Andrzej Napieralski Université de Lodz Abstract In this work we will
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Andrzej Napieralski Université de Lodz Abstract In this work we will
Andrzej Napieralski Université de Lodz Abstract In this work we will try to show, how the F.C.C (the French contemporary slang) influence the French rap. We will describe the main themes included in the French rap texts and analyze linguistic process of creation of new lexemes. We will analyze recent words found in French rap texts. Le F.C.C dans les textes des chansons hip-hop françaises. Le hip-hop en France est né dans les milieux urbains pauvres, au début c’était juste un mouvement musical et artistique qui rassemblait les artistes des « arts de la rue » tels que le rap, le scratch, le graffiti et le break-dance. Peu à peu il s’est développé en un courant de conscience sociale qui défini le mode de vie de ses partisans. Le hip-hop et surtout son porteparole le rap, permettent à ses adeptes de faire connaître au monde leur message concernant la vie quotidienne ainsi que la revendication de leurs droits et de leurs besoins. Vu que le rap provient des couches basses de la société, il est clair que les problèmes soulevés par les rappeurs pivotent autour du chômage, de la violence, de l’injustice sociale et de l’échec scolaire. Le rap devient visible en France à partir de 1984 en étant diffusé par les nouvelles radios libres, puis par la télévision, notamment avec l'émission H.I.P. H.O.P. présentée par Sidney sur TF1. C'est à la fin des années 1980 que le rap français apparaît sur les ondes, avec les premiers freestyles en direct dans l'émission Deenastyle, présentée par Dee Nasty sur Radio Nova. Le rap français naît avec un ton revendicatif et des textes évoquant le racisme, la précarité, le chômage ou la violence ; des thématiques plus inspirées de rap engagé que du rap festif. À la fin des années 1990, le rap devient un courant musical majeur en France, notamment grâce à la médiatisation assurée par la radio Skyrock qui en fera sa spécialité. Le hip-hop est une culture associée aux gens qui s’opposent aux règles imposées par la société, c’est pourquoi une des caractéristiques les plus marquante de ce mouvement c’est un langage codé connus seulement aux initiés. Le F.C.C1, c’est la variante récente de l’argot français, qui est très présente dans les chansons rap. Dans notre travail, nous allons analyser le lexique argotique recueilli dans les textes des rappeurs, pour voir quels sont les procédés les plus fréquents dans la création de nouvelles formes lexicales, ainsi que pour voir quelles langues étrangères s’assimilent le mieux et sont les plus empruntées. 1 Français Contemporain des Cités, terme de Jean-Pierre Goudaillier, voir GOUDAILLIER 2001. L’argot a toujours été assimilé à un vocabulaire secret réservé aux initiés, surtout dans le milieu des malfrats et des hors-la-loi. « Il ne faut d’ailleurs pas nier par principe toute volonté de dissimulation dans la création argotique, mais l’argotier peut viser à étonner ses pareils aussi bien qu’à tromper l’ennemi commun : le départ est bien subtil entre la devinette facétieuse et le substitut secret ;2 ». L’argot détient une double fonction tantôt cryptique (le substitut secret) que ludique (la devinette facétieuse) à quoi on peut ajouter « l’ennemi commun » est on obtient un code propice à l’isolation linguistique des individus qui désirent cela. Le vieil argot était dans le temps utilisé pour des fins malintentionnées par des gens malveillants, de nos jours le cryptage du message est pratiqué afin de ne pas laisser des personnes défavorables s’infiltrer dans le milieu. Le F.C.C est l’héritier de la tradition argotique française, il croît depuis quelques années dans les cités HLM, et il est l’outil de la revendication des droits des gens qui y habitent. Nous tacherons de montrer que le F.C.C est strictement lié à la culture hip-hop, c’est une relation « symbiotique » qui fonctionne très bien depuis l’apparition du rap en France. Une langue vivante est toujours en mouvement, cela s’applique parfaitement à la langue des cités. Le rôle du rap, est de porter le message hip-hop à tout ceux qui voudront le connaître. Les procédés de création et de diffusion du lexique sont un phénomène très ambigu, qu’on ne peut pas décrire d’une façon unanime, ce qui compte c’est que le lexique se fait connaître au grand public par le biais des médias qui le diffusent. Il est vrai qu’à l’origine le F.C.C est une langue crypter accessible seulement aux initiés, mais il n’est pas moins vrai, que chaque personne qui écoute le rap prend vite connaissance de ce vocabulaire. On peut donc constater que la langue des cités devient accessible au grand public par le biais des textes des rappeurs, qui en grande partie viennent du milieu où naissent les nouvelles formes lexicales. Tout comme dans l’argot traditionnel, le nouveau vocabulaire apparaît par divers moyens, on a affaire ici à la néologie de forme et de sens, aux emprunts mais aussi à la réapparition des lexèmes qui sont tombés dans l’oubli. On retrouve souvent dans le parler des jeunes des mots du vieil argot : ‘bicot’ – (n.m) – un arabe (18923) ‘croulant’ – (adj) – vieux (1905 [Esnault]4) ‘daron’ – (n.m) – le père (1725 [Granval]5 ‘galocher’ – (verbe transitif) – embrasser (1971 [San Antonio]6) 2 COLIN, p.865 Ibid, p.66 (exemple d’aphérèse de ‘arbicot’ (1861 [Esnault], COLIN, p.16)) 4 Ibid, p.239 5 Ibid, p.250 (exemple de métaphore de ‘daron’ (Maitre, patron) 3 ‘pige’ – (n.f) – un an (1836 [Vidocq]7 ‘rade’ – (n.f) – un bar (1844 [Esnault]8 ‘se débiner’ – (verbe pronominal) – s’enfuir (1808 [d’Hautel]9) ‘squatte’ – (n.m et déverbal de ‘squatter’) – occupation illégale d’un logement vide (197710) ‘taule’ – (n.f) – la prison (188911) ‘tire’ – (n.f et déverbal de ‘tirer’) – une voiture (1935 [Esnault]12 ‘défonce’ – (n.f et déverbal de ‘se défoncer’) – état de celui qui s’est drogué (197113) Dans les textes, nous avons aussi recueilli des locutions formées à base des lexèmes appartenant au vieil argot : « J'ai mangé ma part du ghetto, maintenant je veux la cerise J'avalerai le noyau et les micros tellement j'ai les crocs…14 » ‘Avoir les crocs15 – (locution verbale) – avoir faim (1821 [Ansiaume]16) « J'frappe à la tête depuis que j'rackette ton crew est à la dech…17 » ‘être à la dech – (locution verbale) – être en état de dénuement (184318) Parmi les lexèmes collectés dans les textes, une grande partie rassemble ceux, qui sont des dérivations à base des procédés de la néologie de forme : Les apocopes : ‘accro’ (adj) – de accrocher (v.tr) (passionné) ‘biko’ (n.m) – de bicolore (métis) ‘biz’ (n.m) – de bizness (une affaire) (ang) ‘blair’ (n.m) – de blaireau (individu antipathique) ‘céllu’ (n.m) – de cellulaire (un téléphone) ‘dèg’ (adj) – de dégueulasse ‘impro’ (n.f) – d’improvisation ‘mic’ (n.m) – de microphone (ang) 6 Ibid, p.379 Ibid, p.615 8 COLIN, p.675 (exemple d’apocope et de métonymie de ‘radeau’ (comptoir)) 9 Ibid, p.254 10 Ibid, p.767 (apparaît sous la forme ‘squat ou squatt’) 11 Ibid, p.788 12 Ibid, p.798 13 Ibid, p.262 14 « La cerise sur le ghetto », Mafia K'1 Fry 2003 15 Croc (n.m) – dent 16 COLIN, p. 236 17 « L’assassin », Sinik ‘En attendant l’album’ 2004 18 Ibid, p.258 (on retrouve sous la forme ‘être en dèche’) 7 On retrouve aussi des mots qui ont subies une dérivation plus complexe, cela est le cas de la ressufixation argotique (rencontre > ‘rencard’), ou d’une apocope qui transforme le mot soit orthographiquement (ajout de la voyelle ‘o’ dans ‘pot’ donne ‘poto’), soit phonétiquement (suite à la verlanisation avec apocope du mot cité on obtient ‘tess’ où il y a un changement de phonème [e]>[ǫ]). poto19 (n.m) – de pot<poteau (ami) rencard (n.m) – (un rendez-vous) apocope de rencontre + suffixe argotique ‘ard’ tess (n.f) – de [site]>[tesi]>[tǫs] (la cité) Les aphérèses : ‘zinc’ (n.m) – de cousin (un pair) ‘blème’ (n.m) – de problème ‘ness’ (n.m) – de business (affaire) ‘zizir’ (n.m)– de plaisir (aphérèse avec redoublement hypocoristique) D’autres mots confrontés à la néologie de forme ont apparu dans notre corpus dont : ‘bédou’ (n.m) – le ventre (déformation de bide) ‘jarter’ (verbe transitif) – (dans ‘se faire jarter’) (déformation de jeter) ‘gard’av’ (n.f) – une garde à vue (abréviation) Le groupe qui comporte le plus grand nombre de lexèmes modifiés au niveau du signifiant, c’est le verlan : ‘caillera’ (n.f) – de racaille (un délinquant) ‘chelou’ (adj) – de louche ‘despi’ (adj) – de speed (rapide) (ang) ‘fonse-dé’ (n.f) – de défonce ‘nique-pas’ (n.f) – de panique ‘pécho’ (verbe transitif) – de choper (voler) ‘pera’ (n.m) – de rap ‘pier-pa’ (n.m.pl) – de papiers ‘poteca’ (n.f) – de capote (préservatif) ‘rempas’ (n.m.pl) – de parents ‘sked’ (n.m) – de disque ‘tarpé’ (n.m) – de pétard (les fesses) ‘tier-quart’ (n.m) – de quartier 19 Le mot poteau désignait dans le vieil argot un ami par métonymie, ici il apparaît sous l’orthographe ‘poto’ ‘vercrer’ (n.m) – de crever ‘zermi’ (n.f) – la misère ‘zonpri’ (n.f) – la prison Il faut signaler que parfois en verlanisant le substantif on obtient un changement phonétique dans le lexème d’arrivés, cela peut être le résultat de l’addition d’une voyelle dans les syllabes ouvertes (les cas de : ‘sked’, ‘pera’, ‘despi’). Dans le verlan monosyllabique, c'est-à-dire qui modifie les mots possédant une seule syllabe, on inverse les sons et on obtient : ‘auch’ (adj) – de chaud ‘zen’ (n.m) – le nez On peut aussi trouver des verlans avec ressuffixation argotique : ‘rabzouz’ (n.m) – arabe [ȑabzuz]<[ȑabza]<[zaȑab]<[lezaȑab] Dans les textes analysés, nous avons remarqués des expressions contenant un mot qui a subi le verlan : « Tchatche à franc-deux, courbettes des tapettes devant Supporter de grandir sans un franc, c'est trop décevant…20 » ‘à franc-deux’ (locution prépositionnelle) – sans valeur « j'reste militant mais c'est le berger qui tient le bâton Qui nous le met dans les roues et qui nous mène en bateau Nous fait bétom quand on marche encore à taton…21 » ‘faire bétom’ (locution verbale) – faire tomber « Yézi l'escroc m'a fait croquer des scal-pa22 Entre bagarres et gardav', la vie a fait d'moi une caillera…23 » ‘faire croquer des scalpa’ (locution verbale) – faire payer « Si j'les ai pas, là ça commence par insulter ta mère, ta soeur, tes frères Ca dégénère et tu t'fais pé-ta… » ‘se faire péta’ (locution verbale) – se faire taper Les néologismes de sens, donc les mots qui changent leur signifié en gardant leur signifiant sont moins nombreux : ‘calibre’ (n.m) – un revolver (métonymie) 20 « Nés sous la même étoile », IAM ‘L’école du micro d’argent’ 1997 « Nique le système », Sniper 2003 22 Voir p.9 23 « Je me souvient », Bouba ‘West Side’ 2006 21 ‘boulette’ (n.f) – fille avec des formes arrondies (métaphore) ‘canner’ (verbe transitif) – mettre en boîte – se faire canner ‘incarcérer’ (métaphore) ‘rasoir’ (n.m) – quelqu’un qui est ennuyeux (métaphore) Ce qui est une caractéristique pour le F.C.C. c’est les emprunts. Leur provenance est lié à l’origine de la culture hip-hop (les Etats-Unis), donc une grande partie du lexique emprunté ce sont les mots anglais. Néanmoins il y a une influence des lexèmes arabes, africains qui sont le reflet des origines maghrébine des habitants des banlieues, ainsi que des rappeurs qui les représentent : ‘avoir le seum’ (locution verbale) – avoir la rage (seum – poison) ‘dawa’ (n.m) – le désordre ‘futals’ (n.m.pl) – les pantalons ‘hamidou’ (n.m) – un vêtement ? ‘kiffer’ (verbe transitif) – aimer ‘meskin’ (n.m) – pauvre La langue tsigane a aussi son influence sur l’argot contemporain : ‘boul’ (n.m) – les fesses ‘gadjo’ (n.m) – un garçon ‘michto’ (n.m) – un beau gars ‘poucav’ (verbe transitif) – dénoncer ‘raclo’ (n.m) – un garçon ‘surin’ (n.m) – un couteau Parmi d’autres mots apparus dans les textes ont peut mentionner : ‘bougnoul’ (n.m) – un noir Sénégalais (wolof) ‘bordille’ (n.f) – personne sans importance, idiote (provençal) L’anglais qui est la langue des rappeurs précurseurs américains, est surtout emprunté pour le vocabulaire spécialisé des piliers du hip-hop (break-dance, graffiti, scratch, rap). A part cela, le rap français assimile surtout les mots du « slang » utilisé dans les œuvres de leurs confrères des Etats-Unis, ainsi que les mots utilisés au quotidien : ‘babe’ (n) – chéri ‘beat’ (n.m) – le battement ‘biatch’ (n.f) – une prostituée ‘breaker’ (verbe intransitif) – faire du break dance ‘brother’ (n.m) – frère ‘clasher’ (verbe transitif) – défier ‘dealer’ – vendeur de drogue ‘die’ (verbe intransitif) – mourir ‘dope’ (n.f) – drogue ‘driver’ (verbe transitif) – conduire ‘feeling’ (n.m) – la sensation ‘flow’ (n.m) – débit (de parole) d’un rappeur ‘gun’ (n.m) – un pistolet ‘hype’ (n.m) – excessif dans la publicité ‘joke’ (n.m) – plaisanterie ‘phoner’ (verbe transitif indirect) – téléphoner Ce qui est intéressant à remarquer, c’est qu’il y a une forte assimilation des lexèmes anglais à la syntaxe française. On peut observer cela dans les expressions « hybrides » qui lient les mots anglais aux verbes français : « Le crack : fait son entrée dans la partie, c'est tout nouveau bienvenue dans le bad trip de la matrice…24 » ‘avoir un bad trip’ (locution verbale) – avoir de mauvaises sensations « Mon mec est clean mais au-delà du style Mon mec c'est une encyclopédie car il se cultive…25 » ‘être clean’ (locution verbale) – ne pas prendre de drogues « Le coeur creux tu créés, à ces conneries tu crois Sois pas trop love, sois rusé, la rue c'est rasoir…26 » ‘être love’ (locution verbale) – être amoureux « Mais stone, le monde est stone, Y a plus de couche d'ozone…27 » ‘être stone’ (locution verbale) – être sous l’influence de la drogue « On m'a dit qu't'aimais le rap, voilà de la boulette Sortez les briquets, il fait trop dark dans nos têtes…28 » ‘faire dark’ (locution verbale) – faire noir « Trente ans sont passés et j'mène plus la même life J'suis encore dans ce truc mais doucement quand je drive…29 » 24 « Mots pour maux », Sinik, ‘La main sur le cœur’, 2005 « Jeune Demoiselle », Diam’s, ‘Dans ma bulle’, 2006 26 « Ruse », Mafia K1 Fry, 2003 27 « Nirvana », Doc Gyneco, ‘1ère consultation’, 2000 28 « La Boulette », Diam’s, ‘Dans ma bulle’, 2006 25 ‘mener la life’ (locution verbale) – mener la vie Parmi les lexèmes argotiques qu’on a trouvés dans notre corpus, nous avons pu distinguer des champs lexicaux qui sont composés d’un grand nombre de synonymes. Vu la fonction cryptique de l’argot, il existe une grande rotation de ces mots qui sont créés grâce aux procédés que nous avons vus. Le rap français adapte le lexique argotique qui circule dans les cités et il le diffuse au grand public. Il existe des grandes thématiques de l’argot qui regroupent les mots possédant le même signifié, mais qui s’écrivent d’une différente façon. Ces champs regroupent le vocabulaire utilisé par les adeptes du hip-hop, que cela soit lié aux occupations illicites ou juste au divertissement. Parler de : femmes, argent, police, drogues etc., est connu dans l’argot traditionnel, la richesse lexicale qui touche ces thématiques est le résultat de la fonction crypto-ludique de l’argot qu’on retrouve aussi dans le F.C.C des textes de rap : LES FEMMES ‘bimbo’ (n.f) – une bombe (verlan avec déformation) ‘gazière’ (n.f) – régionalisme de Marseille ‘meuf’ (n.f) – verlan monosyllabique de femme ‘nana’ (n.f) – vieil argot ‘nénette’ (n.f) – vieil argot ‘fatma’ (n.f) – emprunt arabe ‘gazelle’ (n.f) – métaphore ‘go’ (n.f) – déformation du mot anglais ‘girl’ LA POLICE ‘képis’ (n.m) – métonymie (vieil argot) ‘flicaille’ (n.f) – vieil argot ‘kisdés’ (n.m.pl) – verlan de déguisés (policiers en civil) ‘licepo’ (n.f) – verlan de police ‘keufs’ (n.m.pl) – verlan de flic (vieil argot) ‘kondé’ (n.m) – verlan de ‘des cons’ [dekǤ̃]>[kǤ̃de]>[œ̃kǤ̃̃de] L’ARGENT ‘bifton’ (n.m) – billet de banque, vieil argot de biffe ‘chiffon’ ‘fric’ (n.m) – vieil argot ‘oseille’ (n.f) – vieil argot 29 « Ruse », Mafia K1 Fry, 2003 ‘talbin’ (n.m) – un billet de banque (vieil argot) ‘pez’ (n.m) – nouvelle graphie pour pèze de l’ancien argot ‘tune’ (n.f) ou thune – argot ‘do’ (n.m) – apocope de dollar ‘pascal’ (n.m) – billet de 500 fr (métonymie) ‘scal-pa’ (n.m) – verlan de pascal (billet de 500 fr) ‘faire croquer des scal-pa’ (loc.verable) – faire payer LES DROGUES ‘B2O’ (n.m) – le bédo (acronyme) ‘beu’ (n.f) – la marijuana (verlan avec apocope de herbe) ‘C.C’ (n.f) – cocaïne (faux sigle) ‘chichon’ (n.m) – verlan de haschisch avec ressufixation argotique ‘défonce’ (n.f) – déverbal de se défoncer (verbe argotique) ‘exta’ (n.f) – apocope de ecstasy ‘fonse-dé’ (n.f) – verlan de défonce ‘ganja’ (n.f) – marijuana (hindi) ‘héro’ (n.f) – apocope de héroïne ‘popo’ (n.m) – la drogue (apocope de pollen + redoublement hypocoristique) ‘tcherno’ (n.m) – marijuana potager personnel (apocope de Tchernobyl) ‘dealer’ (n.m) – vendeur de drogue (ang) ‘dope’ (n.f) – la drogue (ang) ‘exta’ (n.f) – apocope de ecstasy ‘spliff’ (n.m) – une cigarette avec du haschisch (ang) ‘shit’ (n.m) – le haschisch (ang) ‘triper’ (v.int) – fantasmer (de ang. trip – voyage) ‘weed’ (n.m) – marijuana (de ang. weed – mauvaise herbe) Le grand nombre de synonymes (femmes, police, argent) ainsi que la multitude de termes spécifiques utilisés (les drogues) sont le résultat de la fréquence d’emploi des mots des thématiques ci-dessus. Les femmes occupent une place importante dans la vie des partisans de la culture hip-hop, qui est plutôt une culture d’hommes, mais qui ne ferme pas ses portent à l’autre sexe. La lutte avec la police est une sorte de « guerre sainte » pour les représentant des banlieues envers lesquels la police n’est pas toujours impartiale. L’invention de nouvelles formes lexicales pour designer les représentants de la loi est une sorte de revanche ainsi qu’une obligation pour parler d’eux sans qu’ils ne s’en aperçoivent, mais tôt ou tard les lexèmes sont décryptés et le code n’est plus secret. L’argent et la drogue sont deux facteurs grâce auxquels les jeunes peuvent s’enfuir, l’argent permet de gagner une position indépendante dans la société et la drogue permet de s’enfuir pour ne pas penser à « la galère sociale ». L’argent et la drogue forment une proche relation chez les jeunes, surtout quand il s’agit de l’achat de cette substance illégale. Pour ne pas se laisser prendre en flagrant délit, il est nécessaire de na pas se faire comprendre quand on procède à une transaction. Le F.C.C est l’héritier du vieil argot, c’est maintenant un des fournisseurs les plus importants du lexique argotique. L’enrichissement de la langue française à l’époque du vieil argot se faisait par le biais des romans policier de Simonin, Boudard, Dard (San-Antonio) ou Le Breton, aujourd’hui c’est les rappeurs qui ont pris le relais. Les textes de rap sont un éventail d’attestations pour le F.C.C et ses procédés de formation des nouveaux lexèmes. L’origine de l’argot contemporain c’est la banlieue et les cités HLM ou né la plupart des mots qui vont être utilisés dans les chansons rap est ensuite diffusés au grand public. Les thématiques du rap sont variées, néanmoins elles véhiculent des opinions partagées, et elles représentent une conceptualisation du monde commune et un langage crypté, où fourmillent les synonymes. Le rap possède une forte fonction crypto-ludique et identitaire, néanmoins il est accessible à tout le monde, car on peut l’entendre sur les ondes où à la télé. Le hip-hop est une culture relativement jeune, mais il a vite gagné une forte position dans la société, et sa popularité ne cesse pas de croître, ce qui veut dire que le F.C.C avec ses grandes thématiques est en explosion constante et qu’il va encore enrichirent par de nouvelles formes lexicales notre parler. Bibliographie BAZIN HUGUES (1995), La culture hip-hop, Paris, Desclée de Brouwer BLONDEAU T., HANAK F., (2008), Combat Rap II, Bordeaux, Le Castor Astral. BOCQUET J-L., PHILIPPE P-A. (1997), Rap ta France, Editions Flammarion, J’ai lu. COLIN J-P., MEVEL J-P., LECLERE C. (2002), Dictionnaire de l’argot français et de ses origines, Paris, Larousse. GOUDAILLIER, Jean-Pierre (2001), Comment tu tchatches !, Paris, Maisonneuve & Larose.
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