Le Dindon De Georges Feydeau Mise en scène

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Le Dindon De Georges Feydeau Mise en scène
 Le Dindon De Georges Feydeau Mise en scène : Philippe Adrien Mardi 17 et mercredi 18 avril − 20H La Luna ‐ MAUBEUGE Durée : 2H10 Le Manège – Rue de la Croix BP 105 – 59602 MAUBEUGE CEDEX Tél : 03 27 65 15 00 / Fax : 03 27 65 93 80 Le Dindon de Georges Feydeau / mise en scène Philippe Adrien 4 nominations aux Molières 2011 Molière du théâtre public • Molière du metteur en scène ‐ Philippe Adrien • Molière du Jeune talent masculin ‐ Guillaume Marquet • Molière du décorateur / scénographe ‐ Jean Haas —avec Vladimir Ant Jean, gérant, commissaire Caroline Arrouas (en alternance en mars / avril 2012) Maggy Soldignac Pierre‐Alain Chapuis (en alternance en mars / avril 2012) Vatelin Eddie Chignara Pontagnac Bernadette Le Saché Mme Pinchard Pierre Lefebvre Victor Guillaume Marquet (en alternance en janvier / février 2012) Rédillon Luce Mouchel (en alternance en janv. / février 2012) Clotilde Pontagnac, Clara Patrick Paroux Pinchard, Gérome Alix Poisson Lucienne Vatelin Juliette Poissonnier Armandine Joe Sheridan (en alternance du 5 janvier au 11mars 2012) Soldignac —décor Jean Haas assisté de Florence Évrard —lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne —musique et son Stéphanie Gibert —costumes Hanna Sjödin assistée de Camille Lamy —maquillages Cornelia Quehenberger —mouvement Sophie Mayer —collaboration artistique Clément Poirée —direction technique Martine Belloc —habillage Emilie Lechevalier —presse Pascal Zelcer —administration de tournée Huguette Kingué « Vous savez ce que c’est ! ... un beau jour, on se rencontre chez le Maire… on ne sait comment, par la force des choses… Il vous fait des questions… on répond « oui » comme ça, parce qu’il y a du monde, puis quand tout le monde est parti, on s’aperçoit qu’on est marié. C’est pour la vie. » Le Dindon De Georges Feydeau / mise en scène Philippe Adrien Synopsis La vertueuse Lucienne est en proie aux assiduités du maladroit Rédillon et de l’infatué Pontagnac. Elle leur fait savoir qu’elle ne trompera pas son époux, le brave avoué Vatelin auquel elle a juré fidélité à condition qu’il en fasse de même, qu’il donne l’exemple. Ce qui débouche sur : «Vous m’avez trompée, je vous trompe aussi ! » Tout se complique, s’épaissit et s’épice avec l’arrivée d’anciens amants, de nouveaux soupirants et d’épouses outragées, Madame Pontagnac et Maggy, l’ex‐maîtresse de Vatelin, arrivant chez lui inopinément. Deux jeunes femmes qui ont juré de prendre un amant si elles étaient trompées, deux sémillants noceurs tout prêts à leur rendre ce service, une volcanique Anglaise qui menace de se suicider, un Londonien à l’accent marseillais, un médecin‐major retraité et sa femme, sourde comme un pot, une cocotte, des grooms et un commissaire de police : Feydeau réunit tous ces personnages qui, pour la plupart, ne doivent à aucun prix se rencontrer et les jette dans une course haletante de chambre en chambre, au milieu de portes qui claquent et de sonneries qui se déclenchent. Dans cette pièce, Feydeau se montre particulièrement inventif, son génie comique s’y déployant avec une aisance, une force et une prodigalité extraordinaires. Les situations s’enchevêtrent, s’enchaînent à toute vitesse, truffées de gags et de bons mots. Comme pour ses autres succès littéraires, la force de Feydeau est passée par une intrigue tournant autour de l’adultère ; mais il a amplifié les procédés comiques et l’intensité de sa pièce afin de piéger tous ses personnages dans une comédie basée sur l’erreur et le quiproquo. Qui trompe qui ? Qui sera le dindon de la farce ? Lequel de tous ces coqs (souvent cocus) remportera le combat de basse‐cour ? On assiste à un jubilatoire renversement des rôles : les mâles sont ici de purs objets sexuels que les femmes utilisent pour se venger. Un savoureux Feydeau sur les tromperies et les fourberies de tous. Un démiurge farceur Quel défi, ce théâtre à la fois si singulier et si parfait ! Oui, ce qui est renversant dans l’écriture de Feydeau, c’est son exactitude. Sur un acte entier de quiproquos, syncopes, aléas et atermoiements aussi affolants qu’imparables, les dialogues comme les situations, jusque dans leurs aspects concrets, nous paraissent toujours ordonnés à la perfection. J’entends d’ici le commentaire habituel : « Une véritable horlogerie ! » Pardon monsieur, mais il n’y a rien de plus chiant qu’une montre ! Ce qui de temps en temps me fait dire que mettre en scène consiste aussi bien à mettre en désordre qu’en ordre songeant à ces mathématiciens qui par exemple s’échinent à calculer le fonctionnement des catastrophes… Voilà, Feydeau est de ceux‐là, un savant en matière d’embarras, bousculades, tournis, chutes, ratages et autres « catas » auxquels le genre humain est par définition exposé. « Mais vous pouvez me dire d’où ça vient, toutes ces bêtises ? » Pardon ma petite dame, vous avez déjà vu un chat se prendre les pieds dans le tapis ? Non, non, glisser sur les peaux de banane est réservé aux animaux qui parlent et par voie de conséquence croient vivre pour d’autres raisons que se reproduire. Touchés par le divin, ils veulent, n’est‐ce pas, vivre pour aimer ! C’est alors que les vrais ennuis commencent dans l’imbroglio entre âme et corps, amour et désir, soit précisément ce à quoi sont confrontés les personnages, disons même les créatures de Feydeau en qui je verrais volontiers un démiurge farceur. Eh bien, chère grande amie, mon projet pour Le Dindon, notre projet est d’emboîter le pas à Feydeau et de ne céder ni sur la gravité et la profondeur de sa pensée, ni sur la légèreté et l’allégresse de son style. Philippe Adrien Citations de Feydeau… L’amour, ça demande le plein feu. Ce n’est pas une chose qu’on entretient au bain‐marie. Le mariage est l’art difficile, pour deux personnes, de vivre ensemble aussi heureuses qu’elles auraient vécu seules, chacune de leur côté. L’homme est fait pour la femme. La femme est faite pour l’homme... surtout en province, où il n’y a pas de distraction. Une leçon de vaudeville Lorsque je suis devant mon papier et dans le feu du travail, je n’analyse pas mes héros, je les regarde agir, je les entends parler ; ils s’objectivent en quelque manière, ils sont pour moi des êtres concrets ; leur image se fixe dans ma mémoire, et non seulement leur silhouette, mais le souvenir du moment où ils sont arrivés en scène, et de la porte qui leur a donné accès. Je possède une pièce, comme un joueur d’échecs son damier, j’ai présentes à l’esprit les positions successives que les pions (ce sont mes personnages) y ont occupées. En d’autres termes, je me rends compte de leurs évolutions simultanées et successives. Elles se ramènent à un certain nombre de mouvements. Et vous n’ignorez pas que le mouvement est la condition essentielle du théâtre et par suite (je puis le dire sans immodestie après tant de maîtres qui l’ont proclamé) le principal don du dramaturge. [...] En arrangeant les folies qui déchaîneront l’hilarité du public, je n’en suis pas égayé, je garde le sérieux, le sang‐froid du chimiste qui dose un médicament. J’introduis dans ma pilule un gramme d’imbroglio, un gramme de libertinage, un gramme d’observation. Je malaxe, du mieux qu’il m’est possible, ces éléments. Et je prévois presque à coup sûr l’effet qu’ils produiront. L’expérience m’a appris à discerner les bonnes des mauvaises herbes. Et il est rare que je m’abuse quant au résultat. Georges Feydeau cité par Adolphe Brisson, “Une leçon de vaudeville”, dans Portraits intimes, V, Paris, Collin, 1901 1.Biographies des artistes Philippe Adrien • Fonde en 1985 l’Atelier de recherche et de réalisation théâtrale (ARRT) à la Cartoucherie. • Directeur du Théâtre de la Tempête. • Auteur de Instant par instant, en classe d’interprétation (éd. Actes Sud‐Papiers). • Professeur d’interprétation au Conservatoire national d’Art dramatique de 1989 à 2003 • A réalisé récemment : – La Tortue de Darwin de Juan Mayorga (création 2011 au Théâtre des Osses, Fribourg) – Le Dindon de Georges Feydeau (création 2010, reprise 2011 et tournée 2012) ‐ 4 nominations aux Molières – Le Projet Conrad d’après Joseph Conrad – Une vie de château de Jean‐Louis Bauer et Michel Couvelard – Œdipe de Sophocle – Ivanov de Anton Tchekhov – Don Quichotte d’après Cervantes – Meurtres de la princesse juive de Armando Llamas – L’Ecclésiaste, tout est fumée – La Mouette de Anton Tchekhov – Andromaque de Racine – Phèdre de Racine – La Noce chez les petits‐bourgeois créoles d’après Brecht – Mélédouman de Philippe Auger – Doux Oiseau de jeunesse de Tennessee Williams – Le Procès de Kafka – Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz Vladimir Ant A joué avec Ph. Adrien La Mouette, Ivanov, Œdipe et Le Projet Conrad. A traduit et/ou adapté pour la scène des textes de Tchekhov, Gogol, Pouchkine, Bounine, Babel, Aïtmatov, et avec Ph. Adrien : Don Quichotte, La Mouette et Ivanov. Auteur de pièces de théâtre On raconte des histoires, La Mort de Germain, L’Insurrection des insectes. Caroline Arrouas A travaillé comme chanteuse au Théâtre National de Vienne, avec D. Gotscheff, K. Baier... A joué récemment avec R. Barché Cris et chuchotements ; J.‐M. Guérin Agamemnon ; J. David Une nuit dans la montagne ; M. Rémond Promenades ; C. Guiela Andromaque ; Ch. Muller Les Errances d’Ulysse ; D. Jeanneteau et M.‐Ch. Soma L’Affaire de la rue de Lourcine ; C. Guiela Se souvenir de Violetta ; A. Rübner Athalie ; J.‐M. Ribes René l'énervé… Valérie Blanchon A joué avec Ph. Adrien Grand peur et misère du troisième Reich ; J.‐C. Fall Hercule furieux – Hercule sur l’Oeta ; A. Hakim Thyeste – Les Troyennes – Agamemnon ; J.‐P. Vincent Lorenzaccio, Le Tartuffe et Les Prétendants ; A. Françon Ivanov ; F. Fisbach L'Illusion Comique, Les Paravents, L'Annonce faite à Marie ; C. Colin Les Peurs ; R. Sammut Baal ; Y. Beaunesne La Fausse Suivante ; C. Merlin Nocturne à tête de cerf ; S. Batier Richard III ; A. Guillet Penthesilée – paysage ; A. Bourgeois Etudes sur les trois sœurs et Un Sapin de Noël chez les Ivanov ; S. Lecarpentier Trois Folles Journées d’après Beaumarchais ; W. Mouawad Ciels ; M. Kedzierski Quelques mots sur le silence ; I. Lafon Le Journal d’une autre ; le Collectif T.O.C. Le Précepteur de Lenz… A mis en scène La Chasse au Snark de L. Carrol et La Reine des Neiges d'après Andersen ; et avec Frédéric Fisbach La Planche et une ampoule et Essai 1, 2, 3. Cinéma avec F. Elson La Vie matérielle (film pour lequel elle a reçu le prix d'interprétation au festival « Paris Tout Court » 2005)… Pierre‐Alain Chapuis A joué récemment avec D. Pitoiset La Mort d’un commis voyageur ; G.Werler et M. Bouquet Le Malade imaginaire ; J. Lavelli Chemin du ciel (Himmelweg) et Le Garçon du dernier rang ; C. Baqué Eaux dormantes ; L. Wurmser La Mouette, Le Maître et Marguerite, La Bonne Âme du Se‐Tchouan ; G. Bouillon Le Songe d’une nuit d’été, Des Crocodiles dans la tête, En attendant Godot ; J. Boillot Coriolan ; Y. Blanlœil L’Ignorant et le fou ; R. Loyon Isma ; D. Podalydes Je crois ; et avec S. Braunschweig Le Conte d’hiver et La Cerisaie ; E. Chailloux ; S. Maurice ; A. Ollivier, ; Ph. Adrien Rêves de Kafka et Ké Voï. Cinéma avec J.‐L. Godard et R. Féret. Eddie Chignara A joué avec N. Liautard L’Avare, Amerika, Ajax, Boulevard exquis ; P. Desproges Hyménée, La République et Le Procès ; M. Léris Willy Protagoras enfermé dans les toilettes, Littoral et Le Coordonnateur ; Ph. Awat Le Roi nu ; F. Cacheux Port de casque obligatoire ; M. Suzanne Bouvard et Pécuchet ; G. Segal Le Mariage de Barillon ; J.‐J. Rieu Dom Juan et Le Procès de Shamgorod ; L. Herson‐Macarel L’Enfant meurtrier ; I. Peuchlestrade Parcours intime… Cinéma avec E. Rebut, O. Luambo, O. Panchot, Ph. Fontana, J.‐F. Richet, C. de Gaspéris. Pierre Diot A joué au théâtre avec J. Brochen La Cagnotte ; L. Do de Lencquesaing Anatole ; Ph. Adrien La Noce chez les Petits‐bourgeois, Hamlet et Victor ou les enfants au pouvoir ; B. Nguyen tat dans le one man show (dont le sketch du Père Noël sur Daily motion) qu’il a écrit et reprend à la rentrée 2011 sous le parrainage de M. Jolivet qui l’a mis en scène dans 12h34. Cinéma avec B. Podalydes, M. Deville, M. Spinosa, J. Audiard, J.‐P. Rappeneau, P. Bouchitey, P. Jolivet, J. Bonnell, A. Fontaine…, et récemment X. Giannoli Talk show. À la télévision, il est surtout connu pour son rôle d'adjoint du commissaire Maigret avec B. Crémer et apparaît dans une vingtaine de téléfilms, dont une série co‐écrite avec B. Nguyen tat, S. Spyras P. Franchino et D. Podalydes La borne.org. Bernadette Le Saché Comédie Française de 1977 à 1981. A notamment joué avec J. Rosner, J.‐P. Roussillon, G. Strehler, P. Ionesco, M. Londasle, J.‐L. Paliès, J. Champagne, A. Campo, L. Terzieff, A. Alexis, A.‐
L. Liégeois, D. Wittorski, Ph. Houriet, J.‐L. Bauer… Cinéma avec J. Doillon, B. Tavernier, V. Schlöndorff, C. Chabrol, A. De Caunes... Télévision avec S. Moati, G. Mordillat et N. Companeez. Auteur de textes de théâtre, pièces radiophoniques, et dramatiques pour enfants. Pierre Lefebvre A joué notamment avec A. Madani Méfiez‐vous de la pierre à barbe ; Ph. Adrien L’Ivrogne dans la brousse et L’Ecclésiaste. Cinéma avec Ph. Locquet Je vous aime très beaucoup. Guillaume Marquet (lauréat du Molière 2011 du « Jeune talent masculin » pour Le Dindon) A joué avec Ph. Adrien Yvonne, princesse de Bourgogne, Meurtres de la princesse juive et Ivanov ; R. Cantarella La Jalousie du barbouillé et Une Belle Journée ; Ph. Minyana Suite 2 ; F. Giorgetti Dormez, je le veux ; A. Gautré L’Avare ; A. Latella Périclès ; H. Vincent Van Gogh à Londres ; Ch. Gangneron Les Sacrifiés Opéra ; H. van der Meulen Les Trente millions de Gladiator ; J. Timmerman Un jeu d’enfants et Wawy‐Words Are Watching You ; J.‐L. Martin‐Barbaz Lorenzaccio ; Ch. Deruaz L’Ile des esclaves… A mis en scène Arlequin valet de deux maîtres et Le Dindon. Cinéma avec K. Dridi, A. Corneau. Cinéma avec K. Dridi, A. Corneau et J. Maillot. Télévision avec C. de le Rochefoucauld, O. Schatzky, P. Aknine, C. Blanc et C. Devers. Luce Mouchel A joué avec J.‐P. Vincent Les Oiseaux, Œdipe Tyran, Œdipe à Colone, Derniers remords avant l’oubli et Les Antilopes ; D. Mesguich La Seconde Surprise de l’amour, Andromaque, L’Histoire (qu’on ne connaîtra jamais), Hamlet, Don Juan et Médée ; G. Bourdet La mort d’Auguste et Le Malade imaginaire ; X. Maurel Nous deux encore, Je ne veux pas que l’on m’orpheline, Le Moine, Quelques hommages à la voix de ma mère et L’Ile des esclaves ; A. Alexis Les Sincères ; B. Lévy Un Cœur attaché sous la lune ; M. Foucher Avant après ; C. Stavisky Jeux doubles et La Femme d’avant ; J. Nichet La Ménagerie de verre ; S. Braunschweig Je disparais... Musicienne, elle a composé des chansons, des musiques de spectacle et de téléfilms. Cinéma avec F. Girod, E. Cuau, Ph. Le Guay, C. Serreau, M. Valente, T. Binisti, D. Ladoge, C. Gavras, E. Lartigau, E. Lavaine... Florence Müller A joué avec J.Y. Lazennec Anatole ; D. Mesguich Le Boulevard du boulevard et Dom Juan ; M. Gonzales L’Amour médecin ; L. Février Inès Mendo ; M. Dubois Caresses ; A. Milianti Le Legs et l’épreuve et Bingo ; Royal de Luxe Peplum ; F. Constant Titanic City ; C. Girard On ne badine pas avec l’amour ; D. Prevost Sodome et Virginie ; Ph. Faure Le Malade imaginaire, Thérèse Raquin et La Petite Fille aux allumettes ; Ph. Torreton Dom Juan ; G. Werler Dernière Station avant le désert. Cinéma avec R. Altman, F. Morel, D. Bourdon, S. Prévost, C. Duty, E. Lartigau, A. Chabat, M. Barthélemy, B. Podalydes, R. Goupil, B. Lenoir, P. Aknine… Patrick Paroux A joué avec J.‐L. Martin‐Barbaz L’Avare, Les Femmes Savantes, Les Deux Orphelines, La Dame aux Camélias, Jules César, Le Barouf à Chiogga ; J.‐M. Montel Monsieur Chasse, Le Jeu de l’amour et du hasard, Le Barbier de Séville, Ferdydurke ; L. Laffargue Le Tartuffe ; A. Quésemand Méliès le tournage ensorcelé ; A. Voutsinas Les Evadés ; A. Priéto Fric‐Frac ; J.‐P. Darroussin et F.‐
R. Marchasson Le Monte‐Plats ; H. Van Der Meulen Nocturne à Nohant ; P. Pelloquet La Cagnotte ; P. Simon Supplément au voyage de Cook ; M. Bonnet Journée de noces chez les Cromagnons ; T. Atlan Un papillon qui bat des ailes à New York peut‐il provoquer un typhon à Pékin… A mis en scène Crispin, rival de son maître, L’Ours, La Demande en Mariage, Comme des Étoiles et De quoi on parle quand on parle d’amour. Cinéma avec J.‐P. Jeunet, G. Mordillat, P. Timsit, D. Tanovic. Alix Poisson A joué avec S. Lecarpentier Le Jour de l’italienne, L’Epreuve de Marivaux et Trois Folles Journées d’après Beaumarchais ; Ph. Adrien Yvonne, princesse de Bourgogne et Meurtres de la princesse juive ; G. Bénichou Le Cri d’Antigone ; C. Cecci Le Songe d’une nuit d’été ; M. Langhoff Dona Rosita… Cinéma avec J.‐P. Jeunet, X. Mollia, I.Lolic. Télévision avec L. P. Couveleur Antigone 34 et J.‐X. de Lestrade Parcours meurtrier d’une mère ordinaire : l’affaire Courjault et La Disparition. Juliette Poissonnier A joué avec J.‐M. Patte Titre provisoire ; T. Lavat La Maman et la putain et Pique‐nique au bord du Styx ; A. Chouchan Etes‐vous prêts à servir votre reine ? ; J. Nichet Le Jour se lève, Léopold et Casimir et Caroline ; L. Laffargue Othello et Le Songe d’une nuit d’été ; E. Demarcy‐Motta Marat‐
Sade ; I. Ronayette On ne badine pas avec l’amour ; X. Letourneur J’aime beaucoup ce que vous faites… Cinéma avec Ph. Garel, M.‐F. Pisier, A. Berberian, A. Chabat, P. Braoude, J. Biras, O. Doran, P. Leconte, V. Guignabodet, D. Le Pêcheur... Télévision avec E. Rappeneau, C. Merret‐
Palmair, S. Kappès, F. Cazeneuve… Mila Savic A joué avec P. Debauche Boris Vian, Boby Lapointe, Francis Blanche (spectacle de chansons), Cabaret des Chansons d’amour et La Belle au bois dormant ; R. Angebaud Lulu ; P. Verschueren Triptyque balcanique (Prix Charles Dullin 1996) et Baal ; M. Bouglione Bel‐ami ; S. Abkarian L’Ultime Chant de Troie ; G. Lavaudant Impressions d’Afrique ; L. Hemleb Pessah / Passage ; J. Lavelli Merlin ou la Terre dévastée ; D. Pitoiset Sauterelles ; J. Décombe La Valse des pingouins ; Ph. Adrien Une vie de château et Partage de midi ; J.‐P. Dumas L’Espoir (encore) maintenant ?… Cinéma avec A. Raoust, A.‐M. Etienne, C. Defert, J.‐B. de Laubier, J. Gravayat et M. Latrèche. Télévision avec D. Tabuteau et B. von Effenterre. Joe Sheridan A joué avec G. de Kermabon Richard III et Le Grand Cabaret de la peur ; Ph. Adrien Cadavres exquis ; A. Bourgeois Three sisters ; S. Grall Hitch (rôle Hitchcock) ; et aussi : R. Wilson, Ph. Gaulier, G. Pressburger... A mis en scène The clearing… Cinéma avec D. Kurys, S. Frears, T. Wright, B. Roth, P. Setbon, J.‐L. Godard, A. Corneau, R. Wallace, R. Polanski, E. Bilal, S. Coppola, A. de Caunes, P. Webber, E. Besnard, The Salto Brothers, P.‐F. Martin‐Laval, A. Kechiche, E. Ionesco, M. Malloney, T. Benisti, C. Devers O. Dahan... 2.Extraits de presse Télérama *** Tout le plaisir est pour nous On sort halluciné du Dindon de Feydeau mis en scène par Philippe Adrien. Depuis longtemps, qu'il traque Kafka, Gombrowicz ou Witkiewicz, le patron du Théâtre de la Tempête est hanté par nos inconscients, les cauchemars qu'ils provoquent, les fantômes qu'ils font naître et renaître. D'ordinaire du côté noir de ces forces obscures, voilà qu'il en choisit la face grotesque en passant Le Dindon au tamis impitoyable des situations imaginées par un auteur joueur et suicidaire, qui semble construire et déconstruire en permanence sa pièce pour mieux la mettre à l'épreuve du pire et en sortir vainqueur. C'est à l'écriture même du texte, et des impasses que Feydeau se donne à surmonter, que nous fait assister la mise en scène virtuose de Philippe Adrien, aidé par une troupe où tous excellent d'humour, d'originalité, de vérité (mentions spéciales à Pierre‐Alain Chapuis, Eddie Chignara, Luce Mouchel). A travers des reparties ravageuses droit sorties des conversations ordinaires, c'est de banales histoires d'adultère qu'il est, comme d'habitude, question ici. Deux épouses se liguent pour se venger d'époux finalement incapables de les tromper tout à fait ; d'imbroglios en quiproquos, de mensonges en coups de théâtre, la sarabande du désir empêché se fait hilarante sous sa noirceur. Obsessions, fantasmes et frustrations se déchaînent dans une mécanique folle qui se joue d'elle‐même jusqu'à l'absurde. Philippe Adrien utilise tous les ressorts du théâtre pour incarner la joute de Feydeau avec nos pulsions et nos cruautés ordinaires. Et les personnages, exaspérés par leur impuissance à être dans ce maelström ingouvernable, deviennent des créatures vidées d'elles‐mêmes aussi comiques que tragiques. Via les corps en folie, Feydeau réussit comme personne à joindre les styles. Un maître. Magistralement servi ici. Fabienne Pascaud Pariscope J’en ai vu des «Dindon» ! Celui‐ci est assurément un des meilleurs. Philippe Adrien choisissant de monter un Feydeau, cela surprend tant ce genre théâtral n’est pas celui qu’il explore habituellement. Pourtant, même dans les œuvres les plus sérieuses, cet homme de théâtre rigoureux a montré qu’il avait de l’esprit et que le rire ne lui faisait pas peur. Il ne faut pas s’attendre à un théâtre bourgeois utilisant des codes bien précis, mais à une vision d’un monde bourgeois et de ses codes. Du coup, on entend «fichtrement» bien le texte et on admire toute la machinerie infernale du comique de Feydeau. Je dirais même que l’on entend très bien entre les phrases. C’est d’ailleurs cette machinerie qui a séduit le metteur en scène, et toute sa scénographie tourne comme un manège autour de cette course entre ces hommes et ces femmes empêtrés dans leurs désirs, leurs mensonges. Ces gens‐là se prennent les pieds dans le tapis et c’est impayable. Jean Haas a créé un décor en rouge et noir sublime, avec plateaux tournants, portes «mouvantes»… Les lumières de Pascal Sautelet, jouant sur le clair‐obscur, sont très subtiles. Les costumes d’Hanna Sjödin sont de toute beauté. Les actes s’enchaînent dans un tourbillon. Le théâtre de Feydeau est un théâtre d’acteurs. Le jeu, plus que jamais, a son importance. Il y a un phrasé, un rythme à suivre. Et là, nous avons du travail d’orfèvre, dans le moindre détail. Quels comédiens ! Quel régal de les voir faire leur métier avec un grand art. Il n’y en a pas un qui soit en deçà. La folie de Feydeau comme sa noirceur résonnent à merveille grâce à leur immense talent. Marie‐Céline Nivière Le Monde.fr Adrien va jusqu’au bout de la folie tantôt hilarante, tantôt angoissante, de ce théâtre d’acteur aussi complexe que jouissif. Il suffit de laisser parler jusqu’au bout les gags qui déferlent à chaque scène, puisqu’ils sont quasiment tous traversés par les vertiges de l’âme. Fragilité des amoureux qui ne retiennent pas le nom des partenaires qu’ils disent adorer. Détresse des hommes qui aiment « toutes les femmes », même si « ça n’est pas flatteur pour chacune ». Fantasmes des épouses fatiguées d’avoir « toujours le même mari », surtout celles, les plus vertueuses, qui rêvent ouvertement d’être cocues pour pouvoir crier vengeance en s’offrant au premier venu…Pour dire ces vertiges‐là, le décor du spectacle tourne tel un manège infernal. Et tout comme le décor, les comédiens nous font tourner la tête. Chacun se livre à des performances qui sont autant de petites œuvres d’art vivantes. Il y a par exemple les danses délirantes de Pontagnac (Eddie Chignara) en pleine parade amoureuse ; ou bien la scène où Lucienne Vatelin (Alix Poisson) se transforme en redoutable torera ; ou encore l’hystérie savamment excessive de Maggy Soldignac (Caroline Arrouas), fraîchement débarquée d’Angleterre à la poursuite de Vatelin… Et puis il y a les grimaces et compositions ahurissantes de Luce Mouchel, qui interprète tour à tour une Clotilde Pontagnac en manteau de fourrure, et une femme de chambre dans un hôtel de passe. A vrai dire, aucun membre de la troupe ne fait exception à ce bonheur du jeu qui engendre, immanquablement, le bonheur du spectateur. Judith Sibony Le Figaroscope Georges Feydeau regardait agir ses personnages, il les entendait. Philippe Adrien, qui met en scène Le Dindon sur une tournette infernale signée Jean Haas, ne s’en tient pas à des questions mécaniques. Il veut l’os. Le sens. Les ombres angoissantes de Pascal Sautelet accompagnent cette ronde d’allumés en un rythme haletant. On bouge, on tourne, et lorsque l’on cherche le repos dans un lit, la stridence des sonnettes vous effraie… Il faut des comédiens de ressource pour interpréter sans fausse note cette partition diabolique. On rit… mais souvent jaune ! Ils sont douze, précis et extravagants. Pierre‐Alain Chapuis, hallucinant Vatelin, fait couple avec Alix Poisson, femme de repartie ; Luce Mouchel est une grandiose Clotilde encombrée d’un époux dépassé, Eddie Chignara. Bernadette Le Saché, drôlissime Mme Pinchard, donne du fil à retordre à Patrick Paroux, Monsieur. Juliette Poissonnier irrésistible Armandine, Caroline Arrouas Maggy, survoltée que Joe Sheridan a du mal à suivre, s’en donnent à cœur joie comme le superbe Rédillon de Guillaume Marquet, Vladimir Ant et Pierre Lefèbvre, essentiels. Un formidable travail de troupe ! Armelle Héliot Marianne Les grands esprits traitèrent longtemps le vaudeville par le mépris, considérant que si les gens de peu y trouvaient du bonheur, c’est qu’il fallait prendre la chose avec des pincettes. Et c’est comme ça que Feydeau fut souvent considéré comme un morceau de second choix. Or, le grand Georges est le roi de la farce, du quiproquo, de l’absurde et de l’humour. Dans Le Dindon, tout n’est que bonheur du texte et pertinence de la situation. A priori rien de très sérieux puisqu’il s’agit d’une histoire de cocufiage généralisé comme il en existe depuis la grotte de Lascaux. Mais Feydeau a le don de brosser des portraits qui en disent plus long que bien des discours sur la quête de l’amour, la pesanteur des préjugés, la petitesse du machisme, et l’art de faire sauter les barrières culturelles, dans un match où les femmes l’emportent par KO. Jack Dion Le Journal du Dimanche VAUDEVILLE parmi les plus fameux de Georges Feydeau, Le Dindon convoque une série de situations plus rocambolesques les unes que les autres. Du haut de sa belle époque, l'auteur y paraît résolument précurseur de l'absurde, dont s'empareront plus tard Ionesco ou Beckett. Dans cette explosive basse‐cour, on croise des épouses outragées, des maîtresses hystériques, des provinciaux mal embouchés et, bien sûr, des maris sur le point de commettre l'irréparable. Avec une troupe de haute volée (Pierre‐Alain Chapuis, Bernadette Le Saché, Joe Sheridan, Alix Poisson...), Philippe Adrien propose une mise en scène vivante et littéralement tourbillonnante. Chacun y va de son grain de folie, on rit beaucoup. Al. C. Les Echos Dès les premières secondes du spectacle, on sait que Philippe Adrien tient ce Dindon par le bon bout. L’entrée tourbillonnante des comédiens dans le beau décor‐manège de Jean Haas donne la température du spectacle : élevée, parfaitement en accord avec la verve assassine de Feydeau. Il y a dans ces premières images un mélange de farce et de grotesque, de comédie et de cauchemar, qui déclenche immédiatement le rire ‐ mais un rire étranglé. Une poursuite folle à la Buster Keaton, des portes fantômes qui tournoient, un bout de canne menaçant qui surgit… et hop, le futur dindon de la farce s’est introduit dans l’intérieur bourgeois. (…) Rigueur et folie se conjuguent dans ce spectacle chorégraphié, qui s’appuie sur une troupe de comédiens virtuoses, en apesanteur. (…) Au‐delà du rire et de l’ivresse, Philippe Adrien met savamment en lumière la satire très crue de la sexualité frénétique des bons bourgeois parisiens et surtout le côté presque féministe de la pièce : les femmes triomphent à la fin, mettant au pas leurs maris‐amants, trompeurs trompés, hommes‐objets ou animaux, dindons d’une farce où ils ont laissé toutes leurs plumes. Philippe Chevilley L’Express Aux petits oignons. Pour rendre justice au génie comique du grand Georges Feydeau, Philippe Adrien a mis les petits plats dans les grands. Ainsi, Le Dindon apparaît d’abord accommodé à la sauce polar, version fin de siècle (le XIXe) : une jolie petite femme inquiète, un grand gaillard aux yeux fous qui la suit, un zeste de pluie imaginaire dans la nuit… Puis s’ouvre le salon bourgeois, où il est de bon ton d’acheter de l’art contemporain, où la solidarité masculine rend aveugle aux complots qui se dressent au pied des dames. Adrien est à son aise dans cet emballement de quiproquos adultérins au terme desquels les mâles se verront réduits au rang d’objets sexuels. Ici, les ressorts de la comédie sont tendus avec une liberté qui s’autorise tout, la finesse comme l’excès. On trouvera donc dans ce spectacle un malicieux hommage à Lewis Carroll, un clin d’oeil amical au boulevard et même une séquence hilarante façon « moi Tarzan ». Un tel régal n’existerait pas sans l’union indéfectible de comédiens. A commencer par Pierre‐Alain Chapuis, Alix Poisson, Eddie Chignara ou Luce Mouchel. Du joli monde entre les draps ! Laurence Liban Le Point.fr Le mari, la femme, l’amant... Dans Le Dindon de Feydeau, le trio de vaudeville élémentaire se corse. Car on a là un inlassable coureur de jupons qui veut faire de la femme d’un ami sa maîtresse, laquelle promet de chercher un amant dans le seul but de se venger, au cas où son propre mari prendrait lui‐même une maîtresse. Ajoutez à cela un jeune héritier épris de noce et de filles faciles, une épouse maintes fois trompée qui veut aussi répondre à l’adultère par l’adultère, une amante anglaise hystérique, un Londonien de Marseille qui la fait suivre... Ouf ! Chausse‐trappes, quiproquos, syncopes, alternance rapide de décors... Complexe ? Subtil ! La mécanique comique, doublée ici d’une noirceur étonnante, nécessite une rigueur implacable. Quelle jeunesse, quelle vivacité dans la version qu’en livre Philippe Adrien ! Il saisit ce Dindon à bras‐le‐corps et le projette, dès la première seconde, dans un univers sombre à souhait, façon film muet empreint d’angoisse. Dans un décor noir, superbe (Jean Haas), et dans la pénombre, Lucienne Vatelin tente d’échapper à son assaillant, Pontagnac, ce qui leur vaut une course‐
poursuite sur tournette, avec musique obsédante et portes qui claquent. Brillant. Tout réjouit, et surtout les comédiens. Grande carcasse brune, regard noir écarquillé, mine impayable, Eddie Chignara ‐ déjà épatant dans Le Roi nu ‐ est désopilant en mari trompeur, coq devenu dindon. Alix Poisson, qu’on a aimée dans des registres plus sombres, révèle ici un vrai talent comique. Sa scène de femme bafouée transformée en maîtresse dominatrice est irrésistible. Et puis Guillaume Marquet (Redillon), Juliette Poissonnier (Armandine, cocotte attachante), Patrick Paroux (formidable en sergent‐major retraité tout autant qu’en valet attentif). Tous ensemble nous conduisent vers un savoureux renversement des rôles où ces dames finissent par l’emporter, femmes‐objets devenues sujets et maîtresses de leur destin. Nedjma Van Egmond La Croix Reprenant à son compte le sempiternel trio du mari, de la femme et de l’amant, Feydeau le remodèle pour aboutir à une véritable machine infernale. S’il est bien question d’adultères, ces derniers ne se consomment jamais, emportés par la mécanique extraordinaire des imbroglios qui se surajoutent et s’enchevêtrent autour non plus d’un seul couple ou trio, mais de deux, trois, voire quatre… Les comédiens révèlent avec brio toute la part noire de leurs personnages égoïstes, mesquins, hypocrites, ridicules, et même méchants. Mais c’est sans jamais les priver de leur humanité. Didier Mereuze France Info Une mise en scène exubérante et réjouissante. Philippe Adrien emboîte le pas au maître du vaudeville en portant un œil neuf sur son écriture. Il ne lâche rien, ni sur la forme – le côté léger et fantasque de Feydeau, ni sur le fond – son interrogation sincère sur le fonctionnement de l’homme et de la femme, ces étranges animaux. Qui trompe qui ? Le Dindon pourrait se résumer à cette simple question. Maris, femmes et amants courent les uns après les autres pendant plus de 2 heures, dans le décor d’un appartement bourgeois juché sur une tournette, une sorte de double plateau tournant. Et tout le génie de Feydeau, et de cette mise en scène, c’est de nous faire rire de nos éternels questionnements sur le désir et l’amour, sur la confusion entre nos sentiments et nos pulsions. La mise en scène alerte, drôle et rythmée, laisse entendre clairement le texte. Le directeur de la Tempête fait mouche avec ce Dindon, il réussit à photographier l’intelligence et la puissance de cet imbroglio délirant. Les 12 acteurs sont excellents, notamment la comédienne Alix Poisson. Elle incarne Lucienne Vatelin dans une scène hilarante du dernier acte, avec le bien nommé Rédillon, joué par Guillaume Marquet, son amant de cœur, épatant lui aussi. Claire Baudéan France Culture Comme toujours chez Feydeau, la pièce est un chassé‐croisé infernal qui donne le tournis. Drôle, oui, mais aussi noir, très noir. Feydeau regarde les bourgeois comme un entomologiste, un joueur d’échecs qui déplace des pions. On a l’impression d’être chez Kafka dans un cauchemar brumeux et absurde. La mise en scène joue sur le mouvement, les gestes et les déplacements des acteurs sont très chorégraphiés, on est entre les arts martiaux et la comédie musicale quand les maris, les femmes et les amants se mettent en ligne et esquissent quelques pas sur un ragtime. Grimaces, yeux révulsés, des bras qui s’agitent, il y a quelque chose d’expressionniste dans le jeu des acteurs même si la consigne est de rester naturel. Sophie Joubert Le JDD.fr Irrésistible et désopilant Feydeau. Philippe Adrien réunit une troupe d’exception autour du Dindon. Vaudeville parmi les plus fameux de Georges Feydeau, Le Dindon met en scène, comme il se doit, des maris sur le point de commettre l’irréparable et des épouses aux aguets, résolues à prendre un amant au premier outrage adultère… Pontagnac, tel un satyre assoiffé, suit Lucienne jusque chez elle où il découvre, stupéfait, qu’elle n’est autre que l’épouse de son ami Vatelin ! Ce dernier n’y voit que du feu et se trouve être lui‐même rattrapé par une ancienne maîtresse, une folle arrivée de Londres. Et ce n’est qu’un début : bientôt, ce pauvre Vatelin se découvrira homonyme d’une paire de provinciaux mal embouchés… Scène après scène, Feydeau convoque de nouveaux personnages créant la surprise, semant la zizanie et agrandissant une insolite basse‐
cour. Et peaufinant un théâtre de l’absurde dont Feydeau, ici, paraît assurément précurseur. Pour cette farce pour le moins consistante, la première réussite de Philippe Adrien est d’avoir rendu chaque personnage aussi intéressant et important que drôle et efficace en misant sur une troupe de haute volée, constituée de comédiens tous passionnants et ici inspirés : Pierre‐Alain Chapuis, Eddie Chignara, Bernadette Le Saché, Pierre Lefebvre, Alix Poisson, Joe Sheridan, Juliette Poissonnier, Patrick Paroux, Luce Louchel, Guillaume Marquet, Caroline Arrouas, Vladimir Ant. On s’en voudrait d’en oublier un seul tant ces grains de folie, une fois rassemblés, nous concoctent un genre d’épice assez explosif. Quoiqu’il en soit, on rit beaucoup et on se réjouit de voir à quel point l’épatante mécanique de Feydeau fonctionne et déclenche les situations les plus rocambolesques. Mais les premiers pris de vertige, ici, ce sont les personnages, dont la mise en scène suggère fort bien les frayeurs et fantasmes enfouis... Un ressort dont la scénographie ingénieuse, psychanalytique sur les bords et littéralement tourbillonnante, tire fort bien parti. Alexis Campion La Terrasse Une jouissance singulière. Entretien. En quoi Feydeau est‐il un auteur particulièrement difficile à mettre en scène et à jouer ? Philippe Adrien : Feydeau, difficile à mettre en scène !? Allons donc, c’est tellement génial ! Tellement génial que si on se plante, c’est vraiment la honte ! Sans doute est‐ce une des raisons qui m’a fait différer le projet jusqu’à maintenant. L’aspect d’épreuve n’est pas sans m’amuser, mais ce qui a déterminé mon choix, c’est une fiction : Le Dindon ! Une comédie dont les enjeux, les personnages, péripéties, quiproquos et délires me parlent, nous parlent. Cette folie est une mécanique de précision et là réside tout le paradoxe de Feydeau lui‐même, ce maniaque fasciné par la désinvolture, ce moraliste qui se vautre dans la plus infernale trivialité. Et avec quelle écriture ! Quel style ! S’il m’importait de revendiquer une quelconque technicité, je dirais que tout ce que Feydeau exige des comédiens, du metteur en scène, disons même du théâtre est le fin du fin du métier. Passionnant en soi… Et ce qui est difficile, c’est qu’à l’arrivée cela ait l’air facile… Allez‐vous ancrer votre mise en scène dans l’atmosphère parisienne de la dénommée “Belle Epoque“ ? P. A. : Pour tout dire, je me méfierais quand même de la tonalité « Belle Époque ». (…) Je n’arrête pas de parler de Brecht aux comédiens, de ce qu’il entendait par réalisme critique : mettre en jeu les signes nécessaires et suffisants, ne pas encombrer le paysage. (…) Feydeau est‐il un fin observateur du genre humain et de la société du XIXe siècle ? Et qu’en est‐
il du couple… et du mariage ? P. A. : Feydeau avait l’œil clair, l’oreille fine et en tant qu’homme de son temps, certes perméable à l’idéologie ambiante, il avait tout compris (…) de la fameuse affaire entre les hommes et les femmes, désir, amour, mariage ‐ fondement de la société bourgeoise (!?) ‐ et ce qui s’ensuit comme ordre et désordre. (…) Partant de l’intime, il arrive à mettre en scène l’intérieur, à faire passer l’intérieur à l’extérieur. C’est ce qui nous touche : ses personnages ‐ forcenés ou égarés qu’il précipite au cœur de son délire ‐ nous embarquent avec eux ! Comment se combinent la folie comique qui emporte les personnages dans une confusion et une course effrénées, et l’individualisation de ceux‐ci ? P. A. : Quand il s’agit d’êtres humains, c’est toujours individuel, personnel, subjectif, du moins faut‐il selon moi commencer par là : à peine le texte découvert, on songe à lui donner du corps, de la chair… et de l’esprit ‐ ça va ensemble. (…) La question primordiale, le réel, c’est l’échange de paroles ! Ce que parler veut dire et rate forcément, le malentendu. Donc, avec Feydeau comme avec Molière ou Tchekhov, il faut travailler la langue, la langue telle qu’elle se parle entre ces gens‐là, dans ce temps‐là… et alors on s’aperçoit que le dialogue est aussi bien de la musique, quelque chose échappe et libère une énergie qui, se combinant avec les actions physiques ‐ très souvent même concrètes chez Feydeau ‐ met en branle une danse. Il n’y a plus qu’à obéir, se laisser conduire… et aller au bout. Chaque fois, c’est une jouissance singulière… Propos recueillis par Agnès Santi Les Inrockuptibles Philippe Adrien s’appuie sur la folie du théâtre de Feydeau pour créer un manège tourbillonnant où les portes claquent et les pulsions sexuelles divertissent. Et si Feydeau était le véritable inventeur du billard électrique ? C’est en tout cas ce que suggère cette mise en scène survoltée du Dindon, due à un Philippe Adrien en très grande forme. Feydeau lance ses personnages à toute allure, tels des projectiles, dans un circuit infernal semé d’obstacles. Il y a bien sûr les portes qu’on se prend dans la figure, incontournables dans tout vaudeville qui se respecte ‐ et dans ce spectacle, elles semblent proliférer de façon quasi hallucinatoire… Mais il y a surtout les autres sur lesquels on se cogne aussi, hélas, plus souvent qu’à son tour, pour peu qu’on n’arrive pas à les esquiver à temps. Une loi d’attraction irrésistible est en effet à l’œuvre dans ce théâtre à forte teneur pulsionnelle. C’est la loi du désir amoureux, dans sa version impatiente, celle qui prend à la gorge. Feydeau étant en ce sens l’opposé exact de Marivaux. Soit un homme qui poursuit une femme de ses assiduités jusqu’à s’introduire dans son salon. Sans attendre, il entreprend la dame réfugiée sur le canapé. Jambes en l’air, exhibant sa jarretière, elle se débat contre les assauts du fougueux. La porte s’ouvre. Ciel… l’époux ! Coup de théâtre : les deux hommes se connaissent. Amis de longue date. Même s’ils ne se fréquentent guère. Les voilà qui devisent en vieux copains ; Vatelin ‐ c’est le nom du mari, finement interprété par Pierre‐Alain Chapuis ‐ et le bouillant Pontagnac ‐ coureur au sang chaud que joue Eddie Chignara. A ce premier triangle, Feydeau ne tarde pas à ajouter d’autres protagonistes. Pontagnac, le coureur de jupons, a lui aussi une épouse, et Lucienne Vatelin (Alix Poisson) un autre prétendant, le jeune Rédillon (Guillaume Marquet), auquel elle se refuse. Célibataire et assidu de la maison, Rédillon suscite aussi sec la jalousie de Pontagnac. Lequel ment par ailleurs comme un arracheur de dents pour sauver les apparences. L’arrivée de madame Pontagnac (Luce Mouchel) complique encore la situation. Les deux femmes jurent bientôt de se venger en prenant un amant si jamais elles découvraient que leur mari les trompe. La tension monte. Le sol tourne sur lui‐même, manège ou tourbillon qui emporte les personnages en un mouvement vertigineux. Mais ce n’est que le début. Surgissent bientôt d’autres participants : une Anglaise survoltée, son britannique époux (qui, en fait, vient de Marseille), qui la soupçonne d’avoir un amant, un groom travaillé par la puberté, un militaire en retraite et sa compagne, un commissaire. ll y a du flagrant délit dans l’air. ll y a surtout du pur délire, le théâtre de Feydeau flirtant avec la folie. Une folie désopilante, servie par des acteurs hors pair, et dont Philippe Adrien souligne la charge subversive, visitant au passage les pulsions sexuelles les plus diverses. Façon de montrer que l’inconscient est comme chez lui dans ce théâtre débridé qui n’a rien à envier au surréalisme. Hugues Le Tanneur 3.Pour aller plus loin… Biographie de Feydeau Georges Feydeau grandit au sein d’un milieu littéraire et bohème et fit preuve très tôt de son goût pour le théâtre. À quatorze ans, il fonde au Lycée Saint‐Louis, avec quelques condisciples, le Cercle des Castagnettes et interprète dans ce cadre, avec un certain talent, du Molière, du Labiche, ou des monologues de son propre cru. À 19 ans, Feydeau fait jouer sa première pièce, Par la fenêtre (un quiproquo en un acte pour deux comédiens), dans un casino de station balnéaire et remporte un certain succès. Mais entre 1882 et 1890, la demi‐douzaine de comédies qu’il compose, ainsi que plusieurs monologues interprétés par de grands comédiens (Galipaux, Coquelin cadet, Saint‐Germain), ne lui permet pas de percer. Seul Tailleur pour dames (1886), qui tient 79 représentations, trouve grâce aux yeux de la critique. En 1892, alors que Feydeau (qui s’est marié trois ans plus tôt avec la fille du peintre Carolus Duran) songe à se faire acteur, il remporte enfin son premier vrai triomphe : Monsieur chasse. « Je ne vous décrirai pas le public », écrit Francisque Sarcey : « il était épuisé, il était mort de rire, il n’en pouvait plus ». Deux autres pièces de Feydeau, également créées en 1892, confirment le sacre du nouveau roi du vaudeville. Les œuvres suivantes (Un fil à la patte et L’Hôtel du Libre‐Echange, 1894 ; Le Dindon, 1896), en font le dramaturge français le plus célèbre de son temps, traduit en une dizaine de langues et joué dans toutes les capitales d’Europe. Sa gloire culmine avec La Dame de chez Maxim (1899), qui dépasse largement le millier de représentations et devient l’une des principales attractions touristiques du Paris de l’Exposition Internationale. Feydeau peut se permettre de prendre quelque temps ses distances avec le vaudeville pour se consacrer à ses autres passions : le noctambulisme et la peinture. En 1904, il revient cependant au théâtre avec La Main passe, que suivent La Puce à l’oreille (1907) et Occupe‐toi d’Amélie (1908). Dès cette même année 1908, Feydeau entreprend de renouveler sa manière et renonce aux procédés du pur vaudeville pour se concentrer sur les ressources comiques des dissensions entre époux. Ce versant de son œuvre, inauguré par Feu la Mère de Madame, est sans doute inspiré à la fois par le souci de s’illustrer dans un genre théâtral moins méprisé (en 1916, le chapitre Théâtre d’un ouvrage intitulé Un demi‐siècle de civilisation française (1870‐1915) cite, entre autres dramaturges dignes d’intérêt, Augier, Pailleron, Hervieu, Curel, Capus, Donnay ou Lavedan – Feydeau est complètement ignoré – et par ses propres malheurs conjugaux : séparé, puis divorcé de sa femme, Feydeau vivra en effet ses dernières années à l’hôtel. De cette époque datent des farces conjugales en un acte telles que On Purge Bébé (1910), Mais n’te promène donc pas toute nue (1911), Léonie est en avance (1911) et Hortense a dit : « je m’en fous ! » (1916). Mais Feydeau, vieillissant, a toujours plus de difficultés à terminer ses pièces (certaines restent d’ailleurs inachevées). En 1919, une affection syphilitique entraîne de graves troubles mentaux : Feydeau doit être interné dans une maison de santé de Rueil‐Malmaison. Il y meurt en 1921. Henry Gidel, Le Vaudeville, Paris, 1986. Biographie courte Georges Feydeau naît en 1862 au sein d’un milieu littéraire et bohème. C’est avec Tailleur pour dames (1886), qu’il est reconnu par la critique. Sept ans après son premier vrai triomphe Monsieur chasse, sa gloire culmine avec La Dame de chez Maxim (plus de mille représentations). Après 1908, il renonce aux procédés du pur vaudeville et écrit des pièces en un acte (Mais n’te promène donc pas toute nue, Léonie est en avance…). Atteint de troubles psychiques dus à la syphilis, il meurt en 1921, comme si la folie de ses pièces avait été rattrapée par la folie tout court. Le vaudeville Esthétique L’évolution de l’art du vaudeville permet de déceler le développement d’une mécanique d’écriture originale, faite de dialogues et de chansons imbriqués au gré des fantaisies de l’auteur et du trajet bousculé des personnages. Montées une à une, les répliques se suffisent à elles‐mêmes, sans silence, sans intervalle, sans psychologie immédiate. Chaque réplique est un accident imprévu, et pas seulement un moment, dans le parcours du personnage. ignorant ce qu’il fera après la réplique, il ne sait pas ce qu’il faisait avant qu’elle lui échappe. Sans passé, innocent de ce qu’il enclenche, en réaction, chez les autres, le personnage est pleinement en acte ce que la réplique contient en puissance : un cri, un mot d’esprit, une exclamation, une injure, une douleur, un éclat de rire. Sans autre projet. Le vaudeville présente la conception de rencontres inattendues et détonantes, de rapprochements de situations incompatibles, d’affrontements de personnages, enchaînés aux répliques, qui, l’instant précédent, ne se connaissaient pas. De ces coïncidences apparemment fortuites, néanmoins habilement agencées par l’auteur, naissent des entrées et sorties foudroyantes, des dérèglements du comportement, des poursuites minées d’embûches et de chausse‐trapes dans lesquelles s’engouffre le personnage qui a oublié le but de sa précipitation excitée. Epuisé, exténué, meurtri, il endure l’accumulation d’aventures et de coups qu’il ne maîtrise pas. A cette souffrance physique s’ajoute l’objet créateur de situation. La transmission d’un vêtement, la perte de billets de banque, la recherche d’un chapeau de paille disparu, l’oubli d’une jarretière ou d’une livrée concourent à la fabrication du rythme infernal du vaudeville. Heureusement le fol aboutement des situations est ponctué de havres de bonheur. La musique, les chansons fondent l’humeur joyeuse qui doit dominer au spectacle de vaudeville. Ironiques, sarcastiques, fortement rythmées et scandées, les chansons, aux sonorités répétées, redoublées, permettent au public le plus large de participer aux heurs et malheurs des personnages. Ainsi le cours effréné des scènes, les chocs entre les situations sont atténués par le plaisir vocal comme s’il s’agissait de se donner du cœur à la poursuite du spectacle, immergé dans le flot de plaisirs sonores. Si l’auteur de vaudevilles ne parvenait pas à créer de surprenants et heureux dénouements, la pièce s’accomplirait, en fin finale, dans un carnage féroce, un cauchemar au réveil brutal. La chanson populaire et maligne du XVème siècle, l’alternance de textes satiriques parlés et chantés des XVIIème et XVIIIème siècles, les histoires de fous constituées de quiproquos et d’intrigues à rebondissements du milieu du XIXème siècle, ces étapes dans l’histoire du vaudeville se sont transformées en trajets rapides et pénibles du personnage dont on moque l’absence de conscience. A l’origine, simple divertissement d’où le sérieux est exclu, le vaudeville aboutit, à la fin du XIXème siècle, à la risible confrontation de personnages prisonniers d’objets qui dénoncent les mensonges répétés de ces pantins articulés victimes de répliques agressives surgies de leur inconscient. Daniel Lemahieu, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Bordas, Paris, 1968. Jeux de langage Dans le vaudeville, la langue est considérée comme un matériau. Plusieurs champs langagiers existent dans la même pièce et sont efficaces autant à la surface du texte, lors de la lecture, qu’à la représentation de cette orchestration de mots et de formules. Parlers paysans et populaires, “cuirs”, grivoiseries, pataquès, mots inventés, jurons, interjections, jeux de langues équivoques, expressions étrangères, argots, langages techniques, calembours, déformations linguistiques, parodies, paradoxes, euphémismes... La liste n’est pas close. Les combinaisons de langues différentes constituent un théâtre polyphonique à l’intérieur des répliques. Les variations multiples créent des déplacements, des dérapages, des fuites de bouche détonantes d’où naît le comique. Il s’appuie sur les malentendus affichés à la surface du texte. Les jongleries de termes et d’expressions, constituées de fragments de langues hétérogènes engendrent un univers d’espiègleries et de fantaisies textuelles. Un sort particulier doit être fait aux répétitions. Ici, c’est à la fois la matière sonore (aspect phonique) de la composition dramatique et les effets en miroir, en écho, d’un élément proféré qui accentuent le rythme, la folie, voire l’irréalité ou le fantastique des propos. Les répétitions touchent aussi bien les formules, les cris que les onomatopées ou les interrogations brèves. Ces ensembles constituent une partition sonore contribuant à la dynamique de ces textes. Entrecoupées de morceaux et de lambeaux de langue issus d’horizons en apparence incompatibles, les paroles sont agencées dans un processus relevant de la stichomythie. Daniel Lemahieu, Vers une poétique du vaudeville, in Europe ‐ Le vaudeville, n°786, octobre 1994 Un comique délirant et décapant Ces mécaniques n’excluent pas une certaine vérité humaine des sujets et une individualisation bien marquée qui ne réduit pas les personnages à l’état de bamboches malgré les fantaisies anthroponymiques dans la tradition du genre. On ne s’appelle pas impunément Follbraguet ou Chopinet. Bien sûr la bourgeoisie fin de siècle et le monde interlope parisien se reflètent dans les glaces du décor et s’y reconnaissent ‐ c’est un lieu commun de le rappeler ‐, y retrouvent aussi leurs fantasmes et leurs désirs inassouvis. Les pièces baignent dans un érotisme latent. La morale y est presque toujours sauve, mais au prix seul de la convention théâtrale. Au dénouement, on ne peut se départir d’un certain désabusement devant la nature humaine et l’universelle jacasserie. Mais l’amuseur ne se voulait ni moraliste ni penseur. Au bout du compte cependant, la cocasserie loufoque, à force d’ironie décapante, conduit du banal au délire comme dans Ubu roi joué la même année que Le Dindon. Et les critiques d’aujourd’hui se plaisent à rapprocher le burlesque de ce théâtre des créations surréalistes. Quant aux rapports d’incommunicabilité entre les personnages, aux jeux dérisoires du langage dans cet univers régi par la logique déréglée de l’absurde, c’est bien à Ionesco qu’ils peuvent faire songer. Mais en définitive cette œuvre apparaît surtout comme une invite à la pratique de la plus rare et la plus franche des vertus théâtrales : le fou rire. Jean‐Marie Thomasseau, Dictionnaire encyclopédique du théâtre, sous la direction de Michel Corvin, Bordas Feydeau prédit l’absurde Au XIXème siècle, on utilisait la curieuse expression de “folievaudeville” pour désigner les pièces où l’imagination de l’auteur se déployait avec le plus de liberté. Il est vrai que cette folie était canalisée dans des limites relativement étroites et que ses débordements nous paraîtraient aujourd’hui bien raisonnables. Mais de tout temps, la fantaisie avait fait partie de la définition même du vaudeville. Décidé, dès le début, à assumer en grande partie l’héritage du genre, Feydeau n’a pas hésité à pousser si loin les bornes de cette fantaisie que le surréalisme et le théâtre nouveau ont pu se réclamer de son exemple. (...) Dès 1938, Paul Achard saluait en Feydeau l’inspirateur du “loufoque” au théâtre et au cinéma et, de son côté, Robert Kemp discernait dans La dame de chez Maxim, « une farce que ne surpasseront pas les inventions des Mariés de la Tour Eiffel et des Mamelles de Tirésias ». Plus tôt encore, en 1930, Antonin Artaud mentionnait Feydeau parmi les auteurs qui avaient influencé sa conception du Théâtre Alfred Jarry qu’il avait fondé avec Vitrac. Au lendemain du second conflit mondial, tout en continuant à évoquer l’avant‐
garde des années 30, Dada et le surréalisme, on se plaît à considérer l’auteur du Dindon comme une sorte de précurseur du théâtre de l’absurde et Ionesco lui‐même convient qu’il existe une “grande ressemblance” entre son œuvre et celle de Feydeau. Effectivement, on discerne plus d’une analogie entre Feydeau et par exemple, Ionesco ou Beckett. D’abord en ce qui concerne l’emploi des moyens dramaturgiques : le théâtre de l’absurde utilise le plus possible le spectacle au détriment du dialogue : il est anti‐
littéraire. Or, l’auteur du Dindon discernait dans la littérature “l’antithèse du théâtre”. Son œuvre, qui comporte danses, gags, poursuites, mais aussi musique, chant, chœurs, décors truqués, effets d’éclairage n’est‐elle pas, au fond, assez proche de ce théâtre total qu’Artaud appelait de ses voeux et qui n’a cessé de fasciner nombre de nos dramaturges contemporains ? D’autre part, ce rythme de manège fou qui entraîne certaines pièces de Feydeau, cette accélération progressive du mouvement qui intervient à la fin des actes centraux de ses vaudevilles sont déjà le rythme et le mouvement d’Ionesco. Les situations de caractère onirique dans lesquelles Feydeau se plaît à placer ses héros évoquent celles que l’on rencontrera dans le théâtre surréaliste ou dans le théâtre nouveau. Les thèmes sont souvent analogues à ceux des cauchemars. La notion de folie est essentielle dans le théâtre surréaliste où elle est exploitée comme une machine de guerre contre la logique traditionnelle. Les personnages de Feydeau, pris aux pièges de certains quiproquos, sentent leur raison chavirer. Parfois même, une étonnante atmosphère de folie collective provoque la stupéfaction inquiète de ceux qui pénètrent dans les lieux où elle règne. L’univers fantastique de Feydeau est aussi celui de la méprise permanente. Dans ce monde baroque de l’erreur et de la simulation perpétuelles, l’on ne sait plus qui est qui et, comme dans le théâtre de l’absurde, les héros ne sont que les jouets dérisoires d’une fatalité stupide. Henry Gidel in Georges Feydeau, Théâtre complet, Bordas, Paris Le contexte Les Grands Boulevards Le “Boulevard” était un monde à part, le centre des théâtres et de la vie mondaine. Il était, en réalité, composé des six “grands” : les boulevards de la Madeleine, des Capucines, des Italiens, Montmartre, Poissonnière et Bonne‐Nouvelle. Il évoque deux époques : celle du Second Empire avec Jacques Offenbach, et celle de Georges Feydeau dont les dates de naissance et de mort, 1862 et 1921, coïncident à peu près avec celles de la deuxième époque du Boulevard. Celui‐ci s’était créé lorsque les jeux publics avaient été interdits au Palais‐Royal en 1837. C’était, pour reprendre l’expression de Francis de Croisset, “une petite province spirituelle de Paris”, où affluaient financiers, princes, rois en exil ou en villégiature, acteurs, journalistes, littérateurs. Ils se rencontraient dans les théâtres, les salles de rédaction des journaux et les cafés qui y étaient concentrés. C’est à proximité du Boulevard, en effet, qu’étaient tous les grands théâtres. (...) Les théâtres du Boulevard avaient, la plupart du temps, une troupe hors de pair et même quelquefois un auteur attitré. (...) Le Théâtre des Variétés, auquel de Flers et Caillavet valurent un nouvel âge d’or, avait une excellente troupe qui fournit à Feydeau quelques‐uns de ses meilleurs interprètes. Ce fut le cas de la ravissante Jeanne Granier qui, grâce à son talent et à l’intérêt que lui portait le prince de Galles, fit une fulgurante carrière ; ou d’Eve Lavallière, toute de surprise et de feu, que Feydeau admirait fort et fut en 1913 une Môme Crevette étincelante. Parmi les acteurs, il y eut Albert Brasseur, Prince, Guy et surtout l’incomparable Max Dearly, venu du music‐hall, que les directeurs de théâtre s’arrachaient, car il faisait monter en flèche leurs recettes. Trois autres très grands acteurs, amis, mais non interprètes de Feydeau, contribuèrent au prestige du Boulevard : Réjane, Lucien Guitry et Sarah Bernhardt. Les acteurs étaient à la fois adulés et maltraités du public. Les lecteurs des journaux se passionnaient pour les trois cents cravates de Le Bargy et pour les villégiatures d’Eve Lavallière, et Catulle Mendès se battit en duel avec un autre critique qui avait osé dire que Sarah Bernhardt était trop maigre. Mais en même temps, un préjugé tenace sévissait contre eux : certains immeubles refusaient de leur louer un appartement, les grands hôtels des villes d’eau, une fois leur fiche remplie, s’apercevaient qu’ils étaient complets. (...) Gens de théâtre, journalistes, critiques, personnalités du Gotha, des lettres, des arts, de la politique, se retrouvaient tous les jours dans les nombreux cafés des boulevards. (...) Le lieu de prédilection de Feydeau était Maxim’s où il allait souper tous les soirs. Ouvert en 1892 par Maxime Gaillard, rue Royale (presque en banlieue !), ce restaurant était fréquenté par les cochers. L’exposition de 1900, en s’installant tout près, fit sa fortune. Cornuché imagina le “s” à l’anglaise et donna à Maxim’s une ornementation art nouveau : fleurs d’iris et de nénuphars, tentures, portières, rideaux ornés de fleurs languides, coussins. Après le bar, il y avait un large couloir réservé aux habitués qu’on appelait “l’omnibus”. C’est là que se tenait Feydeau devant une bouteille de champagne factice, car il ne buvait que de l’eau de Vittel. C’est de là qu’il observait les clients entrer à gauche dans la salle de restaurant où une banquette de velours fraise faisait le tour du mur, ou bien prendre l’escalier qui menait aux cabinets particuliers, en écoutant jouer les airs à la mode : “La Valse Bleue”, “Les Petits Pavés” et “Frou‐Frou”. Les soupeurs étaient très cosmopolites : c’étaient des gens du monde, des noceurs, de vieux marcheurs, des décavés, des rastas, des acteurs, que Feydeau a fait revivre dans plusieurs de ses pièces. Arlette Shenkan, Georges Feydeau, “Théâtre de tous les temps”, Seghers, Paris, 1972 La Belle époque Il semble bien périlleux de vouloir réhabiliter la Belle Epoque car si, pour beaucoup, elle incarne la joie de vivre et l’insouciance et fait pousser bien des soupirs de regrets, elle a aussi la réputation d’être frivole et de n’être que cela. Plus périlleuse encore est l’entreprise de réhabiliter Georges Feydeau classé une fois pour toutes comme vaudevilliste ‐ de génie, il est vrai, mais cette louange même paraît assez condescendante ‐ et spécialiste de la chambre à coucher et du lit sur la scène. La Belle Epoque a pourtant eu ses mérites et surtout, sous sa folle gaieté, perce déjà le monde moderne. Georges Feydeau en a eu le sentiment très vif, et ses personnages semblent bien vouloir s’étourdir à tout prix pendant qu’il en est encore temps, avant la grande catastrophe de 1914 qui a sonné le glas de l’insouciance d’antan. On méconnaît presque toujours chez Feydeau la fine et peu indulgente peinture d’une société en pleine évolution pour ne parler que de ses qualités techniques. Il semble pourtant que l’observation de son époque, déjà discrètement signalée par certains de ses critiques contemporains, est le côté le plus intéressant de Feydeau et probablement une des raisons pour lesquelles il est encore si goûté, non seulement en France, mais dans le monde entier. (...) La Belle époque a été une époque bénie pour les dramaturges, car le théâtre exerçait sur tout Paris et en particulier sur le Paris du Boulevard et du journalisme, un empire qu’il a désormais perdu au profit du cinéma, mais qui était tel que Paris, à la fin du XIXème siècle, était surnommé Cabotinville. Le public était pris d’une véritable fièvre à l’annonce d’un nouveau spectacle. Certains n’hésitaient pas à traverser la France pour assister à une générale à Paris. Arlette Shenkan, Georges Feydeau Feydeau, témoin d’une fin de siècle Homme de théâtre dans le sens le plus large du terme, il avait produit soixante‐trois pièces, mais tint aussi souvent à les mettre en scène et parfois même à y jouer. Ayant été, par sa naissance, placé aux premières loges, il a pu se montrer un observateur, un témoin et un complice de la société «fin de siècle», de cette prétendue Belle Époque où les rapports étaient acides, la méchanceté incroyable, où régnaient ces turpitudes qui ont valu à Paris une grande part de sa réputation sulfureuse, monde dont les feux devaient s’éteindre en 1914. Avec un réalisme cynique et quel mordant dans le regard ! il chercha à provoquer toutes les couches sociales, même celles dites « inférieures » : le monde des domestiques ne fut pas artificiellement isolé de celui des maîtres, et joua lui aussi un rôle essentiel dans l’action. En répartissant ainsi les rôles, il brisa délibérément les conventions dramatiques traditionnelles, qui séparaient verticalement la société pour la faire entrer soit dans les carcans nobles de la tragédie, soit dans ceux, vulgaires, de la comédie. Ce fut donc un tableau vivant de la Belle Époque qu’il brossa dans le menu détail, en donnant à voir des domestiques, des médecins, des assureurs, des tenanciers d’établissements, etc. Mais il s’acharna surtout sur la médiocrité sinon les absurdités des existences bourgeoises, ridiculisa leurs conventions. Dans ses décapantes peintures sociales, il épingla les travers humains, égratigna des individus qui, avançant vers leur destin, s’attardaient à croquer dans les morceaux charnus de la vie. Il montra, entre eux, les rapports de force, les abus de pouvoir, le rôle de l’argent, la toute‐puissance de certaines corporations. Surtout, il souligna la difficulté qu’ont les hommes et les femmes à se comprendre, l’incommunicabilité entre les sexes, l’échec du couple et des relations humaines en général. Il dénonça la vanité et le cynisme des uns et des autres incapables de se comprendre, et, en particulier, la dérisoire volonté masculine de dominer. Il connaissait bien la syntaxe conjugale et l’art de bousculer les constructions matrimoniales pour que le spectateur ne sache plus qui est le sujet ou le complément de qui. Tous ses personnages, dans leur libertinage fringant, « se soutiennent dans le vice » en faisant mine de ne pas y goûter, rêvent d’effleurements privilégiés, sont émoustillés par le petit baiser à la dérobée. Pour encourager le choc des épidermes, il déploya la panoplie des alcôves : cachettes, placards, lits à bascule, qui permettent des rendez‐vous galants et des embuscades qui laissent ces messieurs‐
dames dans de mauvais bras et de mauvais draps. Il ne se contenta pas de généralités et de lieux communs : il produisit une véritable analyse morale de son temps, notamment à travers la question encore délicate de l’amour et de la sexualité. Si l’amour est un des moteurs les plus communs de la comédie depuis sa naissance, et s’il a été exploité de fond en comble par Molière et Marivaux, Feydeau poussa l’audace jusqu’à faire de la sexualité elle‐même un des principaux sujets de ses pièces, ou du moins l’explication la plus courante aux problèmes qui se posent pour les personnages ; il se fit un devoir de l’étudier avec plus de profondeur qu’aucun auteur de vaudeville avant lui et avec une lucidité comparable à celle de son contemporain, Freud. Pour lui, la sexualité, bien plus, en fait, que les sentiments, est à l’origine des principaux malentendus et quiproquos entre hommes et femmes. Il en fit un moteur essentiel de son cruel théâtre, la rendit présente dans la plupart de ses pièces dont les nœuds dramatiques se nouent autour d’elle, où elle fait rebondir l’action et en même temps le comique. Ce comique est celui du vaudeville, genre qu’avait brillamment illustré avant lui, sous le Second Empire, Eugène Labiche, dont il fut assurément le rénovateur et qu’il a porté à son point de perfection. Le genre subissait la concurrence victorieuse de l’opérette après avoir abandonné les couplets chantés. Sans chercher à revenir sur le passé, il orienta le vaudeville dans une voie nouvelle. Quand on dit Feydeau, on pense habituellement à des histoires de maris trompés, avec cocottes jolies et vénales, amants dans le placard et autres clichés, le tout sentant la convention et le théâtre bourgeois. Mais il dessina plus fermement des personnages qui, même s’ils sont déjantés, s’ils nous donnent l’impression d’être fous, s’ils sont enfermés chacun dans son univers mental, ne sont pas des marionnettes, ne se résument pas à des archétypes : quelle que soit leur origine sociale, ils nous sont proches par leurs défauts, leurs manies ou leur cruauté. Ils ont une vérité et une profondeur telles que nous pouvons nous reconnaître en eux. Intrinsèquement sincères et vrais, ce sont des êtres du quotidien auxquels on s’attache même si l’on rit à leurs dépens. Une fois que la pièce est lancée, ils sont pris dans un mouvement vertigineux qui jamais ne se relâche, dans un enchaînement échevelé de situations cocasses, car il imprima à l’action un rythme accéléré, époustouflant, excita constamment l’intérêt par le recours méthodique aux situations hilarantes, aux événements inattendus et aux péripéties tumultueuses, aux impossibles imbroglios, aux apartés et aux clins d’œil au public, aux gags et aux traits d’esprit, aux répliques drôles ou cinglantes, aux quiproquos sidérants, au délirant ballet des portes qui claquent et aux folles entourloupettes, aux dédoublements et aux malentendus, aux rebondissements et aux coups de théâtre. Inénarrables, les intrigues abracadabrantes naissent d’un fait fortuit puis tricotent des chassés‐croisés où on se quitte, on s’éprend, on s’époumone, on se jalouse, piquent dans une direction inattendue, secouant le spectateur jusqu’à ce qu’il en pouffe, conduisent vers un point où tout explose mais parviennent cependant à un dénouement plausible où, puisqu’on est dans la comédie, tout finit par se raccommoder, chacun retrouvant sa chacune. De ces véritables machines infernales, il enclenche l’engrenage et maîtrise les rouages, sans se laisser jamais dépasser ni entraîner. Elles fonctionnent de bout en bout sans défaillance, obéissant à la logique rigoureuse, à la précision terrible qu’exige le rire. À juste titre, on a dit que ses vaudevilles sont des mouvements d’horlogerie d’une précision indéfectible, que son théâtre est fondé sur ce que Sacha Guitry appellera son « pouvoir de faire rire infailliblement, mathématiquement ». On pourrait croire que, quand Bergson définit le rire comme « du mécanique plaqué sur du vivant », il pensait spécifiquement à Feydeau. L’effet d’une situation ou d’une réplique tient à la justesse du « timing » de chaque comédien. Un seul faux pas, en seul regard placé au mauvais moment, une répartie arrivant une seconde trop tard et c’est le flop. On passe à côté du rire. Et c’est bien la nécessité de cet ajustage délicat qui pousse tant de metteurs en scène d’aujourd’hui à monter ses pièces. À cela s’ajoute, dans une langue aisée, naturelle, limpide, un dialogue haletant, direct, précipité, où, comme des joueurs d’échecs qui prévoient le coup suivant, les personnages affûtent déjà la réplique suivante, encore plus cinglante, vraiment assassine ; un dialogue truffé de saillies et de mots d’auteur jetés comme autant de clins d’œil, le comique de Feydeau se pimentant d’une pointe d’ironie sinon de satire. Enfin, l’agencement du décor, la mise en scène, le jeu des comédiens concourent à l’effet de ces pièces sans prétention et très efficaces. Non content de soupeser chaque virgule de son texte, il le surchargeait d’indications de mise en scène particulièrement précises, chiffrées même, et ces didascalies nous font entrevoir un soin presque maniaque du détail : elles concernent tout autant les moindres gestes des interprètes que les détails du décor et même les astuces de mise en scène qui doivent, par exemple, permettre à l’acteur qui joue les sosies Chandebise et Poche de passer du costume de l’un à celui de l’autre en un clin d’œil, ou à un lit de pivoter. D’ailleurs, il mettait un point d’honneur à orchestrer lui‐même la mise en scène de ses pièces et parfois à y jouer. Depuis cent ans, les bourgeois, pas si bêtes, viennent se divertir des pièces d’un bourgeois ridiculisant la bêtise des bourgeois. C’est l’intelligentsia, pas si intelligente, qui l’a dénigré pour cause de supposée légèreté, qui a résisté le plus longtemps à son inventive folie. Il fut le père spirituel de Sacha Guitry et de Jean‐Michel Ribes, qui à leur tour, ont pris goût à retracer les frasques conjugales au théâtre, souvent dans des pièces en un acte. Bien qu’il n’y ait chez lui aucune affectation de gravité ou de profondeur, des intellectuels s’intéressant enfin à son théâtre ont cru pouvoir voir en lui l’un des précurseurs du théâtre de l’absurde et d’Ionesco, car, jusqu’à un certain point, c’est le langage qui chez lui devient l’objet du conflit entre les personnages. Le succès de ses reprises ratifie le jugement de l’un de ses pairs : « Il fut notre plus grand auteur comique après Molière. » André Durand, www.comptoirlitteraire.com 

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