Le dossier artistique

Transcription

Le dossier artistique
Trois femmes
descendent vers la mer
TEXTE
Gilles Granouillet
MISE EN SCENE
Thierry Chantrel
Cie Travelling Théâtre
61 rue de la Richelandière, Saint-Étienne
Tel : 04 77 47 01 31
Avec le soutien des villes de Saint-Étienne et
Lyon, du Conseil Général de la Loire, du Conseil
Régional Rhône-Alpes et de l’ADAMI
NOTE DE L’AUTEUR
Comment une vie bascule l'espace d'une journée ?
Prenons trois femmes : la plus jeune a une quinzaine
d'années, la plus âgée a dépassé la soixantaine, et
mettons-les sur une barque au fil de l'eau. La situation de
départ de la pièce a quelque chose de cocasse voire
d'irréel.
Ce qui va advenir d'elles, personne ne le saura exactement, ce sont bien les circonstances qui les ont
amené jusqu'ici qui font l'histoire, qui font la pièce.
Comment une vie bascule l'espace d'une journée ?
Tout a commencé hier matin,
Adèle était encore au lit à coté de son mari, ses enfants dormaient, la vie coulait… Louise s'apprêtait à
passer une journée de plus près de ce vieux monsieur, ce compagnon de toujours… La Proue, sœur
cadette d'Adèle, se réveillait dans cet hôpital devenu sa maison depuis quelques années…
Rien n'annonçait la tempête qui allait suivre, ce point de non-retour qui fait que des vies anonymes
changent subitement de cap.
" Trois femmes descendent vers la mer " peut se lire comme un petit roman à trois voix, mais c'est bien
pour la scène qu'il a été écrit, pour que l'intimité de ces personnages soit partagée avec le public. Car il
s'agit bien de cela, donner à entendre de l'intérieur les mécaniques qui nous font agir et réagir d'une façon
tout à fait incontrôlée en apparence. L'histoire d'Adèle, Louise et de La Proue pourrait trouver sa place
dans un fait divers, dans une chronique policière. Nous lirions dans les journaux ce qui s'est passé, on
pourrait faire un gros tirage…
Il s'agit de criminelles ! La pièce nous propose d'aller plus loin : nous faire entendre les dessous de
l'histoire. Et même s'il y a crime, cela n'exclut pas la drôlerie… qui va si bien au théâtre.
Trois portraits de femmes à trois âges de la vie, mais une seule histoire, celle de femmes qui luttent pour
continuer à garder la tête haute.
Gilles Granouillet
INTENTIONS DE MISE EN SCENE
Avancer en âge, se regarder de temps en temps dans la glace, lucidement, sans complaisance et se dire:
"Ca va!"Etre en accord", dedans et en dehors de soi, bien dans sa tête, bien dans son corps! Avancer vers
la Grande Issue et tout faire pour ne rien regretter...
Mais le voyage vers le Grand Calme se fait souvent dans l'effort, la résolution violente de profonds
désaccords. On s'installe à son insu dans quelque chose dont on ne sait pas encore tout à fait que cela ne
nous conviendra absolument pas!
Et l'on s'y vautre, on s'y enlise, on s'y noie!
Alors, un jour, les liens sociaux, culturels, intimes sont si gros, si tendus. Il faut larguer les amarres, mais on
a tellement attendu qu'elles sont comme la corde d'un arc. Et on tranche d'un seul coup ce qui nous
retient et ça fait comme un grand coup de fouet dans l'eau...Il faudra qu'elle retrouve son calme, sa
surface lisse pour qu'on puisse à nouveau se regarder dedans, comme dans un miroir, et dire à son reflet:
"Ca va!".
La proue, Adèle et Louise, chacune à leur manière, ont largué les amarres. Elles ont taillés dedans, elles
ont lâché d'un seul coup ! Et maintenant que l'eau s'est déridée, elles peuvent entreprendre, à bord de leur
petite embarcation un voyage vers la paix intérieure.
Une petite barque, en bois, un tout petit endroit pour de bien grandes confessions. Et, à l'arrivée (quelle
arrivée?), pourront-elles vraiment se dire "ça va!"? Les trois comédiennes seront en permanence à la
recherche de cet équilibre fragile, personnel qui fait que ce qui parait insensé pour l'un est absolument
justifié pour l'autre. Sur cette barque, tout est normal. Cette histoire de criminelles n'est pas une histoire
policière. Il n'y a pas d'autre suspense que de savoir si, au bout du compte et des actes, elles ne se sentent
pas vraiment "bien" pour la première fois de leur vie.
Ce n'est pas la première fois que je donne, sur scène, la parole à des femmes. Avec Soeurs secrètes, de
Philippe Sabres, il y avait déjà cette urgence à se sentir bien. C'était aussi un homme qui en était l'auteur.
Quand les hommes donnent la parole aux femmes, ce n'est pas pour qu'elles nous ménagent!
Thierry Chantrel
LES PERSONNAGES
Trois femmes descendent vers la mer.
Trois femmes, une jeune femme, une femme, une vieille femme.
Elles ne discutent pas. Elles ne se taisent pas. Elles se racontent. Elles font le point. Elles voguent.
Louise:
Elle va vers la mer. Elle a beaucoup vécu. Elle ne comprend pas bien ce qu’elle a vécu. Son existence est
quelque part; loin; derrière elle. Elle a perdu son homme, tout à l’heure. Elle l’a laissé sur la rive. Elle est
en route vers la sérénité. Elle rame vers le bout de sa vie.
« Quelque chose comme ça ne m'est jamais arrivé. Voyager, toute une nuit au fil de l'eau ne m'est jamais
arrivée et je n'ai jamais parlé à des assassins.
Cet après midi j'étais sur un banc, le banc du parc. Je suis là maintenant sur une barque. Je sais que le
moindre petit incident chagrine les vieilles mais là…sous cette lune maigre comme une ficelle, mal assise
avec deux inconnues... Sur mon banc, dans le parc, je suis confortable. En face, deux cèdres centenaires et
puis d'autres arbres plus petits au bout de la pelouse. A ma gauche, il y a un homme assez vieux. C'est mon
mari. Le soleil se couche derrière les cèdres, on pourrait dire dans la rivière en quelque sorte. Quand il sera
couché nous rentrerons. Un peu avant. Si nous attendons qu'il soit couché les derniers mètres jusqu'à la
maison se font dans le noir. Mon mari l'a remarqué alors nous rentrons un peu plus tôt. A notre âge, nous
craignons d'être surpris. Comme si la nuit qui tombe était une surprise. Mais le jeu consiste à faire en sorte
que rien ne se passe qui n'ait été envisagé. Voir arriver la chose. Trouver la bonne épuisette pour que la
chose tombe dedans. Prier pour que tour se passe bien. Une fois la chose dans l'épuisette ranger le tout et
fermer à clef ! »
Adèle:
Elle va vers la mer. Elle a déjà trop vécu. Elle ne comprend pas bien ce qu’elle a vécu. Elle n’en peut plus.
Elle s’est épuisée de mari, d’enfants. Son existence est quelque part; loin; derrière elle. Elle a quitté un
homme; va en tuer un autre; et des enfants, dont un tout petit qui ne pleurera plus jamais. Ils sont au
loin comme une blessure ancienne. Elle avale une grande bouffée d’air. Elle rame vers sa liberté.
« Alors je claque la porte, je traverse le jardin, je vois tout, comme on voit les choses pour la dernière fois.
Les vélos des enfants, le cerisier du japon, l'herbe blanchie par la nuit et ce portail lourd comme une
enclume, j'avais poncé ses barreaux un par un avant qu'il ne le repeigne en noir. Je vois mais je ne ressens
pas, je ne pense à rien. Je cours dans la rue, les gens me regardent, je cours, j'ai le temps pourquoi je cours
? Le petit s'est fait mal je l'ai entendu sur le carrelage, pourquoi je cours, je ne pourrai pas revenir, jamais,
pourquoi je cours? La voiture ! Il faut que je la trouve. Une voisine s'avance, elle sourit, elle me parle, je
lève la main sur elle, juste la main en l'air, sans bouger avec une tête de folle. Elle s'éloigne en trottinant,
elle trébuche, se relève. La voiture ! La voilà, enfin la voiture ! J'ai les clefs, j'ai la voiture j'ai tout ! Mais
pour aller où ?
Pour te voir, la proue, même si c'est pas dimanche, même si on est jeudi.
La Proue:
Elle va vers la mer. Elle respire artificiellement. Alors, elle prend l’air pour en avaler de grandes goulées.
Elle a peu vécu, mais elle en sait beaucoup sur la vie. Sur elle-même aussi. Elle est lucide. Elle a regardé un
homme mourir. Elle en sourit.
Et elle rame dans sa tête, avec vigueur, loin vers le large.
« Moi aussi j'ai envie de rire, Adèle. Depuis que mes petits seins sont pris là dedans tout le monde chuchote
autour de moi, je me crois à l'église. Tout le temps à l'église et moi j'ai envie de rire ! Des fois je leur dis zob.
Je prends ma voix la plus douce, la plus suave. Zob ! Ils me regardent, ils ont entendus, ils sont furieux et à
la fois ils hésitent…alors je mets mes yeux d'épagneul, Lucifer sous les traits de blanche neige: "Pourquoi
vous me regardez comme ça ? Je vous fais pitié ?" C'est gagné, c'est dans la poche, il n'y en a pas un pour
me faire répéter !
Zob Mémé, Zob ! J'ai envie de rire, je peux crier, c'est tellement grand, c'est l'aube la plus belle de ma vie. »
LES COMPAGNIES
Cie TRAVELLiNG THEATRE
La Compagnie Travelling Théâtre poursuit autour d'une équipe fidèle un travail de fond, en particulier en
direction d'un public qui n'est pas acquis à priori au théâtre. Elle propose une parole d'aujourd'hui,
prenant le plus souvent appui sur des textes contemporains qui mettent en jeu les questions qui traversent
notre époque.
Implantée depuis sa création sur Saint Etienne, elle ouvre en 2002 le théâtre du Verso.
Si le théâtre a un rôle de miroir sur le monde qui l'entoure, s'il refuse les facilités d'un "art musée", réservé
aux initiés, qui délaisse l'implication dans la cité, alors depuis 1989, nous pouvons dire que nous sommes
une compagnie de théâtre.
Cie SORTIE DE ROUTE
Créée en 1987, la Compagnie Sortie de Route se définit comme une compagnie de création et de tournée.
Plus encore, elle le revendique.
Nous nous plaisons à explorer des genres sans cesse différents, à proposer des univers forts et originaux
inspirés par des textes de natures très diverses (pièces, romans, créations...).
Nous réalisons, en moyenne, une création par an, et nos productions sont exploitées en tournée sur
plusieurs saisons. La rencontre avec des publics variés mêle étroitement plaisir et nécessité.
Les résidences de création nous permettent de nous immerger profondément dans notre travail, tout en le
nourrissant de rencontres avec des publics variés lors d'entretiens, stages et ateliers avec les partenaires que
sont les compagnies locales de théâtre amateur, les comités d'entreprises, les lycées ou les collèges...
19 ans d'existence - 15 créations.
Plus de mille représentations partout en France et à l'étranger.
L’EQUIPE
LES COMEDIENNES
Louise
Anne-Marie Ponsot
Adèle
Réjane Bajard
La Proue
Charlotte Baglan
LE METTEUR EN SCENE
Thierry Chantrel
L’AUTEUR
Gilles Granouillet
CREATION LUMIERE
Denis Servant / Jérôme Aubert
CREATION MUSICALE
Yvan Perrier
CONTACT
Administration / Production : Aurélie Maurier
04 77 47 01 31 – [email protected]
Travelling Théatre – 61 rue de la Richelandière – 42100 St Etienne
CONDITIONS ET TARIFS
LA PREMIERE REPRESENTATION
3500 € HT
3 comédiennes
1 régisseur
1 metteur en scène
DEUX REPRESENTATIONS
AU DELA
6500 € HT
2500 € HT LA REPRESENTATION
Ces prix s’entendent hors Taxe et hors frais de déplacement et d’hébergement (5 personnes + 1 administratrice de
production)
FICHE TECHNIQUE
PLATEAU
- dimensions minimums 6m50 d’ouverture par 6m de profondeur
- boite noire
- plateau noir voir tapis de danse
LUMIERE
- 23 PAR 64 CP62 + 4 sans lampes (CP95 fournies par Cie)
- 18 PC 1Kw
- 1 Fresnel 2Kw
- 6 découpes courtes type 613
- 42 circuits 2Kw
La Compagnie fournira 6 fluos graduables
SON
- Un système adapté à la salle
- Une console en régie
La Compagnie fournira le lecteur MD
PERSONNEL
- 1 régisseur
- 1 électricien
- 3 services de montage décor + lumière la veille
- 1 service de réglage + 1 service de conduite et clean plateau
- 1 service de démontage le jour de la représentation
Contact Technique:
Jérôme AUBERT
06 08 91 39 80
[email protected]