La solution coopérative » par l`exemple alsacien

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La solution coopérative » par l`exemple alsacien
« La solution coopérative » par l’exemple alsacien
Face aux excès du capitalisme financiarisé, les coopératives constituent un modèle pertinent
qui répond aux défis du moment. C’est ce que démontre Pierre Liret dans un livre qui
s’inspire de l’étude de 15 coopératives alsaciennes.
Elles ont souvent une image un peu poussiéreuse, sont encore fréquemment associées aux
activités agricoles voire confondues avec des entreprises en voie de redressement. Pierre Liret
le constate quotidiennement : « Les gens connaissent mal les coopératives ». Il est bien placé pour
le savoir : il travaille à la Confédération générale des Scop (dont il est le directeur de la formation
et de l’emploi), est rédacteur en chef de Participer (le magazine des Scop), et intervient
régulièrement sur cette question à l’Université Paris Dauphine.
Il a donc décidé de « clarifier ce qu’est réellement une coopérative », et d’« d’analyser les
atouts et les limites de ce modèle économique », afin de « montrer dans quelle mesure il est
pertinent par rapport aux enjeux d’aujourd’hui et de demain ».
Le produit de son travail intitulé La solution coopérative est en fait « un livre que j’aurais
voulu lire depuis dix ans, indique-t-il. Comme personne ne l’a écrit, je l’ai fait ».
L’argent reste un moyen au service du projet
Pierre Liret a choisi l’Alsace comme sujet d’étude. Parce que le modèle coopératif est « toujours
lié à une logique de développement local », il a « pris le parti d’enquêter sur un seul territoire »,
explique-t-il. L’Alsace présentait l’avantage d’être confrontée « aux mêmes problématiques que
celles des autres régions françaises : déclin industriel, difficultés d’emploi, de logement,
d’insertion des jeunes et des moins qualifiés », constate l’auteur. Le territoire, qui « symbolise en
outre la problématique économique européenne » par sa position géographique, dispose en plus
d’une originalité : son droit local.
L’auteur a du coup arpenté les deux départements du Rhin pendant trois ans, à la rencontre de 15
« grandes et petites coopératives, anciennes et nouvelles, traditionnelles et innovantes »,
représentant les principaux secteurs d’activité. « J’ai voulu, précise-t-il, aller voir et appuyer mon
travail sur la manière concrète dont ça se passe dans les entreprises ».
Il s’est penché sur le groupe Crédit Mutuel « qui incarne la capacité des coopératives à concilier
réussite et expansion économique mondiale avec l’ancrage et la proximité historique », et sur
Coop Alsace « qui s’est écroulé comme un château de carte ».
Il est allé voir comment le modèle coopératif, « le seul qui s’appuie sur des principes
extraéconomiques », fonctionne dans des organisations comme Alsace Lait, les magasins
Leclerc, la Fonderie de la Bruche, Scoprobat, le groupement de pharmaciens Giphar, la Scop
Artenréel ou encore la CUMA de la Rosée. Comment ces entreprises « réinterrogent le rapport au
travail et à l’emploi ».
Son enquête combinée à une réflexion d’ensemble lui a permis de constater qu’« aucun mode
d’organisation n’est infaillible. La clé, relève-t-il, c’est la façon dont la gouvernance est menée
et dont le management est organisé ». Cela étant, « à qualité égale de management,
le modèle coopératif a un atout majeur : il ne dépend pas d’actionnaires financiers
et ne s’inscrit pas dans des stratégies de valorisation du patrimoine », assure l’auteur.
« Tout en maintenant l’activité économique et sociale à l’échelle locale, il constitue
donc un garde-fou contre la volatilité des capitaux et des emplois, permettant de concilier
projet professionnel et projet de vie ».

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