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Le Journal de Tours événements
© Didier D. Daarwin
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Soprano
Le rap pour aimer,
pas pour armer
Des textes comme on en entend peu, une musique qui sort des stéréotypes,
un personnage sincère et attachant : le succès de Soprano, qui sera au Parc
des Expositions le 12 avril, montre une autre face du rap.
Dans la galaxie rap, où les étoiles ont tendance
à être filantes et nébuleuses, Soprano s'inscrit
sur une orbite à part. La qualité de ses textes, le
refus d'une posture agressive et revancharde,
bref, l'approche véritablement artistique de son
travail intriguent. Et ce qui est rassurant, c'est
que le marseillais attire autant les foules que
certains provocateurs aux objectifs plus
commerciaux que philosophiques. Ce sera sans
aucun doute le cas le 12 avril au Parc des Expositions.
Le fils d'immigrés comoriens a beau être fan de
l'OM et voisin de Zinedine Zidane, il n'a jamais
brillé sur un terrain. C'est pourtant la sortie de
rêve pour un gamin de banlieue. "Il me fallait un
plan B" dit-il. Ce sera le rap. Pas n'importe lequel.
Les larmes de son père quand il entend son
premier titre, "Comme des bandits", lui font
comprendre le mal que peuvent faire des textes
artificiellement provocateurs : "La première fois
que j'ai vu mon père pleurer, c'est après mon échec
au bac. Il m'a dit : "J'ai quitté les Comores, ma
famille, mes amis pour que toi, l'aîné de mes
enfants, tu rates ton examen et que tu fasses des
chansons où tu racontes que t'es un bandit !"
(Ouest-France).
Soprano encaisse (mal) le coup. Mais puisque
jouer les caïds en carton-pâte sur scène ne lui
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Février - Mars 2015 / www.tours-evenements.com
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lequel la joie de vivre doit en permanence
combattre la mélancolie : "Quand je vois les divisions, les amalgames (sur les musulmans), les
otages... Je me dis que ce monde est fou. (...) Je
sonne l'alarme, mais j'essaie de le faire avec une
musique positive. On en a besoin, pour se lever le
matin..." (Ouest-France).
Il le dit fort et il le dit bien Soprano. Musicalement, il sort du rap calibré pour des sons issus
de ses passions : "Ce soir, c'est rap, c'est funk, R'n'B
ou bien electro, variétés, reggae, rock n'roll (...) C'est
Messi et Ronaldo, LeBron James et Auto-Moto".
Il rend aussi hommage à sa ville d'origine et cela
devient un plaidoyer universel pour le "vivre
ensemble" : "Marseille, c'est la cosmopolitanie,
comme je le dis dans un morceau. On dirait qu'on
se trouve dans le Bled, en Afrique, en Italie, en
Espagne. J'adore ce côté brassage ethnique. J'en
parle tout le temps. Je la défends partout". (Le
Figaro).
Tous les clichés mais la volonté de "faire quelque chose de bien"
ressemble pas vraiment, il va créer son style
propre (après avoir bûché pour avoir son bac !),
nourri de sincérité. "Je suis musulman pour aimer,
pas pour armer" chante-t-il, affirmation qui
sonne tout particulièrement en ce moment.
Des enfants comme
tout le monde
Le combat de Soprano (son nom vient de sa
voix, assez haute) est simple et continu :
"Montrer aux jeunes que, même si on vient de la
banlieue, qu'on est noir, musulman et qu'on porte
sa casquette à l'envers, tous les clichés en somme,
on peut réussir et faire quelque chose de bien" ditil au Figaro à la sortie du livre qu'il a écrit sur sa
vie. Il est l'un d'eux : "Ces jeunes-là sont perdus,
mais au début, ils étaient des enfants comme tout
le monde" dit-il encore. Il chante : "Aujourd'hui,
ils nous parlent d'identité nationale, d'Europe, etc.
pendant que la jeunesse ne sait plus où elle va."
Un appel, parfois un appel au secours, dans
Beau programme, à approuver avec enthousiasme, que l'on soit de Marseille, de Tours ou
d’ailleurs.
Soprano
Dimanche 12 avril 2015 à 17 h
Grand Hall du Parc des Expositions - Tours
Prix des places : 29 € et 39 €
Réservations : Points de vente habituels
www.tours-evenements.com