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Langage cinématographique HAR1055-10 Travail présenté à : Mike C.Vienneau La temporalité et la réflexion sur la mort dans Toto le héros de Jaco van Dormael par Simon Dor Travail remis le 13 décembre 2004 UQÀM 1 Introduction Le principe de temporalité dans Toto le héros est assez complexe puisque ce film ne respecte pas les règles de réalisme qu’on tente d’imposer de façon générale au cinéma. En effet, le film nous apparaît à prime abord comme de longues séquences de remémorations d’un vieil homme, Toto, qui rêve d’en tuer un autre, Alfred, qui lui aurait volé sa vie. Or, la fin du film nous fait réaliser qu’Alfred n’est pas mort au début, mais que c’est Toto qui est mort à sa place. On ne peut donc plus considérer Toto comme le narrateur officiel du film, parce qu’il ne pourrait pas en théorie nous parler s’il est mort. Une analyse plus profonde nous éclairerait davantage par rapport à cela. Puisqu’il possède des éléments irréalistes et plus ou moins incohérents, que nous verrons particulièrement par la temporalité des séquences et de la narration, qu’est-ce que le réalisateur, Jaco van Dormael, avait comme objectif en rendant son film déroutant? Il est à se demander ce que la temporalité vient soutenir par rapport à l’hypothèse d’une réflexion sur le souvenir et sur la mort, particulièrement sur ce dernier thème. Les différentes séquences du film peuvent se classer principalement en trois blocs : Toto enfant, Toto adulte et Toto âgé. On peut aussi associé quelques séquences au moment où il était bébé (ex : l’incendie dans l’hôpital) ou simplement plus jeune; d’autres ne peuvent pas se tracer une place officielle dans la ligne du temps fictionnelle (les séquences de l’agent secret « Toto le héros »), et d’autres sont situés après sa mort. Néanmoins, les trois blocs de sa vie permettent de tracer une ligne directrice au film. 1 - Les grands segments temporels Le film est apparemment structuré en une série de flashbacks difficilement situables temporellement, qui ne nous permettent pas de considérer un temps comme le « présent ». Pour plus facilement comprendre le fonctionnement du film, on peut le diviser en « grands segments temporels », ceux-ci étant un retour en arrière assez long, qui peut être monté en alternance avec des plans ou des scènes qui appartiennent à un 2 autre temps. L’analyse considérera ces grands flashbacks comme une unité à part entière, pour ainsi mieux cerner ce que la temporalité amène comme élément de langage cinématographique dans Toto le héros. Il s’agira de définir la temporalité de ces segments, mais surtout de définir la temporalité de la narration qui couvre ces segments, et de définir la temporalité de ce qui n’appartient pas à ces segments, notamment le début et la fin du film. Le premier grand segment temporel est celui qui sert d’introduction au film. Il en est une belle exposition qui nous présente la vie de Toto alors qu’il est enfant. Il débute sur le titre « Toto le héros » sur les étoiles, et termine avec la première séquence de l’agent secret. Ce retour en arrière se veut un certain souvenir de Toto vieux; la narration simultanée du vieux Toto et de Toto enfant évoque le rappel, et les quelques plans de Toto vieux qui sourit en évoquant à nouveau les événements nous suggèrent que ce sont des souvenirs. Le deuxième débute alors que Toto voit le sosie d’Alice, au stade. Il est adulte et vient d’assister aux funérailles de sa mère, ce qui lui a remémoré sa grande sœur, en voyant sa pierre tombale. C’est là qu’il semble l’halluciner : on s’imagine du moins cette illusion puisqu’on ne voit pas la « grande Alice » de face dans cette séquence. Ce grand retour en arrière continue jusqu’au moment où on voit la mort de sa sœur; il scrute donc une bonne partie de son enfance. Malgré que cela semble être le souvenir de Toto adulte, Toto âgé est encore en alternance avec les images de l’enfance. Pourtant, il ne semble pas être celui qui se remémore ces moments, car aucun indice de montage ne vient indiquer qu’il s’est remémoré le moment où sa mère est décédée. D’autre part, Toto adulte revient s’immiscer au milieu de ce grand segment temporel, revenant du stade et rencontrant Alfred alors que celui est dans un bar. Le troisième grand segment temporel débute au moment où Toto adulte quitte son emploi. Ce moment est situé pratiquement au milieu du film. Le montage vient se justifier par l’alternance de trois départs mis au même endroit : Toto qui quitte son emploi (adulte), Toto qui déménage (enfant) et Toto qui s’évade de l’hospice pour 3 personnes âgées, en train. Ces trois séquences étant montées l’une après l’autre nous montrent de façon évidente le rapprochement de trois périodes de la vie de Toto, sans que le moment où cela s’est passé n’ait d’importance. On peut y voir une certaine justification de la représentation de ces trois parties de sa vie précisément. Ce troisième grand segment se déroule lorsque Toto est adulte. Il prend contact avec Évelyne, une jeune femme qui ressemble à Alice, et qui s’avère être la femme d’Alfred. Pourtant, elle entretiendra une relation amoureuse avec Toto. Les deux amants se quitteront au même moment où Évelyne quitte Alfred; Toto réalise qu’Alfred a littéralement transformé Évelyne en Alice, ce qui semble lui faire comprendre qu’elle n’est pas ce qu’il avait pensé. Toto quitte en train. La narration de ce segment est aussi ambiguë : Toto âgé apparaît à quelques occasions, mais cela semble généralement être simplement la continuité de son départ de l’hospice. Il n’a d’ailleurs pas non plus eu de séquence précise où il commence sa remémoration de son passé, quoique le montage de plans du passé au début du film peut nous permettre de considérer qu’il est en train de se remémorer ce segment. Le quatrième et dernier grand segment temporel commence au moment où le vieux Toto est caché chez Alfred, et voit des gens qui veulent tuer celui-ci. Il se termine lorsque Toto se fait tuer à la place d’Alfred. Il n’y a nulle trace de plans qui supposent à un retour en arrière. Il n’est définit que par le temps où Toto est vieux, mais une hallucination d’Alice et de son père alors qu’il était jeune amène une certaine rupture temporelle, souvenir évoqué par le sifflement de « Boum ». On a de la difficulté à voir le segment comme un souvenir en le prenant seul, mais lorsqu’on se rend compte de la mort de Toto, on peut le considérer comme un retour au passé. 2 - Première piste d’analyse Cette division en quatre segments temporels vient tenter de lancer une première piste d’analyse temporelle. Il est difficile de bien cerner un narrateur dans chacun de ces segments, et donc de pouvoir dire avec certitude qu’il existe un « présent » à l’histoire et 4 qu’une personne particulière à un moment particulier raconte ou se remémore l’histoire. Il est certain que plusieurs pistes de montage viennent montrer que c’est souvent la remémoration du vieux Toto qui guide l’histoire, mais certains éléments viennent montrer que Toto adulte a aussi un contrôle sur les souvenirs; d’autant plus que Toto âgé, bien que monté en parallèle avec l’histoire, n’a pas nécessairement une influence directe sur le déroulement, particulièrement à partir du moment où on voit Toto adulte. Les séquences finales, qui montrent la mort de Toto, brouillent davantage les diverses pistes d’interprétation possible par rapport à la narration. Toto était mort au début du film : il ne peut donc pas réellement être le narrateur de cette histoire, d’un point de vue réaliste. On ne peut plus réellement cibler de narration précise, car, depuis le début, toutes nos pistes de narration, que ce soit le fait d’entrechoquer des plans de Toto âgé, de mettre une narration simultanée de deux âges du personnage, ou de commencer un retour en arrière par une séquence de Toto adulte qui nous fait croire au souvenir, nous ont guidé vers l’hypothèse d’une histoire racontée. Le fait que la narration qui débute au début du film n’est jamais réellement synchronisée avec les lèvres de Toto âgé nous donne l’indice que la narration n’est pas « réelle ». Le fait de réaliser que c’était Toto et non Alfred qui était mort au début tout en étant le narrateur dès les premières minutes, et de continuer le film après la mort de notre « héros », nous indique que la narration n’est pas vraiment réaliste, et que, même si on peut conclure que le narrateur est Toto une fois mort, le langage cinématographique peut nous jouer des tours pour faire avancer une autre hypothèse. 3 - Les séquences intemporelles Le film comporte des scènes qui sont totalement intemporelles, c’est-à-dire qu’elles ne se déroulent pas dans notre réalité. Elles font partie soit de l’imagination ou du rêve de Toto, ou soit de ce qui semble être une réalité, mais qui, en toute logique, ne peut pas l’être, ou du moins ne peut pas l’être de la façon dont nous concevons cette réalité. Ce dernier énoncé décrit les scènes où l’on voit Toto mort. Celles-ci composent le début et la fin du film, mais viennent aussi se greffer aux retours au passé. Elles 5 semblent jouer un rôle particulier dans l’histoire, que nous tenterons d’approcher plus tard. Certains plans viennent s’ajouter à la narration : il s’agit de Toto qui s’imagine tuer des gens qui sont dans la réalité. Ces plans sont en accélérés, et n’interviennent pas sur le récit directement, car tout redevient comme si elles n’existaient pas après que le plan termine. Il s’agit de la mort figurée de l’infirmière au début, alors que Toto reçoit ses pilules; on voit Toto lui faire avaler tous les médicaments du flacon. La deuxième, c’est Alfred adulte, imaginé mort noyé dans la fontaine de son salon par Toto adulte, alors qu’il vient le voir et voit les photos d’Évelyne « transformée » en Alice. Un moment précis du film est fait de façon assez étrange : il mêle la réalité et l’imaginaire de Toto. En fait, on comprend qu’il s’agit de fabulation de la part de Toto, mais, Toto le héros étant un personnage imaginé originalement par le jeune, il est étrange que des éléments du moment où Toto est adulte soient présents. Toto le héros tire une balle sur Alfred adulte, qui achète une robe pour Évelyne. C’est donc un mélange de fabulation de la part probablement de Toto âgé, qui mêle l’imagination de son enfance (Toto le héros ne ressemble pas à Toto adulte) avec une mise en scène qu’il s’est fait d’Alfred choisissant le linge pour Évelyne. Bref, dans cette séquence, Toto tue Alfred, avant d’avoir tué toute la bande de criminels qui ont aidé à kidnapper et, en sous-entendu, à tuer son père, évidemment encore dans l’imagination du petit enfant. On constate que toutes les narrations qui sont intemporelles ont un lien avec la mort : plus précisément avec celle de Toto. Il y a trois morts figurées : la mort par balle, la mort par étouffement et la mort par noyade, trois façons de mourir que Toto subira ou a subi, selon ce qu’il explique en narrateur au début. On peut alors rapidement faire un lien que, puisque ces séquences mises en évidence suivent un thème précis, le reste du film en fera inévitablement de même. On peut même faire la distinction entre l’imagination et la réalité par rapport à la mort : il y a présence de meurtre dans l’imaginaire, alors que la réalité, sauf la mort de Toto, ne met en scène que des morts accidentelles ou naturelles. On voit donc jusqu’où va l’imagination de Toto. 6 4 – Les évocations à la mort Les grands segments temporels évoqués plus haut n’ont pas comme simple objectif d’étaler une partie de la vie de Toto aléatoirement. On peut quand même constater que quatre personnes trouvent la mort dans ce film, en plus du chat mort au début. Placé juste avant un plan de Toto mort, notre thématique de la mort ressurgit. Le premier grand segment met en scène la mort du père de Toto. On le voit carrément réaliser que son père ne reviendra plus. Il est dans le même segment où Toto réalise ce qu’est la vie, la séquence étant principalement une narration où le petit nous explique les principes de la vie qu’il comprend, évidemment séparés d’une longue ellipse. Au fond, jamais la mort du père n’est totalement claire : le deuil est difficile à faire et la mère espère constamment. Le seul moment qui montre que le père semble avoir été « enterré », au sens figuré, c’est sa photo sur la pierre tombale. Le deuxième grand segment, quant à lui, met en place les éléments qui ont causé la mort d’Alice. Il est enclenché par le souvenir de ce décès par Toto adulte, alors qu’il va aux funérailles de sa mère, le troisième décès à se produire, si on suit l’ordre chronologique. Le raccord qui mène à l’enfance est le film 8mm projeté à deux moments de sa vie, qui accorde une certaine permanence au cinéma. Il termine par la mort d’Alice. Le troisième grand segment est débuté par trois départs, qui s’apparentent à la mort en ce sens que Toto laisse de côté des éléments pour repartir à neuf. Le film va s’orienter sur Toto alors qu’il est adulte durant ce segment. Il quitte son emploi, apparemment suite aux funérailles de sa mère et au souvenir d’Alice, et prend ainsi le contrôle de sa vie. Ce départ se situe immédiatement après le plan où on le voit, enfant, décider aléatoirement qu’il va devenir géomètre. Il termine au moment où Toto quitte, en train. Il abandonne Évelyne alors qu’il constate qu’elle n’est pas la sosie d’Alice par ellemême, mais par la transformation que lui a fait subir Alfred. Il réalise qu’Alice est réellement morte, et qu’Évelyne n’est pas celle qu’il aimait avant; l’ancienne Évelyne est 7 « morte » pour laisser place à une fausse Évelyne, qui n’est pas Alice malgré la ressemblance. Ce segment a plus ou moins de lien direct avec la mort, mais est fait de rappels de ce thème, et de symboliques le liant. Le quatrième grand segment met en place la mort de Toto. Il va chez Alfred, et l’enferme, question qu’il ne se fasse pas tirer, et que ce soit Toto qui prenne sa place. Il reprend à nouveau le contrôle de sa vie, prenant la décision d’enfin prendre la vie d’Alfred, celle qu’il lui aurait volé étant jeune, au moment où celui-ci doit mourir. On comprend l’ampleur de cette appropriation en voyant Toto qui dit au revoir à son père, alors qu’il parle au portrait du père d’Alfred. Tout ce qui suit ce segment a nécessairement à voir avec la mort : Toto est mort lui-même, et ses cendres sont dispersées en avion. On voit le lien avec son père par l’avion, et avec sa soeur par le fait qu’il ait été incinéré. Les séquences où Toto est montré décédé ont un lien direct avec les actions qui se déroulent tout au long du film. Elles apparaissent au début complètement, alors qu’on vient de conclure que nous voyions Alfred décédé, puisque le narrateur nous parlait comme si il désirait le tuer. Nous sommes donc dès le début trompés par le langage cinématographique, juxtaposition de deux éléments, la narration et l’image, qui nous font sauter aux conclusions trop rapidement. Les séquences de Toto mort, sur le lit de la morgue, reviennent alors que Toto parle pour la première fois à Alfred adulte, et que lui revient l’idée de le tuer. On le revoit ensuite tout de suite après que Alice meurt. Là, l’idée de mort revient, mais c’est aussi juste avant les trois départs, décrits plus tôt. Le réalisateur fait aussi un parallèle entre Toto et Évelyne faisant l’amour, et Toto mort se faisant laver. Sinistre figure de style, elle pourrait exprimer que Toto ne vit pas pleinement l’amour qu’il porte pour elle, ou encore, qu’il vit, ou croit vivre, une relation amoureuse qui est morte depuis longtemps. On revoit le cadavre après que Toto adulte quitte Évelyne, en train. On voit alors clairement la mort de leur relation. Le montage de Toto mort tout au long du film, 8 et de sa « voix » au début qui est au fond la narration, permet de confirmer l’hypothèse d’un narrateur mort. On peut conclure par la compréhension générale du sens du film que la mort prend une place privilégiée dans ce film : Toto étant mort depuis le début, le punch du film fait allusion lui-même à ce thème. Cette compréhension permet alors de débuter une réflexion, à savoir si le film va plus loin que de simplement parler de la mort. 5 – Réflexion par rapport à la mort La première réflexion que le film peut nous amener est la question de la vie après la mort. Inévitablement, un film qui joue avec la perception du spectatorat sur un de ses personnages, et qui finalement révèle qu’il était mort depuis le début, ne peut nous laisser indifférent par rapport à la question de l’après vie. Quelques éléments peuvent être énonciateurs sur cette question : Toto, incinéré, peut quand même se permettre de « parler », ou d’être conscient de ce qui se passe; par la caméra subjective au moment où les cendres sont tombées, on y voit l’idée d’un cycle après la mort, et d’une possible perpétuation d’une partie de ce qu’on était. L’ordre de la mort des personnages dans le film ne semble pas choisi innocemment. Le spectateur prend conscience de la mort des personnages dans l’ordre suivant : Alfred, le père, la mère, Alice et Toto. Pourtant, dans l’histoire, les morts suivent un ordre différent, qui nous est révélé plus tard : le père, Alice, la mère et finalement Toto. Alfred ne meurt pas. On dirait qu’on est dans une fabulation de la part de Toto, qui tente d’avoir une vie « normale » : les décès sont présentés dans l’ordre qu’on leur reconnaît habituellement. On y perd donc un certain contact avec la réalité : nous n’avons pas les informations de la même façon que le personnage. On constate aussi que le deuil y prend une part importante, ainsi que l’idée qu’une personne décédée laisse quelque chose après la mort. La mère, inconsolable après la mort de son mari, ne retrouvera jamais le sourire dans ce que le film nous montre. La mort 9 d’Alice rend triste Toto et Alfred, et ces deux resteront totalement obsédés par elle, la retrouvant à travers la femme qu’ils vont tous les deux aimer. Alfred âgé semble par contre s’en être finalement remis et Toto âgé se rend compte qu’il l’a perdue, ce qui entre autres semble le pousser à la mort. Le père, malgré sa mort, laisse avec lui la chanson « Boum », qui revient souvent à l’intérieur du film, et est pour le spectateur très difficile à oublier. Il évoque d’un certain sens l’idée du souvenir, ce thème qui inspire la forme du film. En ce sens, on pourrait croire que le film Toto le héros est ce qui reste de Toto, et exprime ce que peut laisser quelqu’un. Conclusion Comme nous l’avons constaté, le film va plus loin qu’une représentation de la réalité : il est impossible dans la réalité qu’une personne parle à des spectateurs après sa mort. Le film, tout comme ses personnages, est conscient qu’il existe, et qu’il est un film. Toto enfant et Toto âgé nous disent, à la fin du film, simultanément : « C’est fini. » Ça permet d’exprimer leur conscience de l’existence du film. On peut dire que l’idée exprimée est que le film peut être ce qui reste après un décès. Par le fait même, que le cinéma est un art, un médium, qui permet de préserver certains éléments, même après la mort : la projection d’un film 8mm le démontre, ainsi que le fait que Toto reste conscient après sa mort, étant au fond le narrateur. Ces éléments propres à un cinéma postmoderne passent entre autres par le langage cinématographique comme élément d’énonciation. En fait, la temporalité du film a comme objectif d’exprimer un énoncé, qui n’aurait pu être aussi clair sans une notion temporelle plus complexe qu’un film classique. Le film ne se contente pas d’exprimer des choses; il les exprime par le biais du langage filmique, montrant ainsi les propriétés que le cinéma peut passer qui ne peut passer ailleurs. Jaco Van Dormael semble donc avoir consciemment placé des éléments faisant référence à la mort à l’intérieur de son film, ainsi qu’une temporalité qui nous permet de douter de la vraisemblance de son œuvre, pour nous exprimer ce que le cinéma a comme 10 pouvoir, comme objectif, comme propriété. Il se permet une certaine énonciation sur la vie après la mort, montrant en réalité que le cinéma permet une certaine permanence aux éléments. Le langage cinématographique lui permet de se prononcer sur son propre médium de création.