Fiche ACC - Association des Cinémas du Centre
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Fiche ACC - Association des Cinémas du Centre
Elles sont si mignonnes, ces petites filles. Si sages, si bien élevées... Apparence, apparence, tout n'est qu'apparence. Car l'une d'elles, en bonne petite garce qu'elle est, répand le bruit que les deux directrices de sa petite pension s'aiment d'un amour « anormal »... Accusation totalement infondée en ce qui concerne Karen (Audrey Hepburn), qui ne songe qu'à épouser son fiancé, un médecin qu'on devine hyperviril et très ennuyeux. Mais exacte, côté Martha (Shirley MacLaine) : devant le scandale – des parents outrés qui retirent dare-dare leur progéniture de la pension –, elle doit s'avouer des sentiments, soigneusement tus... Avant guerre, William Wyler avait déjà adapté (dans Ils étaient trois) l'audacieuse pièce de Lillian Hellman. Avec un lourd handicap : la censure. Pas question, à l'époque, qu'elle tolère l'ombre d'une homosexuelle sur les écrans. Par un tour de passe-passe inénarrable, c'est donc du fiancé de son amie (toujours le toubib hyperviril et très ennuyeux) dont s'éprend la Martha 1936. Ce qui fiche par terre, forcément, le projet même de Wyler. Lequel, entêté et courageux, récidive. Dans la version 1962, le coming out de Martha est limpide (et Shirley MacLaine, magnifique). Mais suivi – forcément – de culpabilité et de désespoir. S'avouer gay dans l'Amérique des années 1960 est possible. S'assumer, c'est évidemment une autre paire de manches... S'il vivait aujourd'hui (il aurait 107 ans !), Wyler aurait peut-être réalisé - enfin ! - la version de ses rêves... Telle qu'elle est (un peu compassée, par moments), celle de 1962 reste féroce. Wyler y saisit une Amérique inexorable et intolérante, toujours à deux doigts du lynchage - physique ou moral. Un pays effrayant, avec ses vieilles rombières, toutes confites en dignité. Et ses détestables et machiavéliques gamines : les futures mères, en fait, des « desperate housewives » d'aujourd'hui... Télérama, Pierre Murat, 01/07/09 William Wyler parle dans Combat - 28 mars 1962 (extrait) « J’ai dû attendre 25 ans de pouvoir tourner La Rumeur » Quel est le sujet de votre film ? Il s’agit de l’adaptation d’une pièce de Lillian Hellman The Children’s Hour. C’est l’histoire d’une calomnie lancée par une fillette aux dépens de deux institutrices de la pension où elle séjourne. À la suite de cette calomnie tout le monde tourne le dos aux deux jeunes femmes. Le désastre va s’ensuivre, social, moral, physique. Tout le film est en nuances, c’est une étude de moeurs, une étude de la sensibilité de deux femmes, de leur amitié, c’est celle des manoeuvres d’une menteuse, de la crédulité d’une dame très digne envers tout ce qui sort de la bouche d’une enfant. Vos deux vedettes, Shirley MacLaine et Audrey Hepburn, semblent tenir des rôles nouveaux pour elles ? Totalement. Shirley MacLaine a toujours incarné des jeunes femmes plutôt frivoles, légères. Elle tient aujourd’hui un rôle profondément dramatique, celui d’une femme contrainte brutalement de se pencher sur elle-même. Audrey Hepburn est également renouvelée. Je l’ai lancée lorsque j’ai eu besoin d’une jeune fille aux allures aristocratiques pour Vacances romaines. Depuis, on lui a surtout confié des rôles romantiques, jamais on n’avait cherché à révéler ses possibilités de tragédienne et je crois y avoir réussi avec La Rumeur. Vous découvrirez aussi une fillette assez extraordinaire dans le rôle odieux qui lui a été confié, Karen Balkin. C’est si vous le voulez, l’envers de ce que fut Shirley Temple. Fiche technique Réalisation : William Wyler - D’après The Children’s Hour de Lillian Hellman – Etats-Unis -1961 - Durée : 1h45 - Visa : 25973 Formats : 1.66 – mono – Première sortie France : 25/04/62 - Ressortie le 8/07/09 Fiche artistique Audrey Hepburn : Karen Wright – Martha Dobie : Shirley MacLaine James Garner : Docteur Joe Cardin – Karen Balkin : Mary Tilford >>> Synopsis Karen et Martha dirigent tranquillement une petite école pour jeunes filles, dans une ville de province. Elles sont épaulées par Lily, la vieille tante un peu lunatique de Martha. Karen doit se marier avec Joe, un beau et tendre médecin, mais elle hésite encore, de peur de ne plus pouvoir aider Martha à s'occuper de leur école. Vexée d'avoir été punie pour une des innombrables bêtises qu'elle a commises, Mary, une élève teigneuse et mythomane, lance une rumeur sur les deux institutrices. >>> William Wyler naît à Mulhouse en 1902 alors que l'Alsace se trouve sous occupation allemande. Il reçoit une excellente éducation à Lausanne avant de venir étudier le violon au Conservatoire de Paris A partir de 1922 il travaille pour les studios Universal, d'abord dans les services de publicité, puis comme assistant de production. Entre 1925 et 1927, William Wyler réalise plus de 40 westerns 'à deux bobines' puis se tourne progressivement vers les long-métrages. En 1936, il quitte Universal pour travailler longtemps avec le producteur Sam Goldwyn puis avec la MGM. Il devient célèbre avec La Vipère en 1941 et s'impose progressivement comme le spécialiste des drames psychologiques et des adaptations littéraires : Les Hauts du Hurlevent (1932), La Lettre (1940). Ses plus grands films ont été récompensés par l'oscar du meilleur réalisateur : Madame Miniver en 1942, Les plus belles années de notre vie en 1946 et Ben Hur en 1959. Il a obtenu la Palme d’or à Cannes en 1958 avec La Loi du Seigneur. Vous trouverez des informations sur le film auprès de vos cinémas et sur le site de l’ACC : www.cinemasducentre.asso.fr Ciné Culte vous est proposé par l’A.C.C., avec le soutien du Conseil Régional du Centre et de la D.R.A.C. Centre et avec le concours de l’A.D.R.C. Répertoire. Un film d'une force incroyable porté par deux actrices exceptionnelles et parfaites