Rue Frontenac - Gatti, une étoile filante

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Rue Frontenac - Gatti, une étoile filante
Rue Frontenac - Gatti, une étoile filante
Dimanche, 12 juillet 2009 11:19
Les circonstances entourant la mort d'Arturo Gatti n'ont pas encore été complètement éclaircies
par la police brésilienne, mais sa femme a reconnu avoir comploté pour l'assassiner. Peu
importe quelles seront les conclusions de l'enquête, il s'agit d'une nouvelle infiniment triste.
C'est un monument de l'histoire sportive québécoise qui vient de tomber.
Je n'ai pas beaucoup connu Gatti, mais j'ai entendu toutes sortes d'histoires à son sujet. Un
bon ami de la région de Terrebonne, Benoît Godmer, a été un proche voisin de la famille Gatti
durant son enfance. Et au fil des ans, il m'a raconté plusieurs anecdotes savoureuses sur les
jeunes années de ce grand champion.
Gatti avait vécu une adolescence assez rock & roll et, quand il avait quitté Montréal pour le
New Jersey, il était temps qu'il parte, raconte-t-on.
Animé d'une détermination et d'une force de frappe qui ont fait de lui l'un des plus grands enter
tainers
de l'histoire de la boxe, Gatti est malheureusement passé sur cette Terre comme une étoile
filante. C'était un superbe athlète et un chic type.
En février 2000, j'ai eu la chance de couvrir l'un de ses combats au Madison Square Garden.
Un samedi soir mémorable. Dans l'une des deux finales de la soirée (l'autre mettait en vedette
Oscar De La Hoya), Gatti avait affronté Joey Gamache, un Américain du Maine qui présentait
une respectable fiche de 55-3 (dont 38 K-O).
La veille du combat lors de la pesée officielle, Gamache, qui ne savait visiblement pas dans
quoi il s'était embarqué, s'était montré fort irrespectueux à l'endroit de Gatti. Une attitude cheap,
hautaine, qui dépassait la norme pour ce type d'événement.
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Désyhdraté et fort impatient de retourner à son hotel pour refaire le plein d'énergie, le
Montréalais avait tout de même pris la peine de s'entretenir pendant de longues minutes avec
le seul journaliste québécois présent. Et il avait quitté le MSG en soulignant avec détachement
que Gamache allait maintenant devoir remplir la partie la plus difficile de son contrat.
Vingt-quatre heures plus tard, dans un amphithéâtre survolté, Gatti infligeait à Gamache l'un
des plus retentissants knock-outs
jamais vus. J'étais assis tout près du ring et j'avoue qu'en voyant tomber l'Américain sur le dos,
j'avais cru qu'il était mort.
Gamache avait finalement été transporté d'urgence à l'hopital où on l'avait gardé sous
observation durant des semaines. Victime de dommages permanents au cerveau, il n'a plus
jamais remis les gants par la suite.
En quittant la mecque de la boxe après ce gala, personne ne parlait d'Oscar De La Hoya. Ils
venaient de voir une étoile filante.
633 millions $ pour le CH
Il n'y a pas que des nouvelles tristes dans la vie. Parfois, il y a aussi des manchettes qui font
sourire.
Le 1 er juin dernier, tout de suite après la conférence de presse annonçant l'embauche de
Jacques Martin à titre d'entraîneur du Canadien, j'avais croisé Réjean Tremblay juste avant de
quitter le Centre Bell. Il portait ce jour-là un fort joli manteau de cuir aux couleurs des Red Sox
de Boston et je lui avais dit qu'il devait avoir fière allure sur sa moto.
Après les salutations d'usage, Réjean avait pris la peine de commenter une nouvelle publiée la
veille sur Ruefrontenac.com
. «Je vais te dire Martin, s'ils vendent le Canadien pour 600 millions$, je vais m'arracher un par
un chacun des cheveux que je me suis fait transplanter.»
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J'aime bien Réjean parce qu'il est compétitif. C'est aussi un compagnon de voyage amusant
avec lequel j'ai passé des moments fort agréables - et parfois très drôles - à l'époque où nous
étions affectés à la couverture de la F-1. Lui pour La Presse, moi pour un autre journal.
Toujours est-il que la remarque de Réjean était faite sur un ton qui voulait dire (juste un peu):
«Moi, je suis au courant du dossier et vous venez de vous planter pas à peu près.»
J'ai donc souri cette semaine quand j'ai lu que La Presse titrait en première page que le
Canadien avait été vendu pour 633 millions $.
Quand il s'installera devant le miroir avec sa pince à sourcils, j'espère au moins que Réjean
prendra la peine de me téléphoner. J'aimerais beaucoup assister à ça!
3/3