Prévention des risques liés à l`eau Risque légionelle
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Prévention des risques liés à l`eau Risque légionelle
Prévention des risques liés à l’eau Risque légionelle © Nathalie OSINSKI - 2014 Nathalie OSINSKI Gestion des risques infectieux et hygiène hospitalière [email protected] L’eau dans les établissements de santé Définitions et usages de l’eau © Nathalie OSINSKI - 2014 L’eau à l’hôpital Quelques chiffres 800 litres / lit sont consommés à l’hôpital chaque jour Quelques définitions : eau dans les établissements de santé Eau froide non traitée o o o Eau froide traitée o o o o Usage alimentaire Usage sanitaire Soins standard Bactériologiquement maîtrisée Hémodialyse conventionnelle Hémofiltration Eaux techniques Eau pour piscine de rééducation et bains à remous Eau purifiée et hautement purifiée Eau stérile o o o Usage alimentaire (boisson, préparation nutrition) Soins (irrigation) Préparation injectable © Nathalie OSINSKI - 2014 3 Catégories et usages de l’eau © Nathalie OSINSKI - 2014 4 Paramètres microbiologiques de l’eau : niveau cible UFC = unité formant colonie (unité de mesure des bactéries) Niveau cible = niveau vers lequel l’établissement doit tendre dans des conditions normales de fonctionnement Niveau d’alerte = niveau établi par l’utilisateur qui doit entraîner une vérification des résultats et la mise en œuvre de 1ères mesures correctives Niveau d’action = niveau qui doit immédiatement déclencher la mise en œuvre de mesures correctives permettant de revenir rapidement sous le niveau d’alerte et de tendre vers le niveau cible © Nathalie OSINSKI - 2014 5 Réglementation L’eau dans les établissements de santé © Nathalie OSINSKI - 2014 Référentiels Réglementation dense et rapidement évolutive Code de la Santé Publique Pharmacopée européenne Surveillance des légionelles dans les installations de production, de stockage et de distribution d’ECS (texte SASP 1002960A du 1er février 2010) Circulaires Eaux à usage de soins Arrêté Eaux potables (art L.1311-1 à L.1321-10) Eaux destinées à la consommation humaine (art R.1321-1 à R.1321-68) Prévention du risque lié au légionelles dans les établissements de santé (n°243 du 22 avril 2002) Diffusion du guide d’investigation et d’aide à la gestion d’un ou plusieurs cas de légionelloses (n°323 du11 juillet 2005) Normes européennes Qualités de l’eau et dénombrement des micro organismes (7 normes) © Nathalie OSINSKI - 2014 7 Risques liés à l’eau dans les établissements de santé Prévention et maîtrise des risques hydriques © Nathalie OSINSKI - 2014 Les contaminants microbiens de l’eau 1/2 Pseudomonas aeruginosa Bactérie présente o Se développe avec peu de nutriments Croissance entre 4° et 43°C (température optimale = 42°C) Pathogène o o Opportuniste chez des patients fragilisés (exemple : infections cutanées) Nosocomial (infection site opératoire, respiratoires, osseuses, méninges, etc.) Germe témoin de la contamination environnementale dans les eaux o Eau douce, sols, végétaux, eau d’alimentation À usage alimentaire, de soins, de piscine de rééducation, des bains à remous Legionella pneumophila Bactérie présente o Eau, sols humides, eau d’alimentation Croissance entre 20° et 43°C Croissance favorisée par le tartre, la présence de fer, les sédiments, les algues, les amibes, etc. Pathogène opportuniste pour les patients fragilisés (pneumopathie) Germe témoin de la contamination environnementale dans l’eau Chaude (douche), les bains à remous, les TAR humide, les brumisateurs © Nathalie OSINSKI - o2014 9 Les contaminants microbiens de l’eau 2/2 Aeromonas hydrophila Bactérie présente o Colonisation des réseaux d’eau o Favorisée par la présence de bactéries coliformes (tube digestif) Pathogène opportuniste pour les patients fragilisés (infections de plaies) Germe témoin de la contamination environnementale o Eau douce, sols, aliments consommés crus Eau à usage alimentaire et sanitaire Mycobactérie atypique (exemple = Xenopi) Bactérie naturellement présente dans o Environnement aquatique naturel (rivières, etc.), eau d’alimentation, piscine Croissance jusqu’à 45°C Résistance importante aux désinfections chlorées Pathogène opportuniste pour les patients fragilisés (affections pulmonaires, cutanées, ostéo-articulaires ou généralisées) © Nathalie OSINSKI - 2014 10 Adhésion d’une bactérie à un support : le biofilm Définition Ensemble de cellules microbiennes (uniques ou en colonies) Adhérant à la surface d’un matériau (canalisation, embouts de robinets, pomme de douche, clapets, cartouche filtrante) par la sécrétion de o o Substance adhérente (adhésine) Substances organiques (fibre saccharidique, lipide, protéine) Associées à des matières non organiques présentes (dépôts minéraux, de corrosion) Biofilm au microscope électronique © Nathalie OSINSKI - 2014 11 Mécanisme de formation du biofilm Détachement de MO présents en surface du support Par érosion Par arrachage avec transfert des MO présents dans l’eau Adhérence des MO circulants dans l’eau © Nathalie OSINSKI - 2014 12 Le biofilm Facteurs favorisants Charge organique de l’eau o o o o Sédiments, bactéries, etc. Nature • Métallique • Matériau de synthèse (polypropylène, PVC) • Souples (silicone, caoutchouc) État des matériaux Âge des canalisations Stagnation Non utilisation Température comprise entre 25° et 50°C État du réseau d’eau o o Circulation de l’eau o o o o o o Dimensionnement du réseau Suppression des points d’eau inutiles Dimensionnement du réseau d’eau adapté à l’utilisation Maîtrise de la température de l’eau o Faible circulation de l’eau o Facteurs limitants Matériau utilisé o L’eau froide et l’eau chaude ne doivent jamais se mélanger À la production Dans le réseau Au point d’usage Choix des matériaux Traitement de l’eau Entartrage Corrosion © Nathalie OSINSKI - 2014 13 Objectifs de la maîtrise des risques liés à l’eau Éviter la contamination de l’eau introduite dans les établissements de santé Surveillance des caractéristiques microbiologiques o o Surveillance des caractéristiques physico-chimiques o Corrosivité, température, pH, turbidité, potabilité Éviter les conditions favorables à la multiplication des micro-organismes Recherche de la flore aérobie revivifiable à 22°C Recherche de la flore aérobie revivifiable à 36°C Stagnation de l’eau (chaque point d’eau doit couler 5 minutes chaque jour) Tartre Température de l’eau Entretien des réseaux d’eau Éviter l’exposition des patients vulnérables à une eau contaminée Contrôles périodiques à organiser Prévention par l’utilisation d’une eau adaptée au patient Interdiction temporaire © Nathalie OSINSKI - 2014 14 Actions préventives : les maintenances Maintien de la qualité de l’eau Détection des fuites sur les canalisations Prévention de la corrosion, de l’entartrage Prévention de la stagnation de l’eau dans le réseau (purges) et les réservoirs (vidange des ballons) Entretien du réseau o o Désinfection à visée préventive (différents procédés) Entretien des réservoirs (ballons) Contrôle de potabilité et microbiologiques périodiques Maintien des installations d’eau chaude Circulaires de 2002 et 2005 (légionelles) Température o o o Contrôle au niveau du point de production (55°c à 60°C) Contrôle des points du réseau (50°C en tout point) Contrôle au point de puisage (50°C maximum) Lutte contre l’entartrage des réservoirs et des points d’usage Lutte contre la stagnation o o o Vidange hebdomadaire des ballons ou suppression des ballons Contrôle des vannes, clapets, mitigeurs Purge des points d’eau peu utilisés © Nathalie OSINSKI - 2014 15 Actions curatives : les réparations Remplacements périodiques systématiques Équipements o Pièces détachées o Vannes, clapets, mitigeurs, etc. Brises jets, flexible de douchette, joints, etc. Remplacement des équipements usagers Traitement du réseau à visée curative (exemples) Composés chlorés Peroxyde d’hydrogène Acide peracétique Soude Choc thermique o o Éliminer les micro organismes en suspension Diminuer fortement le nombre de micro organismes dans le biofilm © Nathalie OSINSKI - 2014 16 Eau : situations critiques Point d’eau inutilisé Niche microbienne Avant Après Système de pré-filtration inefficace : Matières organiques, sédiments, etc. Douche transformée en zone de stockage © Nathalie OSINSKI - 2014 17 Eau : situations critiques Tartre Corrosion Tartre à l’intérieur d’une canalisation Tartre sur brise-jet Tartre sur pommeau de douche © Nathalie OSINSKI - 2014 18 Sécurisation des points d’eau à l’hôpital Système de micro filtration installé au point d’usage Obtention d’une eau bactériologiquement maîtrisée Usage unique (ou réutilisable = rare) Filtration « tous germes » Filtration « anti légionelle » Présente une qualité supérieure à celle du réseau de distribution Destinée à la sécurisation Permanente o o Points d’eau des patients immunodéprimés Rinçage terminal des endoscopes Temporaire o Filtre tous germes Résultats bactériologiques non satisfaisants (flore totale importante, présence de pseudomonas aeruginosa) Gestion et suivi des filtres Traçabilité (date de mise en service, heure) Ne pas toucher le raccord, la membrane du filtre (zone écoulement de l’eau) Respecter la date limite d’utilisation © Nathalie OSINSKI - 2014 Douchette anti légionelle (douche) 19 Légionellose Définition – diagnostic – traitement Legionella pneumophila au microscope © Nathalie OSINSKI - 2014 Un peu d’histoire Congrès de l’American Legion à Philadelphie Atteinte respiratoire sévère pour 182 participants Découverte de la même bactérie dans les poumons de 4 participants décédés et dans le système de climatisation de l’hôtel Identification du germe en cause Pneumonie 30 décès (mortalité de 15,9%) Enquête épidémiologique menée par le CDC Juillet 1976 4400 participants Hébergements dans le même hôtel Bacille Gram négatif Famille des Legionellaceae 1 seule espèce retrouvée pour cette épidémie = Legionella pneumophila Maladie à déclaration obligatoire (signalement externe) CCLIN, ARS © Nathalie OSINSKI - 2014 21 Définition d’un cas de légionellose Cas nosocomial de légionellose à l’hôpital Cas certain o Cas probable o Patient qui a séjourné dans l’établissement au moins 1 jours pendant les 8 jours précédant l’apparition des signes cliniques Cas groupés de légionellose Au moins 2 cas, survenus dans un intervalle de temps inférieur à6 mois chez des personnes ayant fréquenté un même lieu d’exposition o Patient qui a séjourné dans l’établissement pendant les 10 jours avant le début des signes cliniques Si l’intervalle de temps entre les cas est > 6 mois, on parle de cas liés Cas de pneumonie à Légionelle Cas confirmé o o o o Signes cliniques et/ou radiologiques évocateurs Soit culture positive (ou immunofluorescence directe positive) Soit antigénurie positive Soit multiplication par 4 du taux d’anticorps Cas probable : taux élevé d’anticorps © Nathalie OSINSKI - 2014 22 Particularités de la Legionella pneumophila Plusieurs espèces bactériennes L pneumophila identifiée dans 98% des légionellose L pneumophila serogroupe1 identifiée dans 85 à 90% des cas Mode de contamination Contamination par voie aérienne o Contamination par ingestion o o Fausses-routes alimentaires Maladie non contagieuse o Inhalation de gouttelettes d’eau contenant la bactérie en suspension dans l’air (douche, brumisateur, balnéothérapie, installation de tours aéroréfrigérantes) Pas de transmission inter humaine Pas de transmission manuportée Aucune mesure d’isolement à prévoir pour le patient atteint Formes de la maladie Forme bénigne = fièvre de Pontiac o Syndrome grippal qui guérit spontanément en 2 à 5 jours Forme grave = légionellose o Pneumopathie aiguë qui peut entraîner le décès dans 15% des cas © Nathalie OSINSKI - 2014 23 Facteurs de risques Facteurs de risques individuels Homme Plus de 50 ans Tabagisme Alcoolisme Maladies cardio-pulmonaire chronique Insuffisance rénale chronique Diabète Personnes immunodéprimées (transplantés, cancers, traitement immunodépresseur) Présence de tartre (pommeau de douche, robinet) Facteurs de risques collectifs Séjours dans un lieu où les réseaux d’eau sont collectifs o Hôpital, stations thermales, hôtels, campings, etc. Proximité de tours aéroréfrigérantes o Système de refroidissement des locaux collectifs (bureaux, hôpitaux, etc.) © Nathalie OSINSKI - 2014 24 Diagnostic Diagnostic évocateur si Séjours dans une station thermale, un hôpital, un hôtel Exposition à de l’eau en aérosol o Signes cliniques évocateurs o o Pneumopathie sévère, début brutal avec signes extra-thoraciques associés (digestifs, neurologiques) Signes biologiques évocateurs o Spa, bains à remous, hammam, piscine, centre aquatique, etc. Fonction hépatique altérée Fonction rénale altérée Échec d’un traitement antibiotique actif que le pneumocoque Patient présentant un terrain favorisant (diapositive n°24) Confirmation du diagnostic Recherche de l’antigène soluble urinaire o o Culture de prélèvements respiratoires (lavage broncho-alvéolaire) o Test rapide (moins d’1 heure), très sensible (80% des urines analysées sont + pour les patients atteints de légionellose) Positif dès le début de la maladie (2 jours après l’apparition des signes cliniques) Milieux spécifiques, croissance lente (3 à 10 jours) Autres méthodes = sérologie, immunofluorescence directe © Nathalie OSINSKI - 2014 25 Conduite à tenir en cas de légionellose 1/2 Situations rencontrées Découverte d’un patient porteur d’une légionellose en cours d’hospitalisation Découverte de legionella pneumophila dans un prélèvement de contrôle de l’eau (chambre, douche de service) Actions correctives immédiates Mettre en « quarantaine » la chambre ou la douche jusqu’à la mise en œuvre des actions correctives o o Assurer la maintenance des points d’eau de l’unité o o Changer le patient de chambre Condamner l’utilisation de la douche Détartrage ou remplacement des brise-jets Détartrage ou remplacement des pommeaux de douche Sécuriser les points d’eau de l’unité avec des filtres anti légionelles (robinets, douches) © Nathalie OSINSKI - 2014 26 Conduite à tenir en cas de légionellose 2/2 Actions complémentaires après actions correctives Vérifier la purge des points d’eau peu utilisés o Prélèvements bactériologiques par le laboratoire o o Tous les points d’eau de la chambre Points d’eau représentatifs sur le réseau d’eau du bâtiment Surveiller tous les patients hospitalisés et exposés au même risque o Traçabilité quotidienne Apparition de signes cliniques de légionellose Recenser les points d’eau inutilisés (services techniques) © Nathalie OSINSKI - 2014 27 Glossaire et définitions ARS = agence régionale de santé CCLIN = centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales CDC d’Atlanta = center for disease and prevention (centre pour le contrôle et la prévention des maladies d’Atlanta) DGS = direction générale de la santé DHOS = direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins DM = dispositif médical ECS = eau chaude sanitaire MO = micro-organisme TAR = tour aéroréfrigérante UFC = unité formant colonie Il s'agit de l'unité permettant de dénombrer les bactéries vivantes (1 UFC correspond à une colonie soit environ 1 million de bactéries) © Nathalie OSINSKI - 2014 28 Références © Nathalie OSINSKI - 2014 L’eau dans les établissement de santé : guide technique, DGS/ DHOS,2005 Eaux des établissements de santé : qualité de l’eau des réseaux intérieurs et aux points d’usage, groupe eau-santé, DHOS, 3ème version, 2005 Les catégories d’eau dans les établissements de santé : typologie, traitements complémentaires, référentiels, CCLIN Sud Est, 2006 29 Internet Société française d’hygiène hospitalière www.sf2h.net Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales Inter région Paris Nord : www.cclinparisnord.org Est : www.cclin-est.org Ouest : www.cclinouest.com Sud-Ouest : www.cclin-sudouest.com Sud Est : www.cclin-sudest.chu-lyon.fr Nosobase Site national d'information et de documentation réalisé par les 5 CCLIN pour la gestion du risque infectieux http://nosobase.chu-lyon.fr © Nathalie OSINSKI - 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