Etat des Lieux luc
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DEPARTEMENT DU GARD ET DE LA LOZERE SYNDICAT MIXTE D’AMENAGEMENT ET DE GESTION HYDRAULIQUE DES GARDONS Annexe 1 au Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux des GARDONS _______ ETAT DES LIEUX DECEMBRE 2000 Approuvé par arrêté interpréfectoral du 27 février 2001 S. A. G. E. des GARDONS SOMMAIRE INTRODUCTION............................................................................................................................................................................. 1 1. L’ESPACE PHYSIQUE ........................................................................................................ 5 1.1. Généralités ........................................................................................................................5 1.2. Contexte hydrographique ..................................................................................................6 1.3. Hydrogéologie .................................................................................................................13 1.4. Contexte climatique .........................................................................................................14 1.5. Contexte hydrologique.....................................................................................................16 1.6. La zone inondable ...........................................................................................................24 1.7. La Dynamique fluviale des Gardons ...............................................................................25 1.8. La ressource en eau .......................................................................................................28 2. L’ESPACE HUMAIN ......................................................................................................... 38 2.1. La Population ..................................................................................................................38 2.2. Les Activités Economiques..............................................................................................40 2.3. L’occupation de l’Espace.................................................................................................45 2.4. La lutte contre les inondations .........................................................................................46 2.5. Les extractions ................................................................................................................53 2.6. Les Besoins en eaux.......................................................................................................60 3. LES MILIEUX NATURELS............................................................................................... 70 3.1. Les Grandes Unités et Régions Ecologiques ..................................................................70 3.2. Des Milieux Naturels remarquables.................................................................................72 3.3. La Ripisylve.....................................................................................................................81 3.4. La faune terrestre des Gardons.......................................................................................95 3.5. Les milieux aquatiques....................................................................................................98 4. LES RENCONTRES .........................................................................................................104 4.1. Concernant La Dynamique fluviale :..............................................................................104 4.2. Concernant les inondations : .........................................................................................107 4.3. Concernant la Ressource en eau : ................................................................................111 4.4. Analyse Géographique par entité ..................................................................................114 4.5. Conclusion : ..................................................................................................................128 ANNEXES ...................................................................................... PHASE 1 ETAT DES LIEUX Introduction S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -1 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA INTRODUCTION L’élaboration du SAGE des Gardons est entrée dans sa phase active depuis le mois de mars 1998. Au préalable, plusieurs études d’aide à la décision avaient été lancées par la Commission Locale de l’Eau (CLE) : − les milieux naturels des Gardons (FACEN), − étude de la dynamique fluviale des Gardons (SIEE), − étude de l’aquifère karstique de l’Urgonien (BRL). Le présent rapport d’état des lieux résulte d’un travail important accompli par l’ensemble des acteurs concernés par le SAGE des Gardons au cours de ces 10 premiers mois. Ce travail a tout d’abord consisté en une large consultation (pré-enquête stratégique) de différents acteurs concernés par l’eau et les rivières sur ce territoire. Cette consultation a notamment permis de mieux évaluer au sein de quels enjeux se situait le projet de SAGE et d’identifier dans quelles perspectives il se situait pour chacun. En parallèle, un important travail a été réalisé concernant l’analyse et la synthèse de l’ensemble des connaissances disponibles sur ce territoire. Ce travail a consisté, en particulier, à rassembler et à exploiter les nombreuses études réalisées sur le bassin des Gardons. Au total, près de 300 ouvrages ont été ainsi identifiés. A partir de ces éléments de connaissance, les acteurs locaux de ce territoire ont été consultés dans le cadre de commissions géographiques. Six commissions ont été constituées sur ce territoire : − Hautes Cévennes − Piémont cévenol - gardon d’Anduze − Piémont cévenol - gardon d’Alès − Gardonnenque − Gorges du gardon d’Uzège − Gardon rhodanien Ces commissions ont permis de mieux appréhender les problématiques vécues par les acteurs locaux, ainsi que leurs attentes. Enfin, une nouvelle série de consultations a eu lieu dans le cadre de commissions thématiques, afin d’appréhender comment se posent certains problèmes à l’échelle de l’ensemble du bassin versant des Gardons. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -2 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Quatre commissions thématiques ont ainsi été constituées : − Restauration du lit − Gestion de la ressource en eau − Protection contre les inondations − Les milieux naturels Ces commissions ont permis de mieux appréhender les perspectives dans lesquelles devrait se placer le SAGE, et de faire émerger des « pré-objectifs » pour le futur SAGE. Ces consultations ont été étoffées par la rencontre des élus du territoire (148 mairies). L’Etat des lieux qui vous est proposé ci-après résulte donc de l’ensemble de ces concertations, analyses et synthèses, ainsi que d’un travail approfondi et constructif avec les membres de la CLE et ceux du Comité de Pilotage de l’élaboration du SAGE. Cette première partie, consistant dans un travail de description, a permis une connaissance relativement complète du bassin versant des Gardons. Elle laisse également entrevoir les problématiques qui s’y rattachent notamment sur la qualité de l’eau, la multiplicité des usages et sur les impacts qu’ont subi les milieux connexes aux Gardons. Il va s’agir maintenant de procéder à leur analyse en détail. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -3 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA PHASE 1 ETAT DES LIEUX L’espace physique S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -4 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1. L’ESPACE PHYSIQUE 1.1. GENERALITES Dernier affluent du Rhône, le Gardon prend sa source dans le département de la Lozère, au niveau des crêtes des Cévennes sur la ligne de partage des eaux atlantiques et méditerranéennes. Il traverse ensuite le département du Gard qui représente 80 % de son linéaire. Au total, 148 communes (regroupées en 22 cantons), sont concernées par le bassin versant (périmètre du SAGE des Gardons). La liste de ces communes est fournie en Annexe 1. On notera que dans ce territoire, l'appellation Gardon(s) ne concerne pas une rivière unique, mais un réseau hydrographique complexe composé de différents cours d'eau souvent appelés Gardon de … ou parfois de dénomination différente (Avène, etc.) Il présente des caractéristiques typiquement méditerranéennes, à savoir : − une pluviométrie irrégulière, avec de fortes intensités ; − un ruissellement élevé lié à la géologie des Cévennes et aux fortes pentes longitudinales ; − un régime des cours d’eau très irrégulier avec des crues subites pouvant être catastrophiques et atteindre plusieurs milliers de mètres cubes par seconde, et des étiages très accusés, voire des secteurs à assèchements périodiques total. Plusieurs cartes ont été réalisées afin de situer le bassin des Gardons et les structures administratives relatives au SAGE des Gardons. Il s’agit des cartes suivantes : − Plan de situation du bassin versant (carte n° 1.1.1) − Périmètre du SAGE (carte n° 1.1.2) − Structures administratives du bassin versant des Gardons (carte n° 1.1.3) Ces cartes sont présentées dans le document « Document cartographique » joint au présent dossier. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -5 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.2. CONTEXTE HYDROGRAPHIQUE A travers les caractéristiques générales du bassin versant, 5 grandes unités géomorphologiques se singularisent : 1.2.1. LES CEVENNES : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES HAUTS GARDONS (AMONT D’ALES ET D’ANDUZE ) Les gardons cévenols qui se trouvent dans la partie amont du bassin versant, jouent un rôle majeur dans la dynamique du Gardon à qui ils donnent naissance. ♦ Géologie : On pourra se référer aux cartes "contexte géologique" et "domaines aquifères" présentées aux paragraphes 1.2.1 et 1.4.1 du document cartographique. Le bassin des Gardons (Gardon d’Alès, d’Anduze, de Saint Jean et de Mialet) est dominé au Nord Ouest par les Cévennes cristallines ou schisteuses qui sont principalement représentées par des formations métamorphiques (schistes à gneiss et micaschistes) traversées localement par des complexes granitiques et des formations schisto-gréseuses du Houiller (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès, 1978). La nature de ces affleurements les rend particulièrement propices aux ruissellements. Plus à l’aval une partie du relief s’est formé sur la bordure cévenole calcaire, sur des terrains du Trias, du Jurassique et du Crétacé. Les affluents de ces zones présentent un écoulement plus temporaire. ♦ Hydrographie : On pourra se référer à la carte "réseau hydrographique", présentée au paragraphe 1.3.1 du document cartographique. Le réseau très ramifié, en arête de poisson, est composé par de profondes vallées, aux versants pentus qui découpent le relief en crêtes aiguës. Ce vaste territoire de 850 km², soit le tiers de la superficie du bassin versant, est découpé d’une multitude de talwegs courts et inclinés, plus exacerbés les uns que les autres. ♦ Topographie : Compte tenu d’une dénivellation qui oscille de quelques 40 ‰ à près de 4 ‰ (pente moyenne ~ 20 ‰), le cours supérieur des Gardons s’étend sur 40 km à 60 km des sources des Gardons jusqu'à respectivement Alès et Anduze (selon le sous bassin étudié). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -6 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.2.2. LE PIEMONT CEVENNOL : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES MOYENS GARDONS ( D’ANDUZE ET ALES A LEUR CONFLUENCE ) Cette unité du Piémont Cévenol occupe une place stratégique dans la dynamique des Gardons. ♦ Géologie : Au débouché de ces zones montagneuses, les Gardons pénètrent dans une région de plaine ne comportant que quelques faibles reliefs. Les vallées s’évasent comme dans la plaine d’Alès qui constitue une longue dépression NE-SW, limitée à l’ouest par la « Faille des Cévennes » et à l’Est par la faille de Barjac (tectonique). Elle correspond à un fossé d’effondrement rempli de sédiments lacustres. Ces dépôts lacustres tertiaires présentent en certains points du bassin alésien une puissance de plusieurs centaines de mètres. La cluse d’Anduze, véritable porte des Cévennes sépare les formations métamorphiques des Cévennes schisteuses et cristallines (à granite porphyroide) des terrains du crétacé qui constituent une partie du substratum du Gardon d’Anduze à l’aval de la ville. Cet étroit d’Anduze s’est établi au sein des formations jurassiques. La plaine aval du Gardon d’Anduze s’établit sur des terrains tertiaires et des alluvions récentes où affleure ponctuellement un substratum crétacé (Valanginien à Hauterivien) globalement peu résistant. Ces vallées s’élargissent pour donner naissance à des plaines alluviales dont la largeur peut s’étendre de quelques centaines de mètres à plusieurs kilomètres (200 à 600 m en amont d’Alès pour atteindre 1.5 km à l’aval). Le lit majeur domine de 2 à 5 m en moyenne le lit mineur. Il est installé au sein des alluvions quaternaires dont la puissance maximale n’excède pas 10 m avec une tranche noyée de 4 à 5 m et une extension latérale rarement supérieure à quelques centaines de mètres. (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès et Anduze, 1978). D’après les auteurs de cette notice, le fond des Gardons Cévenols est recouvert d’alluvions composées de sables, graviers et galets surmontés dans le lit majeur d’une couverture limoneuse. Les galets se composent de calcaire (10%) et surtout de quartz, de schiste et de grès. ♦ Hydrographie : Le réseau complexe et ramifié de l’amont se simplifie à la traversée des formations plus tendres à partir d’Alès. Les écoulements sont concentrés dans les deux artères principales que forment les fourches du Gardon d’Alès et d’Anduze avant leur confluence. Les affluents sont peu nombreux et globalement d’une taille plus conséquente (l’Avène, le Grabieux, l’Ourme, le Carriol, etc...). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -7 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA ♦ Topographie : Sur un linéaire d’une quarantaine de kilomètres entre Alès, Anduze et la confluence de leurs 2 Gardons respectifs, les pentes oscillent entre 2.5 et 5 ‰ avec des versants aux reliefs peu marqués, composés principalement de petites collines ou de massifs de Garrigues. 1.2.3. LA GARDONNENQUE : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES MOYENS GARDONS DE LA CONFLUENCE DU GARDON D’ANDUZE ET D’ALES A DIONS A partir de la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze le bassin versant s’étend sur 1 100 km². Ce périmètre couvre sur 68 km l’ensemble de la zone d’étude du présent dossier entre la confluence des Gardons et celle avec le Rhône. ♦ Géologie - hydrogéologie : Du point de vue géologique la plaine de la Gardonnenque est en continuité avec les plaines du Piémont Cévenol. L’épaisseur des alluvions s’amenuise après la confluence pour ne représenter que 4 à 6 m vers Saint Chaptes (Notice B.R.G.M., feuille d’Anduze, 1978). Dans le cours actuel, des surcreusements souvent dus aux dragages laissent apparaître sporadiquement le substratum (Notice B.R.G.M., feuille d’Alès) et provoquent un enfoncement du lit mineur par rapport au lit majeur de 1 à 3 m sur certains secteurs (zones d’extractions). En effet, dès la confluence du Gardon d’Anduze et du Gardon d’Alès on trouve des affleurements calcaires (Barremien à faciès Urgonien) entre Ners et Boucoiran. Ils disparaissent en profondeur sur près de 12 km au niveau de la commune de Ners et réapparaissent entre Dions et Remoulins. Les terrains du crétacé à dominante marneuse et intercalation de niveaux calcaires (plus nombreux vers le sommet) apparaissent de façon de plus en plus continue dans la basse vallée de la Gardonnenque (au niveau de Saint Chaptes) à la faveur des importantes extractions de matériaux du lit mineur. La vallée du Gardon s’est fortement développée dans la vaste plaine de Saint Chaptes, la plus évasée de tout le bassin versant, seulement limitée par les Garrigues de Lussan au Nord. La description de la genèse du réseau hydrographique après la confluence des Gardons présentée ci-après permet de mieux comprendre l’apparition de ces calcaires ainsi que le développement du réseau sous forme de gorges dans le plateau calcaire de l’Uzège. ♦ Hydrographie : A partir de la confluence des Gardons d’Anduze et d’Alès apparaît un réseau hydrographique principal unique appelé les Gardons réunis ou plus simplement le Gardon. Sur cette unité géomorphologique les affluents sont peu nombreux mais conséquents (la Droude, le Bourdic, l’Auriol, etc...). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -8 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA ♦ Topographie : Le bassin de Saint Chaptes présente un relief écrasé qui ne se relève qu’à plusieurs centaines de mètres voire quelques kilomètres avec les massifs des Garrigues. Le lit mineur présente une topographie relativement plane avec une pente qui oscille entre 1 et 2 ‰ (1.6 ‰ en moyenne). L’investigation de terrain nous a permis de comptabiliser un nombre de ruptures de pente (radiers) voisin de 40 sur les 20 km de cette unité hydrogéomorphologique, c’est à dire que l’on dénombre près de 2 ruptures de pente ou seuils naturels d’importance variable par kilomètre (ces ruptures de pente peuvent être fixes ou mobiles pour certaines). 1.2.4. GORGES DU GARDON ET UZEGE : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES GORGES DU GARDON DE DIONS AU PONT DU GARD Dans cette unité, le fonctionnement du réseau hydraulique est fortement lié à la présence de réservoirs urgoniens. Nous allons étudier particulièrement cette zone parce qu’elle concerne près de 47 km. ♦ Géologie - hydrogéologie : D’après CHABAUD (1966), le réseau hydrographique actuel du Gardon ne suit pas les directions maîtresses que devraient lui imposer la nature et la structure géologiques du sol (orientation sud-ouest - nord-est qui contourne la dépression d’Uzès à Remoulins). Il s’est formé au sein des méandres divaguants que traçait la rivière lorsque le socle Urgonien1 n’affleurait pas car il était encore surmonté d’une épaisse couche de sédiments . Avec la transgression marine, le rajeunissement du réseau a provoqué un creusement des sédiments puis du substratum Urgonien en l’état, en conservant ainsi les méandres dont la courbure s’est accentuée avec les affouillements des berges. C’est dans les terrains de nature tendre : marnes aptiennes et molasse que le Gardon a creusé préférentiellement et respectivement la dépression du Pont Saint Nicolas qui s’étend depuis sa rive gauche vers Uzès au Nord, et l’élargissement de la vallée entre Collias et le château de Saint Privat.. Le plateau de l’Uzège est formé par du Barrémien supérieur à faciès Urgonien (calcaires massifs, durs, très karstifiés) dont l’épaisseur totale peut atteindre 300 mètres. Le Gardon a creusé sa vallée dans ces calcaires Urgoniens qui forment une couche géologique très répandue dans le sud de la France (PALOC, 1990). Les calcaires affleurent déjà en plaquage discontinu entre Ners et Collias, mais ce substratum Urgonien apparaît presque en permanence de Dions à Collias. La nature de ces calcaires varie du blanc cristallin à Rudistes, aux argileux jaunâtres grumeleux, aux récifaux blancs, ou encore jusqu’aux détritiques blancs et gris (Notice B.R.G.M., feuille d’Uzès). 1 Urgonien : le qualificatif vient de la cuvette d’Orgon, commune de Provence S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général -9 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Ces calcaires à faciès Urgonien qui affleurent dans quelques secteurs, constituent un réservoir très étendu sous des formations plus récentes. Cet aquifère karstique est alimenté par les pluies et les pertes de tous les écoulements cévenols quand ils atteignent le calcaire. Il resterait constamment plein d’eau car toute sa partie inférieure se situe au dessous du niveau des sources. L’auréole concernée par l’affleurement du substratum urgonien pourrait avoir une surface de 800 km². L’affleurement calcaire atteint le fond du Gardon à plusieurs reprises : entre Ners et Boucoiran au lieu dit Rocher du Vidal. L’affleurement disparaît sur près de 12 km pour remonter dans les gorges entre Dions et Collias. L’ensemble du débit du Gardon peut disparaître à l’étiage dans les pertes à l’entrée du bassin au niveau du Rocher du Vidal, laissant ainsi un assec complet dans le lit mineur. Il réapparaît au niveau de Dions, car les calcaires affleurent à ce niveau, puis il s’assèche par zones d’alternances jusqu’aux résurgences qui se trouvent dans les gorges au cirque de la Baume. Les sources issues de l’aquifère profond regagnent le lit du Gardon principalement entre le Pont Saint Nicolas et le cirque de la Baume. Les plus importantes de ces sources sont celles de la Baume et de Pâques (à Collias). De moindre importance puisqu’elles ne coulent que de quelques jours à quelques semaines par an, il s’agit de celles de Font Verte et des Frégères qui se trouvent au Pont Saint Nicolas. A l’aval de La Baume le cours du Gardon ne s’assèche plus car il est réalimenté par d’importantes résurgences. L’aquifère profond présente une transmission immédiate, c’est à dire que ce qui sort est directement proportionnel à ce qui entre. Des tests de coloration ont permis d’estimer que l’eau mettait 2 à 3 mois pour parcourir l’aquifère depuis les pertes jusqu’aux résurgences. ♦ Hydrographie : Le réseau hydrographique du Gardon s’encaisse dans la traversée du massif des Garrigues et sculpte des gorges étroites et profondes au sein de ce plateau calcaire (Barrémien supérieur à faciès Urgonien). Le lit mineur est bordé de falaises rupestres découpées par de petits talwegs diffus en rive droite, alors que la rive gauche est marquée par un affluent important : l’Alzon. Cet affluent draine toute la cuvette de la région de l’Uzège implantée au Nord des Garrigues. ♦ Topographie : La pente moyenne générale du talweg varie entre 1 et 2 ‰ (1.3 ‰ en moyenne) ce qui donne un profil relativement plat à ce secteur bien que l’on y rencontre un nombre relativement élevé de ruptures de pentes. On observe 31 ruptures de pente ou radiers2 sur un linéaire de 21 km ; ce qui représente entre Russan et Collias près de 2.4 seuils naturels par km. 2 Radier : Désigne aussi les parties rapides, peu profondes, où une rivière coule sur un lit de graviers, entre deux trous plus profonds. Ces radiers forment autant de parcours à truites, à la mouche, à la cuiller ou à la surprise. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 10 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.2.5. LE GARDON RHODANIEN : LE RESEAU HYDROGRAPHIQUE DES BAS GARDONS ( DU PONT DU GARD AU RHONE ) ♦ Géologie - hydrogéologie : A la sortie des Gorges, au Pont du Gard, le Gardon reprend une circulation en méandres à l’intérieur des dépôts alluviaux du Rhône jusqu'à sa confluence avec ce dernier. Il s’agit de dépôts grossiers, sables, graviers, galets à forte proportion d’éléments cristallins surmontés dans la plaine d’inondation par des limons d’épaisseur variable. Du point de vue hydrogéologique, CHABAUD (1966) indique clairement l’existence d’autres pertes concernant les eaux de surface du Gardon entre le moulin de La Foux et le confluent avec le Rhône. Ces pertes s’opéreraient à travers une circulation dans les alluvions de la rivière. Toutefois les volumes mis en jeu par ces pertes seraient négligeables au regard des écoulements superficiels permanents en lit mineur. ♦ Hydrologie : Le bassin versant s’élargit brutalement à la sortie des gorges. L’évasement du lit majeur reste limité en comparaison avec celui de la Gardonnenque, en raison des limites naturelles du relief, c’est à dire les collines Rhodaniennes en rive gauche au Nord et les Costières en rive droite au Sud. Les affluents en provenance des versants sont peu nombreux et les apports transversaux qu’ils peuvent fournir sont de moindre importance. ♦ Topographie : Du point de vue topographique, le Gardon présente une pente moyenne générale faible à très faible inférieure à 1 ‰. A l’aval des Gorges après le Pont du Gard le nombre de ruptures de pente et de radiers est proche de 0.5 par km, ce qui tend à confirmer la diminution de la pente. A l’exception de deux ruptures de pente naturelles, la plupart des radiers se situent à l’aval d’ouvrages qui ont été réalisés suite aux extractions massives de matériaux. On dénombre sept seuils en enrochements, en béton ou en palplanches sur un linéaire de 20 km. Ils forment des biefs lentiques noyés qui se succèdent. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 11 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Tableau 1 : caractéristiques physiques des cours d’eau du bassin des Gardons Longueur en km Surface en m² Altitude de la source en m NGF Altitude du confluent en m NGF Pente en m/km Gardon d’Alès 61.5 443 820 92 12 Gardon St Germain Gardon de Ste Croix Gardon de Mialet Gardon de Mialet total 17.5 30.5 18 48.5 89 100 52 241 964 953 226 953 226 226 129.6 129.6 42 23.8 5.3 17 Gardon de St Jean Gardon d’Anduze Gardon d’Anduze total 50 18 68 267 123 631 1040 129 1040 92 92 92 19 2 14 Gardon réunis 71 940 92 5 1.2 Rivières S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 12 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.3. HYDROGÉOLOGIE On pourra se référer à la carte "domaines aquifères", présentée au paragraphe 1.4.1 du document cartographique. Mis à part l’aquifère alluvial superficiel, on note la présence de trois aquifères profonds : − l’aquifère des dolomies et calcaires dolomitiques de l’Hettangien et du Sinémurien, qui concernent le Gardon d’Alès de la Grand Combe à Tamaris et le Gardon d’Anduze en amont du Corbis pour la Salindrenque et en amont de Pradines pour le Gardon de Mialet ; − l’aquifère du Jurassique supérieur, qui a son exutoire principal sur le Grabieux, affluent du Gardon d’Alès ; − l’aquifère des calcaires urgoniens qui recoupe le lit du Gardon, principalement dans le secteur Dions - Pont du Gard, et qui constitue l’aquifère majeur du bassin des Gardons. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 13 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.4. CONTEXTE CLIMATIQUE Le bassin versant des Gardons fait partie du domaine climatique méditerranéen. Le temps est généralement chaud et sec en été, plus frais et humide en hiver. Cependant, cela n’exclut pas certaines irrégularités thermiques et pluviométriques : de grosses pluies brutales et orageuses peuvent éclater en été, et l’hiver peut être doux ou connaître des gelées tardives. Dans le bassin des Gardons, quatre types climatiques se succèdent, de l’aval vers l’amont : − type I : il concerne la zone proche du Rhône et le Gardon aval. C’est un climat méditerranéen chaud et humide, modérément pluvieux ; − type II : de type méditerranéen chaud en été, frais en hiver, pluvieux au printemps et en automne, il concerne le massif des garrigues et la plaine de la Gardonnenque ; − type III : méditerranéen sec en été, froid de l’automne au printemps avec de fortes précipitations, il concerne les contreforts des Cévennes jusqu'à 1000 mètres d’altitude ; − type IV : il s’agit d’un climat montagnard, plus froid et très pluvieux, que l’on rencontre dans le massif des Cévennes. La caractéristique climatique principale du bassin des Gardons concerne la pluviométrie, intense et brutale avec des extrêmes entre saisons arrosées et saisons sèches. (Voir la carte "pluviométrie", présentée au paragraphe 1.3.2 du document cartographique). A ces variations inter saisonnières il faut ajouter l’importance des contrastes voire la brutalité des changements. (Suite à un été sec et sans pluie peuvent se produire des précipitations torrentielles de l’ordre de plusieurs centaines de mm en quelques jours en septembre ou novembre.) Le bassin versant des Gardons est exposé au vent pluvieux du Sud Est. Du Nord Ouest au Sud Est le caractère méditerranéen s’affirme : décroissance de l’altitude, des isothermes et de la pluviométrie qui passe de 1 200 mm/an à 800 mm/an. Ces pluies sont des accidents d’équinoxe, c’est à dire un renversement de pression sur la muraille des Cévennes entre l’Océan et la Méditerranée. Le haut du bassin est énormément arrosé avec 2 200 mm/an en tête du Gardon de St Jean du Gard. Des précipitations brutales et irrégulières peuvent atteindre plusieurs centaines de millimètres d’eau en 24 heures. Ces pluies replacées dans une échelle annuelle sont susceptibles d’atteindre des chiffres comparables aux plus fortes précipitations mondiales comme à Vialas du 28 au 29 octobre 1900 avec 950 mm en une nuit. Ces pluies énormes classent le bassin du Gardon parmi les régions les plus arrosées de France et même d’Europe (CHABAUD, 1966) (Vialas détient après Valleraugue le record de chute d’eau en Europe). Les périodes les plus arrosées se situent en particulier à l’automne : notamment en octobre, secondairement au printemps ou l’hiver (janvier et février pouvant être des périodes de fortes eaux). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 14 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les caractéristiques climatiques du bassin versant des Gardons sont telles que les épisodes pluvieux sont généralement brefs et intenses sauf concernant les pluies océaniques qui ne provoquent généralement que des crues tout à fait secondaires. Cependant les exceptions climatiques (ou accidents climatiques) sont si nombreuses que les informations saisonnières précédentes deviennent purement indicatives. La variabilité de ce climat est exacerbée au regard de la pluviométrie de janvier qui, lorsque le régime anticyclonal d’hiver est installé, fait que ce mois est le plus sec après le mois de juillet alors qu’il devient une des périodes les plus arrosées lorsque les dépressions atlantiques issues du golfe de Gascogne atteignent la Méditerranée avec des vents de Sud Est entraînant avec elles d’importantes précipitations (comme en janvier 1958 ou février 1957 qui ont été marqués par de très importantes précipitations). Si l’apparition des épisodes pluvieux semble être très variable dans le temps d’une année sur l’autre, elle l’est aussi dans l’espace : si les pluies les plus fortes tombent particulièrement sur le cours supérieur du bassin (pluies orographiques), les récentes précipitations catastrophiques ont eu lieu sur les moyens Gardons au niveau de Saint Hilaire de Brethmas (pluies frontales et orographiques) où il est tombé près de 300 mm en 3 heures. D’après CHABAUD, une seule averse aussi subite qu’intense peut provoquer une crue. Ces précipitations particulièrement brutales et intenses marquent notre région depuis quelques années et ont causé beaucoup de dommages : Nîmes, Vaison la Romaine, L’Hérault et l’Orb, le Lez à Montpellier, l’Avène à Saint Hilaire de Brethmas ; des chiffres de 300 mm en quelques heures sont même monnaie courante (S.I.E.E., 1997). Les Cévennes sont caractérisées par une saison sèche estivale qui n’est marquée qu’exceptionnellement par des dépressions. C’est la seule période relativement stable et elle se situe en juillet août avec parfois une petite saison sèche hivernale (janvier 1990) voire printanière comme en 1992 et 1997. Le nombre de jours de pluie annuel, d’environ 50, en Cévennes est bien inférieur à celui d’autres régions, même si le cumul en mm/an est parfois supérieur (les minima pluviométriques sont atteints en hiver et en été où 30 à 50 jours sans pluie sont fréquents). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 15 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.5. CONTEXTE HYDROLOGIQUE Le régime du Gardon est de type permanent car il est alimenté en continu par la rétention nivale, les précipitations orographiques et les pluies océaniques ; permanent, mais irrégulier (CHABAUD, 1966). Il suit donc le contexte hydrologique particulièrement variable que nous venons d’étudier. Pour mieux saisir le comportement hydraulique du Gardon nous allons étudier dans un premier temps le débit moyen annuel, les variations saisonnières à travers les débits moyens mensuels, enfin nous verrons les problèmes liés aux crues et aux étiages. 1.5.1. L’ABONDANCE MOYENNE : L’abondance moyenne ou débit moyen annuel ou encore module est estimé pour le Gardon à 32.7m3/s (LEGAULT, 1993). D’après DAVY (1956), il serait de 34 m3/s à Remoulins. Nous avons évalué le module du Gardon à son embouchure à près de 38 m3/s. Un historique des débits du gardon sur 10 ans de 1986 à 1997 obtenu auprès du service Minitel de la station de jaugeage de la CNR à Remoulins nous a permis d’évaluer le débit moyen internannuel à environ 29 m3/s. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 16 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le débit caractéristique moyen c’est à dire celui au dessous duquel le Gardon tombe pendant 6 mois de l’année se calcule comme au plus la moitié du module. Dans la fourchette d’un module de 32 à 38 m3/s on peut définir le débit caractéristique entre 16 et 19 m3/s. 1.5.2. LES VARIATIONS SAISONNIÈRES : La figure ci-après extraite de l’ouvrage L‘Uzège et la Région Bagnolaise (CHABAUD, 1966) que nous présentons ci après nous renseigne sur les caractéristiques du régime à 4 saisons du Gardon : − un étiage prononcé en juillet août, − une pic de débit à l’automne, maximum en novembre, − un minimum d’hiver centré en février mais beaucoup moins important que celui d’étiage, − un débit maximum secondaire de printemps en mars. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 17 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA L’historique des débits du Gardon sur 10 ans de 1986 à 1997 obtenu auprès du service Minitel de la station de jaugeage de la CNR à Remoulins nous a permis d’élaborer à l’aide des débits moyens mensuels la figure présentée ci-après. Celle-ci confirme un certain nombre d’informations et met en évidence les singularités du régime du Gardon : − L’alternance saisonnière présentée par CHABAUD (1966) est globalement respectée : • • • • crues automnales étiage estival hautes eaux printanières faibles eaux hivernales − Les débits moyens mensuels sont très variables d’une année à l’autre : La moyenne des écarts type est de 27.7 ce qui signifie que globalement il y a de fortes variations des débits moyens mensuels sur 10 ans. L’écart type maximum (79.2) se trouve en janvier compte tenu du fait que le débit moyen de ce mois peut présenter des valeurs aussi bien d’étiage (9 m3/s en 1990) que des valeurs de crues (265 m3/s en 1996). Seul l’étiage estival semble stable avec des écarts type inférieurs à 10 de juin à août. Ce dernier mois est le seul à ne pas présenter de variations significatives du débit. − Les débits moyens mensuels sont très variables d’un mois sur l’autre : Les valeurs moyennes mensuelles permettent de constater des variations brutales d’un mois sur l’autre. Il en est de même pour les débits moyens journaliers que nous avons observés à cette station pour l’année 97, avec, par exemple, entre le 27 et 28 août un débit multiplié par 5, le 29 juin entre 15 et 16 heures un débit multiplié par 2. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 18 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Note : la moyenne des débits moyens mensuels de janvier est la plus importante, supérieure aux valeurs d’octobre et novembre. Toutefois cela ne veut pas dire que les débits maximums de crue sont plus fréquents qu’à l’automne car il s’agit d’une moyenne. En effet les stations de jaugeage comme celle de Remoulins ont beaucoup de mal à évaluer les débits de crue qui atteignent dans nos régions des valeurs extrêmes (jusqu'à plusieurs milliers de m3/s). La comparaison par CHABAUD des moyennes mensuelles de hauteur d’eau et des moyennes pluviométriques fait apparaître un certain décalage entre les plus fortes pluies et les plus forts débits. En effet, le maximum principal du débit ne se situe pas en octobre mais, malgré des pluies moins fortes, en novembre, car à cause du froid plus accusé, ces pluies s’évaporent moins et s’infiltrent moins aussi dans le sol fortement saturé par les précipitations d’octobre. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 19 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.5.3. LES CRUES On pourra se référer aux cartes "les crues" et "risque inondation" présentées aux paragraphe 1.3.3 et 1.10.3 du document cartographique. La genèse des crues du Gardon est en grande partie liée aux phénomènes pluvieux particulièrement intenses et brutaux qui frappent les Cévennes comme nous l’avons présenté dans le contexte hydrologique ; néanmoins c’est d’avantage dans la synergie des caractéristiques du bassin que se trouve la réponse des « Gardonnades » : ces crues catastrophiques qui jalonnent la mémoire des hommes à propos du Gardon. En effet, le bassin des Gardons présente sur le plan hydrologique un relief très accusé. Avec une exposition aux vents pluvieux du sud-est et une grande superficie, il est donc éminemment favorable aux grandes concentrations de débit. Nous allons nous efforcer de caractériser les crues en fonction des éléments tel que : ♦ Intensité : Qu’est-ce qu’une Gardonnade ? : c’est une crue comme celle qui a engendré les inondations catastrophiques de 1958 et atteint des proportions incommensurables : à la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze, le débit aurait été 5000 m3/s, près de la moitié du débit du Rhône à Beaucaire en janvier 1994. Cette crue a provoqué de graves dégâts et coûté la vie à de nombreuses personnes (Défense contre les Eaux dans le Gard, brochure de la DARE (Conseil Général), DDAF, DDE, BRL). Si des valeurs énormes, comme les 2 200 m3/s du 12 septembre 1976, provoquent un débordement conséquent puisque la zone inondable couvre plus de 7 000 ha (Défense contre les eaux dans le Gard, Conseil Général , DARE 1994), il faut préciser que les crues annuelles de 1 000 à 2 000 m3/s sont fréquentes. Le bassin versant très accusé au niveau du relief induit des vitesses d’écoulement importantes comme nous allons pouvoir le constater. ♦ vitesse de propagation du flot : Les vitesses d’écoulement sont principalement la conséquence directe du relief. La topographie accusée du bassin versant avec une pente moyenne de 9 ‰ qui varie de 40 ‰ à 1 ‰ confère au Gardon de très importantes vitesses d’écoulement. Elles se traduisent par un lit mineur qui a la capacité de faire transiter des débits importants, qui est très étendu en largeur et divaguant dans le lit majeur. D’après CHABAUD la rapidité à laquelle se propagent les eaux constitue un des aspects les plus caractéristiques des crues cévenoles : le flot s’avance sous la forme d’une lame de 1 à 2 m de haut à la vitesse de 10 à 12 km/h. D’après l’ingénieur LEMOINE le temps moyen mis par les eaux pour parcourir la distance entre le confluent des Gardons et Remoulins est de 6 heures, soit une vitesse de 9 km/h. A titre comparatif sur la zone d’étude du confluent des Gardons au Rhône la vitesse de propagation des eaux pour un débit proche du débit caractéristique (~ 19 m3/s) serait de l’odre de 3 km/h (soit ~ 72 km/jour). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 20 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les Gardonnades sont des phénomènes souvent brefs avec des pics de crues importants, rapidement suivis de débits moyens voire faibles (en relation avec la pluviométrie intense et brutale et avec la nature des affleurements du cours supérieur). D’après CHABAUD on ne connaît pas d’inondations de plus d’une semaine par le Gardon sur le bassin versant. ♦ Epoque et fréquence : Les tableaux chronologiques des venues d’eau du Gardon établis par CHABAUD (1966) montrent que celles-ci peuvent se produire en toutes saisons : des crues ont été relevées en juillet 1911, juin 1923, juillet 1992, d’autres en janvier. En avril la probabilité d’occurrence des crues est deux fois plus élevée qu’en mai juin. Ce tableau met aussi en évidence qu’en automne les crues sont plus nombreuses et plus importantes. Le déclenchement des crues est fortement lié à l’intensité et la répartition des épisodes pluvieux. L’effet de saturation du sol ou de formation d’une pellicule imperméable en surface peut amplifier la capacité de ruissellement. L’apparition des crues est dont liée à celle des précipitations et donc à l’irrégularité, la brutalité et l’intensité des variations climatiques qui affectent ce contrefort méditerranéen (le fort contraste entre les saisons se retrouve au niveau des débits). 1.5.4. LES ETIAGES On pourra se référer à la carte "les étiages", présentée au paragraphe 1.10.4 du document cartographique. Les étiages surviennent après une baisse progressive du débit qui résulte de la faiblesse voire de l’absence de précipitations aux cours des mois de juin, juillet et août et de l’augmentation de l’évaporation qui s’y rattache. ♦ Epoque et fréquence : La baisse notable du débit se produit généralement à partir du mois de juin (cf. figure 5: historique des débits sur la station de Remoulins sur 10 ans) et se prolonge durant la période estivale d’autant plus que les débits sur la tête des bassins supérieurs sont quasiment nuls (les 50 mm de pluviométrie estivale entre juillet et août n’étant pas suffisants pour pérenniser les écoulements sur des substratums faiblement perméables donc faiblement rétensifs). Généralement les étiages les plus sévères surviennent en fin d’été lorsque les pluies automnales tardent à arriver, notamment en septembre et octobre. Ces mois sont ceux des contrastes puisque aux étiages drastiques font souvent suite des crues phénoménales sans aucune transition. De faibles débits peuvent apparaître en période hivernale notamment en janvier et février, comme en 1990 (cf. historique du débit), mais la sévérité de ces derniers n’atteint jamais les records estivaux. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 21 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les étiages sont des phénomènes habituels (qui se répètent chaque année) parfois pluriannuels fort bien connus qui se manifestent plus ou moins intensément au niveau du cours d’eau en fonction des caractéristiques physiques (pente, largeur du lit), géologiques (substratum rocheux ou graveleux, perméable ou imperméable), hydrogéologiques (présence d’aquifère, nappe alluviale ou aquifère profond qui draine ou alimente la rivière), écologiques (limitation de l’ensoleillement et donc de l’évaporation par une ripisylve en galerie, évapotranspiration par les végétaux) et climatiques des différentes unités hydrogéomorphologiques du bassin versant. ♦ Intensité : On peut évaluer que les étiages ordinaires du Gardon n’excèdent pas les 5 m3/s, d’après les relevés de la station de jaugeage C.N.R. de Remoulins. Le débit minimum observé sur cette station sur l’historique de 10 ans a permis de mesurer un débit minimum de 1m3/s. En aval de la station, le Gardon ne reçoit plus d’affluents importants et les pertes alluviales vers le Rhône (qui draine par la relation d’alimentation du cours d’eau par la nappe d’accompagnement, la basse vallée du Gardon) peuvent encore affaiblir de façon substantielle le débit d’étiage. C’est ainsi que des valeurs de 0.25 m3/s à 0.719 m3/s ont pu être mesurées respectivement en 1839 et 1856 à la confluence avec le Rhône. Si l’apparition des assecs de façon répétée ne semble pas être un phénomène nouveau, l’assèchement drastique et de plus en plus généralisé sur la Gardonnenque est sans doute la conséquence des extractions massives de granulats sur cette unité qui ont entraîné la disparition de la couverture graveleuse des bancs marneux et calcaires plus ou moins perméables du fond du lit (plus d’infiltration et d’évaporation sur le substratum rocheux). ♦ Localisation des assecs : Les assecs les plus connus et les plus sévères se produisent globalement sur 2 unités hydrogéomorphologiques : la Gardonnenque et les Gorges du Gardon. − En Gardonnenque : En effet, avant même les grands travaux d’aménagement des années 60 (suite à la crue de 58) qui ont profondément modifié la dynamique fluviale de la Gardonnenque et entraîné un rabattement du fond du cours d’eau, d’importants assecs survenaient dans le secteur du Rocher de Vidal (GAUJOUX, communication personnelle) sur quelques kilomètres jusqu’à Brignon. Des assecs complets surviennent sur ce secteur lorsque le débit à Remoulins est inférieur à 5 m3/s. − Dans les Gorges du Gardon : Les assecs qui caractérisent l’amont des Gorges du Gardon entre Russan et le Pont Saint Nicolas sont eux aussi connus depuis fort longtemps (avant les années 40). En 1966 CHABAUD les mentionne dans son ouvrage l’Uzège et la Région Bagnolaise. Ce tronçon de 10 km présente un assec particulièrement important au niveau du Pont Saint Nicolas sur 1 à 2 km et de façon plus ou moins discontinue sur le reste du parcours. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 22 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les rencontres avec messieurs GAUJOUX et BARTHELEMY nous ont permis de voir que le problème des assecs sur la portion allant de Ners à Dions n’était pas un phénomène exceptionnel mais bien répétitif. L’interview de l’hydrogéologue PALOC confirme ces faits et permet d’étendre le constat jusqu'à l’aval du Pont Saint Nicolas où les premières résurgences apparaissent. Au cours de notre enquête de terrain, nous avons pu localiser plusieurs zones complètement à sec et des zones où le débit était très faible et où la hauteur d’eau ne dépassait pas 5 à 10cm. Ces assecs s’expliquent d’une part par les pertes d’eau permanentes ou annuelles dans l’Urgonien et d’autre part par une forte évaporation l’été (la largeur du Gardon étant très importante (60-80 mètres) ainsi que par des pompages pour l’irrigation par le canal de Boucoiran mais aussi par des pompages directs dans le Gardon. Le tableau de synthèse ci-après a été réalisé à partir d’enquête de terrain : Tableau 2 : Localisation des assecs sur le Gardon Localisation de la zone d’assec Observations Zone à sec connue des pêcheurs Pont de Brignon Depuis Ners au rocher du Vidal Aval Russan Assèchement partiel (5cm d’eau) Non observée cette année Zone connue depuis près de 30ans Zone à sec sur 1 Km lors de sécheresse particulières Assèchement complet et partiel Alternance de zones à sec depuis plus sur près de 500m de 30 ans Assèchement complet et partiel Alternance de zones à sec depuis plus sur 200m de 30 ans Méandre Assèchement complet sur plus Alternance de zones à sec depuis plus de 1km de 30 ans Au niveau du moulin en Assèchement partiel Alternance de zones à sec de puis plus ruine de 30 ans Aval moulin en ruine Assèchement total sur 1,5km Alternance de zones à sec depuis plus jusqu’au Gour l’évêque de 30 ans Au niveau du Gour du Alternance de zones en à sec Alternance de zones à sec depuis plus Corbeau complet et partiel de 30 ans La zone d’à sec au niveau du pont est Zone partiellement à sec au Gour Depuis le Gour du connue depuis plus de 40 ans du Colombier Colombier jusqu’au Pont Complètement à sec en amont et Saint-Nicolas en aval du pont saint Nicolas sur 2 km Méandre en aval du Pont Complètement à sec La zone d’à sec au niveau du pont est saint Nicolas connue depuis plus de 40 ans Assèchement partiel Assèchement partiel Assèchement partiel En amont du plan d’eau de Assèchement complet La Baume En aval du seuil de la Assèchement partiel Baume Amont de Collias Assèchement partiel Amont de Collias Assèchement partiel Amont de Collias Assèchement partiel S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 23 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.6. LA ZONE INONDABLE On pourra se référer à la carte "limites des zones inondables", présentée au paragraphe 1.10.2 du document cartographique. Elle se confond avec le lit ordinaire sur une grande partie du cours amont. Les Gardons de Mialet, de Saint-Jean-du-Gard jusqu'à cette localité, d’Alès, jusqu'à La Grand-Combe et même les abords d’Alès, coulent au fond de vallées étroites, occupées sur toute leur largeur par le lit du cours d’eau. Ces vallées prennent localement l’allure de véritables gorges, en particulier sur les 7 premiers kilomètres du Gardon de Saint-Germain-de-Calberte, entre l’Estréchure et Saint-Jean-du-Gard, sur le Gardon de ce nom. La vallée s’étrangle encore localement au cours de la traversée des calcaires jurassiques et triasiques qui bordent les Cévennes schisteuses. Enfin, sur une vingtaine de kilomètres, de Dions au Pont-du-Gard, le Gardon coule au fond d’un canyon profond de 100 à 150 m. Le lit ordinaire, qui s’étendait sur une largeur de 1 km en face de Dions, se rétrécit brutalement en pénétrant dans le massif des Garrigues. A partir de Russan, il se confond avec le champ d’inondation et n’occupe plus alors qu’une largeur de 100 m en moyenne. Cette topographie joue un rôle important lors des crues. D’une part, le rétrécissement fait monter le niveau de la crue sur toute la longueur du canyon (il est très rare en effet, même dans le cas de pluies uniquement orographiques, de constater à Remoulins une hauteur d’eau inférieure à celle de Ners ou de Moussac) ; d’autre part, il constitue un obstacle important pour le flot de crue. Celui-ci ne pouvant s’écouler librement, s’étale dans la plaine de Dions qu’il occupe toute entière sur une largeur de 3 ou même 4 kilomètres, lors de très grandes crues comme celles de 1907 et 1958. Les Gardons possèdent par contre au long de leurs cours deux secteurs particulièrement inondables : de Ners à Russan et de Remoulins au Rhône. Le sol des vallées se situe ici à 2 ou 3 mètres seulement au-dessus des basses eaux de la rivière, et s’élève insensiblement jusqu’au pied des collines calcaires qui les limitent. Les rives du Gardon, dans ce secteur, se trouvent donc submergées par les crues ordinaires, sinon tous les ans, du moins tous les deux ou trois ans. Dans la région de Boucoiran-Brignon, lors des grandes crues, la presque totalité de la vallée est inondée, sur une largeur de 2 km, depuis le flanc Nord de la vallée jusqu'à la voie ferrée construite sur remblai, à quelques mètres du coteau Sud. Dans la région de Montfrin, les débordements seraient du même ordre et plus importants encore si l’homme n’avait cherché à se protéger derrière des digues puissantes qui canalisent les crues, en particulier de Comps au confluent. Pourtant il peut arriver, lors des crues combinées du Rhône et du Gardon, que toute l’étendue comprise entre le Rhône, le petit massif calcaire au Nord-Est de Montfrin et la retombée de la terrasse des Costières, soit entièrement recouverte d’eau. Au total, la zone inondable couvre plus de 7000 ha. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 24 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.7. LA DYNAMIQUE FLUVIALE DES GARDONS 1.7.1. LES UNITÉS HYDROGÉOMORPHOLOGIQUES Cinq unités se distinguent (voir la carte "unités hydrogéomorphologiques", présentée au paragraphe 1.2.3 du document cartographique) : − Unité I - Les Cévennes - concerne tout le bassin supérieur et est limitée à l’aval sur les deux villes d’Alès et d’Anduze (portes des Cévennes); − Unité II - Le Piémont Cévenol - depuis la limite précédente jusqu'à la confluence des deux Gardons ; − Unité III - La Gardonnenque - depuis la confluence des deux Gardons jusqu'à l’entrée des Gorges. − Unité IV - Les Gorges du Gardon et l’Uzège ; − Unité V - Le Gardon Rhodanien. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 25 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.7.2. LES PHENOMENES D’EROSION NATURELLE Le transport solide constitue un des phénomènes les plus spectaculaires des crues Cévenoles. Les schistes et micaschistes des Cévennes sont friables. Ils se débitent en plaques et sont emportés par les eaux, où ils s’usent par frottement dans le lit de la rivière, pour donner des galets et des sables plus ou moins grossiers. Depuis la sortie des Cévennes calcaires, jusqu'à son entrée dans le massif crétacé des garrigues, le Gardon coule dans une vallée qu’il a lui-même comblé, en déposant plusieurs mètres de graviers, de sables fins et de limons. Les berges formées par ces matériaux hétérogènes sont particulièrement friables et s’éboulent à chaque crue un peu importante sous l’effet d’un sapement latéral. Le lit de la rivière, rendu instable par la nature et la faible hauteur des berges, a tendance à se déplacer constamment. Le canyon du Gardon, creusé dans le plateau crétacé de la garrigue nîmoise sur 20 kilomètres, constitue le secteur où le lit est le plus stable, puisqu’encaissé dans les roches les plus dures qui se trouvent sur son parcours (calcaires compacts de l’Urgonien). C’est au cours des crues que ce transport solide est le plus important. A Anduze, aux « portes des Cévennes », les jardins longeant le Gardon étaient autrefois régulièrement recouverts par 50 cm de graviers à chaque crue, qu’il fallait enlever dès le retrait des eaux pour retrouver le sol fertile. Les mêmes phénomènes se produisent également à Alès et sont rapportés dans de nombreux récits (crue de 1815 - récit du Baron d’Hombres -Firmas). En Gardonnenque, les très grandes crues du passé ont laissé derrière elles un dépôt formé de sable et de gravier mêlé de boue. Dans le bas Gardon, les eaux déposent sur tous les terrains qu’elles ont inondés une couche de boue allant de quelques centimètres à 1 mètre (30 à 40 cm lors de la crue de 1907, 1 m pour la crue de 1958). Ces dépôts de boue ne sont d’ailleurs pas sans conséquence sur les cultures. Après la crue de 1958, tous les cerisiers des bas Gardons ont succombé. A partir d’Alès et d’Anduze, les vallées s’élargissent et le lit devient instable en planimétrie par suite de la couche épaisse de graviers dont il est formé. La rivière divague naturellement, se porte d’un côté à l’autre de la vallée, en dévastant les terrasses qu’elle a elle-même déposées. Les crues d’octobre 1907 ont amené des érosions tellement importantes que le village de Boucoiran, sur la rive droite, s’est trouvé sérieusement menacé. Ces phénomènes d’érosion et de dépôt expliquent en grande partie la géométrie des lits mineurs disproportionnée au regard du débit ordinaire du cours d’eau. Ces dimensions s’expliquent par la nature friable des berges, leur faible hauteur et par la puissance des crues d’automne qui occupent périodiquement le lit. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 26 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA En année moyenne, on estime l’ordre de grandeur des volumes de matériaux transportés parvenant au confluent gardon d’Alès / gardon d’Anduze, entre 10 000 et 60 000 m3. En crue, ces volumes transportés sont beaucoup plus élevés et peuvent atteindre des valeurs comprises entre 20 000 et 35 000 m3 dans le cas d’une crue type 1958. 1.7.3. EFFET DES BARRAGES SUR LE GARDON D’ALÈS Dans la configuration actuelle, les matériaux grossiers sont stockés derrière le barrage de Ste Cécile, celui de Cambous n’arrêtant que de faibles quantités de matériaux fins. Or, seuls les matériaux grossiers (sables et au-delà) ont une influence notable sur la dynamique des Gardons. Les matériaux plus fins ne peuvent pas conduire à des dépôts significatifs ou à des changements de comportement de la rivière, le courant étant beaucoup trop rapide lors des crues dans le lit mineur. Des dépôts - fertiles peuvent cependant être observés dans le lit majeur. Ils sont sans effet par rapport à l’enfoncement brutal qu’ont connu les Gardons ces dernières décennies. Le barrage de Ste Cécile a été mis en eau en 1967. En 1977, il avait stocké 139 000 m3 de graves1, soit un apport moyen de 14 000 m3 par an. Depuis 1979, un carrier exploite environ 10 000 m3 de matériaux grossiers chaque année en queue de retenue. L’apport moyen en matériaux grossiers au niveau de Ste Cécile est donc compris entre 10 et 15 000 m3 par an. Ces matériaux étant intégralement retenus, leur absence entraîne un déficit important en aval, équivalent, en première approximation, à une extraction annuelle du même volume. Heureusement, les érosions progressives sont normalement plus modérées que les érosions régressives, le lit parvenant à se paver ce qui réduit les enfoncements. C’est en partie le cas en amont de la Grande Combe. Cette pénurie de matériaux s’accompagne classiquement d’une tendance plus marquée à l’érosion des berges. Le stockage dans la retenue s’oppose donc à la reconstitution du stock alluvial en aval (aval d’Alès et Gardons Réunis). 1.7.4. LES PLAINES ALLUVIALES La plaine alluviale du Gardon d’Anduze se développe à partir de cette agglomération, avec une extension latérale de 1,5 à 2 km et un rétrécissement à la confluence avec le Gardon d’Alès. L’épaisseur dépasse rarement 10 m. Les alluvions du Gardon d’Alès développées en aval de cette ville présentent une épaisseur réduite (5 à 6 m) avec une matrice relativement argileuse, ce qui en limite l’intérêt. Les alluvions des Gardons réunis entre Ners et Dions ont une extension latérale voisine de 3000 m avec une épaisseur dépassant rarement 10 m. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 27 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La basse terrasse correspondant approximativement au lit majeur englobe la plus grande partie de la réserve en sables et graviers. Les matériaux récents et de bonne qualité peuvent être recouverts par des limons dont l’épaisseur augmente en bordure de la plaine où ils se confondent avec des épandages alluviaux provenant des reliefs. Les éléments siliceux sont prédominants et leur proportion s’accroît de l’amont vers l’aval. Les moyennes et hautes terrasses se présentent en général sous forme de lambeaux à superficie limitée. Le matériau plus ancien est souvent altéré avec une matrice à prédominance argileuse. Les alluvions du Bas Gardon se situent entre Remoulins et la confluence GardonRhône. Leur épaisseur varie généralement entre 10 et 15 m. Localement, des surcreusements du substratum permettent d’obtenir des épaisseurs de granulats supérieures à 15 m, voire 20 m au niveau de Comps. Ces sables et graviers sont recouverts par 1 à 5 m de limons. Les alluvions de la moyenne terrasse du Bas Gardon présentent une matrice argileuse développée, ce qui en limite l’intérêt. Pour l’ensemble de la vallée des Gardons, à partir d’Anduze ou Alès jusqu'à la confluence avec le Rhône, les ressources géologiques en alluvions, sans tenir compte des contraintes urbanistiques ou environnementales, sont évaluées à environ 350 millions de m3. Cette estimation ne fait intervenir que les contraintes liées aux conditions de gisement, c’est à dire propreté, qualité des matériaux et rapport entre l’épaisseur de la découverte et celle du gisement exploité, supérieure à 1/3. 1.8. LA RESSOURCE EN EAU 1.8.1. LES RESSOURCES NATURELLES 1.8.1.1. Les Cours d’eau et les Nappes alluviales Si les apports annuels des rivières du bassin des gardons sont relativement abondants, la répartition de ces apports dans l’année fait apparaître un creux très marqué en JuilletAoût. Ces étiages se produisent de manière très régulière et sont généralement sévères. Ainsi pour les Gardons d’Anduze et d’Alès, les débits d’étiage ne dépassent guère 0,5 à 1 m3/s. De plus chaque année, sur plusieurs tronçons du cours, en particulier au-delà de la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze et à l’entrée du massif des garrigues, on assiste à des pertes karstiques provoquant l’assèchement complet du lit en été. Les résurgences situées dans les gorges rétablissent petit à petit l’écoulement dans le lit des Gardons. En ce qui concerne les nappes alluviales, des recherches hydrogéologiques ont mis en évidence la faible importance des nappes alluviales. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 28 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les crues amont des Gardons jusqu'à Anduze ou Alès sont caractérisées par la quasi absence d’alluvions et par là même d’aquifères alluviaux. Les nappes alluviales prennent une extension latérale beaucoup plus importante vers l’aval gardonnenque et bas Gardon, et sont de bons aquifères. Ces nappes d’accompagnement sont exploitées à des fins domestiques, agricoles, industrielles, et constituent localement une très importante ressource en eau souterraine. Les alluvions offrent de bonnes caractéristiques de porosité, de perméabilité et de transmissivité. Elles autorisent souvent des prélèvements élevés au voisinage des écoulements de surface. Le débit de ces prélèvements, pouvant varier de quelques dizaines à plusieurs centaines de m3/h, reste fonction de la cote des écoulements et des possibilités de réalimentation du réservoir aquifère, parfois limité par le colmatage des berges notamment à l’aval des gorges. Ainsi, les nappes alluviales ne présentent d’intérêt que dans les seules zones à écoulement de surface permanent. Les meilleurs débits sont obtenus au voisinage de ces écoulements. Par contre, les débits diminuent considérablement dès que l’on s’éloigne du cours d’eau, les puits les plus éloignés pouvant même tarir à la saison sèche. Depuis quelques années, on observe un important drainage des nappes phréatiques, qui se sont abaissées d’une hauteur de l’ordre de 1 à 2 mètres. Les nombreuses extractions dans le lit mineur du Gardon en sont la cause. Or, compte tenu du fait que la puissance de l’aquifère constitué par les alluvions de la plaine alluviale ne dépasse guère 5 mètres (8 mètres au maximum dans la boucle de Ners), et est limitée à 2,5 ou 3 mètres pour le moyen Gardon, la nappe a quasiment disparu dans certains secteurs. La création des nombreux seuils en rivière permet ponctuellement de redresser cette situation. 1.8.1.2. Les Aquifères profonds Une distinction très nette apparaît entre les terrains métamorphiques, granitiques et imperméables de l’amont du bassin versant et ceux sédimentaires et perméables à l’aval. L’importance de l’étendue schisteuse et granitique dans le bassin supérieur des Gardons explique l’imperméabilité relative de cette zone. Cependant, dans les Cévennes, les schistes et micaschistes, roches relativement friables, donnent presque partout une arêne de décomposition, plus ou moins épaisse, autorisant une capacité non négligeable de rétention. Les schistes métamorphiques et les roches cristallines peuvent donc offrir des ressources limitées mais parfois suffisantes pour justifier l’exécution de petits captages. Les zones les plus favorables sont celles très fracturées, ainsi que les parties superficielles altérées. Les eaux de ces formations sont très minéralisées. C’est dans la partie médiane et inférieure du bassin formée de terrains perméables que l’on trouve l’essentiel des aquifères. Il en existe deux types : le premier correspond aux aquifères calcaires, développés dans les formations sédimentaires de l’ère secondaire. Il y a ensuite les aquifères alluviaux dans lesquels les captages assurent la majeure partie de la consommation actuelle et qui ont été décrits ci-avant. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 29 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La bordure du Piémont cévenole donne lieu à des circulations d’eaux importantes. La région de la Grand Combe est le siège d’infiltrations d’eau superficielle dans le lit du Gardon, et dans le ruisseau de Bellière qui s’écoule au sud de Laval-Pradel. Ces infiltrations sont à l’origine de venues d’eau qui se manifestent aux mines des Oules et de Laval. Entre le bassin tertiaire d’Alès et le socle paléozoïque, les formations calcaires du Jurassique forment un réservoir très étendu. Il est alimenté en partie par des pertes du cours d’eau superficiel comme le ruisseau de Gravelongue ou le Gardon d’Alès, en partie par infiltration de la pluie, en partie par drainage des terrains karstiques susjacents. La plupart des émergences apparaissent à la faveur de failles. Le groupe des sources de la Tour et de Dauthunes est le plus important. Les sources de la Tour, sur la commune des Salles-du-Gardon, sont captées par la ville d’Alès depuis plus d’un siècle. Quand les calcaires s’ennoient sous une couche imperméable comme dans le secteur de Saint-Martin-de-Valgalgues, ils peuvent renfermer une nappe en charge. Cette nappe est l’origine des résurgences des Fons qui en représentent le débordement, et des trop-pleins temporaires qui se manifestent à l’éven de Courlas, près de SaintJulien-les-Rosiers. Au-delà de la confluence des Gardons, dans la partie moyenne du bassin versant, les calcaires du secondaire (Jurassique et Crétacé) assurent l’alimentation de sources pérennes de faible débit et utilisées pour la plupart. Le meilleur réservoir est constitué par les calcaires barrémiens à faciès urgonien, formant un aquifère très étendu sous les formations plus récentes. Ses fortes capacités hydrauliques sont attestées par le développement de la karstification, les captures souterraines du Gard, totales à l’étiage, qu’il provoque à Dions et Boucoiran, l’apparition, à la suite de crues, d’importantes sources de trop-plein (fontaine de SaintGéniès). Les phénomènes de pertes sont particulièrement frappants en été, où leur effet s’ajoute à celui de l’évaporation et de l’insuffisance des pluies. Les eaux ainsi disparues circulent dans des conduites souterraines avant de réapparaître à la surface sous forme de résurgence. Pour les pertes se situant au niveau de Boucoiran, la résurgence se produit très en aval, dans les gorges, faisant la preuve d’une continuité hydraulique dans les calcaires urgoniens, sous les formations tertiaires du bassin de Saint Chaptes. A Collias, la source de Pâques constitue la dernière résurgence importante du canyon. A partir de là, le cours de la rivière est complètement reformé. Cet aquifère a fait l’objet d’une étude spécifique dont les principales conclusions sont rappelées au chapitre 4.2. (Etude de l’aquifère karstique de l’Urgonien - BRL - 1998). Dans les formations tertiaires molassiques (bassins d’Uzès et de Saint Chaptes), on trouve quelques aquifères fournissant des débits variables (Font de Gouja à Saint Dézéry, Font Bouillant à Castelnau Valence). Le plateau calcaire de la garrigue uzétienne, sec et aride, contient des nappes importantes, alimentant quelques sources pérennes comme la fontaine d’Eure à Uzès, avec un débit d’étiage élevé dépassant 250 l/s. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 30 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.8.1.3. Vulnérabilité des réservoirs aquifères à la pollution On pourra se référer à la carte "vulnérabilité des eaux souterraines", présentée au paragraphe 1.4.2 du document cartographique. Les risques de contamination des nappes d’eau souterraines sont liés à la nature des terrains qui les surmontent. Les aquifères calcaires s’avèrent les plus vulnérables à la pollution, car la filtration est inexistante. Les calcaires jurassiques de la bordure sous cévenole, et ceux de l’urgonien de la région des garrigues, sont intensément fracturés et diaclasés. Ils ont subi à des degrés divers et avec des effets différents selon leur faciès, les processus de karstification. Ainsi, ces formations se caractérisent par une porosité de chenaux et de fissures avec éventuellement une porosité d’interstices dans les milieux les plus dolomitisés. La perméabilité est toujours élevée dans les chenaux et les vitesses de circulation de l’eau souterraine varient selon le régime, entre quelques mètres et plus de 1000 mètres par heure. Il existe enfin des axes préférentiels d’écoulement déterminés par les directions de plissements ou de fractures. Ainsi, l’alimentation de certaines sources karstiques peut avoir des origines lointaines. Des relations ont été démontrées entre pertes et sources distantes de plusieurs kilomètres : 13 km entre les pertes du Gardon à Boucoiran et la résurgence de la grotte de Pâques. Dans de telles formations calcaires, il y a donc un risque de propagation d’une pollution éventuelle avec des vitesses et des concentrations qui seront fonction du régime des écoulements, variables selon les saisons, dans le réservoir. Les alluvions récentes des Gardons constituent des aquifères à perméabilité d’interstices. Lorsque ces formations ne sont pas totalement argileuses, et quand la nappe est libre (aquifère sans recouvrement semi-perméable), les risques de pollution sont très importants. Dans le bassin d’Uzès, il existe une alternance de niveaux perméables, semiperméables, peu perméables (molasses marno-sableuses et marnes). Les niveaux aquifères étant généralement recouverts de formations peu à semi-perméables en surface, les risques de pollution des eaux souterraines s’avèrent limités. Cependant, on rencontre dans cet aquifère multicouche des formations avec quelques niveaux molassiques ou calcaires dans lesquels les propagations de produits polluants peuvent s’avérer très rapides. Dans le fossé d’Alès et le bassin de Saint Chaptes, les formations affleurantes sont peu perméables à imperméables, et il n’existe pas d’aquifère libre. Ainsi les risques de pollution sont pratiquement limités aux eaux de surface. Il s’agit de zones marneuses dans lesquels d’éventuels horizons aquifères sont situés à de grandes profondeurs. Enfin, les granits et surtout les schistes et micaschistes des Cévennes constituent des terrains imperméables où les risques de pollution sont restreints aux eaux superficielles. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 31 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.8.2. LES RESSOURCES ARTIFICIELLES 1.8.2.1. Le Stockage ♦ Les barrages : Le bassin des Gardons a été à l’origine de plusieurs projets de barrage. Destinés à la lutte contre les inondations (cf chapitre risque inondation), le programme initial préroge la construction de 4 barrages. Un seul barrage fut construit en 1967, le barrage de Ste Cécile d’Anderge. Aujourd’hui, ce barrage et celui des Cambous, situé à l’aval immédiat du premier, assure le soutien d’étiage du gardon d’Alès. Concernant le barrage de Ste Cécile d’Andergue, une étude à montré que la capacité totale pourrait être portée à 5,2 Mm3 par remontée du plan d’eau de 10 m (de 242 mNGF à 252 mNGF). Pendant la période de soutien d’étiage allant du 1er juin au 15 septembre, les consignes de gestion du barrage prévoient un lâché de 500 l/s et la possibilité pour le comité de gestion de procéder en juillet et août à des lâchés complémentaires. Le barrage des Cambous, sur le Gardon de Ste Cécile, initialement affecté à l’alimentation en eau industrielle des Houillères du Gard, a vu, par la suite, sa vocation évoluer vers une utilisation touristique du plan d’eau créé par la retenue en raison de la diminution des besoins des Houillères résultant de mesures de modernisation de ses installations. La capacité de stockage de cet ouvrage est de l’ordre de 1 Mm3 ; son remplissage s’effectue après celui de Sainte Cécile d’Andorge, et sa contribution au soutien d’étiage reste plus modeste ; en effet, le barrage doit rester plein (cote 227 NGF) en période estivale (du 1er juin au 15 septembre) et il n’intervient que pour soutenir l’étiage d’automne du 15 septembre au 1er octobre avec un débit de 500 l/s, jusqu'à la cote barrage 220,5 NGF en dessous de laquelle il n’est pas conseillé de soutirer en raison des problèmes d’envasement. Il est à noter que les débits de soutien d’étiage sont intentionnels et exprimés en valeur brute ; ils n’intègrent nullement les effets de perte qui pourraient se produire dans la traversée des zones karstiques : à cet effet, il est préconisé d’assurer ce soutien d’étiage dès juin afin de maintenir le karst en état de saturation autant que faire se peut. ♦ Les petites retenues : Les Cévennes disposent d’un patrimoine hydraulique très riche. Confrontées à un milieu physique ingrat, versants aux pentes abruptes, conditions climatiques imposant une sécheresse estivale prononcée et des pluies orageuses automnales très violentes, sols fragiles voués à une érosion importante, surfaces cultivables très réduites, les sociétés rurales traditionnelles ont su valoriser cet espace de diverses façons, selon les vallées, mais aussi selon les besoins. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 32 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Ces aménagements réalisés présentent en général deux fonctions ; l’écrêtement des crues et l’utilisation comme réservoir hydraulique. Les plus anciens remontent au XIIème siècle. Plusieurs types de construction sont à distinguer, aux barrages-poids et aux barrages-voûtes s’ajoutent les paissières et les tancats, qui d’un point de vue technique sont certainement les formes les plus anciennes. ♦ Les tancats sont des barrages placés en série pour ralentir la vitesse de l’eau. A leur base s’accumulent les matériaux charriés par la rivière : ils doivent donc être curés régulièrement pour replacer sur les terrasses ce que l’érosion leur avait arraché. ♦ Les paissières sont des ouvrages sur pieux (paxiera en latin), comme l’indique l’étymologie du mot, sont de conception simple. A l’origine, il s’agit d’enfoncer dans le lit du cours d’eau des pieux de bois, puis de tisser des branchages et ensuite de bâtir sur cette armure. Plus tard, ce terme désigne un barrage en pierre doté de fondations profondes bien maçonnées. Beaucoup de ces ouvrages sont aujourd’hui laissés à l’abandon. Ils constituent néanmoins par leur nombre (environ 2 000) un volume de réserve d’eau non négligeable. Sur la partie aval du bassin, il n’existe pas ou peu de site de retenue collinéaire. De nombreuses études ont été réalisées pour identifier ce type d’aménagement, notamment en Gardonnenque, mais sur les sites topographiquement intéressants, les conditions géologiques (étanchéité de la cuvette) et/ou hydrologiques n’étaient pas satisfaisantes. 1.8.3. L’AQUIFÈRE KARSTIQUE URGONIEN 1.8.3.1. Généralités Les calcaires urgoniens constituent un aquifère karstique important d’environ 600 m² sur une épaisseur moyenne d’environ 400 m. Cet aquifère intéresse le bassin des Gardons dont il occupe toute la partie centrale (Gardonnenque et Uzège). L’ensemble karstique urgonien des Gardons est en partie affleurant, en partie sous couverture de séries détritiques imperméables. Il est divisé en 2 sous bassins, celui de la fontaine d’Eure (ou de l’Uzège) et celui de Saint Chaptes. Le fonctionnement du karst s’avère intimement lié au cours d’eau des Gardons. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 33 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.8.3.2. Fonctionnement global du karst ♦ Le bassin de l’Uzège Les mesures et les observations réalisées sur ce bassin ont montré qu’il était indépendant du bassin de Saint Chaptes. Son alimentation s’effectue via les zones d’affleurements par les précipitations. La vidange se situe au niveau de la source de la fontaine d’Eure. Le débit moyen annuel observé durant l’année 1993 est d’environ 12 millions de m3, ce qui correspond sensiblement aux estimations de volume infiltré pendant les pluies. ♦ Le bassin de Saint Chaptes Le cours du Gardon qui traverse ce bassin a fait l’objet de nombreuses descriptions. Il se caractérise par un système de pertes situé dans la plaine de Saint Chaptes (Boucoiran et Dions) et par des résurgences. Ces résurgences se concentrent dans le secteur des gorges, entre Pont St Nicolas et Colias. Les pertes entre Ners et Dions sont globalement constantes et de l’ordre de 1,5 m3/s en moyenne. Les pertes entre Dions et Pont St Nicolas sont comprises entre 1 et 1,5 m3/s tant que l’écoulement du Gardon est pérenne. En période d’assec à Pont St Nicolas, les pertes sont en effet égales au débit du Gardon à Dions. Globalement, les pertes peuvent être comprises entre 1,5 et 3 m3/s. Les résurgences recensées sont au nombre de 22 (15 sont situées entre Pont St Nicolas et Colias). Les sources des Freigères, la Baune et Colias sont les principales en terme de débit. Les apports du quartz s’effectuent au niveau de ces résurgences, les ¾ des apports s’évacuent au niveau de la Baune. Le débit des résurgences étant toujours supérieur aux pertes, le débit du Gardon à Colias est toujours supérieur à celui de Ners étant donné le soutien apporté par le karst. La contribution des résurgences au débit du Gardon durant la période d’étiage se situe entre 2 et 7 m3/s. 1.8.3.3. Bilan hydraulique du bassin de Saint Chaptes Les mesures de débit réalisées au niveau des résurgences permettent d’estimer le volume global d’écoulement du karst, soit 190 Mm3. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 34 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La différence entre ce volume d’écoulement et celui provenant des précipitations (estimé à 45 Mm3) donne une évaluation du volume capté par les pertes, soit environ 145 Mm3. En ce qui concerne la période d’étiage, le volume initial disponible en début d’amorce du tarissement du karst a été estimé de l’ordre de 40 Mm3. Le volume dynamique du karst, c’est-à-dire le volume mobilisable du karst au moment de l’étiage, a été estimé à 20 Mm3. Ce volume constitue également le volume restitué au Gardon à travers les résurgences. Toutes ces observations confirment l’existence d’un potentiel important de cette ressource qui peut être estimé de manière grossière à 20 Mm3. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 35 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 1.8.3.4. Conclusion Les différentes actions menées relatives aux études géophysiques, aux travaux de forage ainsi qu’aux suivis hydrologique, piézométrique et chimique, ont permis de déterminer : − la géométrie de l’aquifère, la localisation des calcaires urgoniens au cœur du bassin de Saint Chaptes et des zones potentiellement productives ; − l’indépendance de fonctionnement des bassins de l’Uzège et de Saint Chaptes ; − l’analyse des modes d’alimentation du bassin de Saint Chaptes. Le renouvellement du potentiel du karst urgonien du bassin de Saint Chaptes est en effet assuré, d’une part, par les précipitations et surtout par les pertes du Gardon. Le volume annuel qui transite dans le karst a été estimé à 190 Mm3. D’autre part, il a été montré, durant la période d’étiage, l’importance du volume initial disponible en début d’amorce du tarissement du karst : de l’ordre de 40 Mm3, dont 20 Mm3 de transit. Toutes ces observations confirment l’existence d’un potentiel important de cette ressource. Par contre, les débits d’étiage du Gardon sont faibles et varient entre 7 et 1,5 m3/s et peuvent être plus faibles au cours d’une année exceptionnellement sèche. L’étude des contraintes aval a mis en évidence la forte sensibilité des milieux naturels en cas d’étiages très sévères et le poids actuel des besoins aval qui ne sont pas totalement satisfaits en saison estivale (cas du Canal de Beaucaire). Les observations réalisées sur les écoulements du Gardon ont démontré l’influence de la diminution du débit des pertes sur l’aval. Pour un étiage sévère, les prélèvements dans l’aquifère auront donc un impact sur les débits restitués à l’aval. Toutes ces conclusions font ainsi apparaître un paradoxe. La Gardonnenque dispose en effet d’un volume important par rapport aux besoins. Cependant, il existe une contrainte forte pour pouvoir prélever les débits sans impact sur l’aval en étiage sévère. Le karst urgonien constitue donc une ressource intéressante pour le bassin versant des Gardons, mais son exploitation doit s’accompagner d’une gestion rigoureuse de contrôle du milieu naturel et de la mise en œuvre éventuelle d’un soutien par un pompage à l’aval du système. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 36 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA PHASE 1 ETAT DES LIEUX L’espace humain S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 37 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2. L’ESPACE HUMAIN 2.1. LA POPULATION On pourra se référer à la carte "population", présentée au paragraphe 1.10.4 du document cartographique. Le bassin versant des Gardons est un milieu qui s’est humanisé très tôt. C’est à partir du X ème siècle, avec l’implantation des moines qui bâtirent les premières abbayes, que se développent les communautés rurales. Les premiers moines défricheurs sont les principaux initiateurs d’une véritable expansion économique. Aujourd’hui, le bassin versant des Gardons compte environ 170 000 à 180 000 habitants. La région d’Alès-La Grand Combe constitue le principal foyer démographique. Cette zone de fort peuplement doit son essor au développement industriel du XIX ème siècle. L’analyse de l’évolution démographique met en relief la recomposition quantitative de la population avec de nettes disparités spatiales. Les communes de l’amont du bassin voient leur population stagner ou diminuer depuis 1982. Ces pertes touchent fortement en proportion les villes d’Alès et la Grand Combe. Au-delà du Piémont cévenol et jusqu'à la confluence avec le Rhône, on relève par contre de très sensibles augmentations. Cet accroissement démographique est également renforcé par le phénomène de péri-urbanisation lié au développement de Nîmes, qui profite aux communes périphériques. Le bassin versant des Gardons présente au niveau des structures démographiques, une disposition duale entre des hautes terres vieillissantes, un Piémont densément peuplé mais qui se vide et une partie aval (au-delà de la confluence des Gardons d’Anduze et d’Alès) en pleine mutation. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 38 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 39 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.2. LES ACTIVITÉS ECONOMIQUES 2.2.1. L’AGRICULTURE La forêt occupe environ 782 km², soit approximativement 38 % de la superficie du bassin versant des Gardons. Elle est essentiellement présente à l’amont (Gardons d’Alès et d’Anduze) où elle couvre les pentes des Cévennes. A l’aval, la forêt est résiduelle. On ne la retrouve que sur les bas plateaux sous la forme de chênaies méditerranéennes. Jusqu’au milieu du XIXème siècle, par suite de l’abus de pacage et de l’exploitation, l’armature forestière des Cévennes s’était fortement réduite. De grosses inondations ont montré le péril que représentait le déboisement des hauts versants cévenols. C’est à partir de 1860 que fut instaurée une première loi sur le reboisement dans les Cévennes. La forêt couvre aujourd’hui jusqu'à 60 % et plus de la superficie communale. Du fait de l’abandon de grandes superficies de terres agricoles sur les versants, il existe depuis ces dernières décennies une évolution favorable au reboisement, particulièrement sur le Gardon d’Anduze. En ce qui concerne les Surfaces Agricoles UtiliséEs (SAUE), leur analyse montre une nette disparité entre l’amont et l’aval du bassin versant : 20 % en pays cévenol, 50 à 80 % en Gardonnenque et sur le Gardon rhodanien. Globalement, la part de la SAUE tend à diminuer mais l’on observe de fortes disparités spatiales : − le bassin du Gardon d’Anduze et la partie aval du bassin du Gardon d’Alès accusent une forte déprise agricole ; − le haut du bassin enregistre ponctuellement de fortes poussées agricoles liées au développement des cultures fourragères au service de l’élevage ; − sur les moyens et bas Gardon, l’évolution est mitigée. L’activité agricole est également très contrastée entre l’amont voué à l’élevage et l’aval voué à la culture des terres. De part son haut degré de spécialisation, le bassin des Gardons a un poids significatif dans l’économie régionale. Il concentre par exemple 35 % du cheptel caprin du Languedoc-Roussillon et plus de 50 % du cheptel agricole. Le bassin des Gardons représente également l’un des principaux bassins régionaux de producteurs légumiers et fruitiers. Si les plaines alluviales sont très cultivées, elles le doivent aux bonnes possibilités d’irrigation offertes par les nappes alluviales et à la fertilité des terres. La superficie totale irriguée est estimée à environ 3 500 ha. L’irrigation est actuellement indispensable pour l’agriculture contemporaine pratiquée dans les Gardons. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 40 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 41 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.2.2. L’INDUSTRIE L’activité industrielle s’est surtout développée dans la région d’Alès-La Grand Combe, au pied des Cévennes, après la première révolution industrielle. Ce secteur constitue le pôle industriel du bassin versant et présente à l’échelle départementale et régionale une ampleur considérable. Cette zone a hérité des traditions minières et métallurgiques et des traditions de travail du textile et du cuir. En proie à la crise économique et au désengagement progressif des activités minières notamment, ce secteur a du entamer une reconversion de ses activités traditionnelles. A l’aval, la plaine alluviale accueille des industries nouvelles (hormis l’industrie viticole) basées sur l’agro-alimentaire et des industries dérivées pour l’habitat et la construction. Les industries légères sont dispersées sur le bassin versant. Les communes des hautes vallées des Gardons sont dans l’ensemble très enclavées géographiquement et vierges de toute forme d’activité industrielle. Elles sont centrées sur un tourisme saisonnier, qui constitue le pivot de l’économie locale. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 42 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.2.3. LE TOURISME ET LES LOISIRS Le bassin versant des Gardons possède une vocation touristique importante. Cet attrait tient principalement à la qualité des sites cévenols agrémentée de la présence de l’eau qui, sous un climat méditerranéen, est un atout important vis à vis de la demande touristique contemporaine. La baignade se pratique beaucoup dans les vallées cévenoles sur les Gardons d’Anduze, de Mialet ou de Saint-Jean, ainsi qu’à l’aval au niveau des gorges où il existe également des possibilités de descente de la rivière en canoë sur presque 30 km (Voir la carte "activités de loisir liés à l'eau", présentée au paragraphe 1.7.2 du document cartographique). L’existence d’une eau de qualité et le classement des rivières cévenoles en 1ère catégorie est aussi un atout pour la pêche. Deux associations de pêche et de pisciculture, regroupant près de 10 000 membres, expliquent la présence importante des pêcheurs le long des Gardons et illustrent l’importance de l’activité. Le patrimoine historique, archéologique et architectural, attire aussi de nombreux touristes. C’est le cas de l’aqueduc romain du pont du Gard, du duché d’Uzès, du pont Saint Nicolas, ainsi que les nombreux châteaux et villages pittoresques. Le paysage et les espaces naturels diversifiés constituent enfin un des plus beaux atouts du bassin versant. L’évocation de ces quelques atouts illustre la capacité et le potentiel de développement du tourisme et des loisirs dans les vallées des Gardons. En matière d’hébergement, c’est la région du Gardon d’Anduze qui concentre la grande majorité de la capacité d’accueil du bassin versant (taux supérieur à 50 %). L’Uzège et le pont du Gard viennent ensuite loin derrière, car, situés à proximité de grands axes routiers, ils se prêtent davantage à un tourisme de passage contrairement aux Cévennes, qui sont fréquentées pour des séjours plus prolongés. (Voir la carte "capacité d'accueil touristique ", présentée au paragraphe 1.10.5 du document cartographique). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 43 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 44 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.3. L’OCCUPATION DE L’ESPACE On pourra se référer à la carte "occupation du sol", présentée au paragraphe 1.10.1 du document cartographique. Sur le bassin des Gardons, la population est urbaine à plus de 60 %. Alès y contribue pour 80 %. Si les communes rurales sont majoritaires (88 %), elles ne concernent plus que 40 % de la population du bassin. Elles sont surtout localisées dans les Cévennes. Sur le bassin versant, on distingue 3 grands types de paysage et d’occupation des sols. Dans une topographie encaissée, le Gardon d’Alès offre l’image type d’une région industrielle, fortement peuplée et urbanisée, mais aussi marquée par plusieurs décennies de production houillère et métallurgique. Dans un pays plus ouvert, le Gardon d’Anduze offre par contre une image radicalement différente. L’héritage industriel est ici absent. L’urbanisation moins à l’étroit s’est développée de manière éparse sur les petites collines environnantes. Par ailleurs, de nombreux terrains de camping occupent les rives et témoignent d’une forte activité touristique de secteur. Enfin, dans une topographie de bassin sédimentaire, la Gardonnenque offre l’image d’une région à forte vocation agricole. L’activité agricole est omniprésente et en particulier l’activité viticole qui constitue la principale ressource économique. Cette activité s’est développée sur les coteaux. Le lit majeur est le domaine du maraîchage, des cultures fruitières et céréalières. L’irrigation y est particulièrement développée. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 45 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.4. LA LUTTE CONTRE LES INONDATIONS De même que toutes les rivières cévenoles, les Gardons sont affectés de crues particulièrement brutales. Des protections hydrauliques se sont donc progressivement imposées à deux échelles différentes : à une échelle locale pour des ouvrages de protection de faible importance, à une échelle générale dans le cadre d’un programme de lutte contre les crues. Parallèlement, il a été installé un réseau de mesures pluviométriques et limnimétriques, dont les données télétransmises alimentent un service d’annonce des crues, géré par la Direction Départementale de l’Equipement du Gard. 2.4.1. LES BARRAGES Après les crues de 1958 qui ont provoqué de graves dégâts matériels et coûté la vie à de nombreuses personnes, un plan de protection a été mis en place sur le bassin des Gardons, dès les années 1960. Le Département avec l’aide de l’état décida de réaliser un programme de travaux destinés à maîtriser ces cours d’eau. Initialement, le programme prévoyait la construction de 4 barrages avec comme objectif le contrôle des crues. Les sites retenus étaient les suivants : • • • • Barrage de Ste Cécile d’Anderge (gardon d’Alès), Barrage de St Paul Lacoste (galaizon), Barrage de la Borie (gardon de Mialet), Barrage de St Jean du Gard (gardon de St Jean). En 1967, le barrage de Ste Cécile d’Anderge au dessus de la Grand-Combe fut mis en eau. Il fut le seul des 4 barrages à être construit. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 46 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA L’impact du programme des barrages sur l’écoulement d’une crue de type 1958 peut être résumé dans le tableau suivant : VILLE APRES CONSTRUCTION DES BARRAGES Ste Cécile d’Endorge St Paul la Coste St Jean du Gard Alès La Borie Abaissement du niveau de crue (*) - 0,50 m - 1,10 m St Jean du Gard - 1,40 m à 1,80 m Anduze - 0,70 m - 1,40 m Boucoiran - 0,40 m Remoulins - 0,20 m (*) Source « Etude générale de l’Aménagement hydraulique du Gard Phase 5 - Etude du schéma définitif. Août 1985 ». Cogne et Bélier - Compagnie Nationale d’Aménagement de la Région du Bas Rhône Languedoc. Depuis de nombreux aménagements de protection ont été réalisés dans le bassin des Gardons. On distingue : − les aménagements de protection localisée − les aménagements de protection étendue. 2.4.2. LES PROTECTIONS LOCALISÉES Trois principaux types de protection hydraulique locale ont été réalisés dans la Moyenne et la Basse vallée des Gardons. Elles ont été réalisées par la DDE ou la DDAF, selon les cas, et financées par les Syndicats Intercommunaux d’Aménagement du Moyen et du Bas Gardon. ♦ Les remblais Il s’agit principalement de remblais supportant des infrastructures de transport (routes, voies SNCF), qui en bordure de rivière, font office de digue longitudinale, protégeant des inondations les zones urbanisées et les terres agricoles. C’est notamment le cas de la RN. 106 entre Ners et Sauzet, sur le Gardon. ♦ Les épis en enrochement Ces épis ont été mis en place pour stabiliser les berges menacées d’érosion lors des crues. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 47 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Réalisées depuis plus de 30 ans dans des secteurs à forte vitesse d’écoulement et à faible rayon de courbure, ces séries d’épis ont permis de stopper l’érosion, de limiter les divagations du lit mineur et d’engraisser les rives ainsi aménagées. Ces berges engraissées en sédiments ont rapidement été colonisées par de la végétation, et les anciens épis ne sont actuellement pratiquement plus apparents car boisés naturellement, ce qui contribue à la stabilisation du milieu. Sur les Moyens Gardons réunis, de nombreux épis ont plus récemment été implantés. C’est le cas entre Ners et Brignon où 6 séries d’épis ont été réalisées suite aux extractions de granulats en lit mineur qui ont façonné des berges subverticales très instables. Des protections longitudinales en enrochement ont également été réalisées dans le passé, mais sont aujourd’hui très peu visibles car recouvertes de végétation. ♦ Les endiguements Des endiguements longitudinaux ont été réalisés sur le Gardon dans sa traversée des villes d’Anduze, de la Grand-Combe et d’Alès afin de préserver les zones urbanisées des fortes crues. 2.4.3. LES PROTECTIONS ÉTENDUES : LE CHENAL DE CRUE En 1976, une opération de protection contre les crues est mise en œuvre sur le cours des Gardons : il s’agit de la réalisation, avec l’aide des carriers, dans le cadre de règlements d’eau départementaux placés sous le contrôle de la DDAF, d’un chenal continu destiné à l’évacuation des crues. L’objectif visé était alors la création d’un « chenal de crue » par recalibrage du lit mineur, pour augmenter la capacité d’écoulement de la rivière et ainsi abaisser la ligne d’eau lors des crues. Déclarée d’utilité publique par arrêté préfectoral du 17 septembre 1976 portant règlement d’eau, cette opération dite de dégagement de l’espace a pris fin en 1988. La chenalisation du lit mineur a été réalisée sur un linéaire d’une quarantaine de kilomètres, sur le Gardon d’Anduze à l’aval d’Anduze (une partie du Gardon d’Anduze, de l’aval du pont de Lézan jusqu’au pont SNCF de Ribaute-Les-Tavernes n’a pas été chenalisée), sur le Gardon d’Alès à l’aval d’Alès, et sur le Gardon de la confluence des Gardons d’Anduze et d’Alès jusqu'à l’amont des gorges, d’une part, et à l’aval des gorges sur le bas Gardon, d’autre part. 2.4.4. SYSTÈME D’ALERTE DE CRUE Parallèlement à ces différents programmes de travaux, un système de prévision et d’annonce de crue à partir d’observations pluviométriques télétransmises a été mis en place sur le bassin. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 48 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.4.5. LES ENJEUX Malgré la présence parfois hostile de ces rivières, des activités économiques vitales pour le bassin se sont développées dans les vallées. Alès, la Grand Combe et les Salles du Gardon, déploient leur industrie auprès de ces cours d’eau imprévisibles, les riches plaines de la Gardonnenque et de Remoulins, accueillent vignes, cultures fruitières et maraîchères. Sur le plan démographique, Alès constitue le principal foyer démographique avec plus de 50 000 habitants. Cette zone de fort peuplement doit son essor au développement industriel du XIX siècle. Ailleurs, les densités sont relativement faibles. Elles tombent à moins de 30 hab/km² dans les Cévennes, à moins de 80 hab/km² dans la Gardonnenque. Seule Uzès dans la partie aval du bassin, qui compte plus de 8 000 habitants, constitue une commune de taille importante. Lorsque des crues importantes se produisent, les personnes et les activités économiques sont fortement touchées. Ainsi, dans l’hypothèse d’une crue de type de 1958 : − Plus de 7 400 ha de terre seront submergés. Ces submersions occasionneraient aux exploitations agricoles riveraines des dommages qui ont été estimés à plus de 70 millions de francs. − Près de 8 000 personnes environ verront leur habitation dans le champ d’inondation de la crue provoquant pour près de 110 millions de francs de dégâts mobilier et immobilier. L’activité industrielle et commerciale également est atteinte par ces inondations mais surtout par les crues de grande période de retour : Sur les Gardons La zone industrielle du Mas d’Hours serait en grande partie sous l’eau si la crue de 1958 se produisait à nouveau ainsi que la Tréfilerie des Salles du Gardon et la Réglisserie de Moussac. Les dégâts à ces industries ainsi qu’aux petits commerces et artisans se monteraient pour une telle crue à 128 millions de Francs environ. Les voies de communication sont également atteintes par les crues de grande ampleur : ponts emportés, routes submergées sont les conséquences habituelles de ces catastrophes naturelles. Les dommages consécutifs à ces crues ne sont pas seulement des dégâts matériels (reconstruction d’ouvrage d’art) bien qu’ils puissent être inestimables (il n’est pas évident que les fondations du Pont du Gard ne soient pas emportées par une crue d’une importance comparable à celle de 1958...). Ils comprennent également les effets induits (rallongement des circuits routiers) qui peuvent être considérables dans une zone aussi active. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 49 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Ainsi : Dans la vallée des Gardons Une crue « cinquantennale » coûterait près de 90 millions de Francs, dont 22 millions de travaux, le reste étant le coût économique des déviations. Enfin, berges, seuils, ouvrages hydrauliques divers situés dans le lit mineur de ces cours d’eau souffrent lors du passage de ces crues. Les dégâts occasionnés par des crues sur les 122 km de berges « sensibles » ont été estimés : Sur les Gardons Une crue décennale générerait pour 6 millions de dégâts aux berges et ouvrages hydrauliques. Tableau 3 : Importance des crues sur l’activité économique Territoires ou activités économiques Surfaces submergées Zones urbanisées (hypothèse d’une occupation maximale des sols dans les limites autorisées par les P.O.S.) Exploitations agricoles Impacts et/ou coût des dommages [estimation3] crue type 1976 crue type 1958 3.700 ha 7.400 ha 1.000 personnes inondées 8.000 personnes inondées 110 MF de dégâts mobiliers et immobiliers 10 MF 70 MF 130 MF (industrie, petits commerces et artisans) Industries Z.I. du Mas d’Hours Tréfilerie des Salles du Gardon Réglisserie de Moussac Voies de communication Ouvrages hydrauliques divers crue 20 ans crue 50 ans 6 MF 90 MF (dont 22 MF de travaux) 6 MF 30 MF 3 Source Etude générale de l’aménagement hydraulique du Gard Coyne et Bélier - 1984 S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 50 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.4.6. LA RÉGLEMENTATION - LES PPRI L’article 16 de la loi n° 95-101 du 2 février 1995 (chapitre II du titre II) relative au renforcement de la protection de l’environnement institue les Plans de Prévention des Risques naturels prévisibles (PPR). Ces plans permettent de définir des mesures d’interdictions ou des prescriptions relatives aux constructions, ouvrages et aménagements, ainsi qu’aux modalités d’utilisation ou d’exploitation des espaces mis en culture ou plantés, à l’intérieur de zones délimitées exposées aux risques et de zones non directement exposées mais pouvant aggraver les risques ou en provoquer de nouveaux. Permettant de simplifier et de clarifier le dispositif juridique de prévention en renforçant ses capacités et son efficacité, les PPR remplacent et fusionnent les documents et procédures existants tels que les Plans d’Exposition aux Risques (PER) issus de la loi du 22 juillet 1987 dans sa rédaction antérieure à la loi BARNIER, les Plans de Surface Submersible (PSS) régis par les articles 48 à 54 du Code du domaine public fluvial abrogés par l’article 20 de la loi du 2 février 1995 précitée, les zones délimitées en application de l’article R 111-3 du Code de l’Urbanisme ainsi que les plans de zones sensibles aux incendies de forêts (PZSIF). En outre, il est établi suivant une procédure totalement déconcentrée. Le décret n° 95-1089 du 5 octobre 1995 relatif aux Plans de Prévention des Risques naturels prévisibles porte application de ces dispositions. Ces plans permettent de réglementer les ouvrages implantés dans une zone inondable, en dehors du lit des cours d’eau, et qui ne relèvent pas de la Police des Eaux. Actuellement 3 PPRI sont approuvés sur le bassin des Gardons. • Le PPRI - Rhône - Gardon - Briançon (approuvé le 13/02/96), qui regroupe 7 communes : - Théziers, - Montfrin, - Vallabregue, - Aramon, - Comps, - Beaucaire. • Le PPRI du Gardon aval (approuvé le 2/02/98), qui regroupe 10 communes : - St Anastasie, - Sanhilac, - Ponty, - St Maximin, - Colias, - Vers, - Castillon, - Remoulins, - Fournes, - Fernac. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 51 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA • Le PPRI du Gardon d’Anduze (approbation au titre de la loi Barnier des zones délimitées en application de l’article R 111-3 du Code de l’Urbanisme et transformées en PPRI - approuvé le 27/04/95). Ce PPR concerne 10 communes : - Gennerargues, - Anduze, - Boisset, - Tornac, - Marsillargues, - Lezan, - Ribaute, - Cardet, - Massanes, - Castagnoles. Par ailleurs, 2 autres PPRI sont inscrites au programme 1999-2003, il s’agit des PPRI du Gardon d’Alès (12 communes) et du Gardon Amont (13 communes). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 52 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.5. LES EXTRACTIONS 2.5.1. HISTORIQUE On pourra se référer à la carte "extractions de matériaux", présentée au paragraphe 1.7.1 du document cartographique. L’activité extractive est apparue dans la vallée des Gardons vers 1950. D’abord artisanale, cette activité s’est rapidement développée au début des années 1960 et a connu un essor important pour répondre à la forte demande départementale en granulats. Considéré comme la principale source d’approvisionnement en granulats du département du Gard, le gisement alluvionnaire des Gardons a donc été largement mis à contribution. Il s’agit, en effet, d’un gisement produisant des granulats de très bonne qualité pour tous les emplois du bâtiment, des travaux publics et pour les emplois dits « nobles », comme la confection de couches de roulement de chaussées très circulées. Outre leurs qualités géotechniques, les alluvions des Gardons sont facilement exploitables et le prix de revient de leur extraction et de leur traitement est faible. L’essentiel de la production, aujourd’hui inférieure à 1 million de tonnes par an, provient des Moyens Gardons et du Bas Gardon, deux secteurs où les gisements présentent des caractéristiques très différentes : alors que le gisement des Moyens Gardons est de faible épaisseur moyenne (3,5 à 4 mètres), largement étalé sur toute la plaine alluviale et faiblement recouvert de matériaux argileux, le gisement du Bas Gardon est, lui, constitué de dépôts sablo-graveleux de forte épaisseur, 10 mètres en moyenne mais jusqu'à 15 ou 20 mètres, recouverts d’une couche argileuse pouvant être importante (jusqu'à 5 mètres près de la confluence avec le Rhône). Ces conditions de gisement ont induit des modes d’exploitation différents : dans les Moyens Gardons, les extractions ont été effectuées essentiellement sous forme de grattages superficiels sur de vastes superficies, alors que sur le Bas Gardon les extractions sont réalisées en souilles fermées pouvant être profondes, et les surfaces exploitées restent généralement faibles. Ainsi, jusque vers 1970, les extractions ont été effectuées de manière artisanale mais anarchique, sous forme de raclages superficiels ou de souilles en lit moyen, pour l’exploitation de matériaux sablo-graveleux, avec mise en dépôt des galets, les installations de traitement n’étant alors pas équipées de concasseur. Puis les exploitations se sont multipliées, modernisées, agrandies, et l’exploitation des matériaux alluvionnaires, d’abord artisanale, s’est rapidement développée en même temps que la demande augmentait, jusqu'à devenir une véritable activité industrielle qui devait s’organiser. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 53 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.5.2. LA CHENALISATION Pour répondre au double objectif de faciliter l’évacuation des crues, d’une part, de limiter la dissémination anarchique des extractions, d’autre part, les carriers ont été invités à concentrer leur activité dans le lit mineur des Gardons, dans le cadre du Schéma d’Aménagement Hydraulique du cours moyen des Gardons, à l’initiative de la DDAF du Gard. L’objectif visé était alors la création d’un « chenal de crue », par recalibrage du lit mineur, pour augmenter la capacité d’écoulement de la rivière et ainsi abaisser la ligne d’eau lors des crues. Déclarée d’utilité publique par arrêté préfectoral du 17 septembre 1976 portant règlement d’eau, cette opération dite de dégagement de l’espace à pris fin en 1988. La chenalisation du lit mineur a porté sur un linéaire d’une quarantaine de kilomètres sous la forme d’un recalibrage du lit mineur à section trapézoïdale, d’une largeur variant de 100 à environ 200 m, et profond selon les tronçons de 1 à 3 m. Le chenal de crue ainsi réalisé a montré toute son efficacité vis à vis de l’évacuation des crues moyennes, de fréquence annuelle à décennale, que le Gardon peut désormais contenir. Cependant, il ne peut suffire à évacuer les crues exceptionnelles dont les débits, atteignant 3000 m3/s et plus, sont très supérieurs à sa capacité d’évacuation. 2.5.3. IMPACT DES EXTRACTIONS EN LIT MAJEUR Réalisées sous forme de grattage superficiel ou de souilles fermées en eau ou hors d’eau, ces extractions présentent un caractère anarchique. Comme de nombreuses exploitations ne disposaient pas de concasseur, de vastes surfaces ont été couvertes de galets formant le refus de tamisage, en placage superficiel, en tas ou en remplissage de souilles. Ces surfaces sont ainsi devenues totalement stériles, d’aspect désertique, car, en l’absence de sol, la végétation ne peut se développer. Par ailleurs, ces surfaces abandonnées présentent souvent une topographie chaotique où se côtoient des secteurs creusés (qui servent aujourd’hui souvent de décharge sauvage) et d’autres remblayés, ce qui concourt à créer une ambiance paysagère médiocre et à accentuer la stérilité du milieu. D’autre part, il faut noter que ce type d’exploitation empiète sur des zones agricoles mais également sur la ripisylve. En revanche, lorsque les extractions ont atteint la nappe, des zones marécageuses ou des plans d’eau ont pu se former. Ces zones peuvent alors être colonisées par une flore et une faune (avifaune) et constituer des zones d’intérêt écologique. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 54 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.5.4. IMPACT DES EXTRACTIONS EN LIT MINEUR 2.5.4.1. Modification de la géométrie du fond et des berges Les prélèvements de matériaux ont conduit à un enfoncement notable du lit mineur. En amont d’Alès, on note un enfoncement moyen du lit de l’ordre du mètre pouvant atteindre localement deux mètres, suite à la disparition du seuil de la Royale notamment. Dans la traversée d’Alès, le lit a subi un enfoncement de l’ordre du mètre. A l’aval d’Alès, l’enfoncement moyen est également de l’ordre du mètre ; il augmente de l’amont vers l’aval pour atteindre 1,5 m au droit du pont SNCF. Dans la traversée d’Anduze, aucune évolution sensible n’est mise en évidence. A l’aval et sur 2 km, le lit s’est abaissé de 2 mètres depuis 1948. Les enfoncements les plus remarquables se situent à l’aval du seuil de la Tour de Barre, où ils atteignent 2, voire 3 mètres en moyenne et ont nécessité la mise en place de plusieurs seuils. L’enfoncement moyen est de l’ordre de 2 mètres jusqu’aux gorges, avec la présence du substratum qui affleure pratiquement de façon continue et qui impose dorénavant son profil longitudinal. Sur les Bas Gardons, l’enfoncement moyen du lit est important et estimé à plus de 3 m. La comparaison des profils en long actuels avec ceux observés dans les années 1950, permet d’estimer le volume de matériaux disparu du lit mineur à environ 20 millions de m3. Dans plusieurs tronçons, en particulier sur la partie aval du Gardon d’Anduze et sur les Gardons réunis en amont des gorges, le stade ultime de l’extraction a été atteint par mise à jour du substratum. Suivant la localisation du découvrement, la nature du substratum est différente. ♦ Il peut être calcaire : c’est le cas le plus rencontré sur le Gardon d’Anduze. Ce type de substratum s’érode de façon lente par fracturation des couches supérieures ; ce phénomène peut être légèrement accéléré lorsque le pendage des couches favorise le décollement. ♦ Il peut être marneux, avec parfois une faible couverture calcaire. Quasiment omniprésent entre la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze et les Gorges, ce type de substratum est beaucoup plus tendre et évolue rapidement. En effet, une fois la faible protection calcaire disparue, l’enfoncement du lit peut atteindre un mètre par décennie. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 55 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.5.5. DRAINAGE DE LA NAPPE ALLUVIALE Un cours d’eau en phase alluvionnaire soit alimente la nappe en hautes eaux, soit est alimenté par la nappe en basses eaux. A cela, s’ajoutent des alimentations latérales ou verticales de la nappe à partir de sources et des écoulements superficiels en provenance des reliefs et des pluies. Sur les Gardons, la situation est la suivante : ♦ à l’amont de Dions, ce type de fonctionnement a disparu, les Gardons coulant sur le substratum. Il n’y a plus qu’alimentations latérale et verticale. Toute l’année, la rivière draine la nappe qui ne possède plus de réserve permanente ; ♦ à l’aval des gorges, là où l’enfoncement du lit est contrôlé par les seuils, l’équilibre classique nappe / rivière est maintenu, avec toutefois des perturbations liées au colmatage des berges. De nombreuses observations faites dans les puits et sur les stations de pompage montrent que la nappe phréatique a été rabattue proportionnellement à l’abaissement du lit mineur, soit d’une hauteur de l’ordre de 2 mètres. Compte tenu du fait que la puissance de l’aquifère, constitué par les alluvions de la plaine alluviale moderne, ne dépasse guère 5 mètres (8 mètres au maximum dans la boucle de Ners), et est limitée à 2,5 à 3 mètres dans la partie aval des moyens Gardons réunis, un rabattement de l’ordre de 2 mètres conduit dans certains secteurs à une quasi disparition de cette nappe. Cette situation est évidemment préjudiciable à l’activité agricole, ainsi qu’aux pompages destinés à l’agriculture ou à l’alimentation en eau potable, dont les cônes de rabattement ont dû fortement s’étendre. La présence de seuils améliore localement la réalimentation de l’aquifère par la rivière en période d’étiage. 2.5.6. MODIFICATION DE L’ÉCOULEMENT DES CRUES L’augmentation de la section mouillée du fait des extractions a eu pour motivation essentielle l’amélioration de l’écoulement des crues. Cet objectif est effectivement atteint pour les crues de fréquence annuelle à décennale, mais le chenal ne peut suffire à l’écoulement des crues exceptionnelles, qui peuvent atteindre 3500, voire 5000 m3/s. Dans ce cas, l’effet prévisible est, au mieux, une diminution de la hauteur de la lame d’eau et de la vitesse du courant dans le lit majeur, ainsi qu’une vidange plus rapide des champs d’inondation. A contrario, des effets négatifs non négligeables doivent être pris en compte au niveau : ♦ De la stabilité des berges : déjà indiqué ci-avant, le découpage vertical des berges, sur des hauteurs de 1,5 à 2,5 mètres, couplé avec l’élimination de la ripisylve, se traduit par une instabilité généralisée des rives. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 56 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le risque est encore accru lorsque les carriers ont disposé un cordon de graviers en tête de berge, du fait de la charge résultante. L’instabilité peut alors se manifester de différentes manières : - érosion transversale à la berge, développée par le déversement des eaux du lit moyen vers le lit mineur, lors de la décrue; - effondrements de berges localisés, par sapement des graviers ou glissement en cuiller dans les limons. Par contre, si dans de nombreuses rivières des régions méditerranéennes, les extractions en lit mineur provoquent fréquemment des érosions régressives graves, pouvant aller jusqu'à la destruction de ponts situés à l’amont, le danger est moindre pour les Gardons, du fait de la faible profondeur du substratum rocheux, sur lequel sont ancrées les piles de ponts. ♦ De l’accroissement de la vitesse d’écoulement des eaux, du fait de la diminution de la rugosité du lit et des berges (amélioration du coefficient de Strickler). Cette évolution augmente à son tour la force érosive du cours d’eau, particulièrement en période de crue. Ses répercussions seront examinées dans la partie consacrée aux aménagements hydrauliques. 2.5.7. EFFETS INDUITS SUR LA RIPISYLVE La ripisylve est affectée : − directement par l’emprise sur le lit moyen des extractions anciennes et actuelles et de leurs annexes : pistes de chantier, installations de concassage-criblage, dépôts de graviers en cordon le long des berges, stocks de granulats, − indirectement, par suite de la modification des conditions hydriques (hydrologiques et hydrogéologiques). Ce dernier aspect est important, bien qu’il ne soit pas directement visible à court terme. Il est lié au fait que la ripisylve est constituée d’espèces végétales exigeantes en eau, et adaptées aux submersions du sol en temps de crue. La modification des conditions hydriques est sensible au niveau : − de la suppression des submersions par les crues fréquentes, dont l’écoulement est mieux assuré du fait de l’augmentation de la section du lit mineur, − du rôle de la nappe phréatique, dont l’approfondissement par rapport au réseau racinaire ne peut, dans les alluvions grossières, être compensé par les remontées capillaires. Lorsque l’approfondissement du lit mineur atteint 1,5 à 2 mètres, ce qui est le cas pour les Gardons, la ripisylve ne peut s’alimenter en eau correctement, les espèces les plus sensibles disparaissent, la regénération ne se fait plus. La forêt riveraine se dégrade et peut être progressivement remplacée par des associations végétales moins exigeantes en eau, telles que la série du chêne pubescent, de moindre diversité biologique. Cette évolution, fortement engagée dans les forêts méditerranéennes (Durance en particulier), est mal connue. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 57 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Il faut par contre souligner que, là où les conditions de sol sont bonnes et où les conditions hydrologiques sont rétablies (amont de seuil - berges à pente faible), la ripisylve se régénère très rapidement. Il est donc à priori possible de remettre en état les lieux dégradés. 2.5.8. LES AMÉNAGEMENTS COMPENSATEURS Pour compenser les effets négatifs induits par le creusement du chenal, un certain nombre d’ouvrages hydrauliques ont été réalisés, à savoir des seuils en enrochement et béton, et des épis ou enrochements. ♦ Seuils en enrochements et béton, destinés essentiellement à remonter le niveau du fil de l’eau et, corrélativement, celui de la nappe phréatique. Ces seuils ont été construits sur les moyens Gardons réunis (Saint Chaptes - Moussac - Ners) et d’Anduze (Cardet). Ces ouvrages sont relativement efficaces sur les Gardons du fait que les réservoirs ne se colmatent que lentement, contrairement au cas d’autres rivières aux eaux plus chargées en matières en suspension (Durance - Var). Le remblaiement de ces réservoirs s’effectue cependant progressivement, par apport de sables et graviers, et une relative eutrophisation apparaît, avec un développement de plantes aquatiques. Par ailleurs, les seuils présentent des inconvénients : aspect paysager discutable, obstacle au franchissement pour les poissons. ♦ Les épis en enrochements, mis en place pour stabiliser des berges menacées par l’érosion. Des séries d’épis ont été réalisées depuis très longtemps, dans des tronçons à forte vitesse d’écoulement et à faible rayon de courbure. La comparaison des photographies aériennes sur le moyen Gardon d’Anduze montre que ces ouvrages ont effectivement permis de stopper les érosions et d’engraisser les rives concaves ; les surfaces correspondantes sont en général couvertes de végétation arborée. Les épis anciens ayant donné lieu à engraissement et boisement naturel ne sont pratiquement plus apparents actuellement, et contribuent à l’enrichissement et à la stabilisation du milieu naturel. Leur effet sur l’environnement apparaît donc globalement comme très positif. Sur les moyens Gardons réunis, de très nombreux épis ont été réalisés plus récemment, en partie à cause des extractions de granulat qui ont accru la hauteur des berges. Il est vraisemblable que, dans ce cas, compte tenu des grands rayons de courbure de la berge, les engraissements resteront limités. En l’absence de végétation riveraine, l’impact paysager de ces épis, construits avec des calcaires de teinte claire, est fort, et le restera sans doute très longtemps. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 58 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.5.9. LA RÉGLEMENTATION Aujourd’hui, la loi du 4 janvier 1993 inclut les carrières dans le champ de la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l’environnement. Ce nouvel article pose le principe de l’élaboration d’un Schéma Départemental des carrières. Aujourd’hui, ce schéma arrive dans sa phase terminale et fixe un certain nombre d’orientations et d’objectifs qui devront être en cohérence avec les autres instruments planificateurs (SDAGE et SAGE). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 59 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.6. LES BESOINS EN EAUX Le bilan global de l’eau sur le bassin des Gardons est établi à partir de la connaissance des ressources et des quantités prélevées en fonction de chaque usage, et par l’étude de la qualité des cours d’eau, liée aux rejets polluants de diverses natures. L'évaluation de la consommation en eau sur le bassin des Gardons est un exercice délicat. Il repose, en effet, sur des hypothèses et approximations indispensables, compte tenu du fait que les connaissances disponibles ne sont pas exhaustives et que certaines pratiques échappent aux recensements habituels. Les données qui suivent ont été produites à partir des analyses suivantes : − Schémas Départementaux d’A.E.P. du Gard (B.R.L. - 1992), − RGA - Schéma Hydraulique Agricole du Gard (BRL), − Etude de l’aquifère karstique de l’Urgonien (B.R.L. - rapport provisoire - 1998). 2.6.1. LE BILAN QUANTITATIF Ce sont plus de 35 millions de m3 d’eau qui sont captés chaque année sur le bassin versant des Gardons, dont 68 % pour l’Alimentation en Eau Potable (A.E.P.), 26 % pour l’irrigation, le reste pour l’industrie. Figure 14: Répartition par usages des prélèvements d’eau 30 26 Mm3 (67%) Volume Mm3" 25 20 15 9.8 Mm3 (26 %) 10 2.9 Mm3 (8%) 5 0 A.E.P. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général Agriculture - 60 - Industrie BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Il convient cependant de moduler cette répartition en fonction de la variabilité saisonnière. En effet, les besoins agricoles se font sentir uniquement pendant la période d’étiage, que l’on évalue habituellement à environ 100 jours [dernière décade de juin - première décade d’octobre]. C’est également pendant cette période que les besoins en AEP sont les plus élevés en raison de l’afflux touristique. 2.6.1.1. L’Alimentation en eau potable On pourra se référer aux cartes "syndicats d'adduction en eau potable" et "prélèvements en eau pour l'AEP", présentées aux paragraphes 1.6.1 et 1.6.2 du document cartographique. Environ 23 Mm3 sont prélevés chaque année pour servir à l’alimentation en eau potable des collectivités du bassin. A l’amont, les besoins en eau sont assurés presque exclusivement par des sources desservant généralement par gravité les différentes agglomérations. Les captages sollicitant des granites, des schistes, et des micaschistes sont nombreux eu égard aux besoins en eau, car les débits ponctuels restent relativement faibles de 2 à 3 l/s. Sur la bordure cévenole, les calcaires jurassiques donnent par contre naissance à des sources plus nombreuses et généralement à débit plus élevé comme celle de la Tour sur la commune des Sallesdu-Gardon, exploitée par le syndicat intercommunal de l’Avène. Cet aquifère karstique discontinu est peu sollicité par forages, sauf très localement comme aux Salles-duGardon avec le champ de captages de Dauthumes. Au sud-est de la faille des Cévennes, l’aquifère constitué par les calcaires du Crétacé reste très peu exploité malgré l’importance de sa superficie d’affleurement. On peut citer tout de même la fontaine d’Eure, utilisée par la ville d’Uzès (1,4 Mm3 prélevés en 1990). Au nord-est d’Uzès, les formations molassiques et calcaires du tertiaire ne sont captées que par quelques rares ouvrages dont, en particulier, les forages de SaintQuentin-la-Poterie, Saint-Victor-des-Oules et Saint-Hippolyte-de-Montaigu. Les alluvions récentes des vallées des Gardons sont, par contre, très largement sollicitées par de nombreux puits et forages pour l’alimentation des communes. Les volumes prélevés annuellement sont estimés à 8,5 Mm3 pour les alluvions des Gardons, soit presque 40 % de l’ensemble des prélèvements pour l’A.E.P. Au niveau organisationnel, la distribution de l’eau à usage domestique s’effectue : soit par le biais d’un syndicat intercommunal (S.I.), soit par la commune elle-même. Cette dernière solution domine dans les Cévennes et à l’aval du bassin. Dans une zone intermédiaire, c’est l’option intercommunale qui prime. Le partage des mêmes ressources a incité certaines communes pour des raisons financières et techniques à se réunir pour constituer des syndicats. Le S.I. de l’Avène est de par sa taille et son volume prélevé (16 000 m3/j) le plus important du bassin versant. Il alimente en eau potable, plus de 70 000 personnes regroupées à Alès et dans les communes environnantes. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 61 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les besoins en eau potable ne cessent d’augmenter depuis des décennies. Ainsi, pour les adductions d’eau réalisées dans les années 1950, les quantités d’eau nécessaires étaient estimées sur la base de 50 litres/habitant/jour, alors que l’on en est actuellement à 250 litres/habitant/jour. Dans le sous bassin hydrologique des Gardons réunis, au-delà de la confluence des Gardons d’Alès et d’Anduze, on a prélevé environ 6 Mm3 d’eau en 1990. Avec déjà 30 % du volume total des prélèvements effectués sur le bassin versant, les besoins en eau potable sont appelés à y augmenter au rythme d’environ 3 %/an d’ici l’an 2000. La demande s’est particulièrement accrue dans la basse vallée du Gardon, l’Uzège et la garrigue nîmoise. Dans les Cévennes, les hautes et moyennes vallées des Gardons, si les prélèvements sont certes importants, eu égard au poids démographique de l’agglomération alésienne, ils vont stagner (0,5 %/an). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 62 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.6.1.2. L’eau à usage agricole On pourra se référer à la carte "prélèvements en eau pour l'agriculture et l'industrie", présentée au paragraphe 1.6.3 du document cartographique. L’estimation des volumes d’eau destinés à l’irrigation est difficile en raison du grand nombre de forages et de puits exploités par des particuliers. Une estimation des prélèvements a été réalisée sur la base des superficies agricoles irriguées évaluées à 3.500 ha. Les besoins en eau à l’hectare étant de l’ordre de 2.800 m3 pour une année moyenne, on peut estimer le volume des besoins en eau de l’agriculture à 10 Mm3 par an. Cette estimation est à rapprocher des volumes prélevés connus au niveau des 3 principaux points de prélèvement : − la prise d’eau du canal de Beaucaire (droit d’eau de 2.5 m3/s), qui a prélevé en 1990 un volume de 4.6 Mm3, − le forage de Montfrin dans la nappe alluviale du Gardon, qui a prélevé en 1990 un volume de 0.2 Mm3, − enfin les forages de Moussac et Maisonnette en Gardonnenque, qui ont prélevé en 1997 un volume de 0.95 Mm3. Ces 3 points de prélèvements connus totalisent un volume total prélevé de 5.75 Mm3, soit une valeur très nettement en dessous de l’estimation basée sur les besoins des différentes superficies agricoles irriguées. L’absence d’évaluation quantitative des nombreux prélèvements réalisés sur le Gardon de façon diffuse, perturbe largement une analyse basée sur les prélèvements effectifs. Notons que dans ce domaine, seuls les prélèvements supérieurs à 80 m3/h et/ou supérieurs à 5% du QMNA5 (Débit moyen mensuel d’étiage de période de retour 5 ans) en rivière et nappe alluviale sont soumis à autorisation. La prolifération des petits captages et les pratiques de pompages sauvages ne permettent pas d’évaluer par cette méthode les volumes réellement exploités et les besoins actuels. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 63 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 64 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.6.1.3. Les usages industriels L’industrie prélève chaque année près de 3 Mm3, dont au moins 30 % pour le Gardon d’Alès. L’eau est ici principalement utilisée par les houillères, à partir d’une prise d’eau sur le Gardon située au niveau du barrage des Cambous, et l’industrie métallurgique par pompage dans la nappe alluviale. Le reste des prélèvements se fait essentiellement dans la partie aval du bassin versant sur les Gardons réunis. Ce secteur représente environ 60 % des volumes nécessaires à l’industrie. Une bonne partie de l’eau était prélevée par les gravières, directement dans la rivière, afin de permettre le lavage des granulats extraits du lit du cours d’eau. L’eau est également pompée dans la nappe alluviale du Gardon. Elle alimente alors des industries agro-alimentaires (distillerie de Cruviers Lascours, etc...). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 65 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2.6.2. LE BILAN QUALITATIF 2.6.2.1. La qualité des cours d’eau On pourra se référer à la carte "qualité des cours d'eau", présentée au paragraphe 1.5.1 du document cartographique. La carte régionale de qualité (1994) fournit les résultats suivants : - 83 % des cours d’eau sont de bonne qualité (1A et 1B), - 5 % de qualité moyenne (2), - 12 % de mauvaise qualité (3 et HC). Ce constat général montre que les cours d’eaux de bonne qualité dominent largement sur le bassin versant des Gardons, mais qu’il y a encore des secteurs de très mauvaise qualité. C’est le cas du Gardon d’Alès, entre la Grand Combe et St Hilaire de Brethmas au sud de la ville d’Alès, et de l’Avène à l’aval de Salindres. A l’échelle du bassin versant, le Gardon d’Alès ne présente que 21 % de cours d’eau en classes de qualité 1A et 1B, contre 40 % pour le Gardon d’Anduze. Le Gardon d’Alès concentre en revanche près de 86 % des cours d’eaux de mauvaise qualité (classes 3 et HC). Si l’on constate depuis 1981, une amélioration globale de la situation avec le gain des classes 1A et 1B au détriment de la qualité 2, on note la persistance voire la détérioration des secteurs de mauvaise qualité. C’est le cas sur le Gardon d’Alès où la classe de qualité 4 (pollution excessive) s’est substituée à la 3 (pollution importante), dès l’aval de la ville d’Alès et jusqu'à confluence avec l’Avène. Cet affluent est passé lui aussi en 4 (Hors classe) à l’aval de la commune de Salindres. Dans ces conditions, les objectifs de qualité visant à la disparition des classes de qualité 3 et 4 à l’horizon 1996 risquent d’être difficiles à atteindre sur ce tronçon du Gard particulièrement dégradé. Les deux autres sous bassins hydrologiques, du Gardon d’Anduze et des Gardons réunis (au-delà de la confluence) présentent quant à eux des niveaux de qualité bien meilleurs. On enregistre même une amélioration notable des eaux du Gardon avec le passage ; de 2 en 1 du tronçon compris entre la confluence et l’entrée des gorges, et , de 1B en 1A depuis les résurgences du canyon jusqu'à Remoulins. Ce constat général de la qualité des eaux des Gardons, reflète le niveau des pollutions domestiques ou industrielles développées sur l’ensemble du bassin versant. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 66 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA ♦ La pollution domestique On pourra se référer à la carte "rejets domestiques", présentée au paragraphe 1.8.1 du document cartographique. La pollution domestique est importante dans la mesure où le volume moyen d’eau rejeté par jour et par habitant est de l’ordre de 150 litres. Les rejets domestiques constituent une source de pollution à plusieurs titres : − soit par l’absence de système de traitement, dans ce cas, 100 % de la pollution émise va directement au milieu naturel (généralement le cours d’eau), − soit à cause de dysfonctionnements de la station d’épuration, dus à sa vétusté, ou à des problèmes de fonctionnement (pannes), − soit par le fait d’une mauvaise exploitation. De toute façon, même avec une station d’épuration en parfait état de marche, il y a toujours un impact résiduel. En effet, la pollution véhiculée qui est de nature minérale, organique et bactériologique, n’est jamais éliminée qu’à hauteur de 70 %, voire 80 % dans le meilleur des cas. Les communes du bassin versant, même équipées, rejettent au milieu naturel des flux de pollution, dont la quantité varie, en fonction de l’importance des volumes d’eaux usées domestiques à traiter. Des disparités spatiales apparaissent. Les résultats obtenus montrent globalement que la pollution domestique est supérieure sur le gardon d’Alès en quantité. Or c’est ici qu’elle semble la moins bien traitée, puisque seulement éliminée à hauteur de 50 %. Le Gardon d’Alès concentre d’ailleurs à lui seul 60 % de la pollution résiduelle du bassin versant. Le Gardon d’Alès offre des coefficients de rendement très inférieurs au coefficient moyen d’une installation d’épuration. La pollution émise est bien collectée à l’aval du bassin versant, avec des taux de collecte supérieurs à 95 %, alors qu’ils tombent à 55 % sur le Gardon d’Alès. Quant au taux de dépollution, le plus intéressant des paramètres, car il fait la synthèse de l’ensemble des indicateurs, il montre parfaitement les difficultés généralisées de l’assainissement sur le Gardon d’Alès, mais aussi ponctuelles sur le Gardon d’Anduze et le Gardon au-delà de la confluence. ♦ La pollution industrielle On pourra se référer à la carte "rejets industriels", présentée au paragraphe 1.8.2 du document cartographique. La pollution des eaux usées d’origine industrielle peut être organique, minérale ou toxique. Les établissements industriels, artisanaux ou commerciaux peuvent disposer de leur propre système d’épuration ou être raccordés au réseau public, quand leurs eaux usées sont compatibles avec les techniques d’épuration existantes. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 67 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA On constate que la pollution résiduelle est importante dans la région d’Alès et les petits centres industriels du bassin. Dans certains cas, cette pollution n’est pas directement rejetée au milieu naturel. Elle peut faire l’objet d’un pré-traitement et être connectée, à la sortie de l’établissement industriel, au réseau communal. Généralement, les caractéristiques des eaux usées d’origine industrielle sont évidemment liées aux types d’industries implantées sur une commune ou un bassin versant. Pour le Gardon d’Alès, l’essentiel de la pollution incombe à l’industrie lourde, traditionnelle dans ce secteur. Au contraire, sur le Gardon d’Anduze et les Gardons réunis, il s’agit surtout d’une pollution due aux industries vinicoles, agroalimentaires, et à celles basées sur les matériaux de construction. Sur le Gardon d’Alès, seulement une faible partie de la pollution émise est éliminée. Sur les Gardons réunis, la dépollution industrielle semble mieux maîtrisée. Ce type de pollution reste un problème secondaire sur le Gardon d’Anduze. Avec un coefficient de rendement supérieur à 80 %, l’industrie présente sur les Gardons réunis traite de manière plus efficace ses rejets en réduisant de manière significative la pollution résiduelle, alors qu’avec un taux de seulement 36 %, c’est l’inverse qui se produit sur le Gardon d’Alès. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 68 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA PHASE 1 ETAT DES LIEUX L’espace naturel S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 69 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3. LES MILIEUX NATURELS Le bassin versant des Gardons de par sa situation géographique : sur la bordure méridionale du Plateau du Massif Central, et de par son climat : aux caractéristiques typiquement méditerranéennes, se compose d’une multitude d’unités tant à la fois géographiques, géologiques, topographiques, hydrogéomorphologiques. La diversité de ces unités explique la juxtaposition d’une mosaïque de milieux naturels et de régions écologiques sur les Gardons. Nous nous proposons de vous présenter dans les chapitres suivants les grandes unités du bassin versant, d’en détailler les milieux naturels remarquables avant que d’aborder une présentation plus spécifique de la faune et de la flore des milieux rivulaires et aquatiques. 3.1. LES GRANDES UNITÉS ET RÉGIONS ECOLOGIQUES 3.1.1. LES CÉVENNES Le bassin versant amont des Gardons est dominé par les Cévennes cristallines caractérisées principalement par des formations métamorphiques (schistes à gneiss et micaschistes) traversées localement par des complexes granitiques. L’altitude de 400 à 1000 m contribue avec le climat méditerranéen montagneux (plus froid et très pluvieux) à la formation de sols bruns acides qui accueille des séries végétales à chêne vert (série acidophile) et châtaigniers. Cet ensemble biogéographique est caractérisé par des formations végétales composés de châtaigniers, de hêtres, de taillis bas de chênes verts et de rares chênes pubescents méditerranéens. Le châtaignier est présent sur les pentes douces à l’ubac aux sols profonds et frais. Il a été introduit et cultivé pour ses fruits, il y a plus d’un siècle. Les taillis de chênes verts sont localisés plus particulièrement sur les pentes raides à l’adret. Le sous-bois se compose alors de houx, bruyères à balais, de cistes à feuilles de sauge, de callunes, de fougères-aigles, etc. Le pin maritime, introduit à la fin du XIXème siècle, a pris une très large extension en particulier sur les terrains houilliers. Son développement est lié à son utilisation comme bois d’étai et de coffrage dans les mines. 3.1.2. LE PIÉMONT CÉVENOL Au débouché des zones montagneuses, les Gardons pénètrent dans une région de plaine ne comportant plus que de faibles reliefs. La bordure sous cévenole est une zone de tectonique forte (faille des Cévennes) caractérisée par une grande diversité géologique avec des traversées schisto-gréseuses du houiller, des terrains calcaires et des alluvions récentes déposées dans les premières plaines alluviales et les fossés d’effondrement. Cette unité hydrogéomorphologique s’étend entre 200 et 400 m d’altitude. Sous un climat méditerranéen sec en été, froid de l’automne au printemps avec de fortes précipitations, il se forme des sols principalement bruns et calcaires. Ce domaine situé entre 500 et 200 mètres d’altitude correspond à la série mixte du chêne vert et du chêne pubescent méditerranéen. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 70 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Il se distingue donc par un peuplement mixte des deux chênes avec prédominance du chêne vert sur les affleurements rocheux d’adret et du chêne pubescent sur les sols plus légers (marnes, alluvions). Ils sont accompagnés par le buis, le térébinthe, l’érable de Montpellier, voire le genévrier oxycèdre, genêt scorpion, lavande aspic, thym. Sur les sols calcaero-siliceux, les formations végétales s’enrichissent avec l’arbousier, la bruyère à balais, le ciste à feuille de sauge et, sur les sommets à l’ubac, le châtaignier. Un certain nombre de sites ont bénéficié d’un reboisement en pin maritime et pin d’alep. 3.1.3. LA GARDONNENQUE La vaste plaine de Saint Chaptes (de près d’un kilomètre de large) forme une grande dépression limitée par les garrigues de Lussan au nord et le massif des Gorges du Gardon à l’est. Sur des épaisseurs variables d’alluvions marneuses (épaisseur décroissante de la confluence des Gardons à Saint Chaptes), la péologénèse, à travers un climat méditerranéen chaud en été, frais en hiver, a donné naissance à des rendzines. C’est dans ce domaine biogéographique, dont l’altitude varie de 120 à 250 m, que l’essentiel des cultures de la région s’est développé. Entre les exploitations agricoles subsistent quelques massifs de chênes blancs. 3.1.4. LES GORGES DU GARDON Le Gardon, par le jeu des transgressions marines, a creusé sa vallée dans les calcaires urgoniens des garrigues nîmoises et de l’Uzège. Sur le plateau de l’Uzège (Barrérrien supérieur à faciès urgonien), l’altération des calcaires blancs cristallins à argileux, jaunâtres, récifaux ou dendritiques, a donné naissance, sous l’effet d’un climat méditerranéen identique à celui de la Gardonnenque, à des lithosols et des rendzines rouges. Les placages loessiques portent des sols bruns plus ou moins lessivés. Sur cette unité biogéographique du bassin versant, la garrigue domine. Elle offre une végétation buissonnante à caractère xérophile accusé. On y trouve des chênes verts, lentisques, térébinthes et chênes pubescents. Ce sont généralement des formations végétales basses plus ou moins dégradées par les incendies. Dans l’Uzège, la profondeur des sols a favorisé le développement de cultures, notamment la vigne sur les côteaux, les fruitiers, l’asperge et les céréales. 3.1.5. LE GARDON RHODANIEN A la sortie des Gorges, au Pont du Gard, le Gardon reprend une circulation en méandres à l’intérieur des dépôts alluviaux du Rhône jusqu'à sa confluence avec ce dernier. Il s’agit de dépôts grossiers, sables, graviers, galets à forte proportion d’éléments cristallins surmontés dans la plaine d’inondation par des limons d’épaisseur variable. Les Gardons Rhodaniens, situés entre 120 m et 10 m d’altitude, sont soumis à un climat méditerranéen chaud et humide, modérément pluvieux. L’essentiel de cette dernière unité biogéographique fait l’objet d’exploitations agricoles avec de la viticulture (Côtes du Rhône sur les côteaux), des cultures fruitières et maraîchères en plaine avec des grandes cultures (blé, maïs, etc.) Les principales formations forestières sont situées le long des rives du Gardon avec une galerie rivulaire à ripisylve très différente, sur le plan écologique, de la couverture de forêt ou de garrigue. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 71 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Dans le chapitre suivant, nous proposons une description plus détaillée . Au-delà des grands ensembles biogéographiques ci-avant présentés, le bassin versant des Gardons possède un potentiel écologique (naturel) riche et varié, qui est caractérisé par un grand nombre de milieux remarquables comme en atteste l’inventaire des milieux naturels remarquables ci-après. 3.2. DES MILIEUX NATURELS REMARQUABLES On pourra se référer à la carte "espaces naturels remarquables, zones humides et contexte institutionnels", présentée au paragraphe 1.9.3 du document cartographique. L’intérêt écologique majeur de certains milieux, de par leur richesse floristique, faunistique au départ, la rareté des peuplements ou des associations végétales ou communautaires, voire des habitats qui les composent, a donné lieu à des classements qui n’ont pas tous des incidences réglementaires (non opposables aux tiers ou collectivité), comme nous allons le voir. 3.2.1. LES Z.N.I.E.F.F. Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique Z.N.I.E.F.F. et réglementation : L’inventaire est un simple outil de connaissance de la valeur écologique des milieux naturels (par la référence des habitats, espèces animales et végétales qui leur sont liés). Il n’a en lui-même aucune valeur juridique directe. Il n’est pas par lui-même opposable aux autorisations d’occupation des sols, mais l’absence de prise en compte d’une Z.N.I.E.F.F. lors d’une opération d’aménagement est souvent considérée par le juge comme une erreur manifeste d’appréciation. Les préconisations du SDAGE : il est nécessaire d’inscrire des sites qui ne l’ont pas encore été à l’inventaire des Z.N.I.E.F.F. (2ème génération) ou (et) de promouvoir leur protection en mettant en œuvre des outils réglementaires ou contractuels. Les Z.N.I.E.F.F. du bassin versant : Sur le bassin versant des Gardons, 72 Z.N.I.E.F.F. sont recensées au total, ce qui équivaut à une surface totale d’environ : 1052 km2. Cela représente plus de la moitié de la superficie totale du bassin versant. Les zones les moins concernées par des milieux classés en Z.N.I.E.F.F. se situent essentiellement au niveau : • des unités urbaines et des axes de communication : - bassin minier et vallée longue (Alès, la Grand Combe), - vallée borgne, - le Piémont (St Jean du Gard, Anduze, Alès, Salindres). • des grands ensembles agricoles : - du Piémont (Gardon d’Anduze, Boisset, St Hilaire, Vézenobres), - de la Gardonnenque (de Ners à Dions), - de l’Uzège (autour d’Uzès, bassin versant du Bourdic, des Seynes et de l’Alzon), - du Gardon rhodanien. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 72 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA On dénombre 49 Z.N.I.E.F.F. de type I. Elles caractérisent des milieux généralement de petite taille, où sont présents des espèces ou des associations d’espèces remarquables d’intérêt patrimonial sur le plan régional ou national. Elles représentent une surface totale de 97 km2 entièrement contenue dans le bassin versant. Les principaux espaces géographiques concernés sont les Gorges, sur les coteaux méridionaux de la plaine de St Chaptes, sur le Gardon d’Anduze. Elles concernent des zones remarquables, notamment un grand linéaire de ripisylve (confluence des Gardons, Gardon de St Jean, Gardon de Mialet, et.), l’ensemble des Gorges du Gardon et des versants entiers entre Anduze et St André de Valborgne. Les grands ensembles naturels du bassin versant sont aussi caractérisés par 23 Z.N.I.E.F.F. de type II équivalent à une surface cumulée de 955 km2. Elles présentent des milieux naturels riches et peu modifiés aux potentialités biologiques importantes. Elles couvrent seulement une partie du territoire des Gardons, notamment le haut des Cévennes, la bordure orientale du bassin versant de Mons à Valliguières et la bordure méridionale entre Marvejols-Les-Gardons et Poulx. Elles correspondent aux grandes formations topographiques et végétales comme les versants boisés et les vallées cévenoles, les Gorges du Gardon, les plateaux couverts par la garrigue, la ripisylve, etc. 3.2.2. LES ARRÊTÉS DE BIOTOPES Arrêtés de biotope et réglementation : Le préfet peut fixer, par arrêté, les mesures tendant à favoriser, sur le territoire d’un département, la conservation des biotopes tels que mares, marécages, marais, haies, bosquets, landes, dunes, pelouses ou toutes autres formations naturelles peu exploitées par l’homme, dans la mesure où ces biotopes ou formations sont nécessaires à l’alimentation, à la reproduction, au repos ou à la survie des espèces figurant sur la liste prévue à l’article R. 211-1 et ce, afin de prévenir leur disparition. Les préconisations du SDAGE : Cet outil réglementaire est adapté pour des sites de superficie limitée. Les arrêtés de biotopes doivent être accompagnés de mesures de suivi et de gestion. Les arrêtés de biotope sur le bassin versant : Les paysages calcaires et rupestres des Gorges du Gardon et du Cirque de l’Avène sont également des sites remarquables protégés par 4 arrêtés de biotopes, portant essentiellement sur le biotope d’une espèce aviaire protégée : l’aigle de Bonelli (rapace inféodé aux falaises rupestres). Ils couvrent des superficies limitées, à peine 7 km2 en total cumulé. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 73 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.2.3. LES RÉSERVES NATURELLES VOLONTAIRES Réserves naturelles volontaires et réglementation : Les parties du territoire d’une ou plusieurs communes peuvent être classées en réserve naturelle volontaire du propriétaire, lorsque la conservation de la flore, du sol, des eaux, des gisements de minéraux et de fossiles et en général, du milieu naturel, présente une importance particulière ou qu’il convient de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible de le dégrader. Sont prises en considération : • la préservation d’espèces animales ou végétales et d’habitats en voie de disparition sur tout ou partie du territoire national ou présentant des qualités remarquables, • la reconstitution de populations animales ou végétales ou de leurs habitats, • la conservation des jardins botaniques et arboretums constituant des réserves d’espèces végétales en voie de disparition, rares ou remarquables, • la préservation de biotopes, et de formations géologiques, géomorphologiques ou spéléologiques remarquables. Toutes les activités humaines quelles qu’elles soient peuvent être réglementées. Les préconisations du SDAGE : Il est préconisé l’instauration de réserves naturelles sur différents types de zones humides et notamment sur de grandes unités fonctionnelles, pour lesquelles cette procédure est un outil adapté de conservation et de gestion. Il est préconisé la mise en place d’une réserve naturelle sur une rivière ou un cours d’eau peu altéré du bassin, de sa source à son embouchure. La Commission zones humides du Comité de Bassin proposera des sites potentiels. A l’intérieur de ce site pilote, la reconstitution de populations animales et végétales ou de leurs habitats sera encouragée à des fins de protection d’une rivière ou d’un cours d’eau sanctuaire de référence, dans un but scientifique et pédagogique. Les réserves naturelles sur le bassin versant : On en dénombre 2 sites, sur les communes de Fons et St Mamert (contrefort méridional de la Gardonnenque). Il s’agit de propriétés d’intérêt particulier sur le plan scientifique et écologique. 3.2.4. LES SITES CLASSÉS Sites classés et réglementation : L’emplacement du site doit être reporté au POS en qualité de servitude d’utilité publique opposable aux tiers. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 74 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les préconisations du SDAGE : Les sites inscrits et classés doivent être accompagnés de mesures de suivi et de gestion. Les sites classés du bassin versant : On dénombre 15 sites classés sur le bassin versant des Gardons. La plupart des sites sont afférents au patrimoine bâti, notamment celui de la zone qui entoure le Pont du Gard : Ce site a été classé par le décret du 13 septembre 1973. Sa superficie est de 237 hectares. Il concerne les communes de Vers et de Remoulins. Elevé vers 15 ans avant JC, ouvrage le plus important de l’aqueduc de 50 km qui alimentait Nîmes, le Pont du Gard est une monument mondialement connu, de par l’importance de ses dimensions : 273 m de longueur, 49 m de hauteur, 3 rangées superposées d’arches ; la qualité de son architecture, ouvrage d’art d’époque romaine et l’aspect sauvage des Gorges du Gardon : topographie encaissée, abords rocailleux et couverts de garrigue, berges boisées... On signalera 2 exceptions avec un des rares sites protégés par son intérêt culturel : • le vallon du mas Soubeyran. Ce site a été classé par deux arrêtés, celui du 2 mai 1936 et celui du 10 juin 1959. Il se trouve dans les Cévennes sur la commune de Mialet. Les terrains, dits « de l’assemblée », constituent l’endroit où a lieu chaque année, au début du mois de septembre, le grand rassemblement des protestants. Et un site classé d’intérêt majeur au plan national : • Les Gorges du Gardon. Ce site est classé suite au décret du 19 avril 1982. Il regroupe les communes de Collias, Poulx, Sainte-Anastasie, Sanilhac-Sagriès et Vers-Pont-du-Gard. Il s’étend sur 300 hectares. Ce même site bénéficie par arrêté préfectoral de biotope d’un classement en Zone d’Intérêt Communautaire pour les Oiseaux (ZICO) et d’une zone de protection spéciale. Aujourd’hui, cet espace est proposé au titre des sites éligibles au programme NATURA 2000 (forme plus étendue avec une volonté plus forte de gestion). Les arrêtés, protections et classements limitent les activités ou les usages, alors que la procédure NATURA 2000 s’efforcera d’intégrer la gestion dans le souci de conservation du site. Les Gorges du Gardon constituent incontestablement par leur aspect, leurs richesses et leurs dimensions, un des sites majeurs du Languedoc-Roussillon, en tout cas d’intérêt national. Cet ensemble, traversé par un cours d’eau aux aspects changeants suivant les saisons, offre des paysages typiques des régions méditerranéennes. Le canyon et ses abords renferment de grandes richesses géologiques (falaises et parois calcaires, grottes...), botaniques (ripisylve, végétation méditerranéenne), zoologiques (castors, grenettes, ...) et archéologiques (occupation préhistorique des grottes). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 75 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.2.5. LE PARC NATIONAL DES CÉVENNES Parcs Nationaux et réglementation : Un territoire peut être classé en parc national, parce que la conservation de la faune, de la flore, du sous-sol, de l’atmosphère, des eaux et en général d’un milieu naturel présente un intérêt spécial et qu’il importe de préserver ce milieu contre tout effet de dégradation naturelle et de le soustraire à toute intervention artificielle susceptible d’en altérer l’aspect, la composition et l’évolution. La protection doit concilier la préservation et la mise en valeur des milieux avec une utilisation normale du territoire, mais des contraintes particulières peuvent être édictées dans des zones de réserve intégrale, afin d’assurer une protection plus efficace. Le Parc National des Cévennes : Le Parc National des Cévennes couvre, sur son versant méditerranéen, les hautes vallées cévenoles. Il s’agit d’un établissement public national à caractère administratif, sous la tutelle du ministère de l’Environnement. Ses ressources financières sont essentiellement étatiques. Le siège du parc est situé à Florac dans le département de la Lozère. Le parc comporte deux zones : la zone centrale et la zone périphérique. La zone centrale couvre 91.500 ha, dont 80 % en Lozère et 20 % dans le Gard. Elle concerne 12 communes situées sur le bassin versant des Gardons mais seulement 20 km2. L’altitude moyenne est de 1.200 mètres. Cette zone, habitée par un peu moins de 600 personnes, constitue un secteur de protection de la faune et de la flore, et de préservation des sites, notamment par des mesures de gestion et de développement adaptées. Dans ce périmètre l'action du PNC est importante puisqu'il fixe les règles de protection notamment concernant la flore, la faune et le respect des équilibres garants de la biodiversité, à ce titre, tous travaux sont soumis à autorisation. La zone périphérique est beaucoup plus étendue. Au total, elle couvre 237.000 ha, répartis à 50 % en Lozère, à 40 % dans le Gard et à 10 % en Ardèche. Elle compte environ 41.000 habitants, et s’étend, pour le bassin versant, sur environ 95 km2 à travers une quinzaine de communes. L’altitude moyenne est de 650 mètres. La zone périphérique, contrairement à la zone centrale, peut faire l’objet d’aménagement et de programme de développement économique. Dans cet espace le PNC a été relativement peu actif en dehors du Gardon de Saint Jean et du Galeizon où il a participé activement à la politique de gestion des cours d'eau notamment au travers de l'application de la Directive habitat. Depuis 1985, le Parc National des Cévennes fait partie, dans le cadre de l’UNESCO, du programme de recherche « Man and Biosphere », chargé d’étudier les relations entre l’homme et son milieu naturel. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 76 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.2.6. RÉSERVE DE BIOSPHÈRE Réserve de biosphère et réglementation : Programme « Man and Biosphere » (M.A.B.) à l’initiative de l’UNESCO. Il s’agit de mettre en place un réseau mondial coordonné d’aires protégées ou de recherche expérimentale, pour la conservation, la recherche et l’éducation. Sur le territoire français, elles sont au nombre de huit. Réserve de biosphère sur le bassin versant : La vallée du Galeizon a été élue au programme « Man and Biosphere » (M.A.B.) à l’initiative de l’UNESCO pour faire partie d’un réseau mondial d’aires protégées ou de recherche expérimentale, pour la conservation, la recherche et l’éducation, notamment du fait de la présence en grand nombre sur le cours d’eau de castors fibers (seules 8 zones de biosphères existent en France). 3.2.7. LES RIVIÈRES CLASSÉES Rivières classées et réglementation : Circulation des poissons migrateurs : l’article L. 232-6 du code rural prévoit que tout ouvrage existant construit dans les cours d’eau et canaux dont la liste est définie par décret, doit comporter des dispositifs assurant la circulation des poissons migrateurs. Pour les ouvrages nouveaux, le classement par décret suffit à imposer un tel dispositif. Sont considérés comme ouvrages nouveaux, les ouvrages nouvellement construits et les ouvrages anciens dont le titre est renouvelé. L’exploitant est tenu d’assurer le fonctionnement et l’entretien de ces dispositifs. Les ouvrages existants doivent être mis en conformité, sans indemnité, dans un délai de 5 ans, à compter de la publication d’une liste d’espèces migratrices (Arrêté du 14 mai 1990). Les préconisations du SDAGE : Dans tous les cas, la fréquentation potentielle ou historique par les poissons migrateurs doit être prise en compte. Tout poisson a un statut de migrateur à une période ou une autre de son cycle biologique. En effet, pour se reproduire, grossir, s’abriter, tout poisson se déplace par des migrations partielles longitudinales ou transversales. Le décloisement des milieux est donc une orientation forte du SDAGE. Des « axes de vie » devront être définis en s’appuyant sur la synthèse des schémas départementaux à vocation piscicole. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 77 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Sur ces milieux, le Comité du Bassin : • arrêtera un plan de circulation et une liste des priorités sur avis de son conseil scientifique, • demandera, en s’appuyant sur le Plan Rhône et sur l’avis du Comité de Gestion des poissons migrateurs, le classement de tout le Rhône au titre de l’article L. 232-6 dans un délai de un an après l’approbation du SDAGE, • proposera, en fonction de l’évolution de la migration des espèces répertoriées et de la planification des équipements nécessaires, une démarche de classement successif par arrêté. Le Comité de Bassin devra également se saisir du problème posé par l’anguille et l’alose et mettre en place un groupe de travail : l’objectif est d’améliorer les connaissances et d’évaluer les stocks pour une meilleure gestion halieutique et économique. Le Gardon : rivière classée au titre des grands migrateurs : Le Gardon est classé cours d’eau à poissons migrateurs jusqu’au seuil de la Baume, suivant l’article L. 232-6 du Code Rural. Il devrait donc être équipé d’échelles à poissons sur tous les seuils infranchissables. On en recense 7 qui n’ont pas encore été mis en conformité. Le Gardon a été concerné par le premier Plan Migrateur Rhône Méditerrannée (MRM) puisqu’il faisait partie des 3 cours d’eau affluents rive droite du Rhône considérés comme prioritaires (Gardon, Ardèche et Cèze) pour la restauration (la reconquête) des axes migratoires des aloses. Le Gardon est classé au titre principalement des aloses, qui étaient encore présentes il y a une trentaine d’années avant les grands aménagements postérieurs à 1958 et notamment ceux réalisés après la chenalisation pour maintenir le profil. Le Gardon accueille encore l’anguille qui a des capacités particulières qui lui permettent de franchir la plupart des petits obstacles. En revanche, les lamproies marines ont disparu des Gardons. Elles remontaient en compagnie des aloses jusqu’au Pont de Ners (site entravé aujourd’hui de 13 ouvrages infranchissables). A travers le premier plan migrateur, un certain nombre de connaissances sur le potentiel biologique des Gardons eu égard à l’alose a été acquis, des études ont été réalisées et d’autres sont toujours en cours concernant l’aménagement d’ouvrages de franchissement, notamment au niveau du seuil de Beaucaire sur le bras court-circuité du Rhône. Les stratégies du plan migrateur et les logiques et orientations du SAGE devront converger afin d’apporter des solutions efficaces au problème du retour des migrations sur les Gardons, qui est le seul affluent du Rhône à ne pas être tributaire d’un grand barrage (celui de Vallabrègues) où le seul passage possible actuellement est celui des écluses de navigation. Seul le seuil de Beaucaire sépare les migrateurs de cet affluent. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 78 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.2.8. INVENTAIRE DE LA DIRECTIVE « HABITATS » Réglementation : Au niveau national, une liste des sites susceptibles d’être désignés en zone spéciale de conservation est établie par les Etats membres (Cf. Supra). Habitats listés en annexe 1 de la directive « habitats » sur le bassin versant : Parmi les groupements végétaux propres au lit majeur, trois habitats d’intérêt communautaire sont représentés (Balayer et Molina - 1995) • mares temporaires méditerranéennes de l’Isoetion - association du Spirantho aestivalis-Anagallidetum tenellae (code 22.3417), • grèves caillouteuses rattachées à l’association du Glauco-Scrophularietum caninae (code 24.225), • ripisylve à Aulnes et Frênes - association de l’Alno-Fraxinetum oxycarpae. 3.2.9. AUTRES ESPACES RECENSÉS COMME REMARQUABLES Au-delà des principaux sites naturels retenus par les services instructeurs comme remarquables à l’échelle du bassin versant, la FACEN a réalisé un recensement complémentaire destiné à identifier les milieux naturels remarquables des Gardons. 14 fiches afférentes ont été établies dans ce cadre et portent sur : • la héronnière de St-Jean-du-Gard, • le secteur des « Abarines », • la zone de Corbès et confluence du Gardon de St-Jean et du Gardon de Mialet • la Madeleine, • la ripisylve d’Attuech, • la ripisylve et terres du château de Lascours, • la ripisylve des Tavernes, • la ripisylve de St-Christol à Ribautes-les-Tavernes. • la confluence entre le Gardon d’Alès et d’Anduze, • la héronnière de Cassagnoles, • les rives du Gardon de Ners à Brignon, • à l’aval du pont de Brignon, • la ripisylve de Moussac à St-Chaptes, • les cours du Gardon : - à St-Christol-les-Alès (Gardon d’Alès), - près du Mas des Rouvières à Ribaute, - près du mas Gayraud à Cardet, - à Brignon, - à Moussac et St-Chaptes, - au lieu-dit « le Bruel » à Dions. Les 7 premiers sites sont localisés sur les Gardons d’Anduze et Saint-Jean, les 2 suivants sur celui d’Alès, et les 4 derniers sur les Gardons réunis. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 79 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.2.10. PRINCIPALES ATTEINTES Ces milieux sont dans l'ensemble assez peu dégradés mais rien n'est jamais acquis et leur conservation demande de prendre en compte leurs différents niveaux de sensibilité. En effet, la protection de certains sites devra prendre en compte la conservation du fonctionnement du biotope et des relations (physiques, microclimatiques, trophiques, etc) qu'il entretient avec les milieux dont il dépend et notamment lorsqu'il s'agit du cours d'eau. Sur le bassin versant des Gardons, les principales dégradations inventoriées sur les milieux naturels sont liées: • En Cévennes, les zones les plus dégradées et fréquentées se trouvent le long des vallées alluviales larges, autour des unités urbaines. Ces zones sont souvent accessibles grâce aux routes. Ailleurs, le contexte topographique et l'isolement géographique sont une forme d'autoprotection qui a limité par le passé l'installation d'habitations et d'activités isolées, et réduit aujourd'hui les risques importants de dégradation. Les forts reboisements réalisés en Cévennes et dans le Piémont Cévenol, notamment avec des plantations de résineux sur les collines calcaires sous cévenoles et les anciens terrains houillers, sont particulièrement sensibles au risque d'incendie dont les causes sont principalement liées à des malveillances, des travaux agricoles ou forestiers. • Le Piémont présente les milieux naturels sans doute parmi les plus dégradés du bassin versant, même si, localement, il conserve des espaces remarquables classés en ZNIEFF où arrêtés de biotope. Ils sont particulièrement affectés par le passé minier dans le bassin d'Alès - La Grand Combe, de l'Amous et de l'Avène, plus récemment par les rejets de l'industrie, l'urbanisation croissante des versants, les rejets domestiques concentrés et diffus, les extractions de matériaux, les aménagements de cours d'eau pour lutter contre les crues et maintenir la nappe alluviale et enfin les voies de communication. • En Gardonnenque, l'activité agricole occupe la majorité de l'espace, les problèmes essentiels des milieux naturels sont liés aux extractions massives de granulats, aux prélèvements d'eau, aux voies de communication qui coupent le champ d'inondation et aux activités agricoles qui font pression sur les ripisylves par l'utilisation des espaces jusqu'au bord du chenal. • Dans les Gorges, les statuts de protection et l'inaccessibilité ont permis de réduire les impacts sur le Gardons, en revanche les garrigues connaissent un essor important lié à l'urbanisation d'espaces dortoir de la périphérie de Nîmes. La pression urbaine et résidentielle en particulier s'accroît et génère un certain nombre de nuisances connexes liées à la ressource en eau : prélèvement excessif avec des nappes de plus en plus sollicitées (Uzège) et rejets dans des milieux récepteurs de garrigue très sensibles. • Le Gardon rhodanien présente peu de milieu naturels remarquables. Les espaces naturels sont relativement réduits en extension et particulièrement dégradés notamment en raison des extractions massives de granulats, de la chenalisation, de l'artificialisation et de la compartimentation des milieux aquatiques et rivulaires par les aménagements mis en œuvre pour pérenniser les ressources et les usages (prélèvements d'eau AEP, et Agricole), et par les infrastructures routières et ferroviaires voire énergétiques qui longent ou traversent le lit du Gardon (diminution ou modification du champ d'inondation). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 80 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les dégradations constatées sont aussi liées aux activités agricoles qui font pression sur les ripisylves par l'utilisation des espaces jusqu'au bord du chenal. 3.2.11. CONCLUSION Le bassin versant des Gardons bénéficie donc, tant du point de vue de ses versants que des milieux aquatiques et surtout rivulaires, d’une multitude de sites remarquables caractérisés sur un plan local, ou sur des unités biogéographiques plus vastes. Tous ces classements n’ont pas force de loi, notamment les Z.N.I.E.F.F. qui représentent en superficie et en linéaire une grande partie de l’ensemble des espaces concernés et les sites remarquables inventoriés par la FACEN. 3.3. LA RIPISYLVE Les vallées alluviales forment enfin la dernière unité biogéographique du bassin versant des Gardons. Le long des rives des Gardons, sur les alluvions fluviatiles, se développe une galerie forestière très différente sur le plan écologique de la couverture de forêt ou de garrigue. Elle forme un trait d’union entre les Cévennes et la vallée du Rhône. 3.3.1. DÉFINITION Tiré du latin « ripis » (rive) et « sylva » (forêt), le terme de ripisylve est habituellement appliqué aux formations végétales des bords de cours d’eau. Le corridor végétal est constitué par la forêt alluviale, écosystème forestier lié à la présence d’une nappe aquifère et inondé périodiquement et/ou exceptionnellement. Le corridor végétal ou ripisylve désigne la zone occupée par des formations boisées en bordure du cours d’eau, et se développant sur les alluvions récentes et/ou sur des terrasses en bordure du lit majeur. Les caractéristiques de la végétation alluviale sont évidemment très différentes selon les rivières et selon leur style géomorphologique. D’ailleurs, c’est à partir de la diversité des conditions géomorphologiques (pente, altitude, niveau piézométrique, éloignement au chenal principal, granulométrie, fréquence d’inondation...) que les unités fonctionnelles se distinguent les unes des autres (bancs de graviers enherbés, bosquets de saules, de grands peupliers...), et qui déterminent la mosaïque végétale complexe et dynamique. Les ripisylves forment un écosystème de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre : ce sont des écotones. Les conditions hydriques particulières de ces milieux, submersion par les crues et proximité de la nappe alluviale, induisent des peuplements végétaux adaptés caractéristiques, très riches et abritant une faune abondante et diversifiée. 3.3.2. COMPOSITION DE LA RIPISYLVE La succession végétale qui se déroule sur la rive terrestre et dans le lit majeur, sous l’influence des mécanismes géomorphologiques résultant de l’hydrodynamisme fluvial, est à l’origine de la formation de ripisylves. Plus on s’éloigne du milieu aquatique, plus les bois tendres - saules, peupliers, aulnes - laissent place aux bois durs - frênes, ormes, chênes pubescents. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 81 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La composition et la structure des ripisylves varient suivant le gradient amont-aval des différentes unités hydrogéomorphologiques. Elles varient aussi selon le stade d’évolution : 1. La strate arborescente présente une diversité faible dans la mesure où moins d’une dizaine d’espèces la structurent : • Le long des berges et sur les bancs de galets et de graviers (parfois recouverts de limons et de vase), il s’agit généralement de stades pionniers de saules (pourpres, blancs et drapés principalement), d’aulnes sous formes arbustives, car ils sont fréquemment rajeunis par la dynamique (les arbres couchés, recépés, enterrés, portent les stigmates des crues torrentielles du Gardon). Les grèves sont parfois envahies par des peupliers (noirs) post-pionniers ou pionniers. • Les saulaies arborescentes au stade pionnier se développent en compagnie des aulnes et de jeunes platanes sur les sols humides et riches en alluvions déposés par la crue en arrière des saules. • Plus en retrait encore de la bande active du cours d’eau, on observe souvent le développement d’une véritable forêt de grands peupliers noirs et de peupliers blancs que l’on retrouve essentiellement dans le corridor des Gardons rhodaniens. A cette strate arborée, généralement de grande taille jusqu'à 30 mètres, sensible par son mauvais enracinement (du moins lorsque les sujets sont soumis à des puissants écoulements), s’intègre une strate ligneuse inférieure dominée par des forêts parfois monospécifiques de robiniers faux accacias (qui colonisent les moindres travées opérées dans la ripisylve) que l’on retrouve des hauts Gardons au Piémont, en Gardonnenque et jusque sur le Gardon rhodanien. L’orme champêtre et l’érable egundo complètent les peupleraies souvent sur les bordures du système forestier (là où la lumière pénètre plus efficacement). • La frênaie et l’ormeaie caractérisent les zones les plus élevées des berges où la profondeur de la nappe limite les espèces hygrophiles. Les arbres les plus communs sont le frêne oxyphylle et l’orme champêtre, le frêne à fleur ou orne dont les fleurs ont une corolle blanche est plus rare et moins inféodé au bord de l’eau. On y trouve encore le peuplier noir mais aussi le chêne pubescent. 2. Cette zonation théorique est souvent remise en question par la dynamique fluviale, même si les interventions humaines tendent à bloquer les déplacements du lit et à figer cette répartition. Sous le couvert des grandes espèces, la strate arbustive est beaucoup plus diversifiée : charme, noisetier, cornouiller sanguin, sureau noir, viorne, troène, fusain, clématite, houblon et toutes les espèces supportant la concurrence et une certaine humidité. 3. Sous le couvert des feuilles denses se développent des plantes sciaphiles et hygrophiles comme l’armaise, l’arum, l’ortie, la ronce qui rendent le sous-bois impénétrable et rappellent que nombre de ces terrains étaient cultivés par le passé (essences rudérales). Les zones plus sèches et perturbées par les activités humaines (notamment les extractions de matériaux) sont souvent dominées par les cannes de Provence. En l’absence d’intervention humaine, les milieux végétaux sur ces cours d’eau soumis à une dynamique très forte, présentent une variété et une dimension remarquables. Tous les stades de la ripisylve peuvent y être notés, ainsi que de nombreuses communautés phytologiques du bord des eaux adaptées à cette dynamique. La diversité végétale est très forte, mais peu étudiée. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 82 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La comparaison avec l’état des milieux voisins semble montrer, d’après l’état actuel de nos connaissances, que la zone riveraine est défavorable en matière de conservation de plantes à grande valeur patrimoniale. 3.3.3. LE RÔLE DE LA RIPISYLVE Les ripisylves exercent un contrôle important sur les conditions physiques du milieu aquatique. Elles sont directement impliquées dans la structure, le métabolisme, la productivité et l’évolution des écosystèmes d’eau courante à travers différentes fonctions, telles que : • l’apport de nutriments et de carbone organique avec son incidence sur le budget énergétique et l’organisation trophique des hydrosystèmes, • la régulation de la température de l’eau, • l’interception et la filtration des polluants, • l’action dans les flux superficiels : le corridor, dès lors qu’il est suffisant, est capable de filtrer efficacement les bois morts en transit et les sédiments, • la stabilisation et la protection des berges contre l’action érosive de l’eau. L’importance relative de ces différentes fonctions varie selon la situation du cours d’eau dans le réseau hydrographique. L’apport trophique représente l’influence majeure de la végétation riveraine dans le cours supérieur des Gardons. Cette fonction diminue dans les cours moyens et inférieurs, où la fonction de stabilisation des berges devient plus importante. Par ailleurs, les rives et la plaine d’inondation, du fait de la végétation qu’elles portent, sont étroitement associées aux habitats des cours d’eau qu’elles bordent. Elles répondent à la définition d’un écotone, en tant que milieu frontière et de transition entre les domaines aquatique, terrestre et phréatique. Ainsi, le long des rives, la succession d’hétérogénéités, dues à la végétation et à la ripisylve, diversifie l’habitat aquatique, favorise la rétention et l’accumulation de la matière organique dans le cours d’eau, autant de conditions qui assurent le développement de communautés aquatiques abondantes caractérisées par une biodiversité élevée et une forte production piscicole. La ripisylve abrite une faune et une flore particulièrement variées. Elle forme une mosaïque de biotopes extrêmement favorables à la vie animale, en particulier à l’avifaune. C’est le type de forêt méditerranéenne qui abrite le plus d’oiseaux nicheurs dont certains sont rares à l’échelle française : héron bihoreau, guêpier, rollier, butor étoilé, mésange rémiz... Elle constitue pour les poissons des abris qui leur permettent de se protéger des conditions adverses (crues) ou des prédateurs : racines, souches, troncs et branches immergés forment autant d’abris. Notons également que la ripisylve des Moyens Gardons accueille un hôte de prestige : le castor, qui forme ici la plus ancienne colonie française et dont la survie dépend grandement du maintien de la saulaie pionnière. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 83 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le rôle et les effets de la végétation sont différents selon la taille des cours d’eau : • sur les petits ruisseaux, des excès de végétaux vont obstruer le fonctionnement hydraulique. Cela n’a aucune conséquence pour autant qu’il n’y ait pas d’enjeux, • à contrario, le frein occasionné par la présence d’une formation végétale, dont l’importance devra être établie, peut aider à limiter les phénomènes d’érosion pour autant qu’il n’y ait pas d’enjeux par rapport aux atterrissements potentiellement déposés par le cours d’eau en ces lieux. 3.3.4. PRÉSENTATION DE LA DYNAMIQUE NATURELLE La ripisylve, définie comme une forêt riveraine du cours d’eau, présente des caractéristiques fonctionnelles très différentes selon le style morphologique du système fluvial. Elle correspond à un corridor végétal plus ou moins large et complexe sur le cours d’eau des piémonts et des plaines intramontagnardes de l’espace méditerranéen. La ripisylve, ou forêt alluviale, peut être considérée comme un milieu écologique récent qui présente des propriétés physiques particulières. Les rivières qui composent le Gardon sont de tailles moyennes et drainent un bassin versant montagneux. Elles sont caractérisées par une haute énergie hydraulique, des crues d’automne violentes, une charge de fond grossière et abondante, un lit en tresses très souvent en cours d’exhaussement et une mosaïque végétale naturellement complexe. Dans leur basse vallée, ces rivières drainent un milieu souvent très agricole caractérisé par des cultures rémunératrices (vignoble de qualité notamment) peu sensibles à l’inondation mais vulnérables à l’érosion de surface. Différents stades d’une succession écologique peuvent coexister à un même instant au sein d’une ripisylve, et c’est précisément cette complexité de la mosaïque végétale ainsi constituée qui détermine la richesse de la biodiversité d’un milieu (diversité de l’extension, de la composition et de l’âge de la couverture végétale). Les conditions d’habitat, créées par un biotope très hétérogène et diversifié, abritent une biocénose souvent très riche. L’organisation de la forêt alluviale est fonction des conditions imposées par la rivière, dans les systèmes naturels où la connectivité entre l’écosystème terrestre et le cours d’eau est bien établie, on passe au fur et à mesure de l’éloignement du chenal et de la nappe phréatique des stades non végétalisés et unités à strates basses constituées par des herbacées, aux stades pionniers de buissons et d’arbustes, puis à des unités post-pionnières plus évoluées et enfin à des stades arborés matures. Cette variabilité transversale à l’axe du cours d’eau montre que le lit majeur est l’espace de la rivière le plus terrestre, et les mécanismes endogènes de régénération y sont prédominants. La bande active a des formes qui évoluent rapidement et les mécanismes exogènes l’emportent sur la dynamique endogène. Depuis une quarantaine d’années en France, la végétation alluviale a tendance à progresser dans les lits des cours d’eau, en particulier sur les rivières à charge grossière (ce qui est le cas des Gardons). Il apparaît que la recolonisation végétale sur les plaines alluviales affecte le bon fonctionnement de l’hydrosystème. En effet, cette survégétalisation tend à uniformiser la mosaïque, les stades arbustifs et arborés se développant au détriment de la bande active et des stades herbacés et pionniers. Dans ces conditions, ce sont les rôles physiques, chimiques et biologiques de la forêt alluviale qui sont modifiés. La politique de lutte contre les inondations a, notamment après les événements de 1958 et les extractions de granulats (l’étude de la ripisylve des Moyens Gardons a d’ailleurs souligné le rôle majeur joué par l’activité extractive qui apparaît comme le principal facteur de dégradation du milieu naturel), conduit à la construction d’aménagements lourds du type endiguement et à procéder à des chenalisations de S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 84 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA rivières. Aujourd’hui, le développement de la végétation dans les lits endigués, accompagné de la prise de conscience des rôles fondamentaux joués par cette mosaïque végétale, soulève des problèmes de gestion. La gestion de ces ripisylves est un des éléments forts qui devra être établi au cours de la phase suivante, en s’appuyant sur le rôle et les effets de cette végétation. 3.3.5. LA RIPISYLVE DES GRANDES UNITÉS HYDROGÉOMORPHOLOGIQUES DES GARDONS ET DE LEURS AFFLUENTS 3.3.5.1. Présentation générale Les cartes descriptives de la ripisylve établies dans le cadre de l’étude des milieux naturels mettent en évidence une véritable mosaïque de tronçons de ripisylve, plus ou moins étendus, plus ou moins larges, plus ou moins étagés, à la composition et aux strates très variables. Cette complexité dans la juxtaposition des formations végétales des rives des gardons est liée à une synergie de facteurs : • le contexte hydrogéomorphologique, pédologique et climatique ; • l’occupation des sols riverains, actuelle et passée ; • la dynamique propre de chacune de ces associations végétales en fonction de sa situation. L'état de la ripisylve des Gardons et sa dynamique On pourra se référer à la carte "occupation dominante de la bande rivulaire", présentée au paragraphe 1.9.5 du document cartographique. Les importances des différentes atteintes sont difficilement comparables entre elles car, dans une association fragile, l’élimination d’un sujet peut, localement, déséquilibrer l’ensemble, alors qu’ailleurs elle n’aura pas forcément de grandes conséquences écologiques. Cette appréciation est d’autant plus difficile à formuler que l’état de référence n’existe pas vraiment. En effet, il y a une trentaine d’années, les Gardons ne bénéficiaient pas d’une telle végétation rivulaire. La colonisation végétale constatée dans les lits majeurs de différents Gardons ces dernières années, est liée à plusieurs phénomènes: • modification des conditions hydrologiques et de la dynamique fluviale d'une part en raison des aménagements anthropiques : politique de lutte contre les inondations (notamment après les événements de 1958) et extractions massives de granulats, ont conduit à la construction d’aménagements lourds du type endiguement et à procéder à des chenalisations de rivières ainsi qu'à la réalisation du barrage de Sainte Cécile. A ces facteurs s'ajoute une tendance récente et « naturelle » à la diminution des débits de crues. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 85 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Cette évolution, constatée, trouve son origine dans la variation des conditions climatiques au niveau du globe, et où le rôle joué par l’homme à cette échelle est difficile à mesurer. • La deuxième raison invoquée est liée au comportement social des sociétés récentes face aux milieux aquatiques. En effet, le mode de vie actuel se distingue nettement de celui de nos grands-parents qui avaient encore une réelle action sur la végétation rivulaire des cours d’eau, par des opérations d’entretien importantes par endroits. Aujourd’hui, l’abandon de ces pratiques se fait ressentir sur la qualité du milieu qui se dégrade. Ces changements ont offert des conditions favorables au développement de la végétation ligneuse (arborée et buissonnante), qui a colonisé de nouveaux espaces. Le cas du Gardon ne fait pas exception, et confirme cette tendance. Globalement, les Gardons sont propices au développement spontané de formations (de corridors) végétales rivulaires, car les vallées sont souvent caractérisées par un lit alluvionnaire. Seules les zones apicales et quelques tronçons ou affluents sont peu propices au développement d’une ripisylve. Ils sont généralement caractérisés par des pentes fortes, un substratum rocheux et des vallées étroites où la dynamique est particulièrement forte. Les sections des cours d’eau et les affluents peu propices au développement naturel d’une large ripisylve, en dehors des problèmes spécifiques des zones anthropisées (zones urbaines, voies de communication, zones d'extraction et de protection spécifiques contre les crues), se situent globalement dans : • les zones apicales du Galeizon, du Gardon de Saint Germain de Calberte et de Saint Martin de Lansuscle, la Salandre, l'Avène, l'Ourne, la Salindrenque ; • les petits affluents dendritiques des hauts Gardons; • le Gardon sur le cours moyen et supérieur de la vallée Borgne; • des tronçons sur le Gardon de Mialet notamment la section aval avant la confluence avec le Gardon de Saint Jean du Gard; • un tronçon de Gorges sur le Bourdic; • les Gorges du Gardon. Le diagnostic relatif à la ripisylve a donné lieu à plusieurs études qui ont toutes souligné le rôle majeur joué par l’activité extractive dans l’évolution de la ripisylve. Elle apparaît clairement comme le principal facteur de dégradation du milieu naturel. Les extractions massives opérées dans le lit mineur peuvent avoir des effets à retardement et conduire, à plus ou moins long terme, à un dépérissement généralisé de la forêt alluviale, mais il est possible aussi que la ripisylve se régénère naturellement. Comme nous l’avons souligné précédemment, les sites les plus dégradés correspondent essentiellement à d’anciennes gravières abandonnées. Or, ces sites sont généralement peu propices à une recolonisation végétale spontanée (absence de sol, profondeur de la nappe excessive, topographie chaotique...). C’est pour cette raison qu’un chantier expérimental de restauration d’un site particulièrement dégradé par des extractions de matériaux alluvionnaires a été entrepris sur la commune de Massillargues-Attuech. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 86 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Aux effets induits par des extractions opérées dans le lit moyen se sont ajoutés des effets globaux liés au creusement, dans le lit mineur des Gardons, d’un chenal continu destiné à l’évacuation des crues. Les extractions ont ainsi affecté la totalité du lit mineur et la plus grande partie du lit moyen et inférieur des Gardons. Elles ont radicalement bouleversé tant le fonctionnement hydrodynamique, hydrogéologique, et hydrobiologique de la rivière, que son lit, ses berges et sa ripisylve. La dynamique de la forêt riveraine s’est trouvée gravement perturbée dans les secteurs où le creusement du lit mineur a été important. On assiste, à proximité des berges à un dépérissement progressif de la ripisylve qui « s’assèche ». La forêt riveraine se dégrade, ses espèces sont remplacées par des espèces moins exigeantes en eau, ubiquistes, constituant des boisements banals, de richesse écologique bien moindre. 3.3.5.2. Les Cévennes Le long des Gardons, plusieurs types d’associations ou de formations végétales se sont développées de façon adaptée aux conditions de milieu : Sur les cours amonts caractérisés par des vallées étroites et rocheuses (substratum composé de dalles), la ripisylve est très réduite et se résume souvent à quelques arbres typiques du bord des eaux (saules et aulnes en ligne discontinue) poussant aux côtés de chênes verts, de pins maritimes, de châtaigniers et de bruyère arborescente (Salindrenque, Gardon d’Alès et de St Jean et Galeizon en particulier. Dans les zones caractérisées par un lit mineur divaguant (fond de vallée au substratum de galets et de graviers qui succèdent aux matériaux grossiers des versants (Gardon de Mialet, section aval du Galeizon, section aval du Gardon d’Alès)), se développe une mosaïque de milieux, notamment en liaison avec la présence de bancs de galets et graviers avec une végétation buissonnante arbustive de type saulaie. Les principales causes de dégradation (voire d’absence) de la ripisylve sur les Gardons d’Alès de Sainte Croix vallée française et Mialet sont les activités humaines qui se concentrent dans le fond des vallées, notamment l’agriculture (prairie, marécage, ...), les campings, les terrains de sports et les espaces urbanisés. Sur le Gardon de St Jean, ce sont les facteurs de milieux, notamment la dynamique torrentielle, qui limitent le développement d’une ripisylve importante. Les principales dégradations sont liées aux activités humaines ou à des phénomènes naturels que l'on constate sur les ripisylves du bassin versant. Les Cévennes sont caractérisées par une banalisation croissante des corridors rivulaires, liée à l'invasion d'essences exotiques notamment comme le robinier faux acacias, et localement la renoué du Japon. Les principales dégradations liées à des entretiens excessifs ou systématiques sont observées au niveau des unités urbaines et le long des voies de communication et des axes touristiques (accès baignade) qui longent les cours d'eau. A contrario, l'exode rural engendre sur certains cours d'eau et milieux une fermeture totale à cause du développement exubérant de la végétation, créant une baisse de la diversité des espèces rencontrées. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 87 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3.3.5.3. Le Piémont La plupart des fonds de vallée du Piémont connaissent ou ont connu des activités humaines avec des centres industriels, économiques (bassins miniers Alès La Grand Combe), des infrastructures routières et des zones urbaines (Alès, La Grand Combe, Anduze, St Jean du Gard, Cendras) et enfin des activités agricoles (importantes du fait de la fertilité des terres limoneuses du bord des cours d’eau). La ripisylve est donc souvent absente, dégradée (mauvais entretien), ailleurs elle se limite à des lambeaux étroits et discontinus. Les principales essences qui la composent sont pionnières et vivaces (saules, peupliers, robiniers faux acacias pour les ligneux, et armaises pour les herbacées). Dans les passages encaissés préservés, la végétation peut prendre une forme assez dense où se mêlent les formations végétales des versants. La situation est très contrastée selon les cours d’eau : • Les zones urbaines du Piémont (Gardon d’Alès, Gardon d’Anduze) sont dotées d’un lit alluvial où la ripisylve se réduit à des lambeaux étroits et discontinus au profit des activités économiques et à l’habitat plutôt qu’à l’agriculture qui est très localisée (verger sur le Galeizon). L’urbanisation et les infrastructures routières ont conduit à un endiguement des berges du lit mineur qui a fait disparaître la ripisylve naturelle que l’on retrouve localement dans des espaces protégés (îlot de végétation dense, secteur escarpé peu modifié). • Sur le Galeizon, la végétation de très faible épaisseur et de qualité inégale (liée à l’agriculture) présente néanmoins de beaux endroits de type galerie. • L’Avène présente les mêmes types d’évolution mais dans un contexte naturel nettement plus défavorable. • Les basses plaines alluviales du Gardon d’Alès et de l’Avène sont caractérisées par une ripisylve relictuelle en ligne peu développée latéralement en raison des activités agricoles sur les plaines alluviales et des routes pour les cours d’eau situés à l’amont d’Anduze. La présence de végétaux rares est peu probable même si leur présence est signalée avec 3 espèces dans la traversée urbaine d’Alès et 4 autres stations botaniques en marge du cours d’eau au niveau d’Anduze. • La plaine d’Anduze a fait l’objet d’une étude plus détaillée qui met en évidence l’alternance de contextes plus ou moins dégradés : - Entre Anduze et Tornac, le lit du Gardon (au débouché des Cévennes) est encore encaissé et la plaine alluviale peu développée. La ripisylve occupe ainsi une bande relativement étroite mais de bonne qualité générale. Ce secteur a été relativement épargné par les extractions de granulats, relativement anciennes. - Sur les communes de Boisset-et-Gaujac, Massillargues-Attuech et Lézan, le lit du Gardon s’élargit, la plaine alluviale s’étend et la ripisylve peut se développer transversalement. Cependant, elle est très affectée par les extractions de granulats qui ont été réalisées dans le passé, sur le lit moyen et dans le lit vif. La ripisylve est globalement de qualité médiocre à très dégradée. - Sur les communes de Ribaute-les-Tavernes, Cardet et Massanes, les boisements rivulaires sont de bonne qualité (près de 75 % de la ripisylve), ils occupent une surface proche de 100 hectares sur un linéaire voisin de 5 kilomètres. Ce secteur présente une ripisylve de très grande qualité, façonnant par la même de splendides paysages.La raison en est simple : ce tronçon a été épargné par des extractions en lit vif (pas d’autorisation) et donc il n’a pas fait l’objet du creusement du chenal. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 88 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les ripisylves du Piémont sont très réduites en raison de la pression et de la gestion induite par le passé industriel. Aujourd'hui la pression dans les zones urbaines est forte avec l'entretien systématique afin de donner à ces espaces considérés comme récréatifs (coulées vertes) de nouvelles fonction notamment au regard des enjeux touristiques. La ripisylve est souvent incomplète et souffre d'une banalisation accentuée par les modes de gestions. Dans la section amont du Piémont, les dégradations de ripisylve en liaison avec des extractions sont assez similaires à celle de la Gardonnenque ci après présentées, mais avec des proportions globalement moins dramatiques. 3.3.5.4. La Gardonnenque On peut distinguer plusieurs secteurs sur cette zone : le méandre encaissé du bois de Ners, la plaine étroite entre les collines de Ners et Moussac et la plaine entre Moussac et Dions. • Le passage de la barrière calcaire crétacé du Bois de Lens occasionne le plus grand méandre du cours d’eau contournant le village de Ners. Des versants pentus restés jusqu'à aujourd’hui très forestiers se juxtaposent à une plaine alluviale étroite et fertile, favorable à une diversification biologique. Le cours d’eau s’est délesté à cet endroit d’une part importante de sa charge sédimentaire, construisant aux trois coudes majeurs du méandre de larges et épaisses plages de graviers Ce premier secteur concerne les communes de Vézénobres, Cassagnoles, Maruéjols-les-Gardons et le nord de la commune de Boucoiran. Il est particulièrement dégradé car il a subi de très fortes pressions extractives à la fois dans le lit mineur et dans le lit moyen. La ripisylve a donc été très affectée, et ce sont les boisements de qualité médiocre à très dégradée qui dominent largement formant près de 70 % de la ripisylve pour une surface de plus de 110 hectares. Les exploitations ont créé de nouveaux bras morts et mares, parmi les friches que la végétation recolonise lentement. • Le deuxième secteur comprend les communes de Boucoiran, Cruviers-Lascours et Brignon. C’est l’un des plus dégradés par les extractions de granulats du Gardon. Certes, il s’inscrit dans un contexte naturel peu favorable au bon développement de la ripisylve avec d’importantes pertes karstiques entraînant l’assèchement du Gardon sur toute la zone à l’étiage, mais la situation est encore aggravée, à la fois par une activité extractive intense qui a bouleversé les paysages, et par une emprise agricole très importante sur le lit moyen. Il est à signaler que la végétation est en cours de reconstitution, notamment au niveau de la commune de Moussac, où entre deux grosses portions quasiment désertiques s’étend une végétation fine en épaisseur mais très saine dans l’ensemble. Globalement, la ripisylve a pratiquement disparu, et ne subsiste que localement sous la forme de cette fine bande, ce secteur s’étend sur 15 % du linéaire étudié mais la ripisylve ne représente que 4 % des boisements prospectés, dont plus de 80 % sont de qualité très dégradée. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 89 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA • Le secteur de Moussac concerne la partie aval, avec les communes de Moussac, Sauzet, Saint-Chaptes, Saint-Géniès-de-Malgoirès, La Calmette et Dions. Il est contrasté : on observe une alternance de secteurs de grande qualité (51 % de la ripisylve) et de secteurs très dégradés (36 % de la ripisylve), correspondant à d’anciennes extractions. En effet, le contraste s’explique par le fait que c’est là que subsistent encore les plus larges secteurs de ripisylve de toute la vallée des Gardons, malgré une pression agricole à l’extérieur et des défrichements réalisés en son sein par l’extraction de granulats. Au niveau de Dions, on trouve en effet le site le plus dégradé des Moyens Gardons avec près de 100 ha de ripisylve détruite par une ancienne gravière. Malgré cela, c’est aussi sur cette portion du Gardon que la ripisylve en quelques endroits prend véritablement les aspects de la forme originelle dite climacique de la peupleraie blanche. La végétation a une bonne expansion latérale (jusqu'à 1.500 m) qui semble proportionnée à la largeur du lit mineur. La zone de Moussac à Dions est très sujette aux pertes karstiques, ce qui fragilise le maintien de la végétation . Seules les parties les plus proches du cours d’eau présentent des peuplements de bonne santé. La végétation est ici relictuelle dans une zone qui est, d’un point de vue général, profondément remaniée par les travaux d’extraction. Dans cet ensemble de cours d’eau remaniés, soit par les éléments naturels, soit par les interventions humaines, les végétaux rares sont peu probables. Environ 1.000 hectares de ripisylve ont été prospectés sur les moyens Gardons. Cette surface est constituée : - à 47,5 % de boisements de bonne qualité qui couvrent près de 480 ha, - 33,0 % de boisements très dégradés qui occupent environ 330 ha, - à 19,5 % de boisements de qualité médiocre pour une superficie de près de 200 ha. Les critères de diagnostic retenus sur les moyens gardons : Bonne qualité : la nature des espèces constituant le peuplement étudié, en sachant que des espèces comme les saules, aulnes, peupliers, frênes, érables constituent de bons peuplements, alors que les associations à robinier, chêne, ailanthe, canne de Provence (graminée pouvant atteindre 4 m), espèces ubiquistes, peu exigeantes en eau, forment des boisements de qualité faible au sein de la ripisylve. Qualité médiocre : la densité du peuplement : la ripisylve saine forme un peuplement riche, dense, créant souvent une atmosphère d’exubérance et sa dégradation peut se traduire par l’aspect clairsemé, épars de la végétation. Qualité très dégradée : l’état sanitaire des arbres : dans certains secteurs où l’abaissement de la nappe a été marqué, les conditions hydriques étant devenues défavorables au bon développement de la ripisylve, des manifestations de stress hydrique sont apparues chez certains arbres, sous la forme de descentes de cimes, ou, dans les cas les plus graves, sous forme d’arbres morts, secs sur pieds, attestant d’un stade avancé de dégradation de la ripisylve. L’étude de la ripisylve des Moyens Gardons a permis de mettre en évidence un certain nombre de sites particulièrement dégradés nécessitant une restauration. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 90 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Ces sites, au nombre de douze, correspondent, pour la plupart, à d’anciens sites d’extraction de granulats, abandonnés sans remise en état des lieux préalable : 1. Mas Pestel à la Madeleine (Gardon d’Anduze), 2. Du seuil d’Attuech au pont de Lézan (Gardon d’Anduze), 3. Le Sigalas (Massillargues, Attuech) (Gardon d’Anduze), 4. La Prade ancienne zone d’extraction Cassagnoles et Vénézobres, 5. Le Berland ancienne gravière à Ners, 6. Berges concave du méandre à Maruéjols-les-Gardon (Gardons réunis), 7. La Cade ancienne zone d’extraction à Boucoiran, 8. De Boucoiran à Brignon (Gardons réunis), 9. Les Gravières ancienne sablière Crozel à Moussac et Sauzet (Gardons réunis), 10. Ancienne zone d’extraction Crozel à St Génies de Malgarès (Gardons réunis), 11. Ancienne gravière Lautier Roquebleue à Saint-Chaptes (Gardons réunis), 12. Ancienne zone d’extraction Tixador en amont du pont submersible de Dions (Gardons réunis). Trois sites étaient considérés comme prioritaires (par les acteurs locaux des communes concernées) : le Berland au niveau de Ners, la Cade à Boucoiran et la zone d’extraction Crozel à St Géniès. La forêt riveraine des Gardons, la ripisylve à peuplier blanc, forme un milieu particulièrement riche, d’un grand intérêt écologique. Son étude a cependant révélé un stade avancé de dégradation. Elle ne se présente souvent plus que sous une forme morcelée, plus ou moins dégradée, et rares sont les secteurs où la ripisylve originelle, avec ses essences et sa zonation particulières subsiste encore. De magnifiques secteurs ont, heureusement, été épargnés et sont à préserver impérativement. Dans la moyenne vallée des Gardons (Gardonnenque et Piémont aval) ainsi que sur le Gardon Rhodanien, les importantes extractions de matériaux alluvionnaires ont eu un impact très lourd sur le milieu et en particulier sur la ripisylve. Aux effets induits par des extractions opérées dans le lit moyen se sont ajoutés des effets globaux liés au creusement, dans le lit mineur des Gardons, d’un chenal continu destiné à l’évacuation des crues. Les extractions ont ainsi affecté la totalité du lit mineur et la plus grande partie du lit moyen et inférieur des Gardons. Elles ont radicalement bouleversé tant le fonctionnement hydrodynamique, hydrogéologique, hydrobiologique, que le lit, les berges et la ripisylve de la rivière. La dynamique de la forêt riveraine s’est trouvée gravement perturbée dans les secteurs où le creusement du lit mineur a été important. On assiste, à proximité des berges à un dépérissement progressif de la ripisylve qui « s’assèche ». La forêt riveraine se dégrade, ses espèces sont remplacées par des espèces moins exigeantes en eau, ubiquistes, constituant des boisements banals, de richesse écologique bien moindre. En Gardonnenque, aujourd’hui, plus de la moitié de la surface occupée par cette ripisylve est de qualité médiocre à très dégradée, les sites les plus dégradés correspondant à d’anciennes gravières abandonnées sans remise en état préalable des lieux (sur 12 sites recensés entre Alès, Anduze et Dions les trois sites les plus dégradés se trouve en Gardonnenque). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 91 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Dans ces plaines alluviales la pression agricole devient le second facteur limitant au bon développement de la ripisylve. 3.3.5.5. L’Uzège Dans les collines de la partie Ouest, la Droude bordée de plaines fertiles conserve très peu de ripisylve, qui se limite généralement à une étroite bande de végétation discontinue mais saine. L’Alzon, les Seynes et le Bourdic drainant un sol argileux qui retient mieux l’humidité que les sols gréseux de la vallée de la Droude, génèrent naturellement des formations végétales de meilleure qualité. Mais les dommages occasionnés par l’extension de l’agriculture et de l’urbanisation à proximité des cours d’eau réduisent ces ripisylves à des galeries végétales localement remarquables avec quelques grands arbres vénérables qui survivent avec difficultés. Le SIARU4, dont la vocation initiale était le recalibrage s’est doté récemment d’une nouvelle vocation qu’il a organisée à travers un schéma d’aménagement des Seynes et de l’Alzon qui porte notamment sur l’entretien et la gestion de la végétation des cours d’eau. On se réfère au document de détail de ce travail en ce qui concerne la ripisylve de cette unité. 3.3.5.6. Les Gorges du Gardon La transition entre la rivière et le milieu environnant sec et couvert d’une garrigue plus ou moins dense est rapide. Le peu d’alluvions fines servant de substrat, et surtout l’abondance de graviers en plages dans le lit moyen et le lit mineur permettent seulement la présence d’une végétation extrêmement ténue, voire quasiment absente. Elle est souvent peu spécifique et possède rarement les caractéristiques habituelles d’une ripisylve. En revanche, le site est resté sauvage, presque pas urbanisé ou utilisé par l’agriculture et sans route longitudinale. Il a été très peu touché par les extractions de granulats exceptés quelques dommages occasionnés sur la commune de SainteAnastasie. Il est cependant soumis à une pression touristique forte en été. Par les contraintes qui lui ont permis de garder ce caractère sauvage, le milieu naturel de cette zone est un des plus riches et des mieux connus de l’ensemble de la vallée. Parmi le grand nombre d’espèces citées pour cette zone, peu concernent les abords immédiats du cours d’eau, mais plutôt les garrigues environnantes, et c’est principalement sur coteaux calcaires secs, à l’exception de l’Orchis punaise, que l’on trouve les plantes les plus rares. 3.3.5.7. Le Gardon Rhodanien Confrontée à une pression agricole intensive, la ripisylve est souvent très limitée en largeur. Elle est d’assez bonne densité mais rarement très large, excepté dans le méandre amont de Comps, « l’Ilette ». 4 Syndicat Intercommunal pour l’Aménagement et la Réhabilitation des rivières de la région d’Uzès S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 92 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Sur la section aval, elle présente des secteurs plus larges d’assez bonne densité, là où le sol n’est pas occupé par des terres agricoles. La végétation est partout ailleurs faible en épaisseur. Deux gravières en activité en lit mineur ont détérioré la ripisylve sur de grandes longueurs. De Remoulins à l’entrée des Gorges, son épaisseur est très réduite, elle est quasi absente au niveau de la ville, à cause de la chenalisation pour la maîtrise des crues, l’urbanisme et les routes bordant le cours d’eau de trop près. L’affaiblissement particulièrement important du fond du lit (qui atteint localement 3 m), lié à des extractions en souilles profondes y compris en bordure du lit mineur, amène un affouillement très net des berges et de la ripisylve. A ce titre, plusieurs projets d’aménagement ont vu le jour sur le Gardon Rhodanien (situation localement alarmante entre Comps et Montfrin), afin d’essayer de pallier les affouillements de plusieurs milliers de m3. La ripisylve du Gardon Rhodanien souffre des même symptômes que ceux de la Gardonnenque et du Piémont même si la situation est assez différente. En effet, les exploitations en souille ont limité l'emprise foncière des interventions. Les corridors boisés ont été remplacés par des zones humides qui sont des milieux présentant un intérêt particulier, d’autant plus qu’ils sont peu présents sur l’ensemble du bassin versant. La dégradation des ripisylves est sensible et se caractérise par l'affouillement des berges dans le lit mineur, lié à l'abaissement très important du fond du lit, lié au mode d'exploitation. Les nombreux ouvrages transversaux destinés à stabiliser le lit ont permis de conserver le niveau des nappes. Les principales autres dégradations du corridor végétal observées sont liées à la pression agricole qui se double de pression localement forte des voies de communications (TGV, Autoroute) et des zones urbaines (les zones urbaines ne peuvent se développer en raison de la réglementation afférente aux zones inondables) 3.3.5.8. Conclusions En dépit de toutes les atteintes constatées, les milieux végétaux sur ces cours d’eau soumis à une dynamique très forte, présentent une variété et une dimension remarquables comme en témoignent les nombreux sites inscrits en ZNIEFF de type I sur l'ensemble du bassin versant et en particulier dans les espaces préservés des extraction dans le Piémont et la Gardonnenque. Tous les stades de la ripisylve peuvent y être notés, ainsi que de nombreuses communautés phytologiques du bord des eaux adaptées à cette dynamique (cependant, la zone riveraine est relativement peu favorable à la conservation de plantes à grande valeur patrimoniale). Les végétations de type palustre sont rares et peu étendues, et souvent présentes à la faveur de zones remaniées par les activités humaines : barrages, souilles, etc. Trois habitats listés en annexe 1 de la Directive Habitat sont présents sur le cours d’eau. 3.3.6. LES PLANTES RARES OU PROTÉGÉES DU BASSIN VERSANT DES GARDONS Peu d’espèces de ce type ont été mentionnées pour le cours du Gardon. Les espèces citées sont souvent localisées dans les versants pentus en Cévennes ou dans les gorges calcaires. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 93 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Parmi les espèces citées, on peut attirer l’attention sur : • l’orchis punaise, • la spirante d’été (orchidée protégée en France), • le cyclamen des Baléares, • la gratiole officinale, • le dryoptéris des Cévennes, • les isoètes 3.3.7. LES MILIEUX HUMIDES Composition : Dans l’eau ou à proximité de la rivière, on trouve aussi diverses associations herbacées. Sur les berges caillouteuses les plus proches de l’eau et soumises aux variations saisonnières de niveau poussent les renouées, et le mélilot blanc ; sur les limons, le chanvre d’eau. Dans les eaux courantes (milieu lotique), on trouve le cresson, les véroniques, les menthes, des bryophytes fixés au substrats rocheux ; et dans les eaux calmes (milieu lentique), les scirpes et les roselières à massettes à feuille lrage, le phragmite est très localisé. Les eaux stagnantes des lônes et des mares se couvrent parfois de characées, d’élodées, de potamots et de callitriches (+ lampourde et calamagrostis). Localement, les conditions d’eutrophisation du milieu aquatique favorisent le développement d’algues vertes, brunes (cyaxophycées, diatomées), d’algues filamenteuses qui envahissent le substrat et concurrencent les autres groupes. Ces milieux souvent remaniés ne sont pas propices à la conservation de plantes dites rares. Les plus remarquables se trouvent parfois sur la lisière externe de la ripisylve dans les espaces à submersion accidentelle que sont les prairies humides entretenues par le pâturage. Ces formations sont peu représentées sur le Gardon, car les cultures, la vigne notamment, supportant sans problème les submersions, occupent fréquemment la zone d’expansion des crues. Parmi les groupements végétaux propres au lit majeur, trois habitats d’intérêt communautaire sont représentés (Balayer et Molina, 1995) : • mares temporaires méditerranéennes de l’Isoetion - association du spirantho aestivalis-anagallidetum tenellae (code 22.3417), • grèves caillouteuses rattachées à l’association du glauco-scrophularietum caninae (code 24.225), • ripisylve à aulnes et frênes - association de l’alno-fraxinetum oxycarpae. Les zones humides des Gardons Les Gardons , torrents cévenols, sont caractérisés par des milieux lotiques dominants, notamment en Cévennes. La diversité floristique est assez faible sur cette entité. La végétation aquatique apparaît davantage au niveau du Piémont pour plusieurs raisons : les rejets eutrophes enrichissent en nutriments et les premiers biefs lentiques au niveau des seuils ralentissent l’écoulement et réchauffent les eaux. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 94 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les biefs accueillent une végétation de type palustre sur les zones de vasière, mais la diversité et l’intérêt des marcophytes concernés restent limités. La multiplication des seuils en Gardonnenque accroît les développements algals, notamment à l’étiage dans les zones peu profondes. Sur les zones d’assec, la végétation est rare, il s’agit notamment d’algues filamenteuses. La faible température des eaux des résurgences limite temporairement le développement de ces végétaux aquatiques, la profondeur plus à l’aval n’autorise qu’un développement de plantes aquatiques sur les zones peu profondes (bordures essentiellement). Ce phénomène se poursuit sur les bas Gardons : les bords des biefs lentiques et les zones d’extraction sont des sites privilégiés où se développe cette flore d’hydrophytes et d’hélophytes. Les milieux palustres naturels sont assez peu présents sur les Gardons et zones inondables et humides (étang de la Capelle), notamment sur le Gardon Rhodanien (Comps à Montfrin) et la Gardonnenque. Les activités humaines ont favorisé le développement de ces milieux avec les barrages des Cambous et de Ste Cécile et tous les ouvrages construits sur les Gardons qui génèrent des biefs lentiques (sur 67 km entre le Rhône et la confluence des 2 Gardons, il y a 18 seuils, c’est à dire 1 tous les 3,7 km, sachant que la plupart créent des biefs lentiques d’au moins 500 m), via les souilles en lits majeurs et moyens (Massillargues Attuech, Ners, etc.). Les algues peuvent servir comme indicateur d’eutrophisation ou de pollution (rejets dans les Gorges, engendrant un colmatage du substrat par des algues brunes), notamment du fait de la faible diversité. 3.4. LA FAUNE TERRESTRE DES GARDONS On pourra se référer à la carte "espèces animales remarquables", présentée au paragraphe 1.9.2 du document cartographique. La diversité des milieux et des successions écologiques qui composent les grandes unités biogéographiques offre une mosaïque d’habitats riches et variés à la faune. Les bords des rivières, en particulier ceux où la ripisylve a été conservée, sont des milieux à la faune riche et variée. 3.4.1. L’AVIFAUNE La ripisylve véritable écotone entre le milieu strictement aquatique et terrestre offre des conditions d’habitat, de refuge, de nidification, d’alimentation idéales à nombre d’espèces aviaires, comme en témoigne la centaine d’espèces inventoriées par le cogard sur le bassin versant des Gardons, dont 26 sont des espèces aquatiques qui dépendent de l’eau pour des raisons trophiques ou qui sont intimement liées à la présence de végétaux poussant dans l’eau. 49 espèces sont des oiseaux arboricoles, présents grâce à la ripisylve, bien qu’ils puissent se rencontrer dans d’autres milieux arborés, ils apprécient particulièrement le bord des rivières pour la qualité de sa végétation et son effet écotone, leur procurant des gîtes variés et une alimentation abondante. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 95 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Et enfin, 26 espèces d’oiseaux qui fréquentent des : • gravières exploitées ou non, terrasses alluviales trop sèches pour que la ripisylve s’implante mais préservant un espace non cultivé et arbustif de type méditerranéen, • rochers, gorges rupestres, • éléments anthropiques : pont, barrage, mur de soutènement, vieux moulin... La diversité avifaunistique des Gardons est remarquable. Parmi la centaine d’espèces recensées, 9 sont listées en annexe 1 de la Directive Oiseaux : bihoreau gris, aigrette garzette, vautour percnoptère, aigle de bonelli, milan noir, hibou grand-duc, oedicnème criard, martin-pêcheur, rollier d’Europe. Les espèces caractéristiques de la tête des bassins versants sont les cincles plongeurs, les bergeronnettes des ruisseaux. Le martin pêcheur est présent sur l’ensemble du bassin versant, son aire de répartition s’étend dans la plupart des vallées alluviales des Cévennes au Rhône pourvu qu’il trouve des conditions favorables : berges et talus meubles. Les autres oiseaux piscivoles sont davantage inféodés aux plaines alluviales avec des héronnières sur le Gardon d’Anduze, les Gardons réunis et les bas Gardons. Si l’aigrette garzette affectionne plus particulièrement les milieux lotiques, notamment les radiers du Piémont et des Gorges, il lui arrive de progresser jusque sur le haut des versants ou de pêcher en milieu lentique. Les hérons cendrés et bihoreaux pêcheurs à l’affût affectionnent les bordures des biefs lentiques et des zones humides où ils se nourrissent. Les grands cormorans, dont les populations se sont accrues récemment, sont présents au centre du bassin versant au niveau de Cassagnoles, d’où ils peuvent rayonner sur tous les sites de gagnages où ils se nourrissent en plongeant après leurs proies dans les gaus et les retenues suffisamment profondes (~ 1 m) . Les biefs lentiques des seuils sont aussi caractérisés par les foulques et les colverts, que l’on retrouve au côté des grèbes huppés et des castagneux. Le petit gravelot inféodé ou grève partage son habitat avec la bergeronnette grise qui est présente sur l’ensemble du bassin versant alors que l’oedicmème criard reste très localisé. Les berges meubles et terreuses qu’affectionne le martin pêcheur accueillent aussi le guêpier d’Europe et l’hirondelle de rivage. Les rochers et falaises qui bordent le Gardon abritent une faune rare : aigle de Bonelli, vautour percnoptère, hibou grand-duc, martinet à ventre blanc, hirondelle de rochers, grand corbeau, etc. La ripisylve, présente de façon ponctuelle tout au long des Gardons, abrite de nombreux oiseaux arboricoles dont les espèces les plus remarquables sont : le milan noir, le faucon hobereau, le rollier d’Europe, le héron cendré, l’aigrette garzette, le héron bihoreau. Certaines espèces d’oiseaux sont présentes en plaine principalement à la faveur de ce milieu : troglodyte mignon, qui niche souvent dans les chablis, pic épeiche, rouge-gorge, grive musicienne, gobemouche gris, sitelle torchepot. Mentionnons aussi le tarin des aulnes, présent en hiver sur son arbre hôte. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 96 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La ripisylve est indéniablement le milieu où la richesse spécifique est la plus importante. 3.4.2. LES REPTILES ET AMPHIBIENS Du triton à la grenouille verte, en passant par la salamandre, 10 espèces sont signalées sur le cours des Gardons, mais seules 3 sont communes à l’ensemble de la vallée. Concernant les reptiles, il est possible d’observer 14 espèces, mais 7 seulement sont assez courantes. 3.4.3. LES MAMMIFÈRES Les mammifères, strictement inféodés au cours d’eau et zones humides, sont assez peu nombreux. Le castor : Le mammifère le plus caractéristique des Gardons est le castor d’Europe. Dernier bastion des castors, les Gardons ont constitué l’une des réserves de populations qui ont permis le repeuplement de la plupart des cours d’eau de la France, alors qu’il avait disparu presque partout ailleurs. Véritable symbole des Gardons, le castor est présent sur tous les Gardons, son aire de répartition étant limitée par la capacité des milieux torrentiels intramontagnards à l’héberger et à le nourrir. Le castor du Gardon a aussi développé dans les Gorges une caractéristique spécifique qui lui a valu d’être dénommé castor cavernicole, puisqu’à l’étiage lorsque le lit du Gardon s’assèche, il regagne par les résurgences des habitats installés à moins 600 mètres dans l’aquifère karstique. La dynamique des populations est fortement influencée par les crues qui est un facteur de régulation important chez cette espèce. Le rat gondin : Il fait partie des espèces allochtones introduites accidentellement et qui se développent jusqu’aux limites de la zone à truites (essentiellement pour des raisons trophiques). Le campagnol amphibie : Il serait présent sur la partie gardoise du bassin versant. Le putois d’Europe : Il serait présent sur tous les bassins versants. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 97 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La loutre : Elle est considérée comme absente mais elle aurait fait des apparitions sur le haut du bassin versant (retour potentiel dans la mesure où elle l’a récemment effectué sur la Cèze). Les chiroptères : Ils sont essentiellement présents dans les Gorges et les zones de falaise rupestres. La grande diversité et l’abondance des chauves-souris dans les Gorges constitue aussi un élément important du patrimoine naturel, des recherches par capture sur les autres zones permettraient d’établir un inventaire plus étendu, ainsi que des éléments de comparaison entre zones. 3.4.4. LES INVERTÉBRÉS L’entomofaune des Gardons est assez peu connue à l’exception d’inventaire de mollusques potamologiques. On ne connaît que 2 espèces de libellules figurant à l’annexe II de la Directive Habitat, sur les 15 présentes en Cévennes. Deux espèces d’intérêt communautaire fréquentent la ripisylve des Gardons, il s’agit du lucane cerf volant et du grand capricorne. 3.5. LES MILIEUX AQUATIQUES On pourra se référer à la carte "contexte piscicole", présentée au paragraphe 1.9.1 du document cartographique. La grande majorité des cours d'eau qui composent le chevelu hydrographique des Gardons est classée en seconde catégorie piscicole, c'est à dire que les populations dominantes sont celles des cyprinidés. La plupart de ceux classés en première catégorie c'est à dire à salmonidés dominants se concentre dans les zones apicales , au niveau des Cévennes. 3.5.1. LA RICHESSE DES MILIEUX AQUATIQUES DES GARDONS Avec une diversité de 30 espèces, le bassin versant des Gardons a un fort patrimoine piscicole présentant 7 espèces figurant en annexe 2 de la Directive Habitat : • le barbeau méridional : assez abondant dans les zones amont aux eaux de bonne qualité • le toxostome : présent surtout dans la zone moyenne ; • le blageon : assez bien réparti mais dont les populations sont peu abondantes et relativement fluctuantes ; • le chabot et la loche de rivière : petits poissons rares et discrets car de moeurs nocturnes, de la zone à truites. • l’alose feinte : ce grand migrateur a aujourd'hui disparu du bassin versant des Gardons mais remontait en compagnie des Lamproies jusqu'au pont de Ners. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 98 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA On signalera aussi la présence de l’écrevisse à pied blanc, seul grand crustacé autochtone menacé au niveau européen par la dégradation de la qualité des eaux, l’expansion des espèces importées et le braconnage. Des informations anciennes mentionnent aussi la présence de l’apron qui reste à confirmer. 3.5.2. LES MIGRATEURS DU BASSIN VERSANT De part sa situation hydrographique, et de part la diversité des unités hydrogéomorphologiques, le Gardon présente des aptitudes exceptionnelles quant à l'accueil des poissons migrateurs. Les principaux facteurs sont : • sa proximité avec la Méditerranée, • son indépendance vis à vis des grands barrages du Rhône (il n'y a plus de grands ouvrages hydrauliques sur le Rhône à l'aval de la confluence), • son débit et la qualité de ses eaux qui sont préservées grâce au Karst dont les eaux ressortent avec un débit plus fort qu'à l'entrée et globalement de meilleure qualité, • son histoire puisque par le passé, il y a peine trente ans, les Aloses remontaient se reproduire jusqu'au pont de Ners en compagnie des lamproies marines. En dehors des facteurs naturels du milieu qui régulent la dynamique des populations (les cycles vitaux (migration, reproduction, incubation et trophisme de croissance) sont affectés par la grande variabilité du régime hydrologique des Gardons qui joue aussi un rôle sur la qualité des milieux et de l'eau (surfaces de frayères, turbidité, à sec, etc)), plusieurs obstacles et facteurs limitants sont à l'origine de la baisse voire de la disparition des migrateurs sur les Gardons: • les ouvrages hydrauliques difficilement franchissables voire infranchissables (18 sur les 67 km qui sépare le Rhône de la confluence des 2 Gardons et 7 sur les 21 km des Bas gardons), • les étiages dont la sévérité a été exagérée par les prélèvements excessifs • la qualité des eaux fortement dégradée par les rejets urbains agricoles diffus et industriels, • les nombreux aménagements réalisés sur les cours d'eau notamment sur le gardon aval (seuils, protection de berge, creusement du chenal de crue, extraction de matériaux) affectent non seulement les habitats (modification de la typologie du cours d'eau par disparition des alternance mouilles radiers au profit de biefs lentiques noyés, disparition des frayères et modification de l'entomofaune et du peuplement piscicole) mais aussi les capacités auto-épuratrices et régulatrice du milieu (thermorégulation par l'ombrage et l'agitation, bonne oxygénation des eaux). Les milieux susceptibles d'accueillir des migrateurs sur le Gardon rhodanien sont réduits et très dégradés, en revanche la relative protection des gorges du Gardon (face aux aménagements de ces dernières années) offre un potentiel certain et non négligeable de zones très favorables à la plupart des migrateurs. Pour autant, ce potentiel dépend très directement de la ressource fourni par le Karst tant en qualité qu’en quantité, et des usages qui sont pratiqués à l'aval des résurgences. En Gardonnenque et dans le Piémont, les aménagements et la gestion passée (chenalisation, extractions massives, réalisation d'ouvrages, etc) ont profondément modifié les dynamiques naturelles et la qualité des milieux. L'assec naturel qui se produisait au niveau des pertes du Gardon a été aggravé et limite d'autant plus le contexte. Néanmoins, les conditions naturelles limitantes du passé n'empêchaient pas la migration et la reproduction de certaines espèces, et la présence d'un certain nombre de sites encore susceptibles d'accueillir des migrateurs (à différents stades) sur cet espace, ouvre des perspectives. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 99 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA La restauration des voies migratoires sur le Gardon demandera d'apporter des solutions à plusieurs niveaux. Le nouveau programme quinquennal du plan Migrateurs Rhône Méditerrannée est en cours d'élaboration et devrait enrichir la démarche d'une visée stratégique peut-être plus précise en terme d'objectifs. 3.5.3. L'ÉTAT DE SANTÉ DES GRANDS CONTEXTES PISCICOLES DU GARDON Parmi les espèces d’intérêt halieutique : • la truite fario est assez abondante en amont, bien que les débits faibles limitent son développement ; • l’anguille migratrice remonte très en amont en Lozère, elle est bien représentée mais les spécialistes s’inquiètent d’une forte régression des populations ; • les carnassiers : perches et brochets fréquents, sandres et black bass localisés. La biomasse de poissons blancs (cyprinidés) est souvent importante. La répartition de ces derniers progresse sur le haut du bassin versant au détriment d'espèces plus patrimoniales ou d'intérêt piscicole, à la faveur d'une dégradation des conditions de milieux. Il conviendra de conserver certaines précautions par rapport au décloisonnement des populations dans les zones de transition strictement salmonicoles à intermédiaire, pour limiter une pénétration des espèces cyprinicoles dans les domaines salmonicoles, car ce phénomène est difficilement réversible. Le Plan Départemental pour la Protection des milieux aquatiques et la gestion des ressources piscicoles du Gard élaboré récemment a définit 12 contextes piscicoles à l'échelle du bassin versant des Gardons. Ces contextes sont définis par la capacité d'une espèce cible (espèce à haute valeur patrimoniale et halieutique suffisamment représentative et sensible pour que ses exigences couvrent celles des autres espèces associées dans la typologie) à accomplir son cycle biologique dans un espace vital qui se caractérise par des zones d'abris de nutrition et de reproduction. 3.5.3.1. Les Cévennes Les Cévennes gardoises et lozériennes sont principalement caractérisées par des contextes salmonicoles qui sont dans l'ensemble conformes à perturbés localement. Le contexte salmonicole du Gardon de Saint Jean, du Gardon d'Alès en amont des barrages et du Galeizon est considéré comme perturbé avec des affluents comme la Salindrenque et le Boissesson qui présentent localement des situations plus conformes. Les principaux facteurs limitants en dehors des conditions du milieu naturel (caractérisé par une faible disponibilité d'habitats (grossissement), et des débits sporadiques), sont liés à des prélèvements excessifs (multiplicité des prises d'eau directes, des pompages qui finissent par grever fortement le débit). Les autres facteurs prépondérants sont liés à la compartimentation des milieux par les ouvrages infranchissables très nombreux et au braconnage facilité par la taille modeste des cours d'eau et leur étiage souvent sévère. Le problème de la qualité de l'eau intervient de façon moins limitante que les facteurs précédents et reste généralement localisé au niveau des rejets des stations d'épuration des principales agglomérations (Saint Michel de Dèze, Le collet de Dèze, Saint André de Valborgne, Saumane, l'Estréchure, Lasalle) voire des complexes économiques et touristiques (coopératives fromagères, campings). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 100 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le problème sensible, général à l'ensemble de ces régions, est celui d'un développement touristique qui nécessite une augmentation des prélèvements sur une ressource de nature très limitée et d'un accroissement des rejets synonyme de pollution des milieux récepteurs (très sensibles notamment par la faible dilution et malgré de bonnes capacités autoépuratrices). Les contextes conformes en Cévennes se situent essentiellement sur le Gardon de Mialet et la tête du bassin versant du Galeizon et du Gardon d'Alès. Les principales limites sont liées au braconnage (problème de police et de compétences sur les territoires lozériens des Cévennes), aux conditions de milieu (la qualité des habitats et leur nombre diminuant fortement à l'étiage) aggravées par les prélèvements et les rejets mais surtout par le cloisonnement des peuplements piscicoles. Le cas des barrages de Sainte Cécile d'Andorge et des Cambous est particulier. Le contexte cyprinicole des barrages s'inscrit à l'aval d'un contexte salmonicole à cyprinicole dégradé. Les principales perturbations sont liées à la qualité des habitats et des zones de reproductions, ensevelies ou colmatées par des limons fins piégés dans le barrage, et à la diminution de la qualité des eaux par des rejets domestiques. Mais la dégradation la plus importante est sans nul doute celle liée à la mauvaise gestion piscicole des vidanges des barrages. Le problème des seuils fusibles devra être abordé sur les territoires à vocation touristique, compte tenu de l'opposition entre les enjeux touristiques d'une part et les incidences écologiques qu'ils peuvent avoir sur les milieux aquatiques d'autre part. Il sera nécessaire de définir plus précisément au cas par cas les enjeux locaux concernés par les projets. La plupart étant réalisés sur des cours d'eau salmonicoles au contexte dégradé ou sensible (Galeizon, Salindrinque). 3.5.3.2. Le Piémont Cévenol Le Piémont Cévenol est caractérisé par des contextes piscicoles intermédiaires convenant à des cyprinidés d'eaux vives et correspondant à la zone à ombre (absent sur les Gardons) et des contextes cyprinicoles (zone à barbeau voire à brème). C'est l'espace de transition entre les contextes salmonicoles du haut du bassin et ceux plus strictement cyprinicoles des plaines alluviales. L'état de dégradation de chacun des contexte est assez singulier, il convient donc d'en faire une analyse séparée. Le Gardon d'Anduze est marqué par une zonation longitudinale caractérisée par un contexte intermédiaire dans la section amont (depuis Saint Jean du Gard jusqu’à Anduze), qui laisse place à un contexte plus cyprinicole à l'aval d'Anduze (favorisé par la présence d'un grand nombre d'ouvrages qui créent des biefs plus lentiques). Le contexte intermédiaire est marqué par un déficit en habitats caractérisé par le manque d'eau naturel et surtout les forts prélèvements, et enfin le braconnage. La zone cyprinicole est caractérisée par des facteurs limitants pour le brochet. Il s'agit en l'occurance de modifications des conditions de milieu les plus préjudiciables au peuplement, notamment sur le plan hydrologique et morphologique (faibles zones de frayères potentielles et d'habitats). L'origine de ces désagréments peut être attribuée à la chenalisation du lit, aux extractions massives de matériaux et à la réalisation d'ouvrages destinés à stabiliser le profil et maintenir les nappes. Les problèmes de pollutions sont aussi très sensibles dans ce contexte, d'autant plus qu'ils sont concomitants à des prélèvements substantiels (le pompage AEP du Syndicat de l'Avène entraîne une perte sèche puisque les eaux sont restituées sur le bassin versant du gardon d’Alès : transfert de bassin versant). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 101 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le contexte piscicole du Gardon d'Alès correspond à un espace intermédiaire mais il est très dégradé. Le facteur principal est la pollution des eaux (depuis les eaux peu oxygénées des barrages de Sainte Cécile et des Cambous, jusqu' aux apports en polluants chimiques et domestiques de l'Avène). On citera entre autres les exhaures de mines, les rejets industriels et les rejets domestiques insuffisamment traités, alors que les agglomérations de cet espace traitent plus de la moitié de la pollution totale du bassin versant. L'effet des pollutions est d'autant plus aggravé que le cours d'eau a été entièrement artificialisé (toutes ses fonctions notamment d'autoépuration ont été dégradées) et que les prélèvements sont particulièrement importants (AEP du syndicat de l'Avène). Les problèmes des seuils fusibles se posent essentiellement sur le Gardon d'Anduze en amont de Ribaute les Tavernes. Le préjudice s'inscrit d'avantage dans la fragilisation locale des habitats et la réduction notable et temporaire du débit lors de la mise en eau. 3.5.3.3. La Gardonnnenque La Gardonnenque est caractérisée par un contexte cyprinicole dégradé. La nature des dégradations est là aussi fortement liée à la destruction des habitats et frayères à brochets (affleurement généralisé du substratum), par les aménagements hydrauliques (chenalisation, extraction de matériaux et construction de seuils ). Mais les pertes naturelles du Gardon constituent aussi l'une des caractéristiques limitantes pour certaines espèces, notamment lorsqu'elles sont aggravées par des prélèvements importants (canal de Boucoiran, pompage en lit vif et dans la nappe alluviale) et des rejets agricoles diffus . 3.5.3.4. Les Gorges et l'Uzège Les Gorges du Gardon et l'Uzège présentent un milieu au contexte piscicole intermédiaire conforme. Les étiages importants et le braconnage constituent les principales causes de dégradation des peuplements (salmonicoles en particulier). Les affluents (Seynes, Alzon, Bourdic) sont particulièrement touchés d'autant plus que les prélèvements en lit vif et en nappe se sont fortement multipliés, ainsi que les rejets polluants domestiques et agricoles qui croissent sur cette zone déjà très peuplée et en voie de développement de par sa proximité avec Nîmes. 3.5.3.5. Le Gardon rhodanien Le Gardon rhodanien présente un contexte cyprinicole dégradé. Les principales dégradations sont liées là aussi aux aménagements passés du lit, qui engendrent un déficit en habitats et en frayères notamment à cause des nombreux ouvrages construits suite à la chenalisation du lit et des extractions en souilles profondes (présence de hauts fonds qui entraînent un enfoncement du lit et un élargissement de la section d'écoulement lié à l'instabilité des berges) . Ces ouvrages cloisonnent les populations et interdisent la migration vers l'amont. Les autres facteurs tels que les prélèvements et les rejets sont beaucoup moins pénalisants sur ce contexte que sur les autres (débit plus important et forte capacités autoépuratrices). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 102 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA PHASE 1 ETAT DES LIEUX Les Rencontres S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 103 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4. LES RENCONTRES Des multiples rencontres que nous avons réalisées avec les usagers et gestionnaires de l’eau sur le bassin versant il ressort plusieurs éléments : 4.1. CONCERNANT LA DYNAMIQUE FLUVIALE : Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de cinq ordres : 1. La Gestion des atterrissements et des dépôts, 2. L’érosion du lit et des berges, 3. Le maintien de la nappe, 4. Le maintien d’un chenal, 5. La gestion de la ripisylve. Le problème de la gestion des atterrissements est récurrent à l’ensemble des entités du bassin, exceptées les Gorges du Gardon où les enjeux humains et matériels sont moins vulnérables (faible anthropisation et risque réduit). Le problème des atterrissements est particulièrement sensible sur la moitié amont du bassin versant : les Cévennes, le Piémont et la Gardonnenque. C’est sur ces deux dernières entités que le problème devient localement très aigu notamment en raison des enjeux liés aux infrastructures sur le haut du bassin et aux enjeux humains dans la zone aval (commune de Cardet). Ponctuellement les atterrissements posent des problèmes sur le cours aval du bassin versant en raison des enjeux liés aux infrastructures (peu nombreuses et moins vulnérables sur cette entité). Les principaux interlocuteurs en la matière sont les syndicats, les communes et les riverains qui se sentent aujourd’hui privés de leur droit d’intervention du fait de la réglementation qui soumet à autorisation les travaux d’enlèvement de matériaux en rivière. Le problème de l’érosion des berges est signalé sur l’ensemble du cours des Gardons (en liaison avec la dynamique torrentielle du cours d’eau). Ce problème est plus ou moins préoccupant en fonction des enjeux : en Cévennes, localement on note des problèmes aigus liés au foncier et aux infrastructures (peu de terre), même si le problème n’est pas récent. Les enjeux les plus forts s’expriment au niveau du Piémont Cévenol et du Gardon Rhodanien où l’érosion est associée à un risque pour les populations, les infrastructures (urbaines : pont seuil, muret, chenal, etc..) et les activités agricoles. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 104 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les pertes de foncier (notamment agricole) sont considérées comme un enjeu majeur en Gardonnenque. Dans les Gorges la situation est considérée comme préoccupante mais sans enjeux majeurs. Les principaux interlocuteurs en ce qui concerne les problèmes d’érosion sont les syndicats, les communes et les riverains qui se sentent aujourd’hui dépourvus pour intervenir sur le cours d’eau, à cause de l’absence de rentrées financières. Le maintien de la nappe est un problème relativement localisé sur le plan géographique, principalement au niveau des anciennes zones d’extraction de granulats. Il est très sensible au niveau de la Gardonnenque, et l’est un peu moins sur le Gardon Rhôdanien. Les enjeux sont multiples mais essentiellement ressentis en terme de ressource en eau : l’Adduction d’Eau Potable et l’agriculture. En Cévennes, et dans les Gorges le maintien de la nappe n’apparaît pas comme un problème, en revanche certains soulignent que des signes précurseurs laissent penser que ce problème pourrait s’étendre à l’amont de la Gardonnenque au niveau du Piémont. Les principaux interlocuteurs sont les syndicats qui ont mis en œuvre un certain nombre d’aménagements par le passé, grâce aux taxes prélevées sur les carriers, et qui, en l’absence de ressources économiques, ne peuvent entretenir les ouvrages existants ou en construire de nouveau. Le chenal de crue : il a été réalisé suite aux crues de 1958, en réponse aux problèmes des inondations. Il est perçu aujourd’hui comme un problème de dynamique notamment dans le cadre de son maintien. Le problème est très sensible notamment en Gardonnenque, dans le Gardon Rhodanien et le Piémont (un peu moins), où l’enjeu associé est principalement lié à des risques pour les populations, les infrastructures et le foncier (agricole). En dehors de ces secteurs, le chenal est absent et aucun problème spécifique n’est signalé. Les principaux interlocuteurs sont les syndicats et les communes qui rencontrent les même problèmes pour maintenir le chenal que ceux rencontrés pour les interventions dans le lit du cours d’eau pour les atterrissements. La gestion de la ripisylve est une problématique propre aux espaces les moins anthropisés du bassin versant à savoir les Cévennes, les Gorges et l’Uzège. Les enjeux sont considérés comme majeurs en Cévennes où le tourisme et les infrastructures semblent être les seules voies de développement. Dans les Gorges et l’Uzège, les enjeux principaux sont la conservation des milieux naturels, le tourisme (mise en valeur des Gorges) et l’agriculture pour le sous bassin des Seynes et de l’Alzon. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 105 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA En Gardonnenque, on note aussi un certaine préoccupation pour la gestion de la ripisylve mais dans le cadre d’enjeux plus modestes notamment en liaison avec le tourisme et l’agriculture. Les principaux interlocuteurs qui interviennent pour l’entretien et la gestion de la ripisylve sont les syndicats, les communes et les riverains qui rencontrent deux types de difficultés : le financement des travaux à réaliser et le choix de la nature des opérations : débroussaillement, abattage : ne rien couper / coupe à blanc / sélection. Ils sont globalement très demandeurs en conseil pour ce genre de travaux. En conclusion : La Gardonnenque est l’entité qui présente la plus grande accumulation de problèmes liés à la dynamique fluviale, suivi du Gardon Rhodanien, du Piémont, des Cévennes et enfin des Gorges où ces problèmes sont d’avantage anecdotiques. Les principaux enjeux évoqués dans le cadre de la dynamique fluviale sont par ordre décroissant d’importance sur l’ensemble du bassin versant ceux relatifs à la protection des populations, des infrastructures, du foncier, du tourisme et des milieux naturels. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 106 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.2. CONCERNANT LES INONDATIONS : Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de six ordres : 1. Les débordements 2. L’entretien et la gestion de la ripisylve 3. Le ruissellement pluvial 4. Les alertes de crues 5. La gestion des phénomènes d’érosion et d’atterrissement 6. La réglementation Le problème des débordements est généralisé sur l’ensemble du bassin versant. Il est particulièrement sensible et préoccupant notamment en raison de l’enjeu principal que sont les populations (à l’exception des Cévennes où l’enjeu majeur est d’abord celui des infrastructures). En dehors de l’enjeu majeur des populations, les infrastructures font partie des enjeux les plus récurrents, excepté dans les Gorges et l’Uzège. L’agriculture est aussi très sensible au débordement notamment dans la Gardonnenque, les Gorges et l’Uzège, et le Gardon Rhodanien. La vulnérabilité au risque inondation est perçue et gérée de diverses façons plus ou moins actives, ou passives selon les communes et les entités concernées. Certaines personnes disent qu’être en zone inondable n’est pas un problème. Il suffit d’informer et de prévoir (vides sanitaires). D’autres personnes en revanche, disent qu’on ne peut admettre ce risque et qu’il faut aménager en conséquence (surtout en zones urbaines). Les principaux interlocuteurs sont les administrations, les collectivités territoriales, les communes, les syndicats, les Campings et les Agriculteurs. De la même façon, l’entretien et la gestion de la ripisylve sont vécus comme des problèmes majeurs sur l’ensemble du territoire des Gardons excepté en Gardonnenque où la ripisylve est fortement dégradée. Si le problème est considéré comme très important, les enjeux auxquels les interlocuteurs font référence sont très variés selon les entités. L’enjeu principal est celui lié aux populations, aux infrastructures, au foncier notamment agricole. En Cévennes, l’enjeu principal est celui des infrastructures, en liaison avec les risques d’obstruction du cours d’eau par de la végétation et la formation d’embâcles. Ces éléments se retrouvent aussi dans l’enjeu touristique associé à l’accessibilité du cours d’eau et au risque de perte de foncier par érosion. Dans le Piémont Cévenol, l’enjeu principal est celui des populations, avec le risque d’entravement des écoulements (végétation excessive sur les atterrissements), puis celui des infrastructures et enfin,celui du tourisme en liaison avec la formation d’embâcles au droit des ouvrages, l’obstruction d’ouvrage par des végétaux, la dégradation de la ripisylve par le transport solide (arbres couchés, tas de bois morts, grosses souches). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 107 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA En Gardonnenque, les enjeux restent liés aux populations pour les mêmes raisons que précédemment, et à l’aspect foncier vis à vis des activités agricoles. Dans les Gorges et l’Uzège, l’enjeu au niveau des Seynes et de l’Alzon est à la fois foncier, agricole et touristique, alors qu’il est principalement touristique et écologique dans les Gorges (entretien sélectif). Il s’agit des mêmes interlocuteurs que ceux cités précédemment, et qui rencontrent des difficultés autant dans le choix de l’importance des travaux à réaliser que ce soit en matière de restauration ou d’entretien, que dans le financement de ces derniers. Le ruissellement pluvial est un problème sensible dans la moitié amont du bassin versant, principalement dans les zones urbaines du Piémont, où les enjeux vis à vis des populations (submersion de zones résidentielles) et des infrastructures (destruction de petits ouvrages et de structures en zones urbaines, submersion de résidences et d’usines) sont très importants (le Grand Alès (St Christol, Alès, St Privat, St Hilaire, etc...), Anduze). En Cévennes, le problème du ruissellement pluvial est assez sensible en raison des enjeux d’abord liés aux infrastructures (voiries, petits ouvrages hydrauliques indispensables pour pouvoir communiquer avec l’extérieur) puis aux populations (moins sensibles du fait de l’implantation des village Cévenols). Les Gorges et l’Uzège sont aussi assez sensibles à ce problème du fait que la zone des garrigues avec ses oueds à sec une partie de l’année débitent fortement lors d’épisodes pluvieux, et que cette zone s’urbanise fortement ces dernières années (imperméabilisation, modification des écoulements, etc...). Ce problème devient préoccupant en Gardonnenque en raison de la croissance des zones urbaines et des modifications de pratique culturale en agriculture notamment avec des enjeux humains et des enjeux liés aux infrastructures. Dans le Gardon Rhodanien, aucun problème généralisé lié au pluvial n’est observé. En matière de ruissellement pluvial, les principaux interlocuteurs sont les administrations, les collectivités territoriales, les communes et les riverains (sachant que le principal acteur reste la commune). Certains signalent des problèmes d’urbanisation anarchique et galopante qui conduisent à imperméabiliser des surface importantes et à réduire les ruisseaux existants (zones urbaines - problème des POS). Le système d’alerte de crue mis en place par la DDE est très controversé avec des avis partagés à l’échelle du bassin versant mais aussi des unités hydrogéomorphologiques. D’aucun le considère comme fonctionnel et opérationnel, d’autres comme non opérationnel et obsolète. Les problèmes les plus aigus sont ressentis en Gardonnenque, puis dans les Gorges et enfin sur le Gardon Rhodanien. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 108 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Globalement les principaux problèmes se situent sur le secteur aval des Gardons, même si la situation est ponctuellement préoccupante en Cévennes et sur le Piémont Cévenol. Concernant les enjeux, il y a unanimité sur le fait que la population est l’enjeu majeur, avec localement des enjeux forts liés au tourisme au niveau du Piémont Cévenol, des Gorges et de l’Uzège et dans une moindre mesure des Cévennes. Les principaux interlocuteurs sont ceux précédemment cités. Les problèmes d’érosion et d’atterrissement s’ils sont considérés dans la dynamique fluviale, prennent aussi une place importante dans les problématiques d’inondation notamment dans le Piémont Cévenol où le phénomène est très préoccupant. De façon beaucoup moins sensible il est signalé dans les Cévennes et dans la Gardonnenque. En liaison avec les inondations, ce problème est circonscrit à la partie amont du bassin versant. Les enjeux évoqués sont similaires, de façon décroissante ils portent sur le foncier (sur les trois unités amont), sur les populations localement, sur les infrastructures sur toutes les unités mais avec une importance plus forte en Cévennes et en Gardonnenque, et sur tourisme sur les hauts Cantons. Les interlocuteurs sont très nombreux, du simple riverain au syndicat en passant par la commune, les collectivités territoriales et les administrations. La réglementation présente un aspect très controversé selon les unités et à l’intérieur des unités car elle est à la fois considérée comme un problème de développement pour certains (les PPR dans les Bas Gardon, en Cévennes), ou comme un outil pour limiter les problèmes d’urbanisation en zone inondable, pour d’autres (Piémont Cévenol, Gorges et Uzège). Les PPR sont contestés et considérés comme un obstacle au développement notamment au niveau des Gardons Rhodaniens (des villes complètement implantées en zone inondable ne peuvent se développer, alors que l’inondation est quelquechose de maîtrisé pour les habitants : alerte, vide sanitaire, barques). En Cévennes, la contestation existe en liaison avec des enjeux respectivement d’urbanisme et de tourisme. La réglementation relative à l’intervention sur les cours d’eau est interprétée par les élus comme une interdiction qui les prive de leur capacité à agir sur les problèmes du type atterrissements, curages, restaurations forestières etc.. Cette situation est vécue comme un retour en arrière dans la mesure où un arrêté préfectoral instituait le maintien du chenal de crue établi après 1958. Les interlocuteurs en la matière sont peu nombreux puisqu’il n’y a que les administrations et les communes. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 109 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Conclusion : En matière d’inondation, l’ensemble des unités présente des problèmes sensibles, en particulier en ce qui concerne les débordements et l’entretien de la ripisylve. Concernant le pluvial, c’est le Piémont Cévenol, les Cévennes et les Gorges et l’Uzège qui sont plus particulièrement affectés. En matière d’alerte de crue, c’est la Gardonnenque et la basse vallée qui sont affectées. Certains problèmes moins sensibles globalement s’expriment localement de façon sensible, comme les problèmes d’érosion au niveau du Piémont, et ceux de la réglementation au niveau des bas Gardons. Les unités les plus sensibles globalement se trouvent au niveau des zones urbaines vulnérables : Piémont Cévenol, Gardons Rhodaniens. L’enjeu majeur général est la population, mais les infrastructures sont aussi considérées comme très vulnérables notamment sur le haut du bassin versant : les Cévennes, le Piémont et la Gardonnenque. Le foncier, le tourisme, l’agriculture constituent localement des problèmes assez sensibles. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 110 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.3. CONCERNANT LA RESSOURCE EN EAU : Les principaux problèmes évoqués par les personnes rencontrées sont de sept ordres : 1. Mise en conformité des captages 2. Qualité des eaux 3. Sécurisation de la ressource 4. Mise à niveau des STEP 5. Disponibilité des eaux 6. Rabattement de nappe 7. Gestion de la ressource La mise en conformité des captages est un problème qui a été évoqué de façon particulièrement sensible dans les Cévennes. En fait, il retranscrit deux enjeux d’ordre économique : le problème de financement : les collectivités ou les exploitants agricoles ont du mal à assurer le financement de la mise en conformité qui implique des études hydrogéologiques, des analyses, et de l’aménagement de la prise d’eau (jusqu’ici en gravitaire), le problème du foncier, qui se pose dès lors que l’on veut acquérir des propriétés pour protéger le captage (pas d’argent et difficultés pour accord avec le propriétaire ) ou que la définition du périmètre engendre des servitudes aux usagers actuels. Ainsi, de nombreuses activités artisanales précaires permettant de faire vivre chichement des bergers, éleveurs, et agriculteurs, il est difficile d’imposer des contraintes drastiques à ces gens là sous prétexte de l’application des lois. Les élus soulignent le manque d’adaptabilité des lois pour des régions défavorisées de montagne (Au plantier la mise en conformité des captages et la sécurisation partielle de la ressource représentent un coût de 140 KF par compteur). C’est leur problème principal. Les interlocuteurs en la matière sont les particuliers, les communes, les syndicats, les administrations, les collectivités territoriales. Le problème de la qualité des eaux, qu’il s’agisse de l’eau des rivières ou de l’eau potable, a été souligné de façon très nette par l’ensemble des acteurs rencontrés (Piémont Cévenol, Gardonneque, Gorges et Uzège, Gardon Rhodanien) à l’exception des hauts Cantons où l’on note malgré tout localement quelques problèmes (vallée longue, aval des zones urbaines concentrées). Les enjeux évoqués par les personnes rencontrées pour souligner les problèmes de qualité sont principalement le tourisme et le cadre de vie, de façon ponctuelle il s’agit parfois de la qualité de l’AEP. Tourisme et cadre de vie ramènent pour eux aussi à des enjeux de préservation des milieux naturels. Le problème de la qualité des eaux est général à partir du Piémont, et revient comme un des problèmes majeurs en matière de ressource. Les interlocuteurs sont peu nombreux : les administrations et les collectivités locales. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 111 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Le problème de la sécurisation de la ressource est plus complexe. Les secteurs géographiques les plus sensibles à ce problème sont les Hauts Cantons, et la Gardonnenque. Ponctuellement, des problèmes aigus se posent localement dans l’Uzège, de moindre manière au niveau du Piémont Cévenol et sur le Gardon Rhodanien. Les enjeux majeurs sont l’AEP des populations sur l’ensemble du bassin versant. En Cévennes, cet enjeu vient en second rang après l’économie. Le problème de la sécurisation de la ressource s’inscrit aussi comme un enjeu pour le tourisme sur l’ensemble des unités à l’exception de la Gardonnenque où c’est l’enjeu agricole qui prime. En ce qui concerne la ressource, sa sécurisation n’arrive qu’en deuxième position après les problèmes de qualité, ou de disponibilité. Les interlocuteurs sont de 3 types : les collectivités locales et leurs groupements, les administrations et les collectivités territoriales. Le problème de la mise à niveau des stations d’épuration repose, tout comme la mise en conformité des captages, sur des problèmes économiques et fonciers (avec toutes les déclinaisons précédemment évoquées). La mise à niveau des STEP pose des problèmes particulièrement sensibles en Cévennes et sur le Gardon Rhodanien, mais s’exprime de moindre manière au niveau du Piémont, des Gorges, et de l’Uzège et n’est pas signalée comme une problématique significative de la ressource en Gardonnenque. Les principaux enjeux sont le cadre de vie et le tourisme sauf en Cévennes où l’économie prend un rôle majeur derrière les milieux naturels et le tourisme. Ce sont les mêmes interlocuteurs que ceux cités précédemment qui interviennent. Le problème de la disponibilité des eaux rejoint celui de la sécurisation de la ressource notamment sur un plan quantitatif à l’étiage, qu’il s’agisse de l’AEP, de l’agriculture, ou de l’industrie. Ce problème n’est pas général, il s’exprime de façon sévère sur les trois entités centrales que sont le Piémont Cévenol, la Gardonnenque, et les Gorges et l’Uzège (surtout l’Uzège). Ailleurs, le problème de la disponibilité des eaux n’est pas considéré comme primordial en matière de ressource en eau. Les enjeux sont principalement ceux de l’AEP des populations et du tourisme et dans un second temps ceux de l’agriculture et du cadre de vie. Les interlocuteurs sont de 3 types : les collectivités locales et leurs groupements, les administrations et les collectivités territoriales. Le problème des rabattements des nappes s’exprime de façon aiguë dans les secteurs géographiques qui ont été caractérisés par l’extraction massive de granulats et notamment le Piémont Cévenol, la Gardonnenque, et le Gardon Rhodanien. En Cévennes ou dans les Gorges, le phénomène ne pose pas de problèmes aigus d’ensemble (peut-être parce que les nappes alluviales particulièrement vulnérables y sont quasiment absentes). Le rabattement de nappe se décline sous la forme de problèmes quantitatifs liés au manque de ressources AEP, agricole, et industrielle, et de problèmes économiques liés à la gestion des aménagements passée (plus d’argent dans les caisses des syndicats pour pérenniser les ouvrages existants (seuils, épis, protection de berge, etc.)). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 112 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les enjeux sont évidemment ceux de l’AEP pour les populations et l’agriculture ou le tourisme selon l’entité considérée. Les interlocuteurs sont réduits aux syndicats, collectivités territoriales administrations compte tenu des coûts des interventions en la matière. et La gestion de la ressource apparaît comme un problème préoccupant mais non majeur à l’échelle du bassin versant. A l’échelle locale, un certain nombre de problèmes sont soulignés, notamment : problèmes de gestion des barrages (engravement des barrages, qualité des eaux, interception du transport solide notamment pour la vallée longue); problèmes de gestion des pratiques agricoles notamment pour l’irrigation (canons à eau sur les vignes qui soulignent le gaspillage, inadaptation de certaines cultures au climat), en Cévennes, en Gardonnenque et dans l’Uzège; problèmes de gestion des pratiques urbaines pour l’arrosage des espaces verts (inadaptation des végétaux employés et gaspillage), notamment au niveau du Piémont, des Gorges et de l’Uzège; problèmes des droits d’eau et des prélèvements (canaux, prises d’eau, ASA5, forages), notamment en Cévennes, au niveau du Piémont, en Gardonnenque, dans les Gorges et l’Uzège. Les personnes rencontrées dans les Gorges, l’Uzège et le Gardon Rhodanien n’ont que très peu souligné ces problèmes de gestion de la ressource, qui sont d’avantage pris en compte en Cévennes, en Piémont et en Gardonnenque. Les enjeux principaux sont ceux liés aux populations et au tourisme, l’agriculture et le cadre de vie viennent dans un second temps. Les interlocuteurs sont nombreux, du simple usager au syndicat en passant par les communes, les administrations et le département. Conclusion : en matière de gestion de la ressource, l’ensemble des préoccupations qualifiant plus ou moins directement la sécurité de la ressource, souligne une crainte fondée souvent sur des faits, mais reposant sur une méconnaissance de l’état réel et fonctionnel de celle-ci. Ces inquiétudes sont particulièrement fortes en Cévennes, et à juste titre. Elles font souvent référence à des projets de développement économique et d’aménagement du territoire. 5 Association Syndicale Autorisée S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 113 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.4. ANALYSE GÉOGRAPHIQUE PAR ENTITÉ Des multiples rencontres que nous avons réalisées avec les usagers et gestionnaires de l’eau sur le bassin versant il ressort plusieurs éléments : 4.4.1. EN CÉVENNES : Nature des problèmes Sensibilité Enjeux Mise en conformité des captages (AEP) XXX Economie Tourisme Sécurisation de la ressource (AEP, AGR, IND) XXX Economie Population Tourisme Entretien et Gestion de la ripisylve XXX Infrastructures Tourisme Foncier Gestion des atterrissements XX Infrastructures Ruissellement pluvial XX Infrastructures Population XXX Economie MN X Tourisme Population XX Infrastructures Population X Tourisme MN XX Foncier Infrastructures Réglementation X Tourisme Alerte de crue X Population Mise à niveau des STEP Qualité des eaux Débordements Gestion de la ressource Erosion Les acteurs rencontrés en Cévennes sont globalement préoccupés par deux grandes natures de problèmes afférents à la ressource en eau (qualité et quantité) et aux inondations (6 formulations différentes abordent peu ou prou ce problème). 1 Les problèmes de ressource en eau se déclinent par la mise en conformité des captages, la sécurisation de la ressource, la mise à niveau des stations d’épuration, et la réglementation. Ces problèmes sont en réalité fortement convergents, avec une réglementation qui vient non pas s’inscrire comme un outil de soutien et de mise à niveau, mais comme une contrainte au sens où, en arrière plan, son application stricte pose des difficultés d’ordre financier : ♦ Problème de paiement des études préalables pour la protection des captages, pour l’acquisition foncière des terrains nécessaires au périmètre de sécurité, problème de l’incidence économique, pour les activités locales, du gel éventuel de ces espaces rapprochés parfois de grande surface (incidences pour les bergers, les agriculteurs), S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 114 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA ♦ Problème de mise en conformité des installations de captage, que ce soit du point de vue sanitaire ou pour la sécurisation de la distribution (manque d’argent ou difficulté d’accès pour construire des bassins, des seuils ou des forages complémentaires, pour mettre en œuvre les systèmes de télésurveillance sur les réservoirs) (par exemple, les investissement réalisés par la mairie des plantiers en matière d’AEP ont été estimés à 140 KF par compteur) ♦ Problème de mise à niveau des installations de captage (chloration, filtration, etc..) pour des raisons de coût des systèmes (accès pour les installer, maintenance), des réseaux de distribution notamment au regard des difficultés topographiques et du coût des études de diagnostic de réseaux (réseau mal connu, complètement obsolète, en gravitaire dans des zones difficiles d’accès, avec des rendements médiocres, pas ou peu d’interconnection) ♦ Problème de coût des études nécessaires à la mise en œuvre ou à la réfection des STEP même si des aides existent, problème d’autant plus aigu que l’efficacité des process de traitement évolue si rapidement que les STEP deviennent très vite obsolètes. Le point le plus pénalisant en Cévennes concerne l’assainissement : avec le mitage de l’habitat en tous petits hameaux et la topographie défavorable, il est difficile de trouver des terrains horizontaux pour l’épandage et l’infiltration pour des petits systèmes de traitement autonomes collectifs qui sont moins polluants et coûteux à entretenir que des petites stations d’épuration (souvent infonctionnelles en période critique) sans grever les activités agricoles et fourragères des espaces les plus favorables (terrasses horizontales peu nombreuses). L’aspect économie de la ressource est aussi souligné à travers la difficulté à gérer réglementairement les droits d’eau abusifs (gaspillages) qui tarissent parfois complètement des sources et des ruisseaux. 2 En Cévennes, les inondations se déclinent par rapport à des enjeux liés au infrastructures, au tourisme et donc à l’économie et enfin au foncier. Le problèmes des crues, principalement lié à la dynamique torrentielle des Gardons s’exprime de deux façons : ♦ d’une part, par les risques de destruction des infrastructures et d’isolement des vallées qui sont décrits par : - des problèmes d’entretien et de gestion de la ripisylve (éviter la formation des embâcles de végétaux qui peuvent faire des dégâts en formant des barrages au niveau des ouvrages, limiter par un entretien, dont il faut préciser l’importance et la nature, l’obstruction des écoulements par une végétation excessive), - des problèmes de gestion des atterrissements (essentiellement au niveau des ouvrages hydrauliques, les pont et les seuils). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 115 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Ces phénomènes sont perçus d’autant plus négativement qu’ils peuvent nuire à la ressource économique indispensable qu’est le tourisme : difficultés pour accéder au cours d’eau par excès de végétation, comblement des points de baignade au niveau des seuils qui ne sont plus curés; ♦ d’autre part, par l’érosion des sols qui est considérée comme un phénomène directement lié aux inondations et par le ruissellement pluvial considéré ici comme un problème très important dans la mesure où il engendre des dégâts conséquents sur les voiries : routes coupées, chaussées emportées ou dégradées, et donc un isolement des villages et vallées, en plus de son coût économique. Compte tenu de la rareté des terres arables horizontales, notamment du fait de l’abandon progressif des terrasses, les terres du bord des cours d’eau sont les seules à offrir tout à la fois facilité d’exploitation (même si la surface est réduite), fertilité (liée aux limons amenés par la rivière) et l’eau nécessaire. A ce titre, les problèmes d’érosion des sols sont localement perçus comme très problématiques. Contrairement aux problèmes d’érosion, qui sont assez ponctuels (ils se produisent dans des conditions où la plaine alluviale existe, où elle est vulnérable, et où il existe encore des activités susceptibles de représenter un enjeu); le ruissellement pluvial se rapproche de la problématique économique générale des Cévennes, à savoir le manque de moyens financiers pour entretenir les voiries. Dans les deux cas, les enjeux principaux sont les infrastructures (ouvrages, voiries), puis le foncier et rarement les populations. 3 Les inondations posent des problèmes plus directs de débordement, qui sont considérés avec beaucoup d’attention notamment lorsqu’ils concernent des zones d’enjeux plus ou moins forts pour les infrastructures et plus rarement pour les populations, autour des rares communautés urbaines importantes qui se sont développées en Cévennes (Saint Jean du Gard, Saint Etienne vallée Française, etc..). Le système d’alerte est vécu de façon très disparate avec localement une véritable satisfaction, alors que non loin, certains le vivent comme un système obsolète, inefficace, voire dangereux (alerte après la crue, ou chaque fois qu’il pleut, histoire de celui qui crie au loup et que l’on finit par ne plus croire). 4 La qualité des eaux apparaît comme un soucis important en Cévennes, avec des enjeux liés au tourisme donc à l’économie, et au cadre de vie des populations locales (les élus veulent offrir aux citoyens les mêmes garanties de qualité des eaux et de sécurité de la ressource, en tenant compte aussi de la réglementation, bien que le contexte ne soit pas évident). La bonne qualité est aussi perçue comme un garant de la préservation des milieux naturels et du paysage, qui sont considérés comme les atouts du développement économique touristique estival. La qualité des eaux fait donc référence tout à la fois à la qualité des eaux de baignade et de l’AEP, avec une vision de préservation du niveau de qualité en référence aux problématiques vécues à l’aval, et perçues comme un frein possible au développement touristique et économique modéré attendu. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 116 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 5 Enfin, la gestion de la ressource apparaît comme un problème dans le développement, notamment par rapport aux nouvelles attentes et exigences des habitants et des touristes, avec des problèmes localement très spécifiques au niveau des barrages sur la vallée longue, et en référence ailleurs au fait que la ressource a des limites (notamment quantitatives) et qu’une économie de l’eau générale et partagée est nécessaire (diagnostic de réseau pour éviter le gaspillage) dans la mesure où elle ne remet pas en cause des activités existantes importantes. La résolution des problèmes réglementaires des droits d’eau, qui peuvent grever la ressource collective et engendrer une dégradation des milieux naturels et du cadre de vie qui sont les éléments aujourd’hui considérés comme moteur dans le développement des collectivités locales (tourisme), est aussi primordiale. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 117 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.4.2. LE PIÉMONT : Nature des problèmes Sensibilité Enjeux Débordement XXX Population Infrastructure Errosion et atterrissements XXX Population Infrastructure Foncier Maintien d'un chenal XX Population Infrastructure Foncier Ruissellement pluvial XXX Population Infrastructure Tourisme Rabattement de nappe XXX Population Tourisme Disponibilité des eaux XXX Population Tourisme Entretien et Gestion de la ripisylve XXX Population Infrastructure Tourisme Qualité des eaux XXX Tourisme Milieux Naturels Population Alerte de crue X Population Tourisme Mise à niveau des STEP X Cadre de Vie Tourisme Gestion de la ressource X Tourisme Economie Les acteurs rencontrés au niveau du Piémont sont globalement préoccupés par trois grands problèmes : les inondations, qui est le problème majeur récurrent (6 formulations abordent ce sujet avec des nuances liées au croisement du sujet avec celui de la dynamique fluviale), la dynamique fluviale qui est au second plan avec la ressource, en termes de quantité et de qualité. 1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, l’un des problèmes considérés comme majeurs avec en premier lieu le débordement des cours d’eau, puis les inondations par le pluvial (ruissellement pluvial : problème d’urbanisation, d’imperméabilisation). Le problème du maintien du chenal et de l’entretien et de la gestion de la ripisylve ne fait que confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans le sens où il s’agit de solutions ou de réponses au problème des inondations. Nos interlocuteurs s’interrogent fortement sur ces solutions (attente de conseils pour certains en ce qui concerne la gestion de la ripisylve notamment, manque de moyens économiques pour d’autres notamment depuis que les syndicats ne sont plus financés par les extraction de granulats, attente d’autorisation pour intervenir sur des problèmes considérés comme critiques (enlèvement d’attérrissement), problèmes réglementaires pour d’autres : on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout est gelé par les services instructeurs) mais tous s’efforcent à dire leur volonté d’intervenir pour garantir ce qui est de leur mission première la sécurité des habitants. Qu’il s’agisse d’actions (les problèmes de gestion des atterrissements ne viennent que renforcer l’attente de solutions au problème des inondations), ou de conseils dans le mode de gestion, les enjeux et les attentes sont très forts dans cette unité avec comme le montre le tableau une très large priorité pour les populations (protection des personnes et des biens), suivi des infrastructures (routières, ouvrages hydrauliques, zones d’activités, etc) et enfin du foncier. Leur préoccupation est d’autant plus forte que c’est la zone la plus densément peuplée du bassin versant. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 118 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Compte tenu des aménagements mis en œuvre pour se protéger des crues dans ce secteur, le problème des alertes de crue n’est pas considéré comme majeur. En revanche, localement, le système d’alerte semble ne pas être adapté notamment au double enjeu population d’une part (mise en place d’un réseau de téléphone arabe entre les mairies qui se renseignent et se préviennent les unes les autres) et tourisme d’autre part (l’une des problématiques localement sensibles au niveau des alertes de crues et de la réglementation, dans le Piémont à la vocation touristique forte, est de garantir la sécurité des personnes notamment les étrangers qui ne connaissent pas la dynamique torrentielle des Gardons) 2 La gestion de la dynamique fluviale est un enjeu très fort sur ce territoire dans la mesure où elle rejoint le problème des inondations (par les modes de gestion qui sont entrepris dans cette lutte contre les inondations), qui repose sur des problèmes de maintien du chenal, d’érosion et d’atterrissement, et le problème de la ressource avec les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité des eaux. Les enjeux associés au chenal et aux problèmes de gestion des atterrissements et des érosions sont d’abord et avant tout la sécurité des personnes et des biens (garantir la sécurité en cas de crues), les infrastructures (ouvrages : pont, protection de berge, seuils) et enfin le foncier notamment dans les secteurs agricoles où la préoccupation est importante. Les enjeux qui sont derrière les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité des eaux sont beaucoup plus proches en réalité de la ressource. La plupart des interlocuteurs font un constat commun sur l’origine de ces abaissements de nappe : ils sont en liaison avec les extractions de matériaux qui se sont produites sur ces secteurs. 3 La ressource en eau est déclinée par les élus à travers des problèmes de rabattement de nappe, de disponibilité des eaux et de gestion de la ressource. Ces problèmes sont très sensibles dans le Piémont. Ils font référence à des enjeux là aussi majeurs : l’AEP des populations, le tourisme, notamment l’aspect baignade, et l’économie. Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressources économiques pour pérenniser un certain nombre d’aménagements, voire en développer de nouveaux, mais aussi à travers des contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils limitatifs du champ d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce problème quantitatif n’est pas général à l’ensemble de l’unité mais plutôt localisé, notamment sur le Gardon d’Alès où il génère des problèmes qualitatifs secondaires très sensibles localement. 4 Les problèmes de qualité des eaux (AEP, baignade, milieu naturel et cadre de vie), qui font aussi référence au problème de mise à niveau des stations d’épuration (rendement piètre, volumes rejetés importants et difficiles à diluer...), sont très aigus sur l’ensemble de l’unité mais ils se déclinent par des enjeux très singuliers entre : ♦ le Gardon d’Alès, pour lequel le problème est général et de fond, par la multiplicité et la concentration des activités polluantes de rejets ou de prélèvements (activités urbaines (STEP), industrielles (mines, chimie) agroalimentaires et agricoles, induites (barrages)), par la faiblesse du débit en période estivale (trés sensible) et par l’importance des prélèvements (AEP, IND, AGRI). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 119 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les enjeux sont principalement liés au cadre de vie, au maintien de la qualité de l’AEP des populations et du milieu naturel (requalification de la rivière qui est perçue comme très dégradée) voire localement au tourisme et donc à l’économie. Préoccupation générale mais avec un problème apprécié de façon plus ou moins importante en fonction des personnes. ♦ le Gardon d’Anduze, pour lequel le problème est autant celui des rejets que des prélèvements, mais où le débit garantit une meilleure qualité de la ressource. Les foyers de pollution sont en voie de résorption compte tenu des enjeux touristiques très forts qui n’existent pas sur le Gardon d’Alès. Par contre, le manque d’eau et l’abaissement des nappes avec l’enlèvement des granulats soulignent le problème. Les enjeux principaux sont directement liés au tourisme via l’économie du territoire (volonté de maintenir la qualité, de préserver la ressource). Il s’agit d’une préoccupation globale fondamentale mais la situation n’est pas considérée comme critique. 4.4.3. LA GARDONNENQUE : Nature des Problèmes Sensibilité Enjeux Débordements XXX Population Infrastructures Agriculture Maintien d'un chenal XXX Population Agriculture Infrastructure Erosion et atterrissements XXX Population Infrastructures Foncier Maintien de la nappe XXX Population Agriculture Sécurisation de la ressource (AEP, AGR, IND) XXX Population Agriculture Alerte de crue XXX Population Qualité des eaux XXX Cadre de Vie Tourisme Disponibilité des eaux XXX Population Agriculture Gestion de la ressource XX Population Agriculture Entretien et Gestion de la ripisylve XX Population Foncier XXX Population Ruissellement pluvial MN Cadre de Vie Le Tableau ci-dessus recadre parfaitement le contexte et les problèmes perçus par les interlocuteurs à savoir que la Gardonnenque souffre d’un nombre de problèmes très important et que tous s’expriment de façon très aiguë et exacerbée dans cette unité (sans doute en raison du contexte naturel vulnérable et des activités d’extraction de granulat réalisées de façon massive, voire des aménagements postérieurs qui ont été réalisés). Les enjeux sont aussi très similaires en matière de sécurité pour les populations que ce soit vis à vis des crues que du manque d’eau, en matière d’infrastructure et d’agriculture. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 120 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les problèmes qui sont évoqués font d’abord référence aux problèmes des inondations (6 formulations), puis à ceux de la dynamique fluviale, en liaison avec la ressource en eau, du point de vue principalement quantitatif (4 formulations) et secondairement qualitatif (une formulation). 1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, un problème majeur avec en premier lieu le problème des débordements des cours d’eau, des affluents, puis le problème du dispositif d’alerte de crue, et enfin, de façon moins générale sur l’unité, le problème des inondations par le pluvial (ruissellement pluvial : problème d’urbanisation, d’imperméabilisation). Le problème très fort du maintien du chenal et, dans une moindre mesure, de l’entretien et de la gestion de la ripisylve ne fait que confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans le sens où il s’agit de solutions ou de réponses aux problèmes des inondations. Nos interlocuteurs soulignent : ♦ le manque de moyens économiques pour intervenir sur le cours d’eau (pérenniser les aménagements réalisés, poursuivre un certain nombre d’entre eux) depuis que les syndicats ne sont plus financés par les extractions de granulats, ♦ le manque de prise en compte des risques considérés comme majeurs (par les administrations), et ♦ les problèmes réglementaires: on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout est gelé par les services instructeurs. Les enjeux considérés (comme dans le Piémont) comme cruciaux pour le territoire, sont d’abord la protection des populations, ensuite les infrastructures et le foncier agricole qui conserve, malgré le retrait de l’agriculture sur le territoire, une place essentielle dans l’économie et le paysage local. 2 Le problème des crues, principalement lié à la dynamique torrentielle des Gardons s’exprime aussi en terme de dynamique fluviale de façon très aiguë, avec la volonté de maintien du chenal, et les problèmes d’érosion et d’atterrissement. En matière de dynamique deux problèmes sont soulignés : ♦ la gestion des atterrissements dans le chenal de crue (qui participent à la divagation des écoulements, à l’érosion des berges) et du chenal lui même (qui est perçu comme un danger pour les populations du fait qu’il n’y a plus d’interventions à cause du manque de moyens économiques et de la réglementation). Les enjeux évoqués sont aussi ceux inhérents aux risques pour les infrastructures et le foncier notamment agricole dans le secteur. ♦ l’érosion des sols qui est considérée comme un phénomène directement lié aux inondations, et qui est important au regard des enjeux des infrastructures et du foncier agricole (qui est considéré comme un élément fort parmi les enjeux). Les enjeux qui sont derrière les problèmes de rabattement de nappe et de disponibilité des eaux sont beaucoup plus proches en réalité de la ressource. Les enjeux sont la ressource en AEP pour la population, l’eau pour l’agriculture. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 121 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 3 La ressource en eau, problème très important en Gardonnenque, se décline donc à travers des problèmes de rabattement de nappe, de sécurisation de la ressource, de disponibilité des eaux, et de gestion de la ressource (parfois exprimés en terme de cadre de vie et de milieux naturels dégradés qu’il faudrait restaurer). Ces problèmes sont très sensibles et font référence à des enjeux majeurs : l’AEP des populations et l’agriculture. Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressources économiques pour pérenniser un certain nombre d’aménagements, voire en développer de nouveaux (plus d’argent pour les syndicats depuis l’arrêt des gravières), mais aussi à travers des contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils limitatifs du champ d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce problème quantitatif est général à l’ensemble de l’unité et très sensible à l’étiage lorsque le Gardon disparaît à Boucoiran, générant des problèmes qualitatifs conséquents aussi. 4 Les problèmes de qualité des eaux sont très nettement soulignés par nos interlocuteurs par référence à l’AEP des populations de façon principale, au cadre de vie (en référence au passé), et aux milieux naturels qui sont considérés comme particulièrement dégradés. Le problème est généralisé à l’ensemble de l’unité, il est préoccupant pour les élus notamment par rapport à l’AEP et se pose aussi pour les affluents des Gardons. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 122 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.4.4. LES GORGES ET L’UZÈGE : Nature des problèmes Sensibilité Enjeux Entretien et Gestion de la ripisylve XXX Agriculture Tourisme MN Qualité des eaux XXX Cadre de Vie Tourisme MN Débordement XXX Population Agriculture Alerte de crue XX Population Tourisme Sécurisation de la ressource (AEP, AGR, IND) XX Population Tourisme Ruissellement pluvial XX Infrastructure Population Disponibilité des eaux XX Cadre de Vie Tourisme Mise à niveau des STEP X Cadre de Vie Tourisme Errosion et atterrissements X Foncier Agriculture Agriculture Bien que relativement peu occupée par l’homme au niveau des Gorges du Gardon, cette unité se caractérise par une très forte sensibilité aux inondations (5 formulations), à la ressource en eau sur le plan qualitatif principalement (4 formulations) et dans une moindre mesure quantitatif (2 formulations). On observe aussi des préoccupations quant à la préservation de l’environnement dans le sens où celui ci est une ou la source économique principale pour le secteur. Les problèmes de dynamique fluviale sont plus en retrait et ne sont soulignés que très localement. 1 Les inondations font partie des problèmes importants des Gorges et de l’Uzège notamment par rapport aux problèmes de débordements des cours d’eau, des affluents et du dispositif d’alerte de crue (problème important en liaison avec les activités touristiques implantés en bordure (campings, etc) ou pratiqués dans le lit du Gardon). Les inondations par le pluvial (ruissellement pluvial) sont soulignées notamment par rappport aux phénomènes d’urbanisation des communes situées au Nord de Nîmes (imperméabilisation de surfaces, construction près des ruisseaux, aménagements pluviaux, etc). Indiscutablement, le problème évoqué le plus fréquemment par l’ensemble des acteurs est celui de l’entretien et de la gestion de la ripisylve. Il confirme d’une part les préoccupations, dans le sens où il s’agit de solutions ou de réponses aux problèmes des inondations, mais aussi les préoccupations liées à la préservation des Milieux Naturels en rapport avec le cadre de vie et le tourisme. Les enjeux considérés comme fondamentaux dans ce cadre sont les populations, les infrastructures et le tourisme et accéssoirement l’agriculture (lorsqu’il y a des débordements dans les espaces cultivés). S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 123 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 2 Le problème évoqué de façon nette et sensible en second plan est la qualité des eaux (pollutions urbaines sur les Seynes et l’Alzon, pollutions agricoles importantes sur ce même cours d’eau et pollutions industrielles ponctuellement, le tout aggravé par les prélèvements excessifs notamment urbains et agricoles, et la pollution de la nappe (pollution des aquifères par les rejets agricoles, les lixiviats de décharge, les rivières polluées qui les alimentent ( STEP en milieu calcaire))). Ce problème fait notamment référence à l’AEP et à la sécurisation qualitative de celle ci (systèmes aquifères et eaux superficielles), à la baignade dans le Gardon : mise à niveau des STEP (problème de sources de pollutions diffuses à importantes notamment dans l’Alzon). Les enjeux principaux évoqués sont ceux de l’AEP des populations, puis le cadre de vie associé au tourisme, et de façon particulièrement sensible sur cette unité, les milieux naturels. Le maintien ou la restauration de la qualité est un enjeu important pour les acteurs locaux soucieux de préserver leur ressource en eau sur le plan qualitatif parce que derrière, c’est la survie économique qui en dépend pour beaucoup. 3 Les problèmes de ressource en eau se posent aussi et nous les avons effleurés précédemment en termes quantitatifs avec le problème de la sécurisation de la ressource (en liaison avec des conditions de mobilisations difficiles, coûteuses , avec des prélèvements excessifs que ce soit pour l’AEP, l’AGRI ou l’IND (golfs, nombreux forages non déclarés)) et de disponibilité de la ressource (les prélèvements excessifs aggravent le problème naturel des étiages et donc de la ressource). Ces problèmes deviennent de plus en plus sensibles. Ils font référence à des enjeux majeurs pour la région à savoir l’AEP des populations et le tourisme mais aussi de façon non négligeable le cadre de vie et les milieux naturels. Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressource économique pour accéder à la ressource, pour réglementer les usages. Le problème quantitatif est d’avantage sensible sur les Seynes et l’Alzon que sur le cours du Gardon néanmoins cela reste une préoccupation générale essentiellement à l’étiage. 4 Les interlocuteurs sont très sensibles aussi à la préservation des milieux naturels qui représentent pour eux un atout touristique indispensable. Ce problème de préservation se ressent à travers les projets de mise en valeur et de restauration de la ripisylve (très sensibles), à travers le problème de la préservation de la qualité des eaux , de la mise à niveau des STEP, de la sécurisation des modes de gestion de la ressource, et de la disponibilité des eaux. Les enjeux intègrent la préservation des milieux naturels, parce qu’elle sert l’économie à travers le tourisme. Cette préoccupation est valable sur l’ensemble du territoire des Gorges et de l’Uzège. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 124 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 5 En matière de dynamique, deux problèmes sont soulignés : ♦ la gestion des atterrissements n’est pas un problème fortement sensible. Il est localisé de façon ponctuelle sur l’Alzon (Schéma des Seynes et de l’Alzon, SIARU). L’entretien et la gestion de la ripisylve, une des préoccupations majeures dans les Gorges et l’Uzège, apportent une réponse partielle au problème, par l’amélioration des écoulements (pour continuer à intervenir sur la rivière malgré les interdictions de curage, le SIARU a changé de vocation et s’est doté d’un schéma sous la houlette du CG). Les enjeux évoqués sont aussi ceux inhérents aux risques pour les infrastructures et le foncier surtout agricole dans le secteur. ♦ l’érosion des sols, qui est considérée comme un phénomène directement lié aux inondations, est sensible mais sans plus principalement sur l’Alzon avec un enjeu agricole et infrastructures. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 125 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.4.5. LE GARDON RHODANIEN : Nature des problèmes Sensibilité Enjeux Débordement XXX Population Infrastructure Maintien d'un chenal XXX Population Agriculture XX Population Foncier Infrastructure Entretien et Gestion de la ripisylve XXX Population Agriculture Infrastructure Qualité des eaux XXX Tourisme X Population Alerte de crue XX Population Mise à niveau des STEP XX Cadre de Vie Réglementation XX Urbanisme X Population Errosion et atterrissements Maintien de la nappe Sécurisation de la ressource (AEP, AGR, IND) Agriculture Agriculture Tourisme Tourisme Les problématiques abordées par les différents interlocuteurs sur le Gardon Rhodanien mettent en évidence une préoccupation majeure pour les problèmes d’inondation (qui reviennent sous 7 formulations différentes), puis pour ceux de dynamique fluviale définis en terme de maintien de la nappe et de sécurisation de la ressource et enfin pour les problèmes de qualité des eaux. La problématique de ce territoire est très proche de celle du Piémont Cévenol. 1 Les inondations sont indiscutablement, dans ce secteur, l’un des problèmes considérés comme majeurs avec en premier lieu le débordement des cours d’eau et des affluents. Les problèmes de maintien du chenal, d’entretien et de gestion de la ripisylve, d’alerte de crue (à ce propos, les avis sont partagés mais globalement le système ne semble pas être adapté à l’enjeu population) et de réglementation (en rapport avec les PPR qui bloquent le développement de nombreuses communes entièrement en zone inondable) ne font que confirmer l’ensemble de ces préoccupations dans le sens où il s’agit de solutions ou de réponses aux problèmes des inondations. Nos interlocuteurs s’interrogent fortement sur ces solutions : certains attendent des conseils en ce qui concerne la gestion de la ripisylve notamment, d’autres manquent de moyens économiques surtout depuis que les syndicats ne sont plus financés par les extractions de granulats, d’autres attendent des autorisations pour intervenir sur des problèmes considérés comme critiques (enlèvement d’attérrissement), et enfin des problèmes règlementaires se posent : on ne peut plus intervenir sur le cours d’eau, tout est gelé par les services instructeurs. Mais finalement, tous s’efforcent à dire leur volonté d’intervenir pour garantir ce qui est de leur mission première la sécurité des habitants. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 126 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA Les enjeux et les attentes, qu’il s’agisse d’actions (les problèmes de gestion des atterrissements ne viennent que renforcer l’attente de solutions aux problèmes des inondations), ou de conseil dans le mode de gestion, sont très forts dans cette unité avec comme le montre le tableau une très large priorité pour les populations (protection des personnes et des biens) suivi des infrastructures (routières, ouvrages hydrauliques, zones d’activités, etc) et de l’agriculture qui est aussi un enjeu important de ce territoire. 2 La gestion des atterrissements n’est pas un problème très sensible sur l’ensemble de l’unité, c’est d’avantage dans les problèmes d’érosion que s’inscrivent les difficultés rencontrées par les acteurs locaux. Elle est considérée comme un phénomène relativement préoccupant qui est directement lié aux inondations et à la dynamique fluviale dans le sens où le fond du lit est caractérisé par un abaissement substantiel lié aux extractions (institution du chenal par Degaule à Remoulins). Les enjeux sont d’une part les populations et les infrastructures, d’autre part le foncier agricole. 3 Les interlocuteurs font référence de façon très sensible aux problèmes de qualité des eaux (aussi bien en référence aux eaux superficielles que souterraines) et de mise à niveau des stations d’épuration (piètres rendements, volumes rejetés importants difficiles à diluer, etc..) notamment comme facteurs limitants pour le développement des activités touristiques. Le problème est assez aigu et se développe sur l’ensemble de l’unité. Il se décline par plusieurs niveaux d’enjeux : enjeu général (problème de fond), enjeu lié à la multiplicité et à la concentration des activités (rejets et ou prélèvements) polluantes (urbaines, industrielles, agroalimentaires, agricoles), et à la faiblesse du débit en période estivale (trés sensible), et par l’importance des prélèvements (AEP, IND, AGRI). Les enjeux sont principalement liés au cadre de vie, et au tourisme via l’économie du territoire. 4 La ressource en eau est déclinée par les élus à travers des problèmes de rabattement de nappe, de sécurisation de la ressource. Ces problèmes sont sensibles mais non majeurs. Ils font référence à des enjeux importants : l’AEP des populations, l’agriculture. Les problèmes sont perçus à travers le manque de ressources économiques pour pérenniser un certain nombre d’aménagements, voire en développer de nouveaux, mais aussi à travers des contraintes réglementaires qui sont perçues comme des outils limitatifs du champ d’intervention (on ne plus intervenir que sur la ripisylve). Ce problème quantitatif n’est pas général à l’ensemble de l’unité mais plutôt localisé. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 127 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA 4.5. CONCLUSION : A travers ces entretiens, on perçoit des caractéristiques fortes qui sont propres et récurrentes à l’ensemble du bassin versant, notamment à travers l’évocation des problèmes de débordements, d’érosion, d’atterrissement, de gestion de la ripisylve, du chenal de crue, des barrages. On perçoit toute l’importance de la dimension des inondations qui font pour la plupart référence à l’épisode catastrophique de 1958. Le problème de la gestion des atterrissements et de l’érosion se pose globalement sur l’ensemble du territoire. On constate des problématiques fortes mais plus ponctuelles qui sont notamment liées : - à la qualité des eaux du Gardon d’Alès (zones urbaines et industrielles du bassin minier, jusqu’aux barrages), des Seynes et de l’Alzon. Les principales préoccupations en la matière s’expriment sur les zones à enjeux touristiques et écologiques et notamment sur les territoires où le tourisme lié à l’eau est important : Gardon d’Anduze, Gorges. - au rabattement des nappes, qui est un problème très localisé au niveau des anciens sites d’extraction de matériaux au niveau du Piémont, de la Gardonnenque et du Gardon Rhodanien. L’incidence sur la ressource du point de vue quantitatif est forte notamment pour les nappes alluviales. Au niveau des aquifères et des cours d’eau, les prélèvements excessifs peuvent même, dans les zones non influencées par les extractions, mettre en péril la ressource du point de vue quantitatif. L’aspect quantitatif de la ressource, souvent associé à sa qualité, se pose comme une problématique épisodique en référence aux sècheresses du début des années 90 mais avec aujourd’hui un sentiment que les dispositions principales n’ont pas attendus le SAGE pour être mises en place afin de sécuriser la ressource notamment pour les espaces aux forts enjeux. En zone urbaine, le manque de ressource n’est pas une préoccupation majeure (le jeu des interconnexions, des ressources multiples sécurise quantitativement et qualitativement la ressource), et c’est d’avantage sur la requalification de la rivière que se portent les nouveaux enjeux du développement du territoire. La Gardonnenque est l’entité du bassin versant sur laquelle la préoccupation à la ressource est la plus forte, même si les problèmes évoqués sont plus de nature à sécuriser la ressource existante, qu’un constat actuel de pénurie d’eau. S.A.G.E. des Gardons Etat des Lieux - Diagnostic général - 128 - BCEOM / Mars 1999 67 320 X / JLA ANNEXES 129 Annexe 1 Liste des communes concernées par le SAGE des Gardons 130 1 AIGALIERS 44 GENERARGUES 2 ALES 45 LA CALMETTE 3 ANDUZE 46 LA CAPELLE ET MASMOLENE 4 ARGILLIERS 47 LA GRAND COMBE 5 ARPAILLARGUES ET AUREILLAC 48 LA ROUVIERE 6 AUBUSSARGUES 49 LAMELOUZE 7 BAGARD 50 LASALLE 8 BARON 51 LAVAL PRADEL 9 BARRE DES CEVENNES 52 LE POMPIDOU 10 BASSURELS 53 LEDENON 11 BELVEZET 54 LEDIGNAN 12 BLAUZAC 55 LES PLANTIERS 13 BOISSET ET GAUJAC 56 LES SALLES DU GARDON 14 BOUCOIRAN-NOZIERES 57 LES SEYNES 15 BOURDIC 58 L'ESTRECHURE 16 BRANOUX LES TAILLADES 59 LEZAN 17 BRIGNON 60 MARTIGNARGUES 18 CABRIERES 61 MARUEJOLS-LES-GARDONS 19 CARDET 62 MASSANES 20 CASSAGNOLES 63 MASSILLARGUES ATTUECH 21 CASTELNAU VALENCE 64 MAURESSARGUES 22 CASTILLON DU GARD 65 MEJANNES-LES-ALES 23 CENDRAS 66 MEYNES 24 COLLET DE DEZE 67 MIALET 25 COLLIAS 68 MOISSAC VALLEE FRANCAISE 26 COLLORGUES 27 COLOGNAC 70 MONS 28 COMPS 71 MONTAGNAC 29 CORBES 72 MONTAREN ET ST MEDIERS 30 CRUVIERS LASCOURS 73 MONTEILS 31 DEAUX 74 MONTFRIN 32 DIONS 75 MONTIGNARGUES 33 DOMAZAN 76 MOUSSAC 34 DOMESSARGUES 77 NERS 35 ESTEZARGUES 78 PARIGNARGUES 36 EUZET-LES-BAINS 79 PEYROLES 37 FLAUX 80 POULX 38 FOISSAC 81 POUZILHAC 39 FONS-OUTRE-GARDON 82 REMOULINS 40 FOURNES 83 RIBAUTE LES TAVERNES 41 GABRIAC 84 ROUSSON 42 GAJAN 85 SALINDRES 43 GARRIGUES-STE-EULALIE 86 SANHILAC ET SAGRIES 87 SAUMANE 130 ST PRIVAT DE VALLONGUE 88 SAUZET 131 ST PRIVAT DES VIEUX 89 SERNHAC 132 ST QUENTIN LA POTERIE 131 90 SERVIERS ET LABAUME 133 ST SEBASTIEN D'AIGREFEUILLE 91 SOUDORGUES 134 ST SIFFRET 92 SOUSTELLE 135 ST VICTOR DES OULES 93 ST ANDEOL DE CLERGUEMONT 136 STE ANASTASIE 94 ST ANDRE DE LANCIZE 137 STE CECILE D'ANDORGE 95 ST ANDRE DE VALBORGNE 138 STE CROIX DE CADERLE 96 ST BAUZELY 139 STE CROIX VALLEE FRANCAISE 97 ST BENEZET 140 THEZIERS 98 ST BONNET DE SALENDRINQUE 141 THOIRAS 99 ST BONNET DU GARD 142 TORNAC 100 ST CESAIRE DE GAUZIGNAN 143 UZES 101 ST CHAPTES 144 VABRES 102 ST CHRISTOL LES ALES 145 VALLABREGUES 103 ST DEZERY 146 VALLABRIX 104 ST ETIENNE DE L'OLM 147 VALLIGUIERES 105 ST ETIENNE VALLEE FRANCAISE 148 VERS - PONT DU GARD 106 ST FELIX DE PAILLERES 149 VEZENOBRES 107 ST FREZAL DE VENTALON 108 ST GENIES DE MALGOIRES 109 ST GERMAIN DE CALBERTE 110 ST HILAIRE DE BRETHMAS 111 ST HILAIRE DE LAVIT 112 ST HILAIRE D'OZILHAN 113 ST HYPPOLYTE DE CATON 114 ST HYPPOLYTE DE MONTAÏGU 115 ST JEAN DE CEYRARGUES 116 ST JEAN DU GARD 117 ST JEAN DU PIN 118 ST JULIEN DES POINTS 119 ST JULIEN DES ROSIERS 120 ST JUST ET VACQUIERES 121 ST MAMERT 122 ST MARTIN DE BOUBAUX 123 ST MARTIN DE LANSUSCLE 124 ST MARTIN DE VALGALGUES 125 ST MAURICE DE CAZEVIEILLE 126 ST MAURICE DE VENTALON 127 ST MAXIMIN 128 ST MICHEL DE DEZE 129 ST PAUL LA COSTE 132 Annexe 2 Nomenclature des opérations soumises à autorisation Décret d’application de l’Article 10 de la loi sur l’Eau du 3 Janvier 1992 133 134 135 136 137 Annexe 3 Réglementations et préconisations du SDAGE au sujet des travaux en rivière 138 TRAVAUX EN RIVIERE 1. LA REGLEMENTATION Elle repose sur trois textes fondamentaux : • La loi pêche, codifiée dans les articles L 230-1 à L 239-1 et R 238-6 du Code Rural. Au-delà des problèmes d'organisation de la pêche, elle introduit des dispositions concrètes en vue de la protection des milieux aquatiques. • La loi sur l'eau du 3 janvier 1992 Elle a pour objectif une gestion équilibrée de la ressource en eau, qui pourra être garantie par le régime juridique d'autorisation et de déclaration instituée par l'article 10-1, affectant les installations, activités et travaux figurant dans la nomenclature annexée au décret n° 93-743 du 29 mars 1993. • L'article 103 du Code Rural Il légitime l'intervention de l'administration sur les cours d'eau. 2. REGLEMENT SPECIFIQUE DANS TROIS CAS PARTICULIERS • Cas des urgences L'article 34 du décret n° 93-742 prévoit une procédure d'extrême urgence liée à l'urgence matérielle d'une intervention en cas de danger grave, notamment pour la santé publique. • Cas des autorisations temporaires Une procédure est prévue à ce sujet dans l'article 20 du décret 93-742, pour les ouvrages, travaux, activités et aménagements dont la durée est inférieure à 1 an et n'ayant pas d'effets durables et importants sur le milieu aquatique. • Cas des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) Les décrets 93-742 et 93-743 cités plus haut (article 10 de la loi sur l'eau) ne s'appliquent pas aux I.C.P.E. Une seule autorisation préfectorale est délivrée au titre des 2 lois du 3 janvier 1992 et du 19 juillet 1976. 139 3. PROCEDURE Elle est soumise à autorisartion ou à déclaration. 4. LISTE DES TRAVAUX SUSCEPTIBLES D'ETRE SOUMIS A UNE REGLEMENTATION SPECIFIQUE • Grands aménagements • Travaux de restauration et de gestion de la végétation des berges • Travaux de stabilisation du profil en long • Travaux de protection des berges contre l'érosion au dessus des cours d'eau • Ouvrages de franchissement • Travaux de dragage et de curage hors opération d'entretien obligatoire • Recalibrage • Endiguements • Travaux d'entretien obligatoires • Travaux de commissions d'aménagement foncier • Barrages et plans d'eau sur les cours d'eau (cf. annexe : Fiche 15 : travaux en rivière). 140 141 142 143 144 145 146 147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 Annexe 4 Réglementations et préconisations du SDAGE au sujet des inondations 157 INONDATIONS 1. PREVENTION DES INONDATIONS 1.1. RÉGLEMENTATION La réglementation repose sur 3 articles : - la circulaire du 24 janvier 1994, - la circulaire du 27 janvier 1994, - la loi Barnier du 2 février 1995 sur le renforcement de la protection de l'environnement. La loi Barnier préconise deux formes d’actions: 1.1.1. LES P.P.R. : PLAN DE PRÉVENTION DES RISQUES NATURELS PRÉVISIBLES • Elaboration des P.P.R. Le Circulaire du 19/07/94 du Ministère de l'Environnement demande aux préfets d'établir un programme de cartographie réglementaire des risques naturels à 5 ans. Sont ainsi définis des B.P.R. (Bassins prioritaires de risque). L'élaboration des P.P.R. est étudiée par le préfet et confiée au service de l'Etat désigné par lui. Le projet de P.P.R. est soumis à l'avis des conseils municipaux concernés et, le cas échéant, à l'avis de la Chambre d'Agriculture et du Centre Régional de la Propriété Forestière. Il est enfin approuvé par le préfet. • Contenu d'un P.P.R. Le P.P.R. comprend une note de présentation, des documents graphiques et un règlement. Les plans définissent les zones exposées aux risques en tenant compte de la nature et de l'intensité du risque encouru et les zones non directement exposées mais où des constructions pourraient provoquer un risque de manière indirecte. • Dans les zones directement exposées, tout type de construction est interdit ou doit respecter les conditions prescrites. • Dans les zones où des constructions pourraient provoquer un risque de manière indirecte, peuvent également être prévues des mesures d'interdiction ou des prescriptions. • Le plan mentionne le délai de mise en œuvre obligatoire de ses mesures. • Remarque : la circulaire du 24 avril 1996 définit les implications de la politique inondation sur le contenu des P.P.R. (obligation de délimiter les zones d'expansion de crues ainsi que les zones soumises aux aléas les plus forts, opérations devant être interdites ou autorisées ou prescrites par le préfet). 158 1.1.2. L'EXPROPRIATION POUR CAUSE DE RISQUE NATUREL MAJEUR Le recours à cette procédure n'est possible que lorsque les deux conditions suivantes sont réunies : • existence d'un risque grave pour les vies humaines, la gravité de la menace étant appréciée au regard, d'une part, des circonstances de temps et de lieu dans lesquelles le phénomène naturel est susceptible de se produire et, d'autre part, des délais d'alerte et d'évacuation des populations ; • inexistence de moyens moins coûteux que les indemnités d'expropriation nécessaires. 1.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE • Le SDAGE recommande la poursuite et l'intensification de la mise en œuvre des procédures existantes, puis des P.P.R. en fonction du programme de cartographie réglementaire à 5 ans établi conformément à la circulaire du 19/07/94. • D'autre part, il encourage la réalisation d'études visant, à l'échelle des bassins versants, à identifier précisément les zones d'expansion des crues afin de s'assurer de leur préservation et d'arrêter en priorité des P.P.R. sur les territoires concernés. 2. CODE DE L'URBANISME 2.1. RÉGLEMENTATION Elle permet le contrôle par l'autorité préfectorale de l'élaboration des documents d'urbanisme et de la délivrance des permis de construire. La réglementation s'appuie sur 3 axes principaux : • Les communes doivent intégrer la composante risque dans leurs documents d'urbanisme (article 2121-10 du Code de l'Urbanisme). • Le permis de construire peut être refusé ou n'être accordé que sous réserve de l'observation de prescriptions spéciales si les constructions sont de nature à porter atteinte à la sécurité publique (Article R-111-2 Code Urbanisme) La circulaire du 2 février demande aux préfets d’utiliser cette procédure notamment chaque fois qu’a été observée une hauteur d’eau supérieure à un mètre au dessus du sol. • Certains projets de prévention des risques peuvent être reconnus d'intérêt général par le préfet. Cette reconnaissance confère au projet un régime juridique particulier, puisque le projet devra être impérativement mis en œuvre par les documents d'urbanisme (POS, SDAU, ...). Cette procédure est utilisée pour imposer dans les POS la réalisation des digues et murs de consolidation. 159 2.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE Lors de l'élaboration des POS, les services de l'Etat doivent systématiquement porter à la connaissance des communes les éléments en leur possession sur l'existence et l'importance des risques d'inondation. Si le POS (Plan d’Occupation des sols) ne prend pas en compte ces éléments, le préfet pourra contester la validité de ce dernier par recours à l'article L 121-10 du Code de l'Urbanisme. Il est rappelé que le maire peut faire usage de cet article au coup par coup lorsqu'un document concernant les risques n'est opposable aux tiers. L'Etat s'opposera par l'intermédiaire de l’article L 121-10 aux permis de construire dans les zones qu'il considérera comme les plus exposées. Les champs d'inondation des cours d'eau situés à l'amont des zones sensibles aux inondations feront l'objet de mesures de préservation grâce à l'usage des P.P.R. et de l'article R 111-2 du Code de l'Urbanisme. Dans les communes où le POS ne prend pas convenablement en compte le risque d'inondation et dans les communes ne disposant pas d'un POS, l'Etat délimitera les périmètres de P.P.R. à l'intérieur desquels il est possible de refuser les permis de construire ou de les autoriser en les subordonnant à des conditions spécifiques. Cette disposition concernera en priorité les bassins classés en B.P.R. (Bassins Prioritaires de Risques, tels que définis dans la circulaire du 19/07/94) en fonction des risques d'inondation. 3. IMPLANTATION DES CAMPINGS ET PARCS RESIDENTIELS DE LOISIRS 3.1. RÉGLEMENTATION En ce qui concerne la prévention des risques, la réglementation s'appuie sur 6 règles fondamentales : • Les documents d'urbanisme déterminent les conditions permettant de prévenir les risques naturels prévisibles, • Le maire et le préfet sont responsables de la prévention des inondations et de la sécurité publique, • L'autorisation d'aménager doit respecter : - les interdictions ou prescriptions applicables dans les zones soumises aux P.P.R. ou anciennes procédures, - la disposition des POS. • Le préfet délimite par arrêté les zones soumises à un risque naturel ou technologique prévisible (article 2 du décret 91-614 du 13 juillet 1994). 160 • La circulaire aux préfets des Ministres de l'Intérieur, de l'Equipement et de l'Environnement du 24 janvier 1994, relative à la prévention des inondations et à la gestion des zones inondables prévoit que dans les zones inondables soumises aux aléas les plus forts, toute construction nouvelle soit interdite, et demande aux préfets de saisir toutes les opportunités pour réduire le nombre des constructions exposées. • La loi "Barnier" du 2 février 1995, n° 95-101, relative au renforcement de la protection de l'environnement et les articles 11 à 15 permettent l'expropriation par l'Etat lorsqu'un risque naturel menace gravement les vies humaines. 3.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE 1/ Dans chaque département, un inventaire exhaustif des campings et implantations provisoires (bivouacs) situés non seulement dans les zones réglementairement protégées (P.P.R., P.E.R.I., P.S.S., R 111-3), mais aussi dans les bassins prioritaires de risque sera élaboré dans un délai de 6 mois après l'approbation du SDAGE. 2/ Dans un délai de 12 mois après la réalisation de ces différents inventaires, la vulnérabilité de ces campings et installations provisoires au regard des risques liés à l'eau (inondations, glissements de terrain, ...) sera étudiée. 3/ A l'issue de cette réflexion, trois listes seront élaborées : • Une liste des campings et installations provisoires considérés comme fiables au niveau de la sécurité. • Une liste des campings et installations provisoires, où une solution du type alerte-évacuation préconisée par le décret 94-614 du 13 juillet 1994 doit être envisagée pour améliorer la sécurité. Ces campings devront être compris dans le zonage visé à l'article 2 de ce décret. On devra alors s'assurer de la fiabilité de chacun des maillons suivants : - Existence d'un système d'annonce de crue, doublé si nécessaire (cours d'eau à réponse rapide) d'un système de prévision (pluviomètre, radar). - Information rapide entre services préfectoraux et gestionnaires chargés de l'évacuation des campings (mairies, personnes privées). - Evacuation des campings : on se référera aux préconisations du décret 94614 du 13 juillet 1994. Par ailleurs, il est indispensable de prévoir une permanence sur place 24 heures sur 24. L'autorisation d'aménager ne sera possible, sous réserve du respect des prescriptions du décret 94-614 du 13 juillet 1994 et des orientations du SDAGE ci-dessus, que si les délais de prévision, les délais de transmission d'information, et les délais d'évacuation sont compatibles entre eux. 161 Un contrôle annuel de l'application des dispositions de l'arrêté d'autorisation par les services de l'Etat sera mis en place, pouvant déboucher éventuellement sur la fermeture temporaire des installations en s'appuyant sur l'article 2 du décret du 13 juillet 1994 en cas de non respect des dispositions de l'arrêté. • Une liste de campings et installations provisoires où l'autorisation d'aménager devra être soit refusée pour les installations nouvelles, soit retirée définitivement (avec expropriation éventuelle) pour les installations existantes. Ces campings et installations seront identifiés en raison notamment de l'impossibilité de mettre en place un système fiable d'alerte et d'évacuation. 4. TRAVAUX DE LUTTE CONTRE LES INONDATIONS 4.1. RÉGLEMENTATIONS • L'article 10 de la loi sur l'eau du 3 janvier 1992 (cf annexe 2) prévoit que les installations, ouvrages, travaux et activités, ne figurant pas dans la nomenclature des installations classées, réalisés à des fins non domestiques et entraînant des prélèvements sur les eaux superficielles ou souterraines, une modification du niveau ou du mode d'écoulement des eaux, ou des déversements, écoulements ou rejets même non polluants, sont soumis à autorisation ou déclaration suivant les dangers qu'ils représentent et la gravité de leurs effets sur les ressources en eau et les écosystèmes aquatiques (décrets n° 93-742 et 93/743 du 29/03/93). • Régime de l'autorisation L'autorisation est accordée après : • enquête publique, • avis des conseils municipaux concernés, • rapport du préfet, • avis du Conseil Départemental d'Hygiène et éventuellement de la Mission Déléguée de Bassin. Le dossier de demande d'autorisation doit notamment comprendre un document qui indique les conséquences de l'opération sur le milieu récepteur et sur les usages qui peuvent en être faits, ainsi que les mesures compensatoires envisagées s'il y a lieu. • Régime de la déclaration Le contenu du dossier est le même que celui requis en matière d'autorisation. Le préfet donne récépissé de la déclaration et communique au pétitionnaire une copie des prescriptions générales applicables à l'ouvrage, à l'installation, aux travaux ou à l'activité. 162 Des prescriptions complémentaires pourront être fixées, après avis du CDH, à la demande du déclarant ou lorsque l'intérêt du milieu aquatique l'exige (3ème alinéa de l'article 10-III de la loi sur l'eau du 03/01/92). • D'autre part, d'après la circulaire du 24/01/94, il faut éviter tout endiguement ou remblaiement nouveau qui ne serait pas justifié par la protection des lieux fortement urbanisés. 4.2. PRÉCONISATIONS DU SDAGE Les aménagements de bassins versants (drainage, assèchements ou remblaiements de zone, imperméabilisation des sols, ...) soumis à autorisation au titre de la police sur l'eau et susceptibles d'avoir une influence significative sur les vitesses de ruissellement et les volumes transférés, doivent systématiquement évaluer cet effet, rechercher des alternatives moins pénalisantes et proposer des mesures compensatoires. Les travaux d'aménagement de rivière pour la protection des lieux habités contre les inondations devraient s'intégrer dans un programme général à l'échelle du bassin versant et ne concerner que des zones déjà urbanisées. Le document d'incidence doit comporter une étude faisant apparaître le niveau de risque avant et après travaux pour le site bénéficiaire (durée de retour de submersion, population concernée, activités protégées, ...) ainsi que les conséquences du projet à l'amont et à l'aval de l'aménagement. Tout projet d'aménagement du lit mineur d'un cours d'eau soumis à autorisation ou à déclaration et susceptible de modifier notablement son fonctionnement morphodynamique (recalibrage, rectification de méandres, endiguement...) doit comprendre dans le document d'incidence prévu par le décret 93-742 du 29/03/93 une analyse de son impact sur la dynamique fluviale de la rivière. Les travaux d'endiguement ne doivent être autorisés que s'ils sont justifiés par des enjeux clairement identifiés. Les ouvrages laissant au cours d'eau la plus grande liberté possible sont préférés aux endiguements étroits en bordure du lit mineur. La mise en place de tels ouvrages doit faire appel à des études géo-morphologiques ou de dynamique fluviale, permettant de préciser l'espace de liberté à préserver. Les travaux de protection des berges doivent privilégier, chaque fois que cela est techniquement possible, les techniques végétales, de préférence aux méthodes d'enrochements et gabionnage. Le recours à ces dernières sur de grands linéaires (plusieurs centaines de mètres en continu) doit donner lieu à des mesures compensatoires adaptées. Tout projet d'aménagement de rivière, soumis à autorisation ou déclaration, doit préciser les conditions d'entretien ultérieures aux travaux (techniques mises en œuvre, maîtrise d'ouvrage, coût et financement). 163 Annexe 5 Réglementations et préconisations du SDAGE au sujet de la ressource en eau 164 LA RESSOURCE EN EAU 1. LES PRELEVEMENTS 1.1. PRÉLÈVEMENTS DANS LES EAUX SOUTERRAINES 1.1.1. RÉGLEMENTATION 1.1.1.1. Police des prélèvements Les décrets 93-742 et 93-743 du 29 mars 1993 soumettent à autorisation ou à déclaration les activités et installations pouvant présenter des dangers pour la ressource en eau et les systèmes aquatiques. • Le décret nomenclature (93-743) Débit prelevé Q (m3/h) Q<8 8<Q<80 80<Q • Procédure: cas général pas de formalité déclaration autorisation cas des zones de répartition quantitative de la ressource déclaration autorisation autorisation Le décret procédure (93-742) Il indique les procédures à suivre pour l’instruction des déclarations et des autorisations. Il fixe la composition du dossier qui comprend en particulier un document d’incidence. Le Service instructeur est désigné par le préfet (D.D.E., D.D.A.F., D.D.A.S.S., D.R.I.R.E., S.N., …). L’autorisation préfectorale doit respecter les règles de fond de la loi sur l’eau, en tenant compte de l’avis du Service de Police des Eaux, qui doit être consulté à la réception du dossier sur sa recevabilité et lors de l’enquête publique pour fournir le projet des prescriptions destinées à faire respecter la réglementation résultant de la loi sur l’eau. L’autorisation ou la déclaration doit être compatible avec les orientations du SDAGE ou rendue compatible par arrêté complémentaire (article 3 de la loi sur l’eau et article 42 du décret 93-742 du 29 mars 1993). 1.1.1.2. Loi sur l’eau du 3 janvier 1992 (article 12) Toute installation de pompage des eaux souterraines (à l’exclusion des usages domestiques ou assimilés) doit être pourvue de moyens de mesure ou d’évaluation appropriée du volume prélevé. 165 Les installations existantes le 4 janvier 1992 devront être mises en conformité au plus tard le 4 janvier 1997. Dans un (ou des) sous-bassin(s) correspondant à une unité hydrographique ou un système aquifère, le SAGE fixe notamment les objectifs généraux d’utilisation, de mise en valeur et de protection quantitative, des ressources en eaux superficielles ou souterraines. Il met en œuvre le principe de gestion équilibrée de la ressource, posé par l’article 2 de la loi sur l’eau. 1.1.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE 1/ Le SDAGE recommande que les aquifères karstiques à fort intérêt stratégique fassent l’objet d’études approfondies pour une meilleure connaissance et une optimisation de leur protection et de leur exploitation. 2/ En cas de cumul de prélèvements sur une même nappe, le préfet veillera, dans l’exercice de son pouvoir de police, à prendre en compte l’impact global des prélèvements. Dans le cadre des SAGE où la gestion patrimoniale revêt une importance particulière, il est recommandé que la Commission Locale de l’Eau établisse un inventaire systématique des prélèvements. 3/ Les milieux souterrains présentant des caractéristiques remarquables seront prioritairement affectés à l’alimentation en eau potable et aux usages qualitativement exigeants. Ils doivent être équipés d’un réseau piézométrique de référence sur la base duquel seront établies les prescriptions préfectorales d’autorisation de prélèvement. 4/ Il faudra éviter les concentrations d’ouvrages de prélèvements qui risquent d’amener des surexploitations locales et, à ce titre, optimiser le positionnement spatial des prélèvements en fonction des impacts potentiels. 5/ Lors de l’implantation d’un prélèvement, il est conseillé d’examiner la capacité du point de prélèvement à supporter les étiages naturels et les éventuelles sécheresses interannuelles. 1.2. PRÉLÈVEMENT EN SITUATIONS CRITIQUES DE PÉNURIE 1.2.1. ARTICLE 9-1 DE LA LOI SUR L’EAU (03/01/92) DÉCRET 92-1041 DU 24 SEPTEMBRE 1992 Le préfet peut par arrêté prendre des mesures de limitation ou de suspension provisoire des usages de l’eau. 166 A cette fin, il désigne par arrêté des zones d’alerte dans lesquelles chaque déclarant ou chaque titulaire d’une concession ou d’une autorisation administrative de prélèvement, de stockage ou de déversement fait connaître au préfet ses besoins réels et ses besoins prioritaires pour la période couverte par les mesures envisagées. Le préfet constate par arrêté le franchissement des seuils d’alerte entraînant la mise en œuvre des mesures. 1.2.2. LES PRÉCONISATION DU S.D.A.G.E. Les aspects pénurie d’eau seront examinés au sein des schémas d’allocation de la ressource pour les grands ouvrages hydrauliques et hydroélectriques. Ils seront intégrés dans les concessions et autres autorisations de prélèvement. 1.3. PRÉLÈVEMENTS EN RIVIÈRE 1.3.1. LES DÉBITS RÉSERVÉS Réglementation (article 232-5 du code rural) : Cet article a pour but de garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espèces qui peuplent les eaux au moment de l’installation de l’ouvrage. Les valeurs minimales du débit réservé sont calculées en pourcentage du débit moyen interannuel sur une période d’au moins 5 ans : Æ pour les ouvrages nouveaux : 1/10 module, Æ pour les ouvrages existants : 1/40 module. Préconisation : Un groupe de travail du Comité du Bassin associant l’ensemble des partenaires examinera, dans un délai de 3 ans suivant l’approbation du S.D.A.G.E., les problèmes liés à l’application de la loi sur les débits réservés et proposera le cas échéant une adaptation des textes en vigueur. En préalable, les conclusions des études effectuées au niveau national seront prises en compte. 1.3.2. RÉGIME D’AUTORISATION DES PRÉLÈVEMENTS (RUBRIQUE 210 DE LA NOMENCLATURE) Æ Débit à prélever inférieur à 2 % du débit de référence : pas de formalité. Æ Débit compris entre 2 et 5 % du débit de référence : déclaration. Æ Débit supérieur à 5 % du débit de référence : autorisation. 167 1.3.3. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. Le Comité de Bassin devra être saisi pour avis sur l’opportunité de tout projet structurant dès les études préliminaires. Il vérifiera également que les conditions d’une véritable concertation locale sont réunies et pourra, le cas échéant, suggérer la mise en place d’un S.A.G.E. sur le secteur concerné. Le S.D.A.G.E. rappelle l’importance, pour la préservation des milieux aquatiques, du respect des débits réservés tels que définis réglementairement et imposés aux gestionnaires d’ouvrages dans le cadre de leurs cahiers des charges. Le S.D.A.G.E. souligne par ailleurs l’intérêt qu’il y aura à développer progressivement la notion d’objectifs de quantité à fixer à l’aval d’ouvrages modifiant le régime des eaux ou de tronçons de rivières nécessitant à un titre ou à un autre un suivi et une amélioration de la gestion des débits. Une telle démarche entreprise dans un premier temps dans un cadre volontaire et/ou contractuel pourrait ultérieurement être reprise par la réglementation. Ces objectifs de quantité devront prendre en compte les contraintes liées à : • La préservation du fonctionnement physique des milieux par une gestion modulée des débits visant l’atténuation des effets des éclusées, le maintien de la capacité morphogène de certaines crues, le maintien des connexions hydrauliques avec les milieux annexes, etc. • La préservation de la capacité auto-épuratoire du cours d’eau, des espèces et de leurs habitats en définissant notamment un débit biologique minimum en deçà duquel la rivière connaît un déséquilibre biologique notoire. • La pratique des différents usages qui s’exercent tout au long du cours d’eau en s’attachant à définir les conditions de satisfaction des usages les plus exigeants et notamment l’eau potable, en particulier en période de crise. • La spécificité de certains milieux courants méditerranéens sur lesquels la biodiversité résulte notamment de l’alternance des périodes de forte sécheresse et de forte pluviosité, la faune et la flore s’étant adaptées à ces stress successifs, et tenir compte de cette donnée lors de projets d’aménagement tels que soutien d’étiage, etc. A cette fin sera établi, dans un délai de 2 ans à compter de l’approbation du S.D.A.G.E., un guide méthodologique sur la détermination des objectifs de quantité à l’aval des ouvrages structurants ou aux “points nodaux” des rivières (points stratégiques et/ou aval des sous bassins concernés par cette problématique). Cette démarche sera entreprise en priorité : • Dans les bassins prioritaires pour une amélioration de la gestion quantitative ( Gardons) sur lesquels il sera recherché d’ici le 31 décembre 1999 de façon concertée une amélioration du régime hydrologique (débit réservé, éclusées, chasses…) en mettant en œuvre les principes définis par le S.D.A.G.E. et dans les guides techniques établis par le Comité de Bassin. • Dans le cadre des S.A.G.E. particulièrement concernés par une gestion optimisée de la ressource. 168 2. LA PROTECTION DE LA RESSOURCE 2.1. PÉRIMÈTRES DE PROTECTION DES POINTS D’EAU SOUTERRAINE ET DES SOURCES 2.1.1. RÉGLEMENTATION • La procédure de mise en place est réglementée par le Code de la Santé publique : Si un point de prélèvement ne bénéficie pas d’une protection naturelle assurant efficacement la qualité des eaux, des périmètres sont déterminés par déclaration d’utilité publique. Trois périmètres sont prévus : • − Périmètre de protection immédiate, dont le but est d’empêcher toute introduction directe de substances polluantes dans l’eau prélevée et d’empêcher la dégradation des ouvrages. − Périmètre de protection rapprochée, dans lequel sont interdits les activités, installations et dépôts susceptibles de polluer l’eau et la rendre impropre à la consommation. Les autres activités peuvent faire l’objet de prescriptions. − Périmètre de protection éloignée, à l’intérieur duquel peuvent être réglementés les activités, installations et dépôts pouvant présenter un danger de pollution. Le décret n° 55-22 du 04 janvier 1995 annonce l’obligation de publication aux hypothèques des servitudes instaurées dans le périmètre de protection rapprochée en tant qu’elles constituent des limitations administratives aux droits de propriété. 2.1.2. DROIT DE L’URBANISME Les périmètres de protection sont inscrits sous la forme de 3 articles dans le code de l’urbanisme. • Article L et R 126-1 du code de l’urbanisme, qui rappelle les servitudes d’utilité publique attachées au périmètre de protection et le report de ces servitudes au niveau du POS. • Article L et R 123-9 et R 132-32 qui donne la possibilité de réserver des terrains inclus dans le périmètre immédiat au niveau des POS. • Circulaire ministérielle du 24 juillet 1990. C’est une instruction technique qui rappelle les principes fondamentaux et détaille la procédure relative à la mise en place des périmètres de protection. 169 2.1.3. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. • Il est recommandé la mise en place d’un programme annuel d’établissement des périmètres de protection pour la régularisation des ouvrages existants, avec si possible un suivi par une cellule spécialisée. • En ce qui concerne la présence d’une protection naturelle, il faut s’assurer qu’elle soit bien réelle, et pérenne. • Les dispositions, détaillées dans le code de l’urbanisme, peuvent aussi être utilisées comme mesures de préservation pour les aquifères présentant un intérêt majeur pour l’avenir, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. 2.2. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS AGRICOLES 2.2.1. LUTTE CONTRE LES NITRATES D’ORIGINE AGRICOLE La directive CEE du 12 décembre 1991, le décret du 27 août 1993, l’arrêté du 22 novembre 1993, et le décret du 4 mars 1996 prévoient la mise en place d’un code de bonnes pratiques agricoles. Dans les zones vulnérables, ce code est d’application obligatoire. Le décret du 4 mars 96 précise que les programmes d’action devront tenir compte de la situation locale. Ces programmes d’action sont approuvés par arrêté préfectoral. L’opération fertimieux agit en conseillant les agriculteurs et en leur imposant le respect d’un cahier des charges, et une labellisation. 2.2.2. MESURES AGRI-ENVIRONNEMENTALES DE PROTECTION DES EAUX Le règlement CEE 2078/92 du 30 juin 1992 prévoit un système de primes versées par différents partenaires pour les agriculteurs qui s’engagent à limiter l’utilisation d’engrais, utiliser des méthodes de l’agriculture biologique, utiliser d’autres méthodes de production compatible avec les exigences de protection de l’environnement. 2.2.3. LA PRÉVENTION PHYTOSANITAIRES DES POLLUTIONS PAR LES PRODUITS Elle est régie par la loi du 2 novembre 1943 modifiée et l’arrêté du 25 février 1975 selon lequel le préfet peut interdire ou réglementer l’utilisation des produits exceptionnellement dangereux. D’une façon générale, et dès lors qu’elles ne ressortent pas des activités soumises à la législation des installations classées, les opérations liées au rejet agricole sont soumises à la réglementation fixée par les décrets 93-742 et 93-743, du 29 mars 1993. 170 2.2.4. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. Le S.D.A.G.E. encourage de mettre en œuvre de façon prioritaire les mesures agrienvironnementales et les opérations de type fertimieux : 1/ aux zones d’alimentation de captages situées dans les zones vulnérables, 2/ aux secteurs d’alimentation des aquifères à forte valeur, 3/ aux périmètres de protection des captages d’eau potable. Il est nécessaire d’intensifier la lutte contre les pollutions des eaux par les produits phytosanitaires. A cette fin, il est recommandé, notamment de façon contractuelle : • la création de programmes régionaux de mise en œuvre de mesures agrienvironnementales dans les zones les plus touchées, afin notamment d’encourager les pratiques agricoles limitant l’érosion des terres, minimisant le nombre de traitements et utilisant des molécules de remplacement moins toxiques pour l’environnement ; • le développement de la collecte et de l’élimination des déchets phytosanitaires et des emballages souillés ; • un usage raisonné de ce type de produits par tous les utilisateurs, y compris non agricoles (désherbage des routes, autoroutes, chemins de fer…). 2.3. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS INDUSTRIELLES 2.3.1. RÉGLEMENTATION La loi du 16 juillet 1976 et son décret d’application du 21 septembre 1977 prévoient que les installations « qui peuvent présenter des dangers ou des inconvénients soit pour la commodité du voisinage, soit pour la santé, la sécurité, la salubrité publique, soit pour l’agriculture, soit pour la protection de la nature et de l’environnement, soit pour la conservation des sites et des monuments » définies par la « nomenclature des installations classées » sont soumises à des procédures d’autorisation ou de déclaration. • Les industriels doivent respecter les mesures d’interdiction édictées pour protéger la pisciculture, les cours d’eau, les eaux d’alimentation… • Des décrets en Conseil d’Etat pris en application de la loi du 3 janvier 1992, fixeront les conditions dans lesquelles peuvent être interdites ou réglementées la mise en vente ou distribution de produits qui sont susceptibles de nuire à la qualité de l’eau. 171 • • Le déversement de tout produit nocif peut être interdit par décret en conseil d’état. Tel est déjà le cas pour : − les détergents, lorsque la biodégrabilité moyenne des agents de surface est inférieure à 30 % ; − certaines huiles et lubrifiants énumérés à l’article 1 du décret du 8 mars 1977. Le rejet dans le sol d’eaux usées à l’aide de puits perdus et puisards absorbants est interdit. Cas des installations classées − L’article 11 de la loi du 3 janvier 1992 sur l’eau prévoit désormais que les règles applicables aux installations classées ayant un impact sur le milieu aquatique seront exclusivement fixées dans le cadre de la loi du 19 juillet 1976 en rubrique Installations classées. Elles doivent également respecter les règles de fond établies par la loi sur l’eau. − Les installations classées soumises à autorisation doivent respecter les prescriptions techniques fixées par des arrêtés ministériels, qui indiquent entre autres les valeurs limites d’émission en matière de pollution de l’eau, en prenant en compte l’approche intégrée des pollutions. − Les installations classées soumises à déclaration doivent respecter les prescriptions générales édictées par arrêté du préfet selon l’arrêté type élaboré. Ces dernières contiennent de nombreuses dispositions relatives aux rejets. − En application de l’article 18 du décret du 21 septembre 1977, le préfet peut prendre des arrêtés complémentaires visant les installations existantes pour fixer des prescriptions additionnelles aux conditions de l’autorisation initiale. En particulier, les valeurs limites des rejets peuvent être ainsi révisées. Cas des zones eutrophisées Les directives CEE « Eaux résiduaires urbaines » du 21 mai 1991 et « Nitrates » du 19 décembre 1991 prévoient l’identification par les états membres de zones sensibles et de zones vulnérables. Dans ces zones, sont mises en œuvre des actions particulières sur l’azote et le phosphore au niveau des stations d’épuration collectives et des pratiques agricoles. Surveillance des rejets L’arrêté d’autorisation fixe, le cas échéant, les conditions d’une « auto surveillance » régulière de leurs rejets par les principaux industriels ainsi que de l’effet de ces rejets sur les milieux aquatiques. Les conditions minimales de cette auto surveillance sont en général fixées par des arrêtés ministériels. 172 2.3.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. • A propos des installations classées : Les arrêtés d’autorisation d’installations existantes doivent être rendus compatibles avec les dispositions du S.D.A.G.E. A cette fin, il est recommandé au préfet d’user de cette faculté, d’ici fin 1999, pour les installations dont les rejets actuels sont significatifs et contribuent majoritairement à un niveau de pollution du milieu récepteur, incompatible avec la politique des objectifs de qualité définie par le S.D.A.G.E. • A propos de la surveillance des rejets : Il est recommandé aux préfets d’imposer également une auto surveillance aux exploitants d’installations soumises à autorisation dont les rejets, même non significatifs, sont à l’origine d’un déclassement d’un cours d’eau par rapport à ses objectifs de qualité. Dans le cas de rejets toxiques significatifs, il est également recommandé que l’auto surveillance inclue le suivi régulier de la toxicité globale par un test biologique adapté. Pour les rejets ayant un impact significatif sur le milieu, il est recommandé que soit réalisée une surveillance du milieu par des prélèvements en aval mais également en amont des rejets. Dans les secteurs où se concentrent plusieurs rejets industriels et/ou urbains nécessitant une telle surveillance du milieu naturel, il est recommandé qu’un programme global de suivi de ces rejets soit élaboré en partenariat entre les industriels et les collectivités concernées, les gestionnaires des réseaux urbains, les services et établissements publics de l’Etat ainsi que les principaux usagers de l’eau. Il conviendrait alors qu’un tel programme puisse intégrer un outil global de mesure de la toxicité tant sur les rejets que dans le milieu naturel, établi sur les bases des avancées scientifiques récentes en matière d’écotoxicologie. La mise en place de stations de mesure en continu de la qualité du milieu serait à prévoir sur les quelques secteurs les plus concernés. • A propos des zones eutrophisées : Le S.D.A.G.E. recommande aux préfets d’édicter des prescriptions particulières pour les installations classées soumises à autorisation dans les secteurs reconnus comme eutrophisés, même non classés « zone sensible » ou « vulnérable » au sens des directives précitées. 173 2.4. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS DOMESTIQUES 2.4.1. RÉGLEMENTATION • • Les interdictions générales de rejet − Définition : Par interdictions générales, il y a lieu d’entendre celles de déverser un produit quelconque solide ou liquide, ou d’exercer des activités telles que le lavage des véhicules, et de tous engins à moteur, la vidange d’huiles de moteur à proximité de cours d’eau, lacs, étangs, canaux et nappes alluviales. − La protection des intérêts piscicoles est décrite dans le code rural, article L 2322, qui punit d’amende le rejet de substances menant à la destruction du poisson ou de sa nourriture. − La protection des cours d’eau appartenant au domaine public. Il est interdit d’y jeter des matières insalubres. − La protection des eaux souterraines. Tout déversement d’eaux usées dans les puits est interdit. La réglementation générale des rejets − L’évacuation des locaux d’habitation et assimilés. C’est la législation sur le permis de construire qui organise la protection du milieu naturel contre les déversements provenant des habitations domestiques nouvellement construites. − Le raccordement sur le réseau d’assainissement collectif est obligatoire (article 233 et suivants, code de la santé publique). − Lorsqu’il n’existe pas de réseau public d’assainissement, le rejet direct des eaux usées domestiques est soumis aux dispositions du décret 93-742 du 29 mars 1993. − Les immeubles non raccordés au réseau devront se munir d’un assainissement autonome, afin d’assurer l’épuration et l’évacuation des eaux usées dans le milieu naturel sous des modes compatibles avec les exigences de la santé publique et de l’environnement. − On notera l’importance du rôle des collectivités locales. Les mairies sont responsables de la salubrité publique et peuvent ou doivent en vertu de leurs pouvoirs généraux de police prendre toute mesure nécessaire pour veiller à la qualité de l’eau. − Articles 14 et 15 du décret 94-469 du 3 juin 1994. Le préfet arrête, pour chaque agglomération susceptible de produire une charge brute de pollution organique supérieure à 120 kg/jour, les objectifs de réduction des charges polluantes. Ces objectifs sont établis à partir des données permettant d’apprécier la sensibilité des milieux récepteurs aux pollutions. 174 2.4.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. Il est recommandé de mener des études pour apprécier la pollution engendrée par les décharges d’ordures ménagères (anciennes ou en activité), et si nécessaire pour prévoir les priorités en matière de mesures de protection des eaux à mettre en œuvre, notamment lors de la fermeture des décharges présentant des risques pour l’eau et pour la mise en sécurité ou la décontamination des anciennes décharges. Il est également recommandé que ces études prévoient la mise en place d’une politique de collecte sélective des déchets ménagers. Cette politique s’appuiera notamment sur une campagne d’information et de communication, et impliquera la réalisation de structures et installations suffisantes (conteneurs sélectifs, développement de déchetteries, …). Par ailleurs, une reflexion concernant l’utilisation de lessives sans phosphate sera lancée. 2.5. LUTTE CONTRE LES POLLUTIONS ACCIDENTELLES 2.5.1. RÉGLEMENTATION Deux actions principales doivent être engagées : − Une action de prévention qui doit être complétée par l’établissement de programmes départementaux des risques en fonction des constats de pollution accidentelle, et d’un examen des installations présentant un risque. − Une remise en ordre des plans départementaux d’intervention. Afin de faciliter la prévention et la lutte contre les sinistres, une obligation d’information des autorités est créée par la loi du 3 janvier 1992 (article 18). 2.5.2. LES PRÉCONISATIONS DU S.D.A.G.E. Il est recommandé qu’un soin tout particulier soit apporté dans le cadre des études réglementaires (impact, danger) à l’étude des scénarios d’accidents susceptibles d’occasionner des pollutions accidentelles. La description de la nature et de l’extension des conséquences d’un accident éventuel sur le milieu aquatique, ainsi que les mesures prises pour prévenir de tels accidents doivent être présentées dans ces études. Cette analyse doit prendre en compte la sensibilité du milieu. Il est recommandé que l’implantation de stations de mesures et prélèvements en continu soit étudiée. On veillera au caractère multi-usages de telles installations permettant de valoriser les données obtenues et les investissements consentis et de rechercher les causes des accidents. Un schéma de mise en œuvre d’un réseau de base de ces stations sera élaboré dans un délai de 2 ans après l’approbation du S.D.A.G.E. en partenariat avec les principaux usagers concernés. 175 3. LES OBJECTIFS DE QUALITE 3.1. RÉGLEMENTATION • En application de la loi de 1964, toujours en vigueur, un décret a fixé les objectifs de qualité assignés aux cours d’eau, sections de cours d’eau, canaux, lacs ou étangs, en application des directives CEE concernant la qualité requise : − des eaux superficielles destinées à la production d’eau alimentaire (16 juin 1975), − des eaux de baignade (8 décembre 1975), − des eaux douces ayant besoin d’être protégées ou améliorées pour être aptes à la vie des poissons (18 juillet 1978). Ces objectifs de qualité doivent être pris comme référence dans les documents de programmation et de planification élaborés et les décisions prises par l’Etat, les établissements publics et autres personnes morales de droit public, en vue d’assurer une amélioration continue de l’environnement. • Les règles générales de préservation de la qualité et de la répartition des eaux superficielles et souterraines fixent les normes de qualité et les mesures nécessaires à la restauration et à la préservation des différents usages de l’eau et de leur cumul, ainsi que les règles de répartition des eaux de manière à concilier les intérêts des diverses catégories d’utilisateurs. • Les cartes départementales d’objectifs de qualité comprennent : − une carte de qualité faisant état de la situation actuelle, − la carte départementale d’objectifs de qualité proprement dite, − un rapport explicatif et justificatif. Elles constituent un cadre de référence par la programmation des investissements et pour la délivrance des autorisations de rejet dans le département. La circulaire du 17 mars 78 définit la procédure d’élaboration des cartes qui sont approuvées par arrêté préfectoral. 3.2. LES PRÉCONISATIONS DU SDAGE D’une manière générale, une remise à plat de la politique d’objectifs de qualité est prévue pour tous les milieux (avant le 31 décembre 1999 pour les rivières et les eaux souterraines). En période transitoire, des préconisations sont formulées pour chaque type de milieu. Cette remise à plat sera initiée dès que de nouveaux systèmes d’évaluation (grilles de qualité) seront disponibles pour les différents milieux. Pour les cours d’eau et les eaux souterraines en particulier, des grilles sont en cours de mise au point au niveau national. 176 Les objectifs de qualité seront préparés dans le cadre de groupes de travail départementaux établissant successivement le diagnostic, les objectifs et les programmes chiffrés. La cohérence entre les départements et avec le SDAGE sera assurée par le Comité de Bassin. En ce qui concerne les rivières, les cartes départementales d’objectifs de qualité restent la référence, mais le SDAGE prévoit des réajustements des objectifs qui intègrent les orientations suivantes : - actualisation au cas par cas pour tenir compte de certaines spécificités locales, - suppression de tous les points noirs de pollution en qualité générale hors classe sans augmentation du linéaire global en classe 3. D’autre part, des objectifs complémentaires sont fixés pour lutter contre l’eutrophisation et la pollution contre les micropolluants. En ce qui concerne les eaux souterraines, l’objectif est l’aptitude à la production d’eau potable en respectant notamment les limites de qualité des eaux distribuées excepté pour les paramètres liés à la structure naturelle des eaux (paramètres physicochimiques ou substances indésirables). 177 Annexe 6 Réglementations et préconisations du SDAGE au sujet des extractions et carrières 178 EXTRACTIONS ET CARRIERES 1. RÉGLEMENTATION 1.1. NOUVEAU RÉGIME JURIDIQUE. A partir du 9 juin 1994, un nouveau régime juridique des carrières est instauré, dont les principaux points sont détaillés ci-dessous : • Les carrières sont des installations classées et sont soumises à autorisation préfectorale avec enquête publique. • Ainsi que : ∗ les opérations de dragage des cours d'eau et des plans d'eau lorsque les matériaux sont utilisés et qu'elles portent sur une quantité supérieure à 2 000 tonnes, ∗ les affouillements du sol lorsque les matériaux prélevés sont utilisés à des fins autres que la réalisation de l'ouvrage sur l'emprise duquel ils ont été extraits et que la superficie d'affouillement est supérieure à 1 000 m2 ou la quantité de matériau supérieure à 2 000 tonnes, ∗ les exploitations en vue de leur utilisation des masses constituées par des holdes et treuils de mines et par des déchets d'exploitation de carrières lorsque la superficie est supérieure à 1 000 m2 et la quantité supérieure 20 000 t. • Les autorisations d'exploitation doivent être compatibles avec le schéma des carrières (décret 94.603 du 11 juillet 1994) (voir détails en 2). • De nouvelles prescriptions techniques et administratives sont fixées relativement à l'exploitation des carrières et aux installations de premier traitement des matériaux (arrêté du 22 septembre 1999). • Des garanties financières doivent être constituées pour assurer la remise en état des carrières après utilisation (décret 96.18 du 5 janvier 1996). • L'autorisation d'exploiter est limitée à 30 ans maximum. • Toute extraction légalement autorisée peut continuer à fonctionner dans les conditions prévues par la réglementation antérieure, sauf prescriptions complémentaires éventuelles ; si elle ne bénéficiait pas d'une autorisation explicite du représentant de l'Etat, elle doit se déclarer avant le 9 juin 1995. 179 1.2. LES CONTRAINTES ENVIRONNEMENTALES Elles sont regroupées en quatre catégories. 1. Interdictions réglementaires dans tous les cas - lit mineur des cours d'eau (sauf dûment justifié), périmètre de protection immédiate des captages d'eau pour la consommation, espaces boisés et classés, espaces à préserver selon article L146-6 du Code de l’Urbanisme. 2. Interdictions réglementaires spécifiées au cas par cas par un cahier des charges ou un règlement propre à la zone considérée - réserves naturelles, protection de biotopes, sites classés, sites inscrits, monuments historiques et leurs périmètre de protection, ZNIEFF type I, zones soumises à PPR, périmètre de protection rapprochée pour l'eau destinée à la consommation, zones définies par POS. 3. Espaces faisant l'objet d'un "porter à connaissance" du fait de leur intérêt environnemental : - ZNIEFF de type II, ZPS (Zone de protection Spéciale), ZICO (Zone d’Importance pour la Protection des Oiseaux), périmètre de protection éloignée, zones inondables définies par PPR. 4. Autres données à signaler, comme activités agricoles ou zones de préemption définies par la politique départementale des espaces naturels sensibles. Ex. : vignobles, paysages remarquables,... 180 2. ORIENTATIONS CARRIÈRES DU SCHÉMA DÉPARTEMENTAL DES 2.1. ORIENTATIONS EN MATIÈRE D'UTILISATION DES MATÉRIAUX 2.1.1. UTILISATION RATIONELLE ET ÉCONOME DES MATÉRIAUX Plusieurs préconisations ont été retenues afin d'éviter le gaspillage des matériaux : • Interdiction de l'utilisation des matériaux alluvionnaires en remblai. • Limiter l'exploitation des matériaux de qualité aux besoins spécifiques (protéger les matériaux nobles de type alluvionnaire). • Favoriser l'exploitation de matériaux de carrières en roches massives. • Appliquer une politique des granulats en technique routière (circulaire du Ministère des Transports n° 84-47 du 16 juillet 1984). 2.1.2. PRÉCONISATIONS VISANT À MAINTENIR L'ACCESSIBILITÉ AUX GISEMENTS DE MATÉRIAUX Le département du Gard possède de nombreux gisements de matériaux de nature très variée, auxquels il ne faut pas limiter l'accès sans éventuelles justifications, car ils sont nécessaires et indispensables aux besoins locaux et régionaux. (Exemples : sables siliceux, quartzites, argiles pour brique dans le secteur d'Uzès, pierres tendres dans le secteur Castillon-Vers...) De plus, il s'avère nécessaire de : - créer un environnement globalement favorable au maintien et au développement des activités liées à la valorisation de ces ressources en matériaux, - sensibiliser les maîtres d'ouvrage à l'utilisation de ces matériaux, - inviter et aider les professionnels à mettre en œuvre des actions collectives concourant au maintien et au développement de ces activités. 2.2. ORIENTATIONS EN MATIÈRE DE RESPECT DE L'ENVIRONNEMENT Elles visent à implanter les carrières dans les secteurs les moins vulnérables vis-à-vis du milieu à exploiter. Il est nécessaire de prendre en compte les contraintes environnementales (citées plus haut). 181 2.2.1. RECOMMANDATIONS POUR L'IMPLANTATION ET L'EXPLOITATION DES CARRIÈRES 2.2.1.1. Les milieux aquatiques • Dragage en lit mineur Le SDAGE précise que sur tous les cours d'eau nécessitant des opérations d'entretien significatives par dragages ou curages autres que les opérations d'entretien obligatoires, des études générales de transport solide par bassin versant ou sousbassin versant seront réalisées dans un délai de : - 5 ans après approbation du SDAGE pour les rivières alpines et méditerranéennes, - 10 ans après approbation du SDAGE pour l'ensemble du fleuve Rhône et pour les autres rivières du bassin. • Exploitations en lit majeur Les carrières pourront être autorisées si l'étude d'impact prouve (cf. SDAGE) que : - l'espace de liberté et les annexes fluviales sont préservés ou restaurés dans leurs caractéristiques physiques, biologiques et dans leurs fonctionnements, - la carrière ne nuit pas à la préservation de la qualité des eaux, - l'exploitation ne nécessite pas des mesures hydrauliques particulières (protection des berges, enrochements). • Exploitations en nappe alluviale - Dans les secteurs à fort intérêt pour l'usage alimentation en eau potable (Gardons en aval d'Alès et Anduze jusqu'à Dions), l'autorisation d'exploiter les matériaux ne pourra être accordée que si elle garantit la préservation des gisements d'eau souterraine en quantité et en qualité. - L'arrêté d'autorisation doit prévoir, durant la durée de l'exploitation, la mise en place et l'exploitation d'un réseau de surveillance de la qualité et des niveaux des eaux de la nappe influencée par la carrière, et après abandon de l'exploitation, le maintien de ce réseau en bon état de fonctionnement pour permettre les contrôles ultérieurs. Les données recueillies devront être transmises aux services chargés de la police des eaux. 182 - Par ailleurs, dans le cadre de la compatibilité entre SDAGE et Schéma des carrières, les orientations suivantes ont été retenues : • limitation stricte des autorisations d'extraction dans : ∗ les vallées ayant subi une très forte exploitation dans le passé et reconnues comme milieux particulièrement dégradés (Gardons en aval d'Alès et d'Anduze), ∗ secteurs reconnus comme milieux aquatiques remarquables (Gardons). • transfert des extractions ci-dessus vers les hautes terrasses et roches massives en tenant compte de l'impact économique, • interdiction d'exploiter les granulats alluvionnaires sous la nappe par rabattement piézométrique. - Afin de ne pas entraver l'écoulement des crues : • interdire les endiguements, • limiter pendant les périodes de forte hydraulicité, les stockages de matériaux pour ne pas constituer d'obstacle ou dériver l'écoulement. - Prendre des précautions strictes pour ne pas dégrader la qualité des eaux de surface. Les rejets d’eau de process des installations de traitement à l’extérieur des sites seront interdites et les eaux issues de l’exploitation (nettoyage, pluviales) et rejetées dans le milieu naturel devront respecter les normes fixées par l’arrêté ministériel du 22 septembre 1994, notamment les matières en suspension totales et les hydrocarbures doivent avoir une concentration inférieure respectivement à 35 mg/l et 10 mg/l. - Le mitage du paysage par des plans d’eau sera à éviter. 2.2.1.2. Les activités agricoles Les études d'impact devront fournir les éléments aptes à vérifier la compatibilité de l'extraction des matériaux avec l'activité agricole. 2.2.1.3. Les paysages Lors de la création ou de l'agrandissement de carrières, conformément au Schéma Départemental du Paysage, seront pris en compte les niches écologiques et paysagères, les potentialités d'usage ultérieur et le réaménagement à terme, ainsi que les conditions qualitatives de cette reconversion. 2.3. ORIENTATION POUR LA REMISE EN ÉTAT DES LIEUX ET LE RÉAMÉNAGEMENT • La remise en état des lieux est une obligation imposée par la réglementation qui prévoit d'autre part que les conditions de remise en état seront définies dans le cadre de l'arrêté d'autorisation de carrière. • Elle peut s'accompagner d'un réaménagement qui donne au site une nouvelle vocations. 183 • Diverses stratégies de réaménagement sont actuellement observées : • • • • • • • réaménagement paysager et écologique des plans d'eau, réaménagement paysager à des fins de loisirs pêche, promenade, activités nautiques, fonctionnement de bassins écrêteurs de crue, constitution de réserves en eau potable, aquaculture, remblaiement, mise en valeur agricole, forestière, industrielle. • Ces divers types de réaménagement n'offrent pas les mêmes garanties vis-à-vis de la protection des milieux aquatiques et des zones humides. Ainsi est-il préconisé de : • • • • conduire les exploitations dans la perspective de l'option de réaménagement retenue, notamment pour les carrières alluvionnaires, privilégier les options qui offrent les meilleures garanties de gestion après réaménagement, veiller à ce que la carrière ne nuise pas à l'état naturel des eaux de la nappe, limiter l'impact de la carrière sur les milieux et écosystèmes aquatiques. • En ce qui concerne le réaménagement écologique des plans d'eau paysagers ou de loisirs, il est recommandé de porter l'attention sur : • • • la morphologie des plans d'eau, la végétalisation en privilégiant les peuplements adaptés aux contraintes locales, la qualité de l'eau et la restauration des facteurs naturels d'auto-épuration. 2.4. RECOMMANDATIONS POUR LA RÉHABILITATION DES SITES • Pour les sites dégradés dans le lit mineur des cours d'eau : • • • laisser le cours d'eau réutiliser les matériaux subsistants pour réparer les dégâts causés, garantir un débit solide suffisant au cours d'eau en veillant au maintien du linéaire des berges érodables et en favorisant son développement lorsque l'occupation du sol le permet, aménager si nécessaire le lit du cours d'eau de façon à favoriser le comblement des fossés d'extraction et à limiter la progression des érosions progressive et régressive en s'appuyant sur une étude géomorphologique et de dynamique fluviale. • Il est recommandé que les schémas départementaux des carrières dressent une liste des sites sur lesquels d'anciennes gravières présentent des risques réels ou potentiels pour : • la salubrité publique, • la qualité des eaux souterraines, • le fonctionnement (sous tous ses aspects : physiques, chimiques, biologiques) du cours d'eau avoisinant, • le comportement de la nappe phréatique, • l’écoulement des eaux en période de crue. Cette liste sera présentée aux commissions départementales des carrières en vue d'établir un programme de réhabilitation et de gestion. 184