Il est temps de trouver la recette pour bien vieillir en Europe

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Il est temps de trouver la recette pour bien vieillir en Europe
Il est temps de trouver la recette pour bien vieillir en Europe
Les Européens vivent plus longtemps. Il s’agit bien sûr d’une bonne nouvelle mais il ne suffit pas de vieillir, encore faut­il rester en bonne santé le plus longtemps possible. Le projet NU­AGE, financé par l’Union européenne, doit étudier l’impact du régime alimentaire sur la santé des personnes âgées afin de prévenir l’apparition de maladies liées au vieillissement. Vieillissement de la population en Europe L’amélioration des conditions de vie, un mode de vie plus sain, une meilleureéducation, et un meilleur accès à des services médicaux de qualité, permettent aujourd’hui aux Européens d’espérer atteindre l’âge de 78 ans, soit six ans de plus par rapport aux années 19801. L’augmentation de l’espérance de vie, ajoutée aux faibles taux de natalité observés en Europe, entraîne un accroissement très important de la proportion de personnes âgées dans la population, qui devrait atteindre 40 % d’ici 20301. L’amélioration de la santé de nos seniors non seulement les préservera des souffrances liées à l’âge, mais allègera aussi les dépenses sociales et médicales à la charge de la société. L’alimentation et le vieillissement : la tâche de NU­AGE L’alimentation constitue l’un des nombreux facteurs (biologiques et environnementaux) influençant le vieillissement. Un choix soigné du régime peut avoir un effet sur le processus de vieillissement. Néanmoins, l’influence du régime alimentaire sur les problèmes liés au vieillissement reste encore assez méconnue en termes de recherche, et on ne connaît pas avec précision le régime alimentaire optimal pour vieillir en bonne santé. Nous savons que notre nourriture influe sur l’inflammation, qui fait naturellement partie du processus du vieillissement. L’inflammation chronique de faible niveau observée chez les personnes âgées est apparue comme un des facteurs de développement des maladies liées à la vieillesse, telles que l’athérosclérose (épaississement et durcissement des parois artérielles entraînant un risque accru de cardiopathie), le diabète de type 2 et la neurodégénérescence qui entraîne le déclin cognitif. À cet égard, la Commission européenne a financé le projet NU­AGE visant à mieux connaître le rôle de l’alimentation sur l’inflammation liée à l’âge, ce pendant les cinq prochaines années. Les chercheurs de NU­AGE pourront ainsi identifier des stratégies nutritionnelles visant à combler des besoins spécifiques et à prévenir les maladies liées à la vieillesse. Recherche NU­AGE L’une des premières tâches du projet NU­AGE consiste à établir une pyramide alimentaire pour les personnes de plus de 65 ans. Elle sera élaborée à partir des recommandations nutritionnelles exprimées en termes d’aliments illustrant la proportion des différents groupes d’aliments à inclure dans une alimentation équilibrée. La pyramide NU­AGE sera conçue de manière à répondre aux besoins nutritionnels des personnes âgées en insistant sur le concept de densité nutritionnelle et sur les apports appropriées en eau, fibres alimentaires, ainsi qu’en vitamines D et B12. Pour étudier les effets de la pyramide alimentaire NU­AGE sur la santé et les facteurs du vieillissement, des seniors de toute l’Europe recevront des conseils nutritionnels, des aliments fortifiés et d’autres supports d’aide afin de que leur alimentation se rapproche le plus possible de la pyramide. Des données sur les quantités ingérées et des échantillons biologiques (sanguins, par exemple) seront recueillis et analysés. Les résultats seront comparés à ceux de personnes âgées ne participant pas à cette intervention nutritionnelle. D’autre part, les déterminants socio­économiques des choix alimentaires seront étudiés, ainsi que les meilleures façons de communiquer les recommandations nutritionnelles aux personnes de plus de 65 ans. La recherche transformée en aliments Sur la base des connaissances acquises au sujet de l'influence des aliments sur le vieillissement et de leur potentiel pour prévenir les maladies liées à l’âge, des aliments conçus spécifiquement pour les personnes âgées seront élaborés. NU­AGE étudiera également la compréhension et les attitudes des consommateurs âgés par rapport sur la santé et sur les allégations nutritionnelles présentes sur les paux avantages des produits alimentaires en matière de santé et de nutrition afin d'identifier les meilleures approches de communication sur le sujeten la matière. Le consortium NU­AGE Le projet NU­AGE est dirigé par le Professeur Franceschi de l’université de Bologne, qui coordonnera le consortium. Ce dernier comporte 31 partenaires qui couvrent les divers domaines d’expertise nécessaires dans ce projet. La majorité d’entre eux sont des universités et d’autres établissements de recherche, mais des représentants de l’industrie de la boisson et de l’alimentation (des petites et moyennes entreprises aux grandes compagnies), ainsi que des associations commerciales, ont un rôle important à jouer. La coordination des communications sera assurée par l’EUFIC. Conclusions Grâce à ce projet, NU­AGE tentera de combler le manque de connaissances actuel sur la façon dont l’alimentation pourrait influencer et éventuellement prévenir le développement desmaladies liées à l’âge et ledéclin fonctionnel. Ces connaissances seront précieuses pour divers acteurs de ce domaine : de la communauté scientifique et les professionnels de la santé, à l’industrie et aux décideurs politiques. Pousser à une prise de conscience et accroître la compréhension du rôle de la nutrition pour un vieillissement en meilleure santé permettront de canaliser les efforts visant à améliorer la santé et la qualité de vie de notre population européenne vieillissante. Le projet NU­AGE (New dietary strategies addressing the specific needs of elderly population for an healthy ageing in Europe) reçoit des fonds destinés à la recherche au titre du septième programme­cadre de la Communauté européenne (contrat nº 266486). www.eufic.org
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Références 1.
OECD (2010), Health at a Glance: Europe 2010, OECD Publishing. Disponible sur le site : http://dx.doi.org/10.1787/health_glance­2010­en www.eufic.org
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Prévention de l’obésité infantile – résultats de l’étude IDEFICS
Inciter les enfants à pratiquer une activité physique en aménageant autour d’eux suffisamment d’espaces verts, de gymnases et de terrains de jeu, pourrait être un moyen très simple de lutter contre l’obésité infantile. Parallèlement, les parents doivent s’assurer que leurs enfants dorment suffisamment la nuit. Tels sont les derniers résultats du projet IDEFICS (Identification and prevention of Dietary­ and lifestyle­induced Health EFfects In Children and infantS), financé par la Commission européenne. Déjà en 2007 et en 2008, nous avions rapporté les objectifs de la vaste étude européenne IDEFICS ainsi que certains de ses premiers résultats1,2. Ce projet s’intéresse aux effets de l’alimentation, des habitudes de vie et de l’environnement social sur la santé des enfants européens âgés de 2 à 10 ans. Les chercheurs ont élaboré et mis en œuvre diverses interventions spécifiques pour réduire la prévalence des maladies liées à l’alimentation ou au mode de vie et s’attachent actuellement à les évaluer. D’importants nouveaux résultats tirés de cette étude sont disponibles depuis peu3. Augmentation du tour de taille du Nord au Sud L’étude a montré qu’environ un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse. D’une manière générale, et partout en Europe, le surpoids chez les enfants de moins de 10 ans concerne davantage les filles que les garçons. Parmi les différents pays visés par les interventions de l’étude IDEFICS, la prévalence de l’obésité infantile était plus élevée dans les pays du Sud de l’Europe (jusqu’à 20 %) que dans les pays du Nord (moins de 5 %) (Voir Figure 1). Cette constatation coïncide avec une fréquence plus élevée de repas pris en regardant la télévision dans les pays du Sud de l’Europe comparée à ceux du Nord. Par exemple, seulement un quart des enfants suédois mangent parfois ou souvent devant la télévision contre trois quarts des enfants italiens. Il reste toutefois à déterminer si le fait de manger en regardant la télévision contribue au développement de l’obésité. Figure 1 Prévalence du surpoids et de l’obésité infantiles dans les pays visés par l’intervention IDEFICS L’étude IDEFICS a par ailleurs montré que les enfants suédois sont ceux qui, de loin, consomment le moins de boissons sucrées tels que les sodas. De même, et conformément aux habitudes culturelles, aucun des enfants suédois ne mangeait plus de 3 sucreries par semaine et seulement 1 % d’entre eux ont rapporté consommer du chocolat et des barres chocolatées plus de 3 fois par semaine. Ces derniers déclaraient consommer très peu de biscuits et de gâteaux et près de 40 % d’entre eux rapportaient manger des fruits frais au moins une fois par jour. Ils figurent également parmi les plus grands consommateurs de légumes crus, puisque 60 % d’entre eux ont déclaré manger des légumes crus une à trois fois par semaine. Leur comportement alimentaire se rapproche le plus d’une alimentation équilibrée riche en fruits et en légumes, dans le cadre de laquelle les sucreries et le chocolat ne sont consommés qu’occasionnellement. En moyenne, près de la moitié des enfants d’âge préscolaire (âgés de 2 à 6 ans) ont rapporté manger des légumes cuits au moins une fois par jour, à l’exception de ceux de Chypre et d’Italie où ce chiffre n’est que de 20 %. Puisque les apports en légumes cuits sont inférieurs chez les enfants plus âgés, il importe de déployer des initiatives pour maintenir, voire accroître les apports en légumes au fil du temps. Dormir suffisamment pour rester mince L’un des principaux résultats de l’étude IDEFICS montre l’existence d’un lien très marqué entre la durée du sommeil de l'enfant et le risque de surpoids ou d'obésité. Les chercheurs ont comptabilisé les heures de sommeil du lundi au jeudi dans le but d’obtenir un indicateur de la durée habituelle de sommeil. Les enfants de maternelle qui dorment moins de 9 heures par nuit présentent un risque significativement plus élevé de surpoids. Par ailleurs, les enfants scolarisés qui dorment moins de 11 heures ont 40 % plus de risques de présenter un surpoids ; ce niveau de risque passe à 300 % si la durée du sommeil est inférieure à 9 heures. Le temps potentiellement dévolu au sommeil était généralement consacré à la télévision ou à des jeux vidéo. Cette constatation s’appliquait tout particulièrement aux garçons. S’assurer que les enfants dorment suffisamment pourrait donc être une stratégie de lutte contre l’obésité infantile et le moyen le plus évident d’y parvenir est de réduire le temps que les enfants passent devant un écran de télévision ou d’ordinateur. Un environnement propice à l’activité physique L’étude IDEFICS révèle que les enfants les plus actifs (qui pratiquent un sport, se rendent à l’école à pied ou à bicyclette) et ceux qui passent moins de 14 heures par semaine devant un écran (télévision, DVD, ordinateur) étaient les moins susceptibles www.eufic.org
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d’être en surpoids ou obèses. Les chercheurs ont également demandé aux enfants de se prêter à un test d’évaluation de la condition physique. Comme prévu, les garçons étaient en meilleure condition physique que les filles. La comparaison des enfants de 6 ans et de 9 ans a toutefois fait ressortir une diminution du niveau de condition physique avec l’âge, chez les garçons comme chez les filles ! Il apparaît donc qu’il faille inciter les enfants à être plus actifs. Les chercheurs ont par conséquent étudié 344 enfants scolarisés en Allemagne pour déterminer si leur niveau d’activité physique quotidien était lié au potentiel de mobilité offert par leur environnement. La mobilité était définie par la connectivité des rues, la densité des trottoirs et des pistes cyclables, le nombre de terrains de jeux, d’espaces verts et d’infrastructures sportives ainsi que la distance à parcourir pour y avoir accès. Selon les parents, les enfants qui vivent dans des zones propices à la mobilité (c'est­à­dire où il est facile d’avoir accès à des terrains de jeux et de sports) consacraient en moyenne 15 minutes de plus de leur temps à des activités en plein air que les enfants qui vivent dans des zones où la mobilité est faible. Ces données sont importantes pour les élus municipaux, les urbanistes ou les responsables de l’aménagement de l’environnement. Si nous voulons inciter les enfants à être plus actifs physiquement, nous devons leur permettre d’avoir accès à un environnement propice à la mobilité et à l’activité physique. Importance du milieu familial En plus du sommeil et de l’activité physique, le milieu familial est un facteur important lié au développement éventuel du surpoids et de l’obésité chez les enfants. Le niveau d’éducation et de revenu des parents est étroitement lié au poids de l’enfant. Les enfants de parents à faible revenu avaient 50 % plus de risques d’être en surpoids ou obèses que les enfants dont les parents avaient un revenu élevé. Cet effet peut être expliqué en partie par la moins bonne qualité de l’alimentation dans les familles à faible revenu. Les enfants de familles immigrantes étaient également plus susceptibles d’être obèses, encore que cela ne se soit pas vérifié dans tous les pays européens concernés par l’étude. Plus particulièrement, les enfants de familles monoparentales étaient plus susceptibles de devenir obèses que les enfants des familles biparentales. De plus, les enfants dont un des parents au moins est en surpoids ou obèse étaient plus à risque d’être eux­mêmes en surpoids ou obèses. Lien entre le poids et les préférences gustatives Les chercheurs de l’étude IDEFICS ont évalué les préférences gustatives de 1 575 enfants âgés de 6 à 9 ans. Chaque enfant a été invité à goûter deux aliments et devait indiquer celui qu’ils préféraient. La paire d’aliments consistait soit de deux craquelins, soit de deux verres de jus de pomme. Chaque fois, la paire d’aliments se composait d’un aliment de base (craquelin ou jus normal) et d’un aliment modifié (craquelins plus riches en matières grasses, en sel ou en glutamate monosodique et jus de pomme plus sucrés et aromatisés). Les chercheurs ont constaté que les enfants en surpoids et obèses préféraient nettement les jus plus riches en sucre par rapport aux enfants dont le poids était normal. De façon similaire, davantage d’enfants obèses et en surpoids ont préféré les craquelins plus riches en matières grasses. Les enfants qui préféraient le craquelin riche en matières grasses consommaient également davantage d’aliments riches en matières grasses pendant la semaine. Aucun des enfants de cette étude n’a manifesté de préférence pour les craquelins dont la teneur en sel ou en glutamate monosodique avait été augmentée. Ces résultats ont été comparables dans tous les pays européens concernés. La prévention des maladies cardiaques doit débuter très tôt La forte prévalence du surpoids et de l’obésité observée chez les jeunes enfants aura indiscutablement un impact sur la prévalence des maladies cardiaques à l’âge adulte. La plupart des enfants obèses le resteront à l’âge adulte. Ces enfants sont souvent issus de familles ayant des antécédents de maladies cardiaques. Il est par conséquent très important d’identifier très tôt les enfants à risque de maladie cardiaque. Les chercheurs de l’étude IDEFICS ont élaboré un score de risques multiples qui tient compte de la pression artérielle, de la glycémie, du taux de lipides sanguins et du poids des enfants. Grâce à ce score, le risque de maladie cardiaque à l’âge adulte peut être estimé très tôt. Les chercheurs ont remarqué qu’un certain nombre de facteurs de risque de maladie cardiaque étaient présents chez une proportion significative d’enfants de l’étude IDEFICS. Ce phénomène est inquiétant et montre que la prévention de l’obésité infantile doit débuter tôt et qu’elle pourrait permettre de prévenir l’apparition de maladies cardiaques à l’âge adulte. L’étude en détail Au total, 16 224 enfants âgés de 2 à 10 ans et leurs parents ont participé à cette vaste étude européenne4. Les pays participants (Belgique, Suède, Estonie, Allemagne, Hongrie, Espagne, Chypre et Italie) formaient un échantillon représentatif des différentes régions d’Europe. Les chercheurs ont réalisé de nombreuses mesures chez les enfants et chez leurs parents, allant de questionnaires simples sur les habitudes alimentaires et la mesure du poids et de la pression artérielle, à desanalyses sanguines et urinaires. Des échantillons d’ADN ont été prélevés chez 5 000 enfants pour des études génétiques. Le rapprochement des données des différents centres de recherche a soulevé des défis de taille en matière de conception des enquêtes sur les habitudes alimentaires, compte tenu des grandes différences entre les pays dans la disponibilité des denrées et dans les habitudes alimentaires. Les chercheurs ont toutefois pu standardiser l’ensemble des mesures réalisées dans les différents pays pour garantir la qualité des données et pouvoir établir des comparaisons. Ces mesures standardisées sont très importantes car elles pourront être utilisées pour de futures études multinationales. Dernière étape de l’étude IDEFICS L’étude IDEFICS se poursuit et vient d’entrer dans sa dernière étape. Les chercheurs étudient actuellement l’influence possible des habitudes alimentaires des enfants sur le risque d’obésité et de surpoids. Ils mesureront l’alimentation habituelle pour voir s’il existe un lien avec les changements de poids chez les enfants européens étudiés et pour pouvoir, ce faisant, formuler des recommandations alimentaires afin de leur donner la possibilité de maintenir un poids sain. Les chercheurs exploiteront également la base de données génétique pour étudier les liens entre les marqueurs génétiques et l’obésité ou les troubles associés (comme la résistance à l’insuline), en tenant compte des différents facteurs liés aux modes de vie. Enfin, les chercheurs continueront de suivre les enfants après la mise en œuvre de plusieurs interventions en rapport avec l’alimentation et les modes de vie. Ils souhaitent voir si les changements apportés sont efficaces et quelles initiatives contribuent le plus à prévenir le surpoids, l’obésité et les troubles associés. De la sorte, de nouvelles stratégies de prévention, y compris des lignes directrices et des recommandations, pourront être formulées après la fin de l’étude. Pour plus d’informations http://www.ideficsstudy.eu/ IDEFICS est reconnaissant de l'important soutien financier provenant du 6e Programme ­ Cadre de la Commission européenne, contrat n° 016181­2. Références www.eufic.org
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Food Today n° 58 (2007). Apprendre à vivre sainement ­ Élaboration d'une stratégie d'intervention européenne. Accessible à: www.eufic.org/article/fr/page/FTARCHIVE/artid/Apprendre­vivre­sainement­Elaboration­
strategie­intervention­europeenne/ Food Today n° 63 (2008). Promouvoir les bons choix alimentaires et l'activité physique chez les jeunes enfants. Accessible à: www.eufic.org/article/fr/page/FTARCHIVE/artid/Promouvoir­les­bons­choix­alimentaires­et­
lactivite­physique­chez­les­jeunes­enfants/ Identification and prevention of dietary­ and lifestyle­induced health effects in children and infants. Int J Obes 35(s1). Accessible à : http://www.nature.com/ijo/journal/v35/n1s/index.html?WT.ec_id=IJO­201104 W Ahrens, K Bammann, A Siani, K Buchecker, S De Henauw, L Iacoviello, A Hebestreit, V Krogh, L Lissner, S Mårild, D Molnár, L A Moreno, Y P Pitsiladis, L Reisch, M Tornaritis, T Veidebaum and I Pigeot on behalf of the IDEFICS Consortium. (2011). The IDEFICS cohort: design, characteristics and participation in the baseline survey. Int J Obes 35:S3­S15; doi:10.1038/ijo.2011.30
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Recommandations nutritionnelles exprimées en termes d’aliments : sommes­
nous sur le bon chemin ?
Établir des recommandations nutritionnelles en termes d’aliments est une chose. S'assurer qu'elles soient lues, comprises et suivies en est une autre. Les chercheurs du réseau d'excellence EURRECA ont étudié comment les consommateurs perçoivent ces recommandations. En quoi consistent les recommandations nutritionnelles exprimées en termes d’aliments ? Les recommandations nutritionnelles exprimées en termes d’aliments (Food­based dietary guidelines (FBDG)) sont des messages simples sur une alimentation saine destinés au grand public. L’indication qu’elles donnent sur ce qu’il convient de manger est exprimée en termes d'aliments plutôt que de nutriments ; elles constituent un guide basique pour la planification des repas ou menus quotidiens. Elles vont au­delà des informations nutritionnelles purement techniques et visent à fournir une éducation nutritionnelle compréhensible pour chaque consommateur. Plus précisément, les recommandations FBDG tiennent compte des habitudes alimentaires dans leur globalité pour obtenir une alimentation saine. Il s’agit d’une approche holistique. En partant de ce principe, les recommandations FBDG ont pour objectif d’améliorer les habitudes alimentaires de chacun afin de réduire dans leur ensemble les problèmes de santé publique liés à l’alimentation. Elles sont axées sur le fait qu'un régime alimentaire sain dépasse les critères de nutriments et de niveaux d’apports recommandées. La transformation et la préparation des aliments peuvent, par exemple, modifier leur valeur nutritionnelle. De plus, parfois nous savons que certains aliments sont bons pour notre santé, sans que la science n’ait encore pu en donner une explication biologique précise. Les recommandations FBDG tiennent également compte de l’atmosphère agréable des repas ainsi que des habitudes sociales et culturelles connexes et de l’importance d’une alimentation variée. Suite à la conférence internationale de 1992 sur la nutrition, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont lancé plusieurs programmes visant à développer des recommandations nutritionnelles pour le public. En 2005, l’OMS a indiqué que 33 pays européens (75 au niveau mondial) ont élaboré des recommandations FBDG1. Dans le cadre du Réseau d’excellence EURRECA financé par le sixième programme­cadre de l'UE, les chercheurs ont fait une revue de la litérature disponible sur l’efficacité de ces recommandations. Les consommateurs les lisent­ils, les comprennent­ils et les suivent­ils ? Connaissance, compréhension et utilisation de la part des consommateurs Cette revue de la littérature, basée sur vingt­huit études réalisées aux quatre coins du monde, indique que, dans une certaine mesure, les consommateurs connaissent l’existence des recommandations FBDG2. Il a été suggéré que cette prise de conscience constituait une première étape indispensable à la modification des comportements3. Néanmoins, la relation est complexe, et de nombreux autres facteurs, tels que la préférence, déterminent si, au bout du compte, cette prise de conscience se concrétise en une amélioration des habitudes alimentaires. Les études sur la compréhension des recommandations par les consommateurs indiquent des résultats mitigés. Il semble que les principaux concepts, tels que les notions d’alimentation pauvre en graisse et en sucre, sont généralement connus, mais les principes plus abstraits, tels que la taille des portions, restent difficiles à appréhender. L’application pure et simple des recommandations nutritionnelles en fonction du régime alimentaire est, quant à elle, impossible à évaluer. Trop peu d'études sont disponibles afin d'estimer si la connaissance et la compréhension de ces types de recommandations permettent aux consommateurs de s’alimenter de façon plus saine. Cette revue de la littérature indique que la promotion des recommandations FBDG n’a pas toujours été accompagnée de mesures d’évaluation et qu’il est nécessaire de préciser les méthodes d’évaluation utilisées. La première étape vers une évaluation adéquate consiste à établir des définitions claires des mesures souhaitées, par exemple la prise de conscience et l’utilisation des recommandations FBDG. Ces méthodes doivent ensuite être sélectionnées avec soin afin de s’assurer qu’elles remplissent leur rôle et permettent réellement d’évaluer les facteurs pertinents. Une fois les FBDG évaluées sur la base de définitions claires et de méthodes bien étudiées, il sera possible de comparer les études et de tirer des conclusions sur l’efficacité de ces recommandations en tant qu’outil pour promouvoir une alimentation saine. Conclusion Il est indispensable de disposer d’outils d’information efficaces pour atteindre des objectifs de santé publique. Afin de savoir si les efforts effectués ont porté leurs fruits, des mesures d’évaluation doivent être mises en place. La revue d’EURRECA sur la prise de conscience des consommateurs ainsi que sur la compréhension et l’utilisation des FBDG indique que la promotion de ces recommandations n’a pas toujours été accompagnée de mesures d’évaluation. Il est donc prématuré de statuer sur l’efficacité des recommandations FBDG à promouvoir de saines habitudes nutritionnelles. Une évaluation adéquate de l’efficacité des FBDG nous permettra de déterminer les types de recommandations les plus efficaces et de savoir quelle est la contribution des FBDG aux améliorations de santé publique par rapport à d’autres initiatives concomitantes dans ce domaine. EURRECA ­ EURopean RECommendations Aligned (Alignement des recommandations concernant les nutriments) est un Réseau d'excellence financé par la Commission européenne (2007 ­ 2011), numéro de contrat FP6 036196­2 (FOOD) et coordonné par ILSI Europe (Institut international des sciences de la vie). Références 1.
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Summary Report EFSA Scientific Colloquium 5, 21­22 March 2006, Parma Italy. Accessible à: http://www.efsa.europa.eu/de/colloquiafbdg/publication/colloquiafbdg.pdf Brown KA et al. A review of consumer awareness, understanding and use of food based dietary guidelines. Br J Nutr. Published online 9 March 2011. doi:10.1017/S0007114511000250. Contento IR et al. (1995). The effectiveness of nutrition education and implications for nutrition education policy, programs and research: a review of research. J Nutr Educ 27(6):279­418. www.eufic.org

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