François Schmidt - CMS

L’Artothèque éphémère
de Champagne-Ardenne #3 / 2012 - 2014
Fiche pédagogique
François Schmidt
Les arcs-boutants
dessin
2010
Encre et crayon
de couleurs
40 cm x 60 cm
© François Schmidt
/ François Schmidt
Vit et travaille à Reims. Graveur de formation, il a choisi le dessin qu’il expose en France et à l’étranger. Son trait fin à l’encre de Chine,
ses détails très fouillés, son humour et la faible place accordée à la couleur
caractérisent son travail.
Il a publié ou illustré une vingtaine de livres jeunesse ou tout public. Le Tyran,
le Luthier et le Temps publié au Poisson Soluble a obtenu en 2004 le prix
octogone du meilleur album illustré pour la jeunesse. Jardins, Gloriettes et
Baraques Perchées, publié en juillet 2009 aux éditions de l’Effervescence
est un album monographique qui lui est consacré. Son dernier ouvrage, La
Cathédrale Engloutie paru en 2011 aux éditions DEFG, dont il est l’auteur
du texte et des dessins, a reçu le prix J.L Forain 2012 du Cénacle Européen.
Depuis quelques années, il se tourne également vers l’écriture, notamment
pour les éditions de l’Effervescence, dont il est le fondateur. Par ailleurs, il
dessine des images d’actualité pour la télévision publique et travaille aussi
pour le monde du Champagne auquel il prête sa plume et son crayon pour
des travaux d’illustration et la conception de livres et d’objets à caractère
artistique.
/ Les arcs-boutants
« La narration visuelle 1 »
François Schmidt est un
conteur en images et en mots à l’imagination fertile. Le dessin à l’encre de Chine
a la finesse d’une gravure, l’architecture
est ciselée par cet orfèvre du détail telles
par exemple, les gravures d’Antoine Caron
(XVIe s.), les peintures de Monsu Desiderio
(François de Nomé et Didier Barra du XVIe s.
considérés par André Breton comme les
précurseurs du surréalisme), les carnets de
Villard de Honnecourt (XIIIe s.) ou les dessins de Viollet-le-Duc (XIXe s.).
Nous voilà transportés instantanément dans
une épopée post-médiévale dont le temps
aurait été réduit, effaçant exactement dix
siècles d’un coup. Le vaisseau de pierre
qu’est la Cathédrale de Reims émerge de
l’eau qui semble désormais recouvrir la planète. L’œuvre Les arc-boutants en présente
une vue partielle. Personne n’ose imaginer
la part de responsabilité de l’homme dans
cet état de fait et l’envie de s’en tenir à une
histoire surréaliste, fantastique et merveilleuse l’emporte. On ne peut qu’évoquer
l’univers de la bande dessinée 2 où chacun a pu, un jour, se retrouver plongé dans
des mondes étranges aux constructions
non moins étonnantes, les citées lacustres
n’étant pas en reste (Venise, l’Atlantide
entre autres…).
Le petit personnage juché sur un arcboutant, Nicaise, porte le nom d’un Saint,
onzième évêque de Reims (mort en 407 ou
450), qui y fonda une église consacrée à la
Sainte-Vierge qui s’élevait à l’emplacement
de la Cathédrale de Reims, un clin d’œil à
l’histoire rémoise. « La Cathédrale engloutie.
Dans mille ans, la Cathédrale de Reims…
Après dix siècles de cataclysmes, une
immense étendue d’eau recouvre la terre.
Nicaise, enfant, part en barque au-devant
des tours de la Cathédrale de Reims qui
dépassent de l’horizon. Lors de ce premier
voyage, il découvre les sommets de l’édifice
et entrevoit le secret de son extraordinaire
longévité. Vingt ans plus tard, Nicaise réalise un second voyage. Le niveau de l’eau a
baissé, il peut admirer les rois et les anges
et rencontrer les étranges habitants de la
cathédrale. […] Au soir de sa vie, Nicaise fait
son dernier voyage. […] Nicaise laissa filer
son bateau entre les pinacles, au flanc sud
de la Cathédrale ; il passa sous les grands
arcs-boutants […]. L’eau léchait la base des
fenêtres hautes, à la limite extérieure du triforium. La barque racla sur la pierre. Quand
elle s’immobilisa, Nicaise descendit et très
vite, se faufila dans un des passages ouverts
dans l’épaisseur de chacune des piles » 3.
Béatrice Meunier
/// 1 Will Eisner, Graphic storytelling and visual narrative, 2008. Will Eisner (1917-2005), auteur de bande-dessinée, artiste et entrepreneur américain. 2 La bande dessinée, neuvième art, est désormais considérée comme un genre au sein de l’art contemporain, lorsque sur
un plan uniquement esthétique, elle résulte d’une démarche artistique. Cette reconnaissance conduit davantage des auteurs à exposer et
à vendre leurs planches originales. 3 Texte issu de La Cathédrale engloutie, François Schmidt, 2011, éd. DEFG.
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