L`UMTS, le futur joyau des joyaux de la téléphonie mobile

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L`UMTS, le futur joyau des joyaux de la téléphonie mobile
TECHNOLOGIE
L'UMTS, le futur joyau des joyaux de la téléphonie mobile
Un milliard de personnes disposeront d'un téléphone portable en 2004. Un tiers
d'entre elles l'utilisera pour se connecter à Internet. Les technologies de migration
se bousculent. En France, le futur du GSM porte dès maintenant un nom :
UMTS.
Internet dans la poche, c'est presque pour aujourd'hui. Tous les acteurs de la téléphonie mobile se
bousculent pour entrer dans la danse. L'enjeu est de taille. Avant 2004, il y aura plus de 1 milliard
d'abonnés dans le monde, et 400 millions d'entre eux se connecteront à Internet via leurs
portables, affirme Kurt Hellstrom, président d'Ericsson. Pour le cabinet britannique OVUM, en
2010, 63% des utilisateurs de mobiles dans le monde seront abonnés à un service de troisième
génération (3G) mariant la téléphonie à une kyrielle d'applications : accès rapide à Internet, jeux,
vidéoconférence mobile, commerce électronique, fichiers MP3, etc.
Ce marché est estimé pour cette année à près de 550 milliards de dollars, soit 66% des revenus liés
à la téléphonie mobile. Le reste du marché étant généré par la voix. La même année, la seule activité
du transport de données sur les réseaux cellulaires atteindra 110 milliards de dollars, selon le cabinet
ANALYSYS.
Sans attendre, opérateurs et industriels se sont déjà lancés dans la course. Baptisée IMT-2000 par
l'organisme international UIT, la norme 3G est plus connue en Europe sous l'appellation UMTS.
Plus rapide que l'actuel GSM, limité à 9,6 Kbit/s, elle devrait faire ses premières apparitions
européennes d'ici à 2002, pour les plus optimistes. Pas avant 2005-2006, estime de son côté le
cabinet britannique OVUM. Ce dernier affirme que la complexité technique, les contraintes
réglementaires (voir ci-dessous) et financières freineront l'arrivée de cette troisième génération. Alors
que les opérateurs ont tout juste amorti leurs systèmes 2G actuels (un réseau GSM a nécessité de
30 à 40 milliards de francs en moyenne), UMTS impose un redéploiement complet des
infrastructures, 250 milliards d'euros au total, selon FORRESTER RESEARCH. VODAFONE prévoit de
dépenser 4,6 milliards d'euros, qu'il devra ajouter au 1,6 milliard - au minimum - pour la licence,
sans compter les dépenses liées au marketing.
En outre, la demande en terminaux et réseaux 3G sera influencée par des facteurs que ne
contrôleront pas forcément les opérateurs, estime Dan Gardiner, analyste chez OVUM.
Redessiner le contenu Internet pour le mobile ne suffit pas. Il faut personnaliser les services,
développer des portails spécifiques à ce secteur, précise-t-il. Un contexte particulier auquel il faut
ajouter les querelles technologiques. En effet, si l'Europe est demeurée assez homogène autour du
GSM avec aujourd'hui près de 150 millions d'abonnés (280 millions dans le monde), la perspective
d'une nouvelle norme rebat les cartes. Si bien qu'une série de standards intermédiaires risquent de
coexister : GPRS, HSCSD ou EDGE.
Compatibilité avec GSM assurée
Le premier, dont les investissements ne devraient pas dépasser quelques centaines de millions de
francs, tient la corde. Outre de nouveaux terminaux pour les usagers (plutôt en entreprise), GPRS ne
requiert qu'une mise à jour logicielle pour la partie radio et l'ajout de routeurs pour la partie Internet.
GPRS sera la pierre angulaire de la stratégie Internet mobile en Europe dans les 12-24 mois à
venir, confirme Dan Gardiner.
Pour les plus optimistes, les premiers noyaux GPRS devraient en effet apparaître avant fin 2000.
Les abonnés disposeront alors d'une vitesse de transmission de 14,4 Kbit/s, mais qui grimpera
rapidement à plus de 40 Kbit/s. La norme prévoyant à terme 115 Kbit/s. L'atout du GPRS pourrait
aussi reposer sur sa facturation au volume de données transférées et non pas à la durée de
communication comme pour le GSM.
Les deux autres (HSCSD et EDGE) sont donc aussi envisagés avant le passage à UMTS. Le
premier est moins cher et plus rapide à déployer que GPRS, mais se révèle trop gourmand en
ressources radio et mal adapté au monde du multimédia et de l'Internet. Plus évolué, EDGE
s'intercale entre le GPRS et l'UMTS. Ce standard peut transmettre des données à une vitesse de
384 Kbit/s, mais uniquement dans le cas d'un utilisateur mobile... immobile.
Quant à UMTS, le futur standard 3G est considéré par les spécialistes comme le joyau des joyaux.
Cette technique de transmission constitue un saut technologique majeur tant pour la partie radio que
pour le cœur du réseau. Les premiers îlots UMTS apparaîtront à partir de 2002 dans certaines
zones. La compatibilité avec le GSM et le GPRS sera bien sûr assurée. Un utilisateur mobile
STATIONNAIRE pourra disposer de 2 Mbit/s. Mais s'il se déplace, il se contentera de 384 Kbit/s,
mais avec une qualité de transmission vocale proche de celle des réseaux fixes. Les différentes
normes vont sans doute coexister. Du fait de son coût de déploiement, UMTS devrait être plutôt
exploité par une clientèle aisée dans des zones très ciblées.
Quant au GPRS, il sera développé dans les grandes métropoles. Le GSM se contentant du reste.
Quant aux téléphones, les constructeurs devront aussi faire de gros efforts de conception pour
pallier les besoins d'autonomie et les phénomènes de surchauffe qui ne manqueront pas de se poser
à de tels débits.
Marché européen et mondial des infrastructures et des
terminaux
(En millions de dollars)
1998
1999
2000
2003
2008
Évolution du marché des infrastructures mobiles dans le monde
Amérique du Nord
6.670
7.270
6.947
7.624
7.032
Asie-Pacifique
11.095 11.290 14.446 17.957 19.652
Europe de l'Ouest
8.081
9.057
8.124
9.498
9.935
Reste du monde
4.304
5.068
5.002
4.933
6.471
Total monde
30.150 32.686 34.519 40.013 43.090
Évolution du marché des terminaux mobiles dans le monde
Amérique du Nord
8.726
9.204
11.946 12.921 15.423
Asie Pacifique
12.872 15.114 14.951 18.502 18.281
Europe de l'Ouest
16.452 22.700 25.955 20.520 21.388
Reste du monde
Total monde
4.427
5.923
42.478 52.942
6.527
8.575
59.379 60.518
(Source : I DATE - Les marchés mondiaux des équipements de télécommunications - Édition 2000.)
© Martin CRAU, Les Echos – Avril 2000
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