Initiation d`une fissure dans un caoutchouc naturel chargé
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Initiation d`une fissure dans un caoutchouc naturel chargé
Initiation d’une fissure dans un caoutchouc naturel chargé : procédure d’essai et analyses macroscopiques des fissures E. Ostoja-Kuczynski (1), P. Charrier (1), E. Verron (2), L. Gornet (2) (1) Trelleborg Automotive France. Service Avance de Phase. 1, rue du Tertre, 44470 CARQUEFOU (2) Ecole Centrale de Nantes. 1, rue de la Noe, BP 92101, 44321 NANTES Résumé : La validation d’un critère de dimensionnement en fatigue ne peut se faire que si l’on dispose d’une gamme d’essais la plus large possible. Deux géométries d’éprouvettes servent de base à la construction d’une banque de données expérimentale complète, permettant de mettre en évidence l’influence d’une précharge sur la durée de vie de la pièce et les conséquences du comportement non linéaire de l’élastomère. Un nouveau critère expérimental de fin de vie est proposé. Ce critère est fondé sur les spécifications des cahiers des charges constructeur, sur des observations macroscopiques effectuées pendant l’essai et sur l’évolution de la raideur globale de la pièce testée. Ce critère est validé sous différents types de sollicitation. Mots-clés : Fatigue, Initiation, Caoutchouc Naturel Chargé Abstract: The definition of an initiation criterion for rubber parts durability must be based on a wide experimental database that should include a large number of different loading conditions. In the present work, two classical test samples are used to develop such an experimental database. In this context, influences of both pre-loading conditions and the non-linear time dependent behaviour of rubber on the fatigue life are highlighted. Then, in regards with these results, an experimental “end-of-life” criterion is established. It is based on AVS component specifications, on macroscopic observations during experiments, and on the evolution of samples global stiffness. In regards with this criterion, Wöhler curves for rubber are proposed and the approach is validated by examining cracks evolution during experiments conducted under different loading conditions. 1. Introduction Les aspects de comportement statique et dynamique des élastomères sont bien maîtrisés lors de la conception de nouveaux composants antivibratoires. Par contre, la tenue en endurance des nouveaux produits reste un point critique. Les délais de développement sont incompatibles avec une boucle de conception basée sur des itérations successives validées sur banc d’essai d’endurance. Il est donc nécessaire de se doter d’un outil prédictif en fatigue permettant de quantifier numériquement la pertinence d’une solution technique avant sa validation définitive sur banc d’essai. Deux géométries d’éprouvettes classiquement utilisées ont été retenues pour ces travaux (cf. Figure 1). La première géométrie, dite éprouvette diabolo, est adaptée aux sollicitations de traction. La deuxième géométrie d’éprouvette, référencée sous le nom d’éprouvette AE2, est principalement adaptée à l’étude des sollicitations multiaxiales. Le matériau retenu pour cette étude est un caoutchouc naturel chargé de particules de noir de carbone. Figure 1 : éprouvette diabolo (à gauche) et éprouvette AE utilisées dans cette étude. 2. Matériel d’essai On dispose pour cette campagne de deux servovérins pneumatiques et d’un moteur rotatif électrique. Les essais de fatigue sont réalisés dans une enceinte climatique contrôlée à 23°C. Le matériel permet de réaliser des essais de traction et de compression, des essais de torsion et des essais mixtes traction / torsion en couplant deux moyens d’essais. 3. Critère expérimental de fin de vie 3.1 Définition du critère de fin de vie La construction d’une courbe de Wöhler nécessite la définition d’un critère de fin de vie expérimental pertinent quel que soit le type de sollicitation appliqué à la pièce. L’état de l’art propose de déterminer la fin de vie d’une éprouvette de deux façons [1] et [2]. La première méthode consiste à retenir le nombre de cycles nécessaires à la rupture finale de la pièce. La deuxième méthode consiste à se fixer une décroissance seuil de l’effort maximal. Une nouvelle méthodologie indépendante du type de sollicitation et du niveau de chargement appliqué a été développée. On choisit de travailler sur la raideur apparente de l’éprouvette définie comme le rapport entre l’effort maximal et le déplacement maximal mesurés sur un cycle : K( N ) = F max( N ) L max( N ) (1) où K est la raideur apparente de la pièce, Fmax le maximum d’effort et Lmax le maximum de déplacement relevés sur un cycle. Ce choix permet de travailler indistinctement sur les essais pilotés en effort et sur les essais pilotés en position. qu’à partir du moment où les piqûres atteignent une taille de l’ordre de 2 mm qu’elles commencent à se propager dans le volume de l’éprouvette (étape 4). A partir de cette étape, la propagation s’accélère : la fissure atteint rapidement un quart de la surface de l’éprouvette (étape 5), puis rompt (étape 6). A la lumière de cette analyse, on considère que la fin de vie d’une éprouvette diabolo intervient lorsque le défaut commence à se propager dans le volume, ce qui correspond à une taille de fissure de l’ordre de 2 mm. Il est important de remarquer que la taille du défaut retenu n’est pas intrinsèque au matériau étudié mais doit être ramené à la taille de la structure étudiée : un défaut de 2 mm pour qualifier l’initiation sur une éprouvette de type haltère par exemple ne serait pas admissible. On identifie deux phénomènes physiques responsables de la perte de raideur de l’éprouvette pendant l’essai : la viscoélasticité et la croissance d’un défaut dans la pièce. Tant que la pièce est intacte, la décroissance de la raideur est pilotée au premier ordre par la viscoélasticité. On a donc une relation simple entre la raideur du matériau et le nombre de cycles : K ( N ) = K 0 ⋅ Log ( N ) + B (2) où K0 et B sont des constantes. La dérivation de l’équation ci-dessus par rapport au nombre de cycles fournit la relation suivante : dK K 0 = dN N (3) Ainsi, tant que la décroissance de raideur de l’éprouvette est pilotée par la viscoélasticité, on doit vérifier la relation simple : N⋅ dK = cte dN (4) La fin de vie expérimentale de la pièce correspond au nombre de cycles à partir duquel la relation cidessus n’est plus vérifiée. 3.2 Validation Pour valider le critère expérimental de fin de vie, on réalise un suivi photographique d’un essai de traction relaxante sur une éprouvette diabolo. Les différentes étapes de l’apparition d’un défaut puis de la croissance de ce défaut jusqu’à la rupture de la pièce sont illustrées sur la Figure 2. Les premières piqûres visibles à l’œil apparaissent peu après la moitié de l’essai (étape 1). Ces piqûres restent dans un premier temps à la surface de l’éprouvette, et propagent très lentement (étapes 2 et 3). Ce n’est Figure 2 : suivi photographique d’un essai de traction relaxante sur éprouvette diabolo. [1]Abraham, F., Alshuth, T. & Jerrams, S. 2001. The Dependence of Mean Stress and Stress Amplitude of the Fatigue Life of Elastomers. Proc. International Rubber Conference 2001, 12-14 june 2001, Birmingham, UK [2] Mars, W. V. 2001. Multiaxial Fatigue of Rubber. Ph-D Dissertation, University of Toledo.