Soins à la jument gestante et au poulain nouveau-né

JOURNAL DE BORD : SOINS À LA JUMENT GESTANTE ET AU POULAIN NOUVEAU-NÉ!
JANVIER 2012
SOI N S À L A J U M E N T G E STA N TE E T
AU PO U L A I N N O U V E AU -N É
La période des poulinages est souvent synonyme de stress et de fatigue pour l’éleveur. Pour
aborder le printemps en toute tranquillité, il est nécessaire d’avoir certaines connaissances en ce
qui concerne les soins à la jument et au poulain afin de pouvoir détecter des anomalies et de
pratiquer les gestes indispensables.
I GESTION DE LA FIN
DE GESTATION ET DU
POULAIN NOUVEAUNE
pour arriver à 3 kg en fin de gestation
et jusqu’à 4 à 5 kg en pleine lactation.
Tout ceci est évidemment variable en
fonction de la jument et il faudra
toujours évaluer l’état corporel de
chaque jument afin d’adapter la ration à chaque cas. Durant cette période, il est nécessaire de veiller à
l’équilibre des apports en minéraux,
oligo-éléments et vitamines.
!
En effet, le poulain ne boira
que du lait durant les 2 premiers
mois de sa vie or le lait est naturellement carencé en oligo-éléments, le
poulain va donc puiser dans les réserves qu’il aura accumulé durant la
gestation. On peut commencer à
distribuer un concentré avec 17% de
protéines brutes à partir de 2 mois à
raison d’un demi kilo par mois d’age
en veillant toujours à l’apport en minéraux, oligo-éléments et vitamines.
!
L’idéal est de disposer d’un
boxe avec deux mangeoires et d’un
systèmes de nourrisseur au pré où les
mères ne peuvent pas accéder.
La gestation n’est pas une maladie
mais au contraire un signe de bonne
santé" ; la jument et son poulain ne
doivent pas être considérés comme
des animaux malades mais ils doivent
être l’objet de soins attentifs et précis
au cours de la période périnatale.
Alimentation
La jument gestante doit être nourrie
comme une jument vide jusqu’au 8°
mois de gestation. En effet, durant les
deux premiers tiers de la gestation, le
fœtus est en formation,il ne commence à grandir qu’à partir de 9
mois, durant sa phase de croissance,
il va passer de 8 kg à 50 kg. Donc, à
ce stade, la mère doit recevoir plus
d’énergie sous forme de céréales, de
protéines sous forme de luzerne ou
de soja et plus de minéraux et vitamines sous forme de complément
minéral et vitaminé (CMV). Le CMV
approprié a un rapport Ca/ P de 1.8
et Cu" /Zn de 4. Cet apport supplémentaire de nourriture peut être
fourni par un granulé complet à 15%
de protéines brutes que l’on donnera
à raison d’un kilo par jour au début
du dernier tiers de gestation et que
l’on augmentera progressivement
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Vermifugation
La vermifugation, quel que soit l’état
physiologique de l’animal, est indispensable car une infestation parasitaire entraîne une diminution de
l’état général, des retards de croissance, une prédisposition à certaines
maladies mais aussi des pathologies
!
comme la diarrhée, l’anémie et les
coliques. La jument gestante est vermifugée tous les 2 mois en fonction
des conditions d’élevage. Au printemps et à l’automne on utilisera des
larvicides large spectres, la lutte contre le taenia sera faite durant l’hiver
et, le lendemain du poulinage on
administre un vermifuge doux à la
mère, ce qui permet de lutter contre
les strongyloides qui sont des vers qui
passent dans le lait. Il faut veiller toutefois à ne pas donner d’organophosphorés pendant la 2° moitié de gestation.
!
En ce qui concerne le poulain, il ne sera vermifugé qu’à partir
de l’age de 2 mois si la mère a été
correctement vermifugée et à un
mois dans le cas contraire. Ensuite il
recevra un vermifuge tous les mois
jusqu’à l’age de 6 mois.
!
Les règles de la vermifugation s’appliquent également aux mères et aux poulains à savoir": vermifuger tout le monde, en même temps et
avec la molécule, vermifuger tout
nouveau cheval arrivant dans l’effectif et l’isoler quelques jours.
Vaccination
Là encore les règles de la vaccination
s’appliquent aussi bien aux mères
qu’aux foals, à savoir":
>tout le monde doit être vacciné
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contre la grippe, la rhino pneumonie
et le tétanos, !
>la vermifugation a été réalisée environ une semaine avant la vaccination,
>les animaux vaccinés sont en bonne
santé et non stressés avant et après la
vaccination
>le protocole vaccinal est strictement
respecté
nostic et de proposer un traitement
en cas de menace d’avortement.
Déroulement du poulinage
La jument en fin de gestation se prépare au poulinage quelques jours
voire quelques heures avant. On peut
observer une augmentation de la
taille des mamelles avec la présence
de cire, un relâchement des ligaments
sacro-iliaques. Il y a aussi une augmentation de la concentration en
calcium dans le colostrum (que l’on
peut mesurer facilement avec des
bandelettes à partir de quelques gouttes de colostrum).
Dans la plupart des cas, les juments
poulinent de nuit, il faut mettre une
bande à la queue, nettoyer la vulve de
la jument et vérifier que la vulvoplastie a été incisée si la jument était suturée. Il faut que la personne qui va
assister la jument au poulinage aie les
mains et les bras désinfectés.
Dans les 30 minutes à 4 heures avant
sa naissance, le fœtus change de position" ; il passe d’une position dorsopubienne à dorso-sacrale, ce qui peut
entraîner une gêne chez la jument
qui peut s’agiter et transpirer. Il ne
faut pas perturber la jument pendant
cette phase. L’expulsion du poulain
est violente et rapide et a lieu en
moins de trente minutes, puis viennent les annexes fœtales dans les 3
heures qui suivent la naissance du
poulain.
Il est risqué d’induire la parturition
chez la jument car la maturation des
principaux organes du poulain qui
sont les poumons, le foie, les intestins
la moelle osseuse et le système nerveux central a lieu dans les deux
jours qui précèdent le poulinage. Si
cette maturation n’a pas pu se faire, il
naîtra un poulain prématuré.
Les juments gestantes reçoivent une
injection de rappel de la grippe et du
tétanos un mois avant le poulinage
pour enrichir le colostrum en anticorps . Les injections de rappels de la
rhinopneumonie doivent être effectuées avant le 9° mois de gestation
(en général, on injecte à 5, 7 et 9
mois de gestation). Le jour de la naissance, le poulain reçoit un sérum
anti-tétanique et un sérum trivalent
puis il sera vacciné vers l’age de 4
mois ( 2 injections à un mois d’intervalle puis rappel 6 mois après).
II POULINAGE ET
SOINS A LA JUMENT
Détection de l’avortement
La surveillance quotidienne de la
jument pendant le dernier mois de
gestation est primordiale. Durant
cette période il faut à tout prix éviter
de la transporter pour ne pas provoquer de stress et pour que son système immunitaire soit bien adapté à
son environnement le jour du poulinage. La jument est rentrée toutes les
nuits dans un boxe suffisamment spacieux, capitonné, propre et chauffé
pour la première semaine de vie du
foal.
La durée de la gestation chez la jument est de 320 à 365 jours et il est
toujours inquiétant de voir une jument se préparer au poulinage avant
sa date de terme. Il y a risque d’avortement quand on observe un gonflement prématuré des mamelles, des
écoulements vulvaires, une perte
d’appétit ou de la fièvre dans le dernier mois de gestation. Dans ce cas,
l’intervention du vétérinaire, après
examen, permet de poser un diagCLINIQUE EQUINE MÈHEUDIN
Le post-partum
La surveillance et l’observation de la
mère et du poulain est indispensable
dans les heures qui suivent le poulinage. La jument doit avoir délivré
dans les 3 heures. Si tel n’est pas le
cas, il faut accrocher un poids au
!
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placenta, surtout ne pas tirer dessus
au risque de le déchirer, lui faire 2 ml
d’ocytocine toutes les heures et la
marcher. Si ce traitement reste inefficace, il faut appeler le vétérinaire car
toute rétention placentaire est susceptible d’entraîner une infection utérine
avec risque de pyomètre, de fourbure
voire d’endotoxémie. Dans les jours
qui suivent le poulinage, il faudra
continuer à surveiller la mère en lui
prenant la température, en surveillant
son appétit et en appréciant la chaleur des pieds.
Une fois que la délivrance a eu lieu, il
faut inspecter le placenta et vérifier
son intégrité.
En ce qui concerne le poulain, outre
son évaluation expliquée dans le chapitre suivant et qu’il faut réaliser systématiquement, il y a quelques gestes
à effectuer en routine. Attention,
toutes les manipulations faites sur un
poulain nouveau-né exigent un nettoyage préalable des mains et du matériel employé. Le cordon ombilical
se rompt spontanément quand la
mère ou le foal tente de se lever"; il ne
faut pas chercher à le rompre trop tôt
car du sang de la mère passe encore
par le cordon après le poulinage. Si la
rupture ne se fait pas correctement, il
faut alors tirer en tournant le cordon
d’une main et pincer le nombril de
l’autre à environ 5 cm de la paroi
abdominale. En cas de saignement il
faut placer une pince hémostatique
sur l’about qui saigne et la laisser en
place quelques minutes. Ne jamais
suturer le cordon" ! On désinfecte le
cordon avec une solution de povidone iodée (vétédine solution) par
trempage" ; ce geste est à faire 3 fois
par jour jusqu’à dessiccation complète du cordon (au moins 4 jours).
Il faut penser à réchauffer le poulain
(lampe infra-rouge, couverture) et lui
injecter un sérum anti-tétanique et
un sérum trivalent. Par contre, une
antibio-prévention systématique est
déconseillée car elle peut favoriser
l’apparition de souches bactériennes
résistance et elle est inutile si le transfert de l’immunité passive s’est fait
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correctement (voir chapitre suivant)
puis elle commence à décliner pour
s’annuler complètement à l’age de 24
heures. D’où l’importance de veiller à
la prise d’un bon colostrum. En effet,
tous les colostrums ne sont pas de la
même qualité. Un bon colostrum
contient plus de 60 g d’immunoglobulines par litre. Ceci est facilement
mesurable à l’aide d’un appareil, le
colostromètre, qui donne immédiatement et simplement le taux d’immunoglobulines dans le colostrum. Si
celui-ci est de bonne qualité, on peut
en traire 300 ml, après avoir laissé
téter le poulain, de façon à le congeler et à se constituer une banque de
colostrum. Attention, il ne faut pas
congeler le colostrum de juments
ayant eu des poulains à ictère hémolytique. Le bon colostrum est en général jaune, épais et collant avec un
aspect de miel. Si le colostrum contient de 30 à 60 g"/l d’immunoglobulines, il est en général plus fluide, et
on le laissera totalement au poulain.
S’il est de mauvaise qualité (inférieur
à 30g/l, ressemblant à du lait), il faudra obligatoirement donner au poulain un litre de bon colostrum le plus
tôt possible. Attention, la qualité du
colostrum diminue rapidement avec
le temps et devient du lait (donc dépourvu d’immunoglobulines) en 12
heures. De plus, tout colostrum perdu
avant le poulinage l’est définitivement, il ne se reconstitue jamais.
Le déficit du transfert de l’immunité
passive est donc dû à une perte prématurée de colostrum, une insuffisance de quantité ou de qualité du
colostrum, un colostrum inadapté à
l’environnement (si la mère est arrivée tard sur son lieu de poulinage),
un poulain qui ne peut pas se lever
ou téter ou enfin à une mauvaise
absorption intestinale dans le cas
d’un poulain stressé ou prématuré.
En cas de doute, il faut faire faire une
prise de sang au poulain à l’age de
12-18 heures afin de tester sa concentration sanguine en immunoglobulines qui doit être maximale à ce moment là. Cette concentration est
SOINS AU POULAIN
NOUVEAU NE
Le poulain normal
Un poulain normal naît après une
gestation de 320 à 365 jours, il doit se
mettre en décubitus sternal en 5 minutes et être debout au bout d’une
heure. L’adaptation physiologique
des systèmes nerveux, respiratoire et
cardio-vasculaire se fait en quelques
minutes, des systèmes digestif et rénal
en quelques heures et du système
locomoteur en quelques jours. Ainsi,
le nouveau-né acquiert le réflexe de
succion en 20 à 30minutes et doit
avoir tété dans les 2 heures qui suivent le poulinage. Le passage du méconium se fait en 2 à 4 heures et la
première miction a lieu vers 6 heures
post poulinage pour les males et 11
heures pour les femelles. A ce sujet, il
peut etre utile de donner de l’huile de
paraffine dans la bouche à raison de
100 à 200 ml pour favoriser le passage du méconium surtout chez les
males" ; il est par contre inutile voire
néfaste de les «"défourreauter"» pour
les aider à uriner.
La température rectale du poulain
nouveau-né normal est comprise
entre 37.2 et 38.9 °C. Il présente une
réactivité importante et exagérée
avec une locomotion dissymétrique et
saccadée.
Transfert de l’immunité passive
Le poulain normal naît dépourvu de
défenses immunitaires car le placenta
de la jument ne laisse pas passer les
grosses molécules que sont les immunoglobulines. La prise colostrale est
donc primordiale car elle va permettre de protéger le poulain contre les
maladies infectieuses durant le premier mois de sa vie. Ce transfert
d’immunité est permis par l’existence
d’une perméabilité transitoire de la
paroi intestinale du poulain vis-à-vis
des immunoglobulines. Cette perméabilité est maximale durant les 12
premières heures de la vie du foal
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!
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normale si elle est supérieure à 8 g/l.
Si elle se situe entre 4 et 8 g/l, l’idéal
est de supplémenter le poulain avec
un bon colostrum provenant de la
banque de colostrum, à défaut, il
faudra impérativement élever le poulain dans des conditions d’hygiène
irréprochables pendant au moins un
mois le temps que son immunité active se mette en place. Si cela s’avère
impossible, il faudra considérer le
poulain comme s’il avait un déficit
total d’immunité, c’est-à-dire avec
une concentration sanguine en immunoglobulines inférieure à 4g/l.
Dans ce cas, le poulain doit recevoir
au biberon ou à la sonde au moins un
litre de colostrum à plus de 70 g/l,
puis on dose à nouveau les immunoglobulines du sang à 24 heures" ; si
elles sont toujours inférieures à 4 g/l,
il faut administrer au poulain 1 à 2
litres de plasma hyper-immun en
perfusion intra-veineuse et le maintenir dans des conditions d’hygiène
strictes.
Tout défaut de transfert d’immunité passive prédispose le
poulain aux infections et c’est à
l’éleveur de s’assurer que ce
transfert s’effectue correctement.
Le poulain faible
Un poulain normal est toujours très
vif. Tous les signes suivants sont des
motifs de consultation":
! absence d’excitabilité
! refus de téter
! faiblesse
! température rectale > 39° C
! refus de se lever
! mamelle tendue
!
Il existe beaucoup de causes
différentes à l’origine de ces troubles.
Un poulain faible est toujours une
urgence, il ne faut pas tarder à appeler le vétérinaire en se disant que «"ça
va passer"».
!
Une fois le diagnostic établi,
les soins d’accompagnement que doit
prodiguer l’éleveur à son poulain
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contribuent au succès du traitement.
Le boxe doit être maintenu propre ,
les visites des étrangers seront réduites afin d’éviter les contaminations
extérieures. La température ambiante
sera maintenue à au moins 24°C, le
poulain sera réchauffé avec des couvertures sur le corps et des bandes sur
les membres. S’il ne tête pas, on lui
administrera un biberon de 200ml
toutes les heures durant les premiers
jours. Ces repas sont constitués de
lait de vache # écrémé additionné de
20 g/l de glucose ou de lait reconstitué à 115g de poudre/l. Si le poulain
est orphelin, il faudra essayer au plus
vite de l’habituer à boire au seau si
on ne trouve pas de mère adoptive et
le sociabiliser avec un animal de
compagnie (poney, âne, chèvre, hongre…). L’éleveur doit régulièrement
prendre la température rectale du
poulain, compter sa fréquence respiratoire et maintenir le vétérinaire
informé de l’évolution.
!
En conclusion, l’époque des
poulinages est délicate à gérer, on ne
peut pas tout prévoir à l’avance.
L’organisation et la connaissance de
ce qui est normal sont indispensables
au bon déroulement des poulinages";
ceci permettant une mise à la reproduction de la mère dans des conditions optimales et au développement
harmonieux du poulain.
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