Décès de Chu Teh-Chun

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Décès de Chu Teh-Chun
Communiqué de presse
Paris, le 26 mars 2014
Décès de Chu Teh-Chun
membre de la section de Peinture de l’Académie des beaux-arts
M. Claude Abeille, Président, M. Arnaud d’Hauterives, Secrétaire perpétuel et les membres
de l'Académie des beaux-arts ont la tristesse de faire part du décès de leur confrère et doyen
Chu Teh-Chun, survenu le mardi 25 mars 2014 à Paris dans sa 94e année.
Né le 24 octobre 1920 à Baitou Zhen (province de l’Anhui) dans une famille de notables lettrés, Chu
Teh-Chun pratique la calligraphie depuis son plus jeune âge ; il entre en 1935, à la prestigieuse Ecole
des Beaux-Arts de Hangzhou où son professeur lui fait découvrir la peinture occidentale et
notamment Cézanne que Chu Teh-Chun admire particulièrement. A partir de 1937, la guerre sinojaponaise provoque l'exode des universités vers l'Ouest de la Chine jusqu'au Sichuan : cette période
de trouble se traduira pour Chuh Teh-Chun par une itinérance de dix ans au cours de laquelle il
parcourra en compagnie de ses professeurs et condisciples près de quatre mille kilomètres à pied :
cet épisode pendant lequel il découvre les paysages majestueux de son pays qu’il peint et dessine au
gré de ses innombrables étapes, sera déterminant dans son parcours ; la descente et le
franchissement périlleux des trois gorges du Yangzejiang le marque particulièrement, les paysages
traversés imprimant en lui des visions inoubliables.
Nommé professeur assistant, il devient peu après son retour à Nankin, professeur titulaire à
l’Université nationale de Taipei où il s’installe avec son épouse ; il y enseigne la peinture occidentale.
A l’issue de sa première exposition en 1954, il décide de s’embarquer pour la France : après un mois
de traversée via Hong-Kong, Saïgon, Ceylan, Port Saïd et Le Caire, Chu Teh-Chun s’installe à Paris où il
est happé par l’effervescence créatrice de la « seconde école de Paris ». La rétrospective de Nicolas
de Staël organisée en 1956 au Musée national d’art moderne constitue pour lui une révélation ; il en
dira « Auparavant, j'étais un peintre objectif, mais à présent je ne m'intéresse plus à cette façon de
peindre, parce qu'après avoir commencé à étudier la peinture abstraite, j'ai ressenti profondément
et avec évidence la liberté d'expression dont elle témoigne ».
De 1956 à 1961, il rencontre ses premiers succès à Paris, et dès 1964, sa réputation se propage à
l’étranger à l’occasion d’expositions au Carnegie Art Museum, à Pittsburgh, Jérusalem, Athènes, et
en 1969, à la Biennale de Sao Paulo. En 1976, il renoue avec la calligraphie ; à la même époque, et
alors qu’il est de plus en plus reconnu en Europe, ses regards se tournent vers son pays natal : en
1983 il se rend à Pékin à l’invitation de l’Union des Artistes de Chine ; son accueil est triomphal. Le
musée national d’histoire de Taipei organise en 1987 une grande exposition rétrospective, lui
permettant de montrer l’ensemble de son œuvre à ses compatriotes. En 1994, il expose à Singapour,
puis au Canada. En 1997, il est élu membre de l’Académie des beaux-arts au fauteuil de Jacques
Despierre et la même année, une exposition itinérante organisée par l’AFAA est inaugurée à Pékin et
se poursuit à Hong Kong et Taipei.
Lorsqu’il ne voyage pas, et jusqu’à l’accident cérébral qui le frappe en 2009, Chu Teh-Chun peint
dans la quiétude de son atelier de la banlieue parisienne ; la fécondité artistique de ses dernières
années vient d’être révélée par la rétrospective organisée par la Pinacothèque de Paris. En 2009, le
Musée Guimet avait exposé les 56 vases de la Manufacture de Sèvres peints par Chu Teh-Chun sous
le titre « De neige, d’or et d’azur ».
Après Georges Mathieu et Zao Wou-Ki, ses deux confrères disparus récemment, Chu Teh-Chun était
le dernier représentant à l’Académie de l’abstraction lyrique qui renouvela l’histoire de la peinture
occidentale ; son œuvre incarne par ailleurs, comme celle de son confrère Zao Wou-Ki, ce que la
rencontre des deux cultures française et chinoise peut produire de plus élevé en matière artistique
lorsque la richesse d’un héritage millénaire rencontre l’affirmation souveraine de la liberté créatrice.
Académie des beaux-arts
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