Les trois plus vieux phares de France

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Les trois plus vieux phares de France
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Les côtes charentaises et l’estuaire de la Gironde
s’enorgueillissent de posséder les plus anciens
phares de France. Au large de la pointe de
Grave, le « Cordouan » est sans conteste
le plus célèbre et le plus visité, alors que
« Chassiron » demeure le précieux
auxiliaire des navires qui franchissent
le pertuis d’Antioche. Quant à celui
des « Baleines », il a pris
tout simplement le nom de
cette longue et dangereuse
point de l’extrémité de l’île
de Ré qui fait face au
pertuis Breton.
Les trois plus vieux
phares de France
Jean GUILLARD
S
ur une ligne oblique de quatrevingt kilomètres, passant par la
pointe de l’île de Ré, du côté de
Saint-Clément-des-Baleines,
celle de l’île d’Oléron, du côté
de Saint-Denis, et au large de la pointe de
Grave et des côtes de Charente-Maritime
– à l’aplomb et à une douzaine de kilomètres de Saint-Georges-de-Didonne –
on rencontre successivement, du nord au
sud, trois beaux phares qui ont la particularité d’être les plus anciens de France.
Le phare du Cordouan
Du haut de ses soixante-six mètres et
fier de ses quatre siècles d’existence,
le phare du Cordouan offre à ses
nombreux visiteurs un point de vue
unique sur l’estuaire de la Gironde. Il
a été construit sur un îlot, où se sont
succédé plusieurs tours, dont la dernière
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aurait été édifiée au 16e siècle, par le
Prince noir. C’est elle que Henri III
décidera de faire reconstruire en raison
de son mauvais état. Il confia le chantier
à Louis de Foix, en 1584, qui signa, en
présence de Michel Montaigne, maire
de Bordeaux, le contrat l’engageant à
réédifier le phare du Cordouan, une
œuvre qualifiée de « royale ». Il était
prévu qu’il reposerait sur un batardeau
de chêne rempli de pierres sèches et une
plate-forme sur pilotis devant supporter
une tour de trois étages comprenant
une cuisine, deux chambres, une pyramide et une lanterne à six arcades
garnies de vitres et barreaux de fer ainsi
qu’une citerne pour recueillir les eaux
de pluie. Le buste en marbre blanc
du roi figurait dans la commande.
Louis de Foix se mit à l’ouvrage dans
l’ignorance des troubles auxquels il
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allait devoir faire face avec les guerres
de Religion. Henri IV, en 1593, dédommagea l’architecte des sommes qu’il
avait engagées et lui avança celles qui lui
étaient nécessaires pour la reprise du
chantier. « L’avenant » prévoyait un
agrandissement de la plate-forme,
une élévation de la tour avec la construction d’une chapelle ornée de niches,
de vitraux et de pilastres... Les financiers
n’approuvèrent guère une telle débauche
de luxe et Louis de Foix, jusqu’à sa mort,
en 1602, dut lutter pour obtenir les
moyens de poursuivre son projet.
Son fils, Pierre, le reprit, sans trop de
conviction, puis l’abandonna. C’est
▲
Le phare de Chassiron, île d’Oléron,
construit en 1836, et sa lanterne
(en incrustation) (photos MG).

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