
superbement fécondée, dans sa pouliche-lumière d’arbres et de trèfles.
Entonces creía que la poesía detenía el crecimiento. Que era ella quien
crecía a través de mi dolor y decadencia, como cuando se abre una puerta,
y los goznes chillan helados hasta encontrar las muelas desnudas en su
leche. Pero la puerta sigue útil, abnegada, firme en su tarea de reparar
espacios. Ahora necesito no sé cuántos años para escapar de este arte
que finaliza siendo una prueba contra mí mismo. Mientras recorro este
encierro, como si un encierro pudiera recorrerse. Pero recuerdo, clara
Alors je croyais que la poésie empêchait de grandir. Que c’était elle qui
grandissait à travers ma douleur et ma décadence, comme lorsqu’on ouvre
une porte, et que les gonds gelés grincent jusqu’à trouver les molaires
nues dans leur lait. Mais la porte est toujours nécessaire, dévouée, sûre
dans sa tache à réparer les espaces. Maintenant j’ai besoin de je ne sais
combien d’années pour échapper à cet art qui achève d’être une épreuve
contre moi-même. Tandis que je parcours cette réclusion, comme si une
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
como la Primavera (o el esplendor de Grecia en los años de Sófocles),
el dolor de la imperfección y la cobardía del búho, ágilmente hechizado
sobre su alameda. Y a un hombre que ayer ha escrito mi nombre hacia el
final de su sueño.
haec sunt
infamiae...
Séparer le blanc de la lumière
réclusion pouvait se parcourir. Mais je me rappelle, c’est clair comme le
Printemps (ou la splendeur de la Grèce à l’époque de Sophocle), la douleur
de l’imperfection et de la lâcheté du hibou, agilement envoûté dans son
jardin. Et un homme qui hier a écrit mon nom à la fin de son rêve.
haec sunt
infamiae...
Armisticio de Cassandra
Armistice de Cassandre
bajo los almendros erguidos por el torcido abrazo de las lluvias, en este día
de marzo en que mi palabra calla lo que dice, dios es una mujer batiendo
su borracho muslo sobre los ojos de los hombres más pacientes. Un árbol
de piedra que amanece rojo entre la nieve, como un miserable. ¿Pero quién
encenderá una vela por nosotros, los vagabundos, monsieur Proust? ¿una
sonrisa de cascabeles alrededor de ese río que hospeda toda ruina?
dos soles consuelan el endurecimiento de ese único polvo del camino.
rupturas que piensan que la muerte es más que eso.
sous les amandiers dressés par l’accolade tordue des pluies, en ce jour de
mars où ma parole tait ce qu’elle dit, dieu est une femme qui frappe son
muscle ivre sur les yeux des hommes plus patients. Un arbre de pierre qui
se lève rouge entre la neige, comme un misérable. Mais qui allumera une
bougie pour nous, les vagabonds, monsieur Proust? un sourire de grelots
autour de cette rivière hôte de toute ruine?
deux soleils consolent l’obstination de cette unique poussière du chemin.
ruptures qui pensent que la mort est davantage que ça.
Adiós a la carne
Adieu à la chair
[XII]
[XII]
nada hay más hermoso que un hombre muerto.
retocando su rostro verdadero, bajo el inmenso árbol de la sangre. Y nada
hay más honesto que un hombre muerto; callado por su condición de
muerto, y no callado por temor al abandono. Y nada hay más hermoso
que un hombre muerto; algo flácido y de pómulos serenos, que ya no se
enrojece por insinuaciones; o delicado como una servilleta que gira mucho
antes de tocar el piso.
Il n’y a rien de plus beau qu’un homme mort.
Qui retouche son vrai visage, sous l’arbre immense du sang. Et il n’y a pas
plus honnête qu’un homme mort; silencieux parce que mort, il ne se tait
pas par crainte de l’abandon. Et rien de plus beau qu’un homme mort; un
peu flasque, les pommettes sereines, qui ne rougit pas aux insinuations; ou
délicat comme une serviette qui s’envole avant de toucher le sol.
…en la ciudad desierta, detrás de los laureles, asoman las primeras
sombras. (llueve).
…dans la ville déserte, derrière les lauriers, apparaissent les premières
ombres (il pleut).
Traduction Rémy Durand
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Diego Cazar Baquero (Quito, 1977).
Poeta y músico (Quito, 1977). Autor de los poemarios Más Caras tras Máscaras
(2002), Telarañas las pupilas (2005) y Caleidoscopio (2006). Miembro del colectivo
artístico Locomotrova. Consta en varias antologías y revistas del Ecuador y del
extranjero.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Diego Cazar Baquero (Quito, 1977).
Poète et musicien (Quito 1977). Auteur des recueils de poèmes Más Caras tras
Máscaras (2002), Telarañas las pupilas (2005) y Caleidoscopio (2006). Membre du
collectif artistique Locomotrova. On le retrouve dans de nombreuses anthologies
et revues en Équateur et à l’étranger.
me pongo a mirar a los hombres andar
Je me mets à regarder les hommes qui passent
sobre sus pies de plomo,
contemplo la baba que dejan sus pasos
y huelo aromáticos humazos
cuando vislumbro los trazos de cada trayecto.
sur leurs pieds de plomb,
je contemple la bave que laissent leurs pas
et je sens d’aromatiques brouillards
quand j’entrevois les traces de chaque déplacement.
hay uno que es circuito y se humedece,
una caterva besuquea lo que queda de aire
y levitan revesados sus pajarracos cabellos.
il y en a un qui fait toujours le même circuit et s’humidifie,
une bande de types bécote ce qui reste de souffle
et ils lévitent affolés leurs cheveux en bataille
otro tanto escandaliza mi tumbado
con la marcha de gamonales con que se dan de comer.
ma tête aussi s’effraie
de l’allure des bourgeois qui leur sert à manger
pudiera relatar tantas veces aquel cuadro,
alterar a mi antojo sus pseudocolores
y las direcciones hacia las cuales no van,
callarles la levedad...
me siento sobre una tiniebla a mirarles
sin intención de desmentir sus asuntos,
sin desmerecer sus empresas,
sólo fumo y miro.
je pourrais tant de fois raconter ce tableau,
altérer à l’envi ses pseudocouleurs
et les directions vers lesquelles ils ne vont pas,
faire taire leur légèreté...
je me sens dans une ténèbre quand je les regarde
je n’ai pas l’intention de contrarier leurs affaires,
ni de me moquer de leurs entreprises,
je fume seulement et je regarde.
escribo en esperanto las palabras prescindidas
y las digo en murmullos
cuando las mujeres se desgranan la tersura
y se impregnan en cada aro de mis bocanadas;
ya están solas con su sequía,
aunque crean perseguir el retiro
al soltar sobre el tablero mil y una glándulas,
y creo que no hay máscaras más fastuosas que ellas,
suicidas.
j’écris en espéranto les paroles auxquelles on renonce
et je les dis dans des murmures
quand les femmes égrènent la douceur
et s’insèrent dans chaque anneau de mes gorgées;
maintenant elles sont seules avec leur sécheresse,
bien qu’elles croient poursuivre leur abandon
en lâchant sur le plateau mille et une glandes,
et je crois qu’il n’y a pas de masques plus fastueux qu’elles,
suicidées.
saben tanto que prefieren olvidar.
elles savent tant qu’elle préfèrent oublier.
las costras de casimir
son avalanchas sobre la imaginería,
horcas las corbatas que ironizan la sensibilidad del nudo.
les croûtes de cachemire
sont des avalanches sur l’imagerie,
potences les cravates qui ironisent sur la sensibilité du noeud.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
los miro desde el subterfugio de mi propio sacrificio
para evadirme,
me miro pasar desapercibido,
fumo y participo del contrargumento con mi nube.
con el paso de las horas,
trocamos luz,
yo piso sus pies,
agachado para ver;
estoy cara o cruz,
pero no tengo guarismo;
no me comprendo binario.
je les regarde depuis le subterfuge de mon propre sacrifice
pour m’évader,
je me regarde passer inaperçu,
je fume, complice, avec mon nuage, des polémiques.
avec la fuite des heures,
nous échangeons la lumière,
je marche sur ses pieds,
accroupi pour voir;
je suis pile ou face,
mais je n’ai pas le choix.
je ne m’accepte pas binaire.
el movimiento viste sombreros de toquilla
para simular a la brisa,
para bailar sin compás,
entonces los miro en su orden
y hablo con voz clara de elipsis.
Le mouvement se vêt de chapeaux de paille
pour simuler la brise,
pour danser à contretemps,
alors je les regarde dans leur ordre
et je parle d’une voix claire d’ellipse.
es hora de cantar,
hay que ungir el aljibe del roído ser con miel,
hay que sembrarse jengibre en las tetillas
y darse a los poros,
amigarse con el vértigo.
c’est l’heure de chanter,
il faut oindre avec du miel la citerne de l’être rongé,
il faut s’enduire les tétons de gingembre
se donner à fond
se lier d’amitié avec le vertige.
ya no hay qué mirar allá abajo,
este abajo basta en el canto
como basta el miedo domesticado,
compañero;
hay que sacar la voz y esperar que se siente,
que fume
y que se mire salir.
il ne faut plus regarder là-bas en bas,
cet en-bas est suffisant avec le chant
comme suffit la peur domestiquée,
camarade;
il faut lâcher la voix et attendre qu’elle s’assoie
qu’elle fume
et qu’elle se regarde sortir.
¡ Qué boca tan grande tienes en la entrepierna !
Quelle si grande bouche as-tu entre les jambes !
asesina gruta dentada
ánfora de cartillas de lotería
arcas anarcas parcas narcóticas
velludas agudas estalactitas
enormes.
rugen ante mis dedos
y mordiscan mis uñas
no soy yo quien se las come
es tu boca tan grande
en la entrepierna falsaria
assassine grotte dentée
amphore de billets de loterie
arches anarchistes parques narcotiques
stalactites velues aigües
énormes.
elles rugissent devant mes doigts
et mordillent mes ongles
ce n’est pas moi qui les mange
c’est ta bouche si grande
à l’entrejambe faussaire
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
que sorbe
chupa garrapata
espera la embriaguez
para dejar caer los dientes
como nuestras madres
tierra leches ubres meses
mareas
pero a gritos.
qui gobe
suce comme une tique
attend l’ivresse
pour laisser tomber les dents
comme nos mères
terre laits mamelles mois
marées
mais à cris.
Sepelio
Obsèques
quédese bajo tierra el polvo y la basura,
con gusanos enfermos y flores plásticas.
incinérese en sudores cada herida,
cada puñalada,
una por cada embestida (el clímax quema cien).
si hay llanto, no es necesario guardar luto.
cúbrase con cal.
Que restent sous la terre la poussière et les déchets,
avec des vers malades et des fleurs en plastique.
Que chaque blessure soit incinérée dans la sueur,
dans chaque coup de couteau,
un pour chaque attaque (le climax en brûle cent).
S’il y a des pleurs, il n’est pas nécessaire de garder le deuil.
Recouvrez-vous de chaux.
Traduction Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Cristian Avecillas (Quito, 1977).
Fue Director General de CAMINARTE, Revista Cultural de Radio El
Telégrafo. Autor de la enciclopedia Colección Edmundo Ribadeneira. (Tomo I y
II, Editorial El Conejo). Como cantautor grabó dos discos demo: El dragón y
otras aves y Creación de los amantes. En poesía ha publicado Todos los cadáveres
soy yo (Mención de Honor en el Premio Casa de las Américas 2008. La
Identidad femenina (Mención Particular Premio Nósside 2009. Ecce Homo II,
obtuvo el Premio Nacional de Poesía César Dávila Andrade 2008. Como actor
y dramaturgo, fundó el grupo Teatromiento y su obra de teatro Funeraria Travel
obtuvo el Premio Latinoamericano de Dramaturgia.
Séparer le blanc de la lumière
Cristian Avecillas (Quito, 1977).
Il a été Directeur général de CAMINARTE, revue culturelle de la radio El
Telégrafo. Auteur de l’encyclopédie Colección Edmundo Ribadeneira. (Tomes I
y II, Éditions El Conejo). Auteur-compositeur-interprête, il a enregistré deux
disques demo: El dragón y otras aves et Creación de los amantes. Poète, il a publié:
Todos los cadáveres soy yo (Mention d’honneur au Prix Casa de las Américas
2008). La Identidad femenina (Mention particulière au Prix Nósside 2009). Ecce
Homo II a obtenu le Prix national de poésie César Dávila Andrade en 2008.
Acteur et dramaturge, il a fondé le groupe Teatromiento et son œuvre théâtrale,
Funeraria Travel, a obtenu le Prix latino-américain de dramaturgie.
Homo poeticus
Homo delirans
Homo poeticus
Homo delirans
I
Y en tu piel preparas el vocablo porque la paciencia te traerá la entraña:
Ser artista es inventar la carne donde no hay persona
Y mirar el hueso donde todos ven futuro.
I
Et sur ta peau tu prépares le mot parce que la patience t’apportera les entrailles :
Être artiste c’est inventer la chair où il n’y a personne
Et regarder l’os où tous voient le futur.
II
Y preparas la armonía de tu sangre con la herida del deseo eliminado,
La feroz fidelidad ante lo acústico,
La feroz epanortosis de lo acústico:
Y preparas la cordura de tus miembros en la elipsis de la ajena
suculencia,
La retórica es un grito en la distancia
Al que no darás socorro para no romper el ritmo.
II
Et tu prépares l’harmonie de ton sang avec la blessure du désir effacé,
La féroce fidélité à l’acoustique, La cruelle épanorthose du son :
Et tu prépares la sagesse de tes membres dans l’ellipse de l’étrangère
succulence,
La rhétorique est un cri au loin
Tu ne lui porteras pas secours pour ne pas rompre le rythme.
III
Y preparas la elocuencia de tu sombra
Cuando arrojas tu linaje en el desierto:
Poblarás la nada
Hasta inventar la desnudez.
III
Et tu prépares l’éloquence de ton ombre
Quand tu jettes ton lignage dans le désert:
Tu peupleras le néant
Jusqu’à inventer le nu.
Homo docens
Homo docens
Ya poeta,
Ya eres el amado:
El que no te da esperanzas.
Maintenant, poète
Déjà tu es l’aimé:
Celui qui ne te donne pas d’espoirs.
No porque la vida te abandona,
Sí porque el poema te concluye.
Non parce que la vie t’abandonne,
Mais parce que le poème te conclut.
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Homo Totus
Homo Totus
Porque el verso es una curva que se lanza al horizonte
Para transformar la muerte,
Para eliminar la línea,
Para redondear el mundo.
Porque el verso es la espiral del Hombre para el Hombre,
Una elipse en el cerebro
Para derrotar al mundo.
Parce que le vers est une courbe qui se lance à l’horizon
Pour transformer la mort,
Pour éliminer la ligne,
Pour arrondir le monde.
Parce que le vers est la spirale de l’Homme pour l’Homme,
Une ellipse dans le cerveau
Pour vaincre le monde
Homo Aestheticus
Homo Aestheticus
Entonces dices:
¡ Trueno !
Y ya vives tu primera melodía.
Alors tu dis:
Tonnerre !
Et déjà tu vis ta première mélodie.
El rostro de día
Le visage du jour
a Cuba,
donde cada mujer es una Isla.
Voy a hacer la faz del día porque todos vamos a la noche
Y caemos en la lentitud para entender la prisa
Si encontramos la sonrisa que nos muestra en dónde está la soledad.
Voy a hacer un rostro:
Una forma en español donde el deseo mande,
Un espejo en donde ver a una mujer.
Voy a hacer un rostro:
El olor del viento es la única materia que preciso
Y una hermosa cabellera acompasada con el aire.
Diseñar sus ojos con las cosas que imaginan las mujeres sobre el cielo,
Trabajar sus labios sobre todos los peligros incansables del infierno,
Y encontrar su frente por encima de todo lo posible
Y de todo lo sagrado.
Elegir las cicatrices del poniente
Para entrar en sus mejillas con la sombra de los pájaros,
Levantar sobre sus pómulos el fin del horizonte
Y tocar todos los bordes donde acaba la inocencia,
Y sentir, sentir que allí yacen los héroes,
Allí donde el perfil se anuncia,
Allí donde el poema acaba.
À Cuba,
où chaque femme est une île
Je vais faire la face du jour parce que nous allons tous vers la nuit
et que nous tombons dans la lenteur pour comprendre l’empressement
Si nous rencontrons le sourire qui nous montre où est la solitude.
Je vais faire un visage:
Une forme en espagnol qui obéit au désir,
Un miroir pour y voir une femme.
Je vais faire un visage:
L’odeur du vent est la seule matière dont j’ai besoin
ainsi qu’une belle chevelure au rythme du vent.
Dessiner ses yeux avec les choses que les femmes imaginent sur le ciel,
Travailler ses lèvres sur tous les dangers infatigables de l’enfer,
Et trouver son front au-dessus de tout ce qui est possible
Et de tout ce qui est sacré.
Choisir les cicatrices du couchant
Pour entrer dans ses joues avec l’ombre des oiseaux,
Dresser sur ses pommettes la fin de l’horizon
Et atteindre tous les bords où s’achève l’innocence,
Et sentir, sentir que là gisent les héros,
Là où s’annonce le profil,
Là où s’achève le poème.
Traduction Rémy Durand
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Xavier Hidalgo Cedeño (Guayaquil, 1977).
Licenciado en Literatura y Español de la Universidad de Guayaquil. Forma
parte del Taller literario El Quirófano. Está por publicar su primer libro.
Xavier Hidalgo Cedeño (Guayaquil, 1977).
Diplômé en lettres et en Espagnol de l’Université de Guayaquil. Il fait partie de
l’atelier littéraire El Quirófano. Son premier recueil doit paraître prochainement
Costillas devoradas
Côtes dévorées
I
I
Con las fuerzas de tus caderas
exploras mi universo anal
Avec les forces de tes hanches
tu explores mon univers anal
Observas orgulloso mi constricción
mi cuerpo brilla incandescente
y de mi aliento salen mil aves de cristal
Tu observes orgueilleux ma contraction
mon corps brille incandescent
et de mon souffle s’envolent mille oiseaux de verre
II
II
Soy aquel que disfruta del olor del semen
que lo saborea y lo traga hasta la última gota
vampiro no de sangre sino de vida
Voy entre bambúes de olores
siento la dureza de un linaje
de guerreros que vencen al tiempo
Danzan en mis venas las frustraciones
y ascos de mis madres pasadas
Me señalan
sus sinfonías de maldiciones
Je suis celui qui jouit de l’odeur du sperme
qui le savoure et l’avale jusqu’à la dernière goutte
vampire non pas de sang mais de vie
Je chemine entre des bambous d’odeurs
je sens la dureté d’un lignage
de guerriers vainqueurs du temps
Dans mes veines dansent les frustrations
et les grimaces de dégoût de mes mères d’avant
Me signalent
leurs symphonies de malédictions
III
III
Los deseos armaron sus maletas
la negra humedad
se traga las paredes del baño
a veces temo que muerda mis pies
El aroma del perfume
cabalga irónico en el ambiente
mientras las costillas son devoradas
Los alfileres están en reposo
a veces lloran como niños
y yo finjo no escuchar
La reina de corazones
ya no me mira más
que se caiga por fin la casa de naipes
y con ella todos mis recuerdos
Les désirs ont fait leurs valises
l’humidité noire
avale les murs de la salle de bains
parfois j’ai peur qu’elle ne morde mes pieds
L’arôme du parfum
chevauche avec ironie l’atmosphère
tandis que les côtes sont dévorées
Les épingles sont au repos
parfois elles pleurent comme des enfants
et je fais semblant de ne pas écouter
La reine des cœurs
ne me regarde plus
que s’écroule enfin le château de cartes,
et avec lui tous mes souvenirs
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Apartar lo blanco de la luz /
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Séparer le blanc de la lumière
Fantasmas de caballos aún recorren mis entrañas
recuerdo el olor su muerte su sangre blanca
Des fantômes de chevaux parcourent encore mes entrailles
je me rappelle l’odeur sa mort son sang blanc
Me hago de piedra frente al espejo
Je me fais de pierre devant le miroir
IV
IV
Bienvenidos
Desadaptados
No teman
Solo no pertenecemos
Señalan:
Su infierno los devora
Mientras vivimos nuestro paraíso
Somos el desorden que trastocó su perfección.
Vibramos dentro del cascabel
no nos podemos contener.
Bienvenus
Inadaptés
N’ayez pas peur
Nous n’appartenons pas
On annonce:
Leur enfer les dévore
Tandis que nous vivons notre paradis
Nous sommes le désordre qui a détraqué sa perfection.
Nous vibrons dans le grelot
nous ne pouvons plus nous maîtriser.
V
V
Buscan la falla multisistémica
lo que no saben:
no está pintado en mi rostro
sino
en el principio cuando el hombre
descubrió que besar un falo
no está del todo mal.
Ils cherchent la faille multisystémique
ce qu’ils ne savent pas:
ce n’est pas peint sur mon visage
mais
au début quand l’homme
découvrit que baiser un phallus
n’était pas mal du tout
Traduction Rémy Durand
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Augusto Rodríguez (Guayaquil, 1979). (ver página 8)
Séparer le blanc de la lumière
Augusto Rodríguez (Guayaquil, 1979). (Voir page 9)
El beso de los dementes
Le baiser des déments
I
I
En el inicio éramos mi padre y yo tomados de la mano en la infancia de
nuestro apellido, en la prehistoria de nuestros abrazos y besos, de los viajes
a la noche inventada o a la ciudad del alcohol y del tabaco. Nada sacamos
a limpio si el mundo no se despedazó con nuestros rezos familiares. Si
nosotros no fuimos el mundo, si la tierra que hierve entre nuestras venas
no expulsó el infierno que llevamos dentro. Mi padre era un ser de piel
silenciosa que llevaba en el corazón la ira, el odio y la condena del tiempo;
hombre de sal, de sueños verdes, destinado a padecer debajo de la tormenta
de hielo que incendió sus manos; manos que acariciaron mis párpados
gastados, que alguna vez miraron cómo el horizonte fue un imperio que
se destruyó con el fuego de la selva.
Mi padre atravesó la orilla de los muertos para alcanzarme, para alcanzar
a sus muertos y decirles que es el hijo de la rabia, de la furia, el hijo de los
ángeles violados, el hijo que se fugó de su propio entierro para reinventar
los sollozos de las mujeres que tanto amó. Mi padre es la copa rota donde
yo bebo sus vicios. Soy su vicio más profundo, su herencia vengativa, la
carne miserable que no teme dividir el aire para conquistar lo que desea.
Soy su herencia enferma, que asesinará sin piedad a sus verdugos. Su
herencia enloquecida, que revivirá cadáveres y bestias, con tal de que su
herida expulse el veneno. Mi padre es una habitación abierta de par en
par donde yo entro sin zapatos y sin medias, dispuesto a corregir mis
errores. Ahí dentro sé que soy bienvenido, pero tengo que guardar silencio,
para que su palabra, que es silencio y gozo, me atraviese el tímpano, el
cerebelo y cruce mi espina dorsal hasta crucificarse en mi aorta. Tengo que
aprender a defenderme de sus espejos y dioses furiosos: como tigres se me
lanzan al círculo e impulsan a pelear con mis manos heridas. Solo acepto
con honor su invitación y nos debatimos.
Au début nous nous tenions la main mon père et moi dans l’enfance
de notre nom, dans la préhistoire de nos étreintes et de nos baisers, des
voyages dans la nuit inventée ou dans la ville de l’alcool et du tabac. Nous
n’avons rien pu en tirer puisque nos prières familiales n’ont pas mis le
monde en pièces. Nous n’avons pas été le monde car la terre qui bout
dans nos veines n’a pas expulsé l’enfer qui est en nous. Mon père était un
être à la peau silencieuse, qui portait dans son cœur la colère, la haine et
la condamnation du temps; homme de sel, de rêves verts, il était destiné
à souffrir sous la tempête de neige qui incendia ses mains; mains qui
caressèrent mes paupières fatiguées, qui ont vu une fois que l’horizon avait
été un empire détruit par le feu de la forêt.
Mon père traversa le rivage des morts pour me rejoindre, pour rejoindre
ses morts et leur dire qu’il est le fils de la rage, de la furie, le fils des anges
violés, le fils qui avait fui ses propres obsèques pour réinventer les sanglots
des femmes qu’il avait tant aimées. Mon père est la coupe brisée où je
bois ses vices. Je suis son vice le plus profond, son héritage vengeur, la
chair misérable qui ne craint pas de trancher l’air pour conquérir ce qu’il
désire. Je suis son héritage malade, qui assassinera sans pitié ses bourreaux.
Son héritage fou, qui fera revivre des cadavres et des bêtes, pourvu que sa
blessure expulse le venin. Mon père est une demeure ouverte à tous les
vents où j’entre sans chaussures et sans chaussettes, prêt à corriger mes
erreurs. Là, à l’intérieur, je sais que je suis le bienvenu, mais je dois me
taire, pour que sa parole, qui est silence et jouissance, traverse mon tympan,
mon cervelet et traverse ma colonne vertébrale jusqu’à se crucifier sur mon
aorte. Je dois apprendre à me défendre de ses miroirs et de ses dieux en
colère: comme des tigres ils me jettent dans le cercle et me forcent à la
lutte avec les mains blessées. Seul, j’accepte l’honneur de leur invitation et
nous luttons.
IV
Hoy rezo por la sangre de mi sangre, la carne de mi carne, que descansa
en la bóveda familiar hasta el día del juicio final. Esperando la visita de un
ángel perdido que galope en mi cráneo e intente descifrar los misterios de
mi vida, antes de que sea tarde. Me interesa descubrir la luz de las cosas
simples, que también amó mi padre antes de la cosecha y del diluvio;
descubrir su herencia fosforescente en este día cálido de invierno, donde
llueve y la ciudad parece una construcción hecha por niños tristes que
intentan decapitar los techos de los lugares donde alguna vez fui feliz.
Con mis manos intento esculpir a mi padre, regresarlo del largo viaje
170
IV
Aujourd’hui je prie pour le sang de mon sang, la chair de ma chair, qui
repose dans le mausolée familial jusqu’au jour du jugement dernier. Dans
l’attente de la visite d’un ange perdu qui galope dans mon crâne et tente
de déchiffrer les mystères de ma vie, avant qu’il ne soit tard. Il m’importe
de découvrir la lumière des choses simples, que mon père aussi a aimées
avant la récolte et le déluge; découvrir son héritage phosphorescent en
ce jour chaud d’hiver, quand il pleut et quand la ville ressemble à une
construction faite pas des enfants tristes qui tentent de décapiter les toits
171
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
donde la felicidad sigue siendo una luz que atraviesa los cristales y nos
deleita con su coito de estrellas. En algún lugar de estas calles mi padre
me espera: los brazos abiertos, su sonrisa cálida, un latido de caballo azul,
sus dedos tristes, dispuestos a acariciarme; me esperará con dos copas de
vino servidas para beber nuestra sangre y recordar el origen de la selva
interior. El abrazo será largo como una manada de pájaros en dirección al
sur, y la fábula de nuestras pieles, la única garantía de no volvernos locos
en este desierto.
XI
Mi padre murió con miedo a cerrar los párpados, con los anillos del tiempo
en los dedos púrpuras, los ojos heridos de sangre amarilla, los dientes
ennegrecidos por el sol y las corrientes del aire de serpiente. Cuando
alguien muere al fin deja su jaula, para convertirse en la presa de los rostros
sucesivos de la piedra original, en los colores de las fuentes del agua, en
las monedas arrojadas por los veteranos; deja fluir su alma como el poema
perfecto y se va, lejos, muy lejos, a buscar eso que alguien pierde en los
riachuelos de los días, la suerte arrojada en los casinos o en las cartas.
Lo que sea con más que morir en la ola, en la espuma o en los dientes
de ese mar que nos reclama desde el paraíso inventado por las palabras
dogmáticas, que nunca significan nada más que ver cómo decapitan a los
hombres en una cruz arrojada al abismo de las campanas.
XVI
Yo soy el cáncer que mató a mi padre. Yo soy el cáncer que mató a mi
padre. Yo soy el cáncer que mató a mi padre. Yo soy el cáncer que mató a
mi padre. Yo soy el cáncer que mató a mi padre. Yo soy el cáncer que mató
a mi padre. Yo soy el cáncer que mató a mi padre. Yo soy el cáncer que
mató a mi padre. Yo soy el cáncer que mató a mi padre. Yo soy el cáncer
que mató a mi padre Yo soy el
XVIII
La tierra entera es una apariencia banal ante tus ojos, padre mío. Mírame
con tu amor y tu desprecio mayores. Merezco morir por tu despecho y
por tu cruel enfermedad. Merezco ser la enfermedad que te está matando
y merezco morir en tu honor y en tu regazo. Eres la sombra y el cuchillo
que se enterrará en mi corazón. Mátame, padre, de una vez. Mátame. Yo
soy el cordero de tus pesadillas.
172
Séparer le blanc de la lumière
des endroits où quelquefois je fus heureux. De mes mains je tente de
sculpter mon père, de le faire revenir du long voyage où le bonheur est
toujours une lumière qui traverse les miroirs et nous réjouit avec son coït
d’étoiles. Quelque part dans ces rues mon père m’attend: les bras ouverts,
son chaud sourire, un battement de cheval bleu, ses doigts tristes, prêts
à me caresser; il m’attendra avec deux coupes à vin servies pour boire
notre sang et rappeler l’origine de la forêt intérieure. L’étreinte sera longue
comme un envol d’oiseaux en direction du sud, et la légende de nos peaux
la seule garantie pour ne pas devenir fous dans ce désert.
XI
Mon père mourut avec la peur au ventre quand il ferma les paupières, les
alliances du temps à ses doigts pourpres, les yeux blessés de sang jaune,
les dents noircies par le soleil et les courants d’air de serpent. Quand
on meurt on abandonne enfin sa cage, pour devenir la proie des visages
successifs de la pierre originelle, dans les couleurs des sources, dans les
monnaies abandonnées par les vétérans; on laisse échapper son âme
comme un poème parfait et on s’en va, loin, très loin, chercher cette chose
qu’on perd dans les ruisselets des jours, la chance jetée dans les casinos ou
sur les cartes. Qu’importe, mais à condition de mourir sur la vague, sur
l’écume ou sur les dents de cette mer qui nous réclame depuis le paradis
inventé par les paroles dogmatiques, qui ne signifient jamais rien d’autre
que de voir comment elles décapitent les hommes sur une croix lancée
dans l’abîme des cloches.
XVI
Je suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le cancer qui a tué mon père. Je
suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le cancer qui a tué mon père. Je
suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le cancer qui a tué mon père. Je
suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le cancer qui a tué mon père. Je
suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le cancer qui a tué mon père. Je
suis le cancer qui a tué mon père. Je suis le
XVIII
La terre entière est une apparence banale à tes yeux, mon père. Regardemoi avec ton amour et ton mépris infinis. Je mérite mourir de ton dépit
et de ta cruelle maladie. Je mérite être la maladie qui te tue et je mérite
mourir en ton honneur et en ton sein. Tu es l’ombre et le couteau qui
s’enfoncera dans mon cœur. Tue-moi, père, d’une seul coup. Je suis l’agneau
de tes cauchemars.
173
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
La última frontera
IV
Qué quedará de nosotros más allá de la última frontera. Qué somos
más allá de nuestros insomnios, de nuestras manos, de nuestros ojos que
observan lo que quieren observar.
Qué escucharemos más allá del viaje a la luz (que no sean ruidos de
cambios de huesos y de piel), poemas, libros, cigarrillos, películas piratas,
cepillos de dientes, caries, úlceras mal curadas, sangre en el ojo, latidos
confusos.
Qué somos más allá del amanecer de las hojas. De la tormenta o de la
palabra dios. Qué somos más allá de nuestros egos y envidias. Qué somos
más allá del ensayo de la ceguera.
dime que yo no lo sé.
VIII
Dentro de mi corazón hay una anciana que se acaricia el sexo. Dentro de
su sexo hay un árbol que agita el viento. Dentro del viento hay un niño que
llora por su padre que se ha ido a la guerra y que nunca volverá. Dentro
de ese padre que se marcha hay un pasado que hierve entre sus párpados.
Dentro de ese pasado hay una mujer que ama enloquecidamente y que
se suicida una y otra vez. Dentro de esa mujer hay un futuro que nunca
ella conocerá. Dentro de ese futuro hay un bebé que espera su salida pero
como no tiene origen se ahoga en el útero de la muerte. Dentro de ese
útero hay un veterano que recuerda a la anciana que se acaricia el sexo.
Dentro de su sexo hay un barco que se hunde en altar mar. Dentro de
ese mar hay un náufrago que espera sentado el fin del mundo. Dentro
de ese náufrago hay un corazón herido y roto por el abandono del amor.
Dentro de ese abandono hay un niño que respira recién nacido el aire
contaminado de los fracasados. Dentro de ese aire hay un poema que se
escribe por una mano llena de sombras. Dentro de esa mano hay miles
de sueños que esperan cambiar al mundo. Dentro de ese mundo hay un
hombre millonario que paga una lujosa cena en el más caro restaurante
de París y no sabe que el día siguiente morirá. Dentro de ese restaurante
exactamente en el baño hay una pareja de amantes que copulan con gran
locura. Dentro de esa copulación hay una guerra de semen que se disputa
la gloria. Dentro de ese semen hay indicios que nacerá el nuevo Mesías.
Dentro de esos indicios hay una alerta roja que dice que ese restaurante
explotará por una bomba puesta por un terrorista. Dentro ese terrorista
hay un corazón que apenas late de vergüenza. Dentro de ese corazón hay
una anciana que llega al orgasmo.
174
Séparer le blanc de la lumière
La dernière frontière
IV
Que restera-t-il de nous au-delà de la dernière frontière. Que sommesnous au-delà de nos insomnies, de nos mains, de nos yeux qui observent
ce qu’ils veulent observer.
Qu’entendrons-nous au-delà du voyage vers la lumière (qui ne soient pas
des bruits de changements d’os et de peau), des poèmes, des livres, des
cigarettes, des films piratés, des brosses à dents, des caries, des ulcères mal
soignés, du sang dans l’œil, des battements de cœur confus.
Que sommes-nous au-delà de l’aube des feuilles. De la tourmente ou de
la parole dieu. Que sommes-nous au-delà de nos egos et de nos jalousies.
Que sommes-nous au-delà de l’essai de la cécité
dis-moi que je ne le sais pas
VIII
Dans mon cœur il y a une vieille femme qui se caresse le sexe. Dans son
sexe il y a un arbre que le vent agite. Dans le vent il y a un garçon qui
pleure son père parti à la guerre et qui ne reviendra jamais. Dans ce père
qui s’en va il y a un passé qui bout entre ses paupières. Dans ce passé il y
a une femme qui aime à la folie et qui se suicide une fois ou deux. Dans
cette femme il y a un avenir qu’elle ne connaîtra jamais. Dans ce futur il y
a un bébé qui attend de naître mais comme il n’a pas d’origine il s’étouffe
dans l’utérus de la mort. Dans cet utérus il y a un vétéran qui se rappelle
la vieille dame qui se caresse le sexe. Dans ce sexe il y a un bateau qui fait
naufrage en haute mer. Dans cette mer il y a un naufragé qui attend assis
la fin du monde. Dans ce naufragé il y a un cœur blessé et brisé pour un
amour perdu. Dans cet amour perdu il y a un enfant qui respire à peine né
l’air contaminé des perdants. Dans cet air il y a un poème qui s’écrit avec
une main pleine d’ombres. Dans cette main il y a mille rêves qui souhaitent
changer le monde. Dans ce monde il y a un millionnaire qui paye un
dîner luxueux dans le restaurant le plus cher de Paris et qui ne sait pas que
le lendemain il sera mort. Dans ce restaurant exactement dans les toilettes
il y a des amants qui copulent furieusement. Dans cette copulation il y a
une guerre de sperme qui se dispute la gloire. Dans ce sperme il y a les
indices de la naissance d’un nouveau Messie. Dans ces indices il y a une
alerte rouge qui dit qu’une bombe placée par un terroriste explosera dans
ce restaurant. Dans ce terroriste il y a un cœur qui bat à peine de honte.
Dans ce cœur il y a une vieille dame qui atteint l’orgasme.
Traduction Rémy Durand
175
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Luis Alberto Bravo (Milagro, 1979).
Narrador y artista audiovisual. Integrante del grupo cultural Buseta de papel.
Ha publicado Antropología pop para árboles epilépticos, 2010; Utolands, 2010; y
Cuentos para hacer dormir a una niña punk, 2010. Primer Premio de Poesía de la
revista mexicana Lenguaraz, 2010, y Mención de Honor del Premio Nacional
de Novela Ángel Felicísimo Rojas, 2010, con su novela Septiembre.
Apartar lo blanco de la luz /
Séparer le blanc de la lumière
Luis Alberto Bravo (Milagro, 1979).
Conteur et artiste audiovisuel. Membre du groupe culturel Buseta. Il a publié
Antropología pop para árboles epilépticos, 2010; Utolands, 2010, et Cuentos para
hacer dormir a una niña punk, 2010. Premier prix de poésie de la revue mexicaine
Lenguaraz 2010 et Mention d’honneur du Prix national du roman Ángel
Felicísimo Rojas 2010 avec Septiembre.
Una chica golpeada en la piscina
Une fille battue à la piscine
Su lengua ahora es más larga
y hay rastros de pasta dentífrica.
Sa langue est maintenant enflée
avec des traces de dentifrice.
Ahora ella cierra los ojos donde lloraba.
Maintenant elle ferme les yeux où elle pleurait.
Ahora las hojas vuelan para todos lados,
y vuelven a caer…
cerca de aquí…
(Donde estaba la chica golpeada y muerta en la piscina).
Maintenant les feuilles volent de tous côtés,
et retombent…
près d’ici…
(Où était la fille qui avait été frappée à mort dans la piscine).
La sacaron del agua
como quien saca a un pequeño esqueleto,
como quien carga una madera pintada…
O como quien mide al primer amor.
On l’a sortie de l’eau
comme on sort un petit squelette,
comme on sort un morceau de bois peint…
Ou comme on mesure le premier amour.
Y mientras le espiaban las nalgas…
–“Pero, ¿ las nalgas de quién ?”
–“Pues, de ella…
de la chica golpeada y muerta en la piscina” –.
alguien le sacó unas fotos;
Y por ello,
ahora podemos decir cuando nos preguntan
por la chica golpeada y muerta en la piscina:
“Ella estaba ahí…
Y nosotros acá…
Y los tipos de las fotos más allá”.
Et tandis qu’ils reluquaient ses fesses…
–“Mais, les fesses de qui ?”
–“Mais les siennes…
celles de la fille frappée à mort dans la piscine” –.
quelqu’un lui fit des photos;
Pour ça,
maintenant nous pouvons dire quand on nous pose des questions
sur la fille frappée à mort dans la piscine:
“Elle était ici…
Et nous là…
Et les types des photos plus loin”.
En las cercas pintadas
los vecinos murmuran & enrabietados
exclaman: “Si bien, era una mala chica,
no merecía morir en una piscina”.
–“Pero, ¿ha muerto quién…? ¿ Quién ha muerto, quién ?”
–“Pues ella…
La chica golpeada y muerta en la piscina” –.
Près des clôtures peintes
les voisins murmurent & furibards
s’exclament: “Même si c’était une mauvaise fille,
elle ne méritait pas mourir dans une piscine”
–“Mais, qui est mort ? Qui est mort, qui ?
–“Mais cette fille…
La fille frappée à mort dans la piscine”–.
176
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
“Yo le solía traer cervezas,
y cuando me daba propinas
ella solía decir:
«Sólo un ángel como yo
dejaría caer sobre ti
un pedazo de manzana…
– Como quien deja caer sobre una isla –
y verdaderamente lo soy»
(…) (glup)
Aun así, no tenía que morir en una piscina”.
“Je lui apportais souvent des bières,
et quand elle me donnait des pourboires
elle disait souvent:
«Seulement un ange comme moi
laisserait tomber sur toi
un morceau de pomme…
– Comme quelqu’un qui le laisse tomber sur une île –
– Et j’en suis vraiment un »
(…) (glup)
Malgré tout, elle ne devait pas mourir dans une piscine”
“La mujer de allá,
nos ha dicho que a veces solía verla llorar en el patio,
y luego saltar las cercas pintadas,
sólo para arrancar – con un instrumento del bosque –
todas las manzanas fuertes”.
…
“La femme de là-bas
nous a dit que quelquefois elle la voyait souvent pleurer dans le patio
puis sauter les clôtures peintes,
seulement pour arracher – avec un instrument du bois –
toutes les pommes fortes”.
…
Desde aquel día
vengo a esta casa de martes a jueves…
Y siempre, siempre
un pequeño ojo del atardecer
perfora las nubes (y luego llueve).
Y entonces… ella abre sus alas, se eleva (y llueve) y abre sus alas
(como si evocara la luz de un perro sobre una nube podrida).
—“Pero, ¿ quién ? ¿ Me hablas de quién ?”
—“Pues, de ella…
De la chica golpeada y muerta en la piscina” –.
Depuis ce jour
je viens dans cette maison du mardi au jeudi…
Et toujours, toujours
un petit œil du crépuscule
perfore les nuages (ensuite il pleut).
Et alors… elle ouvre ses ailes, elle s’élève (et il pleut) et ouvre ses ailes
(comme si elle évoquait la lumière d’un chien sur un nuage pourri).
–“Mais, qui? ¿De qui me parles-tu?”
–“Mais, de cette fille…
De la fille frappée à mort dans la piscine”–.
Sofía
Sofía
Salgo a las doce de la noche,
a darle un trozo de vidrio a los niños.
Je sors à minuit,
donner aux enfants un morceau de verre.
“¡ Vuelvo !... Junta la puerta: Para que entre yo,
para evitar a los ladrones”.
Hay algo de noche en el gato;
Hay algo de gato en el zinc que da a la calle.
Al final del jardín un duende defeca.
Lo sé por los árboles
—¡¡tosen los árboles!!—.
“ Je reviens !.. Bloque la porte : Pour que je puisse rentrer,
pour éviter les voleurs
Il y a quelque chose de la nuit chez le chat;
Il y a quelque chose du chat dans le zinc de la corniche
Au fond du jardin un lutin défèque.
Je le sais grâce aux arbres
–¡¡ les arbres toussent !! –.
Tiene la oreja de un cerdo
Il a une oreille de cochon
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
y el mandil de un carnicero;
Me arropo mientras la araña me mira:
Sueño a Kerouac atropellado por un camioncito de marihuana
[y en el cuarto adjunto (a ti),
se te revientan los ojos].
et le tablier d’un boucher;
Je me couvre tandis que l’araignée me regarde:
Je rêve de Kérouac écrasé par une camionnette de marijuana
[et dans la chambre à côté (de la tienne),
tes yeux éclatent]
El sueño
Le rêve
Y cuando tú no estás
Sueño que duermo sueño que sueño
Paul Eluard
Et quand tu n’es pas là
Je rêve que je dors je rêve que je rêve
Paul Eluard
El sueño…
Baile que se baila sobre la liebre,
donde pone música el desiderátum,
donde los long play’s son hojas de otro tiempo.
Y el sueño
del sueño
en el sueño
es la enfermedad del pétalo de la vida
donde el hongo blanco y los ferrocarriles se descomponen.
Le rêve…
Danse qui se danse sur le lièvre,
où le desidaratum met de la musique,
Où les long play’s sont des feuilles d’un autre temps.
Et le rêve
du rêve
dans le rêve
est la maladie du pétale de la vie
où le champignon blanc et les chemins de fer se décomposent.
Spleen
Spleen
Me mudaré a una playa;
Aquí sólo se me ocurre
escupir sobre los puentes.
Je déménagerai sur une plage;
Ici je n’ai qu’une seule idée
cracher sur les ponts.
Cajita de Música
Petite boîte à musique
Las niñas
juegan con las muñecas,
y por ello sus padres ríen.
Les filles
jouent avec des poupées,
et pour cela les pères rient.
Las niñas
les inventan novios a sus muñecas,
y por ello sus padres callan.
Les filles
inventen des fiancés à leurs poupées,
et alors les pères se taisent.
Las niñas
quisieran parir muñecas,
y por ello sus padres las abandonan.
Les filles
voudraient accoucher de poupées,
et alors les pères les abandonnent.
Traduction Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Rocío Soria R. (Quito, 1979). Realizó estudios de Comunicación Social en la
Universidad Central del Ecuador. Ha publicado los poemarios Huella conceptual,
El cuerpo del hijo e Isadora. Primer Premio del Festival de Poesía Joven Ileana
Espinel Cedeño 2008, Casa de la Cultura Ecuatoriana, Núcleo del Guayas.
Séparer le blanc de la lumière
Rocío Soria R. (Quito, 1979). Elle a fait des études de Communication sociale
à l’Université centrale de l’Équateur. Elle a publié les recueils de poèmes Huella
conceptual, El cuerpo del hijo e Isadora. Prix du Festival de la jeune poésie Ileana
Espinel Cedeño 2008, Maison de la culture équatorienne, centre de Guayaquil.
Él (11)
Lui (11)
Seres inanimados pueblan su cuerpo por dentro
está hecho de miles de ellos
está hecho de las repeticiones de sus propios gestos y lloros
tantos que le es imposible encontrarse la cara con la mano y secarse
los ojos.
Des êtres inanimés habitent son corps
il est fait de milliers d’entre eux
il est fait des répétitions de ses propres gestes et de ses pleurs
il y en a tant qu’il lui est impossible de trouver son visage avec sa main et
de s’essuyer
les yeux.
Seres inanimados pueblan su costumbre,
tiene espejos atravesándole la columna vertebral,
se apoya pero no lo lamenta,
se acarrea en su soledad sórdida
de un lado hacia otro
con una inexplicable picazón en las ventanas.
Una canción oscura vive en el fondo de sus ojos,
como terminando de alucinar
con el ángulo homicida empotrado en alguno de sus enfisemas.
Ha olvidado abierto uno de los cajones dentro de su cabeza,
y es como si una fruta rodara para perderse
debajo de algún sillón.
Y ningún ángel le guardara fidelidad.
Él (14)
La mirada rueda como un cacharro
se vuelve cajetilla vacía.
Abraza las rodillas al estómago
con todas las muecas indóciles de la enfermedad,
boquea espeso,
jadea,
guarda los brazos bajo la bata.
182
Des êtres inanimés peuplent son habitude,
des miroirs qui lui traversent la colonne vertébrale,
il tient à peine debout mais ne s’en plaint pas,
il se ballade dans sa solitude sordide
d’un côté à l’autre
il y a une démangeaison inexplicable sur les fenêtres.
Une obscure chanson vit au fond de ses yeux,
qui mettrait fin aux hallucinations
par l’angle assassin encastré dans l’un de ses emphysèmes.
Il a laissé ouvert l’un des tiroirs dans sa tête,
et c’est comme si un fruit roulait pour se perdre
sous quelque fauteuil.
Et qu’aucun ange ne lui fût fidèle.
Lui (14)
Le regard roule comme un vieux tacot
il se transforme en paquet de cigarettes vide.
Il serre ses genoux sur son estomac
avec toutes les grimaces indociles de la maladie,
il agonise salement,
il halète,
il garde les bras sous sa robe de chambre.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Él (17)
Lui (17)
Huía a todo correr por la calle que da al panteón
y a medida que lo hacía
su cuerpo se iba cayendo en trozos;
le había invadido una especie de lepra
y había sido cavado en túneles por ambos extremos.
Il fuyait à toutes jambes dans la rue qui donne sur le panthéon
et à mesure qu’il le faisait
son corps tombait en morceaux;
une sorte de lèpre l’avait envahi
et on lui avait creusé de tunnels par les deux bouts.
Corría en una masa ahuecada
y a medida que avanzaba,
surtía ratas de entre sus heridas.
Il courait dans une pâte creuse
et à mesure qu’il avançait,
des rats jaillissaient de ses blessures.
Hijo
Fils
El de ella era un cuerpo especial,
tenía la propensión a bailar sumergido en una sustancia parecida a
la angustia.
Le sien était un corps particulier,
il avait tendance à danser plongé dans une substance semblable à
l’angoisse.
Ambos brazos se remataban en muerte
Ses deux bras s’achevaient en mort
y sus piernas,
y su cabeza,
y el enflaquecimiento de su voz.
et ses jambes,
et sa tête,
et l’amaigrissement de sa voix.
Isadora bambolabella
La belle Isadora sur la balançoire
Las pequeñas manitas de Isadora
improvisaban juegos
el índice, príncipes dantescos
el pulgar, poeta bufón.
Les petites mains d’Isadora
improvisaient des jeux
l’index, des princes dantesques
le pouce, un poète bouffon.
En cada mano de Isadora existía un mundo transpuesto
un nudo, una fantasía, un gorjeo de sangre
una escisión,
un ventrílocuo de agua
¿ Isadora existía en un mundo transpuesto ?
Dans chaque main d’Isadora existait un monde caché
un nœud, une fantaisie, un gazouillis de sang
une excision,
un ventriloque d’eau
Isadora vivait-elle dans un monde caché ?
Isadora muñeca de personalidades múltiples.
Isadora poupée aux multiples personnalités.
Las pequeñas manitas de Isadora
fábula escénica delicada y breve,
sidra fría,
carne de manzana impúdica sobre la loseta.
Les petites mains d’Isadora
fable mise en scène, délicate et brève,
cidre froid,
chair de pomme impudique sur la petite dalle.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Juan José Rodríguez Santamaría (Ambato, 1979).
Traductor y licenciado en Periodismo. Egresado del posgrado en Literatura
Hispanoamericana, Universidad Católica de Quito. Magíster en Estudios
de la Cultura –mención Literatura Hispanoamericana– Universidad Andina
Simón Bolívar. Traductor de varios poetas ingleses como William Stanley
Merwin y Mark Strand. Ha publicado los poemarios Los rastros, 2006; Viaje
a la mansedumbre, 2008; y Barrido de campo, 2010. Obtuvo el premio de poesía
joven La Garúa.
Paisaje con efigies
Está alguien que cuida de los mirlos:
no salgan de la nada – dice.
Está un río, anegado de hojas,
recién llovidas, no sé dónde.
Está un árbol que se extiende al paisaje
-arriba de la mente –
donde sólo hay caminos que conducen al mundo,
hacia fuera del mundo.
Y estoy yo, arrobado en la voz,
vacía, poderosa, de nadie.
Grabado en terracota
Digamos que es de noche.
Digamos que hay palabras de agua,
hojas lavadas por el sueño,
largas tierras abolidas por el milagro.
Lengua del vencido
Un oído que escuche mis palabras
será el vacío.
Pero tu oído no.
Tú escuchas
lo que derrota mis palabras.
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Séparer le blanc de la lumière
Juan José Rodríguez Santamaría (Ambato, 1979).
Traducteur et Licencié en Journalisme. D.E.A. en littérature hispanoamericaine, Université Catholique de Quito et Master en études culturelles,
mention littérature hispanoaméricaine, de l’Université Andine Simón Bolívar.
Traducteur de poètes anglais : William Stanley, Merwin et Mark Strand. Il a
publié les recueils Los rastros, 2006; Viaje a la mansedumbre, 2008, et Barrido de
campo, 2010. Il a reçu le Prix de la jeune poésie La Garúa.
Paysage avec effigies
Il y a quelqu’un qui soigne les merles:
ils ne viennent pas du néant – dit-il.
Il y a une rivière, inondée de feuilles,
tombées il y a peu de la pluie, je ne sais où.
Il y a un arbre qui s’étend sur le paysage
-en haut de l’esprit –
où il y a seulement des chemins qui mènent au monde,
hors du monde.
Et je suis là, moi, en extase dans la voix,
vide, puissante, de personne.
Gravé en terre cuite
Disons que c’est la nuit.
Disons qu’il y a des paroles d’eau,
des feuilles lavées par le songe,
de longues terres abolies par le miracle.
Langue du vaincu
Une ouïe qui écoute mes paroles
ce sera le vide.
Mais la tienne, non.
Tu écoutes
ce qui détruit mes paroles.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Madame Sadness
Madame Sadness
Oigo el brotar de los escarabajos
-sus élitros girando
hacia la boca de la noche, girando
como por dentro de la savia oscura
del álamo.
Oigo mi nombre.
J’entends sourdre les scarabées
-leurs élitres qui tournoient
vers la bouche de la nuit, tournoyant
comme à l’intérieur de la sève obscure
du peuplier.
J’entends mon nom.
De cualquier forma
sólo oigo mi nombre.
Quoi qu’il en soit
Je n’entends que mon nom.
Homages
Hommages
I. Coltrane & Monk
I. Coltrane & Monk
De oídas, Theolonius,
este silencio
abandonado a la visión
de un árbol,
al verano vertido de sus hojas.
Écoute, Théolonius,
ce silence
abandonné à la vision
d’un arbre,
à l’été renversé de ses feuilles.
II. Billie Holiday
II. Billie Holiday
Un fruto negro cuelga de la noche,
de una voz que lo sostiene
vivo.
Un fruit noir suspendu à la nuit,
à une voix qui le protège
vivant.
III. Miles Davis in a Silent Way
III. Miles Davis in a Silent Way
Sobre el vuelo del mirlo fuga el mundo,
el silencio advertido
en la música, en el suave fraseo.
Si abres la ventana se oirán mutuamente
el gorjeo del mundo y un paisaje de jazz
como si todo fuera
el rostro del dolor.
Sur le vol du merle fuit le monde,
le silence averti
dans la musique, dans son léger phrasé
Si tu ouvres la fenêtre on entendra au même moment
le gazouillement du monde et un paysage de jazz
comme si tout était
le visage de la douleur.
Traduction Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Alexis Cuzme (Manta, 1980).
Licenciado en Ciencias de la Comunicación, periodista cultural y cronista
de cine. Editor de la revista rockera Marfuz. Ha publicado los poemarios
Desconsuelo, 2001; Complot ante el silencio, 2003; Club de los premuertos, 2006;
y Bloody city, 2009. En el campo rockero ha publicado el cuadernillo Legión:
década pagana, 2006. Actualmente es asistente de edición en la Editorial Mar
Abierto de la Universidad Laica Eloy Alfaro de Manabí.
Alexis Cuzme (Manta, 1980).
Licencié ès Sciences de la comunication, journaliste culturel et chroniqueur
(cinéma). Éditeur de la revue rock Marfuz. Il a publié les recueils Desconsuelo,
2001; Complot ante el silencio, 2003; Club de los premuertos, 2006, et Bloody city,
2009. Dans le domaine du rock il a publié le cahier: Legión: década pagana, 2006.
Il est actuellement assitant aux éditions Mar Abierto à l’ Université laïque Eloy
Alfaro de Manabi.
Mueca
Grimace
Puedo volverme mueca
para esta tarde remolino
de pensamientos y visiones
atrapadas.
Je peux me transformer en grimace
ce soir se sera en tourbillon
de pensées et de visions
prisonnières.
Atrás, la urbe
es un camposanto
que me niega.
Derrière moi, la ville
est un cimetière
qui me nie
Y sollozas por la estatua
que soy,
por la estatua
que la tarde chupa.
Et tu sanglotes à cause de la statue
que je suis,
à cause la statue
que le soir suce.
Descuida, flotaré,
cuando las voces digan:
papá
y
amor.
Ne te fais pas de souci, je flotterai,
quand les voix diront:
papa
et
amour.
Vecindario
Voisinage
¿ Quién dejó a El Vengador
hacer de la venganza
un oficio lucrativo ?
Qui a laissé le Vengeur
faire de la vengeance
un métier lucratif ?
Escucho Criminal a todo volumen.
La muerte desde dos parlantes
es más hermosa
que correr la cortina
y ver a mi vecino
agujereado en la cabeza.
J’écoute Criminel le volume à fond.
La mort qui hurle de deux hauts-parleurs
est plus belle
que d’ouvrir le rideau
et de voir mon voisin
la tête pleine de trous
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Séparer le blanc de la lumière
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Podemos mentirle al placer
Nous pouvons mentir au plaisir
Sigilosamente
la tarde arrebata desencantos.
Discrètement
le soir entraîne les désenchantements.
Creer en tu sexo,
en su frescura,
sonoridad,
es común y agotador.
Croire en ton sexe,
en sa fraîcheur,
sa sonorité,
c’est banal et épuisant.
Zozobra el artificio,
pero podemos mentirle al placer.
L’artifice échoue,
mais on peut mentir au plaisir.
Amor,
tus glúteos encierran otra forma de vitalidad.
Amour,
Dans tes fesses habite une autre forme de vitalité.
Club de los premuertos
Club des pré-morts
Frente al club de los premuertos
avanzo,
mi último pasillo,
contemplo las luces
como Al Pacino y Sean Penn.
Face au club des pré-morts
j’avance,
mon dernier couloir,
je contemple les lumières
comme Al Pacino et Sean Penn.
Me desconecto:
yo no seré tú
y tú no serás yo,
rompo el nexo de la carne.
Je me déconnecte:
je ne serai pas toi
et tu ne seras pas moi,
je coupe le lien de la chair.
Pequeña, llorarás.
Todo principio suele ser así,
revivirás las fotografías,
absorberás el escaso aroma de mis camisetas,
releerás las cartas en que mentí para acercarte,
contemplarás hasta agotar
las colillas vetustas bajo la cama,
mis medias y botines jubilados,
los últimos preservativos consumidos,
mis discos gastados de ritmo
y palabras descompuestas en dolor,
el retrete donde paré el tiempo y la mierda
para crear quimeras sin olor ni forma.
Petite, tu pleureras.
Tout commencement est souvent ainsi,
tu revivras les photographies,
tu absorberas le faible arôme de mes t-shirts,
tu reliras les lettres où j’ai menti pour m’approcher de toi,
tu contempleras jusqu’à l’épuisement
les vieux mégots sous le lit,
mes chaussettes et mes bottines à la retraite,
les derniers préservatifs usagés,
mes disques rayés de rythme
et mes paroles décomposées en douleur,
la cuvette des toilettes où j’ai arrêté le temps et la merde
pour créer des chimères sans forme ni odeur.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
Pequeña, llorarás,
sobre la cama en que degustamos nuestros sexos
y degollamos la idea de familia
(sobre todo yo,
responsable no era un complemento que encajara en mí)
Petite, tu vas pleurer,
sur le lit où nous avons dégusté nos sexes
et égorgé l’idée de famille
(surtout moi,
responsable n’était pas un mot pour moi)
Mientras avanzo:
pasillo sin regreso,
pálido tumulto giratorio.
Tandis que j’avance:
couloir sans retour,
pâle tumulte giratoire.
Restaré 21 gramos, quizás más,
para apoyar tu creencia almamito.
Tú y tu dios travestirán mi idea tras la ida.
Je soustrairai 21 grammes, peut-être plus,
pour soutenir ta croyance mon petit cœur
Toi et ton dieu travestirez mon idée après mon départ.
Pequeña, llorarás,
pero cierra la puerta
no me resfriaré con tus lágrimas.
Petite, tu vas pleurer,
mais ferme la porte
je ne vais pas prendre froid avec tes larmes.
Sobre páginas imaginarias
Sur des pages imaginaires
Te escribo desde el árido rincón de la tarde
sobre páginas imaginarias
frente a una taza de café rodeada por insectos
un track inagotable volviendo en cada clic
una imagen adjunta que no paro de admirar
y la idea común que clama destrucción.
Je t’écris du coin aride du soir
sur des pages imaginaires
devant une tasse de café entourée d’insectes
un trac inépuisable revenant à chaque clic
à côté d’une image que je ne cesse d’admirer
et l’idée simple qui crie destruction.
Te escribo y me arrepiento:
tus zapatos enlodados
marcan nuevos signos
la continuación de lo insólito tras de mí.
Je t’écris et je le regrette:
tes chaussures couvertes de boue
laissent de nouvelles traces
la poursuite de l’insolite à mes trousses.
Suprimo el párrafo
la errada selección inliteraria que asoma sin vergüenza.
Olvida que dije ser poeta
es un título grande aún para mi estatura.
Mientras todo sigue igual:
la tarde árida
insectos flotando en mi café
el track parado en cada nota
y la página imaginaria volviendo a su pureza.
Je supprime le paragraphe
la sélection erronée et non littéraire qui se montre sans honte.
Oublie que j’ai dit être poète
c’est un titre plutôt grand pour ma taille.
Entretemps tout est pareil:
le soir aride
les insectes qui flottent dans mon café
le clac arrêté sur chaque note
et la page imaginaire qui retourne à sa pureté.
Traduction Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
María de los Ángeles Martínez (Cuenca, 1980). Estudió Comunicación,
Literatura e Historia y Geografía. Ha publicado Un lapso de impiedad, 1999;
Neos, 2000; y, colectivamente, Aunque bailemos con la más fea, 2002; Nadie nos
quita lo bailado, 2005; Subcielo, 2004, y Trozos de vidrio, 2007.
Séparer le blanc de la lumière
María de los Ángeles Martínez (Cuenca, 1980). Elle a étudié la Communication,
la Littérature, l’Histoire et la Géographie. Elle a publié Un lapso de impiedad,
1999; Neos, 2000 et a participé aux ouvrages collectifs Aunque bailemos con la más
fea 2002; Nadie nos quita lo bailado, 2005; Subcielo, 2004, et Trozos de vidrio, 2007.
La sacrílega comedia
La comédie sacrilège
Si Dios desciende seguro le destrozamos,
cada uno querrá un souvenir de Dios.
Se harán urnas y escapularios,
de sus partes cercenadas,
de su divinidad.
Se venderán
pedacitos pirateados, falsos.
y la humanidad será feliz con una nueva mentira
guardada en el disco duro,
bajo la almohada,
o cocida al sostén.
Bienaventurados los que tengan
un trozo del ser supremo
que ellos tendrán vacaciones,
y seguro social, y auto del año.
Si Dieu descend, pour sûr on va le mettre en pièces
chacun voudra son souvenir de Dieu.
On fera des urnes et des scapulaires,
de ses parties tranchées
de sa divinité.
On en vendra
de petits morceaux truqués, falsifiés
et l’humanité sera heureuse d’un nouveau mensonge
sauvegardé dans le disque dur,
sous l’oreiller,
ou cousu dans le soutien-gorge.
Bienheureux ceux qui auront
un morceau de l’être suprême
car ils auront des vacances,
la sécurité sociale, et la voiture de l’année.
Por eso Dios se queda arriba,
con razón nos promete resurrecciones diplomáticas
y no viene jamás a visitarnos.
C’est pour ça que Dieu reste là-haut,
Y’a une bonne raison pour qu’il nous promette des résurrections
diplomatiques
et ne nous rende jamais visite.
Grave
Grave
Ahora no tengo ganas
de levantarte de un disparo
la tapa de los sesos.
y en un cajita floreada
mandarle
partes
de ti,
mal cocinadas,
a la puta de tu madre…
me siento horriblemente
enamorada…
y te veo
y te beso
y te beso
y…
Pour le moment je n’ai pas envie
de scalper d’un coup de feu
le couvercle de ta cervelle
ni d’envoyer
dans une petite boîte fleurie
des morceaux
de toi,
mal cuits,
à ta pute de mère...
je me sens horriblement
amoureuse...
et je te vois
et je t’embrasse
et je t’embrasse
et...
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
la homicida
se me duerme
se me rinde
se me muere
…en tus hermosas pestañas
la meurtrière
s’endort
se rend
se meurt
...sur tes beaux cils
Charco mental
Mare mentale
El tipo…
Le type...
Estaba loco, esquizofrénico,
delirante, catatónico, paquidermo.
El psicólogo dijo: no es nada.
El psiquiatra dijo: no es nada.
El esotérico dijo: es Júpiter y su alineación
en la chorrocienta casa (por decir algo).
Était fou, schizophrène,
délirant, catatonique, pachyderme.
Le psychologue dit: ce n’est rien.
Le psychiatre dit: ce n’est rien.
L’ésotérique dit: c’est Jupiter et son alignement
sur la maison qui ruisselle (histoire de dire quelque chose).
Estaba paranoico, perturbado, espartano,
cannabáceo, atrabiliario, infesto.
Nadie entiende en este cementerio global:
Il était paranoïaque, perturbé, spartiate,
shooté au cannabis, atrabilaire, contagieux.
Personne ne comprend dans ce cimetière absolu:
¡Este hombre estaba vivo!
Cet homme était vivant !
(Creo que iba contra las leyes
por eso le crucificaron)
Se levantó cabreado a los tres días
y se fue.
Algo mejor debe haber esperado
de los ingratos reinos de la muerte,
reinos de los hombres, reinos abandonados.
Desde el inicio todo salió mal:
le hospedaron en Belén y no en el Marriot.
( Je crois qu’il ne respectait pas les lois
c’est pourquoi on l’a crucifié)
Il s’est levé en rogne au bout de trois jours
et il est parti.
Il avait dû attendre quelque chose de mieux
des royaumes ingrats de la mort,
royaumes des hommes, royaumes abandonnés.
Tout a mal tourné depuis le début:
on l’a hébergé à Bethlehem et pas au Marriott.
Réplica
Réplique
¿ Cómo diablos ibas a entenderme,
si al leer mis ojos
te saltaste la mitad de los capítulos ?
Comment diable pouvais-tu me comprendre,
si en lisant mes yeux
tu sautais la moitié des chapitres ?
Fin
Es duro descubrir de golpe
que la felicidad no era esto
de dar puñaladas…
(pero casi)
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Fin
C’est dur de découvrir tout d’un coup
que le bonheur ne consistait pas
à se poignarder...
(mais presque)
Traduction : Anne-Marie Durand Kennett et Rémy Durand
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Dina Bellrham (Milagro 1984-2011)
Pseudónimo de Edelina Beltrán Ramos. Estudiante en Medicina en la
Universidad de Guayaquil. Formó parte del grupo cultural “Buseta de Papel”.
Ha publicado el poemario Con Plexo de Culpa, Allpamanda Editores Quito,2008.
Primera mención honorífica en el primer concurso de poesía Ileana Espinel
2008. Consta en numerosas antologías nacionales. Mantuvo actividad artística
en la red y revistas virtuales En 2011, con “El Quirófano Ediciones” publica el
poemario La Mujer de Helio.
Séparer le blanc de la lumière
Dina Bellrham (Milagro 1984-2011)
Pseudonyme de Edelina Beltran Ramos. Étudiante en médecine à l’Université
de Guayaquil. Membre du groupe culturel « Buseta de Papel », elle a publié
Con Plexo de Culpa, Editions Allpamanda, Quito, 2008. Elle a obtenu la
première mention d’honneur au concours Ileana Espinel 2008. La poésie de
Dina Bellrham figure dans plusieurs anthologies nationales. Très active dans le
milieu artistique et les revues virtuelles. En 2011, « El Quirofano » publie son
recueil La Mujer de Helio.
déjà vécu
déjà vécu
la ventana me guiña
y columpio su espalda:
ruge el marco
mientras piernas
uñas ojos mugre
edifican el silencio.
la fenêtre me fait de l’œil
et je balance son dos:
l’encadrement rugit
tandis que jambes
ongles yeux crasse
bâtissent le silence.
miro mis yoes
desde el suelo.
du sol
je regarde mes moi.
fugacidades
Fugacités
El cuerpo se acuerda de un amor como encender la lámpara.
Alejandra Pizarnik.
le corps se souvient d’un amour comme une lampe qu’on allume.
Alejandra Pizarnik.
Las muertes momentáneas se escabullen en los retretes mientras gasto
mi sexta uña. Vos golpeas horizontal tu disnea y el tiempo pasa por ti
como los trenes del sur: marchitos. Yo soy el vacío devorado por polillas y
espectros, soy más que eso, soy el repetido roer de los baúles abandonados
en los áticos. Me aman vestida pues mi fachada produce náuseas y lágrimas,
elevar mis piernas y gritar, elevar mis piernas y romperme en miles de
voces. Los besos en la boca cuestan veinte dólares y me estoy quedando
sin monedas. Qué difícil parar las llamas cuando el incendio lleva años
transitando en las misma llagas. Meretriz. Soy tu meretriz de cartera, y
siempre termino en el baño suplicando muerte a mi reflejo. Las sonrisas
se disocian cuando caen las cutículas. Prendo otro dedo, roncas y absorbes
las paredes. El vacío resbala a mis pies. Hacernos los cuerdos no conviene
cuando las lágrimas nos tiemblan en los ojos, cuajadas, estacionadas. Por
eso nunca encendemos las luces, para que los amores no aparezcan cual
fantasmas suplicando abrir sus tumbas.
Les morts momentanées s’esquivent dans les wc pendant que je ronge
mon sixième ongle. Toi tu frappes horizontalement ta dyspnée et le temps
te traverse comme les trains du sud : fanés. Moi je suis le vide dévoré par
les mites et les spectres, je suis plus que ça, je suis la rouille récurrente des
malles abandonnées dans les greniers. On m’aime habillée car ma façade
provoque nausées et larmes, lever les jambes et crier, lever les jambes et
me rompre en mille voix. Les baisers sur la bouche coûtent vingt dollars
et je me retrouve sans un sou. Que c’est difficile d’arrêter les flammes
quand l’incendie grésille depuis des années les mêmes plaies. Catin. Je suis
ta catin de poche, et je finis toujours dans la salle de bains à supplier la
mort à mon reflet. Les sourires se dissocient quand tombent les cuticules.
J’allume un autre doigt, tu ronfles et tu absorbes les murs. Le vide glisse à
mes pieds. Inutile de se montrer raisonnable quand les larmes tremblent
dans nos yeux, coagulées, stagnantes. C’est pour ça qu’on n’allume jamais
la lumière, pour que les amours n’apparaissent pas comme des fantômes
suppliant qu’on ouvre leurs tombes.
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
la insensible
L’insensible.
la insensible
jamás nutrió el bonsái
que habitaba en su ojo
descubrió que abrir las piernas
era más fácil que abrir los brazos
por eso revienta sus grifos
y enciende sus cuernos.
la insensible
mató la cuna y los pezones del hambre
nació columpio
y pronto se deshizo de los niños,
amarla es irrumpir el silencio de las piedras.
la insensible
por insensible dejará huérfana su sombra.
romperá su voz de lluvia
para olvidar la melancolía de los dientes.
la insensible transita en su diástole,
como su padre hecho ovillo
en alguna botella fermentada de espinas.
importa poco su esqueleto fútil
y la jauría carcomiendo los retratos.
la insensible prefirió arrancar sus oídos
a los relámpagos en su pecho.
L’insensible
n’a jamais nourri le bonsaï
qui vivait dans son œil
elle découvrit qu’écarter les cuisses
était plus simple que d’ouvrir les bras
c’est pour ça qu’elle explose ses ivresses
et allume ses cornes.
l’insensible
a tué le berceau et les mamelons de la faim
elle naquit balançoire
et s’est rapidement débarrassée des enfants,
l’aimer c’est faire irruption dans le silence des pierres.
l’insensible
insensible elle laissera son ombre orpheline.
elle brisera sa voix de pluie
pour oublier la mélancolie des dents.
l’insensible transite dans sa diastole,
comme son père qui se pelotonne
dans une bouteille fermentée d’épines.
son futile squelette importe peu
et la meute qui ronge les portraits.
l’insensible a préféré arracher l’éclat
des foudres dans sa poitrine.
tratado de la realidad
Traité de la réalité.
era mi rodilla el bastón hambriento de polillas,
precaria, trémula, descansada de iglesias,
porque mi realidad cuando pasó
era sólo una sospecha…
las luciérnagas no necesitan interruptores
ni faros que guíen su caída al abismo;
mi lluvia suicidó la lumbre y los espejos.
porque mi realidad siempre venía
absorta y enredada en camillas blancas.
era mi sonrisa la oreja de Van Gogh
en un florero de mi estancia,
reía luego de las visitas y los tentempiés;
porque mi rostro era una simulación
de edificios y autos estacionados,
porque el mar no es mar
sin mis huesos atados como madrépora en el fondo,
porque el amor no es amor
desde que muero por costumbre ilícita
y me resucitan por limosna en los barcos.
era falda y dedo gangrenado al filo de la luna
C’était mon genou le bâton affamé de mites
précaire, tremblant, délivré d’églises,
car ma réalité quand elle est passée
n’était qu’un soupçon...
Les lucioles n’ont pas besoin d’interrupteur
ni de phares pour guider leur chute dans l’abîme;
ma pluie a suicidé la clarté et les miroirs.
Car ma réalité venait toujours
absorbée et emmêlée à des brancards blancs.
Mon sourire était l’oreille de Van Gogh
dans un vase de ma demeure,
je riais après les visites et les goûters,
car mon visage était une simulation
de bâtiments et de voitures garées,
car la mer n’est pas la mer
sans mes os attachés dans les fonds comme les coraux,
car l’amour n’est pas l’amour
depuis que je meurs par illicite habitude
et qu’on me ressuscite par charité sur les bateaux.
C’était jupe et doigt gangréné sur la lame de la lune
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33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
alimentaba a los peces del dios mudo y ahorcado,
del dios que parió panes en un cuento de ogros;
porque mi fe se cayó con los dientes de leche,
y en el sudor de un niño en el semáforo en rojo.
era una muñeca de porcelana con afeites de tulipanes,
pero otras muñecas rompieron sus rieles,
porque mi realidad cuando pasó
era una sospecha
roja, cancerígena,
mundana
je nourrissais les poissons du dieu muet et pendu
du dieu qui enfanta des pains dans un conte d’ogres;
car ma foi est tombée avec mes dents de lait,
et dans la sueur d’un enfant au feu rouge.
C’était une poupée de porcelaine avec des parures de tulipes,
mais d’autres poupées ont cassé leurs rails
car ma réalité quand elle est passée
n’était qu’un soupçon
rouge, cancérigène,
mondain.
forasteros
Étrangers. “No me arregles esta noche, quiéreme roto”
Juan Manuel Faccio.
Sobre todo desperdíciame, rocíame y tírame bajo la cama, olvídame en
la estufa o déjame circular en la bañera. Sobre todo digiéreme despacio y
sin los dientes, descuidado del tiempo, de que me termine, de que fenezca
y me haga hormiga. Préstame sin intereses a los amigos, háblales de mí
como si fuera la chica que deslizó un domingo en la pastelería. Disimula
mis marcas con disfraces de huérfanos. Absórbeme como el cigarrillo que
te lo sumas de hastío. Llórame sin rabia, con cobardía. No te aprendas
mi nombre, ni te robes mis gemidos. Sobre todo siempre dame besos
desconocidos, como si nunca tu cuerpo hubiera urgido al mío, como si
nada, como los faroles alumbrando ecos en las madrugadas.
love
mis pies-techos aúllan
y regurgitan las goteras,
todas las torres
sobre mi abismo
a cuatro patas;
todos los montes
contra arbustos
relinchan:
no hay amor sin bragas
acumuladas de viernes
o subibajas,
me atraganto de ti,
me rebozo
hiervo.
hay canas en mi lengua.
204
« Ne me répares pas ce soir, aime-moi en miettes »
Juan Manuel Faccio.
Surtout dilapide-moi, asperge-moi et jette-moi sous le lit, oublie-moi
dans le poêle ou laisse-moi traîner dans la baignoire. Surtout digère-moi
lentement et sans les dents, indifférent au temps, que j’en finisse, que je
meure et devienne fourmi. Prête-moi sans intérêts aux amis, parle-leur
de moi comme si j’étais la fille qui glissa un dimanche dans la pâtisserie.
Cache mes marques avec des déguisements d’orphelins. Absorbe-moi
comme la cigarette que tu fumes par lassitude. Pleure-moi sans rage, avec
lâcheté. N’apprends pas mon prénom, ni ne voles mes gémissements.
Surtout donne-moi toujours des baisers inconnus, comme si ton corps
n’avait jamais désiré le mien, comme si de rien, comme les lampadaires qui
éclairent les échos au petit matin.
love
mes pieds-plafonds aboient
et les gouttières régurgitent
toutes les tours
sur l’abîme
à quatre pattes ;
toutes les collines
contre les arbustes
hennissent ;
il n’ y a pas d’amour sans culottes
empilées de vendredis
ou de balançoires je m’étrangle de toi,
je me gave
je bous.
il y a des cheveux blancs sur ma langue.
205
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Edison Lasso Rocha (Piñas - El Oro, 1977)
Estudió Matemáticas y Literatura. Formó parte del proyecto editorial Fe de
Erratas. Co-autor de Fe de Erratas, Quince años de Exito (2006).Su poesía está
publicada en revistas y antologías del país.
Todo número multiplicado por cero da uno mismo
Paulina Pantoja
Séparer le blanc de la lumière
Edison Lasso Rocha (Piñas - El Oro, 1977)
Il a fait des études de mathématiques et de littérature. Il collabore au projet
éditorial Fe de Erratas. Co-auteur du livre Fe de Erratas,Quince Años de Éxito
(2006). Sa poésie est publiée dans des revues et des anthologies équatoriennes.
Tout nombre multiplié par zéro égale toujours zéro
Paulina Pantoja
Uno
Un
Nunca me gustó eso de dibujar el infinito
y buscar el argumento
de una película porno.
Je n’ai jamais aimé dessiner l’infini
ni chercher l’histoire
d’un film porno.
Por eso hui de ellos
no fue que me echaron,
ni que me desquicié.
Voila pourquoi je les ai fui
non pas parce qu’ils m’ont mis à la porte,
ni qu’il m’ont détraqué.
¡ Malditos matemáticos!
Satánicos engranajes del bien
los anillos son para ponérselos,
para cultivar niños, las matrices
y aunque sea bueno eso de tener un cero como amigo
siempre preferiré el silencio.
Maudits mathématiciens!
Sataniques engrenages du bien
les alliances on doit les porter,
pour cultiver des enfants, les matrices,
et même si c’est bon d’avoir un zéro pour ami
je préfèrerai toujours le silence.
Dama polinesia
Femme Polynésienne
La ficha impávida
espera en su rincón el turno que no tiene
y con el ceño fruncido
exige ser movida…
Le jeton impavide
attend dans son coin le tour qu’il n’a pas
et fronçant les sourcils
elle exige d’être prise
Retiene mi mano en su cintura como para decir sus pensamientos
se abre paso bailando
y sin entender la geometría china del tablero
llora
digo ríe.
Elle retient ma main sur ses hanches comme pour me dire ses pensées
c’est en dansant qu’elle s’ouvre un passage
et sans comprendre la géométrie chinoise de l’échiquier
elle pleure
je dis elle rit.
Hace una reverencia, esta vez
jugará a corregir las líneas de mi palma para que su sonrisa no
fenezca
y sin entender su jugada
destruyo
es decir, escribo.
Elle fait une révérence, cette fois
elle s’amusera à corriger les lignes de ma main afin que son sourire ne
se fane pas
et sans comprendre son jeu
je détruis
c’est à dire que j’écris
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Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Refugio vegetal
Refuge végétal
Yo puedo ser el padre
de incendios y de manicomios,
hermano de los rascacielos
pero siempre seré un hijo de mi madre.
Puedo arrojarle sal a una babosa,
y en acto de cruel humanidad
regalarle un verso a un mendigo.
Je peux être le père
d’incendies et d’asiles de fous
frère des gratte-ciels
mais je serai toujours le fils de ma mère.
Je peux jeter du sel à une limace
et dans un geste cruel d’humanité
offrir un vers à un mendiant
Yo puedo destruir los teléfonos
de quienes me critican,
regocijarme en sus caries
con mis excesos
y mis redundancias
y en lugar de devolverles sus tomates
arrojarles uno de mis ojos.
Je peux détruire les téléphones
de ceux qui me critiquent,
me réjouir de leurs caries
tout à mes excès
et à mes redondances
et au lieu de leur rendre leurs pagailles
leur jeter l’un de mes yeux.
Lejos de bibliotecas politécnicas
puedo detener el tiempo
si me da la gana,
morder escarabajos como caramelos
o echar a volar este potencial avión
sólo por gusto;
porque cuando siento ganas
no hay madre que me detenga.
Loin de bibliothèques polytechniques
je peux arrêter le temps
si j’en ai envie
sucer des scarabées comme des bonbons
ou faire voler cet avion virtuel
juste pour le plaisir;
parce que lorsque j’ai des envies
aucune mère ne peut me retenir.
Sueño incoherente/ posición 1
Sueño incoherente/ posición 1
Rêve incohérent / position 1
Es el quinto dictado de la tarde
y el más largo de la jornada
con el rostro fastidiado
una hermosa muchacha
que aún no se convence de la suavidad de mis piernas
aguarda sobre el escritorio
el último verso y piensa:
debí estudiar ingeniería
como quería mamá
no estaría aquí
copiando estas mamarrachadas.
208
Séparer le blanc de la lumière
C’est la cinquième dictée de l’après-midi
et la plus longue de la journée
avec un visage d’ennui
une jolie fille
qui n’est pas encore convaincue de la douceur de mes jambes
attend sur le bureau
le dernier vers en se disant:
j’aurais dû faire des études en ingénierie
comme maman le voulait
je ne serais pas ici
en train de copier des âneries.
209
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
La ciudad
La ville
Nos dejó construirnos en voz baja
(para no despertarnos)
y con precaución
integró la esquizofrenia con los laberintos
hasta precipitarse el carbón
que respiramos varias veces
pues es lo único que sirve aquí
y al final, sólo al final
Elle nous a laissé nous construire à voix basse
(pour ne pas nous réveiller)
et avec soin
elle a mêlé la schizophrénie aux labyrinthes
au point de faire exploser le charbon
que nous ne cessons pas de respirer
car c’est la seule chose qui compte ici
et à la fin, seulement à la fin
Descubrimos nuestras manos tristes
Nous découvrons nos tristes mains
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Séparer le blanc de la lumière
211
Apartar lo blanco de la luz /
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI / 33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
Séparer le blanc de la lumière
33 poetas ecuatorianos del siglo XXI
33 poètes Équatoriens du XXIème siècle
1- Luis Carlos Mussó (Guayaquil, 1970)
32
3- Juan Secaira (Quito, 1971)
48
2- Pedro Gil (Manta, 1971)
4- Marialuz Albuja (Quito, 1972)
5- Ana Cecilia Blum (Guayaquil, 1972)
6- Aleyda Quevedo Rojas (Quito, 1972)
7- Carlos Garzón Noboa (Quito, 1972)
8- Julia Erazo Delgado (Quito, 1972)
9- Xavier Oquendo Troncoso (Ambato, 1972)
10- Freddy Peñafiel Larrea (Quito, 1972)
11- Paúl Puma (Quito, 1972)
12- Carlos Vallejo Moncayo (Quito, 1973)
38
54
60
64
68
72
78
84
90
98
13- Franklin Ordóñez Luna (Loja, 1973)
102
15- Beatriz Viteri Garcés (Guayaquil, 1974)
110
14- Alfonso Espinosa Andrade (Quito, 1974)
16- Alex Tupiza (Quito, 1975)
17- Javier Cevallos (Quito, 1976)
18- David G. Barreto (Quito, 1976) 19- César Eduardo Carrión (Quito, 1976)
20- Rafael Méndez (Guayaquil, 1976)
21- Siomara España (Manabí, 1976)
22- Ernesto Carrión (Guayaquil, 1977)
23- Diego Cazar Baquero (Quito, 1977)
24- Cristian Avecillas (Quito, 1977)
25- Xavier Hidalgo Cedeño (Guayaquil, 1977)
26- Augusto Rodríguez (Guayaquil, 1979)
27- Luis Alberto Bravo (Milagro, 1979)
28- Rocío Soria R. (Quito, 1979)
29- Juan José Rodríguez Santamaría (Ambato, 1979) 30- Alexis Cuzme (Manta, 1980) 31- María de los Ángeles Martínez (Cuenca, 1980) 32- Dina Bellrham (Milagro, 1984-2011)
33- Edison Lasso (Piñas, El Oro, 1977)
212
106
114
118
126
130
136
140
148
156
162
166
170
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190
196
200
206
213