Les enjeux du Mont-Royal pour l`avenir de Montréal

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Les enjeux du Mont-Royal pour l`avenir de Montréal
Les enjeux du Mont-Royal pour l’avenir de
Montréal
Par Robert Perreault, ancien ministre du Gouvernement du Québec, directeur général
sortant, Conseil Régional de l’environnement de Montréal
Conférence prononcée le 20 novembre 2007
Le contexte
Le Mont-Royal est un succès de la nature, un phénomène géophysique au cœur de l’île de
Montréal, une montagne à trois sommets. Le sommet le plus connu est celui du MontRoyal. A l’ouest, se trouve le sommet de Westmount et au nord se situe le sommet
d’Outremont.
Au gré des années écoulées, cet immense espace naturel s’est progressivement rapetissé
au fur et à mesure que l’urbanisation progressait. Conserver cet espace vert au cœur de
l’île, symbole du paysage montréalais devient prioritaire. Actuellement, plus de 85% du
territoire de Montréal est urbanisé. Il reste moins de 15 % de Montréal en espaces verts.
La table de concertation, du Mont-Royal, auquel a participé le conférencier, cherche à
réunir toutes les parties prenantes intéressées autant au développement qu’à la
préservation du Mont-Royal, en misant sur une lecture partagée de son histoire de ses
défis et de ses enjeux.
Les parcs et espaces verts constituent une richesse urbaine que les grandes métropoles
préservent attentivement car leur présence augmente leur attrait et attire une population
résidente. Montréal conserve sur son territoire de vastes espaces verts convoités par les
promoteurs immobiliers privés et institutionnels. Le Mont Royal, symbole de Montréal,
est attaqué de toutes parts. Quels sont les enjeux et les choix pour l’avenir? Qui
intervient? Quelles solutions retenir et comment y parvenir?
Source : Wikipedia commons
Source : courir Montréal
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Le Mont-Royal et ses constituants
Les montréalais considèrent le Mont-Royal comme un vaste parc. Cepedant, il n’est pas
seulement un parc car on y trouve également: le cimetière Notre-Dame-Des-Neiges, le
cimetière Mont-Royal, le cimetière des Protestants et le cimetière Juif. Ces cimetières
occupent la plaine centrale du Mont-Royal. Autrefois, s’y trouvaient aussi des cimetières
indiens.
Aujourd’hui, le Mont-Royal est entouré par
une couronne institutionnelle qui englobe des
hôpitaux, des universités, des collèges, des
maisons d’enseignement, etc.
Prés de cinq millions de visiteurs, dont 75 %
viennent de l’île de Montréal, fréquentent,
chaque année le parc.
Les activités pratiquées sur le site du MontRoyal se concentrent autour des activités de
loisirs et découverte de la nature : Parcs de
détente, vélo, patin, promenade, marche, course
à pied, pique-nique en famille, etc.
Source : www.voix-nomades.com
Source : www.flickr.com
Source : jasminecuisine.blogspot.com
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L’histoire du Mont-Royal
L’origine de cette montagne remonte à la fin de la glaciation. Progressivement les
amérindiens s’installent sur l’île. Il y a quelques siècles, à l’exception de quelques
sentiers amérindiens, le Mont-Royal se qualifiait de nature vierge.
1535 : Jacques Cartier prend possession de cette montagne au
nom de Roi de France.
1642 : La fondation de Ville Marie est suivie par l’épisode de
l’érection de la croix. Les français s’installent dans un petit fort de
fortune sur le bord de Saint-Laurent. Au cours d’une période
d’inondation, Maisonneuve promet à la vierge de monter la
montagne avec la croix de bois sur son dos pour l’y ériger si
l’inondation cesse. L’inondation cesse et ainsi apparut la première
croix du Mont-Royal, parait-il.
Source : www.grandquebec.com
1642-1780 : Première période d’urbanisation et d’installation permanente.
La montagne devient progressivement un espace agricole. Ville-Marie est au sud, près du
Saint-Laurent à proximité de la rue Notre-Dame et du Vieux Montréal. Un espace
agricole se développe à Ville-Marie. Parallèlement, la mission du fort de la montagne
s’installe en haut de la rue Sherbrooke. Des terrasses se développent et plusieurs chemins
de contour se déploient autour de la montagne, d’où les noms connus tels que la CôteDes-Neiges, la Côte -Saint-Antoine, Côte-Saint-Luc, la Côte-Saint-Catherine, etc.
L’histoire du Mont-Royal témoigne de son évolution progressive d’un territoire naturel se
transformant en milieu urbain.
1780-1840 : Le paysage rural est en mutation avec la création de plusieurs noyaux
villageois vers la Côte-Des-Neiges, Westmount etc. par déboisement. Les arbres
centenaires de la vallée de Saint-Laurent, les chênes, les érables, les bois nobles, de
dimension respectable, disparaissent progressivement. Les gens commencent à s’installer
graduellement. Des maisons de fermes apparaissent.
La villégiature se développe, les gens se déplacent de la ville pour s’installer sur la
montagne, de nouvelles résidences apparaissent et les points de vue panoramiques se
multiplient.
1840-1870 : L’industrialisation autour du canal Lachine progresse. Des fonctions plus
nobles comme les fonctions de santé, d’éducation et la recherche d’espaces de meilleure
qualité se développent.
Les sulpiciens, seigneurs de l’île, s’établissent sur le Mont-Royal. Les hospitalières de
Saint-Joseph se construisent. Les cimetières s’implantent sur la montagne. L’université
de McGill s’érige au pied de la montagne. Le réservoir de McTavish, un bâtiment à
l’apparence d’un fort, est érigé sur le Mont-Royal. Les habitations bourgeoises
commencent à se regrouper. Le fameux « Golden square mile » apparait. Parallèlement,
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les réseaux ferroviaires se développent. Montréal était à l’époque la grande métropole du
Canada.
1874 : Le parc du Mont-Royal est crée. Cette décision est prise sous la demande générale
de la population, appuyée par les gens riches.
1870-1830 : La montagne est rattrapée par l’urbanisation. La densification de l’habitat se
poursuit suivie par la création de la ville de Westmount et de la ville d’Outremont.
Le XXème siècle témoigne d’une urbanisation galopante avec l’émergence de l’Oratoire
Saint-Joseph, l’université de Montréal dans les années 20, le stade McGill, L’hôpital
Royal-Victoria, le collège Brébeuf, le collège Notre-Dame, les deux parcs Summit et
Jeanne-Mance, etc.
1930-1980 : L’époque de la modernisation, de l’urbanisation et des méga projets apparaît.
La Sun Life, l’unique building de la ville, n’arrivait pas à concurrencer la silhouette du
Mont-Royal. Le Mont-Royal demeurait un point de référence, partout, pour la ville.
Dans les années 60, les gratte-ciels se développent. L’image dominante du Mont-Royal
dans le paysage, commence à s’estomper et à se cacher derrière les gratte-ciels du centre
ville de Montréal. L’automobile redessine les grandes artères de Montréal. La ville
s’organise en fonction de l’automobile avec la construction de la voie Camillien-Houde,
une voie d’autoroute dans un parc, avec l’échangeur Mont-Royal et l’échangeur des pins.
Cette époque a connu plusieurs projets dont l’apparition des grandes conciergeries, la
transformation et re création des dix-huit pavillons de l’Université McGill, le
développement de l’école Polytechnique, de l’université de Montréal, et de l’école HEC,
etc. Au fur et à mesure que les années passent, la montagne se réduit.
Les années 80 : La montagne est en péril. Deux batailles sont déclenchées par Phyllis
Lambert contre deux grands projets. Avec le projet du complexe de la cité, autour du
ghetto McGill, il est envisagé de raser tout le quartier historique pour développer des
conciergeries, des tours à bureaux, des commerces, etc. Seulement une partie du projet se
réalisera en élevant les tours près de l’avenue du Parc. La seconde grande bataille découle
de l’intention de réunir le centre Eaton à un développement du côté ouest, en fermant
complètement l’avenue McGill collège. Toute la perspective de la montagne à partir du
centre ville aurait entièrement disparue derrière les tours et les centres d’achat. Phyllis
Lambert a combattu farouchement ce projet et finalement gagné la bataille. À cette
époque aussi, Jean Drapeau suggérait de construire une grande tour sur le Mont-Royal et
proposait d’y développer un téléphérique et des restaurants. L’idée était de concurrencer
la tour de Toronto. D’autres suggéraient des projets de centre de ski et autres projets du
même genre.
La montagne en péril nécessitait de prendre les moyens pour préserver cet espace naturel
au centre ville de Montréal. La résistance citoyenne pour la protection du Mont-Royal
s’organise
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1986 : L’élection du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM) représente un
tournant important dans l’histoire du Mont-Royal. C’était le résultat d’un mouvement de
citoyens qui s’incarnait dans des réalités des quartiers de Montréal. Une fois le RCM élu,
la ville de Montréal crée le site du patrimoine du Mont-Royal. Pour la première fois, une
vision nouvelle délaisse la référence au parc du Mont-Royal pour faire référence à la
montagne du Mont-Royal.
L’année de l’élection du RCM correspondait également à l’année de la création « des
amis de la montagne » qui ont joué un rôle important dans la sensibilisation de la
population aux enjeux du Mont-Royal.
1989 : La ville de Montréal signe une première entente de développement avec la ville de
Westmount et la ville d’Outremont. Le site du Mont-Royal était, à l’époque, divisé entre
les trois villes suivantes : La ville d’Outremont par le sommet d’Outremont, la ville de
Westmount par le sommet de Westmount, et la ville de Montréal par le sommet du
Mont-Royal. Chaque ville avait sa propre vision de développement.
1992 : L’élaboration du premier plan de mise en valeur du Mont-Royal s’enclenche. La
ville de Montréal déploie des ententes de développement avec les diverses institutions
situés sur le Mont-Royal. Plusieurs ententes sont toujours en vigueur et d’autres, en
cours de renouvellement.
2002 : À l’occasion d’un sommet sur les enjeux et l’avenir du Mont-Royal, tous les
intervenants manifestent un intérêt commun pour une protection accrue du site par le
biais d’un décret de loi de la commission des biens culturels du Québec.
Pour le conférencier, « le Mont-Royal n’est pas un parc d’une ville, c’est un patrimoine
qui concerne l’ensemble du Québec. La montagne était mal protégée par l’administration
municipale et demeure constamment sous la pression des développeurs. Il fallait mettre le
Mont-Royal et ce qui en restait à l’abri... ».
2004 : Création du bureau du Mont-Royal.
2005 : L’arrondissement historique et naturel du Mont-Royal se forme par décret du
gouvernement du Québec.
Pour le conférencier, « c’est une victoire des citoyens gagnée par-dessus les institutions
publiques à Montréal, malgré l’administration montréalaise et malgré la couronne
institutionnelle du Mont-Royal. Cependant c’est une victoire qui demeure fragile! ».
Les enjeux du Mont-Royal
Le Mont-Royal est un site unique mais l’histoire récente témoigne de visions et de modes
de gestion encore divergents. Plusieurs instruments de gestion du Mont-Royal existent
tels que le plan d’urbanisme, son document complémentaire, les règlements de zonage
des différents arrondissements, le statut de l’arrondissement historique naturel,
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impliquant que toute intervention soit approuvée par le Gouvernement du Québec, et
d’autres ententes de développement entre certaines institutions.
Que doit-on préserver dans un arrondissement naturel ? Qu’est ce qui a de la valeur au
sens de la loi?
La table de concertation du Mont-Royal est mise sur pied. Le maire de Montréal y invite
tous les propriétaires institutionnels du Mont-Royal, les groupes d’environnementalistes
et tous ceux qui ont un intérêt autour de la montagne. Le bureau du Mont-Royal devient
le secrétariat de cette table.
Trois grands enjeux ont été débattus à cette table :
La gouvernance : Un enjeu a été lancé par « les amis de la montagne », le débat sur le
moratoire toujours en vigueur sur tout nouveau projet. En effet, ce moratoire ne devrait
pas affecter tout nouveau projet
La sauvegarde des caractéristiques naturelles : le rôle du conseil régional de
l’environnement. Après le décès de Jean Drapeau, la volonté de développer des tours et
des centres de ski sur la montagne avait disparu. Cependant, l’enjeu était devenu la
couronne institutionnelle autour du parc. Par exemple, les comités de religieux,
vieillissants, voulaient vendre leur territoire, représentant ainsi un des enjeux du
développement. L’autre cible serait les derniers boisés et espaces verts existants, Notons
que la moitié des espaces verts du Mont-Royal ne se situe pas dans le parc.
La protection du patrimoine bâti : préserver les bâtiments de valeur patrimoniale.
Quel est le sens du décret ? S’agit-il de protéger ou d’encadrer les développements
futurs ?
La loi sur les biens naturels accorde un statut de protection. Par exemple, l’hôtel de ville
étant protégé en vertu de cette loi, aucun développement de ce bâtiment n’est permis.
Cependant, il n’est pas évident de protéger un espace vert avec cette même loi. D’où
l’impasse à la table de concertation. D’abord la ville a refusé tout moratoire en
s’appuyant sur le refus des décideurs municipaux de modifier en profondeur les règles de
gouvernance. De plus, le groupe de travail ne s’entendait pas sur les enjeux de protection
des caractéristiques naturelles du site. La protection des derniers boisés a été soulevée. Il
reste treize boisés en dehors des parcs sur la montagne dans la couronne institutionnelle
et sur des terrains privés.
Pourquoi les derniers boisés sont-ils importants ? La comparaison des cartes de 1931 et
de 2005, montre que le phénomène d’urbanisation a fait diminuer les espaces verts. Mais
aujourd’hui encore, la demande demeure constante pour réduire l’espace vert. Chaque
institution a un projet. Chaque projet se défend selon une certaine logique. Un hôpital ou
une université qui désire se développer, légitime l’utilisation du sol. Cependant que fautil faire dans l’intérêt public ?
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En mars 2007, la ville de Montréal décide d’adopter une approche protectionniste.
La protection du patrimoine naturel: Cette approche de la ville n’est pas urbanistique.
C’est une approche intervenante sur la nature qui s’intéresse à la biodiversité, se
préoccupe du réseau écologique, identifie les zones noyaux qui sont le foyer de la
biodiversité à protéger, identifie les zones tampons, et enfin crée des corridors pour faire
le lien entre ces divers noyaux.
La protection des vues et la protection du patrimoine bâti :
Les vues : Comment assurer la protection et la mise en valeur des vues significatives
pour l’identité de Montréal ?
Il y a eu identification des vues au plan d’urbanisme de 1992, et au plan de
développement de Montréal, en 2004. Il s’agit d’ajouter à cela 36 autres vues,
principalement du côté ouest et au nord de la montagne, au total 85 vues à protéger.
D’après les services de la ville, une vingtaine d’entre elles pourrait être compromises par
d’éventuelles constructions. Certaines vues sont protégées. Elles ont été recensées et
identifiées telles que la protection de la vue de/vers le Mont-Royal et de la vue du Vieux
Montréal à partir de certains lieux.
Le cadre du patrimoine bâti : Des mesures réglementaires ont été adoptées pour les
propriétés institutionnelles. La ville a également établi des règles pour certaines
propriétés non institutionnelles pour tenir compte des hauteurs permises lors des
implantations au sol, etc.
Observant la montagne, l’immense ensemble vert, en réalité, occupe une portion congrue
et avec le temps on pourrait se retrouver comme pour le Montmartre à Paris, où la
construction a gagné tout le mont.
La montagne du Mont-Royal, avec les années pourrait être menacée. Il faudrait se rendre
compte de l’importance de cet espace vert. L’image actuelle du Mont-Royal serait
totalement différente, une fois envahie par la construction.
L’enjeu est de s’assurer que la faune et la flore puissent se développer dans ces milieux
naturels. Au niveau de la faune aviaire, il y a eu un recensement de 57 espèces d’oiseaux
sur le site, par comparaison, à un milieu nature comme le parc Saint-Jacques de l’Île
Bizard où 62 espèces d’oiseaux ont été identifiées. 54% de la richesse aviaire du MontRoyal est hors du parc du Mont-Royal et se trouve dans les parcs aux alentours.
La consultation publique s’est déroulée au printemps 2008, suivie en automne d’un débat
au conseil municipal de la ville sur la juridiction concernant la modification du document
complémentaire au plan d’urbanisme. Au printemps 2009, les arrondissements seront
tenus de rendre leurs règlements conformes au document complémentaire. Il y aura donc
convergence et une unicité de la réglementation.
L’avantage d’un tel consensus serait d’avoir d’une vision globale des enjeux à l’égard de
la montagne. Il y aura aussi un cadre complémentaire unique à partir du document
complémentaire du plan d’urbanisme. L’inconvénient est qu’il s’agira d’une démarche
scientifique et conceptuelle plutôt qu’urbanistique.
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Or, cette démarche repose sur des ententes futures, donc demeure hypothétique.
Solutions et propositions
Le lieu est actuellement morcelé. Il est indispensable de recréer une unité et un esprit de
lieu afin de marquer le paysage. Le site est vaste. Il est recommandé de repenser la
circulation d’automobiles dans ce parc. Actuellement un trafic de 10.000 véhicules par
jour traverse le parc, dont 50% en période de pointe. Il faudrait éliminer la circulation
de transit définitivement, évidemment, en gardant un passage pour les véhicules
d’urgence, le transport en commun, la police etc.
Il s’agirait tout simplement de créer deux chemins d’accès conviviaux. Un qui arrive par
le Mont-Royal, et l’autre par Côte-Des-Neiges.
Camillien-Houde, un chemin d’accès au parc, aurait une autre géométrie que celle d’une
route en créant au sommet une boucle, laissant un passage pour les véhicules d’urgence.
En même temps il y aura toujours un accès en auto en haut. Réorganiser le trafic
automobile des deux échangeurs desservant le site dans ce même esprit serait aussi une
bonne décision.
Avoir un accès en transport en commun plus dynamique permettrait d’avoir un lien direct
par autobus reliant le site à une des stations de métro du quartier de Côte-Des-Neiges.
Les stationnements quant à eux peuvent être améliorés et devenir plus verts. Si les
boucles sont créées, les stationnements gardent leur localisation mais seront plus verts.
Actuellement des techniques paysagistes permettent de réaliser cette solution. C'est-à-dire
parmi les 800 places de stationnements, 400 ou 500 de ces places peuvent être reverdies.
Les stationnements asphaltés demeureront fonctionnels en semaine (où la fréquentation
est faible) et lors des pointes des fins de semaines, les automobilistes stationnent sur les
emplacements reverdis. Ainsi la sous-utilisation des stationnements verts réservés aux
fins de semaine permet de les préserver.
Finalement, il est primordial de recréer une unité de lieu, disposant d’un chemin piéton
de contournement (approximativement de 10 km). Ce chemin piéton aura un axe nordsud et un accès via la station de métro Edouard-Montpetit.
Le parc du Mont-Royal deviendra un parc redimensionné avec de nouveaux espaces verts
intégrés. Le parc disposera de ses entrées principales, ainsi il aura une image distinctive
d’un parc.
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Le Mont-Royal en images, photographies de Michel Zobroc
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Questions et commentaires des participants
Il est vrai qu’il y a beaucoup de sensibilisation qui se fait par rapport au parc du
Mont-Royal. Est-ce que cette réappropriation auprès des citoyens serait une avenue à
explorer davantage ? Si on analyse le profil des gens qui fréquentent ou transitent par le
Mont-Royal, il s’agit de montréalais, particulièrement des étudiants de l’université
McGill, ainsi que plusieurs types de famille.
D’autre part, si on observe les activités offertes sur le site, ces dernières confirment bien
sa vocation de parc.
Un endroit avec une telle vocation soit un parc s’apparie parfaitement à une clientèle
ayant un profil comme celui qui s’avère le fréquenter. Donc le Mont-Royal bénéficie bel
et bien d’une clientèle qui répond le plus à sa vocation : Montréalaise, jeune, active et
familiale.
Ne pensez vous pas qu’on pourrait établir à l’avenir, une ligne de tramway jusqu’au
Mont-Royal ? Personnellement, je ne favorise pas le tramway comme priorité
d’investissement en matière de transport en commun. Un tramway coûte une dizaine de
millions de dollars. Peut être un jour, mais pour le moment, qu’il y a une façon plus
simple de débuter, en incitant la STM à créer des liens directs par autobus entre la
montagne et les stations de métro. Et pourquoi ne pas doter ces autobus d’une
identification particulière pour les distinguer et les identifier spécifiquement au parc ?
Ainsi, par cette nouvelle identité visuelle, au lieu de prendre l’autoroute Camillien-Houde
vous aurait l’impression de parcourir le parc dans une promenade. L’image de ce site sera
entièrement modifiée. Accéder à tous les sommets et aux autres boisés par un chemin de
contour bien identifié, procure la sensation de passer d’un point à un autre sans jamais
quitter le parc. Le parc prendra une dimension plus grande qu’il ne dispose en réalité.
La couronne institutionnelle correspond essentiellement à des terrains qui
appartiennent à des institutions qui sont mal financées. Est-ce que l’état devrait
supporter les couronnes institutionnelles autour du Mont-Royal pour leur permettre de
se développer ? Dans la charte de la ville de Montréal, le parc du Mont-Royal dépasse sa
dimension réelle de parc. C’est presque tout l’arrondissement. Le gouvernement aurait pu
procéder comme d’autres pays qui n’ont pas eu recours à l’expropriation, mais qui ont
décrété tout un site en tant qu’un parc. Après cela, les gens vivent avec les conséquences
de ce statut. Certains pourront dire que c’est une forme d’expropriation indirecte.
Cependant il y a des gens qui n’ont jamais payé les terrains qu’ils occupent. Il est vrai
qu’ils ont le statut de propriétaire, mais les sulpiciens par exemple, n’ont pas payé cher
les terrains qu’ils occupent. C’est la loi de France qui leur a offert ces terres.
Effectivement, une des faiblesses de toute cette démarche est que personne n’a investi de
l’argent.
Mais est-ce que l’université McGill, ou l’hôpital Victoria par exemple, est obligé de
développer leur terrain ? Le statut de l’arrondissement historique et naturel est un statut
de protection et non pas de développement. La première démarche est de protéger. Un
terrain vert n’est pas évident à protéger. Certainement, cette protection serait plus simple,
s’il y avait des fonds pour assurer sa mise en place. Cela serait possible si le tout se
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confine dans le document complémentaire du plan d’urbanisme, dans les règlements et
dans les ententes. Le problème est que cette démarche est longue et ne sera toujours pas
assez assurée.
Le parc Mont-Royal a été conçu par l’architecte urbaniste Frédéric Olmstead qui a
aussi crée le Central Parc à New York. Central Parc aujourd’hui dispose d’une image
internationale. Cependant, si jamais une institution envisageait de s’approprier du
Central Parc à New York, il y aura une crise de la part de la population pour le
préserver. Pourquoi ce n’est pas le même cas ici, à Montréal ? La configuration des
deux parcs est différente, c’est pour cette raison que les actions d’appropriations
institutionnelles n’engendreraient pas les mêmes réactions. En effet, Olmstead a conçu le
parc de Mont-Royal de la façon qu’on part du bas de la montagne pour la monter. Une
fois arrivé en haut, on est soufflé par le panorama.
Avec la voie Camillien-Houde, la montagne peut être atteinte en auto. Donc c’est à
l’encontre de l’appropriation normale d’une montagne. Actuellement, le lieu d’accueil est
en haut, alors qu’il devrait être en bas pour qu’il ait une découverte de la montagne. Donc
il faudrait changer cette approche.
Ne pensez-vous pas que les institutions autour du Mont-Royal font parties de l’histoire
du Mont-Royal ? Ne pensez-vous pas que le chemin qui ferait un jour le tour du MontRoyal, pourrait relier toutes les institutions pour les mettre également en valeur ?
Jusqu’à maintenant, les institutions considèrent le Mont-Royal comme une cour arrière
pour se développer. Cependant, relier les institutions au chemin qui ferait le tour du
Mont-Royal est une bonne suggestion. En effet, les institutions semblent avoir certaines
difficultés a accepter une telle configuration. Peut être, qu’il y aurait des changements.
Commentaire d’un participant : C’est intéressant de soulever la valeur écologique des
boisés dans un contexte urbain. Souvent des propriétaires avancent l’excuse que la valeur
du boisé aujourd’hui n’est pas suffisante pour justifier sa conservation. C’est intéressant
de mettre en évidence le concept historique des boisés du Mont-Royal, le concept de
destruction, de perturbation, et de valeur potentielle future d’un terrain à développer.
Actuellement, les milieux naturels sont protégés comme les milieux aquatiques et les
milieux humides. Cependant, de nos jours, en absence d’espèces rares, un boisé n’a pas le
privilège d’être protégé.
Le conférencier
Robert Perreault a étudié en sciences économiques à l’Université de Montréal. Après
avoir œuvré dans le domaine communautaire, il se lance en politique active, comme
conseiller municipal, en 1982 jusqu’en 1994, occupant les postes de président du comité
exécutif de Montréal et de président du Conseil d’administration de la Société de
transports de Montréal. En 1994, élu comme député de Mercier à l’Assemblée nationale
du Québec, il sera successivement ministre de la Sécurité publique, de la Métropole, de
l’immigration. Il quitte en 2001 la politique active pour revenir dans le champ de l’action
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communautaire comme directeur général du Conseil régional de l’environnement de
Montréal qu’il a récemment quitté pour travailler sur les projets de lutte aux gaz à effets
de serre.
Photographie de Michel Zobroc
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