Messe radio depuis la Collégiale Saint

Transcription

Messe radio depuis la Collégiale Saint
Messe radio depuis la Collégiale Saint-Vincent
à Soignies
(Diocèse de Tournai)
Le 11 décembre 2016
3e dimanche de l’Avent
Lectures: Is 35, 1-6a.10 – Ps 145 – Jc 5, 7-10 – Mt 11, 2-11
Frères et Sœurs,
Connaissez-vous le Ravi de la crèche? Il s’agit d’un personnage de la crèche provençale
indispensable, presque autant que Marie, Joseph et Jésus, un Santon qu’on représente les bras en
l’air, l’air… ravi! On l’a souvent présenté comme le "fada", l’idiot du village. Mais son histoire est
toute différente. Ecoutez-la!
Au début, le ravi n’était pas heureux, mais toujours triste. Probablement avait-il eu des
souffrances dans sa vie… En tout cas, on ne le voyait jamais joyeux! Toujours à se plaindre,
toujours à voir ce qui n’allait pas… Voilà qu’arrive le jour de Noël, et le Ravi se met à pleurer,
parce qu’il n’a rien à offrir à l’enfant Jésus. Mais, se dit-il, il va en profiter pour aller faire des
reproches à l’enfant-Dieu: comment donc a-t-il pu créer un monde aussi moche et aussi triste?
Pourquoi une vie aussi dure, marquée de tant d’épreuves? Le voilà donc parti pour une
engueulade comme les provençaux en ont le secret!
Quand il arrive à la crèche, il ouvre la bouche pour lancer ses critiques… Mais, devant l’enfant,
voilà que plus rien ne lui semble pareil. Qu’elle est belle, cette nuit de Noël, pense-t-il. Et qu’ils
sont touchants, ceux qui sont là, rassemblés autour de la mangeoire. Et qu’il est beau ce monde
où Dieu a choisi de venir habiter avec nous!
Alors, pour la première fois de sa vie, il lève les bras au ciel, pour marquer son émerveillement, et
pour remercier Dieu de tant de bonté! Tout lui semble beau: le jour, la nuit, le soleil et les nuages,
les gens qu’il voit autour de lui… Et quand on lui demande pourquoi ce qui lui semblait si triste
autrefois, lui paraît désormais si merveilleux, il répond: "aujourd'hui, rien n'est plus pareil; tout a changé
pour moi car, devant l’enfant de Noël, j’ai pu changer de regard".
Soyons nous aussi des Ravis de la crèche, voilà l’invitation que nous lance l’Evangile ce matin.
Jean-Baptiste et ses disciples s’inquiètent, car ils ne comprennent pas l’action de Jésus: "Es-tu celui
qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?" demandent-ils. Alors Jésus répond en évoquant tous
les signes du Royaume de Dieu en train de grandir: des sourds qui entendent et des aveugles qui
voient, des morts qui reviennent à la vie, et par-dessus tout, la Bonne Nouvelle est accueillie par
les pauvres! Jésus ne répond pas directement à la question de Jean par oui ou par non. Mais il leur
fait découvrir les signes de sa présence au cœur de ce monde.
Et nous, sommes-nous capables de découvrir les signes de la présence de Dieu au cœur de notre
monde, aujourd’hui? Et - et c’est tout aussi important - d’en être émerveillé? Se préparer à Noël, à
accueillir Dieu au cœur de notre vie, c’est aussi raviver notre capacité d’émerveillement. Certes, il
y a beaucoup de souffrances, de violence, de tromperie, qui marquent notre monde, et qui
risquent toujours de provoquer en nous tristesse, découragement, désillusion… Et surtout
d’occulter tout ce qui est signe du Royaume au cœur de notre monde. Certes, ils sont discrets,
comme le grain de blé tombé en terre qui germe, comme le tout petit morceau de levain dans la
pâte… "Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse", dit la sagesse africaine. Et l’on
risque de n’entendre que le fracas de ce qui s’écroule!
Notre foi, au contraire, nous invite à discerner ces signes discrets du Royaume, et à nous en
émerveiller. Je suis toujours frappé par le regard des petits enfants qui découvrent le monde
autour d’eux: regard émerveillé devant tant de choses nouvelles! Sommes-nous capables d’avoir
ce regard de l’enfant devant ce monde où Jésus se rend présent, devant les hommes nos frères
qui reflètent l’image de Dieu? Un regard qui a soif de découvrir toujours plus, et qui s’émerveille
devant cette beauté discrète d’un dieu qui vient se cacher au cœur de toute chose.
Dans les jours qui viennent, à chaque fois que vous verrez une crèche de santons de Provence,
repérez le Ravi. Son sourire est un sourire de joie, de cette joie profonde qu’annonce le prophète
Isaïe dans la 1ère lecture, ce n'est pas un sourire niais. Alors, soyez comme lui, plein
d’émerveillement.
Abbé Olivier Fröhlich
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