L`Equipe Cynotechnique en Situation de Désastre (6)

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L`Equipe Cynotechnique en Situation de Désastre (6)
L'Equipe Cynotechnique en Situation de Désastre (6)
Typologie des effondrements
La connaissance des divers types de dommages permet d’évaluer les dangers pour les
sauveteurs et les chances de survie des victimes. Il s’agit d’une approche classique du
sauvetage-déblaiement qui facilite également l’accès à certains lieux et indique où nous
pouvons travailler avec les chiens de recherche et de sauvetage ainsi que les endroits auxquels
il ne faut pas donner priorité. N’oublions jamais que plusieurs victimes peuvent être
ensevelies sous les décombres dans une même zone. Voilà pourquoi le chien doit l’explorer à
nouveau après le premier sauvetage !
Effondrement en dent cassée
Bâtiment détruit pour tout ou partie dans une rangée d’immeubles, par une explosion par
exemple. Soyez attentif aux poutres sortant des murs latéraux, etc. Il est possible que d’autres
victimes soient ensevelies dans le cône de débris.
Chiens de recherche: Étant donné le danger d’effondrement des décombres, qui pourraient
étouffer les victimes, ne marchez jamais sur la zone. Comme ils sont plus légers, les chiens
sont mieux adaptés à ce travail. Pour poursuivre le travail avec les chiens de recherche et de
sauvetage, voir plus loin ( cône de débris ).
Sauvetage : Habituellement par la surface ou les côtés. S’il y a de grandes dalles de béton sur
le cône de débris, vous pouvez toujours casser les murs des maisons adjacentes.
Cratère de débris
Un immeuble dont la partie inférieure a été détruite et la partie supérieure partiellement
emportée, ce qui forme un cratère. Le risque d’effondrement des décombres est très élevé.
Des victimes peuvent être ensevelies dans le cône de débris au pied du bâtiment.
Chiens de recherche: Étant donné le risque réel d’étouffement des victimes par les
décombres supplémentaires qui s’écrouleraient, ne marchez jamais sur la zone. Les chiens
sont mieux adaptés. Pour continuer le travail, voir : Cône de débris.
Sauvetage : Voir plus loin ( Effondrement en dent cassée).
Maison de poupée
Suite à une explosion (de gaz ou non), les murs ont été emportés. Il n’y a plus de murs
porteurs et le bâtiment est donc très instable ; le danger d’effondrement est très élevé.
Chiens de recherche: Chaque pièce du bâtiment peut être décrite comme un nid d’hirondelle
(voir plus loin). Au pied de la maison de poupée, il y a des débris de périphérie qui doivent
être explorés à fond par les chiens.
Sauvetage : Comme pour le nid d’hirondelle et/ou les débris de périphérie.
Nid d’hirondelle
Une pièce partiellement détruite à l’étage, que l’on ne peut plus atteindre par un escalier.
Étant donné les dommages aux murs porteurs ou aux plafonds, ces pièces sont souvent très
instables.
Chiens de recherche: Vu le risque d’effondrement élevé, vous devez évaluer le bien-fondé de
l’utilisation d’échelles posées sur le mur extérieur. Il peut y avoir des survivants dans des nids
d’hirondelle. Les chiens de recherche et de sauvetage ne peuvent pas les atteindre par euxmêmes. Parfois, on peut les y déposer grâce à un harnais de transport aérien. Il faut d’abord
évaluer soigneusement si le travail est sûr.
Sauvetage : Le sauvetage des victimes prises dans un nid d’hirondelle est très difficile et est
en général effectué par des spécialistes. Le travail peut être facilité par une grue ou un camion
à nacelle.
Glissement
Il apparaît lorsque les murs porteurs d’un étage supérieur sont détruits ; le plafond ou le sol
s’effondre alors en oblique. Le glissement peut pendre librement ou prendre la forme d’un tas
de décombres ; il peut aussi être perpendiculaire ou en V. Les décombres et le mobilier
glissent vers le bas à partir de l’étage supérieur.
Chiens de recherche: Dans cette accumulation de décombres, on peut découvrir des victimes
qui, au moment de l’effondrement, étaient soit à l’étage supérieur, soit dans la pièce
inférieure. Les chiens de recherche et de sauvetage peuvent explorer facilement la zone.
Ensuite, demandez au chien d’explorer chaque arête et chaque craquelure du glissement pour
détecter les odeurs de victimes qui se trouveraient sous les décombres.
Sauvetage : Il dépend de la situation. Lorsque le glissement a encore un point de contact, le
bas pend ou repose quelque part librement. Les décombres qui sont tombés se trouvent à la
base du glissement. Dans ce cas, le bas sera prudemment soulevé et étayé. Le glissement doit
être sécurisé si la partie supérieure menace de tomber. Par la suite, les spécialistes du
sauvetage-déblaiement pénètrent sous le glissement pour sauver les victimes.
Si le glissement n’a plus de point de contact, sa base se trouve parmi les décombres. Si
possible, le sauvetage des victimes doit alors être effectué par les côtés. Si cela n’est pas
possible, la base du glissement doit être sécurisée pour éviter toute chute supplémentaire. Plus
tard, un passage de 60 x 60 centimètres peut être ouvert très prudemment dans la plaque de
glissement. Il faut des moyens mécaniques et le soutien d’experts pour basculer le glissement
et accéder aux endroits qu’il recouvrait.
Couches
Elles apparaissent après l’effondrement d’un immeuble, lorsque plusieurs étages tombent et se
superposent plus ou moins les uns sur les autres. Selon l’inclinaison des plaques, les espaces
entre les couches peuvent être remplis ou non de décombres. Plus les tas sont inclinés, moins
ils sont en général remplis de décombres.
Chiens de recherche: Chaque « tas » peut être considéré comme un glissement. Des victimes
peuvent être coincées dans les espaces, qui constituent des zones de survie. Des survivants
peuvent se trouver dans des espaces vides dans les parties inférieures des décombres. Les
chiens doivent explorer intensivement les arêtes et les craquelures ; la partie supérieure a la
priorité. Étant donné l’épaisseur et la densité des couches, il faut donner plus de temps au
chien pour explorer tout le tas.
Sauvetage : Lorsqu’il n’y a pas de possibilité d’accès par les côtés, il faut considérer les
couches comme des glissements. Quand les décombres situés entre les tas sont déblayés,
chaque glissement doit être sécurisé pour éviter toute chute ou désolidarisation. Après avoir
sécurisé les glissements extérieurs, et notamment ceux de la base, vous pouvez continuer à y
pénétrer.
Demi-pièces
Elles apparaissent sous les glissements et les tas lorsque les murs et le sol de la pièce
inférieure sont toujours présents. Une « demi-pièce » peut également apparaitre lorsque les
murs, les portes ou d’autres débris reposent les uns sur les autres.
Chiens de recherche: Sur le terrain, il a été démontré que de nombreuses victimes étaient
fréquemment coincées dans ce type de décombre. Par ailleurs, les survivants ont une
meilleure chance de survie dans une demi-pièce. C’est pourquoi les chiens doivent explorer à
fond la périphérie extérieure de ces configurations. Il faut explorer tout particulièrement tous
les bords cassés, fissures et autres ouvertures par lesquels un cône d’odeur peut émaner de la
zone de survie. Il importe de prendre en compte les turbulences potentielles dans les
décombres. À cause d’elles, l’odeur ne viendra pas nécessairement par la partie supérieure des
demi-pièces.
Sauvetage : Les demi-pièces peuvent aussi servir à pénétrer plus avant dans les décombres.
Les sauveteurs peuvent tenter d’entrer par les côtés ou l’arrière, par des fenêtres ou des
ouvertures de porte. Si ce n’est pas possible, ils peuvent casser un des murs qui a glissé.
Mieux vaut éviter de casser le mur porteur du glissement à cause du risque d’effondrement.
Pièce disloquée
Il s’agit d’une pièce où une partie du sol s’est effondrée dans la pièce inférieure, alors que les
murs sont toujours debout (généralement, les caves). La pièce est remplie de gravats
entrecoupés d’ espaces vides de tailles diverses.
Chiens de recherche: Les chiens sont dans un tel cas les seuls capables de localiser des
victimes avec une fiabilité suffisante. On peut trouver des survivants dans les espaces vides,
bien que les victimes meurent souvent sous le poids des décombres. Évitez de marcher sur les
gravats et laissez le chien faire son travail. Déplacer des décombres ou soulever de la
poussière peut causer la mort des personnes ensevelies.
Sauvetage : Casser le mur de la pièce voisine de cette pièce disloquée est souvent la meilleure
solution pour passer sous les décombres. Si la victime est bien située, le sauvetage par une
ouverture dans ce mur est possible. Sinon, les décombres doivent être prudemment déblayés
par la surface.
Pièce comblée par de la boue
Ce cas de figure résulte de l’envahissement d’une pièce par un mélange d’eau, de ciment et de
rochers (décombres). Les murs et le sol de la pièce ne sont pas endommagés.
L’envahissement peut être causé par des canalisations endommagées, par l’eau projetée par
les pompiers, mais aussi par un glissement de terrain, la destruction d’un barrage, le
débordement d’un cours d’eau, etc. La boue devient souvent une masse solide.
Chiens de recherche: Vous ne devez pas compter sur des survivants ; les victimes se sont
étouffées ou noyées. Seuls les chiens entraînés spécialement pour la recherche dans l’eau sont
capables de localiser des victimes dans des pièces remplies de boue.
Effondrement en mille-feuilles
Différents glissements chutent dans la pièce, dont les murs sont toujours debout. Dans la
plupart des cas, ils s’empilent dans un coin, contre un mur.
Chiens de recherche: Les chiens peuvent localiser et marquer des personnes ensevelies sous
les décombres, dans des espaces de survie lorsqu’ils existent (rares dans ce cas). Ils ont plus
de chances de les trouver dans la partie supérieure des décombres, mais il faut tenir compte du
fait que l’air peut être aspiré dans les décombres et que des odeurs émanent des côtés et du
sous-sol de la pièce.
Sauvetage : Pour pénétrer dans les couches, il faut essayer de trouver un passage dans le mur
transversal par rapport aux couches. Ne passez pas à travers des murs porteurs. En cas
d’urgence, il faudra peut-être étayer les murs. On peut aussi envisager de passer par le haut.
Pièce effritée
Une explosion ou de fortes vibrations laissent les murs d’une pièce debout, mais ils sont
fortement affaiblis par des dommages occasionnés à des points de soutènement importants.
Cette pièce peut être remplie de décombres, ou ceux-ci peuvent tomber du toit et des murs.
Chiens de recherche: Soyez très prudent en entrant dans ces pièces, car il y a un risque
important d’effondrement, même si cela ne se voit pas de prime abord. Le risque existe aussi
pour les chiens. La combustion d’amas de décombres dans une pièce peut également causer
l’accumulation de gaz toxiques. Les pièces effritées étant moins remplies de décombres, on
peut très bien les explorer sans y pénétrer, simplement en regardant et en appelant. Laissez le
chien détecter une odeur humaine depuis la périphérie de la pièce effritée, par une ouverture
de porte ou un trou dans un mur.
Sauvetage : Étant donné le danger d’effondrement, vous devrez être extrêmement prudent en
pénétrant dans la pièce ; mieux vaut laisser cela à des spécialistes. Toute la pièce doit être
parfaitement étayée avant de commencer le sauvetage. Si l’on ne peut pas passer par les voies
habituelles (escaliers et portes) pour y entrer, on peut essayer une échelle ou une fenêtre.
Pièce bloquée
Les caves ou d’autres pièces sont souvent bloquées par des décombres qui empêchent les
victimes d’en sortir. Si la structure est relativement stable, les éventuelles victimes peuvent
survivre longtemps, mais il y a pour elles un risque d’étouffement si la pièce est entourée
d’une masse importante de décombres.
Chiens de recherche: On peut retrouver des survivants dans les caves. Les chiens peuvent
facilement y localiser des victimes. Si des personnes ont disparu, il est recommandé de
demander aux personnes qui habitent dans le même immeuble ou à leurs voisins si existent
des lieux comme des caves, des entrées, des escaliers, etc.
Sauvetage : Si le déblaiement d’une pièce bloquée prend trop de temps, on peut tenter
d’entrer par des pièces adjacentes. Il faut ventiler aussi rapidement que possible.
Cône de débris
Il survient quand un bâtiment s’effondre complètement. La destruction est totale et il y a un
mélange de matériaux de construction parmi les décombres. On peut toutefois trouver des
caves intactes sous le cône de débris.
Chiens de recherche: Il peut y avoir des survivants sous le cône de débris. Vu le risque
d’étouffement, il faut travailler rapidement et prudemment. Vous ne devez absolument pas
marcher sur les décombres, car le danger d’effondrement est toujours présent et les victimes
pourraient soit étouffer, soit être davantage encore prises au piège. Les chiens se révèlent très
efficaces sur les cônes de débris. Laissez-les chercher en valorisant la méthode des 5 phases.
Après le contrôle du marquage, utilisez les indications directionnelles par lesquelles le chien
suit le cône d’odeur vers la victime et montre la voie à suivre pour la trouver. Les chiens
doivent toujours commencer par la périphérie et aller vers le centre du décombre, afin que les
chercheurs sachent où ils peuvent travailler en toute sécurité. Généralement, les chiens
localisent les victimes par la surface. Toutefois, il faut tenir compte du fait que la direction du
vent sur les décombres peut les empêcher de capter les effluves en surface. Dans ce cas, il est
plus efficace d’explorer la périphérie et les côtés. Étant donné le travail que représente une
entreprise de sauvetage dans ce cas, les victimes doivent être localisées très précisément.
Sauvetage : Les opérations de sauvetage dans un cône de débris sont souvent longues et
laborieuses. Normalement, on peut effectuer le sauvetage depuis les côtés ou la surface, mais
parfois, il est également possible de travailler par les caves adjacentes. Si l’on creuse un
tunnel dans l’amas de décombres, les murs doivent être sécurisés de tous les côtés.
Débris de périphérie de type A
Lorsque les décombres d’un bâtiment s’entassent directement contre un mur extérieur. Cet
amas de décombres est rempli de matériaux de construction lourds. Souvent, les débris de
périphérie (instable) contiennent des espaces vides et du mobilier.
Chiens de recherche: On peut trouver des victimes dans les débris de périphérie de type A.
Avant d’utiliser du matériel de sauvetage lourd, il faut les explorer très prudemment. Dans un
tel cas, le travail des chiens de recherche est particulièrement approprié et a déjà à de
nombreuses reprises fait ses preuves.
Sauvetage : Le sauvetage des victimes peut être effectué comme pour les cônes de débris.
Débris de périphérie de type B
Il s’agit là de décombres projetés à l’extérieur, au dessus de débris de périphérie de type A. Ils
s’étendent souvent jusqu’au milieu de la rue adjacente. Habituellement, ces débris sont moins
compacts que les débris de périphérie A. Outre les décombres, les débris de périphérie de type
B contiennent également des arbres, des réverbères, des voitures et toutes sortes d’objets
présents dans la rue au moment de la catastrophe.
Chiens de recherche: On peut trouver des victimes sous des débris de ce type : des passants
dans la rue ou des personnes projetées hors de l’immeuble au moment du désastre.
Généralement, elles sont tellement couvertes de poussière qu’elles sont difficiles à distinguer
pour les sauveteurs. La recherche doit donc être effectuée avec beaucoup de prudence. En fait,
cette zone doit être explorée en priorité afin de libérer le passage pour poursuivre les travaux
de sauvetage.
Sauvetage : Le sauvetage des victimes peut se dérouler comme pour les cônes de débris.
Aucune personne ni véhicule ne peut traverser une zone de débris de périphérie B tant qu’elle
n’a pas été explorée.
Question à Ruud Haak :
Pour un conducteur cynotechnique, la connaissance de la typologie des effondrements
est-elle importante ?
À la suite des attaques aériennes sur des quartiers résidentiels pendant la seconde guerre
mondiale, on a découvert que les bâtiments subissaient des types de dommages
caractéristiques. Cette découverte a permis à un ingénieur nommé Maack de développer en
1942 (à Hambourg) un système de 12 signes pour évaluer le type de dommage affectant un
bâtiment. Après un tremblement de terre ou une explosion, on peut observer certains types de
dommages. Ils ont été répartis en pièces et en débris. Trois zones de dommages
caractéristiques (dent cassée, cratère et maison de poupée) ont ensuite été ajoutées aux douze
signes de dommage. Pour les exercices, on peut utiliser des symboles illustrés sur des cartes
pour obtenir un aperçu du dommage. Pendant les missions, le conducteur cynotechnique
identifiera les différents types de dommages, ce qui lui permettra de choisir les meilleures
options de recherche et de sauvetage.

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