Booster - Le Centre Spatial Guyanais

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Booster - Le Centre Spatial Guyanais
Vivre en Guyane
Booster
Le CSG est l’une des bases
de lancement les plus
modernes et performantes
au monde. 1 380 personnes y travaillent
quotidiennement aussi bien pour
le compte des trois donneurs d’ordre,
l’ESA, le CNES et Arianespace,
que pour celui des industriels et
leurs sous-traitants.
L’implantation de la base, ses
infrastructures et l’activité générée
confèrent au CSG un profil de «poids
lourd» dans l’économie de la région.
Cependant, il semblerait que le caractère
moteur de cette activité pour la Guyane
s’amenuise peu à peu.
Le CNES et l’INSEE s’associent
régulièrement pour évaluer l’impact
du spatial dans le paysage économique
de la région. Les dernières enquêtes
tendent à confirmer la timide évolution
de l’économie guyanaise, qui reste tout
de même soumise à la bonne santé
du secteur spatial.
Le CNES/CSG investit aux côtés de la Guyane pour développer l’économie locale
34 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007
Le CNES/CSG s’investit pour le
développement socio-économique
de la Guyane, contribuant ainsi à dynamiser
l’ensemble des secteurs hors spatial.
Coup de projecteur sur deux études
officielles publiées par l’INSEE, «le poids
du spatial en Guyane en 2002 et 2003»
et «spatial et sous-traitance 2005».
Par Karol Barthelemy
u cours des quarante années qui ont
façonné l’histoire du spatial en
Guyane, les efforts n’ont pas été
poursuivis avec la même intensité. Les
programmes et les flux financiers qui
accompagnent la politique spatiale font état
d’inflexions et de reprises » pointe le rapport
de l’INSEE. Les quatre études d’impact du
spatial menées entre 1965 et 1994 identifient
deux vagues d’efforts intensifs : en tout début
de la période initiale, qui marque l’effort
en matière d’équipement, et le début de la
décennie 90, caractérisée par la combinaison
des investissements d’infrastructure pour
Ariane 5 et la montée en puissance de la
phase commerciale d’Ariane 4. La fin de ces
gros travaux et la généralisation progressive
d’Ariane 5 s’accompagne dès les années
2000 d’une baisse relative des dépenses.
«
A
La nouvelle étude de l’INSEE, réalisée en
partenariat avec la Mission Guyane du
CNES/CSG, met en exergue deux années
atypiques pour le centre spatial :
l’exceptionnelle 2002 et la morose 2003.
2002 bat le record de lancements (12) et
de masse cumulée en orbite. Au CSG,
la mise en oeuvre des Contrats de
Prestation Industrielle s’instaure en vue
de réduire les coûts de fonctionnement,
la réduction des dépenses de maintenance
et d’exploitation du CSG dans le cadre
du contrat ESA/CNES débute. Marquant
également le début de la coopération
pour le futur lancement de Soyouz, 2002
s’achève brutalement sur l’échec du tir de
qualification de la nouvelle Ariane 5 ECA
en décembre.
En 2003, 4 lancements placent 8 satellites
sur orbite. Le nouveau fonctionnement
du CSG se renforce, d’importants travaux
se développent sur la Base pour les trois
lanceurs Ariane 5, Soyouz et Vega, le dernier
lancement d’Ariane 4 a lieu le 15 février.
Le poids du Spatial
en Guyane
Vous aimez les chiffres ?
L’INSEE analyse qu’au total, «2003 voit une baisse spectaculaire
de l’activité commerciale de lancement, mais en contrepartie
une activité non commerciale de gestion de la Base plus
soutenue, avec notamment des dépenses d’investissement plus
importantes». Ces deux années constituent donc de véritables
charnières pour le CSG. La Guyane quant à elle est impactée
dans une moindre mesure, malgré les interrogations générées.
Il convient pour évaluer cela de distinguer les effets directs
générés par les trois donneurs d’ordre, et ceux, indirects et
induits, qui s’étendent beaucoup plus largement à la région.
Les effets directs en Guyane
Sont considérés comme directs les effets générés par l’activité
des trois donneurs d’ordre CNES, ESA et Arianespace et
les activités liées à la sécurité de la Base.
Il apparaît dans ces effets directs que la production marchande,
exceptionnelle en 2002, s’est fortement réduite en 2003 en
raison de la baisse de satellites mis à poste (8 contre 14).
Parallèlement, avec 36% de la production marchande réalisée
en Guyane en 2002, la participation du secteur spatial se réduit
d’un tiers à 23%. Les consommations intermédiaires, achetées
auprès de sous-traitants et fournisseurs locaux, chutent de 43%.
En Guyane, elles ne représentent plus que 44% de la
consommation régionale contre 60% en 2002. Enfin, la valeur des
éléments importés par les donneurs d’ordre représentait 68%
des importations totales des biens de la Guyane en 2002,
pour se réduire à 43% en 2003 (les importations sont
essentiellement composées de biens physiques entrant dans le
processus de fabrication des lanceurs et des satellites, mais aussi
de biens et services liés à l’entretien et l’équipement de la Base).
Des effets indirects & induits importants
Les effets indirects sont les consommations et investissements
générés à leur tour dans toute l’économie guyanaise par les
producteurs locaux afin de répondre à la demande des trois
donneurs d’ordre. Ce sont les consommations intermédiaires
des sous-traitants et fournisseurs et les dépenses des ménages
vivant des activités générées directement ou indirectement par
le spatial. Sont également prises en compte les dépenses des
non-résidents qui viennent temporairement préparer ou
observer un lancement.
Parmi les effets indirects et induits, retenons quelques éléments
significatifs. Le spatial assure 12% de l’emploi total salarié
guyanais. Le spatial est aussi un contributeur important des
finances publiques guyanaises avec, en 2002, 25% des recettes
fiscales d’Etat issues des impôts directs des sociétés (impôts
sur les sociétés, taxes sur les salaires).
LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007 /
35
100 %
Effets du spatial en 2002-2003
90 %
Effets indirects & induits 2002
80 %
Effets directs 2002
Effets indirects & induits 2003
70 %
Effets directs 2003
60 %
50 %
40 %
30 %
20 %
10 %
0%
Valeur ajoutée
Consommations
intermédiaires
Importations
Exportations
Rémunération
des salariés
Production
totale
Globalement, il est indéniable que le spatial rayonne sur toute la
région et pèse dans l’économie guyanaise. Il est cependant à
noter que, si l’on se penche sur les chiffres, cinq indicateurs sur
onze esquissent une légère hausse en 2003 face à la chute plus
ou moins abrupte des six autres.
Tandis que Production et Consommation dans leurs grandes
lignes accusent une baisse importante, les indicateurs d’emplois
s’étoffent légèrement, notamment pour les effets indirects,
les plus étendus. Même minime, cette hausse des effets indirects
et induits révèle que le spatial continue à générer des richesses
locales malgré un contexte somme toute morose pour lui. Un pic
d’exportations à près de 90% confirme que la Guyane n’exporte
quasiment pas en dehors du secteur spatial. Etendu à tous ses
acteurs, le spatial apparaît comme un contributeur important,
non seulement de l’ensemble de l’économie locale, mais
également des finances publiques guyanaises, malgré les
exonérations sur les éléments de lanceurs.
Plus récemment, chez les sous-traitants
Ces effets indirects et induits représentent majoritairement
le bénéfice tiré par les acteurs travaillant avec le spatial en
Guyane. L’INSEE a plus récemment produit une étude «spatial
et sous-traitance» à partir des données 2005. Pour cela,
85 établissements liés au spatial (fournisseurs, sous-traitants,
prestataires de service) révèlent que les commandes liées à cette
activité représentent presque la moitié de leur chiffre d’affaires.
Employant près de 2 500 salariés, la très grande majorité d’entre
eux a connu une baisse d’activité en 2005. Ce ralentissement, qui
épargne seulement les services aux entreprises et les transports,
incombe aux activités hors spatial (-11%), tandis que celui-ci
compense légèrement en faisant progresser ses commandes de
6% sur la même année. Globalement, cela représente une baisse
de chiffre d’affaires de 4,7%, plus importante que celle de la
précédente enquête de 2003. Quelque peu impacté, l’emploi
salarié décroît tout de même légèrement moins qu’en 2003,
essentiellement sur la zone de Kourou où est basé le CSG.
36 / LATITUDE 5 / N°78 / OCTOBRE 2007
Cotisations
sociales
Salaires bruts
Octroi de mer
Autres impôts
sur la production
Effectifs salariés
moyens
L’enquête de l’INSEE révèle également que les services aux
entreprises et l’industrie sont les plus dépendants du spatial.
71% et 57% de leur C.A. proviennent respectivement des
commandes pour cette activité. Les sous-traitants sont
également très liés au spatial, dont ils tirent les deux tiers de leur
C.A. Géographiquement, le C.A. généré par le spatial se localise
à 82% sur la commune de Kourou. Cayenne accueille quant à elle
un quart des établissements pour 12% du C.A. lié.
Pierre Zammit, Directeur délégué de la Mission Guyane du
CNES/CSG, confirme : «notre activité est stabilisée depuis plusieurs
années, il est logique que le poids du spatial baisse dans la balance
guyanaise. En effet, si Ariane 5 affiche une cadence moindre qu’Ariane 4,
ses lancements doubles la rendent finalement équivalente. Quant à
Soyouz et Vega, ils engendreront une légère hausse d’activité. Le poids
du spatial en Guyane devrait se poursuivre en s’amenuisant ». 4
Pour plus d’infos (à paraître) : «L’impact du Spatial dans l’économie
guyanaise » - INSEE - 4ème trimestre 2007.
Soutenir la hausse du PIB de la Guyane
Chacun s’accorde sur un point : la santé de l’économie guyanaise
dépend beaucoup du spatial. Pierre Zammit fait remarquer cependant
que l’objectif visé consiste à «fondre cette activité dans la masse
économique de la région et qu’elle n’en constitue plus le moteur
principal ». Concrètement, cela suppose de soutenir la hausse du PIB
à travers notamment des secteurs à fort potentiel comme le tourisme,
l’agriculture et l’industrie. «C’est la raison pour laquelle, nous avons
essentiellement axé nos investissements dans ces secteurs », précise
Pierre Zammit. «L’agriculture, en particulier, est un enjeu majeur pour
la Guyane qui, à l’instar du spatial - concentré essentiellement sur
Kourou - concerne l’ensemble de la région. Elle génère 5 000
emplois, occupant ainsi la deuxième position derrière notre activité »
conclue t-il.