montreuil-bellay un château en val de loire

Transcription

montreuil-bellay un château en val de loire
 MONTREUIL -BELLAY
UN CHÂTEAU EN VAL DE LOIRE
e site de MontreuilL
Bellay a attiré les
hommes dès la préhistoire.
En effet, la rivière le Thouet,
les corniches calcaires qui
la bordent et les vastes
plaines qui s’étendent
au nord et au sud sont autant
de promesses de pêche
PAYS DE LOIRE
 Maine-et- Loire
et de chasse fructueuses,
(49)
d’abris sûrs et d’évasions
 ZPPAUP (2001)
possibles. Au fil de l’histoire,
 4 347 Montreuillais
le grand axe de circulation
 4 896 hectares
de la partie ouest du
territoire se précisera,
LES VINS
de Calais à Bayonne.
DE SAUMUR
Quelques années après
Montreuil-Bellay
l’an 1000, Foulques III Nerra,
avec ses 400 hectares
comte d’Anjou, édifie
de vigne est une
un donjon sur le plateau
commune
du coteau, qui constitue
incontournable
de l’appellation
le noyau originel du château.
d’origine contrôlée
C’est dans la basse cour
saumur. Regroupé
de ce premier château fort
sur les deux versants
que l’agglomération, fixée
du Thouet,
tout d’abord le long
le vignoble s’étale
du Thouet près d’un guet,
en pente douce sur
des sols graveleux
va se développer.
et argilo-calcaires.
Les cépages
de prédilection sont
le cabernet franc,
le chemin, le
Chardonnay.
UN COMPLEXE
ARCHITECTURAL
De sièges en destructions puis en reconstructions,
le magnifique complexe architectural de Montreuil-Bellay
rassemble des éléments d’inspiration diverse fondus dans
un ensemble qui est l’un des plus harmonieux du Val
LES PLUS
de Loire. L’espace urbain est protégé par une enceinte
BEAUX DÉTOURS
percée de plusieurs portes. Encadrée de deux tours à bossages
DE FRANCE
(face visible des pierres en saillie) particulièrement prononcés,
À côté des activités
e
de production, la ville la porte Saint-Jean s’ouvre sur l’hôpital Saint-Jean (XV siècle),
développe ses attraits aujourd’hui restauré. Au détour de chaque rue, hôtels
touristiques. Faisant
particuliers ou maisons plus modestes ornées de lucarnes
partie de la centaine en tuffeau racontent au promeneur une histoire longue
de communes
de quelque onze siècles.
regroupées au sein
LES FORTIFICATIONS. Elles marquent fortement le paysage
de l’association
urbain. Le château, bâti sur un promontoire rocheux,
Les Plus Beaux
est protégé par une première enceinte. Une deuxième ligne,
Détours de France,
elle vient récemment du XIIIe siècle, aux dimensions impressionnantes, délimite
de se voir attribuer
encore la vieille ville, dont l’accès emprunte deux des portes
le label des Petites
d’origine. Pour compléter le dispositif, une dernière enceinte,
Cités de caractère,
du XVe siècle, est greffée sur le pied du coteau ; elle
qui reconnaît non
seulement les efforts permettait jadis le contrôle de la navigation et des péages.
UN APPAREILLAGE DÉFENSIF. L’entrée par la porte
déployés pour
la préservation
Saint-Jean, du XVe siècle, permet de découvrir un appareil
et la mise en valeur
de défense du XIIIe siècle, désormais rare, dont les bossages
du patrimoine, mais
étaient
destinés à faire riper les munitions d’attaque
aussi les capacités
du territoire à recevoir et ainsi à limiter les dommages. Ce principe médiéval a été
récemment (1998) utilisé à des fins décoratives sur la façade
et accueillir les
visiteurs.
du centre culturel de la Closerie.
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ENTRE TERROIR ET INDUSTRIE
LES JARDINS
BOTANIQUES
LE CAMP AMÉRICAIN. Dans le contexte du plan Marshall,
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’armée
américaine a aménagé 200 hectares dans la plaine
de champagne. Cet espace, naturellement singulier par
sa géologie, sa pédologie, sa flore et sa faune, l’est devenu
un peu plus lorsqu’il a été clôturé, viabilisé, construit
et utilisé par des centaines de soldats américains et
1 300 salariés civils. Quand les troupes américaines
regagnèrent leur pays. Edgard Pisani, maire de MontreuilBellay, mena à bien le rachat par la commune de cet
ensemble foncier et immobilier. Reconvertie en espace
économique, bénéficiant d’un raccordement direct au réseau
ferré national, la zone d’activités de Méron est, aujourd’hui,
un des sites industriels les plus actifs de la région.
LA VIGNE. Les Romains introduisirent les premiers des plants
de vigne à Montreuil-Bellay. Au Moyen Âge, les moines
installés au monastère des Nobis poursuivirent l’activité
viticole, et la rivière le Thouet, véritable axe commercial,
fit la renommée des vins de la commune. Aujourd’hui,
la vingtaine de vignerons de Montreuil-Bellay produisent
annuellement 20 000 hectolitres de vins d’appellation
saumur, avec des techniques respectueuses de
l’environnement : enherbement, effeuillage, éclaircissage
et depuis peu, mise en place de bandes florales permettant
de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires tout
en assurant une qualité de raisins irréprochable.
Créé à l’initiative
des Villages
et Promenades
botaniques,
regroupant
six communes
du Saumurois,
le parcours botanique
propose une autre
façon de découvrir
la ville : le château
(départ place des
Ormeaux), le Thouet
et ses gués, la maison
natale du poète
Charles Dovalle
(1807-1829), mort
prématurément dans
un duel, les remparts,
le mail aux Belles
et enfin le jardin
botanique.
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 MONTREUIL -BELLAY
LA TERRE DES AMMONITES
Montreuil-Bellay, située dans un bassin
géologique datant de l’ère secondaire
(le jurassique, étage callovien, vieux d’environ
165 millions d’années) est riche en fossiles
et particulièrement en ammonites, dont l’état
de conservation est assez exceptionnel.
En 1850, le naturaliste Alcide d’Orbigny
(ci-dessus) fut l’un des premiers savants à se préoccuper
de cette faune ammonitique fossile sur le site de MontreuilBellay. Il en identifia, et nomma, une bonne partie. Son travail
fut enrichi par les naturalistes, Hébert et Eudes-Deslongchamps
(de 1855 à 1860), Couffon (de 1917 à 1937) et par Gérard
et Contaut qui, dans les années 1930, donnèrent le nom
d’un hameau de Montreuil-Bellay, Trézé, à une espèce :
Hecticoceras orbignyceras trezeense.
L’ÉTAGE CALLOVIEN
L’histoire géologique
du monde est divisée
en quatre ères.
La géologie de
Montreuil-Bellay
se situe au secondaire,
à la période jurassique,
étage callovien, ainsi
nommé par le savant
naturaliste Alcide
d’Orbigny par
dérivation d’un nom
anglais : Kelloway
rock. La zone
favorable
à la découverte
d’ammonites est la
plaine de champagne,
située à la sortie
de Montreuil-Bellay
vers Loudun.
LA GÉOLOGIE
Pendant la période
jurassique, la région
de Montreuil-Bellay
était une mer de
profondeur variable.
Cette mer a subi
des mouvements
de régression
et de retour, mais
il ne semble pas
que des terres aient
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émergé car tous les
fossiles trouvés sont
des fossiles marins.
Progressivement,
la topographie
a changé en raison
du retrait de la mer
et des mouvements
tectoniques.
La faille de
Loudun, qui s’étend
de Doué- la-Fontaine
à Loudun, a aidé
à amplifier cette
évolution.
Des effondrements
de terrain ont modifié
le relief. Une rivière
(le Thouet)
a creusé son lit, qui
progressivement
s’est rétréci, créant
ainsi deux plateaux.
LONGÉVITÉ
Les ammonites,
du latin Ammonis
cornu ou «cornes
d’Amon» (dieu
égyptien considéré
comme le roi des
dieux et ensuite
assimilé à Rê),
sont des mollusques
fossiles enroulés
De gauche à droite : Hecticoceras orbignyceras trezeense ;
Peltoceras athleta ; collotia frasi ; collotia ; reneckeia ;
pseudo peltoceras leckenbyi ; collotia (coupe).
En bas, la plaine de champagne de Montreuil-Bellay.
«curiosités»,
ramassées
généralement
par des érudits qui
les présentaient
dans des cabinets
de curiosités.
C’est vers le milieu
du XIXe siècle
qu’un début sérieux
de classification
et d’identification se
fit jour, en particulier
sous la houlette
d’Alcide d’Orbigny
(1802-1857),
disciple de Cuvier ;
il est l’auteur d’une
Paléontologie française
UNE CURIOSITÉ
écrite entre 1840
Pendant très
et 1860. La majorité
longtemps, les fossiles des ammonites
ont été considérés
du callovien furent
comme des
décrites par lui.
de la classe des
céphalopodes, qui
se sont développés
et ont disparu
à l’ère secondaire.
Il ne subsiste
plus actuellement
qu’une seule espèce
des céphalopodes
présents à cette
époque : le nautile.
Ce dernier a quelques
caractéristiques
qui donnent une idée
de ce à quoi pouvait
ressembler une
ammonite. Il vit dans
les mers chaudes.
UN PRÉCURSEUR
Les coquilles
d’ammonites ne
ressemblent en rien
à des escargots (nom
donné communément
à ces fossiles).
À l’intérieur des
enroulements,
des cloisons
créent des chambres
communiquant entre
elles par un siphon
et munies de clapets
permettant
de les isoler.
L’animal habitait
la partie terminale,
ou chambre
d’habitation, fermée
par des aptychus
(l’équivalent des
opercules des
bigorneaux)
et devait ressembler
à un poulpe. Pour
descendre,
il remplissait
sa coquille
d’eau, la vidait pour
s’alléger et remonter,
et en éjectant l’eau,
il se déplaçait,
un peu sur le principe
de la réaction.
LA SPÉCIFICITÉ
MONTREUILLAISE
Les ammonites ont
reçu des noms qui
correspondent
le plus souvent à une
latinisation du nom
du chercheur qui les
a décrites ou du lieu
géographique de leur
découverte. Ainsi,
pour baptiser une
ammonite, on adjoint
au nom de famille un
nom de genre, voire
un nom d’espèce,
ce qui est le cas d’un
spécimen de la région
de Montreuil-Bellay :
Hecticoceras (nom
de famille) –
orbignyceras (en
l’honneur d’Orbigny)
– trezeense (de Trézé,
nom d’espèce).
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