Quels leviers pour redynamiser l`activité pastorale de Soule ?
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Quels leviers pour redynamiser l`activité pastorale de Soule ?
Quels leviers pour redynamiser l’activité pastorale de Soule ? Analyse des pratiques pastorales et de leurs facteurs d’évolution Amanda Jauzion Maître de stage : Jean Marc Arranz Tuteur : Michel De Rancourt Mémoire d’Ingénieur 88ème promotion Mai 2009 Résumé A l’image de l’agriculture et de la population agricole, le pastoralisme est en pleine déstructuration, avec une constante diminution du nombre d’éleveurs transhumants. La Soule, petite région du Pays Basque, n’échappe pas à cette évolution, d’autant plus qu’elle compte un nombre important d’agriculteurs célibataires qui n’ont pas de successeurs et qui doivent céder leurs terres. A l’heure où les coûts de productions deviennent de plus en plus contraignants, il semble important de réfléchir à de meilleures façons de produire et de valoriser le travail. Le respect de l’environnement et le retour à une agriculture de qualité est plus que jamais d’actualité, d’où l’intérêt d’encourager les agriculteurs à continuer à transhumer. L’objectif du diagnostic pastoral de Soule est de faire le point sur l’évolution des pratiques pastorales collectives et d’essayer de déterminer les facteurs responsables des évolutions observées. Ceci permettra de mettre en place un programme de restructuration de l’activité pastorale et d’amélioration des conditions de travail des éleveurs. Au travers d’enquêtes réalisées auprès des éleveurs, à la fois sur l’organisation collective des cayolars et sur les systèmes d’exploitation des éleveurs transhumants, nous avons identifié comme principaux freins à la pratique de la transhumance, le manque de main d’œuvre (associé au manque de temps) et l’évolution des systèmes d’exploitation (amélioration génétique, recherche de productivité). Des éleveurs dynamiques ont su faire face aux difficultés de l’estive (transformation fromagère, emploi d’un berger) et montrent que la transhumance peut être une pratique d’avenir. Les bases du fonctionnement collectif de l’activité pastorale de Soule doivent servir de levier de redynamisation. La CSPS a un rôle important à jouer dans l’avenir du pastoralisme souletin : elle se doit de motiver les éleveurs à faire face aux évolutions de l’agriculture et du pastoralisme, et à trouver des moyens d’adapter les traditions pastorales aux réalités actuelles. Mots clefs : Pastoralisme – Soule – Cayolars – Organisation collective – Choix individuels Summary In Soule, a small region of the Basque country, pastoralism is less and less practised. However this practice has lots of advantages and can be used as a solution to face high costs of production. The “CSPS” is aware of the importance of promoting this activity, in order to entertain the mountain and to preserve the social life of the valley. The pastoral activity diagnosis aims to know which problems farmers that practice transhumance have to face. The purpose of this study is to make farmers aware that they have to react, in order to avoid the end of pastoralism. The “CSPS” will propose solutions to farmers and help them to continue the transhumance and to improve their working conditions. Key words : Pastoralism – Soule – Cayolars – Collective organisation – Individual choices 1 Sommaire PARTIE 1 : LE PASTORALISME EN VALLEE DE SOULE : UNE ACTIVITE EN DIFFICULTE A REDYNAMISER 1. PASTORALISME : DEFINITION, CONTEXTE ET ENJEUX 2. LE PASTORALISME A L’ECHELLE DE LA SOULE : DES PRATIQUES COLLECTIVES ANCIENNES 3. LE DIAGNOSTIC PASTORAL DE SOULE : ELEMENT DE LA CHARTE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA MONTAGNE BASQUE PARTIE 2 : L’ANALYSE DES PRATIQUES PASTORALES DE SOULE : DEUX APPROCHES A CROISER 1. APPROCHE « FONCTIONNEMENT DES CAYOLARS » : ETUDE EXHAUSTIVE DE L’ENSEMBLE DES CAYOLARS DE SOULE 2. APPROCHE « SYSTEMES D’EXPLOITATION » : ETUDE D’UN ECHANTILLON D’EXPLOITATIONS 3. CROISEMENT DES DEUX APPROCHES : MISE EN EVIDENCE DES FACTEURS D’EVOLUTION DES PRATIQUES PASTORALES 4. LIMITES DU RECUEIL ET DE L’ANALYSE DES DONNEES PARTIE 3 : L’IDENTIFICATION DES FACTEURS D’EVOLUTION DE L’ACTIVITE PASTORALE A PARTIR DE L’ANALYSE DU FONCTIONNEMENT COLLECTIF DES CAYOLARS ET DES SYSTEMES D’EXPLOITATION 1. UNE TENDANCE GLOBALE D’ABANDON DE L’ACTIVITE PASTORALE QUI CACHE DES DISPARITES 2. LA PLACE DE L’UTILISATION DE L’ESTIVE DANS LES DIFFERENTS SYSTEMES D’EXPLOITATION 3. LES FACTEURS D’EVOLUTION DE L’ACTIVITE PASTORALE LIES AUX SYSTEMES D’EXPLOITATION OU A L’ESTIVE PARTIE 4 : PERSPECTIVES D’AVENIR ET PROPOSITIONS D’AMELIORATION DE L’ACTIVITE PASTORALE EN SOULE 1. UNE TENDANCE POLITIQUE AU SOUTIEN DE L’ELEVAGE OVIN 2. SCENARII D’EVOLUTION DE L’ACTIVITE PASTORALE 3. CONSEQUENCES DES SCENARII SUR L’AGRICULTURE DE LA VALLEE 4. QUELLES PROPOSITIONS PEUT-ON FAIRE POUR MAINTENIR ET DYNAMISER L’ACTIVITE PASTORALE EN SOULE ? 2 Remerciements Je tiens à remercier toutes les personnes avec qui j’ai eu l’occasion de travailler, ou que j’ai côtoyées pendant mon stage, et qui m’ont beaucoup apporté professionnellement et humainement. Je remercie en particulier mon maître de stage, Jean Marc Arranz, qui m’a accompagnée et m’a permis de mener à bien mon étude. Merci à Claude Soulas et à tous les employés du Centre Départemental de l’Elevage Ovin, pour m’avoir accueillie si chaleureusement au sein de leur structure. Merci à David Tourreuil, Milou Castant, Pierre Gascouat et Danielle Lassalle, avec qui j’ai travaillé et qui ont répondu présents lorsque j’avais besoins d’eux. Merci à Michel De Rancourt pour m’avoir conseillée et soutenue dans la rédaction de mon mémoire de fin d’étude. Merci aux agriculteurs de Soule, qui m’ont consacré de leur temps et m’ont fait partager avec gentillesse et honnêteté, leur travail et leurs préoccupations. Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes que j’ai pu rencontrer pendant mon stage, et qui m’ont permis de passer d’agréables moments dans cette belle et agréable région du Pays Basque. 3 Sigles et abréviations Sigles ACM : Analyse des Composantes Multiples AFP : Association Française de Pastoralisme AOC : Appellation d’Origine Contrôlée BB : Basco Béarnaise CA 64 : Chambre d’Agriculture des Pyrénées Atlantiques CDEO : Centre Départemental de l’Elevage Ovin CG 64 : Conseil Général des Pyrénées Atlantiques CSPS : Commission Syndicale du Pays de Soule DAP : Diagnostic Agro-Pastoral DDAF : Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt DPU : Dotation à Paiement Unique EARL : Exploitation Agricole à Responsabilité Limité GAEC : Groupement Agricole d’Exploitation en Commun GP : Groupement Pastoral IA : Insémination Artificielle ICHN : Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel INSEE : Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques LEADER : Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale LPA : Lycée Professionnel Agricole MTN : Manech tête noire MTR : Manech tête rousse PA : Pyrénées Atlantiques PAC : Politique Agricole Commune PB : Prime à la Brebis PHAE : Prime Herbagère Agro-Environementale PS : Prime Supplémentaire RGA : Recensement Général Agricole SAU : Surface Agricole Utile SCOP : Surfaces à Céréales et Oléo-Protéagineux TN : Tête Rousse TR : Tête Noire UGB : Unité de Gros Bétail UP : Unité Pastorale Abréviations Explt : Exploitation Ha : Hectare Nb : Nombre Pop : Population Subv : Subvention 4 Introduction Le pastoralisme est une pratique peu ou mal connue. Souvent considérée comme marginale, elle est pourtant nécessaire à la survie des petites exploitations de montagne. Les pratiques pastorales sont différentes selon les régions, mais le contexte du pastoralisme est le même partout, avec une diminution importante du nombre d’éleveurs qui pratiquent l’estive. La vallée de Soule est l’une des trois provinces du Pays Basque français. Marquée par une culture forte, cette vallée est caractérisée par une agriculture importante, ancrée dans des traditions anciennes. Le relief montagneux du Sud de la vallée, rend l’agriculture difficile et la pratique de la transhumance indispensable. Les pratiques pastorales sont particulières en Soule, car les éleveurs transhument sur des estives collectives, ce qui rend la gestion et les prises de décisions difficiles. A l’origine, les éleveurs ne pouvaient emmener leur troupeau en estive qu’à la condition d’être propriétaire d’une part rattachée à un cayolar. Aujourd’hui, ce fonctionnement se perd et beaucoup d’éleveurs transhument sans avoir de part. Le maintien des pratiques pastorales a plusieurs intérêts ; il permet, d’une part d’entretenir la montagne, et d’autre part de maintenir le tissu économique et social de la vallée. Un programme de soutien et de développement du territoire de la montagne basque a été mis en place, et vise à promouvoir et encourager les différentes activités de montagne (agriculture, sylviculture et tourisme) et de faciliter la cohabitation entre les différents acteurs de ces activités. Dans le cadre de ce programme, différentes études sont menées, afin de mieux connaître les attentes de chacun. Le diagnostic pastoral de Soule fait partie de ce programme et a pour but de faire un état des lieux des pratiques pastorales et d’identifier les facteurs responsables des évolutions observées, avant de mettre en place un programme d’amélioration et de restructuration. Nous verrons, dans un premier temps, le contexte actuel du pastoralisme afin de comprendre les enjeux de l’étude. Ensuite, nous nous pencherons sur l’étude qui a été réalisée (objectifs et méthodes), puis nous analyserons les résultats de l’étude, afin de comprendre les évolutions observées, et de proposer des solutions adaptées. 5 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Partie 1 : Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 6 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 1. Pastoralisme : définition, contexte et enjeux Le pastoralisme est une pratique mal connue, qui est de moins en moins pratiquée et qui présente pourtant des intérêts pour l’agriculture, pour la population environnante et pour la montagne. 1.1. Définition du pastoralisme Le terme de pastoralisme peut être utilisé différemment selon les régions, mais dans un sens général, le pastoralisme concerne les élevages ovins, bovins, caprins et équins, qui utilisent et valorisent les ressources fourragères spontanées, par un élevage extensif (AFP, 2008). Ce système de gestion des ressources fourragères de montagne a comme caractéristiques principales, « le respect des rythmes des saisons et de la croissance de l’herbe » et « la consommation des énergies renouvelables sans multiplier nuisances et pollutions » (CG64, 2008). Certains emploient le terme de pastoralisme uniquement pour les élevages qui utilisent l’estive, d’autres l’emploient aussi pour les éleveurs qui font paître leurs troupeaux dans des zones plus basses mais où le travail du sol n’est pas possible (landes, maquis …). Dans le Recensement Général Agricole (RGA) de 2000, réalisé par la chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques, les « exploitations pastorales » sont celles qui utilisent des pacages collectifs d’estives (soit 91% des exploitations pastorales) et celles qui utilisent des surfaces en herbes extensives et peu productives de parcours et de landes (soit 9% des exploitations pastorales) (CA64, 2007). Le pastoralisme peut être représenté comme la relation entre trois éléments : l’éleveur, le troupeau et la végétation. L’éleveur est l’élément moteur de cette relation, car c’est le seul qui peut agir volontairement sur les deux autres éléments ; l’éleveur conduit et soigne son troupeau, et entretien la végétation (écobuage, girobroyage…). Son travail est d’adapter la conduite de son troupeau aux caractéristiques écologiques du milieu pâturé. Le troupeau et la végétation interagissent l’un envers l’autre : la végétation permet de nourrir le troupeau et le troupeau sert de fertilisant et d’entretien pour la végétation. De cette relation triangulaire naît la complexité de la gestion pastorale ; en effet, chacun de ces trois éléments a une influence sur les deux autres, et la moindre perturbation externe à cette relation, engendre des conséquences à la fois sur l’éleveur, le troupeau et la végétation. Prenons comme exemple le climat : les périodes de sècheresse sont responsables d’un manque de végétation et par conséquent ont une influence sur le troupeau (non correctement alimenté) 7 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser et par répercussion sur l’éleveur (les brebis non correctement alimentées sont moins performantes). Ainsi, le pastoralisme ne peut être simplement considéré comme une relation tripartite entre le troupeau, la végétation et l’éleveur (cf. figure n°1 ci-contre) ; on doit aussi inclure tous les éléments perturbateurs externes, à savoir des éléments écologiques, économiques, sociaux, politiques et technologiques (Lions, 1998). 1.2. Contexte pastoral en France 1.2.1. Une activité qui a son importance en France L’activité pastorale en France est loin d’être une activité marginale. D’après le dernier recensement agricole, qui date de 2000, elle concerne 60 000 exploitations, soit 18% des élevages français et 22% de l’effectif total des animaux (AFP, 2008). Le domaine pastoral français, soit 1,7 million d’hectares de pâturage d’altitude, est composé de 6 massifs : les Vosges, le Jura, les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central et la Corse. Chaque massif a sa spécialisation au niveau du cheptel, avec une majorité de bovins dans le Massif Central et les Alpes du Nord, une majorité d’ovins dans les Alpes du Sud et les Pyrénées, et une majorité de caprins en Corse (L’HOMME, 2000). 1.2.2. Aide des pouvoirs publics en faveur du pastoralisme Le pastoralisme s'est développé au début des années 70, suite à une prise de conscience des pouvoirs publics, de l’importance et de l’utilité du potentiel fourrager des pâturages d’altitude. L’agriculture était alors en plein essor et en pleine modernisation, avec une logique d’intensification des productions, alors que les zones de montagnes ne bénéficiaient pas du même potentiel de productivité que les autres zones du territoire français et étaient touchées par un exode rural important. A cette époque, prés de 3 millions d’hectares était menacés d’abandon, avec tout ce qui découle de cette déprise agricole, dégradation du paysage, diminution des infrastructures, déstructuration du tissu social. Des dispositifs réglementaires sont venus confirmer la volonté des pouvoirs publics de soutenir l’activité pastorale ; entre autre, la « loi pastorale » du 3 janvier 1972 et la création de l’Indemnité Compensatoire de Handicap Naturel (ICHN). La « loi pastorale » est la première et la dernière loi spécifique au monde pastoral ; elle reconnaît l’activité en tant que telle (BUFFIERE, 2005). 8 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 1.2.2.1. Une meilleure organisation du pastoralisme grâce à la loi pastorale Depuis cette loi, l’organisation collective des activités pastorales a fortement progressé, que ce soit dans le Massif Pyrénéen, dans les Alpes, ou encore dans le Massif Central, les Vosges ou le Jura (DODIER, 2005). La « loi pastorale » s’est traduite par la mise en place d’outils juridiques de modernisation, à savoir la création d’associations foncières pastorales (cf. glossaire), pour restructurer le foncier entre les nombreux propriétaires, la création de différentes formes d’organisations du pastoralisme collectif entre les gestionnaires des estives, et la création d’une convention pluriannuelle de pâturage pour sécuriser l’exploitation des surfaces (LEGEARD, 2005). 1.2.2.2. Mise en place de différentes formes d’organisation du pastoralisme collectif Les organisations du pastoralisme collectif englobent à la fois les Groupements Pastoraux (GP), les organisations d’éleveurs non agréées « groupements pastoraux » et les collectivités locales. Les plus répandues sont les GP. Ce sont des structures d’organisations collectives d’éleveurs, qui ont pour objectif la valorisation des espaces pastoraux ; ils sont une simple officialisation juridique des pratiques collectives déjà existantes, et favorisent le développement d’une réelle organisation collective, dans les zones peu structurées. L’agrément « GP » donne accès aux aides publiques, pour améliorer les conditions de gestion du territoire pastoral. Certaines organisations d’éleveurs n’ont pas l’agrément GP, alors qu’elles pratiquent une gestion collective des espaces pastoraux. Soit elles n’ont pas demandé ou renouvelé l’agrément, soit elles se situent sur une commune (hors zone de montagne) qui ne bénéficie pas de l’arrêté préfectoral autorisant l’agrément d’organisations d’éleveurs en GP, soit ces organisations ne rentrent pas dans les critères d’agrément des GP. Les collectivités locales assurent la gestion des pâturages d’estive dans certaines régions. Les plus connues et les plus vigoureuses sont les commissions syndicales de l’ouest du massif pyrénéen. La présence de ces collectivités n’empêche pas la création de GP, cependant, les GP restent simplement des gestionnaires partenaires des collectivités locales. 9 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Ces groupements collectifs ont été d’importants moyens d’organisation, de consolidation et de modernisation du pastoralisme et ils sont aujourd’hui les interlocuteurs privilégiés concernant les préoccupations de l’activité pastorale. (DODIER, 2005) 1.3. Enjeux du pastoralisme L’activité pastorale est souvent perçue comme une activité marginale. Cependant, elle est une réalité et une nécessité dans certaines régions de France. L’évolution de la société et plus particulièrement de l’agriculture engendre de réelles difficultés en ce qui concerne le maintien de l’activité pastorale : la diminution du nombre d’agriculteurs touche aussi les territoires de montagne. Pourtant les principes de l’activité pastorale sont en accord avec les mesures agroenvironnementales de la politique agricole européenne : élevage extensif, limitation des excédents, préservation de l’environnement… Cette activité permet la production de produits de qualités, tout en entretenant l’environnement écologique, socio-économique et socioculturel de la région (L’HOMME, 2000). 1.3.1. Le pastoralisme garant d’une production de qualité Le pastoralisme n’est pas qu’un choix de vie ou qu’une philosophie, c’est une réelle nécessité pour les exploitations de montagne. Le pâturage de montagne permet de compléter les ressources fourragères de l’exploitation, qui ne sont souvent pas suffisantes pour subvenir au besoin du troupeau durant toute l’année. Le bétail étant absent pendant l’hiver, l’herbe a le temps de se régénérer et de s’enrichir, avant l’arrivée des troupeaux au printemps. Le pâturage d’altitude apporte beaucoup à la santé des animaux, particulièrement en début de période d’estive. C’est pourquoi, cette pratique agricole est souvent associée à des produits de qualité, Appellations d’Origine Contrôlée (AOC) ou autres, que ce soit pour les produits carnés ou laitiers (BORNARD et COZIC, 2000). 10 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 1.3.2. Le pastoralisme et l’entretien de la montagne Le paysage de montagne est caractérisé par une grande diversité d’espèces, de milieux et de paysages. La biodiversité joue un rôle important pour l’humanité : plus le réservoir génétique est important et plus on est susceptible d’y puiser de nouvelles ressources, alimentaires, fourragères, pharmaceutiques ou horticoles. La dégradation de cette biodiversité et la disparition d’espèces font partie des préoccupations actuelles des pouvoirs publics, d’où la création du volet environnemental de la PAC (MASSON et al., 2000). Le pastoralisme joue un rôle important dans l’entretien du paysage de montagne et dans le maintien de la biodiversité floristique et faunistique (BORNARD et COZIC, 2000). En effet, le pâturage extensif est synonyme de pratiques respectueuses de l’environnement : le maintien d’une charge animale modérée et la pratique d’une fertilisation organique permettent une dynamique lente de la végétation et une diversité des espèces présentes. L’entretien de la montagne permet de maintenir l’espace naturel ouvert et évite aux espèces les plus robustes de prendre le dessus (BORNARD et COZIC, 2000). La diversité floristique est reconnue comme un élément important de la valeur agronomique et de l’appétence de la pâture, et ainsi de la qualité des produits qui en découlent (MASSON et al., 2000). Le pâturage permet aussi d’entretenir la diversité faunistique. En effet, la présence de déjections sur une parcelle, entraîne la présence d’insectes dégradateurs des déjections animales, qui entraînent eux mêmes la présence d’autres animaux de la chaîne alimentaire (oiseaux et autres micro mammifères). De plus, la diversité floristique est source de diversité des milieux écologiques et donc de diversité faunistique (MASSON et al., 2000). Le maintien d’espaces ouverts et l’entretien du paysage permettent de limiter certains risques naturels (BORNARD et COZIC, 2000) : - Le pâturage limite le risque d’avalanches : l’herbe broutée exerce une contrainte mécanique, alors que l’herbe qui n’est ni broutée, ni fauchée, se couche dés qu’il neige et le sol devient alors très glissant et propice aux avalanches ; - Les aménagements réalisés pour permette l’exploitation des pâturages d’altitude limitent certains risques naturels. Par exemple, la mise en place de canaux d’irrigation, dans les Alpes, permet de désengorger les zones humides et d’éviter ainsi les glissements de terrains ; - Le pâturage et l’entretien de la montagne évitent l’embroussaillement et limitent ainsi les risques d’incendies. 11 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 1.3.3. Le pastoralisme permet le maintien du tissu social et culturel de la région L’activité pastorale répond à la fois à une demande sociale des populations rurales locales, mais aussi des populations extra-locales (LIONS, 1998). Pour les populations locales, la montagne est source d’activités diverses et variées (agriculture, tourisme, sylviculture). Le maintien de l’activité pastorale permet, d’une part, de maintenir le tissu rural de la région et, d’autre part, d’entretenir la montagne et ainsi de préserver les autres activités et le tissu social (BORNARD et COZIC, 2000). La volonté de maintenir l’activité pastorale est aussi due au désir de préserver un certain art de vivre, lié à une culture, à des traditions et à un environnement particulier (LIONS, 1998). Les éleveurs sont attachés à l’entretien de la montagne, car c’est le lieu de leur travail et cela fait partie de leur patrimoine culturel (MASSON et al., 2000). Pour les populations extra-locales, la montagne est source d’attrait et d’admiration. Tout d’abord, elle est un lieu d’attraction important de par son environnement sain (LIONS, 1998), de par la beauté de ses paysages, mais aussi de par la qualité de l’accueil des populations locales « authentiques » et caractérisées par une culture très marquée (DEBARBIEUX, 1994). Ensuite, l’agriculture de montagne a une image positive auprès des français. Ils l’associent au respect de l’espace naturel et à la production de produits de qualité, et l’opposent à l’agriculture conventionnelle et à sa recherche de productivité. Enfin, ce lieu de détente, qu’est la montagne, permet aux populations extra-locales de se divertir et de « changer d’air », par l’intermédiaire de diverses activités récréatives (randonnée, VTT, ski…) (LIONS, 1998). Le pastoralisme occupe une place importante dans certaines régions françaises, et les bienfaits de cette activité suscitent de l’intérêt et encouragent à son maintien. 12 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 2. Le pastoralisme à l’échelle de la Soule : des pratiques collectives anciennes Les pratiques pastorales collectives de Soule s’inscrivent dans un patrimoine culturel, au sein d’un département où l’élevage et l’agriculture de montagne sont fortement présents. 2.1. L’importance de l’élevage et de l’agriculture de montagne dans les Pyrénées Atlantiques 2.1.1. L’importance de l’élevage dans le département L’agriculture reste encore bien implantée dans les Pyrénées Atlantiques, surtout à l’Ouest, grâce à un climat favorable et à une pousse végétative importante. Cependant, la population agricole est en déclin (-19,7% entre 2000 et 2007), comme dans toutes les régions françaises, et la tendance est à l’augmentation de la surface des exploitations (cf. graphique n°1 cicontre) (CA64, 2008). Le relief parfois accidenté du département explique la place importante de l’élevage dans l’agriculture du département (cf. graphique n°2 ci-contre), avec 60% des exploitations possédant des herbivores (CA64, 2008). L’élevage est concentré sur les coteaux basques, la montagne basque et celle du Béarn (cf. carte 1 ci-contre). Le département des Pyrénées Atlantiques est le deuxième bassin de production de lait de brebis, après le rayon de Roquefort ; c’est aussi le premier département en production de viande équine. La plupart des systèmes de production des exploitations sont mixtes, avec une dominance de l’activité ovine laitière, suivi par l’élevage de Blondes d’Aquitaine (CA64, 2007). 13 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 2.1.2. L’importance de l’agriculture de montagne avec comme activité phare l’activité ovine laitière 2.1.2.1. La place importante de la montagne dans le département des Pyrénées Atlantiques (CA64, 2007) La montagne représente une part importante de l’agriculture du département. D’après le RGA de 2000, 5000 exploitations sont recensées dans la zone « montagne », soit 35% de la totalité des exploitations. Ces exploitations de montagne ont une surface moyenne de 25 ha et un chargement moyen de 2,24 UGB/ha de Surface Agricole Utile (SAU). Pour 2700 exploitations de cette zone « montagne », l’utilisation de l’estive est une nécessité, d’où l’importance du pastoralisme dans ce département qui couvre 150 000 ha. L’agriculture de montagne des Pyrénées Atlantiques représente une part et une dynamique importante de celle de l’ensemble du massif pyrénéen : 54% des exploitations du massif pyrénéen sont situées dans les Pyrénées Atlantiques et l’effectif de brebis laitières de ce département représente 99% de l’effectif total du massif. La rentabilité économique des exploitations pastorales des Pyrénées Atlantiques est supérieure à celle des exploitations du reste du massif, grâce à la valeur ajoutée apportée par la production laitière et par la transformation fromagère à la ferme et en estive. Les troupeaux de la partie occidentale du massif pyrénéen sont conduits en effectifs plus réduits, mais le nombre important de troupeaux (cf. carte n°2 ci-contre) est responsable d’une pression animale encore très importante (cf. carte n°3 ci-contre). Les montagnes basques sont à différencier des montagnes béarnaises, de part leur altitude inférieure, l’absence de délimitation des estives, l’accès plus facile au cayolar (cf. glossaire) et le gardiennage permanent moins répandu. 2.1.2.2. Une organisation collective des unités pastorales Le massif pyrénéen est caractérisé par l’importance de la gestion collective des espaces pastoraux : 80% du domaine pastoral est géré collectivement. A l’Ouest des Pyrénées, les estives sont gérées par des collectivités locales : 27 000 ha, soit 69% des estives du Pays Basque sont gérées par les commissions syndicales (cf. carte n°4 ci-contre) (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007). Au centre et à l’Est du massif, les gestionnaires sont majoritairement des GP. 14 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Gestionnaires et propriétaires ne sont pas toujours les mêmes : 60% de la surface du massif pyrénéen appartient aux communes, mais n’est pas toujours géré par les communes. Le rôle des gestionnaires est de réaliser des travaux d’amélioration des estives et de mettre en place des contrats de gestion ou de mesures agro-environnementales, comme la Prime Herbagère Agro-environnementales (PHAE) collective (cf. glossaire). Les gestionnaires peuvent aussi embaucher des pâtres pour garder les troupeaux bovins ; c’est le cas dans le Béarn (SUAIA PYRENEES, 2005). 2.1.2.3. Le système ovin lait : système phare du pastoralisme 2.1.2.3.1. Présentation de la filière (LAPITZ, 2009) La filière ovin lait des Pyrénées Atlantiques est constituée de 2057 élevages et 476 346 brebis laitières, en 2007, soit 33% du cheptel français et 41% des exploitations. 51% de ces exploitations sont concentrées sur 4 cantons du Pays Basque : cantons de Baigorri, d’Iholdi, de Garazi et de Mauléon-Licharre. Les races de brebis laitières présentes sont (cf. carte n°5 ci-contre) : - La Manech Tête Rousse (MTR), 55% de l’effectif total ; - La Manech Tête Noire (MTN), 20% de l’effectif total ; - La Basco Béarnaise (BB), 19% de l’effectif total ; - Plus récemment introduite, la Lacaune (6% de l’effectif total). Les Têtes Rousse (TR), avec 275 000 mères, sont concentrées sur la façade ouest des Pyrénées Atlantiques et sont de plus en plus présentes en montagne. Les Têtes Noire (TN), avec 114 000 têtes, sont surtout présentes en Basse Navarre et en Soule ; cette race est en déclin. Les Basco Béarnaises, avec 80 000 têtes, sont en grande partie dans les montagnes béarnaises. L’activité ovine laitière est l’activité phare du pastoralisme dans le département des Pyrénées Atlantiques : 85% des exploitations ovines laitières sont situées en zone de montagne ou de haute montagne et la pratique de la transhumance (cf. glossaire) concerne 74% d’entre elles. La structure de ces exploitations est différente des exploitations du rayon de Roquefort : - La mixité des exploitations est importante (+ de 70% ont des vaches allaitantes) ; - La SAU est de 30,8 ha en moyenne dans les Pyrénées Atlantiques contre 69 ha dans le rayon de Roquefort. 30% de ces exploitations ont moins de 20 ha, et 60% moins de 30 ha. 80% de ces élevages ont au moins ¾ de leur SAU en prairie. Ces élevages sont fortement engagés dans les filières de valorisation des produits, AOC Ossau Iraty pour le fromage et label rouge pour la production d’agneaux de lait des Pyrénées. 15 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Lors de la campagne 2007, 96% du lait a été transformé en AOC dans le secteur laitier et 29% dans le secteur fermier. 2.1.2.3.2. Des troupeaux ovins laitiers qui s’agrandissent La diminution des exploitations agricoles est limitée par rapport à d’autre filière : la diminution est de seulement 21%, dans les Pyrénées Atlantiques, entre 1988 et 2000, alors qu’elle est de 52% pour la filière bovin lait en France, durant la même période. L’effectif ovin a par contre augmenté de 16% dans le département des Pyrénées Atlantiques ; les élevages sont donc plus gros mais il y en a moins (LAPITZ, 2009). 2.2. La Soule et ses particularités culturelles et pastorales 2.2.1. Présentation générale de la Soule La province de Soule est la plus petite des provinces du Pays Basque (cf. carte n°6 ci-contre). Orientée Nord/Sud, cette vallée ne dépasse pas plus de 25 km de large. La Soule est séparée du Béarn par le gave d’Oloron, au Nord, et par la vallée de Barétous, à l’Est ; cette vallée est limitrophe avec la Basse Navarre, à l’Ouest, et avec l’Espagne, au Sud (OFFICE DU TOURISME DE SOULE, 2008). D’après les données INSEE de 1999, la superficie de la Soule est de 696,9 km², avec 13 471 habitants répartis sur 42 communes (HEMEN, 2000). La Soule est divisée en deux parties : la Basse Soule (canton de Mauléon), située au Nord, et la Haute Soule (canton de Tardets), située au Sud. Le canton de Mauléon constitue un bassin verdoyant au relief peu accidenté, contrairement au canton de Tardets, constitué de zones plus montagneuses. Le point culminant de la Soule est le pic d’Orhy, à 2017 m d’altitude. Le relief de la Soule est donc important et contrasté. Les hommes y ont conservé leurs traditions, surtout en Haute Soule : la culture basque est encore très marquée et le « souletin » est encore parlé ou compris par 65% de la population (LANTEGIAK, 2008). Les deux activités économiques principales de cette vallée ont longtemps été la fabrication d’espadrille et l’agro-pastoralisme. Ces activités ont été fortement affectées par le déclin démographique et économique de cette région et le nombre d’emplois qu’elles représentaient a lourdement chuté depuis une trentaine d’années (LANTEGIAK, 2008). En 1999, c’est le 16 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser secteur tertiaire qui rassemble le plus d’actifs ; le secteur agricole arrivant en troisième position, après le secteur industriel (HEMEN, 2000). 2.2.2. Le contexte agricole et pastoral de la Soule 2.2.2.1. Diminution de la population agricole et augmentation du cheptel L’agriculture souletine est encore active aujourd’hui (cf. tableau n°1 ci-contre), surtout autour de la filière ovin lait, malgré une diminution de la population d’actifs et des reprises d’exploitations de plus en plus difficiles. D’après les données INSEE de 1999, la population agricole représente 19% de la population totale d’actifs, soit une diminution de 28,8% depuis 1990 (HEMEN, 2000). Entre 1979 et 2000, le nombre d’exploitations est passé de 1276 à 867, soit une diminution de 32% en 20 ans. C’est sur le canton de Tardets que la diminution du nombre d’exploitations est la plus importante. Ce canton est situé en Haute Soule et est donc caractérisé par un nombre important de petites exploitations ; ce sont ces exploitations qui souffrent le plus de l’évolution de l’agriculture. Le nombre d’éleveurs transhumants a logiquement diminué de 38%, passant de 874 à 539 éleveurs, entre 1979 et 2000 (cf. graphique n°5 p.20). Par contre, les effectifs des élevages ont augmentés, les exploitations sont plus grandes mais il y en a moins. Le nombre de bovins est passé de 16 696 à 24 484 et le nombre d’ovin, de 66 516 à 77 704, entre 1979 et 2000 ; le nombre d’équins a légèrement diminué (CA64, 2000). 2.2.2.2. Une population agricole moins âgées que dans le reste du département mais avec un taux de célibat élevé La pyramide des âges des chefs d’exploitations est plus équilibrée en Soule que dans le reste du département, mis à part un taux élevé d’agriculteurs de plus de 65 ans (cf. graphique n°3 ci-contre). Les chefs d’exploitations de plus de 50 ans ne représentent que 37,8% du total, alors qu’ils représentent 46,6% dans le reste du département. La transmission des exploitations est rendu difficile par le nombre important d’exploitants célibataires. D’après le graphique n°4 ci-contre, en 2000, 1 chef d’exploitation sur 3 est célibataire. Ce fait est d’autant plus parlant en Haute Soule, où 42% des chefs d’exploitations sont célibataires. 17 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Des abandons précoces d’exploitations traduisent la réticence de certains jeunes à s’installer, malgré l’attachement des souletins à leur culture. Une étude sur l’attractivité du métier d’agriculteur en Soule, a montré que le choix de reprendre ou non l’exploitation, était dicté non pas par l’attractivité du métier en lui-même, mais plutôt par l’image renvoyée par les familles et leur façon d’interpréter la culture souletine. Certains associent l’agriculture à leur culture et c’est ce qui les pousse à reprendre l’exploitation de leurs parents. Cependant, les traditions se perdent dans certaines familles et les jeunes aspirent à découvrir d’autres lieux et d’autres occupations ; ils ne souhaitent pas reproduire le modèle de leurs parents et perçoivent l’agriculture comme une contrainte (astreinte et pénibilité de la traite, manque de temps libre…). L’évolution de l’agriculture en Soule n’échappe donc pas à l’évolution générale de l’agriculture et les difficultés actuelles liées à l’augmentation des coûts de production, ne sont pas pour encourager et soutenir l’installation des jeunes. (SALVY, 2005) 2.2.2.3. De petites exploitations qui ont besoin de l’estive D’après le RGA de 2000 (cf. tableau n°1 p.17), la superficie agricole de Soule représente 25 578 ha, soit 36,7% de la superficie totale de Soule. On compte 867 exploitations, d’une surface moyenne de 29,5 ha (HEMEN, 2000). L’agriculture dans la vallée de Soule est marquée par une tradition pastorale ancienne, qui date de plus de 5000 ans (PAYS DE SOULE, 2005). La petite taille des exploitations rend la pratique de la transhumance indispensable : cela permet de libérer les terres de l’exploitation pendant l’été et de constituer des réserves fourragères pour l’hiver. 360 exploitations transhument pendant l’été, soit plus d’un tiers de la totalité des exploitations (CSPS, 2008a). 2.2.2.4. Une agriculture de montagne soutenue par l’Etat Les agriculteurs souletins sont particulièrement aidés par les subventions européennes, du fait de la difficulté de l’agriculture dans cette région. Les éleveurs qui transhument touchent la PHAE collective, qui est reversée par l’organisme gestionnaire de l’estive : commission syndicale ou commune. Le montant reversé aux éleveurs est calculé en fonction des Unités de Gros Bétail (UGB) présents en estive et de la durée de l’estive. En 2008, le montant total de la PHAE collective attribuée par l’Etat à la commission syndicale de Soule a diminué. Le montant qui sera reversé aux éleveurs ne changera pas, c’est la commission syndicale qui va combler le manque. 18 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser En plus de cette prime, nombreux sont ceux qui ont leur siège d’exploitation en zone « montagne », ce qui leur permet de toucher l’ICHN. 2.2.2.5. Présentation des particularités du pastoralisme souletin 2.2.2.5.1. Les vestiges du système traditionnel pastoral souletin Le pastoralisme souletin est caractérisé par une utilisation collective des unités pastorales. L’unité pastorale comprend la cabane, et le parcours rattaché à cette cabane par des décisions ancestrales. La cabane, le sol de la cabane et le sol du corral (cf. glossaire), sont la propriété des éleveurs, alors que le parcours en lui-même est la propriété de l’organe de gestion (commission syndicale ou commune). Le droit d’utilisation de ces estives est déterminé par la possession de parts de cayolars, appelées « txotx », et transmises de père en fils, en même temps que la transmission de l’exploitation. A l’origine, ces parts permettaient de limiter le nombre de brebis sur un cayolar, en fonction de la surface du parcours : 1 « txotx » correspondait à 80 brebis et il y avait donc un nombre déterminé de « txotx» par cayolar, suivant la surface du parcours. Ainsi, certains éleveurs ne possédaient qu’une partie de « txotx ». De ce système de copropriété découlait des principes de fonctionnement : la traite, la fabrication du fromage et la surveillance des troupeaux étaient organisés de façon collective. Les décisions de fonctionnement de la collectivité étaient prises lors de l’assemblée générale annuelle, avant la montée des troupeaux en estive. Les fromages étaient ensuite partagés à la fin de l’estive (CSPS, 2008a). La transhumance se déroulait traditionnellement à pied et le berger partait avec son troupeau pendant environ 6 mois, sans redescendre sur l’exploitation. Les journées du berger étaient rythmées par la traite à la main, 2 fois par jour, par la fabrication du fromage jusqu’à mijuillet et par le gardiennage des brebis le reste du temps. Les cayolars étaient de véritables lieux de vie et de rencontres, dans lesquels les bergers aimaient se retrouver et partager quelques moments (PAYS DE SOULE, 2005). 19 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 2.2.2.5.2. Des traditions pastorales en perdition Aujourd’hui, l’évolution de l’agriculture a engendré un changement des pratiques pastorales : les élevages sont conduits différemment et les choix qui sont faits sur les exploitations ne sont pas toujours compatibles avec la pratique de la transhumance et avec le fonctionnement des autres éleveurs présents sur le même cayolar. Ainsi, l’activité de transformation fromagère en montagne est devenue rare, les périodes d’estives sont plus courtes, les brebis montent une fois taries, en juin, et la reproduction est majoritairement réalisée sur l’exploitation (CSPS, 2008a). La vie des bergers en montagne est incomparable avec celle d’autrefois : la main d’œuvre disponible sur les exploitations et le nombre d’éleveurs transhumants diminuant (cf. graphique n° 5 ci-contre), le gardiennage devient de plus en plus difficile et la présence permanente des bergers en montagne de plus en plus rare. Les éleveurs sont obligés de faire la navette entre l’estive et l’exploitation, surtout pendant la période de fenaison. Certains éleveurs n’hésitent pas à abandonner la transhumance (CA64, 2007). De plus, la diminution du nombre d’éleveur engendre des agrandissements d’exploitations qui rendent l’estive de moins en moins indispensable. Le système de « txotx» existe toujours, mais il est plutôt symbolique : il ne limite plus le nombre de brebis par cayolar et certains éleveurs transhument sans être propriétaires de « txotx » (CSPS, 2008a). Ces modifications des pratiques entraînent une mauvaise utilisation de la montagne : certaines zones sont moins exploitées, alors que d’autres sont au contraire surexploitées ; le chargement dépasse parfois 2 UGB/ha (CSPS, 2008a). 20 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 2.2.3. La Commission Syndicale du Pays de Soule (CSPS) : gestionnaire de la majorité des estives de Soule 2.2.3.1. Un territoire qui évolue Le domaine pastoral de Soule comprend deux types de pâtures (cf. carte n°7 ci-contre) : - Les landes communales, situées au-dessus des villages et principalement gérées par les communes sur lesquelles elles se situent. Ces zones étaient utilisées autrefois comme étapes de la transhumance, avant la montée des troupeaux en haute montagne. Elles sont de plus en plus abandonnées par les troupeaux aujourd’hui ; - Les estives de montagne, comprises entre 900 et 2000 m, principalement gérées par la CSPS, ainsi que par les communes de Haux, St Engrace et Larrau. (CSPS, 2008a) 8367 ha Surface CSPS 179 Nb d’éleveurs transhumants Cheptel ovin transhumant 24230 Cheptel bovin transhumant 2735 Cheptel équin transhumant 287 Tableau 2 : Présentation de l’activité pastorale sur le territoire de la CSPS (Source : CSPS, 2007) Le territoire est divisé en 5 secteurs distincts, Ahuski, Bosmendieta, Irati, Malta et Igeloua (cf. carte n° 8 p.22) (CSPS, 2008a). Certains cayolars font partis de la vallée de Soule, mais sont gérés par les communes sur lesquelles ils sont situés (communes de Larrau et de St Engrâce), et non par la CSPS. Ces communes sont plus ou moins en conflit avec la commission syndicale, depuis bien longtemps, pour des raisons de gestion du territoire. Entre 1993 et 2000, la limite entre le territoire de la commission syndicale et de la commune de Larrau a été redéfinie ; certains cayolars ont été réaffectés, en totalité ou en partie, à la commune de Larrau (cf. annexe n°18). Aujourd’hui, 42 cayolars en activité sont situés sur le territoire de la CSPS ; 3 d’entre eux sont en partie gérés par les communes. 21 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 2.2.3.2. La CSPS : un rôle de gestion et d’entretien du territoire La CSPS est un établissement public administratif. D’après l’article L.5222-1 du code général des collectivités territoriales, « lorsque plusieurs communes possèdent des biens ou des droits indivis, il est créé, pour leur gestion et pour la gestion des services publics qui s’y rattachent, une personne morale de droit public administrée, (…), par une commission syndicale composée des délégués des conseils municipaux des communes intéressées et par les conseils municipaux de ces communes… » ; « La commission syndicale assure l'administration et la mise en valeur des biens et droits indivis ». Des procès historiques ont eu lieu, opposant la CSPS à la commune de Larrau, celle-ci contestant la capacité de la CSPS à gérer les biens indivis. Ces procès ont donné raison à la CSPS qui est restée gestionnaire de la majorité des estives de Soule (CSPS, 2008b). La CSPS est responsable de la gestion de plusieurs activités du territoire de Soule : agropastoralisme, activités forestières, chasse et site touristique (chalets d’Irati). Son activité principale est le pastoralisme. La CSPS travaille en partenariat avec d’autres organismes pour mener à bien différents projets de développement de cette activité (CSPS, 2008c) : - Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques (CA 64), - Lycée Professionnel Agricole (LPA) d’Oloron, - Centre Départemental de l’Elevage Ovin (CDEO). Afin de soutenir l’activité pastorale, d’important travaux ont été réalisés pour favoriser les conditions de vie en estive et surtout l’accès des cayolars, afin de permettre des allers/retours plus faciles entre l’estive et l’exploitation, et ainsi de désenclaver la montagne. Depuis fin 2006, toutes les cabanes fromagères ont été remises aux normes, afin d’encourager la pratique de la traite en montagne (CA64, 2007). Le plus gros investissement de la CSPS, ces dernières années, est le renforcement en eau du secteur d’Ahuski ; il s’élève à plus de 35 000 euro (CSPS, 2008c). Le pastoralisme occupe une place importante dans l’agriculture des Pyrénées Atlantiques. La province de Soule n’est qu’une petite partie de ce département, mais elle reflète un pastoralisme encore bien présent, marqué par une culture forte. Malgré l’évolution des pratiques pastorales et l’abandon de la transhumance par certains éleveurs, le principal organisme gestionnaire des estives de Soule, la CSPS, semble motivé à encourager et à promouvoir cette activité. 22 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 3. Le diagnostic pastoral de Soule : élément de la charte de développement durable de la montagne basque La charte de développement durable de la montagne basque a plusieurs objectifs, dont le développement de l’activité agro-pastorale. C’est dans le cadre de cette charte que le diagnostic pastoral de Soule a été réalisé, dans le but de mettre en place un programme d’action adapté aux problèmes et aux besoins de l’activité pastorale souletine (cf. figure n°2 ci-contre). 3.1. Une charte construite par les acteurs locaux pour maintenir la vitalité de la montagne 3.1.1. Une charte construite dans un contexte d’évolution de l’usage de la montagne La montagne basque est source d’attrait et de développement et donc de conflits entre les usagers potentiels. Le conflit est surtout présent entre les activités traditionnelles, forestières et pastorales, et les activités nouvelles de tourisme et de loisirs. Suite à un accident lors d’un écobuage, en 2000, les élus locaux ont pris conscience des évolutions des pratiques et de l’importance d’améliorer la gestion et la cohabitation des différentes activités de montagne. Le conseil de développement du Pays Basque s’est alors penché sur ce projet et a été relayé par les commissions syndicales du Pays Basque, qui se sont organisées en association pour prendre en charge la construction d’une charte de développement durable. Les élus entendent par « développement durable, un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Pour cela, des aspects sociaux, économiques et environnementaux doivent être pris en compte, afin de mettre en place des schémas de développement viables (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007). Le conseil des élus du Pays Basque est à l’origine de plusieurs projets pour faciliter la cohabitation des différentes activités de montagne et ainsi de participer à leur développement. Ces projets sont financés par le programme européen LEADER (Liaison Entre Actions de Développement de l’Economie Rurale). Le programme LEADER est un programme de développement local, créé lors de la réforme de la Politique Agricole Commune (PAC), en 1992. Il consiste à subventionner des projets d’amélioration territoriale, correspondant à un cahier des charges bien établi. Les zones de montagne sont prioritaires dans l’obtention de ces 23 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser subventions attribuées pendant 5 ans. Le premier programme LEADER a été mis en place entre 1991 et 1995, le second entre 1995 et 1999, et enfin le troisième entre 2002 et 2008 (LURRALDEA, 2008). 3.1.2. Une charte qui a pour objectif la cohabitation des différents usagers de la montagne La charte de développement durable de la montagne basque est un document présentant le projet d’ensemble de l’avenir du territoire de la montagne basque. Il a pour but de promouvoir et de faire cohabiter les différentes activités de montagne, à savoir l’agropastoralisme, la forêt et les activités de loisirs, en mettant en place des règles d’utilisation et de bonnes pratiques (cf. figure n°3 ci-contre). Cette charte s’inscrit dans le projet de territoire Pays Basque 2020, porté par le conseil des élus du Pays Basque, et qui a pour objectif de favoriser à la fois le lien entre le littoral et l’intérieur, mais aussi entre le Pays Basque français et le Pays Basque espagnol, tout en s’inscrivant dans une démarche de développement durable. (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) 3.1.3. Une charte construite après un important travail de concertation La construction de la charte a débuté en 2006, suite à la création de l’association des 4 commissions syndicales du Pays Basque et au rattachement des communautés des communes au processus de construction de la charte (cf. annexe n°1). Les communautés des communes concernées sont Iholdi/Oztibarre, Garazi/Baigorri, Soule, Sud Pays Basque, Errobi et Hasparren (cf. carte n°9 ci-contre). En 2007, plus de 200 acteurs locaux (élus, éleveurs, bergers, exploitants forestiers, chasseurs, pêcheurs, randonneurs, naturalistes, professionnels du tourisme, représentants du monde associatif, institutionnels public…) se sont concertés, entre mai et juillet, dans un premier temps afin d’identifier les enjeux de la montagne basque, dans un second temps afin de fixer les objectifs et dans un troisième temps afin de mettre en place des actions de développement. Fin 2007, la charte a été validée et présentée au programme européen LEADER +, par le conseil des élus du Pays Basque. Les premières actions ont débutées en 2008, après formation de la gouvernance de la charte. (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) 24 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 3.1.4. Les résultats de concertation des élus : mise en place du volet opérationnel Lors des ateliers préparatoires de la charte, en 2007, des diagnostics territoriaux des différents secteurs d’activité (l’agro pastoralisme, la forêt, le patrimoine naturel et culturel, et le tourisme) ont été réalisés, afin de définir les enjeux du territoire. Ils ont permis d’identifier les forces et faiblesses du territoire, afin de pouvoir élaborer une stratégie de développement (CSPS, 2008d). Il ressort de ces diagnostic l’importance des activités pastorales et sylvicoles dans l’aménagement et le développement de la montagne basque et la nécessité d’actions concertées pour assurer une bonne cohabitation entre les activités traditionnelles et les nouvelles activités de tourisme et de loisir (CSPS, 2008d). Les objectifs sont les suivants : - Soutenir le pastoralisme transhumant dans les estives, - Pérenniser et renforcer la fonction économique de la forêt, - Organiser un tourisme durable, - Protéger et valoriser le patrimoine naturel et culturel, - Valoriser les zones intermédiaires, - Favoriser la rémunération des services non marchands, - Développer la communication et la sensibilisation à l’environnement et à l’espace montagnard, - Organiser la gouvernance de la charte. Pour chacun de ces objectifs, différentes actions ont été mises en place (cf. annexe n°2), toujours dans le souci d’inscrire les activités agro-pastorales et forestières comme piliers de l’aménagement et du développement de la montagne basque, d’améliorer la cohabitation des usagers de la montagne et la gestion du territoire, et de veiller au respect du patrimoine naturel (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007). 25 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser 3.2. Le diagnostic pastoral de Soule : analyse de l’activité pastorale souletine 3.2.1. Collaboration de différents organismes Ce diagnostic pastoral est mis en œuvre par le CDEO, en collaboration avec la CA des Pyrénées Atlantiques et le centre de ressources du pastoralisme du LPO, sous la direction de la CSPS (cf. tableau n°3 ci-contre). Le comité de pilotage est donc constitué par le conseil syndical de la CSPS. Le comité technique est animé par les 2 responsables du projet, représentants de la CA des Pyrénées Atlantiques et du CDEO, et est constitué d’autres partenaires techniques issus des différents organismes partenaires. Le CDEO est une coopérative de services techniques, dont la mission principale est la sélection des races locales (MTR, MTN et BB). Le CDEO possède aussi un bureau d’étude qui est composé de trois cellules : une cellule d’études et de recherches, une cellule d’animation pastorale et une cellule de développement d’outils et d’appuis technique. Le CDEO joue un rôle important dans le pastoralisme des Pyrénées Atlantiques : il est maître d’œuvre des travaux pastoraux, participe à l’animation du dispositif départemental « Ecobuage », participe à la formation Berger/Vacher, est à l’origine de la constitution de GP et d’associations foncières pastorales, participe aux diagnostics pastoraux valléens et participe à la formation et aux actions sur le multi usage des zones intermédiaires en Pays Basque (CDEO Ordiarp, 2008). 3.2.2. La démarche globale du diagnostic pastoral Le diagnostic pastoral est une méthode qui permet d’étudier l’interaction de l’estive, du troupeau et de l’éleveur, mais aussi l’interaction de ces trois éléments avec des facteurs extérieurs, climatiques ou socio-économiques (LPA OLORON, 2005). La manière dont le diagnostic pastoral est abordé dépend du contexte du territoire étudié, des attentes ou des besoins des utilisateurs et des moyens dont on dispose (DIMANCHE et al., 2005). 26 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Dans les années 1990, ont été initiés, dans les vallées du Haut Béarn, des diagnostics pastoraux valléens, qui servent aujourd’hui de modèles pour réaliser le diagnostic pastoral de la vallée de Soule. Le diagnostic pastoral valléen permet de faire un état des lieux du potentiel fourrager des estives, de leur utilisation par les animaux, de la place de l’estive dans les exploitations transhumantes et des conditions de vie et de travail des utilisateurs de l’estive (LPA OLORON, 2005). Le diagnostic pastoral de Soule a pour objectif de recueillir suffisamment d’éléments d’analyses de l’activité pastorale, afin de mettre en œuvre une politique d’amélioration pour les 5-10 ans à venir. Les étapes de la mise en place du diagnostic pastoral jusqu’à l’exploitation des résultats sont les suivantes : - Proposition du diagnostic pastoral à la CSPS (printemps 2008) ; - Réalisation du diagnostic (entre le printemps 2008 et le printemps 2009), par les maîtres d’œuvre, à savoir le CDEO : état des lieux de l’activité pastorale en mettant en avant les points forts, et points faibles et les perspectives d’évolution ; - Restitution des résultats auprès des élus de la CSPS, puis auprès des utilisateurs des estives, afin d’organiser la réflexion entre les éleveurs et la CSPS (fin 2008 et début 2009). Cela permettra d’analyser les besoins en matière d’équipement et de mesures d’accompagnement ; - Synthèse globale du travail réalisé, afin de recenser les besoins et d’organiser les propositions d’actions en axes de travail (printemps 2009). 3.2.3. Un projet constitué de plusieurs études La réalisation du diagnostic pastoral comporte plusieurs axes de travail (cf. figure n°4 cicontre) : - Analyse de l’estive en tant que ressource fourragère ; - Analyse des pratiques pastorales en estive ; - Analyse juridique de l’estive ; - Analyse des relations entre les éleveurs et les autres usagers de la montagne. L’étude développée par la suite concerne uniquement l’analyse des pratiques pastorales en estive. Cette partie a pour objectif d’étudier l’évolution des pratiques pastorales et de comprendre quels sont les facteurs à l’origine des évolutions observées. Le but est de faire le lien entre les choix individuel des éleveurs et les répercussions qu’ils peuvent avoir sur les pratiques collectives en estive. 27 Le pastoralisme en vallée de Soule : une activité en difficulté à redynamiser Le cadre d’étude du diagnostic pastoral de Soule ayant été présenté, nous allons maintenant développer la méthode de réalisation de ce diagnostic autour des questions centrales suivantes : Qu’est-ce qui est à l’origine de l’évolution des stratégies individuelles et collectives des éleveurs par rapport à l’estive ? Quels sont leurs besoins et leurs attentes par rapport à l’avenir de l’estive ? Comment peut-on redynamiser l’activité pastorale en Soule ? 28 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser Partie 2 : L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 29 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser La méthode utilisée pour analyser les pratiques pastorales de Soule est inspirée des diagnostics pastoraux déjà réalisés dans d’autres vallées. Cependant, elle tient compte des particularités du pastoralisme souletin et notamment de l’aspect collectif des estives de Soule, qui implique des difficultés supplémentaires quant aux choix faits en estive. Dans les régions où l’activité pastorale n’est pas collective, le diagnostic peut être réalisé par une simple analyse des exploitations et des différents systèmes de production. Dans le cas de la Soule, on se doit d’analyser le fonctionnement des cayolars, « clé de voûte » de l’organisation pastorale souletine, afin de mettre en évidence l’évolution de l’organisation collective des cayolars. Ainsi de répondre aux questions centrales de l’étude, nous allons aborder l’analyse des pratiques sous deux angles (cf. tableau n°4 ci-contre) : - Une approche « fonctionnement des cayolars », - Une approche « systèmes d’exploitation » (cf. glossaire). La première approche nous permettra de faire le point sur les pratiques pastorales collectives et sur l’organisation des éleveurs en estive, afin de réaliser une typologie des cayolars de Soule. La deuxième approche nous permettra d’analyser les choix de fonctionnement des éleveurs vis-à-vis de l’estive, afin d’avoir une vision globale de la place qu’occupe l’estive dans les différents systèmes d’exploitation, et de mettre en évidence les avantages et les inconvénients des différents modes d’utilisation de l’estive. Enfin, le croisement de ces deux approches nous permettra d’identifier les principaux facteurs qui posent problème à l’activité pastorale, et de pouvoir apporter des solutions pour remédier à ces problèmes. 1. Approche « fonctionnement des cayolars » : étude exhaustive de l’ensemble des cayolars de Soule Afin d’introduire le projet et de fixer les objectifs et les moyens à mettre en œuvre pour réaliser cette étude, une réunion de départ a eu lieu entre les différents acteurs, à savoir : - Des représentants de la CSPS, organisme pilote de ce projet ; - Des membres du comité technique, représentant la chambre d’agriculture, le CDEO et le LPA d’Oloron. 30 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 1.1. Adaptation de la méthode aux objectifs de l’étude Le choix de la méthode d’enquête doit tenir compte des caractéristiques des personnes enquêtées et des informations que l’on cherche à obtenir. Les informations recherchées concernent à la fois l’organisation des éleveurs au sein des cayolars, mais aussi leur vision de l’avenir et leurs attentes. Les informations concernant le fonctionnement du cayolar pourraient être obtenues par un simple questionnaire d’enquête, car ce sont des informations de fait qui n’impliquent pas l’opinion de la personne enquêtée et qui peuvent donc être renseignées en toute objectivité (DE SINGLY, 2008). Cependant, les informations concernant les attentes des éleveurs et leur point de vue quant à l’avenir des cayolars et de la transhumance, sont beaucoup plus difficiles à obtenir par un simple questionnaire. Cela demande d’avoir une discussion beaucoup plus approfondie avec la personne enquêtée. C’est pour cette raison que nous avons jugé nécessaire de réaliser des entretiens auprès des éleveurs. Cela permettra d’observer leur attitude face aux questions, et de « saisir le sens objectif » de leur réponse (DE SINGLY, 2008 p.24). Un questionnaire sera réalisé pour servir de support à l’entretien, mais ne sera pas donné à remplir à l’éleveur. 1.2. Etude exhaustive des cayolars de Soule Cette enquête est une étude exhaustive de l’ensemble des cayolars de Soule situés sur le territoire de la CSPS, soit 42 cayolars répartis sur 5 secteurs (cf. annexe n°3). Pour simplifier les enquêtes, nous avons rencontré une seule personne par cayolar. Dans 2/3 des enquêtes, nous avons rencontré le responsable du cayolar. Dans les autres cas, la CSPS a jugé plus intéressant de rencontrer d’autres éleveurs, pouvant nous apporter plus d’informations que les responsables des cayolars. La CSPS connaît bien les éleveurs, c’est pourquoi elle peut se permettre de choisir les personnes à interroger, dans le but de faciliter le déroulement de l’enquête, et en aucun cas pour fausser ou influencer les résultats. 31 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 1.3. Le questionnaire : un support pour bien mener l’entretien Pour construire le questionnaire, il est nécessaire de consulter les études déjà réalisées sur le même sujet et de s’inspirer de la manière dont ces études ont été menées (DE SINGLY, 2008). Des diagnostics pastoraux ont déjà été réalisés en Soule, en 1984, 1993 et 2000, pour faire l’état des lieux de l’ensemble des cayolars de Soule. Afin de pouvoir observer l’évolution de l’organisation des cayolars de Soule, il est nécessaire d’obtenir les mêmes informations que celles qui ont été recueillies lors des enquêtes précédentes. Le questionnaire a été élaboré en accord avec la CSPS : il a d’abord été testé sur deux cayolars, avant d’être validé en présence de l’ensemble des acteurs du projet. Il se compose de deux parties, l’une concernant les caractéristiques du cayolar et son fonctionnement, l’autre concernant l’avenir du cayolar et de l’estive en général (cf. annexe n°4). La première partie du questionnaire est constituée de questions de fait auxquelles les éleveurs peuvent facilement répondre, et qui ne demandent pas leur opinion personnelle. La deuxième partie du questionnaire ressemble plus à un guide d’entretien ; elle est composée de questions plus ouvertes qui ont pour but d’aboutir à une discussion. Ces questions sont gardées pour la fin, lorsque l’interlocuteur est plus à l’aise et plus apte à s’exprimer en profondeur. Elles ont pour objectif d’avoir une dimension sociale qui pourrait permettre de mieux appréhender les évolutions actuelles et à venir. 1.4. Adaptation des entretiens pour qu’ils se déroulent le mieux possible 1.4.1. Des entretiens individuels Les entretiens auraient pu se dérouler en présence de tous les éleveurs du cayolar, mais après avoir expérimenté cette situation lors du premier entretien, nous avons jugé préférable de nous en tenir à des entretiens individuels, lorsque cela était possible. Cela permet à l’interlocuteur de parler librement : lorsque plusieurs éleveurs sont présents, et qu’ils ne sont pas du même avis, ils n’osent pas forcément intervenir, pour ne pas contredire les autres. De plus, l’entretien risque de dériver vers une discussion entre éleveurs et de s’éloigner du thème de l’étude. Il est alors difficile de recadrer la discussion. 32 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 1.4.2. Choix d’un mode de conduite semi-directif L’entretien est conduit de manière semi-directive : « l’interviewer oriente la personne qui parle vers certains sujets et il lui laisse ensuite toute liberté pour s’exprimer » (FENNETEAU, 2002). L’interviewer est là pour intervenir lorsque l’interlocuteur a des difficultés à répondre et à s’exprimer. L’émergence d’une parole libre est l’objectif recherché par ce type d’entretien. Le fait de mener l’entretien sous forme d’une discussion, permet de donner confiance à la personne interrogée et d’obtenir des informations auxquelles on n’avait pas pensé ou auxquelles l’éleveur n’aurait pas répondu dans un autre type d’entretien plus directif. 1.4.3. Des conditions optimales pour l’entretien Les conditions de l’entretien, à savoir le lieu, le moment, les relations interviewer/interviewé, sont importantes. Elles influent sur l’interlocuteur et sur la qualité des réponses qu’il fournit. Un interlocuteur qui se sent à l’aise va fournir plus d’informations qu’un interlocuteur qui est craintif (FENNETEAU, 2002). 1.4.3.1. Prise de rendez-vous par téléphone Il est important de laisser une bonne image à l’éleveur lors de la prise de rendez-vous. Elle est faite par téléphone, en présentant l’étude qui est réalisée et en expliquant bien les objectifs. Afin de mettre l’éleveur en confiance, il est important de rappeler que ce n’est pas un contrôle et que les informations demandées ne seront pas divulguées. 1.4.3.2. Choix du lieu et du moment les plus adaptés Nous avons choisi le cayolar comme lieu d’entretien, d’une part parce que c’est l’objet de l’étude et qu’il est donc intéressant de prendre connaissance sur le terrain de ce que l’on analyse, et d’autre part parce que c’est un lieu que l’éleveur connaît et dans lequel on peut supposer qu’il se sentira à l’aise. De plus, c’est un lieu calme dans lequel l’entretien ne sera probablement pas perturbé. Néanmoins, nous laissons le droit à l’éleveur de choisir le lieu et le moment qu’il souhaite, afin que rien ne perturbe l’entretien et ne dérange l’éleveur. 33 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 1.5. L’analyse des données recueillies : état des lieux de l’activité pastorale 1.5.1. Création de fiches récapitulatives pour chaque enquête réalisée Ces fiches récapitulatives rassemblent les données recueillies lors des entretiens, selon les deux parties du questionnaire (cf. annexe n°5) : - Les caractéristiques du cayolar : nombre de troupeaux, effectifs, traite, reproduction, alimentation, durée d’estive et gardiennage ; - L’avenir du cayolar et de l’estive en général : ressenti de l’entretien et opinion de l’éleveur interrogé. 1.5.2. Enregistrement des données sous forme de tableau Les informations ayant été obtenues sous forme d’une discussion, les éléments recueillis sont nombreux et complexes à utiliser. Cependant les perspectives de codages sont plus importantes (DE SINGLY, 2008). Afin de pouvoir les traiter plus facilement, les données ont été classées par cayolar, dans une grille d’analyse qui comporte les critères suivants (cf. annexe n°6) : - Nombre d’éleveurs, - Provenance des éleveurs (siège d’exploitation), - Effectifs et races, - Dates et durées d’estive, - Traite (nombre de troupeaux, dates et durées), - Type et lieu de reproduction, - Gardiennage, - Avenir de l’estive. 34 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 1.5.3. Analyse de l’évolution de l’activité pastorale pour chaque secteur Une partie des données recueillies peuvent être comparées avec les données relevées lors des études antérieures, de 1984, 1993 et 2000. Cela permet d’observer les évolutions des éléments ci-après, entre 1984 et 2008 : - Les effectifs par cayolar, - Les durées moyennes d’estives par cayolar, - Les pourcentages de troupeaux qui pratiquent la lutte en estive par cayolar, - Les pourcentages de troupeaux qui pratiquent la traite en estive par cayolar, - Les durées moyennes de traites par cayolar, - Les modes de gardiennage, - Le nombre moyen d’éleveurs par cayolar. Ces évolutions sont observées à l’échelle des secteurs du territoire de la CSPS (cf. annexe n°7). 1.5.4. Analyse statistique des résultats : aide à la réalisation de la typologie des cayolars Afin de mettre en relation les différentes variables entre elles, nous avons choisi de réaliser une Analyse des Composantes Multiples (ACM). L’ACM (cf. glossaire) est l’une des méthodes les plus adaptées pour décrire les relations qui existent entres plus de deux variables. Pour réaliser cette ACM, nous devons déterminer les variables à confronter entre elles et les modalités de variables illustrant les caractéristiques de chaque cayolar. Nous avons choisi de conserver toutes les variables recueillies dans le tableau précédent, pour ne pas exclure injustement et arbitrairement une variable (cf. annexe n°8). Cet outil statistique est un outil descriptif qui a deux fonctions : d’une part, il regroupe les modalités de variables qui s’attirent le plus et d’autre part, il permet de mettre en évidence des groupes types comportant comme caractéristiques les modalités qui s’attirent le plus. L’ACM nous donne un graphique à deux dimensions, sur lequel les modalités des variables sont regroupées en fonction de leur attractivité. Ce graphique fait donc apparaître des groupes illustrant les différents types de cayolars de Soule. 35 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 2. Approche « systèmes d’exploitation » : étude d’un échantillon d’exploitations 2.1. Adaptation de l’étude aux objectifs recherchés Comme dans la première partie de l’étude, nous avons choisi de réaliser l’enquête sous forme d’entretien pour obtenir le plus d’éléments possibles sur l’opinion et sur les attentes des éleveurs. 2.2. Un échantillon représentant la diversité des exploitations pastorales de Soule Nous n’avons pas cherché à construire un « échantillon représentatif » des systèmes d’exploitation « transhumants » présents en Soule. Compte tenu du nombre limité d’entretiens qu’il était possible de réaliser, il était important de se concentrer sur la diversité des exploitations dans l’objectif de balayer tous les cas possibles existant en Soule (cf. annexe n°9). La réalisation des enquêtes sur les cayolars nous a permis de prendre connaissance des différents modes d’utilisation de l’estive et des tendances actuelles du pastoralisme souletin. Nous avons déterminé, avec la CSPS, l’échantillon le plus varié possible, à partir des critères suivants : traite en estive, modes de gardiennage, races et animaux transhumés, lieux d’estive et avenir de l’estive. L’échantillon obtenu, soit 24 exploitations, n’est donc pas représentatif des exploitations de Soule, au sens statistique du terme, puisque ces exploitations ont été choisies pour des caractéristiques précises, mais l’échantillon est représentatif de la diversité des exploitations de Soule. 36 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 2.3. Un questionnaire d’enquête sur les systèmes d’exploitation Pour construire ce questionnaire nous nous sommes inspirés d’enquêtes réalisées sur les systèmes d’exploitation du Haut Béarn, en 2005, mais aussi d’enquêtes sociologiques réalisées en Soule, en 2005, sur la satisfaction des agriculteurs à reprendre l’exploitation de leurs parents. Cette étude sociologique nous permet de mieux appréhender la façon d’obtenir des informations qualitatives sur l’opinion et sur les attentes des éleveurs vis-à-vis de l’estive. Le questionnaire se décline en six parties (cf. annexe n°10) : - Caractéristiques générales de l’exploitation, - Main d’œuvre, - Système de production de l’exploitation, - Organisation pendant la période d’estive, - Fonctionnement au sein du cayolar, - Avenir et projets sur l’exploitation et sur l’estive. Les questions de départ permettent de mettre l’interlocuteur à l’aise en l’interrogeant sur des notions qu’il maîtrise et qui lui demandent peu d’implication personnelle. Les questions les plus ouvertes, qui demandent un avis plus personnel de l’éleveur, sont gardées pour la fin. 2.4. Adaptation des entretiens pour rendre l’exercice le plus instructif possible 2.4.1. Choix d’entretiens individuels Les entretiens sont réalisés individuellement auprès de chaque éleveur, car les questions posées concernent l’éleveur et son cadre de travail. Lorsque plusieurs personnes travaillent sur l’exploitation, il peut arriver que les entretiens se déroulent face à plusieurs interlocuteurs, ce qui n’est pas gênant, car le fait de rester dans un cadre familial ne freine pas les personnes interviewées dans leurs réponses. Au contraire, cela peut amener des informations, auxquelles l’éleveur seul n’aurait pas pensées. 37 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 2.4.2. Des entretiens semi-directifs réalisés dans des conditions optimales Comme pour les enquêtes sur les cayolars, nous avons choisi de mener l’entretien sous forme semi-directive. La prise de rendez-vous avec l’éleveur est effectuée par téléphone ; le choix du moment de l’entretien est laissé à l’initiative de l’éleveur, afin que cela ne le dérange le moins possible. L’entretien se déroule chez l’éleveur, et non au cayolar, d’une part parce que l’enquête porte cette fois sur le système d’exploitation propre à l’éleveur, et non sur le fonctionnement du cayolar, d’autre part parce que les enquêtes précédentes ont été réalisées en estive et il n’est donc pas nécessaire d’y retourner. 2.5. Analyse de la place de l’estive dans les systèmes d’exploitation 2.5.1. Réalisation de fiches récapitulatives des exploitations Les fiches récapitulatives des enquêtes reprennent tous les éléments recueillis lors des entretiens (cf. annexe n°11). Les données concernant les caractéristiques de l’exploitation, la main d’œuvre, le système de production de l’exploitation et le fonctionnement au sein du cayolar, sont regroupées sous-forme de présentation générale de l’exploitation. Les données concernant l’organisation pendant la période d’estive sont retranscrites sous forme d’un schéma temporel et sont analysées pour mettre en évidence les coûts de l’estive et le temps consacré à l’estive. Des informations économiques supplémentaires peuvent apparaître : aides perçues et résultats de vente directe de viande ou de fromage. Enfin, les données sur l’avenir et sur les projets de l’exploitant sont regroupées sous l’intitulé « motivation de l’éleveur ». 38 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 2.5.2. Séparation des données quantitatives et qualitatives Les données obtenues à partir des enquêtes ont été regroupées dans deux tableaux, afin de pouvoir plus facilement les analyser. Le premier tableau rassemble les données quantitatives caractéristiques des exploitations (cf. annexe n°12), à savoir : - Les surfaces, - La main d’œuvre, - Le cheptel, - L’effectif en estive, - La durée d’estive. Le deuxième tableau rassemble les données qualitatives propres à l’exploitation, à savoir (cf. annexe n°13) : - Le lieu du siège d’exploitation, - Le statut de l’exploitation, - Le mode d’utilisation de l’estive, - La main d’œuvre présente sur l’exploitation (suffisante ou non pour assurer l’estive), - Le système de production de l’exploitation (surface, alimentation, cheptel, reproduction), - L’entente avec les autres cayolaristes, - L’évaluation du chargement de l’estive, - L’évaluation du coût de l’estive, - L’évaluation du temps consacré à l’estive, - L’avenir de l’estive, - Les activités de diversification. 2.5.3. Description de l’échantillon étudié La description des exploitations a été réalisée dans l’objectif de mettre en évidence le comportement des exploitants vis-à-vis de l’estive, en fonction de leur mode d’utilisation de l’estive. Pour cela les exploitations ont d’abord été classées en fonction de leur mode d’utilisation de l’estive, puis en fonction de leur dynamique vis-à-vis de l’estive (cf. annexe n°14). Cette description a été réalisé à l’aide des données qualitatives relatives à l’estive, regroupées dans le deuxième tableau. 39 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser Les différents modes d’utilisation de l’estive sont les suivants : - Eleveurs qui transforment du fromage en estive, - Eleveurs qui assurent eux-mêmes les tours de garde, - Eleveurs qui ont un berger salarié au cayolar, - Eleveurs qui ont un bénévole pour les aider à assurer le gardiennage, - Eleveurs qui ne transhument que les bovins, - Eleveurs qui transhument au Béarn, - Eleveurs qui ne transhument plus depuis longtemps. Les dynamiques des exploitations vis-à-vis de l’estive sont les suivantes : - Dyn ++ : Eleveurs prêts à passer du temps en estive et qui ont une vision à long terme de l’estive ; - Dyn + : Eleveurs qui se sont données les moyens de rendre l’estive moins contraignante (changement de lieu, berger salarié, investissements en estive) et éleveurs qui n’ont pas de problèmes de main d’œuvre pour l’instant mais qui souhaitent trouver des solutions pour anticiper la diminution du nombre d’éleveurs (vision à long terme de l’estive) ; - Dyn 0 : Eleveurs qui ont des objectifs différents de ceux des autres cayolaristes et éleveurs qui ne transhument que les bovins et n’ont pas de contraintes de gardiennage ; - Dyn - : Eleveurs qui rencontrent des problèmes à cause du faible nombre d’éleveurs au cayolar (avenir incertain) ; - Dyn - - : Eleveurs qui ne transhument déjà plus ou qui vont arrêter. Le croisement des modes d’utilisation de l’estive et de la dynamique des éleveurs permet d’identifier la place qu’occupe l’estive pour chacune des exploitations. Il convient de préciser que ce n’est qu’une illustration des exploitations enquêtées, qui ne peut en aucun cas être généralisée à l’ensemble des exploitations de Soule. 40 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 2.5.4. Evaluation des avantages et des inconvénients des différents modes d’utilisation de l’estive Afin de comparer les modes d’utilisation de l’estive, il est nécessaire de calculer pour chacun, ce que l’estive coûte et ce qu’elle rapporte à l’éleveur, à la fois sur le plan économique, mais aussi au niveau du temps. Cette analyse permet d’identifier les modes d’utilisation les plus avantageux. 2.5.4.1. Les avantages de l’estive La pratique de l’estive apporte des avantages économiques (cf. annexe n°15), grâce à : - La PHAE collective reversée par la CSPS ; - La vente de fromages fabriqués en estive ; - L’économie d’alimentation engendrée par la consommation d’herbe en estive. 2.5.4.2. Les inconvénients de l’estive Les modes d’utilisation de l’estive se différencient par : Le temps que les éleveurs consacrent à l’estive (cf. annexe n°16) : - Le temps consacré à la surveillance (vaches et brebis), - Le temps consacré au transport des animaux (montée et descente de l’estive) ; - Les coûts qu’ils impliquent (cf. annexe n°17): Le coût de transport des animaux, Le coût de déplacement pour la surveillance des animaux, Le coût d’embauche d’un berger, Le coût de pacage des vaches sur les terres communales, Le coût de fabrication du fromage, Les frais divers (entretien du cayolar…). 41 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser 3. Croisement des deux approches : mise en évidence des facteurs d’évolution des pratiques pastorales Le croisement de ces deux approches a pour but d’identifier les facteurs responsables de l’évolution de l’activité pastorale. Pour cela, il faut identifier les éléments qui différencient les cayolars dynamiques, des cayolars en difficultés, à partir de la typologie des cayolars et de l’analyse statistique réalisée. L’étude sur les systèmes d’exploitation va permettre de confirmer ou d’infirmer les hypothèses avancées à partir de l’ACM et de les compléter en apportant des explications au niveau des exploitations. L’identification des facteurs d’évolution nous permettra d’émettre des hypothèses sur les tendances à venir de l’activité pastorale et d’imaginer des scénarii d’évolution. Ces facteurs se rajoutent aux facteurs environnementaux tels que les facteurs politiques et réglementaires qui peuvent aussi influencer l’avenir des pratiques pastorales. 4. Limites du recueil et de l’analyse des données L’étude réalisée comporte des limites qu’il est important de prendre en compte pour pouvoir analyser les résultats avec le plus d’objectivité et de réalisme possible. Ces limites concernent le choix des méthodes adoptées pour recueillir et analyser les données. 4.1. Manque de fiabilité des données recueillies Tout d’abord, les données sont fournies par les éleveurs et sont donc plus ou moins exactes. Les données quantitatives (cheptel, surface…) ne sont pas sûres à 100%, car elles ne proviennent pas de documents officiels. Par exemple, les effectifs recueillis concernent normalement les brebis adultes, mais certains éleveurs peuvent avoir inclus les agnelles dans le chiffre qu’ils ont annoncé. Les données qualitatives sont encore moins exactes car elles dépendent de l’interprétation qu’en fait la personne qui réalise l’enquête. De plus, les réponses des éleveurs peuvent être influencées de façon inconsciente par la personne qui les interroge (BERTHIER, 2006). Afin de diminuer le risque d’interprétation des données, il aurait été judicieux d’utiliser un dictaphone pour enregistrer les entretiens. Cela aurait permis de pouvoir réécouter l’entretien au calme, et de ne pas oublier ou mal interpréter les informations. Cet outil n’a pas été utilisé car nous avons jugé le nombre d’enquêtes trop important (66 en tout), pour avoir le temps de retranscrire tous les entretiens. 42 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser Les données obtenues n’étant pas fiables à 100%, les analyses et interprétations qui en découlent ont leurs limites, d’autant plus que ces analyses sont laissées à l’appréciation de la personne qui les réalise. 4.2. Manque de fiabilité des enquêtes antérieures Les enquêtes antérieures, réalisées sur les cayolars, ne sont pas toujours complètes. L’utilisation des résultats de ces enquêtes, afin de voir l’évolution de l’estive entre 1984 et 2008, peut amener des erreurs. D’une part, la façon dont les variables ont été déterminées peut être différente selon les enquêtes. Par exemple, pour la pratique de la lutte en estive, nous avons considéré que les éleveurs qui pratiquaient la lutte en estive étaient ceux qui réalisaient la totalité de leur lutte en estive (que ce soit IA ou lutte naturelle) ; ceux qui réalisent uniquement les retours en estive n’étant pas comptés. Or, nous ne savons pas comment cette variable a été déterminée dans les enquêtes précédentes, car il n’y a pas d’explications détaillées concernant les méthodes adoptées. D’autre part, il manque parfois des données pour certains cayolars, ce qui empêche d’avoir une évolution complète et exacte de l’estive. 4.3. Une analyse statistique à utiliser avec précaution Le traitement statistique est un outil objectif, cependant, il ne peut pas donner de résultats fiables si les critères utilisés ne sont pas corrects. En effet, pour obtenir des résultats précis et facilement interprétables, les variables doivent être indépendantes les unes des autres et elles doivent comporter plus de deux modalités chacune, afin d’éviter l’accentuation du rapprochement entre certaines variables ou une répulsion trop forte entre les modalités. Les variables utilisées dans notre étude comportent toutes plus de deux modalités mais elles ne sont pas toutes indépendantes les unes des autres : par exemple, le nombre d’éleveurs et l’avenir de l’estive sont liés. Les résultats de l’ACM doivent donc être confirmés par d’autres études pour pouvoir les considérer comme fiables. Il existe des méthodes d’analyse statistique explicatives qui permettent d’approfondir les résultats et qui pourraient être utilisées sur les exploitations de Soule pour compléter l’ACM et mettre en évidence les facteurs d’évolution de l’activité pastorale. Cependant, ces méthodes s’appliquent à des échantillons très importants, représentatifs de la population totale, ce qui 43 L’analyse des pratiques pastorales de Soule : deux approches à croiser n’est pas le cas de l’échantillon des 24 exploitations. Avec un peu plus de temps il aurait été intéressant d’utiliser l’une de ces méthodes sur un échantillon adapté. 4.4. Des coûts et des gains relatifs à l’estive à utiliser dans leur globalité Pour calculer ce que coûtent et ce que rapportent les différents modes d’utilisation de l’estive, nous nous sommes basés sur des estimations. Les chiffres obtenus ne correspondent pas exactement à la réalité : les informations sont plus ou moins précises selon les éleveurs et parfois manquantes. Les résultats ne sont donc pas à analyser individuellement, mais plutôt à comparer les uns avec les autres. La réalisation des enquêtes auprès des éleveurs nous a permis d’obtenir différents éléments, à la fois sur le fonctionnement collectif des cayolars, mais aussi sur les systèmes d’exploitation. L’analyse de ces éléments va nous permettre de faire ressortir les facteurs responsables de l’évolution du pastoralisme souletin, à partir desquels nous pourrons imaginer les perspectives d’évolution de l’activité pastorale. 44 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation Partie 3 : L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 45 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 1. Une tendance globale d’abandon pastorale qui cache des disparités de l’activité L’activité pastorale de Soule semble subir les conséquences de l’évolution de l’agriculture, avec de moins en moins d’éleveurs transhumants. Cependant, les enquêtes sur le fonctionnement des cayolars nous ont montré des disparités sur le territoire de Soule, avec des éleveurs déterminés à défendre cette activité. 1.1. Etat des lieux de l’activité pastorale de Soule et des pratiques collectives au sein des cayolars 1.1.1. Identification des groupes de cayolars types de Soule L’ACM permet d’obtenir le graphique n°6 ci-contre, qui met en relation les modalités de variables qui caractérisent les cayolars de Soule. L’axe vertical représente la pratique de la traite, car les différentes modalités de la variable « traite » sont situées le long de cet axe. L’axe horizontal est représenté par plusieurs variables qui traduisent la présence des éleveurs en estive. Ces variables sont les suivantes : - Le nombre d’éleveur, - Le gardiennage, - La durée de l’estive. Le graphique fait apparaître quatre grands groupes qui se différencient de par leur utilisation de l’estive, à la fois au travers de la pratique de la traite, mais aussi au travers de la présence des éleveurs en estive (nombre d’éleveurs et temps passé en estive) : Groupe A : ce groupe se différencie des autres par l’absence de la traite en estive et par une utilisation importante de l’estive, en temps (durée d’estive importante, présence permanente en estive) et en effectif (nombre important d’éleveurs et de brebis). Les autres caractéristiques de ce groupe sont : - Un avenir assuré, - Des exploitations qui sont loin de l’estive, - Des éleveurs qui proviennent indifféremment de Haute Soule et de Basse Soule, - Une organisation individuelle pour la montée et la descente des troupeaux, - Deux races présentes par cayolar, avec comme races majoritaires, la MTR et la BB, - Des cayolars situés sur les secteurs d’Irati, de Malta et d’Igeloua, 46 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation - Des cayolars qui fonctionnent plutôt individuellement et peuvent être sujets à des mésententes entre éleveurs. Groupe B : ce groupe représente les cayolars qui sont organisés autour de la traite et de la vente de fromages. Ces cayolars ont un fonctionnement plutôt collectif, puisqu’ils sont obligés de s’entendre pour la traite et la transformation fromagère. Les éleveurs, moins nombreux que dans le groupe 1, s’organisent en tours de garde pour assurer le travail en estive. Ils ne restent pas en permanence en estive car ils doivent aussi assurer le travail sur leur exploitation. Cependant, ils consacrent beaucoup de temps à la traite, la transformation fromagère et la vente de fromage. Groupe C : ce groupe représente les cayolars intermédiaires : la présence des éleveurs en estive est plus faible que pour les groupes 1 et 2, et la transformation fromagère sert uniquement à la consommation personnelle. Ce groupe comprend des cayolars : - En fin de vie, - Proches des exploitations, - Avec une seul race de brebis par cayolar, - Avec un nombre important de MTN, - Avec beaucoup de troupeaux qui pratiquent l’IA, - Plutôt situés sur le secteur d’Ahuski. Groupe D : ce groupe représente les cayolars qui ont une utilisation minimale de l’estive : un seul éleveur est présent sur le cayolar, soit pendant toute la durée de l’estive (éleveurs à la retraite ou bergers sans terres), soit occasionnellement. Les 4 groupes de cayolars obtenus à partir de l’ACM nous donnent une idée des différents types de cayolars qui existent en Soule. Cependant, pour être plus précis dans la typologie des cayolars de Soule, il nous a semblé intéressant de diviser le groupe A en plusieurs sousgroupes, car il contient de nombreuses caractéristiques qui parfois s’opposent. En séparant les modalités de variables qui s’opposent, nous obtenons les 3 sous-groupes : - Un groupe de cayolars organisés autour d’un berger pour le gardiennage ; Un groupe de cayolars organisés en tours de garde pour le gardiennage ; Un groupe de cayolars dans lesquels il y a des mésententes entre les éleveurs. 47 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation Nous obtenons finalement les 6 groupes de cayolars types suivants (cf. figure n°5 ci-contre) : - Groupe 1 : Cayolars organisés autour de la traite et de la vente de fromage ; Groupe 2 : Cayolars organisés autour d’un berger ; Groupe 3 : Cayolars stables et organisés en tours de garde pour le gardiennage ; Groupe 4 : Cayolars où l’entente difficile entre les cayolaristes ne permet pas une bonne organisation collective ; Groupe 5 : Cayolars menacés à cause d’un nombre d’éleveurs devenu trop faible ; Groupe 6 : Cayolars avec un seul troupeau. D’après ces groupes de cayolars types, nous pouvons identifier les variables qui différencient le plus les cayolars entre eux, et qui vont nous permettre de les décrire (cf. tableau n°5 p. 49 et tableau n°6 p. 50). Ces variables sont les suivantes : - La traite : cette variable exprime la pratique de la traite en estive et son importance (vente, consommation personnelle); - Le gardiennage : cette variable met en évidence le mode d’organisation pour le gardiennage ; - Le nombre de troupeaux : il permet d’identifier les problèmes de main d’œuvre en estive ; - L’avenir du cayolar : ce critère traduit la durée de vie du cayolar et dépend essentiellement du nombre d’éleveurs encore utilisateurs de l’estive et de la motivation de ces éleveurs ; - L’entente entre les cayolaristes : cette variable traduit la facilité qu’ont les éleveurs du cayolar dans les prises de décisions collectives et dans les choix d’organisation (dates de montées et descentes, lieu et type de reproduction, organisation du travail…). 1.1.2. Les caractéristiques des groupes de cayolars types 1.1.2.1. Cayolars organisés autour de la traite et de la vente de fromage Ces cayolars ont comme point commun la transformation fromagère collective en estive. Même si dans certains cayolars, tous les éleveurs ne participent pas à cette activité, ceux qui y participent sont les moteurs du cayolar et reflètent son dynamisme. Sur ces cayolars, les éleveurs ne sont pas plus de 4 troupeaux, ce qui permet une gestion collective plus facile. La pratique de la traite implique un fonctionnement identique des éleveurs : les éleveurs qui traient ensemble montent aux mêmes dates et ont les mêmes races ; ce qui permet une reproduction collective en estive, pour ceux qui pratiquent la lutte naturelle. 48 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 1.1.2.2. Cayolars organisés autour d’un berger Le point commun de ces cayolars est la présence permanente d’un berger, pendant toute la durée de l’estive. Ce berger est soit salarié, c’est le cas pour Sarratze et Buruchieta, soit bénévole, c’est le cas pour Arratzolatze et Uthurcharra. Igeloua est un cas particulier : c’est un berger sans terres qui assure le gardiennage des autres troupeaux et qui est rémunéré en nature. Le choix des cayolaristes d’embaucher un berger salarié, traduit une bonne structuration du cayolar et garantit une certaine longévité. Par contre, la présence de bergers bénévoles cache une certaine fragilité, car nul ne sait la décision qui sera prise lorsque cette personne va arrêter. La présence permanente d’un berger en estive permet une certaine liberté des éleveurs dans leurs choix de fonctionnement : chacun monte et descend quand il le souhaite, la reproduction est rarement collective et il y a souvent plusieurs races présentes sur le même cayolar. 1.1.2.3. Cayolars stables et organisés en tours de garde pour le gardiennage Ces cayolars tirent leur dynamisme de leur organisation collective autour du gardiennage à tours de rôle. Le nombre élevé d’éleveurs sur ces cayolars (supérieur ou égal à 5) permet des tours de garde relâchés et ainsi un gardiennage peu contraignant. L’avenir de l’estive est assuré grâce au nombre important d’éleveurs et surtout grâce à la bonne entente entre les éleveurs, qui permet une bonne organisation collective. Il est rare que le fonctionnement des éleveurs soit identique sur ces cayolars, à cause du nombre important d’éleveurs : il y a souvent plusieurs races, plusieurs types de reproduction, et les éleveurs montent et descendent à des dates différentes. 49 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 1.1.2.4. Cayolars où l’entente difficile entre cayolaristes ne permet pas une bonne organisation collective Ce groupe est constitué de cayolars sur lesquels le nombre d’éleveurs est important (5 troupeaux ou plus). Cependant, les prises de décisions collectives sont difficiles car il y a des mésententes entre certains éleveurs. L’avenir de ces cayolars est assuré grâce au nombre important d’éleveurs, mais les mésententes peuvent pousser les éleveurs à arrêter de transhumer : des procès ont déjà eu lieu sur certains cayolars. 1.1.2.5. Cayolars menacés à cause d’un nombre d’éleveurs devenu trop faible Le faible nombre d’éleveurs, sur ces cayolars, rend le travail en estive contraignant : ils ne sont pas plus de 4 éleveurs par cayolar et 5 arrêts d’estive sont prévus d’ici 5 ans. Même s’il est plus facile de s’entendre sur le fonctionnement du cayolar, lorsque le nombre d’éleveur est faible, le gardiennage devient difficile et contraignant, car les tours de garde sont très rapprochés et les investissements deviennent de plus en plus coûteux, d’où la difficulté de ces éleveurs à mettre en place des projets de transformation fromagère ou d’embauche d’un berger : « prendre un berger, ça coûte ! ». Certains éleveurs, passionnés de montagne, assurent leurs tours de garde avec plaisir, et continuent à traire et à fabriquer du fromage en estive pour leur consommation personnelle. Mais cette activité de transformation fromagère n’est pas durable, car la plupart des éleveurs qui la pratiquent sont proches de la retraite. 1.1.2.6. Cayolars avec un seul troupeau Ces cayolars ne sont utilisés que par un seul éleveur. Le gardiennage est donc extrêmement contraignant et l’avenir de ces cayolars est très incertain. La plupart de ces éleveurs sont proche de la retraite et sont sans successeur ; ces cayolars seront donc bientôt abandonnés. Les éleveurs qui souhaitent continuer à monter en estive, devront trouver des solutions car ils ne pourront pas assurer à la fois le travail sur l’exploitation et le gardiennage en estive. 50 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 1.2. Des évolutions négatives de l’activité pastorale mais des disparités entre les secteurs du territoire 1.2.1. Déstructuration de l’activité pastorale ovine 1.2.1.1. Diminution du nombre d’éleveurs sur les cayolars Malgré certaines augmentations épisodiques sur les secteurs d’Igeloua et de Bosmendieta, le nombre d’éleveurs ovins a diminué sur tous les secteurs du territoire, entre 1984 et 2008 (cf. graphique n°7 ci-contre). Avec une diminution moyenne de 34%, en 24 ans, les cayolars de Soule se sont vidés et les estimations prévoient 23 éleveurs en moins d’ici 2013, soit une diminution de 13% en 5 ans, qui est plus importante que la diminution des 24 dernières années. 1.2.1.2. Une augmentation du chargement animal des estives La montagne se vide en nombre d’éleveurs, mais certainement pas en animaux. D’après les cheptels déclarés annuellement à la CSPS, le nombre de brebis a légèrement diminué entre 1993 et 2007 (-6%), alors que les effectifs de gros bétail ont augmenté : +31% pour les vaches et +49% pour les chevaux, malgré une diminution depuis 2000 (cf. annexe n°18). La part de l’effectif de gros bétail dans l’effectif total d’animaux transhumants, augmente donc au profit de la part de l’effectif ovin. Les vaches et les chevaux représentants plus d’UGB que les brebis, le chargement des estives est donc plus important qu’en 1993 (cf. graphique n°8 ci-contre). 1.2.1.3. Une utilisation moins importante de l’estive par les éleveurs Les durées moyennes d’estive et de traite n’ont pas évolué. Par contre, la présence des éleveurs en estive a diminué : la pratique de la lutte et de la traite en estive est de moins en moins importante, et les modes de gardiennage évoluent (cf. annexe n°19). En 1984, dans 85% des cayolars, 80 à 100% des éleveurs pratiquaient la lutte en estive. Aujourd’hui, c’est seulement dans 41% des cayolars que 80 à 100% des éleveurs pratiquent la lutte en estive. Les éleveurs montent donc plus tard et réalisent, pour la plupart, uniquement 51 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation les retours en estive. Cela s’explique notamment par le développement de l’IA, mais aussi par la diminution du nombre d’éleveurs qui traient en estive. Les modes de gardiennages s’adaptent au contexte : les éleveurs ne peuvent pas consacrer autant de temps qu’avant à l’estive, et ils essaient de trouver des solutions pour que le gardiennage ne soit pas une contrainte. En 1984, la plupart des éleveurs fonctionnaient en tours de garde (sans descente sur l’exploitation) ; aujourd’hui, on observe une augmentation des tours de garde avec descente, des propriétaires seuls sur les cayolars, des bergers sans terres et des bergers salariés. 1.2.1.4. Difficultés des éleveurs à faire face aux évolutions du pastoralisme La diminution du nombre d’éleveurs et le manque de main d’œuvre sur les exploitations causent de réels problèmes et rendent l’estive contraignante. Heureusement certains éleveurs arrivent à assurer le gardiennage en estive sans trop de problème, mais pour la majorité, il est urgent de trouver des solutions avant que la montagne ne se vide trop. Certains éleveurs sont prêts à changer leur mode de fonctionnement. Ils pensent notamment à se regrouper à plusieurs cayolars, pour pouvoir embaucher un berger, mais ce ne sont pour l’instant que des idées émises. L’évolution des pratiques pastorales est parfois bloquée par des désaccords entre éleveurs : « il est très difficile de changer les mentalités, beaucoup d’éleveurs ne sont pas prêts à se mettre d’accord et à s’adapter aux autres ». 1.2.2. Des secteurs plus abandonnés que d’autres par les troupeaux ovins 1.2.2.1. Secteur d’Ahuski : des cayolars en difficulté Sur le graphique n°9 ci-contre, nous pouvons voir que les cayolars de ce secteur sont surtout situés dans les groupes 5 et 6 qui représentent des cayolars en difficulté. Ce secteur est celui qui a été le plus abandonné par les éleveurs, entre 1984 et 2008, après le secteur de Bosmendieta, avec une diminution de 46% du nombre d’éleveurs (cf. graphique n°7 p.51). La plupart des cayolars sont menacés et certains sont même en « fin de vie » : 16% des éleveurs ont prévu d’arrêter d’ici 2013. D’après les déclarations de transhumance faites à la CSPS, Ahuski est le secteur sur lequel le cheptel gros bétail a toujours été le plus important ; c’est aussi celui qui enregistre la plus 52 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation forte augmentation de ce cheptel, avec +37% pour les vaches et de +30% pour les chevaux entre 1993 et 2007 (cf. annexe n°18). 1.2.2.2. Secteur d’Irati : une diminution du nombre d’éleveurs ovins qui se stabilise Ce secteur comprend moins de cayolars des groupes 5 et 6, et plus de cayolars des groupes 2 et 3 que le secteur d’Ahuski. Les cayolars des groupes 2 et 3 sont des cayolars dynamiques, sur lesquels le nombre d’éleveurs est encore conséquent (cf. graphique n°9 p.52). C’est sur ce secteur qu’il y a le plus de cayolars sur lesquels l’entente entre les éleveurs est difficile ; plus il y a d’éleveurs, et plus il est difficile de se mettre d’accord sur les décisions à prendre. Entre 1984 et 2000, le nombre d’éleveurs a autant diminué sur ce secteur que sur le secteur d’Ahuski. Cependant, cette diminution semble se stabiliser depuis 2000 et les arrêts prévus d’ici 2013, sont moins important (-9%) que sur le secteur d’Ahuski (cf. graphique n°7 p.51). 1.2.2.3. Secteur de Malta : des cayolars stables et dynamiques Le secteur de Malta n’a aucun cayolar dans les groupes 5 et 6, ce qui signifie que la plupart des cayolars sont dynamiques ; seul un cayolar est sujet à des mésententes entre éleveurs (cf. graphique n°9 p.52). Ce secteur n’est pas aussi touché que les autres par l’abandon des troupeaux ovins (-30%) et la quasi-stabilité du nombre d’éleveurs semble se prolonger : on prévoit une diminution de seulement 5% d’ici 2013 (cf. graphique n°7 p.51). Le nombre important d’éleveurs par cayolar rend le travail en estive moins contraignant ; la plupart des éleveurs fonctionnent en tours de garde pour assurer le gardiennage. Malta est aussi le seul secteur sur lequel le cheptel bovin est plus faible aujourd’hui qu’en 1993 (cf. annexe n°18) ; l’activité ovine de ce secteur n’est donc pas à l’abandon. 53 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 1.2.2.4. Secteur d’Igeloua : des cayolars dynamiques mais un avenir inquiétant A l’image du secteur de Malta, les cayolars de ce secteur sont tous dynamiques. Les éleveurs se sont organisés pour le gardiennage : embauche d’un berger ou fonctionnement en tours de garde (cf. graphique n°9 p.52). C’est le secteur sur lequel le nombre d’éleveurs a le moins diminué (-23%). Cependant, sur le secteur d’Igeloua, la diminution du nombre d’éleveurs s’est intensifiée depuis 2000, et semble suivre celle d’Ahuski, avec 16% d’éleveurs en moins d’ici 2013 (cf. graphique n°7 p.51). L’évolution de ce secteur est donc difficile à prévoir et inquiétante. 1.2.2.5. Secteur de Bosmendieta : un secteur à gros bétail Ce secteur est un peu à part, car il n’y existe plus de cayolar : les éleveurs qui y transhument encore, laissent leur troupeau en liberté et viennent de temps en temps pour les surveiller. La diminution du nombre d’éleveurs est très élevée (-60% en 24 ans), ainsi que celle de l’effectif ovin (-64% en 24 ans) ; ce sont les évolutions les plus importantes de tout le territoire (cf. graphique n°7 p.51 et graphique n°10 ci-contre). Ce secteur est en train de devenir un secteur à gros bétail : le nombre de vaches et de chevaux a quasiment atteint le nombre de brebis (cf. annexe n°18). L’analyse de l’évolution du pastoralisme souletin montre une diminution de l’utilisation de l’estive par les éleveurs ovins, au profit des éleveurs de gros bétail. Cette conclusion cache cependant des disparités dans les niveaux d’abandon de la montagne et d’organisation des éleveurs ovins pour faire face aux évolutions du pastoralisme. Afin d’approfondir ces disparités, nous allons étudier les différents modes d’utilisation de l’estive au travers des spécificités des systèmes d’exploitation. 54 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 2. La place de l’utilisation de l’estive dans les différents systèmes d’exploitation Les choix des éleveurs vis-à-vis de l’estive dépendent des caractéristiques de leur exploitation, de leurs objectifs et des possibilités qu’ils ont de consacrer ou non du temps à l’estive. Les modes d’utilisation de l’estive ont tous leurs avantages et leurs inconvénients ; il convient à chacun de trouver le mode d’utilisation le plus adapté à son système d’exploitation. 2.1. Présentation des exploitations enquêtées au travers de leur mode d’utilisation de l’estive (cf. figure n°6 ci-contre) 2.1.1. Groupe 1 : Eleveurs qui transforment du fromage en estive Ces quatre éleveurs transforment du fromage en estive ; ils y consacrent beaucoup de temps, et pour la majorité d’entre eux (3 éleveurs sur 4), ils ont une vision à long terme de l’estive à travers leur activité de transformation fromagère. Ces exploitants peuvent assurer cette activité de diversification grâce à une main d’œuvre suffisante. Le danger pour ces exploitations est que cette main d’œuvre ne soit plus disponible à l’avenir, ce qui remettrait en cause la pratique de l’activité de transformation fromagère. 2.1.2. Groupe 2 : Eleveurs qui assurent eux-mêmes les tours de garde Ces éleveurs assurent eux-mêmes le gardiennage à tours de rôle ; certains redescendent régulièrement sur leur exploitation pour y assurer le travail. Les temps passés en estive par ces éleveurs dépendent essentiellement du nombre d’éleveurs utilisateurs du cayolar. Le dynamisme de ces exploitations vis-à-vis de l’estive est variable : 55 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation - - 3 de ces exploitations sont dynamiques et se sont données les moyens de rendre l’estive moins contraignante en changeant de lieu d’estive ou en investissant en estive ; 2 de ces exploitations subissent le manque d’éleveurs au cayolar ; leur avenir est menacé ; 1 de ces exploitations a arrêté l’estive. Le principal souci de ces exploitations, est la diminution du nombre d’éleveurs en estive. Tant que les éleveurs sont assez nombreux, ils peuvent assurer leurs tours de garde sans que ce soit une contrainte. Lorsque les éleveurs sont peu nombreux, le gardiennage devient difficile et cela pousse certains éleveurs à arrêter l’estive. 2.1.3. Groupe 3 : Eleveurs qui ont un berger salarié au cayolar Ce groupe est constitué d’éleveurs qui emploient, avec les autres cayolaristes, un berger pour assurer le gardiennage en estive. La présence du berger n’empêche pas les éleveurs de surveiller régulièrement leur troupeau. Le dynamisme de ces exploitants vis-à-vis de l’estive est aussi varié : - Un exploitant a fait la démarche, avec les autres cayolaristes, d’embaucher un berger salarié ; - Un exploitant reste en dehors des prises de décisions collectives, car ses objectifs de production et de fonctionnement sont différents des autres éleveurs. Il n’est pas sûr de continuer l’estive malgré la présence du berger salarié ; - Un exploitant a arrêté l’estive, malgré la présence du berger salarié, car son système de production n’était pas adapté à l’estive (cela lui revenait trop cher). La présence de bergers salariés en estive ne garantit pas la pérennité des cayolars, puisque certains éleveurs arrêtent car ils ne se retrouvent pas dans le fonctionnement et les objectifs des autres cayolaristes. De plus l’embauche d’un berger est aléatoire, « on peut tomber sur un bon comme sur un mauvais berger ; cela fait quatre ans que l’on prend un berger et chaque année on en a eu un nouveau, ce qui signifie qu’il faut tout réexpliquer à chaque fois ! On a même essayé de prendre des stagiaires, mais on a arrêté, même si cela nous coûtait moins cher, parce qu’ils ne se rendent pas tous compte de la réalité du travail de berger et de la difficulté de la montagne ». 56 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 2.1.4. Groupe 4 : Eleveurs qui ont un bénévole pour les aider à assurer le gardiennage Ces éleveurs n’emploient pas de berger pour assurer le gardiennage, mais ils sont aidés par un bénévole (parent ou extérieur à la famille). Cette tierce personne peut remplacer l’éleveur lors de ses tours de garde, ou bien être présente en permanence en estive, et ainsi assurer les tours de garde de plusieurs éleveurs. Pour l’instant, ces éleveurs n’ont pas de problème de main d’œuvre. Cependant, les bénévoles sont souvent des personnes à la retraite ; les éleveurs doivent donc penser à l’avenir et trouver des solutions pour remplacer ces bénévoles. Cette situation peut vite devenir compliquée si la personne bénévole arrête subitement. Les éleveurs devront alors trouver des solutions rapides, pour assurer le gardiennage sans difficultés : « le problème, c’est qu’on manque vraiment de main d’œuvre. Quand mon père ne pourra plus travailler, je ne sais pas si je pourrai continuer à monter » 2.1.5. Groupe 5 : Eleveurs qui ne transhument que les bovins Ce groupe est constitué d’éleveurs qui ne transhument que les bovins, en Soule. Ces éleveurs n’ont pas de problèmes particuliers liés à l’estive, puisque la surveillance des bovins est moins contraignante que celle des ovins. Aucun de ces éleveurs n’envisage l’arrêt de la transhumance. 2.1.6. Groupe 6 : Eleveurs qui transhument au Béarn Ce groupe est constitué de 2 éleveurs qui ont fait le choix de partir au Béarn pour des raisons différentes : - Contrainte du gardiennage des brebis en Soule (pas assez d’éleveurs au cayolar) ; - Meilleure qualité de la montagne au Béarn pour les vaches. Ces départs au Béarn traduisent les difficultés que rencontrent les éleveurs à transhumer en Soule. La transhumance au Béarn est plus une fuite qu’une réelle solution : « beaucoup d’éleveurs parlent de partir au Béarn, mais tout le monde ne pourra pas le faire ; en plus ça 57 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation coûte plus cher que de prendre un berger salarié en Soule ». L’un des 2 éleveurs est d’ailleurs prêt à revenir en Soule, à condition que des solutions soient trouvées pour rendre le gardiennage moins contraignant. 2.1.7. Groupe 7 : Eleveurs qui ne transhument plus depuis longtemps Ce groupe est constitué d’un seul éleveur qui a arrêté de transhumer depuis longtemps à cause d’un choix de système de production incompatible avec la transhumance. Les principales raisons qui poussent les éleveurs à arrêter l’estive sont soit des incompatibilités entre les objectifs des différents cayolaristes, soit des incompatibilités entre leurs choix de production et la pratique de la transhumance. Les arrêts d’estive ne sont pas définitifs ; certains éleveurs envisagent d’ailleurs la possibilité de recommencer la transhumance, mais plutôt avec les vaches qu’avec les brebis : « pour recommencer l’estive, il faudrait décaler l’IA et la période de traite ; c’est difficile ! » 2.2. Des différences de coûts et de temps consacrés à l’estive en fonction des modes d’utilisation Les annexes n°15, 16 et 17 répertorient les éléments pris en compte dans le bilan financier de l’estive et dans l’évaluation du temps consacré à l’estive. Dans la majorité des cas le bilan financier de l’estive est positif, car les coûts d’estives sont compensés par le reversement de la PHAE collective, par les économies de fourrage et par le fromage vendu, le cas échéant. 58 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 2.2.1. La transformation fromagère : le mode d’utilisation qui apporte le meilleur gain économique L’utilisation de l’estive avec traite et transformation fromagère est celle qui est la plus rentable sur le plan économique. L’activité de transformation fromagère génère des coûts importants, mais aussi des produits importants (cf. tableau n°7 ci-contre). Grâce à cette activité, les éleveurs obtiennent des soldes d’estives élevés (plus de 14 000 euro en moyenne) (cf. graphique n°11 p.60). En absence de transformation fromagère ces éleveurs auraient des soldes d’estive bien inférieurs (cf. annexe n°20). Par contre, le temps consacré à l’estive par ces éleveurs est le plus important, il s’élève à environ 800 h en moyenne, sans compter le temps passé par des tierces personnes (aide de la famille) (cf. annexe n°21). Le nombre de nuits passées en estive par ces éleveurs est très important, comparativement aux autres groupes ; cela correspond à la période de traite, pendant laquelle les éleveurs dorment au cayolar pour assurer la traite du soir et du matin. Globalement, la pratique de la transformation fromagère en estive est coûteuse en temps et en main d’œuvre, mais ce temps est compensé par des recettes importantes. Ce groupe est le groupe des extrêmes : temps consacré à l’estive le plus élevé et gain économique le plus important (cf. figure n°7 p.60). 2.2.2. Les modes d’utilisation qui sont les moins consommateurs de temps La présence d’un berger en estive, la transhumance au Béarn, ou encore la transhumance des bovins sont des modes d’utilisation qui demandent peu de présence en estive, avec moins de 200h par an en moyenne (cf. graphique n°11 p.60). Les gains économiques réalisés par les éleveurs qui ont un berger salarié et qui transhument au Béarn ne sont pas élevés : moins de 3000 euro. Le temps gagné par ces modes d’utilisation de l’estive est coûteux, soit en transport, soit en salaire (cf. tableau n°8 ci-contre et annexe n°20), mais il permet de libérer les éleveurs de la charge de travail liée à l’estive. Ceux qui ne transhument que les bovins et ceux qui ont l’aide d’un bénévole s’en sortent mieux financièrement, puisqu’ils génèrent des profits plus élevés (entre 4000 et 7000 euro). Le temps qu’ils gagnent par ces modes d’utilisation de l’estive ne leur coûte rien (cf. annexe n°21). 59 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation Cependant, ces deux modes de gardiennages sont à différencier. Ceux qui ne transhument que les bovins peuvent envisager l’avenir de l’estive sereinement, alors que ceux qui ont l’aide d’un bénévole profitent d’une opportunité qui n’est pas durable. De ces modes d’utilisation peu contraignants en temps, on retiendra que les plus intéressants, sur le plan économique, sont la transhumance des bovins et l’aide d’un bénévole (à court terme), les autres impliquant une compensation financière (cf. figure n°7 ci-contre). 2.2.3. Le gardiennage à tours de rôle : le mode d’utilisation le plus équilibré Les éleveurs qui assurent eux-mêmes les tours de garde passent, en moyenne, un peu plus de 200 h en estive et génèrent environ 6000 euro de bénéfice (cf. graphique n°11 ci-contre). Ce mode de gardiennage est moins avantageux que la transhumance des bovins ou que la transhumance au Béarn, car il génère autant d’argent mais demande plus de temps de présence en estive (cf. figure n°7 ci-contre). Le choix d’un mode d’utilisation de l’estive dépend des possibilités des éleveurs et de leur volonté. Ceux qui ne veulent pas y passer beaucoup de temps doivent admettre d’y consacrer plus d’argent, à moins d’arrêter la transhumance des ovins ou d’avoir l’opportunité d’un bénévole. Ceux qui consacrent du temps à l’estive font des économies et peuvent avoir une source de revenu supplémentaire avec la transformation fromagère. 3. Les facteurs d’évolution de l’activité pastorale liés aux systèmes d’exploitation ou à l’estive L’ACM entre les variables caractéristiques des cayolars nous a permis d’émettre des hypothèses sur les facteurs responsables de la déstructuration des cayolars. Sur le graphique n°6 p.46, les cayolars les plus dynamiques sont situés à gauche de l’axe horizontal, et les cayolars les moins dynamiques à droite. Les modalités de variables qui sont situés à droite de l’axe ont donc un lien avec la déstructuration des cayolars. Ces hypothèses sont confirmées ou infirmées par les données recueillies lors des enquêtes réalisées auprès des éleveurs. Les facteurs mis en évidence influencent les choix des éleveurs par rapport à l’estive ; ils peuvent être propres aux systèmes d’exploitation ou bien propres à l’estive. 60 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 3.1. Les facteurs liés aux systèmes d’exploitation 3.1.1. L’évolution des surfaces de l’exploitation La modification des surfaces de l’exploitation peut engendrer des conséquences sur la pratique de l’estive. En effet, lorsque les exploitations s’agrandissent et que les surfaces permettent de pouvoir garder les bêtes en vallée, pendant l’été, l’estive ne devient plus indispensable. L’augmentation de la taille des exploitations est due à la diminution du nombre d’agriculteurs qui libère des terres et permet aux exploitations encore présentes de s’agrandir. L’arrêt de l’estive peut aussi être lié à l’événement inverse, à savoir la perte de terres : les éleveurs deviennent trop dépendants de l’achat d’aliment et de l’estive et préfèrent arrêter l’atelier ovin. 3.1.2. Les problèmes liés à l’amélioration génétique D’après l’ACM, l’IA ne semble pas être liée à la déstructuration des cayolars, puisque l’IA est autant pratiquée sur les cayolars dynamiques que sur les cayolars déstructurés. Certains éleveurs arrivent à combiner sélection génétique et transhumance, soit en adaptant la sélection génétique à l’utilisation de la montagne, avec l’IA au cayolar, soit en adaptant l’utilisation de la montagne à la pratique de la sélection génétique, avec l’IA sur l’exploitation et la montée en estive plus tardive. Cependant, les efforts de génétique et d’amélioration de production des brebis ne sont pas forcément en adéquation avec la pratique de la transhumance. Pour ceux qui pratiquent l’IA sur l’exploitation, la sélection génétique est un frein à l’utilisation de l’estive et à la transformation fromagère en estive, car cela implique une montée parfois trop tardive des troupeaux. De plus, la productivité des brebis, recherchée lors de la sélection génétique, est antagoniste à la rusticité et à l’utilisation de la montagne. Certains éleveurs, passionnés de sélection génétique préfèrent arrêter la transhumance : « les efforts de génétique coûtent chers et les brebis sont trop soignées pour aller à la montagne ; l’année dernière 20 brebis ont avorté au retour de l’estive ! ». 61 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation 3.1.3. L’origine des exploitations Le graphique de l’ACM fait ressortir parmi les cayolars déstructurés, des éleveurs originaires de Haute Soule. L’origine des exploitations est révélatrice de disparités au niveau de la taille des exploitations et de leur capacité de production. Les exploitations de Haute Soule sont souvent plus petites, avec des terres beaucoup plus difficiles à travailler, et avec peu de cultures céréalières et beaucoup de landes. Ainsi les exploitations de Haute Soule sont déjà plus dépendantes de l’estive et ont plus de difficultés à réagir face à des complications telles que la diminution du nombre d’éleveurs en estive. De plus, la distance entre le lieu de l’exploitation et l’estive implique des coûts de transports et de déplacements différents. 3.2. Les facteurs liés à l’estive et aux pratiques collectives 3.2.1. La qualité de l’estive Le lieu d’estive est significatif de la qualité de l’estive et de la facilité d’organisation collective : en basse montagne, l’herbe est de moins bonne qualité et la présence du gros bétail est importante. C’est d’ailleurs dans les secteurs les plus bas que la diminution du nombre d’éleveurs ovins est la plus importante : secteurs de Bosmendieta, d’Ahuski, et peut être d’Igeloua à l’avenir. Certains éleveurs considèrent la présence du gros bétail comme une concurrence aux troupeaux de brebis, surtout en début de saison, lorsque l’herbe est jeune : « la présence du gros bétail est un frein à la pratique de la transformation fromagère en montagne, car il faut que les brebis soient correctement alimentées pendant la période de traite ». 3.2.2. Les problèmes d’adéquation des systèmes de production au sein du cayolar Les systèmes de production peuvent être un frein à l’organisation collective des cayolars et à la dynamique d’estive, notamment par rapport à la transformation fromagère. La pratique de la transformation fromagère collective en estive implique une bonne entente des éleveurs quant aux choix de fonctionnement : « il faut que tout le monde soit sur la même longueur 62 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation d’onde ! Les autres ont choisi de traire une partie de leur troupeau sur l’exploitation. Moi, quitte à traire en estive, je préfèrerai traire tout le troupeau ! ». L’aspect collectif du pastoralisme souletin engendre des problèmes de fonctionnement et freine le développement du pastoralisme : « comment voulez-vous évoluer quand certains éleveurs sont systématiquement contre tous les projets d’investissement en estive ! Jamais on ne pourra se lancer dans la transformation fromagère ou dans l’embauche d’un berger ! ». 3.2.3. Les problèmes liés à la présence de plusieurs races en estive Sur le graphique de l’ACM, le nombre de races ne semble pas être un frein à l’organisation et au fonctionnement des cayolars, puisque on retrouve souvent plusieurs races sur les cayolars dynamiques. Cependant, la présence de plusieurs races empêche d’effectuer la lutte naturelle en estive. Cela oblige la plupart des éleveurs à réaliser la reproduction sur l’exploitation et à monter plus tard. Ceci pose surtout problème lorsque les éleveurs veulent transformer du fromage en estive, car il leur faut monter plus tôt et ils sont alors obligés de réaliser la lutte en estive. La pratique de l’IA en estive ne pose pas de problème lorsque plusieurs races sont présentes, car même si les retours doivent être effectués au cayolar, les éleveurs ne gardent pas les agneaux issus des retours. 3.3. Des facteurs à la fois liés aux systèmes d’exploitation et à l’estive 3.3.1. Le manque de main d’œuvre Sur le graphique de l’ACM, les cayolars les plus déstructurés ont un nombre d’éleveurs faible ; le nombre d’éleveurs est à la fois une cause et une conséquence de la déstructuration des cayolars. Le nombre d’éleveurs diminuant, en estive, le gardiennage devient de plus en plus difficile, ce qui pousse les autres éleveurs à arrêter : on a un effet « boule de neige ». Ceci se rajoute à la diminution du nombre de personnes travaillant sur les exploitations : autrefois il était rare de trouver une personne travaillant seule sur son exploitation, or c’est aujourd’hui bien souvent le cas, surtout en Soule où le nombre de célibataires est important. 63 L’identification des facteurs d’évolution de l’activité pastorale à partir de l’analyse du fonctionnement collectif des cayolars et des systèmes d’exploitation Le problème de main d’œuvre vient donc à la fois de la diminution du nombre d’éleveurs transhumant, mais aussi de la diminution du nombre de personnes travaillant sur les exploitations : « le problème ne vient pas que de l’estive, mais de l’agriculture en général ; beaucoup de jeunes ne veulent pas reprendre ». Le manque de personnel est un blocage à la prise d’initiative (embauche d’un berger salarié, par exemple) et à la mise en place d’activités qui demandent de la présence, comme la transformation fromagère. 3.3.2. Les contraintes de coûts et de temps Comme nous l’avons vu avec l’analyse des modes d’utilisation de l’estive, le temps consacré à l’estive et le coût de l’estive dépendent des modes d’utilisation. En règle générale, les contraintes de temps et de coûts se compensent : ceux qui n’y passent pas beaucoup de temps doivent en contre partie dépenser plus d’argent et vice versa. Les éleveurs qui ne veulent ni dépenser de l’argent, ni consacrer du temps à l’estive, se voient souvent contraints d’abandonner au moins la transhumance des brebis ; la transhumance des vaches étant beaucoup moins contraignante. La transhumance des bovins semble être une solution aux contraintes de gardiennage des troupeaux ovins : ce mode d’utilisation de l’estive ne coûte pas cher et ne demande pas beaucoup de temps. Les facteurs d’évolution du pastoralisme sont difficiles à maîtriser, car ils ne sont pas forcément liés aux choix des éleveurs. L’aspect collectif du pastoralisme rend les possibilités de développement encore plus difficiles, puisque les éleveurs doivent tenir compte des choix des autres éleveurs du cayolar. Les perspectives d’évolution du pastoralisme dépendent de l’évolution de ces facteurs, mais aussi de la volonté des éleveurs à les surpasser et à les faire évoluer dans le bon sens. Le développement du pastoralisme passe donc par une prise de conscience des éleveurs de la nécessité de réagir. 64 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule Partie 4 : Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 65 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 1. Une tendance politique au soutien de l’élevage ovin Le pastoralisme est soutenu depuis de nombreuses années par les pouvoirs publics : les éleveurs situés en montagne perçoivent des aides pour compenser la difficulté de leur travail. Ils perçoivent notamment l’ICHN, la PHAE collective (reversée par la CSPS), la PHAE individuelle (cf. glossaire) et une prime supplémentaire à la brebis (PS) pour les éleveurs qui ont au moins 50% de leurs surfaces en zone défavorisée et pour ceux qui ont leur siège d’exploitation hors zone défavorisée et qui transhument (MINISTERE DE L’AGRICULTURE ET DE LA PECHE, 2008). Les éleveurs sont donc dépendants de ces aides et les modifications de calcul des primes peuvent avoir des conséquences importantes pour ces exploitations. 1.1. La modification du calcul du taux de chargement des exploitations aura finalement peu d’impact Les primes ICHN et PHAE sont calculées, d’une part, en fonction d’un chargement et, d’autre part, en fonction d’une surface. La pratique de l’estive permet d’augmenter la surface primable, en fonction de l’effectif qui est transhumé ; la surface primable correspond à la surface de l’exploitation plus la surface rapportée par l’estive. Cette surface primable est limitée à 50 ha. Jusqu’en 2009, le chargement était calculé par le rapport entre le cheptel présent sur l’exploitation et la surface primable. Depuis cette année, le chargement est calculé en prenant en compte les surfaces fourragères déclarées à la PAC (les surfaces rapportées par l’estive ne sont plus prises en compte) et les animaux présents sur l’exploitation, au prorata de leur temps de présence réel. Les petites exploitations craignaient de voir leur chargement augmenter ; audelà d’un chargement égal à 1,8 UGB/ha, l’éleveur n’est plus éligible à l’ICHN ou à la PHAE. Une simulation (AGUERRE, 2009) a été faite sur 1891 exploitations transhumantes des Pyrénées Atlantiques, afin de voir l’impact du nouveau mode de calcul du chargement sur l’ICHN et la PHAE que perçoivent les exploitations transhumantes. En 2008, il y a eu 4349 demandes d’aides ICHN, dont 3973 éligibles. Les exploitations pénalisées ou exclues de l’ICHN (cf. tableau n°9 ci-contre) ont une moyenne de 18 ha et 59 UGB, alors que la moyenne de l’ensemble des exploitations étudiées est de 33 ha et 50 UGB. Ce sont donc les toutes petites exploitations qui sont touchées par cette réforme. En Soule (cantons de Mauléon et Tardets), les exploitations enquêtées ne semblent pas trop touchées par le nouveau mode de calcul du chargement, puisque quasiment aucune des 66 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule exploitations enquêtées ne devient inéligible à l’ICHN et seulement 2,2% d’entre elles sortent de la plage optimale (cf. tableau n°10 ci-contre). Sur les 1891 exploitations étudiées, 1841 ont déposé un dossier de demande de PHAE, en 2007. Parmi ces 1841 exploitations, le nouveau mode de calcul du chargement en exclut 203, soit 11%, à cause d’un chargement supérieur à 1,8 UGB/ha. En Soule, seulement 4% des exploitations enquêtées sont exclues de la PHAE individuelle (cf. tableau n°11 ci-contre). D’après cette simulation réalisée par la chambre d’agriculture, la modification du calcul du chargement des exploitations transhumantes, ne semble pas trop affecter les exploitations de Soule, contrairement à ce que certains éleveurs pouvaient en penser : « si le calcul du chargement de l’exploitation change, on devra diminuer le nombre de bêtes, car on risque de devenir inéligibles aux primes ». 1.2. Le tournant de la PAC : la réorientation des soutiens Annoncées fin février par le ministère de l’agriculture, les prévisions de modification de la PAC, en 2010, n’ont globalement pas déçu les éleveurs ovins (FNO, 2009). Il est notamment prévu de découpler totalement la Prime à la Brebis (PB) et la Prime Supplémentaire (PS), suivant des références historiques qui ne sont pas encore fixées. Cela va se traduire par une revalorisation des Dotations à Paiement Unique (DPU) ovin, d’environ 6 €/brebis. Les crédits récupérés par le découplage des aides aux Surfaces à Céréales et OléoProtéagineux (SCOP) et des aides animales vont permettre d’apporter des aides aux surfaces en herbe, d’environ 75 €/ha, avec dégressivité au dessus de 50 ha et en dehors d’une plage optimale de chargement. De plus, un soutien spécifique va être apporté à certaines productions, par prélèvement sur l’ensemble des aides directes couplées et découplées. Ainsi, l’élevage ovin va bénéficier de 21 €/brebis dès 2010 et le lait de montagne sera soutenu à hauteur de 20 €/1000L. Enfin, un prélèvement supplémentaire d’environ 15 à 20% pour les 25 premiers hectares sera effectué sur les aides directes, afin de maintenir la PHAE et de valoriser l’ICHN. Cette modification de la PAC est une réorientation des aides vers les productions fragiles, dont l’élevage et l’agriculture durable. Les éleveurs ovins transhumants peuvent donc être rassurés quant à l’avenir de leurs aides. 67 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule Le soutien politique de l’élevage ovin est encourageant pour les éleveurs transhumants de Soule. Si ce soutien se concrétise en 2010, les éleveurs pourront aborder l’avenir plus sereinement. Les perspectives d’évolution de l’activité pastorale dépendent cependant de nombreux facteurs, pas toujours maîtrisables par les éleveurs. 2. Scénarii d’évolution de l’activité pastorale Les scénarii présentés ci–après ont été élaborés à partir des tendances actuelles du pastoralisme et de la motivation des éleveurs. Ils balayent les différents cas possibles d’évolution et dépendent de l’évolution des facteurs identifiés comme responsables de la déstructuration des cayolars de Soule (cf. annexe n°22). 2.1. Des scénarii qui prévoient l’abandon des montagnes de Soule par les troupeaux ovins 2.1.1. Scénario 1 : Le pastoralisme devient une activité marginale Ce scénario est le plus pessimiste ; il prévoit une diminution de plus en plus importante du nombre d’éleveurs transhumants, jusqu’à abandon quasi-total de l’activité pastorale. Les nombreux départs à la retraite prévus (23 arrêts d’ici 2013) vont libérer des terres et vont donc permettre aux exploitations existantes de s’agrandir. Les exploitations devenant de moins en moins dépendantes de l’estive et le gardiennage devenant de plus en plus contraignant (de moins en moins d’éleveurs sur les cayolars), les arrêts d’estive vont s’intensifier. Le choix d’arrêter la transhumance peut aussi être dû à l’évolution des systèmes de production et notamment à la volonté de gagner en productivité et de faire de l’amélioration génétique. A l’extrême, ont peut imaginer une diminution du cheptel de MTN, au profit des MTR, des BB ou encore des Lacaunes, ce qui mettrait définitivement un terme à la pratique de la transhumance. 68 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 2.1.2. Scénario 2 : Fuite des éleveurs au Béarn Le gardiennage devenant de plus en plus contraignant avec la diminution inévitable du nombre d’éleveurs transhumants, les éleveurs souhaitant continuer à monter en estive devront trouver des solutions leur permettant de leur libérer du temps de travail. L’embauche d’un berger salarié semble une bonne solution, mais lorsque le nombre d’éleveurs est faible sur le cayolar, le coût lié à l’embauche d’un berger est élevé. De plus, il n’est pas forcément facile de trouver un berger. Les éleveurs ont alors la solution d’emmener leur troupeau au Béarn, où le nombre d’éleveurs qui prennent en garde des troupeaux est encore important. En effet, les estives béarnaises sont beaucoup moins accessibles que les estives de Soule ; les éleveurs transhumants sont donc obligés de rester en montagne pendant toute la période d’estive. Ils profitent de ce temps passé en estive pour prendre d’autres troupeaux en garde et souvent pour fabriquer du fromage ; cela leur permet d’avoir une rémunération supplémentaire. Le nombre d’exploitants pratiquant la traite et la transformation fromagère en estive a d’ailleurs considérablement augmenté entre 1993 et 2005, que ce soit pour fabriquer du fromage de vache ou du fromage de brebis (FORNES, 2005). 2.1.3. Scénario 3 : Les montagnes de Soule deviennent des « montagnes à gros bétail » Déjà évoquée précédemment, la transhumance des bovins semble être le plus avantageuse que celle des ovins, si l’on cherche à optimiser le temps consacré à l’estive et le coût de l’estive. Ce système offre de nombreux avantages. Tout d’abord, il permet d’alléger le temps de surveillance du troupeau en estive et ainsi de libérer du temps pour travailler sur l’exploitation. Ensuite, il permet de diminuer les coûts liés aux déplacements entre l’exploitation et l’estive. Enfin, les éleveurs n’ont pas besoin de posséder de part de cayolar, ou « txotx », pour amener leur troupeau en estive. Il leur suffit simplement de payer les bacades (cf. glossaire) à la CSPS. Les éleveurs qui n’arrivent plus à assurer le gardiennage des troupeaux ovins en estive, peuvent décider d’arrêter la transhumance des ovins ou d’arrêter complètement l’atelier ovin sur l’exploitation, pour se concentrer sur l’élevage de bovins viande. Dans les deux cas, les montagnes de Soule accueillerons majoritairement des troupeaux de vaches et des chevaux. 69 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule Ces trois scénarii prévoient l’abandon des montagnes de Soule par les troupeaux ovins, ce qui signifie l’abandon des cayolars, pour la plupart rénovés il y a peu de temps, et surtout l’abandon de l’entretien de la montagne. En effet, même si les cheptels bovins et équins augmentaient, ces troupeaux n’étant pas conduits comme les ovins ne pâtureraient pas toutes les zones du territoire et laisseraient des zones en friches, notamment les zones accidentées où les vaches et les chevaux ne peuvent pas accéder. 2.2. Des scénarii qui prévoient le maintien des troupeaux ovins en Soule 2.2.1. Scénario 4 : Regroupement des éleveurs issus de plusieurs cayolars Devenir plus forts à plusieurs, peut être l’objectif des éleveurs ovins transhumants. Sachant que la diminution du nombre d’éleveurs transhumants paraît inévitable (retraites, taux de célibataires élevé, manque de successeurs), il devient nécessaire de se réorganiser pour pouvoir continuer à transhumer, pour ceux qui le souhaitent. Regrouper les cayolars sur lesquels les éleveurs ne sont pas nombreux paraît être une bonne solution pour faciliter le gardiennage (tours de garde plus relâchés) et pour partager les coûts liés à l’estive (entretien du cayolar, par exemple). Le regroupement des éleveurs implique une réelle volonté de leur part, de changer de fonctionnement et de s’éloigner du système pastoral traditionnel. Ce changement de fonctionnement est certainement plus facile à mettre en place avec des éleveurs « jeunes », qui n’ont pas vraiment connu le système traditionnel, ou du moins avec des éleveurs qui n’ont pas peur de changer de mode de fonctionnement. Le regroupement de plusieurs cayolars peut permettre, par la suite, d’initier des projets d’embauche de berger ou de transformation fromagère. 2.2.2. Scénario 5 : Embauche de bergers Le regroupement des cayolars n’étant pas facile à réaliser, étant donné l’attachement des éleveurs à leur cayolar, ceux qui souhaitent diminuer les contraintes du gardiennage peuvent embaucher un berger. L’embauche de bergers salariés est subventionnée, entre 50% et 80%, suivant le type de gestion pastorale mis en œuvre. Dans la plupart des cas, les éleveurs perçoivent 50% de subventions. 70 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule L’embauche d’un berger salarié est d’autant plus intéressante si les éleveurs sont encore nombreux sur le cayolar. C’est pourquoi ce scénario ne peut avoir lieu que si la diminution du nombre d’éleveurs est limitée. Il semble possible de trouver un berger pour ceux qui le souhaitent, puisqu’il existe une école formant des bergers à Oloron. Les éleveurs peuvent aussi embaucher un berger sans terres, ce qui est plus rassurant pour les éleveurs, car les bergers sans terre possèdent déjà leur troupeau et ont donc à priori l’habitude de conduire un troupeau. Les éleveurs n’ont pas l’obligation de les rémunérer ; ils peuvent être payés en nature ou avoir simplement en échange, le droit d’utiliser le cayolar. La présence d’un berger sans terres en estive est donc très intéressante ; cela permet d’avoir une permanence en estive, à moindre coût. Les éleveurs peuvent profiter de la présence du berger pour se lancer dans la transformation fromagère, à condition que celui-ci soit d’accord. 2.2.3. Scénario 6 : Développement de l’activité fromagère en estive Pour se lancer dans un tel projet, les éleveurs n’ont pas besoin d’être beaucoup sur le cayolar ; en effet, plus les éleveurs sont nombreux et plus il est difficile de s’entendre. Le plus important est que les éleveurs soient motivés à reprendre cette activité. Les atouts liés à la transformation fromagère en estive sont nombreux. Tout d’abord, cela permet de valoriser l’estive et le fromage transformé, par un gain économique important. Ensuite, cela oblige les éleveurs à monter plus tôt en estive (avant la fin de la période de lactation) et ainsi à davantage profiter du pâturage de montagne et des économies d’alimentation que cela représente. Enfin, la transformation fromagère permet de maintenir la vie et la présence humaine en estive et ainsi d’éviter que la montagne se vide. Cette activité est encore peu développée dans les montagnes de Soule, ce qui laisse de la place pour les éleveurs qui souhaitent s’y lancer. De plus, il existe des subventions pour les investissements réalisés en estive (mise aux normes, achat d’une machine à traire…). Ce scénario ne peut avoir lieu qu’à la condition que les éleveurs arrivent à se mettre d’accord sur les cayolars, ou alors que ceux qui souhaitent se lancer dans cette activité puissent se regrouper sur un même cayolar. Ces trois scénarii prévoient le maintien des troupeaux ovins en montagne et l’augmentation de la présence des éleveurs et des bergers. La vie de la montagne serait ainsi maintenue, ce qui permettrait d’attirer plus facilement les touristes, notamment par l’intermédiaire de la vente de fromages. Ces scénarii seraient donc favorables au maintien de l’activité économique de la vallée. 71 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 2.3. Scénario 7 : Division du territoire en deux : les ovins d’un côté et le gros bétail de l’autre Ce scénario prévoit une diminution inévitable du nombre d’éleveurs transhumants et donc des difficultés de plus en plus importantes pour les éleveurs qui souhaitent continuer l’estive. Les éleveurs feraient alors le choix d’arrêter la transhumance des brebis en Soule (trop contraignant), ou alors de se réorganiser pour pouvoir continuer. La réorganisation passe par les solutions décrites précédemment, à savoir, le regroupement des éleveurs, l’embauche de bergers ou encore la reprise de la transformation fromagère en estive. Les enquêtes auprès des éleveurs ont montré qu’il y avait deux types d’éleveurs transhumants : ceux qui semblaient croire en la fin de la transhumance et ceux qui étaient prêts à tout pour continuer à transhumer. On peut donc penser, qu’à l’avenir, les éleveurs les plus motivés et ayant des objectifs communs vont devoir se regrouper entre eux pour pouvoir continuer à transhumer. D’après les évolutions observées sur les différents secteurs du territoire, il semble que des secteurs soient prédisposés à l’abandon des éleveurs ovins, et à l’augmentation des troupeaux bovins allaitants et des chevaux. Ces secteurs sont les secteurs de Bosmendieta, sur lequel il ne restera plus qu’un troupeau en 2013, et d’Ahuski, sur lequel la diminution du nombre d’éleveurs est importante, ce qui rend le gardiennage de plus en plus difficile. Ces secteurs sont les secteurs les plus bas, sur lesquels le pâturage est de moins bonne qualité que sur les autres ; il semble donc logique que les éleveurs se concentrent sur les secteurs plus hauts, où le pâturage est de meilleure qualité et où la présence de gros bétail est plus faible. 72 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 3. Conséquences des scénarii sur l’agriculture de la vallée L’évolution du pastoralisme aura des conséquences à la fois sur la présence des troupeaux et des éleveurs en montagne, mais aussi sur l’agriculture de la vallée (cf. tableau n°12 ci-contre). La diminution du nombre d’agriculteurs est inévitable, mais elle peut être plus ou moins importante. Les scénarii qui prévoient l’abandon des montagnes de Soule par les troupeaux ovins ne sont pas forcément synonymes de déprise agricole. Il s’agit simplement d’une évolution de l’agriculture et des pratiques pastorales : arrêt de transhumance, transhumance au Béarn des troupeaux ovins ou remplacement des troupeaux ovins par des troupeaux bovin viande. Cependant, ces scénarii ont des conséquences sur l’entretien de la montagne, puisque les troupeaux ovins permettent de mieux entretenir la montagne que les troupeaux bovins : ils peuvent pâturer dans des zones plus accidentées. Les scénarii qui prévoient le maintien d’un certain nombre de troupeaux ovins dans les montagnes de Soule sont liés à une volonté des éleveurs de réagir et de se réorganiser pour pouvoir continuer à transhumer : regroupement des éleveurs et/ou embauche de bergers salariés et/ou reprise de la traite et de la transformation fromagère en estive et/ou concentration sur les secteurs situés en haute montagne. Ces scénarii auront comme conséquence, le maintien de l’activité agricole et de l’élevage ovin (avec pratique de la transhumance), même si la part de l’effectif bovin peut augmenter par rapport à l’effectif ovin, que ce soit en estive ou sur les exploitations. L’évolution du pastoralisme souletin est donc difficile à prévoir : elle dépend des possibilités d’évolution des éleveurs, mais surtout de leur volonté et de leur motivation à continuer la transhumance. Le maintien des troupeaux ovins en montagne passe par une réorganisation, afin de diminuer les contraintes liées à l’estive. La CSPS a tout intérêt à soutenir les éleveurs ovins à continuer à transhumer, pour l’entretien de la montagne, mais aussi pour l’activité économique de la vallée. 73 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 4. Quelles propositions peut-on faire pour maintenir et dynamiser l’activité pastorale en Soule ? L’avenir du pastoralisme dépend de la motivation des éleveurs, à lutter contre les facteurs responsables de la déstructuration des cayolars, afin d’éviter l’abandon des montagnes de Soule. La volonté des membres de la CSPS d’aller de l’avant sera un atout important pour encourager des éleveurs à dynamiser l’activité pastorale. 4.1. Des études à approfondir pour mieux connaître les possibilités d’évolution du pastoralisme 4.1.1. Approfondissement cartographique du secteur pastoral et du potentiel fourrager La première partie de ce travail consiste à réaliser une carte de végétation du territoire pastoral, comportant la valeur fourragère et le niveau d’utilisation du potentiel fourrager. La valeur fourragère des estives peut être obtenue à partir d’un relevé de végétation. Le niveau d’utilisation du potentiel fourrager doit être renseigné par les éleveurs, à partir d’enquêtes permettant d’obtenir les effectifs présents en estive et leur mode d’utilisation de l’estive (lieu, durée…). L’étude cartographique du domaine pastoral de Soule permettra d’identifier le potentiel du territoire et la répartition du cheptel sur ce territoire. Il sera alors possible de mettre en évidence les zones à fort potentiel agricole (bonne qualité) ou écologique (biodiversité importante). Ces zones à fort potentiel doivent être préservées de l’embroussaillement et donc de l’abandon des troupeaux. Connaissant la répartition du cheptel sur le territoire, il sera alors possible d’identifier les zones sous-chargées et les zones surchargées. L’idéal serait de pouvoir répartir les troupeaux, en vue d’une meilleure utilisation de la montagne. Il paraît utopique de pouvoir déplacer les troupeaux comme bon nous semble. Il faut tenir compte de l’accessibilité de l’estive par les éleveurs : on ne peut pas obliger un éleveur à emmener son troupeau trop loin de l’exploitation. De plus, il sera difficile de réorganiser l’estive, tant que le système de parts n’évoluera pas. D’où l’intérêt de réaliser une étude juridique sur ce système. 74 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule 4.1.2. Etude juridique du système traditionnel de parts pour une réorganisation du pastoralisme Il est important de comprendre comment fonctionne le système actuel de parts (régime de propriété et de transmission des parts), et de savoir comment il est possible de le modifier, afin de réorganiser les cayolars et de faciliter le fonctionnement collectif des éleveurs. « L’évolution du pastoralisme passe par la modification du système de parts, afin que les éleveurs puissent vendre, louer ou acheter des parts comme bon leur semble et qu’ils puissent se regrouper en fonction de leurs objectifs ». Cela permettrait de faciliter la mise en place de projets (transformation fromagère par exemple), et cela rendrait le fonctionnement en estive plus facile. Cette étude est d’une extrême complexité, car elle porte sur un système traditionnel ancestral qui s’est transmis de génération en génération : les documents officiels concernant ces parts et leur fonctionnement se sont perdus au cours du temps. Qui plus est, certains éleveurs semblent très attachés à ces traditions et ne souhaitent pas qu’il y ait de changement. 4.1.3. Etude sur les relations entre éleveurs et touristes Les montagnes de Soule sont très empruntées par les randonneurs et autres touristes, qui viennent admirer la beauté des paysages. Les éleveurs ont de multiples occasions de rencontrer les touristes et de partager avec eux leurs expériences. Des éleveurs profitent déjà de l’occasion pour vendre leur fromage fabriqué en montagne. Ils organisent des accueils de touristes, afin d’expliquer leur métier et de proposer des dégustations. Ils ont créé un point de vente de fromage et d’autres produits locaux, au cayolar. Plusieurs éleveurs seraient prêts à développer un partenariat entre l’activité touristique et le pastoralisme : « il serait intéressant de mettre en place des panneaux explicatifs de l’activité pastorale, de réaliser des visites organisées des cayolars avec des interventions de bergers, des dégustations ou encore des séjours organisés en montagne ». Ce partenariat servirait d’attrait touristique, impliquerait davantage les éleveurs en estive et maintiendrait la présence humaine en montagne. Le développement de l’activité touristique, en partenariat avec l’activité pastorale, nécessite de prendre en compte les relations qui existent entre les acteurs du tourisme et les éleveurs. Cette étude doit permettre de mettre en évidence quelle est la volonté des deux parties de 75 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule développer une relation entre les deux activités, et quels sont les moyens possibles à mettre en œuvre afin que ce projet soit réalisable. 4.2. Comment aider les éleveurs à réagir ? 4.2.1. Des animations pour une prise de conscience collective L’animation auprès des éleveurs est un moyen de leur présenter les résultats de l’étude et surtout de leur faire prendre conscience des évolutions actuelles du pastoralisme. Les éleveurs n’ont souvent qu’une vision partielle et partiale de leur activité qui dépend de leur expérience personnelle et de leur caractère. L’étude réalisée servira d’appuis pour convaincre les éleveurs de l’intérêt qu’apporte la transhumance et de la nécessité de réagir et de se réorganiser pour éviter l’abandon de la montagne. De réelles solutions pourront être présentées aux éleveurs, afin de les inciter à réfléchir sur les possibilités qu’ils ont, d’améliorer leurs conditions de travail et de profiter pleinement des avantages que leur offre la montagne. Ces animations sont l’occasion de « prendre la température » du moral des éleveurs et de leur vision de l’avenir de l’agriculture et du pastoralisme, mais aussi l’occasion pour les éleveurs de se rencontrer et de mieux construire l’avenir de leur système en estive. Il sera alors possible de détecter les éleveurs prêts à évoluer et sur qui la CSPS pourra s’appuyer pour initier des projets de développement et de réorganisation du pastoralisme. 4.2.2. Expérimentations sur des cayolars : des initiatives de projets collectifs Les animations permettent de faire réagir les éleveurs, mais le meilleur moyen de leur montrer que des solutions de réorganisation sont possibles est de leur amener des preuves concrètes. La mise en place d’initiatives pilotes, sur un ou plusieurs cayolars, servirait d’exemple et permettrait aux éleveurs de pouvoir juger eux même de la crédibilité de tels projets. L’idée serait de regrouper des éleveurs issus de plusieurs cayolars, pour faciliter le gardiennage, diminuer les frais d’estive et pourquoi pas se lancer dans des projets de transformation fromagère ou d’embauche d’un berger. 76 Perspectives d’avenir et propositions d’amélioration de l’activité pastorale en Soule Ces expérimentations doivent être faites avec des éleveurs prêts à réagir. Lors des entretiens, nous avons pu identifier deux cayolars qui ont déjà pensé à se regrouper, mais qui hésitent encore : il s’agit des cayolars Istaourdy et Uztaila, qui sont mitoyens. Le soutien de la CSPS dans leur démarche pourrait les encourager à se lancer. La principale difficulté est de réussir à convaincre tous les éleveurs concernés ; inévitable problème du pastoralisme collectif souletin. L’avenir du pastoralisme paraît difficile si les éleveurs ne réagissent pas et ne se réorganisent pas. En effet, les différents scénarii d’évolution dépendent en grande partie de la volonté des éleveurs de faire face à l’inévitable diminution du nombre d’éleveurs transhumants. La CSPS joue donc un rôle primordial tant dans la prise de conscience des éleveurs, que dans leur façon de les convaincre à initier des projets collectifs. L’aide des pouvoirs publics pour l’élevage et pour les productions en difficultés peut permettre d’améliorer le moral des éleveurs et de les inciter à prendre des initiatives. 77 Conclusion Le diagnostic pastoral de Soule a été mené dans l’objectif de mettre en évidence l’évolution de l’activité pastorale, la nécessité de réaction et les possibilités de réorganisation. Les résultats obtenus ont confirmé une évolution négative de l’activité pastorale : les cayolars se déstructurent et les pratiques collectives en estive deviennent de plus en plus compliquées. Les éleveurs sont soucieux de l’avenir de la transhumance à cause d’une diminution incessante de la main d’œuvre. L’inadéquation de l’évolution des systèmes d’exploitation avec la pratique de la transhumance n’encourage pas les éleveurs à continuer : la recherche de productivité et l’amélioration génétique vont à l’encontre du pastoralisme. L’attachement des éleveurs aux traditions pastorales et aux coutumes rend la réorganisation du pastoralisme souletin encore plus compliquée. L’avenir du pastoralisme n’est donc pas uniquement lié à l’évolution des pratiques agricoles et de la population agricole, mais il dépend aussi de facteurs sociaux et culturels. Cependant, la motivation de certains éleveurs à continuer à transhumer et à trouver des solutions pour faciliter le travail et pour mieux profiter des avantages qu’apporte l’estive, laisse à penser que la transhumance n’est pas encore une pratique dépassée et qu’elle peut même contribuer au développement de l’agriculture de demain. Les préoccupations environnementales des pouvoirs publics et le retour à une agriculture de qualité nous confortent dans cette idée. L’évolution des politiques agricoles a un rôle important à jouer dans le soutien apporté aux éleveurs transhumants, au travers des aides. La CSPS accomplit un important travail de motivation et d’accompagnement des éleveurs dans le maintien et le développement de la transhumance. Son objectif est de montrer que le pastoralisme est une pratique d’avenir et que les contraintes liées au gardiennage peuvent être surpassées. La mise en place d’initiatives pilotes pourrait permettre aux volontaires de se lancer dans des regroupements de cayolars ou autres projets (transformation fromagère, embauche de bergers…). Le problème d’installation des jeunes n’est pas négligeable car il est en partie responsable de la diminution de la main d’œuvre : certains jeunes aspirent à une autre vie que celle de leurs parents et veulent se débarrasser des contraintes liées à l’agriculture et au pastoralisme. Néanmoins, les jeunes agriculteurs sont une force pour développer le pastoralisme, car ils sont souvent moins attachés au système pastoral traditionnel et plus enclin à se réorganiser pour pouvoir améliorer leurs conditions de travail. Le programme de restructuration des pratiques pastorales devra donc aussi être accès sur la motivation des jeunes à s’installer et à continuer la transhumance. Les perspectives d’évolution du pastoralisme sont donc liées à de nombreux facteurs, maîtrisables ou non par les éleveurs. L’enjeu du maintien de l’activité pastorale en Soule vaut le coup de se poser de réelles questions et de mettre en place un programme d’actions efficace. Il est sûr que l’activité pastorale a de l’avenir et qu’il serait dommage de ne pas profiter des avantages qu’elle procure : le développement de l’activité de transformation fromagère pourrait permettre de valoriser le temps passé en estive, d’assurer un revenu plus conséquent et de maintenir la vie en montagne (présence d’éleveurs et de touristes). Le défi des éleveurs et de la CSPS est de trouver des solutions pour faire évoluer les pratiques pastorales traditionnelles, sans bouleverser les mentalités, afin de les adapter au contexte actuel de l’agriculture. 78 Glossaire Association foncière pastorale : association syndicale qui regroupe des propriétaires (personnes physiques et personnes morales de droit public ou privé) de biens à vocation pastorale ou forestière d’un périmètre défini (BUFFIERE, 2005). ACM : méthode d’analyse statistique descriptive qui est une extension de l’analyse factorielle de correspondance et qui permet l’analyse simultanée de plusieurs variables qualitatives (BERGER, 2009). Bacade : terme employé pour désigner le paiement du pâturage des animaux en estive, auprès du gestionnaire de l’estive, à savoir ici la CSPS. Le montant de ce paiement est calculé en fonction du nombre d’animaux présents en estive. Cayolar : ce terme est à la fois utilisé pour désigner la cabane appartenant aux éleveurs en estive, et l’unité pastorale (cabane et parcours) qui sert « d’unité de base » à la gestion pastorale. C’est à partir de cette unité qu’un grand nombre de décisions se prennent (gestion des parcours, réalisation des équipements, gardiennage…) (CSPS, 2008a). Corral : enclos à bétail (LINTERNAUTE, 2009) PHAE : c’est un dispositif destiné à faciliter la souscription par un grand nombre d’agriculteurs de mesures agro-environnementales visant à la préservation des prairies et au maintien de l’ouverture des espaces à gestion extensive (TERRES D’EUROPE, 2009). On distingue la PHAE collective et la PHAE individuelle : - La PHAE collective est touchée par les organismes gestionnaires des territoires d’estives, comme la CSPS. Cette prime est ensuite reversée équitablement aux éleveurs transhumants en fonction du nombre d’animaux qu’ils amènent en estive ; - La PHAE individuelle est touchée directement par les éleveurs et concerne les surfaces de leur exploitation. Système d’exploitation : combinaison des surfaces, du cheptel et des caractéristiques de l’exploitation, qui fait toute la complexité de la gestion d’une exploitation. Transhumance : dans l’élevage, migration saisonnière (d’un troupeau de bêtes) entre régions de plaines et régions de montagnes pour rejoindre une zone de pâturage (ENCARTA, 2009). 79 Bibliographie Ouvrages et revues BERTHIER N., 2006. Les techniques d’enquêtes en sciences sociales. Edition Dunod, Paris, 290p. BORNARD A. et COZIC P., 2000. Les intérêts multiples des milieux pâturés d’altitude gérés par le pâturage domestique. Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. Association française de pastoralisme. Editions de la Cardère, Pastum, hors série, 13-19. BUFFIERE D., 2005. Le cadre réglementaire des groupements pastoraux. Le pastoralisme collectif en France. Chambres d’agriculture, Dossier, supplément au n° 940, 8-11. DEBARBIEUX B., 1995. Tourisme et montagne. Economica, collection « geo poche ». DE SINGLY F., 2008. Le questionnaire. L’enquête et ses méthodes, 2e édition refondue, Armand Colin. DIMANCHE M. et al., 2005. La diversité des problématiques et des objectifs. Le diagnostic pastoral des estives (définition, objectifs, méthodes, outils, valorisations). Pastum, n°77, 3ème trimestre 2005, ed. Procopy, Digne les Bains. DODIER H., 2005. Le pastoralisme collectif français, une dynamique nationale. Le pastoralisme collectif en France. Chambre d’agriculture, Dossier, supplément au n° 940, 4-7. FENNETEAU H., 2002. Enquête : entretien et questionnaire. Paris, Dunod. FNO (Fédération Nationale Ovine), 2009. Accord sur le bilan santé de la PAC : nos revendications entendues. Bulletin de liaison mensuel de la Fédération Nationale Ovine. Mouton-Infos, n°194. FORNES B., 2005. Exploitations et systèmes agropastoraux du Haut Béarn : mutations, approche de la durabilité et perspectives. Mémoire de fin d’études en master Sciences Agronomiques et Agro-Alimentaires à l’université de Rennes. LEGEARD J.P, 2005. Le pastoralisme : regard sur la France, l’Europe et le monde. Le pastoralisme collectif en France. Chambre d’agriculture, Dossier, supplément au n° 940, 2-3. 80 L’HOMME G., 2000. Préface. Le pastoralisme en France à l’aube des années 2000. Association française de pastoralisme. Editions de la Cardère, Pastum, hors série, p.12. LIONS J., 1998. Pastoralisme Pyrénéen. Rapport d’étude. Institut supérieur agro-vétérinaire de Toulouse. MASSON N. et al., 2000. Alpages et prairies de montagne. Un patrimoine biologique et agricole. SALVY E., 2005. Agriculteur en Soule : un métier attractif ? Facteurs de renouvellement des exploitations souletines. Mémoire de fin d’étude réalisé pour la communauté de communes de Soule. SUAIA PYRENEES, 2005. Le pastoralisme collectif dans les Pyrénées. Le pastoralisme collectif en France. Chambres d’agriculture, Dossier, supplément au n° 940, p.12. Sites internet Association Française de Pastoralisme (AFP), 2008. Le pastoralisme en France. [http://www.pastoralisme.net/] Consulté le 20 septembre 2008 Commission syndicale du Pays de Soule (CSPS), 2008a. Pastoralisme. [http://commissionsyndicalesoule.chez-alice.fr/pages/Pastoralisme.htm] septembre 2008. Consulté le Commission syndicale du Pays de Soule (CSPS), 2008b. Une collectivité. [http://csps.monsite.orange.fr/page5.html] Consulté le 07 janvier 2009. Commission Syndicale du Pays de Soule (CSPS), 2008c. Pastoralisme. [http://csps.monsite.orange.fr/page5.html] Consulté le 07 janvier 2009. Commission Syndicale de Pays de Soule (CSPS), 2008d. Charte montagne. [http://csps.monsite.orange.fr/page5.html] Consulté le 07 janvier 2009. Conseil général des Pyrénées Atlantiques (CG64), 2008. Pastoralisme. [http://www.cg64.fr/fr/mp.asp?FK_page=61&id=F05E0F23] Consulté le 23 juillet 2008 81 20 DDAF DES HAUTES PYRENEES, 2008. Indemnités compensatoires de handicaps naturels (ICHN). Communiqué de presse de la préfecture des Hautes Pyrénées. [www.hautes-pyrenees.pref.gouv.fr/publication/upload/12959/publi-20081212-divers.pdf] Consulté le 19 février 2009 ENCARTA, 2009. Transhumance. 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[http://www.valleedesoule.com/FR/la_soule/culture/pastorale_et_mascarade.aspx] Consulté le 15 octobre 2008 PAYS DE SOULE, 2005. Le pastoralisme : Le fondement de l’économie souletine, les traditions agro-pastorales. [http://abarka.free.fr/traditions/pastoralisme.php] Consulté le 15 octobre 2008 TERRES D’EUROPE, 2009. PHAE. [http://www.terresdeurope.net/PHAE.html] Consulté le 20 avril 2009 82 Autres sources AGUERRE C., 2009. Impact du nouveau mode de calcul du chargement pour les exploitations transhumantes. Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques. ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007. Document de synthèse des ateliers préparatoires de la charte. BERGER M., 2009. Présentation du cours sur les méthodes statistiques descriptives. CDEO Ordiarp, 2008. La coopérative Centre Départemental de l’Elevage Ovin. Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques (CA64), 2000. Recensement Général Agricole (RGA). Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques (CA64), 2007. L’agriculture de montagne et le pastoralisme dans les Pyrénées Atlantiques. Note réalisée d’après le RGA 2000 et l’enquête pastorale de 1999. Chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantiques (CA64), 2008. Présentation de l’agriculture du département des Pyrénées Atlantiques. D’après le RGA 2000 et l’enquête de structure de 2005. Commission syndicale du Pays de Soule (CSPS), 2007. Déclarations de transhumance des éleveurs de Soule, auprès de la CSPS. CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DU PAYS BASQUE, 2003. l’agropastoralisme, la forêt et les activités de loisirs dans la montagne basque. Concilier LAPITZ M., 2009. La filière Ovin Lait des Pyrénées Atlantiques. Intervention de la chambre d’agriculture des Pyrénées Atlantique à l’ENITA. Lycée Professionnel Agricole (LPA) Oloron, 2005. Répertoire d’outils et de méthodes par secteur d’activité. Approche multi-usage de la montagne. 83 Table des illustrations Tableaux TABLEAU 1 : PRESENTATION DE L’AGRICULTURE EN SOULE (SOURCE : CA64, 2000) ----- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 2 : PRESENTATION DE L’ACTIVITE PASTORALE SUR LE TERRITOIRE DE LA CSPS (SOURCE : CSPS, 2007) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 3 : PRESENTATION DES ACTEURS DU DIAGNOSTIC PASTORAL DE SOULE ET DE LEUR ROLE ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 4 : DEROULEMENT DES DIFFERENTES ETAPES DE L’ETUDE (OBJECTIFS, METHODE, RESULTATS). -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 5 : PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DES CAYOLARS DES GROUPES 1, 2 ET 3 --- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 6 : PRESENTATION DES CARACTERISTIQUES DES CAYOLARS DES GROUPES 4, 5 ET 6 --- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 7 : RESULTATS DE L’ACTIVITE DE TRANSFORMATION FROMAGERE POUR LES ELEVEURS DU GROUPE 1. ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 8 : FRAIS ASSOCIES A L’EMBAUCHE D’UN BERGER POUR LES ELEVEURS DU GROUPE 3 ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 9 : IMPACT DU NOUVEAU MODE DE CALCUL DU CHARGEMENT SUR L’ICHN PERÇU PAR UN ECHANTILLON D’EXPLOITATIONS TRANSHUMANTES DES PYRENEES ATLANTIQUES (SOURCE : AGUERRE, 2009).---- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 10 : IMPACT DU NOUVEAU MODE DE CALCUL DU CHARGEMENT SUR L’ELIGIBILITE A L’ICHN POUR UN ECHANTILLON D’EXPLOITATIONS TRANSHUMANTES DE SOULE (SOURCE : AGUERRE, 2009) -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 11 : IMPACT DU NOUVEAU MODE DE CALCUL DU CHARGEMENT SUR L’ELIGIBILITE A LA PHAE INDIVIDUELLE POUR UN ECHANTILLON D’EXPLOITATIONS TRANSHUMANTES DE SOULE (SOURCE : AGUERRE, 2009) ----------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. TABLEAU 12 : CONSEQUENCES DES SCENARII D’EVOLUTION DU PASTORALISME SUR LES TROUPEAUX PRESENTS EN ESTIVE ET SUR LES EXPLOITATIONS -------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURES FIGURE 1 : LE SYSTEME PASTORAL INTEGRE DANS DIFFERENTS SYSTEMES SOCIO-SPATIAUX (SOURCE : LIONS, 1998) ---------------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 2 : CADRE DE MISE EN PLACE DU DIAGNOSTIC PASTORAL DE SOULE ---------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 3 : PRESENTATION DES OBJECTIFS DE LA CHARTE (SOURCE : ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) -------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 4 : DEROULEMENT DU DIAGNOSTIC PASTORAL DE SOULE ------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 5 : PRESENTATION GENERALE DES GROUPES TYPES DES CAYOLARS DE SOULE --- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 6 : PRESENTATION DE LA DYNAMIQUE DES ELEVEURS ENQUETES PAR RAPPORT A L’ESTIVE ET EN FONCTION DE LEUR MODE D’UTILISATION DE L’ESTIVE (CF. ANNEXE N°14) ------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. FIGURE 7 : PRESENTATION DES DIFFERENCES DE COUTS ET DE TEMPS CONSACRES A L’ESTIVE EN FONCTION DES MODES D’UTILISATION ------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. 84 Graphiques GRAPHIQUE 1 : EVOLUTION DE LA TAILLE DES EXPLOITATIONS DES PA (SOURCE : CA64, 2008) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE2 : TYPES D’EXPLOITATIONS PRESENTES DANS LES PA (SOURCE : CA64, 2008) ----- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE3 : PYRAMIDE DES AGES DES CHEFS D’EXPLOITATIONS DE SOULE (SOURCE : SALVY, 2008)----- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE4 : TAUX DE CELIBATAIRES PARMI LES CHEFS D’EXPLOITATIONS DE SOULE (SOURCE : SALVY, 2008) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE5 : EVOLUTION DES EXPLOITATIONS TRANSHUMANT EN SOULE ET SUR LE TERRITOIRE DE LA CSPS (SOURCE : RGA 2000) ------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE6 : RESULTAT GRAPHIQUE DE L’ANALYSE DES COMPOSANTES MULTIPLES (ACM) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE 7 : EVOLUTION DU NOMBRE D’ELEVEURS ENTRE 1984 ET 2013 SUR LES DIFFERENTS SECTEURS DU TERRITOIRE DE LA CSPS --------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE 8 : EVOLUTION DU CHARGEMENT DES ESTIVE ENTRE 1993 ET 2007 (SOURCE : CSPS, 2007)---- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE 9 : REPARTITION DES GROUPES DE CAYOLARS TYPES SUR CHAQUE SECTEUR DU TERRITOIRE --- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE10 : EVOLUTION DES EFFECTIFS OVINS COMPTABILISES LORS DES ENQUETES ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. GRAPHIQUE 11 : COMPARAISON DES SOLDES D’ESTIVES ET DES TEMPS CONSACRES A L’ESTIVE POUR CHAQUE GROUPE REPRESENTANT UN MODE D’UTILISATION DE L’ESTIVE-------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. Cartes CARTE 1 : SYSTEME DE PRODUCTION DOMINANT PAR CANTON DES PA (SOURCE : CA64, 2008) ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 2 : NOMBRE D’EXPLOITATIONS PASTORALES PAR ZONE AGRICOLE (SOURCE : CA64, 2007) -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 3 : REPARTITION DES UGB POSSEDES PAR DES EXPLOITATIONS PASTORALES SUR L’ENSEMBLE DU MASSIF PYRENEEN (SOURCE : CA64, 2007) -------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 4 : LOCALISATION DES QUATRE COMMISSIONS SYNDICALES PRESENTES AU PAYS BASQUE (SOURCE : CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DE LA MONTAGNE BASQUE, 2003) ---------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 5 : LOCALISATION DES PRINCIPALES RACES DANS LE DEPARTEMENT DES PYRENEES ATLANTIQUES (SOURCE : LAPITZ, 2009) ------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 6 : LOCALISATION DE LA SOULE (SALVY, 2008) ------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 7 : DOMAINE PASTORAL DE SOULE ET TYPES DE GESTIONNAIRES DES ESTIVES ---- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 8 : CARTE DES UNITES PASTORALES DU TERRITOIRE DE LA CSPS AVEC LES DIFFERENTS SECTEURS ET LEUR ALTITUDE ---------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. CARTE 9 : ZONE D’APPLICATION DE LA CHARTE DE DEVELOPPEMENT DURABLE DE LA MONTAGNE BASQUE (SOURCE : ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. 85 Table des annexes ANNEXE 1 : ORGANISATION ET MISE EN ŒUVRE DE LA CHARTE DE LA MONTAGNE BASQUE -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) ------ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 2 : PROGRAMME D’ACTIONS DEFINI PAR LA CHARTE ------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. (ASSOCIATION DES COMMISSIONS SYNDICALES DE LA MONTAGNE BASQUE, 2007) ------ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 3 : LISTE DES PERSONNES RENCONTREES POUR LES ENQUETES SUR LES CAYOLARS -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 4 : QUESTIONNAIRE D’ENQUETE SUR LES CAYOLARS ------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 5 : EXEMPLE DE FICHE RECAPITULATIVE DES ENQUETES SUR LES CAYOLARS ----- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 6 : TABLEAU RECAPITULATIF DES DONNEES RELEVEES LORS DES ENQUETES SUR LES CAYOLARS ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 7 : TABLEAU PRESENTANT L’EVOLUTION DES DONNEES SUR LES CAYOLARS ENTRE 1984 ET 2008 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 8 : TABLEAU DES VARIABLES ET DE LEURS MODALITES REALISEES POUR L’ACM ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 9 : LISTE DES EXPLOITATIONS ENQUETEES --------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 10 : QUESTIONNAIRE D’ENQUETE SUR LES EXPLOITATIONS ---------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 11 : EXEMPLE DE FICHE RECAPITULATIVE DES ENQUETES SUR LES EXPLOITATIONS --- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 12 : TABLEAU RECAPITULATIF DES DONNEES QUANTITATIVES RELEVEES LORS DES ENQUETES SUR LES EXPLOITATIONS---------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 13 : TABLEAU RECAPITULATIF DES DONNEES QUALITATIVES RELEVEES LORS DES ENQUETES SUR LES EXPLOITATIONS --------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 14 : TABLEAU PRESENTANT LE CLASSEMENT DES EXPLOITATIONS PAR MODE D’UTILISATION DE L’ESTIVE ET PAR DYNAMIQUE VIS-A-VIS DE L’ESTIVE -------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 15 : METHODE D’EVALUATION DES PRODUITS DE L’ESTIVE ----------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 16 : METHODE D’EVALUATION DU TEMPS CONSACRE A L’ESTIVE -------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 17 : METHODE D’EVALUATION DES CHARGES LIEES A L’ESTIVE ------------ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 18 : EVOLUTION DU TERRITOIRE SYNDICAL ET DES EFFECTIFS DECLARES ENTRE 1984 ET 2008 ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. 86 ANNEXE 19 : EVOLUTION DES PRATIQUES COLLECTIVES EN ESTIVE ENTRE 1984 ET 2008 -ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 20 : PRESENTATION DES RESULTATS ECONOMIQUES (COUTS ET PRODUITS D’ESTIVE) POUR CHAQUE GROUPE DE MODE D’UTILISATION DE L’ESTIVE --------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 21 : PRESENTATION DU TEMPS CONSACRE A L’ESTIVE POUR CHAQUE MODE D’UTILISATION DE L’ESTIVE ------------------------------------------------------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 22 : EVOLUTION DES FACTEURS INFLUENÇANT L’ACTIVITE PASTORALE DE SOULE EN FONCTION DES SCENARII D’EVOLUTION DU PASTORALISME ------------------------------------------------- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. ANNEXE 23 : CONSEQUENCES DE L’EVOLUTION DU PASTORALISME SUR LE NOMBRE D’ELEVEURS ET D’ANIMAUX PRESENTS EN MONTAGNE DE SOULE ET SUR LES EXPLOITATIONS -- ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. 87 Annexes 88 Table des matières RESUME ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1 SUMMARY ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 1 SOMMAIRE ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 2 REMERCIEMENTS ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 3 SIGLES ET ABREVIATIONS ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 4 INTRODUCTION ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 5 PARTIE 1 : LE PASTORALISME EN VALLEE DE SOULE : UNE ACTIVITE EN DIFFICULTE A REDYNAMISER ----------------------------------- 6 1. Pastoralisme : définition, contexte et enjeux ------------------------------------------------------------------------- 7 1.1. Définition du pastoralisme ----------------------------------------------------------------------------------------------------- 7 1.2. Contexte pastoral en France -------------------------------------------------------------------------------------------------- 8 1.2.1. Une activité qui a son importance en France ------------------------------------------------------------------------- 8 1.2.2. Aide des pouvoirs publics en faveur du pastoralisme--------------------------------------------------------------- 8 1.2.2.1. Une meilleure organisation du pastoralisme grâce à la loi pastorale -------------------------------------- 9 1.2.2.2. Mise en place de différentes formes d’organisation du pastoralisme collectif-------------------------- 9 1.3. 2. Enjeux du pastoralisme ------------------------------------------------------------------------------------------------------- 10 1.3.1. Le pastoralisme garant d’une production de qualité -------------------------------------------------------------- 10 1.3.2. Le pastoralisme et l’entretien de la montagne --------------------------------------------------------------------- 11 1.3.3. Le pastoralisme permet le maintien du tissu social et culturel de la région --------------------------------- 12 Le pastoralisme à l’échelle de la Soule : des pratiques collectives anciennes ------------------------------- 13 2.1. L’importance de l’élevage et de l’agriculture de montagne dans les Pyrénées Atlantiques ----------------- 13 2.1.1. L’importance de l’élevage dans le département ------------------------------------------------------------------- 13 2.1.2. L’importance de l’agriculture de montagne avec comme activité phare l’activité ovine laitière ------ 14 2.1.2.1. La place importante de la montagne dans le département des Pyrénées Atlantiques ---------------- 2.1.2.2. Une organisation collective des unités pastorales------------------------------------------------------------ 14 2.1.2.3. Le système ovin lait : système phare du pastoralisme ------------------------------------------------------ 15 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 14 2.2. 2.1.2.3.1. Présentation de la filière ------------------------------------------------------------------------------------- 15 2.1.2.3.2. Des troupeaux ovins laitiers qui s’agrandissent -------------------------------------------------------- 16 La Soule et ses particularités culturelles et pastorales ---------------------------------------------------------------- 16 2.2.1. Présentation générale de la Soule ------------------------------------------------------------------------------------- 16 2.2.2. Le contexte agricole et pastoral de la Soule ------------------------------------------------------------------------- 17 2.2.2.1. Diminution de la population agricole et augmentation du cheptel -------------------------------------- 17 2.2.2.2. Une population agricole moins âgées que dans le reste du département mais avec un taux de célibat élevé ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 17 2.2.2.3. De petites exploitations qui ont besoin de l’estive ----------------------------------------------------------- 18 2.2.2.4. Une agriculture de montagne soutenue par l’Etat ----------------------------------------------------------- 18 2.2.2.5. Présentation des particularités du pastoralisme souletin -------------------------------------------------- 19 2.2.3. 3. 2.2.2.5.1. Les vestiges du système traditionnel pastoral souletin ----------------------------------------------- 19 2.2.2.5.2. Des traditions pastorales en perdition-------------------------------------------------------------------- 20 La Commission Syndicale du Pays de Soule (CSPS) : gestionnaire de la majorité des estives de Soule21 2.2.3.1. Un territoire qui évolue --------------------------------------------------------------------------------------------- 21 2.2.3.2. La CSPS : un rôle de gestion et d’entretien du territoire ---------------------------------------------------- 22 Le diagnostic pastoral de Soule : élément de la charte de développement durable de la montagne basque --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 23 89 3.1. Une charte construite par les acteurs locaux pour maintenir la vitalité de la montagne--------------------- 23 3.1.1. Une charte construite dans un contexte d’évolution de l’usage de la montagne -------------------------- 23 3.1.2. Une charte qui a pour objectif la cohabitation des différents usagers de la montagne ------------------ 24 3.1.3. Une charte construite après un important travail de concertation ------------------------------------------- 24 3.1.4. Les résultats de concertation des élus : mise en place du volet opérationnel ------------------------------ 25 3.2. Le diagnostic pastoral de Soule : analyse de l’activité pastorale souletine -------------------------------------- 26 3.2.1. Collaboration de différents organismes ------------------------------------------------------------------------------ 26 3.2.2. La démarche globale du diagnostic pastoral ------------------------------------------------------------------------ 26 3.2.3. Un projet constitué de plusieurs études ----------------------------------------------------------------------------- 27 PARTIE 2 : L’ANALYSE DES PRATIQUES PASTORALES DE SOULE : DEUX APPROCHES A CROISER----------------------------------------- 29 1. Approche « fonctionnement des cayolars » : étude exhaustive de l’ensemble des cayolars de Soule 30 1.1. Adaptation de la méthode aux objectifs de l’étude ------------------------------------------------------------------- 31 1.2. Etude exhaustive des cayolars de Soule ---------------------------------------------------------------------------------- 31 1.3. Le questionnaire : un support pour bien mener l’entretien --------------------------------------------------------- 32 1.4. Adaptation des entretiens pour qu’ils se déroulent le mieux possible-------------------------------------------- 32 1.4.1. Des entretiens individuels ----------------------------------------------------------------------------------------------- 32 1.4.2. Choix d’un mode de conduite semi-directif ------------------------------------------------------------------------- 33 1.4.3. Des conditions optimales pour l’entretien -------------------------------------------------------------------------- 33 1.4.3.1. Prise de rendez-vous par téléphone ----------------------------------------------------------------------------- 33 1.4.3.2. Choix du lieu et du moment les plus adaptés ------------------------------------------------------------------ 33 1.5. 2. L’analyse des données recueillies : état des lieux de l’activité pastorale ----------------------------------------- 34 1.5.1. Création de fiches récapitulatives pour chaque enquête réalisée --------------------------------------------- 34 1.5.2. Enregistrement des données sous forme de tableau ------------------------------------------------------------- 34 1.5.3. Analyse de l’évolution de l’activité pastorale pour chaque secteur ------------------------------------------- 35 1.5.4. Analyse statistique des résultats : aide à la réalisation de la typologie des cayolars ---------------------- 35 Approche « systèmes d’exploitation » : étude d’un échantillon d’exploitations --------------------------- 36 2.1. Adaptation de l’étude aux objectifs recherchés ------------------------------------------------------------------------ 36 2.2. Un échantillon représentant la diversité des exploitations pastorales de Soule ------------------------------- 36 2.3. Un questionnaire d’enquête sur les systèmes d’exploitation ------------------------------------------------------- 37 2.4. Adaptation des entretiens pour rendre l’exercice le plus instructif possible ------------------------------------ 37 2.4.1. 2.4.2. 2.5. 3. Choix d’entretiens individuels ------------------------------------------------------------------------------------------ 37 Des entretiens semi-directifs réalisés dans des conditions optimales ---------------------------------------- 38 Analyse de la place de l’estive dans les systèmes d’exploitation --------------------------------------------------- 38 2.5.1. Réalisation de fiches récapitulatives des exploitations ----------------------------------------------------------- 38 2.5.2. Séparation des données quantitatives et qualitatives ------------------------------------------------------------ 39 2.5.3. Description de l’échantillon étudié ------------------------------------------------------------------------------------ 39 2.5.4. Evaluation des avantages et des inconvénients des différents modes d’utilisation de l’estive --------- 41 2.5.4.1. Les avantages de l’estive -------------------------------------------------------------------------------------------- 41 2.5.4.2. Les inconvénients de l’estive -------------------------------------------------------------------------------------- 41 Croisement des deux approches : mise en évidence des facteurs d’évolution des pratiques pastorales ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 42 4. Limites du recueil et de l’analyse des données ---------------------------------------------------------------------- 42 4.1. Manque de fiabilité des données recueillies ---------------------------------------------------------------------------- 42 4.2. Manque de fiabilité des enquêtes antérieures ------------------------------------------------------------------------- 43 4.3. Une analyse statistique à utiliser avec précaution --------------------------------------------------------------------- 43 4.4. Des coûts et des gains relatifs à l’estive à utiliser dans leur globalité --------------------------------------------- 44 PARTIE 3 : L’IDENTIFICATION DES FACTEURS D’EVOLUTION DE L’ACTIVITE PASTORALE A PARTIR DE L’ANALYSE DU FONCTIONNEMENT COLLECTIF DES CAYOLARS ET DES SYSTEMES D’EXPLOITATION ---------------------------------------------------------------------------- 45 1. Une tendance globale d’abandon de l’activité pastorale qui cache des disparités------------------------ 46 1.1. Etat des lieux de l’activité pastorale de Soule et des pratiques collectives au sein des cayolars ----------- 46 90 1.1.1. Identification des groupes de cayolars types de Soule ----------------------------------------------------------- 46 1.1.2. Les caractéristiques des groupes de cayolars types --------------------------------------------------------------- 48 1.1.2.1. Cayolars organisés autour de la traite et de la vente de fromage ---------------------------------------- 48 1.1.2.2. Cayolars organisés autour d’un berger -------------------------------------------------------------------------- 49 1.1.2.3. Cayolars stables et organisés en tours de garde pour le gardiennage ----------------------------------- 49 1.1.2.4. Cayolars où l’entente difficile entre cayolaristes ne permet pas une bonne organisation collective 1.1.2.5. Cayolars menacés à cause d’un nombre d’éleveurs devenu trop faible -------------------------------- 50 1.1.2.6. Cayolars avec un seul troupeau ----------------------------------------------------------------------------------- 50 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 50 1.2. Des évolutions négatives de l’activité pastorale mais des disparités entre les secteurs du territoire ----- 51 1.2.1. Diminution du nombre d’éleveurs sur les cayolars ----------------------------------------------------------- 51 1.2.1.2. Une augmentation du chargement animal des estives ------------------------------------------------------ 51 1.2.1.3. Une utilisation moins importante de l’estive par les éleveurs --------------------------------------------- 51 1.2.1.4. Difficultés des éleveurs à faire face aux évolutions du pastoralisme ------------------------------------ 52 1.2.2. 2. Déstructuration de l’activité pastorale ovine ----------------------------------------------------------------------- 51 1.2.1.1. Des secteurs plus abandonnés que d’autres par les troupeaux ovins ---------------------------------------- 52 1.2.2.1. Secteur d’Ahuski : des cayolars en difficulté ------------------------------------------------------------------- 52 1.2.2.2. Secteur d’Irati : une diminution du nombre d’éleveurs ovins qui se stabilise ------------------------- 53 1.2.2.3. Secteur de Malta : des cayolars stables et dynamiques ----------------------------------------------------- 53 1.2.2.4. Secteur d’Igeloua : des cayolars dynamiques mais un avenir inquiétant ------------------------------- 54 1.2.2.5. Secteur de Bosmendieta : un secteur à gros bétail ----------------------------------------------------------- 54 La place de l’utilisation de l’estive dans les différents systèmes d’exploitation ---------------------------- 55 2.1. Présentation des exploitations enquêtées au travers de leur mode d’utilisation de l’estive ---------------- 55 (cf. figure n°6 ci-contre) ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 55 2.1.1. Groupe 1 : Eleveurs qui transforment du fromage en estive---------------------------------------------------- 55 2.1.2. Groupe 2 : Eleveurs qui assurent eux-mêmes les tours de garde ---------------------------------------------- 55 2.1.3. Groupe 3 : Eleveurs qui ont un berger salarié au cayolar -------------------------------------------------------- 56 2.1.4. Groupe 4 : Eleveurs qui ont un bénévole pour les aider à assurer le gardiennage ------------------------ 57 2.1.5. Groupe 5 : Eleveurs qui ne transhument que les bovins --------------------------------------------------------- 57 2.1.6. Groupe 6 : Eleveurs qui transhument au Béarn -------------------------------------------------------------------- 57 2.1.7. 2.2. 3. Groupe 7 : Eleveurs qui ne transhument plus depuis longtemps ---------------------------------------------- 58 Des différences de coûts et de temps consacrés à l’estive en fonction des modes d’utilisation ----------- 58 2.2.1. La transformation fromagère : le mode d’utilisation qui apporte le meilleur gain économique ------- 59 2.2.2. Les modes d’utilisation qui sont les moins consommateurs de temps --------------------------------------- 59 2.2.3. Le gardiennage à tours de rôle : le mode d’utilisation le plus équilibré -------------------------------------- 60 Les facteurs d’évolution de l’activité pastorale liés aux systèmes d’exploitation ou à l’estive --------- 60 3.1. Les facteurs liés aux systèmes d’exploitation --------------------------------------------------------------------------- 61 3.1.1. L’évolution des surfaces de l’exploitation --------------------------------------------------------------------------- 61 3.1.2. Les problèmes liés à l’amélioration génétique --------------------------------------------------------------------- 61 3.1.3. 3.2. L’origine des exploitations ----------------------------------------------------------------------------------------------- 62 Les facteurs liés à l’estive et aux pratiques collectives ---------------------------------------------------------------- 62 3.2.1. La qualité de l’estive ------------------------------------------------------------------------------------------------------ 62 3.2.2. Les problèmes d’adéquation des systèmes de production au sein du cayolar ----------------------------- 62 3.2.3. 3.3. Les problèmes liés à la présence de plusieurs races en estive -------------------------------------------------- 63 Des facteurs à la fois liés aux systèmes d’exploitation et à l’estive ------------------------------------------------ 63 3.3.1. Le manque de main d’œuvre ------------------------------------------------------------------------------------------- 63 3.3.2. Les contraintes de coûts et de temps --------------------------------------------------------------------------------- 64 PARTIE 4 : PERSPECTIVES D’AVENIR ET PROPOSITIONS D’AMELIORATION DE L’ACTIVITE PASTORALE EN SOULE ---------------------- 65 1. Une tendance politique au soutien de l’élevage ovin ------------------------------------------------------------- 66 1.1. La modification du calcul du taux de chargement des exploitations aura finalement peu d’impact ------ 66 91 1.2. 2. Scénarii d’évolution de l’activité pastorale--------------------------------------------------------------------------- 68 2.1. Scénario 1 : Le pastoralisme devient une activité marginale---------------------------------------------------- 68 2.1.2. Scénario 2 : Fuite des éleveurs au Béarn ----------------------------------------------------------------------------- 69 2.1.3. Scénario 3 : Les montagnes de Soule deviennent des « montagnes à gros bétail » ----------------------- 69 Des scénarii qui prévoient le maintien des troupeaux ovins en Soule -------------------------------------------- 70 2.2.1. Scénario 4 : Regroupement des éleveurs issus de plusieurs cayolars ----------------------------------------- 70 2.2.2. Scénario 5 : Embauche de bergers------------------------------------------------------------------------------------- 70 2.2.3. 2.3. 4. Des scénarii qui prévoient l’abandon des montagnes de Soule par les troupeaux ovins --------------------- 68 2.1.1. 2.2. 3. Le tournant de la PAC : la réorientation des soutiens ----------------------------------------------------------------- 67 Scénario 6 : Développement de l’activité fromagère en estive ------------------------------------------------- 71 Scénario 7 : Division du territoire en deux : les ovins d’un côté et le gros bétail de l’autre ----------------- 72 Conséquences des scénarii sur l’agriculture de la vallée --------------------------------------------------------- 73 Quelles propositions peut-on faire pour maintenir et dynamiser l’activité pastorale en Soule ? ------ 74 4.1. Des études à approfondir pour mieux connaître les possibilités d’évolution du pastoralisme ------------- 74 4.1.1. Approfondissement cartographique du secteur pastoral et du potentiel fourrager ---------------------- 74 4.1.2. Etude juridique du système traditionnel de parts pour une réorganisation du pastoralisme ---------- 75 4.1.3. Etude sur les relations entre éleveurs et touristes ---------------------------------------------------------------- 75 4.2. Comment aider les éleveurs à réagir ? ------------------------------------------------------------------------------------ 76 4.2.1. Des animations pour une prise de conscience collective -------------------------------------------------------- 76 4.2.2. Expérimentations sur des cayolars : des initiatives de projets collectifs ------------------------------------- 76 CONCLUSION -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 78 GLOSSAIRE------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 79 BIBLIOGRAPHIE ----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 80 TABLE DES ILLUSTRATIONS -------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 84 TABLE DES ANNEXES ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 86 ANNEXES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 88 TABLE DES MATIERES --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 89 92