Hommage à Léo Malet : Nestor Burma, détective de choc

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Hommage à Léo Malet : Nestor Burma, détective de choc
Nestor Burma, détective de choc
Fiche technique et artistique
1982 Réal. Jean-Luc Miesch Sc. Pierre Fabre, Boris Bergman, Jean-Luc Miesch, d’après le roman M’as-tu vu en
cadavre ? Prod. France 3 Cinéma, Zénith Productions Prod. dél. Yves Gasser Prod. exéc. Daniel Messère Dir.
prod. Hughes Nonn Mus. Alain Bashung, Borsi Bergman Dir. phot. Jean-Claude Rivière Son Laurent Quaglio
Chrorégr. Hughes de Rosière Dir. art. Hughes Khayat Déc. Christian Vallerin Ass. réal. Sébastien Grall Mont.
Jacques Comets Sortie 14 avril 1982.
Int. Michel Serrault (Nestor Burma), Jane Birkin (Hélène Chatelain), Guy Marchand (Marc Covet), Alain
Bashung (Bo Craddock), Pierre Arditi (Lecuyer), Christian Bouillette (Gauri), Elisabeth Bourgine (Gin),
Florence Giorgetti (Madeleine Souldre), Corinne Marchand (Clara Nox), Patrick Poivey (Le road), Gérald
Robard (Le fan), Michel Robin (Florimont Faroux), Odile Schmitt (La droguée), Jean-Pierre Kalfon (Delpierre),
Jean-Pierre Sentier (L’homme au couteau dans le dos), Boris Bergman (le tueur vitamine), Jean Cherlian (le
commerçant), Guillemette Grobon (La réceptionniste), Dany Jacobs (Une jeune fille nue), Brigitte Lahaie (jeune
femme à la soirée), Léo Malet (le vendeur de journaux), Jean-Luc Miesch, Anne-Marie Pisani.
Résumé
Madeleine Souldre, productrice du chanteur Bo Craddock, engage le détective privé Nestor Burma pour enquêter
sur le suicide mystérieux de la petite amie de la vedette. Il charge la belle Hélène, sa nouvelle assistante,
d’infiltrer le fan-club de Craddock. Mais alors que Burma commence à étudier de près les relations du chanteur,
il est engagé par Delpierre à qui l’on a volé une grosse somme d’argent. Il apparaît très vite que les deux affaires
sont liées. Grâce aux confidences de Gin, une groupie du chanteur, Burma découvre que le suicide sur lequel il
enquête est en fait un assassinat, et que la somme d’argent qu’il doit récupérer n’est que la contrepartie d’un
énorme trafic de drogue que Delpierre, en cheville avec Bo Craddock, organise sous couvert de tournées à
l’étranger. Mais Gin en a trop dit : le manager de Bo Craddock l’enlève pour lui faire avouer où se trouve
l’argent, que Burma a déjà récupéré. Hélène et Burma retrouvent Gin mais ils ont été devancés par les hommes
de Delpierre, qui ont fait disparaître les preuves du trafic. Burma prévient la police qui arrête les responsables,
puis s’en va rendre compte de sa mission accomplie à Madeleine Souldre. Mais cette dernière a été tuée par une
ancienne maîtresse de Bo, jalouse d’avoir été évincée. La meurtrière se suicide au moment où Nestor la retrouve.
Entretien avec Léo Malet
« (…) Celui-là me déplait tellement que je n’ai pas filé un rond dans le commerce. Je n’ai vu que des projections
privées (…). Ce que je reproche à Jean-Luc Miesch, c’est qu’il a dénaturé mon personnage qui n’est pas un
clown. C’est un type, je ne dirais pas sérieux, mais qui s’occupe sérieusement de choses sérieuses avec des
pointes d’humour ou sarcastique plutôt. Ce n’est pas ce qu’ils ont fait dans le film où ils nous montrent un
clown. Ils ont complètement dénaturé mon personnage et ça m’emmerde parce qu’il y a quarante ans que je vis
avec lui, qu’il y a beaucoup de moi dans ce personnage, et moi je ne suis pas un clown, voilà ! (…). Ce qui sauve
le film, c’est la prestation de Michel Serrault. »
(« A la découverte de Léo Malet : interview réalisé par Magali Raynal et Daniel Tardy le 27 avril 1982, Scènes
et coulisses, n° 7 juin 1982, pages 10-13)
Hommage à Léo Malet - un parcours découverte CNC-AFF en ligne sur www.cnc-aff.fr
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Revue de presse
« Pour son premier film, Jean-Luc Miesch a voulu faire une pochade acide qui adapte l’univers de Léo Malet en
lui infligeant un voyage au bout de la punkitude. La mort d’une groupie dans le milieu du show-business aurait
pu donner lieu à quelques scènes de modernité dont le cinéma français, si mûr dans ses hommes et ses thèmes,
n’est guère prodigue. Hélas cette qualité de dérision, proche des polars parus chez Fayard et des nouveaux
mensuels, se perd vite dans les sables, et le monologue du génial Michel Serrault devient ici un long radotage. Le
ton désinvolte, plus que tout autre, ne souffre pas l’insuffisance de l’artiste. Ce qui manque à Nestor Burma,
c’est un regard, un point de vue, pour tenir le pari de la sophistication »
(Jacques Fieschi, Cinématographe n°77, avril 1982, p. 48).
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« Ecartons tout de suite les plaintes de ceux qui cherchent la transposition fidèle des romans de Léo Malet. Pour
nous, roman et film seront toujours différents, même adaptés l’un de l’autre. Au-delà des problèmes de
vraisemblance, il faut examiner les qualités du film : celui-ci repose en fait sur la prestation d’un acteur, Michel
Serrault, qui fait quelques numéros réussis. Le réalisateur a sans doute pensé que c’était suffisant et il a bâclé
tout le reste »
(Pierre Borker, Cinéma 82, juin 1982, p. 105).
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« Nestor Burma était moins un individu qu’un « type », qu’un condensé de mythologies précisément codifiées.
Les illustrateurs les mieux intentionnés mettent avec régularité à côté de la plaque à vouloir l’ancrer dans des
effets de réalité. Et cela va de mal en pis : avec l’essai non transformé de Jean-Luc Miesch, on peut assister au
plus extravagant numéro de cabotinage d’un Michel Serrault livré à lui-même qui semble improviser tout à la
fois son texte et ses déguisements. Sans doute existe-t-il sous une recherche effrénée du bizarre et de l’incongru
quelque secrète volonté de dérision. Elle ne m’apparaît déboucher que sur un burlesque avorté. Les amateurs se
consoleront en relisant le bon Léo ; les néophytes en le découvrant »
(Jacques Zimmer, Revue du cinéma / Image et son n°372, mai 1982, p. 53).
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« Jean-Luc Miesch a voulu traiter Léo Malet à peu près comme Altman avait traité Chandler. La première scène
du film, où Serrault se réveille avec la gueule de bois et débute de cérémonieux borborygmes à l’intention de son
chat, est même un hommage direct à The Long Goodbye (Le Privé). L’actualisation, toutefois, aboutit au résultat
opposé. Dans la Californie des années 70, le Marlowe d’Elliot Gould apparaissait déphasé, toujours en porte-àfaux. Au contraire, avec sa parka, ses gadgets, ses plaisanteries codées, le Burma de Michel Serrault cultive avec
bonheur un « look » parfaitement branché (…). La faiblesse de cette première œuvre tient plutôt à ce que
l’humour absurde du début – excellent – ne tient pas la distance et que rien ne vient le relayer. De sorte qu’après
un quart d’heure de surprise et d’amusement, on en en vient à s’ennuyer un peu et, à mesure que le récit devient
onirique, à se demander qui a commis le crime et pourquoi »
(Emmanuel Carrère, Positif n°257-258, juillet-août 1982, p. 121).
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