Nutri`regard n° 2 - Octobre 2013

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Nutri`regard n° 2 - Octobre 2013
Informations Pratiques
BRÈVES NUTRITION
Cacao et noix, bons pour le cœur ?
Pour compléter les bénéfices des différents APGI oméga 3 dans le cadre des conseils alimentaires,
il est à noter que certains aliments semblent également favorables à une prévention cardio-vasculaire
efficace, notamment le cacao et les noix en prévention primaire.
• Les polyphénols du cacao réduiraient le stress oxydatif, inhiberaient l’oxydation du LDL-cholestérol
et l’agrégation plaquettaire, favoriseraient la fibrinolyse et la dilatation vasculaire et auraient une action immuno-modulatrice et anti-inflammatoire (S. Arranz, 2013).
• Les gros consommateurs de noix (riches en acide alpha-linoléique ALA), auraient une fréquence
d’obésité, de syndrome métabolique et de diabète moindre par rapport aux faibles consommateurs
(PREDIMED - N. Ibarrola-Jurado, 2013)
Arranz S and al. Cardioprotective effects of cocoa : clinical evidence from randomized clinical intervention trials in humans.
Mol Nutr Food Res 2013 Jun; 57 (6): 936-47
Ibarrola-Jarado N and al. Cross-sectional assessment of nut consumption and obesity, metabolic syndrome and other cardiometabolic risk factors: the PREDIMED study. PLoS One 2013; 8 (2). Sous presse
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communication nutritionnelle dans la catégorie industrie agroalimentaire, à l’occasion
de DIETECOM, congrès leader de la nutrition dédié aux professionnels de santé.
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Lettre d’information Nutrition & Santé, éditée par St Hubert. • Conception & réalisation : EQUITABLE • Crédit photos : © fotolia - © St Hubert
Lettre d'information St Hubert destinée aux professionnels de santé
a prévention cardio-vasculaire, et plus particulièrement
la prévention secondaire, est
au cœur de ce deuxième numéro
de nutri’regard. L’interview du
Professeur Etienne ALIOT, directeur
du pôle des maladies cardiovasculaires du CHU de Nancy et
professeur de cardiologie, permet
de faire un point plus particulier
sur la prévention secondaire des
infarctus du myocarde. Nous
dévoilerons également l’actualité
scientifique sur la place des
oméga 3 dan s l a préven tion
secondaire du risque cardiovasculaire à travers les résultats
de quatre études récentes. Enfin,
pour aider vos patients à équilibrer leur alimentation, des outils
et informations pratiques sont à
disposition à la fin de ce numéro.
L
Bonne lecture.
Octobre 2013 -
N°02
INTERVIEW
Pr Etienne ALIOT
> Professeur de cardiologie
et maladies vasculaires
> Directeur du Pôle des Maladies
Cardio-Vasculaires et Réanimation
Médicale du CHU de Nancy
Oméga 3 et prévention
secondaire des infarctus
du myocarde
Les atteintes coronariennes restent la 2e cause de mortalité
en France, après les cancers. Que pouvez-vous en dire d’un
point de vue épidémiologique ?
Les syndromes coronariens aigus (angine de poitrine évolutive,
ischémie aiguë, infarctus du myocarde IDM) concernent environ
150 000 personnes par an (120 000 infarctus en 2012). Depuis
25 ans, le nombre d’IDM a diminué considérablement dans notre
pays mais les maladies cardio-vasculaires restent toutefois la
première cause de mortalité au niveau mondial.
www.frhta.org
Qu’en est-il des rechutes post-infarctus ?
St Hubert soutient la Fondation de
Recherche sur l’Hypertension Artérielle (FRHTA)
et ses liens avec les facteurs nutritionnels.
Les complications post-infarctus sont principalement les resténoses
du même territoire coronaire ou l’atteinte ischémique d’un autre
territoire, l’insuffisance cardiaque, les troubles du rythme ou les
complications mécaniques. Elles ont diminué grâce à une stricte
prise en charge médicamenteuse et comportementale (incluant des
conseils diététiques). Aujourd’hui les complications potentiellement létales sont inférieures à 10 % la première année et d’environ
5 % par an dans les années qui suivent.
Elle comprend le traitement classique et de base
comme l’indique son acronyme « B.A.S.I.C. » : B =
béta-bloquants, A = aspirine, S = statines, I = inhibiteur de l’enzyme de conversion et C = correction des
facteurs de risque, c'est-à-dire l’arrêt du tabagisme,
la lutte contre la sédentarité, le traitement de l’hypertension artérielle et les conseils diététiques pour
corriger les anomalies métaboliques souvent présentes
(hyperlipémie, diabète, surpoids, obésité, etc.).
Quels sont les conseils diététiques
donnés en prévention secondaire ?
Outre la préférence pour les aliments à index glycémique moyen ou bas, en ce qui concerne le choix
des acides gras (AG), le but est de diminuer l’apport
des AG saturés et de favoriser la consommation
d’AG polyinsaturés (AGPI) avec un rapport oméga 6/
oméga 3 vers 5 (il est souvent vers 30 aujourd’hui).
En pratique, on conseille la diminution des viandes,
remplacées au moins 2 fois par semaine par des
poissons riches en oméga 3 - EPA et DHA (sardines,
maquereaux, hareng, saumon) et la consommation
d’aliments apportant de l’acide alpha-linolénique ALA (huiles de noix, de colza, margarines riches en
oméga 3, cresson, noix, graines de lin).
Les AGPI oméga 3 apportés par l’alimentation ont
une meilleure biodisponibilité que sous forme de
compléments alimentaires.
Que peut-on espérer comme effets
des oméga 3 en prévention secondaire
des infarctus du myocarde ?
se sont avérées négatives. Une des explications à
cette différence s’explique en partie par le fait que
dans les premières études d’intervention, le risque
absolu des patients était très élevé, probablement
deux fois plus élevé pour les complications cardiovasculaires et trois fois plus élevé pour la mortalité
subite que dans les groupes proposés dans les
études randomisées. A cela s’ajoute le fait qu’au sein
de ces études randomisées, les patients étaient traités de façon beaucoup plus proche du traitement
optimal actuel avec un taux de prescription de bêtabloquants, d’inhibiteurs de l’enzyme de conversion
et de statines très important.
Cela n’empêche pas de constater que plusieurs
pistes extrêmement intéressantes se dégagent des
études les plus récentes et on peut citer ici un certain
nombre d’entre elles. Dans l’étude Alpha Oméga,
chez des patients en post-infarctus, les résultats
obtenus chez les diabétiques semblent indiscutablement aussi bons voire meilleurs que dans les études
d’intervention plus anciennes. Dans un travail « post
hoc » de la même étude, l’addition d’EPA et de DHA,
d’ALA ou les deux, a montré un effet favorable sur
les évènements cardio-vasculaires mais uniquement
chez les patients chez lesquels les statines n’étaient
pas utilisées.
Un autre effet positif semble se dégager de l’étude
GISSI P (insuffisance cardiaque) dans laquelle le
temps de survenue d’une maladie cardio-vasculaire
ou le temps de survenue d’un décès aurait tendance
à être diminué par la prescription d’oméga 3.
Plus décevantes sont les études sur la prévention
des arythmies, qu’elles soient ventriculaires (incluant
la prévention de la mort subite), ou supraventriculaires
comme la fibrillation atriale, arythmies pour lesquelles aucun effet positif ne se dégage aujourd’hui.
Conclusion
Historiquement, il y a plus d’un demi-siècle que le
rapprochement a été évoqué entre la consommation d’oméga 3 et la protection contre la maladie coronaire (régime des esquimaux).
Les études de cohortes initiales ont du reste montré
qu’il existait une relation directe entre la consommation de poisson et la diminution du risque de
mortalité coronaire. Cela a été confirmé également
pour l’acide alpha-linolénique mais les résultats
apparaissaient hétérogènes. Plusieurs études d’intervention (DART[1], Lyon[2], GISSI P[3]) ont confirmé
ces données, c’est à dire un effet favorable sur les
évènements cardio-vasculaires, la mortalité totale et
la mort subite après un infarctus du myocarde.
Tous ces résultats ont été plus récemment battus en
brèche par les grandes études randomisées et
contrôlées, au sein desquelles on retiendra Alpha
Oméga (Eussen, 2010[4]), Omega (Rauch, 2010[5]),
SU.FOL.OM3 (Galan, 2010[6]) et dont les conclusions
Malgré l’optimisation du traitement des patients dans
le post-infarctus, qui a notablement changé leur
profil évolutif, les oméga 3 semblent encore pouvoir
contribuer à améliorer leur pronostic en terme de
morbidité et de mortalité chez certains patients spécifiques : les diabétiques, les insuffisants cardiaques
et les patients qui ne peuvent recevoir de statines.
Des études dédiées à ce type de patients, sont
toutefois nécessaires pour confirmer ces données
prometteuses.
[1] Burr ML et al, Lancet 1989 Sep 30 ; 2 (8666): 757-61
[2] de Logeril M. et al, Lancet 1994 Jun 11 ; 343 (8911): 1454-9
[3] GISSI-P investigators, Lancet 1999 Aug 7 ; 354 (9177): 447-55
[4] Eussen SR et al, Eur Heart J. 2012 Jul ; 33 (13): 1582-8
[5] Rauch B. et al. Circulation 2010 Nov 23 ; 122 (21): 2152-9
[6] Galan P. et al, BMJ 2010 Nov 29 ; 341: c6273
ACTUALITÉ
SCIENTIFIQUE
Intérêt des oméga 3 en prévention
secondaire du risque cardio-vasculaire
près un infarctus du myocarde, outre les médicaments et l’hygiène de vie, les conseils diététiques
ont toute leur place en prévention secondaire, pour éviter les récidives et améliorer l’espérance de
vie. Dans ce contexte, la consommation d’oméga 3 reste importante, comme l’objectivent plusieurs
études récentes.
A
2012
Une diminution de la survenue d’insuffisance cardiaque
M. Hara à montré dans une étude sur 712 sujets, que, si à la suite de l’hospitalisation, les patients
consomment régulièrement des acides gras polyinsaturés (AGPI) oméga 3 à longue chaîne (DHA et
EPA), ils ont un moindre risque d’événements cardio-vasculaires et notamment de survenue d’une
insuffisance cardiaque. Par contre, les faibles consommateurs ont un taux de survie moins élevé et
un risque de nouvelle hospitalisation majoré (RR 2,40, p = 0,0097).
Hara M, Sakata Y, Nakatani D, Suna S, Usami M, Matsumoto S, Hamasaki T, Doi Y, Nishino M, Sato H, Kitamura T, Nanto S, Hori M, Komuro I; for
the Osaka Acute Coronary Insufficiency Study (OACIS) Investigators. Low Levels of Serum n-3 Polyunsaturated Fatty Acids Are Associated
With Worse Heart Failure-Free Survival in Patients After Acute Myocardial Infarction. Circ J. 2012; 77 (1): 153-62
2013
Une réduction de la mortalité
CD. Poole (2013) a montré dans une étude de cohorte rétrospective sur 2 466 sujets, qu’un traitement
par des AGPI oméga 3 à la dose de 1 g/j pendant les 90 jours suivant l’infarctus du myocarde, provoque
une réduction significative de la mortalité, toutes causes confondues, chez le patient diabétique de
type II ou non diabétique. Le risque relatif (ajusté aux autres facteurs) est de 0,78 (p = 0,0159).
A noter que si ce traitement est institué avant le 14ème jour suivant l’évènement, le risque est encore
plus faible 0,68 (p = 0,0288).
Poole CD, Halcox JP, Jenkins-Jones S, Carr ES, Schifflers MG, Ray KK, Currie CJ. Omega-3 Fatty Acids and Mortality Outcome in Patients
With and Without Type 2 Diabetes After Myocardial Infarction: A Retrospective, Matched-Cohort Study. Clin Ther. 2013 Jan; 35 (1): 40-51.
2012
Un moindre risque de fibrillation auriculaire
C. Borghi a montré qu’en prévention de la mort subite, les oméga 3 diminuent le risque de survenue
de troubles du rythme cardiaque et tout particulièrement de fibrillation auriculaire.
Borghi C, Pareo I. Omega-3 in antiarrhythmic therapy: cons position. High Blood Press Cardiovasc Prev. 2012 Dec; 19 (4): 207-11
2011
Des conséquences post infarctus moins graves
N. Xie a publié une étude expérimentale portant sur des rats diabétiques qui subissaient 30 minutes
d’infarctus du myocarde, suivies de 4 à 6 heures de reperfusion. Chez les animaux qui recevaient
500 μg/kg/jour d’acide alpha-linolénique (ALA) durant 4 semaines avant l’infarctus, la taille de la nécrose était moindre et les taux d’enzymes (CPK et LDH) traduisant la nécrose étaient plus bas.
Xie N, ZhangW, Li J, LiangH, Zhou H, Duan W, Xu X, YU S, Zang H, YI D. Alpha-linolenic acid intake attenuates myocardial ischemia/reperfusion
injury through anti-inflammatory and anti-oxydative stress effets in diabetic but not normal rats. Arch Med Res. 2011 Apr; 42 (3): 171-81
Crédits photos : © fotolia
En quoi consiste la prévention secondaire
de ces complications ?

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