prise en charge des addictions et groupe de therapie

Transcription

prise en charge des addictions et groupe de therapie
Université de Provence-Aix-Marseille 1
UFR de psychologie et science de l'éducation
Sofia ZIANI
Mémoire de Recherche Master 2 de psychologie sociale de la santé
PRISE EN CHARGE DES ADDICTIONS ET
GROUPE DE THERAPIE COMMUNAUTAIRE
Évaluation psychosociale et préconisations pour l'unité de liaison et de soin en
addictologie de l’Hôpital Nord
Sous la direction de Lionel Dany
Année Universitaire 2009/2010
1
Remerciements
Je tiens en premier lieu à remercier mon directeur de mémoire, Lionel Dany,
pour les conseils et la disponibilité qu'il m'a apporté durant la réalisation de ce
mémoire.
Je tiens à exprimer mes profonds remerciements à Nicole Hugon Médecin chef
de la clinique St Barnabé pour sa gentillesse, son accueil chaleureux et sa
coopération tout au long de ce travail.
Je remercie les professionnels et les patients qui ont bien voulu participer à
cette étude.
Je remercie l'ensemble de la promotion 2010/2011
Enfin je remercie mes amies, Aline, Amélie et Julie pour m'avoir aidé et
soutenue tout au long de ce travail.
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INTRODUCTION
I/ CONTEXTE DE L'ETUDE........................................................................................................p 3
1/ Les addictions
1.1/ Définition
1.2/ Contexte psychosocial des addictions
2/ La prise en charge des addictions..............................................................................................p 5
2.1/ L'offre de soin en addictologie
2.2/ Le groupe comme support social
2.3 /Les alternatives de la prise en charge dans le champ des addictions.
2.3.1/ Émergence des groupes d'entraide et d'intérêt
2.3.2/ Les groupes d’intérêt
2.3.3/ Les groupes d'entraide
2.3.3/ Approche communautaire
3/Approche communautaire............................................................................................................10
3.1/ La santé communautaire
3.2/ La thérapie communautaire
3.2.1/ Histoire et contexte de développement de la thérapie communautaire au Brésil
3.2.2/ Principe de la thérapie communautaire
3.2.3/ Les ressources culturelles dans le groupe dans la thérapie communautaire
3.2.4/ Le concept d'empowerment dans la thérapie communautaire
3.2.5/ La population cible
3.2.6/ Extension de la thérapie communautaire en France
3.3/ Présentation de la thérapie communautaire auprès d'une population polydépendante au centre St
Barnabé : Le terrain d'étude
3.2.1/ Le Déroulement des groupes de thérapie communautaire
II/ CONCEPT DE L'ETUDE …...................................................................................................p17
1/ Les représentations sociales
1.1/ Travail de contextualisation et représentations sociales
3
III/ PROBLEMATIQUES ET OBJECTIFS …..........................................................................p19
IV/ METHODOLOGIE …...........................................................................................................p 21
1/ Le choix de la méthode
2/ Présentation de la population étudiée
4/ L'élaboration des guides d'entretien
4/ Passation des entretiens
5/ Phase d'analyse des résultats
5.1/ Analyse de contenu manuelle
5.2/ Analyse ALCESTE
V/ PRESENTATION DES RESULTATS.....................................................................................p 25
1/ Résultats de l’analyse ALCESTE ©
1.2/ Analyse ALCESTE issue du corpus des patients et des soignants
1/2 Analyse ALCESTE issue du corpus des patients
1/3 Analyse ALCESTE issue du corpus des soignants
2/ Résultats de l'analyse de contenu
VI/DISCUSSION ET PRECONISATIONS ...............................................................................p 43
Bibliographie
ANNEXES
4
INTRODUCTION
Les problèmes liés aux addictions constituent un problème majeur de santé publique. Tous
les milieux de la société sont concernés à divers degrés. Depuis de nombreuses années la prise en
charge des addictions s'est considérablement développée et des actions ont été menées selon des
approches diverses. La prise en considération par le milieu médical des addictions, l'apparition de
l'approche comportementale qui a décloisonné les pratiques de prise en charge par produit résultent
d'un changement fondamental dans la prise en charge des conduites addictives. Malgré cela il
semble persister encore des carences dans le système de prise en charge des conduites addictives.
L'addiction est une pathologie complexe qui engendre divers comportements de consommation
d''abus ou de dépendance impliquant de nombreuses conséquences qui peuvent se traduire
directement ou indirectement par l'exclusion, la précarité, la faiblesse des liens sociaux, la
stigmatisation... .
C'est ainsi que l'ensemble de ce contexte a favorisé l’émergence de mouvements antialcooliques au siècle dernier, avec la création de groupes de parole et de soutien, des groupes
d'auto-support pour les usagers de drogue et le développement des communautés thérapeutiques.
Récemment la thérapie communautaire venue du Brésil a fait son apparition en France en venant
s'implanter dans divers champs dont celui des addictions. Cette thérapie est très peu connue en
France mais commence tout de même à s'étendre dans diverses structures. Cette thérapie est un acte
thérapeutique de groupe qui met l'accent non pas sur la pathologie mais sur la stimulation à
construire des liens solidaires, promouvoir la santé, les réseaux de solidarité et l’intégration sociale.
Ainsi elle tente d'agir sur le contexte dans lequel vit l''usager.
C'est dans ce contexte que s'inscrit cette étude, en effet l'équipe de liaison de soin en
addictologie (ELSA) de l’Hôpital Nord souhaite renforcer la prise en charge de ces patients en
articulant le soin autour de séances hebdomadaires de groupe s'inspirant de la thérapie
communautaire. Le centre de soin de suite et de réadaptation St Bernard, en partenariat avec l'unité
d'addictologie, est la seule structure à Marseille qui a déjà expérimenté ces groupes et les mets en
pratique depuis 2008 auprès de personnes présentant des conduites de dépendance.
C'est donc sur ce dispositif de groupe qu'il nous à été demandé de mener cette étude afin de savoir
sous quelles conditions celui-ci peut être transposable dans une unité de soin et quels vont être les
éventuels apports psycho-sociaux.
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Pour répondre à cette demande nous inscrivons notre étude dans une approche psychosociale
en nous appuyant sur le concept des représentations sociales.
Dans un premier temps nous avons effectué une revue de la littérature sur les usagers de
substances addictives. Nous avons délimité l’étude par la description de l'offre de prise en charge
des conduites addictives. Ensuite notre étude suppose une description de la santé communautaire et
de la thérapie communautaire telle qu'elle est mise en place au Brésil et également la manière dont
elle est pratiquée en France dans le centre de soin et de réadaptation St Barnabé, qui constitue notre
terrain de recherche.
Dans un second temps nous présenterons la démarche de l'étude qui s’inscrit sur la base
d'une méthodologie qualitative auprès de deux acteurs principaux de la prise en charge : les usagers
et les professionnels.
Enfin nous analyserons les données et des préconisations seront établies sur la manière
d'inscrire ce dispositif groupal dans une unité de liaison en addictologie.
Dans cette étude nous considérerons les substances addictives comme l’ensemble des
produits psycho-actifs légaux ou illégaux. Les addictions sans produits ne seront pas abordées ici.
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I/ CONTEXTE DE L'ETUDE
1/ Les addictions
1.1/ Définition
Le terme addiction vient du latin « ad-dicere » au sens de « donner à » « d'attribuer à » quelqu'un
quelque chose. L'addiction désignait en droit romain ancien la contrainte par le corps de celui qui ne
pouvait pas s’acquitter de sa dette. il semble qu'une définition consensuelle est encore discutée de
nos jours. Si bien qu'aucune n'a été fixée par la communauté scientifique internationale.
A.Goodman en 1990 définit l'addiction comme « un processus par lequel un comportement,
pouvant permettre à la fois une production de plaisir et d’écarter ou d’atténuer une sensation de
malaise interne, est employé d’une façon caractérisée par l’impossibilité répétée de contrôler ce
comportement et sa poursuite en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. »
1.2/ Contexte psychosocial des addictions
S. Peele introduit la dépendance dans une réalité plus globale, il inclut les dimensions physiques,
psychologiques et personnelles à chaque individu en insistant sur les motivations relationnelles aux
substances ou aux activités dans un contexte social donné. Par ailleurs, il soutient que c'est la
société qui est le principal mécanisme de production des addictions (Peel & Léonis, 2001). Dans la
littérature de nombreux auteurs remettent en cause la société dans l'abus de substances addictives.
Morel (2007) indique que la société dans laquelle nous vivons est « addictogène » dans le sens où
celle-ci distord les liens et les attachements inter humains, influence les désirs et les rapports à la
consommation avec des objets de satisfactions afin de pallier aux difficultés que cette société
génère. « Nous vivons dans une société d’indépendance individuelle qui joue probablement un rôle
puissant dans l’avènement de la notion d’addiction : plus il y a une valorisation du sujet autonome
et sans dépendance, plus celui-ci recherche des substituts de liens sociaux et plus on
« pathologise » toutes les formes de dépendance. (Morel, 2007). En effet depuis les années 1970 les
crises se succèdent, le manque de travail qui constitue un des principaux vecteur de liens sociaux et
les contraintes que génère la société sont des conditions propices à l'usage et à l'abus de substances
afin de garder un certain équilibre psychosocial. (Suissa, 2007).
L'appauvrissement des liens sociaux se retrouve également dans les propos de R. Castel
(1994).Pour lui l'addiction investit tous les espaces de la vie de l'usager en restreignant son réseau
de sociabilité autour de la recherche du produit ce qui entraîne un désinvestissement des autres
espaces sociaux.
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Le processus de dépendance exerce une emprise sur la vie sociale qui peut transformer
profondément le rapport qu'entretient l'usager avec le monde. M. Reynaud (2005 ) indique que
l'indice de gravité de la conduite addictive est repérable dans la perte plus ou moins rapide des liens
sociaux naturels (famille, amis, activité professionnelle, communauté culturelle... ) dans la mesure
où le système relationnel est principalement accès sur la consommation de produits.
Par ailleurs les conduites addictives constituent un univers complexe, elles font l'objet de
représentations basées la plupart du temps sur des croyances négatives infondées et constituent un
terrain propice a la stigmatisation. Dans le cas des pratiques addictives le stigmate n'est pas visible
comme une origine ou une couleur de peau. Il tient d’une part dans les pratiques de l'usager,
désignées comme déviante et d’autre part sur l'image que l'usager a de lui-même qui dépend
fortement du regard que la société porte sur lui. Selon Goffman (1976) la stigmatisation n'est pas
sans conséquence sur l'identité sociale de l'individu, elle s'impose dans les interactions sociales qui
sont elles-mêmes mises en danger. L'image intériorisée peut entraîner une modification de l'identité
et dans certains cas se traduire par un appauvrissement des réseaux sociaux.
La rupture des liens sociaux paraît être un élément à interroger dans la relation qui unit insertion de
l'usager et pratiques addictives. Mais la limite est de réduire l'usage de substances addictives à un
problème de mal-être individuel suscité par des conditions socioculturelles peu favorables. En effet
l'usage de substances ne rime pas forcement avec rupture des liens sociaux. Mais il apparaît que ce
sont les personnes isolées qui demeurent plus que présentent au sein des structures de soin
spécialisées en addictologie. (Enquête du recueil commun sur les addictions et les prises en charge,
2005)
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2/ La prise en charge des addictions
2.1 L'offre de soin en addictologie
Les orientations nationales inscrites dans le plan de prise en charge et de prévention des addictions
2007-2011 ont tenté d’être une réponse globale au problème des addictions en intégrant tous les
aspects : sanitaires, médicaux et sociaux. Les premières priorités de ce plan étaient d’améliorer la
prise en charge des usagers dans les établissements de santé et dans les centres médicaux sociaux.
Cependant selon la Fédération Française d'addictologie (2011), le bilan de ce plan est mitigé car il
n'a donné que peu de moyens et objectifs nouveaux au dispositif médico-social, excepté la création
de quelques communautés thérapeutiques et l'encouragement de la création de schémas régionaux
en addictologie. Ainsi l'offre de soin en addictologie semble encore souffrir de carence.
A ce niveau on peut se questionner sur la prise en charge de ces usagers. Selon A. Morel,(1997) elle
se doit d'être pluridisciplinaire et devrait s'articuler autour des domaines sanitaires, psychologiques
et sociaux.
Il ne s'agit pas d'évoquer ici le dispositif de soin en addictologie dans sa complexité et sa diversité
mais de poser les repères les plus représentatifs concernant la prise en charge des addictions.
Le modèle le plus fréquemment utilisé reste celui de la « cure sevrage et psychothérapie » dans le
but de l'abstinence. Les données de la littérature montre que la prise en charge des addictions est
le sevrage. Il est essentiellement médical et permet l'évaluation du niveau de dépendance,
l'élaboration d'un projet de soin et la mise en place d'une prise en charge medico-psycho-sociale au
cours de l'hospitalisation. Il peut s'effectuer en ambulatoire dans un dispositif spécialisé de type
CSAPA ou au sein d'un établissement de soin hospitalier.
Dans le cas d'une « continuité des soins » (Hautefeuille, 1992) l'étape qui est proposée à l'usager est
la réadaptation dans un centre de soin de suite encore appelé « post cure ».Les objectifs de la
réadaptation sont de créer une rupture avec l'environnement devenu menaçant et de favoriser en
parallèle une vie en groupe afin que l'usager puisse confronter son expérience, sa propre histoire
avec celle des autres. Par ailleurs la réadaptation semble fixer les frontières entre les soins curatifs
et la réinsertion sociale, le but étant de rendre possible une anticipation sur la vie sociale et
professionnelle.
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De nombreux modèles de prise en charge psychologique existent, celles-ci peuvent se faire en
groupe ou en individuel. Les principaux modèles utilisés dans les addictions restent la
psychothérapie de soutien, d'inspiration analytique et la thérapie cognitive et comportementale.
2.2 Le groupe comme support social
Dans le champ des addictions les groupes se multiplient, les psychothérapies de groupe constituent
l'une des composantes de l'accompagnement de ces différentes phases de prise en charge. Il faut
remarquer que des groupes se développent hors du champ sanitaire. Les principaux modèles de
prise en charge de groupe utilisés dans les addictions restent la psychothérapie de soutien
d'inspiration analytique et la thérapie cognitive et comportementale. On peut se demander qu'est-ce
qui pousse ces institutions de soin a vouloir adopter les prise en charge de groupe ou encore ce qui
amène les usagers à se réunir hors du champs sanitaire ?
Etymologiquement le mot « groupe » vient de l’allemand « krop » qui signifie cordage, rouage,
lien. R. Muchielli (1995) donne une définition du groupe : « Un agrégat de personnes n’est un
groupe que si des liens de face à face se nouent entre les personnes, mettant de l’unité dans leur
« être là ensemble ». Le groupe est une réalité dans la mesure où il y a interaction entre les
personnes, une vie affective commune, et une participation de tous, même si cette existence
groupale n’est pas consciente et même si aucune organisation officielle ne l’exprime ». Dans la
dynamique de groupe il existence un climat socio-émotionnel, l'histoire de chaque usagers devient
commune parce qu'elle est issue d'une existence collective, d'un passé commun.
Ainsi le groupe constitue un espace privilégié de soutien où l'usager peut retrouver le contact et
l’échange avec d’autres personnes qui partagent le même problème, il offre un support social pour
l'usager. Celui-ci permet l'expression d'affects, d'affirmations et d'aides (Hinkle, Antonowsky).
Pour C Herzlich (1996) le support social « consiste en tout ce qui lui permet de se sentir exister par
rapport aux autres, d’être aimé et estimé et d'avoir un sentiment d'appartenance à un groupe ».
10
2.3 /Les alternatives de la prise en charge dans le champ des addictions.
2.3.1/ Émergence des groupes d'entraide et d'intérêt
Historiquement la mobilisation collective contre les fléaux sociaux tels que l'alcoolisme prend un
réel essor à partir des années 1970. Plusieurs groupes se structurent autour de deux orientations
majeures, la prise en charge autonome du mal qui va jusqu'à l'acquisition d'un savoir scientifique
conférant au malade, le statut d’auto-soignants 4 et l'élaboration d'une identité collective autour du
trait commun de la maladie.
2.3.2/ Les groupes d’intérêt
A partir des années 1970 des regroupements d'usagers sont marqués par le développement du
concept d'auto-support (self help). Ce type de groupe est contestataire et n'entre pas dans la
catégorie de groupe thérapeutique mais peuvent être qualifiés de groupes politiques, dont l'objectif
n'est plus la conformité des stigmatisés aux normes sociales, mais la transformation de ces normes,
de la logique et la lutte contre la stigmatisation. Ces collectifs marquent la fin de l’idéologie de
l'assimilation et de la réhabilitation des groupes stigmatisés.(Broqua & Routside, 2004).En France
l'apparition du SIDA et le contexte de réduction des risques a permis de faire émerger des groupes
auto-support des usagers de drogues tel que ASUD qui revendiquent leurs droits de citoyens usagers
de drogues illicites.
2.3.3/ Les groupes d'entraide
Les groupes d'entraide tels que les Alcooliques Anonymes et les Narcotiques Anonymes ont crée les
1935 aux eu. Ce type de groupe émerge en réaction aux carences du système institutionnel, perçu
par les malades comme bureaucratique, peu efficace et culpabilisant. Les Alcooliques Anonymes
mettent en place des groupes de parole et de soutien au cours desquels ils échangent leurs
expériences de ce qu'ils nomment la maladie alcoolique. Ils rassemblent des usagers sur la base de
valeurs communes. Ils fonctionnent comme des groupes de parole en empruntant au registre du
sensible et de l’émotionnel autour du récit de vie. Par ailleurs ces groupes proposent à ses membres
de devenir abstinent selon le principe de l'anonymat, pilier des douze étapes. L'anonymat est une
sorte de renaissance, la personne retrouve une identité qui était ébranlée, ces groupes sont une sorte
de « conversion identitaire ». (Orsel, 2001)
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Ce concept d'anonymat a été utilisé pour les autres groupes d'entraide tels que les Narcotiques
Anonymes comme pilier des douze étapes. M.Jauffret Routside (2010) rejoint le point de vue de C.
Orsel, en étudiant le groupe des Narcotiques Anonymes, elle indique que l'implication dans ces
groupes peut avoir des effets sur les représentations négatives, que les usagers se font d'euxmêmes et dont ils affirment avoir souffert, en intégrant une nouvelle identité.
Mais la particularité de ces groupes réside principalement dans le caractère spirituel. Le vocabulaire
religieux présent dans les douze étapes des A.A et des N.A tel que : puissance supérieur, Dieu,
prier (Orsel, 2001). Celui-ci fait qu'en France certains professionnels qualifient ce coté spirituel de
religieux et la question de la dérive sectaire s'est alors à plusieurs reprises posée (Jauffret-Routside,
2010). Ces programmes se sont construit autour d'un modèle anglo-saxon de tradition évangéliste et
se heurte en France à des barrières culturelles. R.Castel (1998) dénonce cet aspect sectaire et
indique que le groupe peut toutefois constituer une forme de cocon excluant les usagers du monde
extérieur.
Une autre difficulté peut être pointée, elle réside dans les représentations que peuvent se faire les
usagers entre eux, il semble que la diversité des produits consommés par les participants rend
difficile l'identification, la solidarité et tout sentiment d'appartenance. L'exemple le plus frappant est
la création des Narcotiques Anonymes à l'initiative d'un ancien participant des AA qui, du fait de sa
dépendance liée à un produit addictif autre que l'alcool n'arrivait plus à s'identifier à ce groupe.
Enfin ces groupes d'entraide rejettent toute affiliation politique ou syndicale, ils fonctionnent selon
la tradition sur l'autofinancement, sans aucune subvention extérieure. Ce qui peut expliquer là leur
précarité.
2.3.4 Les communautés thérapeutiques
Les premières communautés thérapeutiques n’ont pas concerné le secteur des soins aux
toxicomanes. Les communautés thérapeutiques ont été longtemps discréditées en France en raison
des dérives autoritaires voire sectaire. Elles ont fait leurs preuves dans d'autres pays et aujourd'hui
elles sont, à priori, invitées à se multiplier pour pallier au grave déficit en places d’hébergement
pour personnes utilisatrices de drogues, dont souffre le système de soin français. Ainsi elles ont été
« rangées dans le catalogue des approches pouvant se révéler possiblement utiles pour qui souhaite
adhérer au concept d'abstinence » (Gestin & Lambrette, 2006). Tout comme les groupes d'entraide
(AA et NA).Les communautés thérapeutiques considèrent que ces usagers présentent un trouble de
la socialisation et nécessitent un traitement social articulé autour de l'apprentissage afin de
permettre aux individus de mieux s'adapter à la société. (Gestin & Lambrette2006)
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Par ailleurs ils empruntent également aux registres de l’émotionnel et du vécu en groupe qui
constituent la base du soin. Elles ont également la particularité du cadre imposé dans lequel il
s'exerce un certain nombre de pressions sur l'usager, une hiérarchie stricte et des sanctions . Ce
cadre a été dénoncé par Simone Veil, à l'époque Ministre de la santé lors de la demande
d’expérimentation de ces nouvelles approches thérapeutiques (Castagné, 2006) car il n'était pas
acceptable dans notre façon de penser le respect de l'autre. Par ailleurs le modèle thérapeutique de
ces communautés est la participation au groupe, selon des règles de vie collectives, la prise en
charge par les thérapies comportementales et l'aide par les pairs. L’objectif d’abstinence clairement
énoncé constitue les dimensions principales du projet thérapeutique et d'insertion sociale.
Enfin, nous avons vu que ces différentes alternatives de prise en charge ont été crées à priori pour
pallier à certaines carences dans le système de prise en charge des usagers de substances addictives.
Par ailleurs ils semble que l'accent soit mis sur la mise en groupe, ce qui permet un certain lien
social. Cependant, selon A.J Suissa (2008) ces types d'alternatives ne s'attaquent pas à la cause des
problèmes sociaux, sources de dépendance ; et le pourquoi des choses est banni du champs
explicatif. Cet auteur se pose ainsi la question de la participation citoyenne, des réseaux familiaux,
sociaux et communautaires et indique qu'il convient d'investir dans les forces de ces réseaux.
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3/ Approche communautaire
3.1/ La santé communautaire
Notre culture ne favorise pas en apparence les actions communautaires c'est pour cela qu'elles
restent peu étudiées en France mais font l'objet de nombreuses recherches au Canada et aux États
Unis. Or, la Société Française de Santé Publique met en avant qu'il existe une multitude d'actions
communautaires qui pourrait agir sur l'ensemble des approches de santé publique. Mais cependant,
elles ne sont pas connues, ni reconnues. La Société Française de Santé Publique souhaite
approfondir la réflexion sur la démarche communautaire dans le but de favoriser en France le
développement et la valorisation d'actions de ce type, qui « méritent d’être donc analysées afin
d’être mieux comprises et de faire évoluer les mentalités » (Société française de santé publique,
2000)
Dans un premier temps, il convient de présenter l'approche communautaire et particulièrement la
santé communautaire. Le terme communautaire est très polysémique, il est employé dans diverses
acceptations. Il comporte également comme signification celle relative à la vie en communauté
thérapeutique abordée précédemment mais celle-ci présente peu de caractéristiques communes
avec celle de la santé communautaire. (Jacques & Figiel, 2006)
Une communauté est constituée par un groupe d'individus liés par des intérêts, des aspirations, des
systèmes de valeurs communs et par l’organisation d’actions. Ainsi, l'accent est mis sur le fait
d'avoir quelque chose en commun : une pathologie, la pauvreté, l'origine ethnique... .
La santé communautaire s'oppose à la santé individuelle, c'est la santé d'un groupe d'usager, de pairs
associés dans un partenariat . Elle peut être définit comme « une approche locale des problèmes de
santé d'une communauté impliquant sa participation active à toutes les étapes. Elle est
théoriquement mise en œuvre par un groupe associant professionnels et population. La priorité de la
santé communautaire est la promotion de la santé. (Tessier, Andreys, Ribeiro, 2004)
Selon J.P. Jacques et C. Figiel (2006), la santé communautaire prend le relais lorsque les moyens
financiers ou humains sont insuffisants pour offrir à tous une médecine à l'occidentale centrée sur
l'individuel. Ainsi, elle consiste à une redistribution plus juste des ressources de santé ou encore
elle contourne la résistance d'une collectivité par des programmes de groupes ;
Ainsi, la thérapie communautaire est une action de santé communautaire.
Dans la partie suivante nous ferons la présentation des thérapies communautaires originaires du
Brésil qui s'inscrivent dans une démarche de promotion de la santé. Nous verrons notamment en
quoi ces groupes de thérapie peuvent avoir une utilité dans le champ des addictions.
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3.2/ La thérapie communautaire
3.2.1/ Histoire et contexte de développement de la thérapie communautaire au Brésil
La thérapie communautaire a été crée en 1990 par A. Barreto, psychiatre et professeur de
l'université Fédérale de Céara au Brésil. C'est face à une demande importante de soin des personnes
victimes de conflits, d'abandon et de précarité que ce psychiatre décida d'aller à la rencontre de cette
population, dans son contexte, pour y réaliser un travail de prévention et de soutien psychologique
pour les personnes vivants dans les Favelas. Il créa le mouvement intègre de santé mentale
communautaire qui propose différentes modalités d'aide et de soutien, dont la thérapie
communautaire. Il décida d'organiser des réunions hebdomadaires où les difficultés pouvaient
s'exprimer. Cette thérapie a suscité beaucoup d’intérêt et fait désormais partie intégrante de la
politique publique du ministère de la santé Brésilien. Le Brésil comporte 36 pôles de formations
dont le principal est le département de santé communautaire de la faculté de médecine de
l'université Fedéral du Ceara.
La thérapie communautaire est intervenue au Brésil dans différents milieux comme certains
hôpitaux, l’éducation nationale, au sein de groupes de système carcéral, dans un groupe d'entraide
de la fondation porteuse de la politique Bresilienne en faveur des peuples Indiens, et également au
niveau du secrétariat national anti-drogue (SENAD) (Barrettto, 2008).
3.2.2 Principe de la thérapie communautaire
La thérapie communautaire se veut d'organiser un travail de santé mentale préventif et curatif en
engageant tous les acteurs sanitaires, sociaux et culturels de la communauté tels que les agents de
santé, les éducateurs, les artistes et même les guérisseurs. C'est un espace de promotion des
rencontres interpersonnelles qui a pour but de valoriser les histoires de vie des participants, de
restaurer leur identité et de permettre de retrouver l’estime d'eux-mêmes, mais aussi de rendre
possible la communication entre savoirs profanes et savoirs scientifiques. Elle n'est pas un
processus psychothérapeutique mais un acte thérapeutique de groupe qui met l'accent non
pas sur la pathologie, mais sur la stimulation à construire des liens solidaires, promouvoir la
santé, les réseaux de solidarité et l’intégration sociale. (Barretto 2008)
Cette thérapie prend appui sur cinq axes théoriques : la pensée systémique, la théorie de la
communication, l'anthropologie culturelle, la résilience, la pédagogie de Paulo Freire, qui considère
que personne n'éduque autrui, personne ne s'éduque seul, les hommes s'éduquent ensemble par
l'intermédiaire du monde (Freire1974, cité par Barretto, 2008).
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3.2.3/ Les ressources culturelles dans le groupe dans la thérapie communautaire
Une dimension de la santé communautaire est présente dans cette thérapie. Ce sont les ressources
culturelles du groupe. En effet elle considère que malgré le fait que des individus de cultures
différentes ont une conception ou une représentation de la santé, des maladies et des soins
appropriées qui ne cadre pas avec la médecine occidentale, ces stratégies traditionnelles de cure ou
d'explication de la maladie sont admises dans le groupe de thérapie comme une ressource plutôt que
rejetées. Par ailleurs dans la culture Brésilienne la religion est très présente et a une fonction
essentiellement thérapeutique, c'est dans ce contexte que sont favorisées des manifestations
communes assimilables à des sortes de rituels : des chants, des danses ou tout simplement se tenir
tous ensemble debout. Des rituels où toute personne peut exprimer sa valeur, sa croyance en Dieu
par une prière ou un cantique. La question de la dérive sectaire s'est également posée dans cette
thérapie. Selon A. Barreto « Celui qui anime la thérapie communautaire doit être tolérant à la
diversité mais doit empêcher toute tentative de prosélytisme, en évitant que certains utilisent leurs
croyances pour faire des sermons... . C'est une chose de parler de foi et ça en est une autre de
vouloir imposer des valeurs et des visons du monde... . Il est nécessaire d’être attentif à ceux qui
ont l'habitude de parler comme des seigneurs de la vérité... » « ...le thérapeute doit être attentif à ne
pas permettre que s'exprime une spiritualité déconnectée de la réalité » (Barreto 2008)
3.2.4/ Le concept d'empowerment dans la thérapie
La pratique de la thérapie communautaire est basée sur le concept de l'empowerment (1) . Selon les
contextes l'empowerment a une conception pluraliste. L'empowerment individuel peut être définit
comme la façon par laquelle l'individu accroît ses habiletés favorisant l'estime de soi, la confiance
en soi, l'initiative et le contrôle. (Freire1988). Gibson, (1991) parle de processus social de
reconnaissance, de promotion et d'habilitation des personnes dans leur capacité à satisfaire leurs
besoins, à régler leurs problèmes et à mobiliser les ressources nécessaires de façon à se sentir en
contrôle de leur propre vie. L'empowerment contribue au développement de la santé
communautaire par les attitudes, les valeurs, et les capacités de chacun. Il semble qu'au niveau de ce
groupe l'empowerment est communautaire. Selon Eissen (1994) l'empowerment communautaire
consiste à rendre la communauté capable d'analyser sa situation, de définir ses problèmes et de les
résoudre (Eisen, 1994).
(1)A. Barretto parle d'un modèle de co-participation pour faire référence à l'empowerment (Barretto 2008)
16
3.2.5 / La population cible
Destinée prioritairement à des groupes de personnes qui vivent dans un contexte de désagrégation et
d'exclusion sociale, souvent aggravé par les migrations forcées comme c'est le cas au Brésil. Elles
s'appliquent également aux contextes de précarité économique, sociale, psychique et visent les
populations de gens ayant une mauvaise image d'eux-mêmes.
Selon A. Baretto (2008) elle peut être élargie à n'importe quel groupe, quelles que soient les
personnes, leurs différences d'âge et de classes sociales, le principal réside dans la notion d'un vécu
en commun. Notons que l'apport de la thérapie communautaire n'a fait l'objet d'aucune étude au
Brésil hormis auprès d'une population d'usagers de substances addictives. Par ailleurs il n'est
recensé aucune étude sur ce type de thérapie dans les pays français et anglo-saxon. Dans la
littérature portugaise nous avons trouvé une unique recherche correspondant aux addictions auprès
d'autres populations. Cette dernière a été menée au Brésil en 2005 dans le cadre d'une convention
signée entre le secrétariat national antidrogue (SENAD) et le mouvement intégré de santé mentale
communautaire.
3.2.6/ Extension de la thérapie communautaire en France
La thérapie s'est étendue en France et en Suisse. En France il existe actuellement un centre de
formation à la thérapie communautaire à Grenoble et 16 groupes de thérapies communautaires
répartis sur tout le territoire français. Plusieurs structures ont déjà expérimenté la thérapie
communautaire, elle fonctionne actuellement en France auprès de différentes populations (thérapie
communautaire pour adolescents, personnes âgées, personnes dépendantes, groupes exclusivement
réservés aux femmes... . ) (2)
Deux articles relatent la thérapie communautaire en France dont un dans le journal des
psychologues basé principalement sur la pratique de C.Marie-Roda (2009), qui applique la thérapie
communautaire dans un centre éducatif thérapeutique et pédagogique à Toulon auprès d'enfants.
Selon elle la thérapie communautaire trouve sa place dans de nombreux contextes, soutien a la
parentalité, échec scolaire, mal-être, solitude des personnes âgées, drogues, violence dans les cités...
. Le deuxième article toujours porté sur la pratique est publié dans le journal de l'action sociale, il
met en évidence le fait que la thérapie communautaire présente un intérêt dans le domaine de la
lutte contre l'isolement de la désinsertion sociale, celui des violences civiques, de la précarité et de
la souffrance psychique et sociale (Durand, Feneon 2010).
2) Voir le site ou sont répertorié l’ensemble des groupes de paroles répertorié en France et en Suisse http://aetc.romandie.com/
17
3.3 Présentation de la thérapie communautaire auprès d'une population polydépendante au centre St
Barnabé : Le terrain d'étude
La thérapie communautaire a été instaurée au centre spécialisé dans le sevrage et le soin complexe
de St Barnabé à Marseille en Janvier 2008. Les groupes ont été appliqués à des patients polydépendants. Avant de présenter la thérapie communautaire au sein de ce centre il semble nécessaire
de situer le contexte dans lequel elle se trouve.
Il s'agit donc d'un établissement d'aide à visée de réadaptation et de réinsertion accueillant des
patients polyaddict : alcool, cannabis, cocaïne, benzodiazepines et réalisant des sevrages de soins
complexes. Depuis 1997 cet établissement offre aux patients un programme d'éducation
thérapeutique, il propose diverses activités (séances de relaxation, projections de films, groupes de
psychothérapie, séances d'information sur l’alcool). Le contrat de soin oblige l'ensemble des
patients à assister aux diverses activités. L'hospitalisation se fait pour une durée d'un mois et le
patient est amené à une rupture avec son environnement.
Chaque mardi le groupe de thérapie communautaire (TC) accueille l'ensemble des patients et du
personnel du centre (soignants, agents d'entretien, cuisiniers), des familles et toute personne qui
souhaite y participer soit environ 80 personnes. Ils se réunissent de 15h30 à 17h 00 dans une grande
salle mise à disposition. Les séances de TC sont animées par deux thérapeutes communautaires et
l'ensemble des participants est disposé de façon à former un cercle de parole.
3.3.1/ Le Déroulement des groupes de thérapie communautaire
Le déroulement de la thérapie communautaire est clairement découpé en cinq étapes bien définies
Étape 1 : L’accueil :
1er objectif de l’accueil : Dans la phase d’accueil il est proposé une variété de styles et de
dynamiques, en fonction du groupe. Selon les jours, les séances peuvent débuter par une dynamique
corporelle telle que se tenir par les épaules pour se balancer ou aller se saluer, ceci dans le simple
but de favoriser le contact. Dans cette phase on accorde une attention particulière aux personnes :
elles sont applaudies par les autres membres du groupe et sont amenées à se présenter entre eux.
Deuxième objectif de l’accueil : mettre en place le cadre de la séance, c'est-à-dire présenter les
possibilités de sujets de discussion. Il est souvent rappelé que ce n'est pas le lieu de « grands
secrets », la confidentialité n'est pas assurée. Il est également rappelé la manière dont on peut
18
s'exprimer, le mode de communication qui sera employé et ce, en se référant aux modes culturels
propres à chaque personne présente, ainsi la personne peut s'exprimer par des dictons, des poèmes,
des chansons, des danses … .
La mise en place de ce cadre est suivie de l’énonciation des règles qui s'appliquent aux thérapeutes
communautaires comme à tous les participants. il y a sept règles en présence :
1/ ne pas donner de conseil, 2/ne pas juger, 3/ne pas interpréter ce que dit l'autre, 4/ parler en
utilisant la première personne du singulier : je, 5/ faire silence pour écouter l'autre, 6/ne pas
monopoliser la parole, 7/ utiliser des chansons, des poèmes, des dictons.
Il est ainsi demandé aux participants le pourquoi de ces règles, leur importance et en quoi elles sont
nécessaires.
Exemples : la règle n° 4 parler en utilisant le « je », il s'agit là pour les personnes de parler d'ellesmêmes, mais aussi « entre soi » s'engager dans une parole intersubjective. Cette règle vise à pallier
la tendance naturelle qui amène une personne en situation de groupe à employer le pronom
personnel « nous ».
la règle n° 3 : ne pas interpréter ce que dit l'autre : il s'agit pour le participant de ne pas prendre le
pouvoir, être dans une position de savoir ou de savoir faire, cette règle évacue la question d'une
hiérarchie, elle en est d'autant plus applicable aux animateurs.
Étape 2 : le choix du thème
Les participants sont amenés, s’ils le désirent, à évoquer un sujet qui relève d'une préoccupation
pour eux, ils sont amenés à s'exprimer sur une situation qui leur font souffrance. Le thérapeute a
pour rôle de reformuler cette situation sous forme de thèmes. Par exemple : un patient évoque qu'il
ne sait pas comment il va appréhender sa sortie de cure. Le thérapeute va questionner le patient en
l'amenant progressivement à s'exprimer en terme d'émotion et met ainsi en évidence ce qu'il ressent,
dans ce cas là de la peur. Ainsi la reformulation par le thérapeute ce fera de la façon suivante : «si je
reformule en disant que tu as peur du regard des autres lors de ta sortie de cure est-ce que je trahis
ta pensée?»
Étape 3 : contextualiser le sujet
Il s'agit ici d'éclairer la situation dans le but d'obtenir de plus amples informations sur la situation
qui fait souffrance à la personne. Pour comprendre, les participants adressent des questions, sans
aller forcement dans tous les détails de la situation. Les questions posées par le groupe et par les
animateurs vont amenées à restituer la situation dans toute sa complexité, en la replaçant dans un
contexte plus vaste. Ces questions amenées par chacun sont censées stimuler la réflexion de la
19
personne qui a amené le thème, une fois que ces questions ont produit suffisamment de complexité
on passe à l'étape suivante.
Étape 4 : La problématique et le partage de solutions.
La question qui est posée et renouvelée à chaque séance, par le thérapeute communautaire dans
cette étape est : « Qui de vous a déjà connu une situation semblable ou qui s'en rapproche et
qu'avez vous fait pour dépasser cette situation, pour vous en sortir, pour vivre avec cette situation,
pour que cela s'améliore un peu ou que cela ne s'empire pas davantage ? ». Chacun pourra, s’il le
désire faire le témoignage de sa propre expérience et indiquer la manière utilisée pour réussir ou pas
à surmonter une situation semblable. Cet appel au partage de solutions qui sont nées des
expériences de vie, semble favoriser l'identification.
Étape 5 : la clôture
Dans cette étape il n'y a pas de conclusion, ni de consensus. Après avoir exposé un ensemble
d'histoires de vies parfois tragiques, la séance se termine sur des points de suspension. A. Barretto
(2008) préconise une fin de séance sans chercher à conclure, car selon lui il y a de fortes chances
que les changements importants surviennent dans « l'après-coup », grâce aux échanges individuels
entre participants. La séance se clôture librement par des chants et toutes sortes de dictons
empruntés selon les envies des participants.
20
II/ CONCEPT DE L'ETUDE
Les conduites addictives constituent un univers complexe et en évolution permanente. Elles sont
l’objet de représentations diversifiées et elles interrogent sur notre propre rapport aux plaisirs, aux
risques, aux normes sociales et aux manières de vivre en société. La prise en charge des conduites
addictives a fait l'objet d'une priorité de santé publique dans le but de l’améliorer et de la
coordonner au travers des établissements publics de santé, des centres médicaux sociaux, en
ambulatoire. Cela permet d'orienter et d'accompagner le patient dans les différents dispositifs
hospitaliers. Ainsi l’étude des représentations sociales constitue un concept fort intéressant dans la
mesure où il s'agit d’analyser comment la thérapie communautaire est appréhendée dans la prise en
charge des addictions, au sein d'une institution au travers des deux acteurs différents : les patients et
les professionnels de santé.
1/ Les représentations sociales
C'est au 19 siècles que le concept des représentions sociales fut énoncé par le sociologue Émile
Durkheim qui définit la notion de représentation collective. Cette notion a été reprise par la suite par
Serge Moscovici en 1961 qui a replacé le concept de représentation sociale dans un cadre théorique
structuré. Selon lui les représentations sociales sont définies comme « des systèmes de valeurs , des
idées et des pratiques dont la fonction est double : en premier lieu établir un ordre qui permettra
aux individus de s’orienter et de maîtriser leur environnement matériel, ensuite faciliter la
communication entre membre d’une communauté en leur procurant un code pour désigner et
classifier les différents aspect de leur monde, de leur histoire individuelle et de groupe » (Moscovici
1961)
Plus tard dans les années 1969 Denise Jodelet s’intéressent aux représentations sociales de la
maladie mentale. Elle désigne le concept de représentation sociale comme étant « une forme de
connaissance spécifique, de savoir et de sens commun dont les contenus manifestent l’opération de
processus génératifs et fonctionnels socialement marqués. Plus largement il désigne une forme de
pensée sociale. Les représentations sont des modalités de pensée pratiques orientées vers la
communication, la compréhension et la maîtrise de l'environnement social, matériel et
idéel. »( (Jodelet,1997).
21
Moscovici en 1976 dégage deux principes organisateurs dans les représentations qui sont
l'objectivation et l'ancrage.
L'objectivation rend concret, ce qui est abstrait, il s'agit d'un travail de simplification des éléments
d'information relatif à l'objet. Les informations retenues seront organisées et laisseront apparaître un
noyau figuratif simple, concret et cohérent avec la culture et la norme sociale auquel est soumis
l'individu.
L'ancrage est l'enracinement social de la représentation. La représentation se construit par
l'incorporation de nouveaux éléments de savoir dans un réseau de catégorie plus familier. Plus
précisément il s'agit de permettre à l'objet d’acquérir une certaine cohérence avec les systèmes de
pensées antérieurs des individus ou des groupes.
1.1/ Travail de contextualisation et représentations sociales
La mise en œuvre de cette étude nécessite un travail de contextualisation (Morin et Apostolidis,
2002). Cette conception place le social comme système de relations inter-personnelles situées dans
un lieu d’échange où les usagers interagissent et communiquent entre eux. Dans la mesure où les
groupes de thérapie communautaire se situent dans un contexte social précis : l'institution, qui peut
être considérée comme tout groupe : un espace avec ses propres normes, règles et valeurs, son mode
de fonctionnement, composé par un ensemble de personnes appartenant à différentes catégories
sociales où cohabitent différents savoir. On sait que les relations interpersonnelles, les
communications que les individus entretiennent entre eux sont influencées par le contexte social
dans lequel il se trouve. « C'est un savoir qu’un groupe social élabore, une interprétation qui
s'organise de relations étroites au social et qui devient pour ceux qui y adhèrent la réalité ellemême » (Laplantine, cité par D. Jodelet 1989). Dès lors il s'agit de rendre apparent le système social
dans lequel ces individus se trouvent.
22
III/ PROBLEMATIQUES ET OBJECTIFS
L'accroissement du phénomène de dépendance depuis plusieurs années est devenue une priorité de
santé publique. Par ailleurs, les conduites addictives constituent un univers complexe qui est lié aux
différents déterminants psychologiques, biologiques, sociaux, culturels et environnementaux entre
autres.
Nous avons pu constater que la prise en charge des addictions bénéficie d'une longue tradition de
l'approche groupale. De nombreuses structures ont adopté le modèle de prise en charge de groupe,
de nombreux groupes d'entraide se sont développés. Ces différents groupes constituent un espace de
soutien et de création de liens sociaux. Concernant les groupes de thérapie communautaire, ils ont
fait leurs apparition récemment en France en venant s'implanter dans des champs divers dont celui
de l'addiction. Cette action thérapeutique de groupe appelle d'une part à intervenir en mobilisant les
différents acteurs du champ sanitaire et social et d'autre part propose une approche préventive de
l'usage de substances addictives, ce en travaillant à cerner les questions qui motivent cet usage et en
tentant de s'attaquer à la cause des problèmes sociaux sources de cette dépendance.
Par ailleurs, comme il a été montré précédemment cette thérapie de groupe présente également
certaines particularités, car n'appartenant pas à une pratique culturelle française mais à la culture
brésilienne, on peut supposer qu'elle risque de se heurter au modèle de prise en charge français.
Rappelons qu'elle est actuellement pratiquée auprès d'une population de personnes polydépendantes dans un centre de soin de suite et de réadaptation, elle n'a encore fait l'objet d'aucune
recherche en France.
Ceci étant dit, l'ensemble de ces éléments nous amènent à nous poser de nombreuses questions
quant à la possibilité de transposer un tel dispositif ? D'une part ce groupe se trouve dans un
contexte précis, suggérant à l'individu une rupture plus ou moins longue avec l'environnement et
l'intégration à une vie de groupe, vers une structure ambulatoire dont l'activité principale est la
consultation externe et les sevrages ambulatoires où la prise en charge des patients est rythmée
d'allers-retours sans présence obligatoire et permanente dans l'unité de soin. Par ailleurs, on peut
s'interroger sur la possible utilité pour les patients et les soignants de ce dispositif ; en quoi il
pourrait être un acte préventif dans la prise en charge des addictions, au sein de l'unité de liaison en
addictologie ? Aussi, la question du lien social est prégnante dans les addictions, cependant, on peut
se demander si elle est suffisante pour que les usagers s'inscrivent dans une démarche de
participation a ce type de groupe ?
23
Tout en gardant a l'esprit que ce groupe fonctionne dans une institution avec ses valeurs, ses
normes, et son mode de fonctionnement, la problématique est de mettre en évidence quelle est la
fonction et l'apport des groupes de thérapie communautaire dans la prise en charge des
conduites addictives, selon le point de vue de deux acteurs principaux : les patients et les
soignants ?
L'approche conceptuelle abordée dans cette étude permet plus précisément de nous demander en
quoi la participation à ces groupes fait sens dans la prise en charge de l'addiction, quels en sont les
avantages et les limites par rapport aux groupes de parole ne s'inspirant pas de la thérapie
communautaire, et ce tant du point de vue des patients que celui des soignants ?
Il s'agit de plus, de se questionner sur les effets de la rencontre, des patients entre eux et également
entre soignants et patients, en terme d'enjeux identitaires et de relation.
Une autre interrogation se porte sur les effets de la dynamique de groupe par rapport à la diversité
des patients accueillis, diversité liée aux différents types de produits addictifs consommés.
Enfin dans la mesure où cette étude s'inscrit dans une approche psychosociale, elle permet
d'apporter à l’expérience subjective des individus certains éléments sociaux et culturels facteurs de
leur dépendance. Il apparaît que ces éléments vont au-delà de la prise en charge de groupe et
permettent de mettre en évidence les rapports qu'ils entretiennent avec le monde.
Nos objectifs sont :
 D'une manière générale, appréhender les systèmes de représentation des deux principaux
acteurs de la prise en charge : les patients et les soignants.
Il s'agit de s'appuyer sur la façon dont ce dispositif inspiré de la thérapie communautaire fait sens
dans la prise en charge pour :
Repérer les possibles bénéfices psychosociaux de la participation aux groupes de TC.
Repérer les possibles aspects négatifs perçus de la participation.
Relever ce qui est commun et ce qui diffère chez les deux principaux acteurs.
 C'est en s'appuyant sur les résultats que nous mettrons en évidence la manière dont ce
dispositif peut être en possible adéquation avec la structure de soins ambulatoires d’où
émane notre demande. Par ailleurs, l'absence d'études concernant les TC en France met
d'autant plus en évidence l'importance de cette recherche basée sur l'utilité de ces groupes
dans la prise en charge des conduites addictives.
24
IV/ METHODOLOGIE
1/ Le choix de la méthode
Parce que la passation de tests échelles et questionnaires suppose que l'on connaisse à priori le
système de référence interne des informations. Or, ces deux méthodes sont apparues comme étant
peu appropriées, d'une part dans l'authenticité et la spontanéité des interviewés, d'autre part par le
peu d'informations que nous possédons sur le sujet. Il s'agit ici d'appréhender la manière dont le
dispositif de TC fait sens dans la prise en charge des patients. Ainsi cette recherche s'inscrit dans
une démarche qualitative a visée exploratoire.
Les éléments de méthodologie qui suivent ont été nécessaires au bon déroulement de l’enquête, il
concerne tous les éléments qui ont permis de construire cette enquête.
2/ Présentation de la population étudiée
La participation aux groupes a facilité le recrutement des personnes et a permis de nous faire
connaître des patients et des soignants, d’instaurer un certain climat relationnel avant de commencer
la passation des entretiens. Dès lors il s'agissait pour nous de constituer notre échantillon. Les
thérapies communautaires regroupent environs quatre vingt personnes, les caractéristiques des
personnes qui participent a ces groupes sont très diversifiées. La collaboration des infirmiers et des
médecins fut essentielle, leurs connaissances de la situation de chacun des patients nous a permis de
cibler cette sélection, compte tenue des critères d'exclusion de personnes atteintes de pathologies
psychiques (troubles de la mémoire, troubles psychiatriques). Les participants ont était également
choisis en fonction de leur arrivée au sein de la clinique de façon à ce qu'ils aient pu participer
suffisamment aux groupes de TC. Pour ce qui est des professionnels ils ont été recrutés sur la base
de la fréquence de participation aux groupes de TC, mais aussi en fonction de leurs disponibilités.
Huit patients et six soignants ont donc été sélectionnés.
25
Tableau 2 : Caractéristiques de la population
Patients
Age
30-40 ans
40-50ans
50-60 ans
N=14
N =8
3
3
2
%
37,50%
37,50%
25,00%
Homme
Femme
5
3
62,50%
37,50%
En couple
Divorcé
4
4
50,00%
50,00%
Avec activité
Sans activité
4
4
50,00%
Niveau d’études
Inférieur ou égal au Bac
Supérieur au Bac
4
4
50,00%
50,00%
Type de dépendance
Alcool
Alcool/ cannabis
Alcool/ Autres Drogues
Soignants
Homme
Femme
6
2
1
N=6
2
4
75,00%
25,00%
12,50%
Médecin
Infirmier
Psychologue
3
2
1
50,00%
33,00%
16,00%
Sexe
Situation familiale
Situation
professionnelle
Sexe
Profession
26
50,00%
33,00%
66,00%
3/ L'élaboration des guides d'entretien
Pour chacune des populations (patients et soignants) un guide a été élaboré (Annexe).
Chaque guide a été construit sur la base de la problématique de mes observations sur le terrain, mais
aussi selon les objectifs de l'étude. Ces guides n'avaient pas pour vocation, ni de canaliser ni de
limiter les thèmes abordés pendant l'entretien mais de susciter l'exploration des thèmes qui n'étaient
pas abordés systématiquement. Une précision est à noter concernant la question sur le thème des
thérapies communautaires, en effet, il a été impératif de prévoir au sein du guide un questionnement
relatif au différents apports en terme de relation soignants/soignés et patients entre eux.
4/ Passation des entretiens
Dans la communication inter-individuelle, selon Rogers, ce qui est important ce n'est pas tellement
la technique ou l'outil utilisé mais la création d'un climat relationnel particulier, fondé sur quatre
composantes : L'acceptation inconditionnelle de l'autre, la neutralité bienveillante, l'authenticité,
l'empathie. Ainsi les entretiens semi directifs ont été conduits sur la base de ces dimensions. Elles
laissent la possibilité au participant d'élaborer librement et d'aborder d'autres thèmes du guide. La
durée des entretiens était en moyenne d’une heure pour les patients et de 30 à 45 minutes pour les
professionnels en raison de contraintes temporelles.
Le déroulement des entretiens s'est produit dans un premier temps par :
une présentation de la consigne, information de la confidentialité, entretien semi dirigé sur la base
des thèmes du guide, remerciements et distribution d'une fiche signalétique (Annexe) relative aux
caractéristiques socio-démographiques et aux statuts: professionnels ou patients.
27
5/ Phase d'analyse des résultats
Une fois les entretiens menés, ils ont tous été retranscris pour être analysés par deux méthodes :
5.1/ Analyse de contenu manuelle
Cette analyse consiste à procéder à une catégorisation dont l'unité de base est le thème. Ce thème
renvoie à une unité de signification complexe qui se dégage du discours, un ensemble d'énoncés de
longueurs variables ; l'objectif est de rechercher des catégories dans le discours du sujet, en vue
d’une réorganisation sous forme de résumé de ce qui est dit ». (Bardin 1977).
Dans un premier temps, nous avons analysé chaque entretien, dégageant ainsi les catégories et souscatégories propres à chacun. Puis, nous avons mis en commun tous les entretiens et rassemblé tous
les éléments propres aux catégories qui nous intéressaient pour le déroulement de notre étude.
5.2/ Analyse ALCESTE
Pour apporter un élément d'information à l'analyse du discours des sujets, nous avons utilisé le
logiciel ALCESTE. Ce logiciel permet l’accès et la description des représentations des sujets dans
leur singularité. Il permet également de mettre en évidence les co-occurrences en fonction de la
fréquence d'apparition des mots. On met alors en lien les classes thématiques et les différentes
variables socio-démographiques (variables de la ligne étoilée). A noter que ces variables de la ligne
étoilée ne sont pas déterminantes car elles n'influencent pas la construction des classes, mais elles
interviennent à posteriori.
Ce qui fait la spécificité d’ALCESTE, c'est qu'il travaille sur les différences de ce qui fait un corpus
et non pas sur ce qui est commun/similaire. En effet, on appréhende la façon dont certains groupes
parlent de l'objet social considéré et en quoi cela les distingue des autres. Toutefois, des liens sont
fait entre les différentes classes thématiques et les différentes variables.
En 1993, Reinert résume parfaitement cette idée : « l'objectif est d'obtenir un classement des
énoncés du corpus en fonction de la ressemblance ou de la dissemblance statistique des lexèmes qui
les composent, afin de mettre en évidence des mondes lexicaux » (Léglise & Garric, 2007). En
somme, il s'agit de marquer les différences constitutives du corpus et, sur cette base, de pouvoir
mettre en évidence les liens entre les classes thématiques.
28
V/ PRESENTATION DES RESULTATS
1/ Résultats de l’analyse ALCESTE ©
1.1 Analyse ALCESTE issue du corpus des patients et des soignants
L'analyse ALCESTE a pu mettre en évidence cinq classes de discours en fonction du statut de
l'interviewé. 786 Unités de contexte élémentaire ont été classées, soit 58,61% du corpus. Le Chi 2
permet de déterminer la forte ou la faible appartenance d’un mot à une classe et de mettre en
évidence les termes les plus représentatifs d’une classe.
Classe 1
Classe 2
Classe 3
Classe 4
Classe 5
Thème Cadre des TC Fonction des
Causes attribuées Parcours de soin
s
psychothérapies à la
de groupe et des consommation
groupes de TC
Fonction de la
TC dans
l'institution
% de 20,61%
la
classe
26,21%
17,68%
11,32%
24,17%
Variab Patient
les
(x2=30,3)
associ
és
Patients
(x2 = 25,17)
Patients
(x2= 54,6)
Hommes (3,51)
Patients (x2=
28,72)
Soignants (x2=
435,68)
Sous
thèmes Dimensions
sociales et
affectives
Cœur, aimer
rigoler, plaire,
motivé
Écoute et partage Sphère familiale
des expériences
Mère, père,
entendre,
famille, parents,
femme, enfant
problème, partage,
Dimensions
spirituelles
secte, dieu
expérience
Rechute
Relation
Reboire, replonger, soignant -soigné
repartir, reprendre,
consommation
patient, relation,
lien, institution,
Expérience de vie
fonctionné
Mort, perdu,
divorce
Contexte de
consommation
Commencer, fête,
ennui, week-end,
bois
29
La classe 1 : cadre du groupe de TC.
Elle se compose de 162 u.c.e et représente 20,61% du corpus total. La variable qui lui est associée,
est le statut du participant : le patient.
Les termes les plus significatifs sont « obliger » chi2=44,24, « assister » chi2=37,6, « applaudir »
chi2=42,97, « lever » Chi2=27,21, « grand groupe » chi2=22,33 ;
Il semble que cette classe est marquée par un discours qui renvoie au fonctionnement cadre du
groupe de TC.
Extrait d'u.c.e « le grand groupe étant donné que c’est obligatoire, ça se lève, le soucis du grand
groupe c’est que les envies ne sont pas du tout les mêmes au départ donc les gens sont obligés de
venir la. » .
Par ailleurs les mots (cœur, aimer, rigoler, plaire) renvoie à la perception d'une dimension sociale et
affective dans le groupe.
Extrait d'u.c.e :« ça c’est très bien mais voila, il y en a qui sont plus touchant, après oui ça marque
forcement, ça vient du fond du cœur des gens dans tous les cas. ».
Enfin les mots (secte, dieu) semblent traduire que le groupe de TC est perçu comme ayant une
dimension spirituelle.
Extrait d'u.c.e :« oui par rapport à la première fois, on doit se lever, on doit les applaudir, un peu
côté secte quoi. ».
Classe 2 : Fonctions des psychothérapies de groupe et des groupes de TC.
Cette classe se compose de 206 u.c.e et représente 26,21 % du corpus. La variable qui lui est
associée, concerne le patient. Les mots les plus significatifs sont « parler » chi2=55,23 ; « poser »
chi2=50,29 ; « psycho » chi2= 36,68 ; « entendre » chi2= 30,7 ; « problème » chi2= 24,5 ;
« partage » chi2= 24,15 ; « grand groupe » chi2= 23,51 ; « apporter » chi2=23,52 ; « expérience »
chi2 =22,52. Il semble que cette classe soit relative aux fonctions des psychothérapies de groupe
et des groupes de TC. Un sous thème peut être dégagé : l’écoute et le partage d’expérience dans
les groupes, avec les mots « entendre », « problème », « partage », « expérience »).
Extraits d'u.c.e
« C’est son thème qui a été choisi et donc du coup on a débattu et j’ai débattu avec elle directement
dans le groupe donc on a partagé vraiment, je me suis rendu compte qu'on avait les mêmes
problèmes et ça aide beaucoup ».
« toute façon c’est un truc qu'on ressent dans le grand groupe et aussi en groupe de psycho, on se
rend compte que bien souvent les problèmes qu'on a eu on se dit je suis seul au monde et là on s’en
rend compte que là on partage les mêmes problèmes. »
30
La classe 3 : Entrée dans la consommation.
Cette classe se compose de 139 u.c.e et représente 17,68 % du corpus total. La variable qui lui est
associée concerne le patient. Les mots les plus significatifs sont « mère » (Chi² =94,04), « père »
(Chi² =74,56), « commencer » (Chi² =61,08), « alcool » (Chi² =43,09), « mort » (Chi² =42,38),
« femme » (Chi² =38,05), « boire » (Chi² =35,09), « enfant » (Chi² =34,43). Cette classe est
marquée par un discours renvoyant à l'entrée dans la consommation. Dans cette classe il apparaît
trois sous thèmes :
L'impact du contexte social de l'entrée dans la consommation avec les mots : fête, ennui, festivité,
week-end, seul.
Extrait d'u.c.e
- « c' était festif c’est-à-dire le week-end ».
- « vers treize, quatorze ans avec les collègues sans t 'en apercevoir tu dégringoles et mine de rien,
tu sèches l’école, tu te saoules, tu fumes des joints ».
Les expériences de vie comme causes de la consommation avec les mots : divorce, mort, perte,
suicidé.
- « D autres circonstances, divorce, j ai perdu un fils et puis un verre, deux verre... . ».
- « J'ai eu un grand chagrin d’amour et là, j’ai commencé a boire. ».
La sphère familiale avec les mots : mère, père, femme, enfant, parent. Après examen du tri des
u.c.e il semble que la sphère familiale concerne l’héritage familial de la consommation.
extrait d'u.c.e : « c'est vraiment de l'alcoolisme dans ma famille et un des délires à ma mère, ça a
été vraiment toute sa vie, j'ai toujours entendu depuis tout petit que j'avais été incubé dans
l’alcool.».
« mon père est alcoolique, il est mort d' un cancer généralisé, ma mère est morte d' une cirrhose du
foie, mon oncle est mort suite à des crises de delirium tremens »
Classe 4 : elle se compose de 89 u.c.e et représente 11,32 % du corpus total. La variable qui lui est
associée, est le statut du participant : le patient
Les mots les plus significatifs sont : « Mois » (x2=70,54), « Semaine » (X2=61,96), « cure »
(60,64), « sevrer » ( 51,28), « centre » (40,04). Il semble que le discours de cette classe fait
référence au parcours de soin des patients, celui-ci semble être marqué par les rechutes
(« reboire », « replonger », « repartir », « reprendre », « consommation »).
Extrait d'u.c.e « voila j’ai essayé de me sevrer tout seul, je tremblais, je transpirais des grosses
gouttes, tu vois, j'étais vraiment mal quoi. Quelques mois après je suis rentré à l’hôpital. ».
31
Classe 5 : Cette classe se compose de 190 u.c.e soit 24, 17% du corpus total. Cette classe est
associée aux soignants. Les mots les plus significatifs sont : « patient » (Chi² = 127,45),
« thérapeutique » (Chi² =61,08), « permettre » (Chi² = 50,1), « thérapie communautaire » (Chi²
=42,09), « institution » (Chi² =38,23). Il semble que cette classe soit relative à la fonction de la TC
dans l'institution. Les mots (« patient », « relation », « lien », « institution », « fonctionner »)
semblent avoir une fonction entre relation soignant et soigné.
Extraits d'u.c.e
« ...mais je dis qu'au niveau institutionnel la thérapie communautaire ça crée vraiment des liens »
« ...ça rythme, ça fait fonctionner tout le monde qui vit dans l’institution, il a sa parole dans le
lieu »
32
1/2 Analyse ALCESTE issue du corpus des patients
Le logiciel Alceste a classé 650 u.c.e soit 73,39 % du corpus des patients et trois classes de discours
ont été dégagées
Classe 1
Classe 3
Écoute et partage des
expériences dans les
groupes de TC
Trajectoire de vie et
addictions
% du
20,28%
corpus total
22,12%
57,60%
Variables
associées
- Age entre 40 et 50 ans - Femmes
- Célibataires
- Age : entre 50 et 60 ans
- Niveau d'étude
- Avec activité
inférieur ou égal au bac
Thèmes
Fonctionnement des
groupes de TC
Classe 2
Hommes
- Age entre 30 et 40 ans,
- Divorcés
- niveau d'étude supérieur
ou égal au bac
- Type de produit :
Alcool/ Cannabis
Sous thèmes Cadre imposé du groupe
Thème, questions,
Souffrance
animation, vote,
problème, difficile,
applaudir, obliger, lever, blesser, raconter
participer
Bénéfices
plaire, motive, intéressant
Entrée dans la dépendance
alcool, verre, cure,
commencer, sevrer
l'entourage
Mère, famille, père, maison,
travail
Dimension temporelle
mois, jour, an
La classe 1 : Description des groupes de TC
La classe 1 se compose de 132 u.c.e et représente 20,28% du corpus des patients. Les variables qui
lui sont associées, sont le sexe masculin, l'âge (les 30-40 ans), la situation maritale : divorcé,
le niveau d'étude qui est supérieur ou égale au Bac et enfin la dépendance à l'alcool et au cannabis.
Les mots les plus significatifs de cette classe sont : « thèmes » (Chi2=77,36), « questions »
(Chi2=71,27), « animation »(Chi2= 43,99), « vote » (Chi2=38,54), « Applaudir » (Chi2=33,58).
Cette classe renvoie au fonctionnement des groupes de TC. Dans cette classe apparaît deux sous
thèmes concernant le cadre imposé au groupe, avec les verbes : obliger, lever, participer, choisir,
assister.
Extraits d'u.c.e « le grand groupe étant donné que c’est obligatoire, ça se lève, le souci du grand
groupe c’est que les envies sont pas du tout les mêmes au départ donc les gens sont obligés de venir
là » et le sous thème bénéfices que l'on peut tirer du groupe : intéressant, motiver, discuter, plaire
33
Extrait d'u.c.e : « mais voila moi c'est le débat qui m’intéresse, comme je vous ai dit c’est les
phrases à retenir, les expériences de chacun, c’est toujours intéressant d’échanger. ».
« déjà d’être applaudi ça motive et les paroles de l'animateur sont très motivantes. ».
Classe 2 : Écoute et partage des expériences dans les groupes de TC
Cette classe se compose de 144 uce et représente 22,12% du corpus total. Les variables qui lui sont
associées sont les : participants célibataire entre 40 et 50 dont le niveau d'étude est inférieur au bac.
Les éléments les plus caractéristiques de cette classe sont : « parler » 93,99, « entendre » 33,29,
« apporter » 33, 51, « grand groupe » 30,51, « histoire » 16,34). Cette classe est marquée par un
discours renvoyant à l’écoute et au partage des expériences dans le groupe de TC.
Les mots : problème, difficile, raconter, blesser, témoignent des souffrances vécues par les
patients.
Extraits d'u.c.e « on se rend compte que bien souvent les problèmes qu'on a eu on se dit je suis
seul au monde et là on s’en rend compte que là on partage les mêmes problèmes. »
« c’est vrai, que quand tu entends parler au grand groupe et quand il y en a qui racontent leurs
problèmes, ça blesse ».
Classe 3:
Cette classe se compose 375 uce et représente 57,60% du corpus total. Les variables associées sont
les participants entre 40 et 50 ans avec une activité professionnelle.
Les éléments les plus caractéristiques sont : Boire chi2=29,17, cure chi2 27,05, Alcool chi2 20,02,
mère chi2= 16,48, famille Chi214,4, travail Chi2=11,97. Cette classe est marquée par un discours
renvoyant à une expérience de la pathologie. Au sein de cette classe apparaît deux sous thèmes : les
termes famille, mère, père, marquent le rôle de l'entourage social dans le parcours de soin « c’est
vraiment de l’alcoolisme dans ma famille et un des délires à ma mère, ça a été vraiment toute sa
vie, j’ai toujours entendu depuis tout petit que j’avais été incubé dans l’alcool. ».
« six mois et puis hop je retombe, puis au départ c’était festif, puis je commence à boire juste un
peu, un verre le matin ou deux.».
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1/3 Analyse ALCESTE issue du corpus des soignants
Le logiciel ALCESTE a classé dans ce corpus 209 u.c.e soit 46 % du discours. Il a dégagé cinq
classes de discours du corpus d'entretien des professionnels
Tableau d'analyse Alceste issue du corpus des soignants
Classe 1
Thèmes
Pourcentag
e du
discours
total
Classe 2
Classe 3
Classe 4
Fonction du Prise en charge Dimensions
La prise en
groupe de TC médicale
Socialecharge
affective et
culturelles dans
la TC
25,84%
Variable
associées
Sexe:homme
Sous
thèmes
Fonction sur
les relations
dans l'
institution :
Groupe,
Institution,
parole,
permettre,
cadre, lien,
relation
28,71%
Traitements :
Perfusion,
soins,
médicament,
infirmerie,
traitement
Dimension
temporelle
matin, heure,
mercredi, après
midi
20,10%
14,35%
Classe 5
Addiction
11,00%
Sexe : femme
Sexe : Femme
Sexe :
Femme
Aspect culturel
culture, Brésil
Aspect
émotionnel
Ressentir,
douleur, aimer,
Aspect social
Aide,
parler,
ensemble,
distance, tenir,
obliger
Programme de
soin
Action
thérapeutique,
éducation,
information,
Relaxation,
désintoxication
Aspect
psychologique
social et
biologique
Maladie,
traumatisme,
psychologique
physique,
dépendance,
corps, social,
physiologique
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Profil de la Classe 1 :Fonction des groupes de TC
La classe se compose de 54 u.c.e et représente 25,84% du corpus total. La variable qui lui est
associée est le sexe masculin du professionnel. Les mots qui apparaissent sont « groupe » (chi2=43,
59), « institution » (Chi2= 33,33), « parole » (Chi2= 27,76), « relation » (10,69),
« lien »
(Chi2=10,49). Au regard de ces résultats, on peut penser que les groupes ont une fonction sur les
relations dans l'institution. Ceci est d'ailleurs présent dans les extrait d'u.c.e :
« alors je pense être beaucoup plus attentif à la personnalité des patients qui peut se révéler
amicale... , puis aussi justement de sortir de son cadre de soignant pour entrer dans une relation
dépourvue de ce pouvoir institutionnel....» ; « Alors ces groupes apportent énormément de chose
sur le plan relationnel, d'abord parce qu’ils permettent de se connaître différemment que dans le
cadre institutionnel ».
Profil de la classe 2 : Les soins
Cette classe se compose de 60 u.c.e, elle représente 28,71% du discours. Il semble que cette classe
nous renvoie à la thématique de la prise en charge médicale. Les mots : « infirmerie »
(chi2=16,11), « médicament » (chi2=9,1), « perfusion » (chi2= 7.56). Par ailleurs, il semble que la
dimension temporelle est présente dans les soins dispensés (matin, heure, mercredi, après midi).
Profil de la classe 3 : la dimension sociale, affective et culturelle de la TC
Cette classe est composée de 42 u.c.e, elle représente 20,10% du corpus. La variable qui lui est
associée est le sexe féminin. Au regard de ces résultats, il faut penser que notre échantillon contient
plus de femmes que d'hommes.
Il apparaît que dans cette classe toute une série de mots se rapporte à la culture, à l'émotionnel et à
l'aspect social des groupes de thérapie : « culture » (chi2=27,72), « Grand groupe » (chi2= 23,47),
« Brésil » (Chi2=20,37), « ressentir » (Chi2=11,45), « aimer » (Chi2=5,08), « parler »(Chi2=5.83),
« ensemble » ( Chi2= 4.11 ).
Par ailleurs, les mots « obliger »(16,22), « tenir »(Chi2= 12,1), « distance »(Chi2=12,1) et les
extraits d'u.c.e montrent que la dimension culturelle amène les professionnels à vouloir tenir une
distance avec les patients pendant les groupes. «.... distance avec les patients, moi c'est personnel,
se balancer ça ne me plaît pas du tout » ; «....moi, je n'aime pas du tout ce truc, ça me dérange un
peu et il y a beaucoup de patients que ça dérangent ».
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Profil de la classe 4 : La prise en charge
La classe N° 4 se compose de 30 u.c.e et représente 14,35 % du corpus. La variable qui lui est
associée est le sexe féminin. Il semble que le discours de cette classe renvoie à la thématique de la
prise en charge au sein de la clinique. « action » (Chi2=36,82), « thérapeutique » (Chi2=33,96),
« éducation » (Chi2 = 24,89), « relaxation »(Chi2=30,56), « clinique »(Chi2=17,9).
Les mots (thérapeutique, éducation, information, relaxation, désintoxication) renvoient au
programme de soin.
« des mises en situation sur des petits films ça c'est le programme de la cure donc on leur remet
leur programme de cure. ».
« elle est multidimensionnelle, on va dire grosso modo qu’il y a un gros programme d’éducation
thérapeutique qui permet au patient addictif d’avoir une vue un peu plus claire de ce qui lui
arrive. ».
Profil de la classe 5 : Addiction
La variable qui lui est associée est le sexe féminin du professionnel. Dans cette classe il apparaît
que toute une série de mots se rapporte au support psychologique, social et biologique des
addictions. Notamment par les mots « maladie » (Chi2=59,45), « traumatismes », (Chi2=41,43),
« physiologique » (Chi2 = 9,63), « psychologique » (Chi2 = 6,4), « alcool »(Chi2=49,66),
« dépendance » (Chi2 =36,14).
« C’est une intolérance à l’alcool du corps a l’alcool pour la dépendance physique comme tu serais
intolérant à un antibiotique, c'est comme une allergie, je prends l’exemple de l’allergie parce que il
y a une mémoire du corps,...)
« …après elle a un support social aussi, mais ça c'est dans l’historique de la maladie, le support
social, c'est par le social qu'arrive l’alcool la plupart du temps ».
« c'est bien-que il y ait une part de psychologique parce que ça va toucher notre immunité. Là, c’est
les deux failles, je suis fragile psychologiquement parce que j’ai eu plein de traumatismes donc
l'alcool m' a soigné ou me permet de supporter ».
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2/ Résultats de l'analyse de contenu
THEME 1 Les addictions
Perception de la dépendance
La perception de l'alcoolisme chez les patients et les soignants est ambiguë. 6/14 appréhendent
l'alcoolisme comme une maladie, mais pas au sens biologique du terme.
Du coté des patients 4/8 évoquent l'alcoolisme comme étant une maladie : « c’est l’alcool quoi, ce
n’est pas une maladie où tu viens te faire soigner, je veux dire une maladie physique » ; «... pas une
maladie comme une maladie grave, mais bon je me dis qu’il n’y aurait pas tous ces soins si ce
n’était pas une maladie.».
2/6 des soignants ont la même considération : «...oui une dépendance est à la fois et une maladie. »
«...ce n'est pas être malade quand tu dis voilà moi j'ai le cancer, moi je dis voilà c'est pas normal
d'avoir un problème de consommer autant d'alcool, moi je dis voilà que ce n'est pas une maladie
mais c'est une dépendance... » .
Les causes de la dépendance
8 participants sur 14 considèrent les événements de vie comme étant une cause de la dépendance.
Le discours des patients met en évidence qu’ils recherchent un sens, une cause à leur
dépendance. Il apparaît dans la quasi totalité du discours des patients (6/8) que ce sont les
événements de vie qui sont source de la survenue de la dépendance : « parce qu’on était surendetté
et tout, ça m’a mené à boire beaucoup plus, des chagrins, j’avais neuf ans à la mort de mon père
que j’ai très mal encaissé » . « j’ai commencé à boire à 42 ans suite à pleins d’événements qui ont
traversé ma vie, je n’ai pas fait le deuil de mon père qui est mort il y a 32 ans, d'autres
circonstances, divorce, j’ai perdu un fils et puis un verre, deux verre ».
Les événements de vie sont peu présents dans le discours des soignants (2/6) :
« si tu reprends l'histoire où tu as vécu, comment tu as vécu et bien il y a des choses ou des gens qui
ont un repérage très clair, j'ai exagéré quand j'ai divorcé, quand j'ai perdu mon enfant tu vois il y a
un élément déclenchant ».
Le contexte social et culturel est aussi considéré par les patients comme étant un facteur de
causalité (5/8). « Elle est arrivée très sournoisement, on va dire au départ c'était juste festif, un
anniversaire, un mariage, un restaurant, c'était à l'occasion. J’ai été toujours très raisonnable
donc au début ma consommation était uniquement festive, en famille et puis par la suite, c’était
38
seule » ; Comme une suite d’enchaînements ils ajoutent à la survenue de la dépendance, l'ennui, la
solitude « Ça a été un peu l’ennui aussi parce qu’on habitait dans un quartier, dans un cul de sac
je ne voyais plus personne ». D'autres considèrent, que la dépendance est due à un héritage
culturel ou à un apprentissage de la consommation « je suis né en fait de parents alcooliques » ;
« Donc comme moi qui me considère alcoolique de père en fils » ; « Ben très jeune si tu veux j’ai
appris à marcher derrière un comptoir, si tu veux pour moi l’alcool c’était banal quoi ».
Du coté des soignants un seul aborde l'étiologie de la dépendance. L'accent est mis sur le support
physiologique et psychologique, mais aussi sur le contexte social (1/6)« d'une manière générale
la dépendance a un support physiologique » ; « Il y en a d'autre non, bon ils ont une structure
psychologique particulière cela aussi pour ne pas s'accrocher qu'a un élément c'est qu'il y a quand
même une sorte de rigidité dans la tête. » ; « ...et aussi comme je te disait le support social... .»
Les conséquences de la dépendance
L'addiction est également perçue en terme de conséquence au total par 6/14.
Les patients évoquent les conséquences de la dépendance sur leurs vies qui se traduisent
principalement par la rupture des liens avec l'entourage, et de désinvestissement social (5/8)“ah
je m’en foutais de tout. J’avais des papiers à faire, je ne les faisais même pas, j’avais des rendezvous je n’y aller même pas, tu coupes les liens avec ta famille voilà ils ne veulent plus te voir parce
que j’étais trop saoul, j’ai un petit frère qui est sur Aix, mon grand frère à Paris et voilà c’est pareil
qu’avec mon père avec la récidive on a coupé les liens ».
Du coté des soignants 1/6 évoque les conséquences de la dépendance comme une rupture des
liens avec l'entourage. « c'est pratiquement, plus de la moitié des patients qui se retrouvent sans
personne quoi, parce qu'ils ont coupé les ponts à cause de l'alcool ou ils sont divorcés... . »
THEME 2 : la prise en charge
Fonction des supports thérapeutiques
Les entretiens psychologiques individuels sont perçus par 6 patients sur 8, comme ayant aucune
utilité : « Franchement rien, même les psys, si je vais chez eux ce n’est même pas la peine » « Ah
non rien du tout, je ne vois pas l’intérêt, moi ça m'aidera pas, je veux dire ce n’est pas… » « pour
être honnête la psychologue elle attend, si je parle du beau temps elle laisse parler».
Réciproquement, certains ne perçoivent aucun bénéfice de ces groupes de parole avec la
39
psychologue ou il se limite à une description factuelle (4/8) « Non ces groupes ça m’a pas apporté,
non la psycho ça m’a rien apporté » « voilà elle nous pose une question et après c’est nous qui
devons parler mais parfois tu as des longs silences pesant et tu te dis bon c’est quand que
quelqu’un va parler, on ne sait plus trop quoi faire, quoi dire, elle va attendre que toi tu parles ».
Une minorité met en avant une fonction d’échange et d'identification dans le groupe (2/8) « C’est
bien les groupes de psycho, quand les gens ont besoin de parler de quelque chose » « les groupes
de psycho c’est un échange » « Ben les histoires des autres personnes dans les groupes de psycho,
ça me fait penser à moi, oui parce que bon les alcoolisations... . » et une fonction de ré-assurance
par comparaison sociale a émergé spontanément dans un discours (1/8) :
« je me plaignais de mon handicap et après je me dis, mais, écoute ce qu’ils ont eu et vois ce qui ce
passe devant et par rapport à moi ça me rassure quand tu n’as pas ta mère, tu n’as pas ton père
c’est difficile ».
En ce qui concerne les autres activités notamment les séances d'information sur la dépendance à
l'alcool on constate que la quasi totalité (6/8) trouve comme principal bénéfice une prise de
conscience des risques de l'alcool sur l'organisme. « C’est assez choc quoi, même les images qu’ils
nous projettent sur les organes ça fait peur, c’est choquant, ça te donne beaucoup à réfléchir, tu te
dis ce que j’ai pu me bousiller »
Par ailleurs, on observe que dans le discours des patients ( 4/8) une fonction d'identification
s’opère dans les séances de projection de films sur l’alcoolisme : “ toute à l’heure on a vu le poison,
tu te vois complètement dedans quoi, parce que c’est un alcoolique ».
Sentiment de stigmatisation
Au delà de la spécificité de chaque prise en charge on constate que les patients (3/8) ont un
sentiment de stigmatisation lors de leur démarche de soin.
« Il y a un malaise, une honte le monde te regarde et finalement tu es là parce que tu as des
problèmes avec l’alcool, j’aurai aimé me cacher, c’est pire que le regard à l’extérieur. C’est vrai
que c’est mal vu en général d’être alcoolique... donc du coup, ça fait trois fois et puis j'avais honte
d'avoir replongé encore une fois ».
Inversement, dans le discours des soignants (3/6) ont constate qu'ils tentent de pallier ce sentiment
de stigmatisation.
« voilà quand ils sont alcooliques ou quand ils sont toxicomanes.... j'entendais dire ‘ah celui-là
c'est un alcoolo’ ‘ah ça c'est un toxico’, « ce n'est pas des gens fous » « c'est des gens normaux
comme toi et moi sauf qu'ils ont des problèmes avec l'alcool ».
« si je fais de grands efforts pour qu’un patient arrête d’avoir honte de son problème d’alcool et
qu’il se fasse ruer dans les brancards parce qu’il y aura eu un agent de service qui l’aura traité
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d’alcoolo »
« C’est-à-dire la personne qui dans son incompétence et son ignorance va lancer ses préjugés à la
tête des patients et va leur faire perdre le terrain péniblement conquis ».
THEME 3 Les groupes de thérapies communautaires
Le fonctionnement du groupe de TC
Pour ce qui est du fonctionnement des groupes de thérapie communautaire la moitié des participants
(7/14) portent un jugement négatif.
1/ Le premier aspect négatif à pointer est la répétition des séances chaque semaine. On
constate dans le discours une lassitude tant de la part des soignants que celui des patients à y assister
chaque semaine (6/8 patients).
"Ben parce que d’abord c’est toujours la même chose, quand tu vas avec eux tous le mardi ça
commence à peser" ; "Parce que c’était une répétition à chaque fois ça ne change jamais"
« Le premier je veux bien, mais entre le mardi et le samedi…. non une fois qu’on en a fait un, on
les a tous faits. Là depuis un petit moment c’est vraiment rébarbatif »
(3/6 pour les soignants)« Oui c'est vrai et maintenant aussi la répétition toutes les semaines ça ne
me saoul un peu » « Je perds un peu d'intérêt pour les choses quand c'est trop répété ».
2/ Le second est l'effectif trop important (6/14) qui est appréhender comme un frein à la
parole, à la motivation et à la participation.
Patients : « moi je ne pourrais pas parler devant autant de monde parce que t’as vu combien on est
dans le grand groupe » « Les grands groupes je n’arrive pas parce qu’il y a trop de monde » « Déjà
d’une, je ne pourrais pas je serais un peu gêné de raconter ça ». « Parce qu’il y a quatre-vingt
personnes et tout le monde veut donner son opinion sur le moment et puis on te coupe la parole à
chaque fois » ; « Tu n’as pas le temps de parler, ça c’est un cafouillis énorme . » « ils ne peuvent
pas encadrer quarante-cinq personnes, empêcher quarante-cinq personnes de se lever de discuter,
d’aller fumer, d’aller remplir la bouteille d’eau et ça se lève, ça revient, ça discute, ça papote, ça
ronfle, ce n’est pas du tout motivant pour participer voilà ».
Soignant : « Mais pas dans le grand groupe je suis incapable de parler comme ça devant tout le
monde. » Et on trouve dans le discours d'un soignant que cet effectif important joue sur la fonction
thérapeutique du groupe « avec autant de monde ça ne pas être thérapeutique ».
41
3/ Le troisième aspect négatif pour les patients est la méthode de la thérapie
communautaire.
Celle-ci est perçue par la majorité des patients (5/8) comme étant imposée et impact également
l'expression « c’est trop cadré, trop rigide, ça te coupe tout, ça t’énerve »
« après faut pas donner dans le groupe son avis personnel, faut pas juger c’est assez dur »
Deux patients trouvent la méthode comme étant un aspect positif : « c’est vraiment intéressant
parce que bon, ils vont lancer un débat, ils vont lancer des questions, un sujet si tu veux et puis il y
en a sept, huit personnes qui vont lancer un sujet et on va tous voter, pour celui qui a la majorité, on
va lancer le débat la dessus » «C’est vraiment une partie de pingpong, il y a vraiment du répondant
dans tous les sens quoi, c’est vraiment intéressant ».
Du coté des soignants (4/6), cette méthode de fonctionnement est perçue comme ayant une double
fonction : réguler un grand groupe et favoriser l'expression des émotions.
« La méthode justement pour parler des émotions avec les règles aussi parce que c'est une bonne
méthode pour réguler un groupe de quatre-vingt-dix personnes »
« Elle permet assez facilement et spontanément, de façon assez fluide de maîtriser des groupes de
80, 90 personnes sans qu’on ait besoin de mettre en place des cadres disciplinaires »
« C’est une méthodologie encore une fois extrêmement performante quant à une forme de
catalysassion de l’expression des émotions chez des patients qui sont plutôt en général, enfin qui
souffre d’une alexithimie, il s’agit pour chacun d’exprimer simplement ses émotions ».
4/ L'obligation de participer est perçu comme non contraignante de la part des patients
(7/8)
« C’est la règle, on s’engage à respecter le fait d’être soigné ici donc moi je n’ai rien contre ».
« si on propose ce grand groupe c’est qu il te le faut, c’est aussi nécessaire à ta guérison » « Je
trouve que c’est un peu normal, pour pas que ce soit la dérive ».
Les fonctions du groupe de TC
On observe dans les discours des patients que le principal bénéfice qui est retiré dans le groupe est
l’écoute des témoignages ( 6/8) « j’aime bien connaître l’histoire de tout le monde, écouter ce
qu’ils ont à dire, si on ne peut témoigner, j’écoute parce que je suis d’une grande curiosité » ; « de
les écouter c’est vrai que ça aide, bon j’ai ma psychologue, mais ce n’est pas pareil que d’entendre
chacun, de temps en temps c’est bien ».
42
On observe que sur la base de l’écoute des expériences de vie s’opère une modification des
perceptions (5/8) « ….et voilà au début tu les vois comme ça et après tu te dis, tu as une deuxième
impression des gens, lui il a ça, lui il est comme ça » ; « on se parle une fois, qu’on connaît les
histoires des autres, il y a des personnes que l’on voit différentes» ; « On a tendance à juger quand
on voit arriver une personne et moi je me dis que je ne peux pas juger» .
La communauté d’expérience est également présente dans le discours des patients (5/8)
« …. être entourée de personnes qui sont malades comme nous on vit un petit peu avec » « Si
quelqu’un me dit qu’il planquait des bouteilles derrière l’évier, moi je l’ai fait » « Quand on va être
parti, les cinquièmes vont partager des choses avec les nouveaux arrivants »
« Les trois, quatre personnes qui sont là pour le cannabis ou pour les médicaments, mais sinon 97
% on est soudé pour les problèmes d’alcool, je me suis rendu compte qu'on avait les mêmes
problèmes » ; « Non parce qu’on est pareil, on est au même point. Ici, tout le monde est pareil, c’est
comme dans ma région ou dans des petits villages on sait les choses de fil en aiguille.... tu parles
un peu à tout le monde ».
La dynamique de groupe favorise les sentiments collectifs communs tels que le sentiment
d'égalité entre les participants. (3/8). « On est tous logé à la même enseigne, on est tous pareil
parce que quand on voit l’étiquette aide-soignante, infirmier ou infirmière, docteur » « il n'y a pas
un coté de hiérarchie, avec les médecins tout le monde est au même pied d’égalité » « à l’extérieur
les gens ils en ont rien à foutre de toi, ils se croient supérieur à toi, c’est pour ça qu’ici tout le
monde est pareil... il y a beaucoup d’émotion qui sort, il y a des gens qui pleurent, des fois les plus
importants de la semaine, c’est des moments où il se passe le plus de choses d’un point de vue
émotionnel » et l’émergence de l’affectivité (4/8) « ça fait du bien de tous se retrouver ensemble,
mais pas pour ça, mais plus pour se détendre, discuter, rigolé, on se retrouve tous ensemble » « Oui
c’est chaleureux mais il y a aussi dans le grand groupe c’est le côté amical » .
Il apparaît également dans le discours d'un patient que le groupe assure une fonction de
comparaison sociale « Mais aussi tu te dis voilà, toi, tu te plains mais regardes, celui-là, la vie
qu’il a ou celui-là… ça te choc tu te dis oh moi c’est rien à côté, voilà moi quand je sors de là, je
me dis mais en fait c’est rien ce que j’ai. »
Le groupe est appréhendé par certains (2/8) comme ayant une fonction de soutien social :
« il a envie de boire et tu vas le voir et tu lui dit c’est bon tu es la pour te soigner on se donne des
conseils entre nous » « bon ben après chacun, on se motive ensemble tu vois »
43
Du coté du discours des soignants (4/6), le groupe de thérapie communautaire a pour fonction l'aide
à la prise en charge et au fonctionnement institutionnel.
« je trouve que ça impacte de plus en plus l'attitude générale des soignants par rapport aux
patients » « par contre ce qui est intéressent c'est qu'on arrive à voir la personnalité de certains
patients » « Je pense être beaucoup plus attentif à la personnalité des patients qui peuvent se
révéler amicale ». « Puis aussi, de justement sortir de son cadre de soignant pour entrer dans une
relation dépourvue de ce pouvoir institutionnel, que donne le rôle de soignant dans une institution.
Ca nous aide aussi à connaître les patients » « …ça peut être thérapeutique pour l’institution, entre
les patients et entre les patients et les soignants, ça c’est excellent pour l’institution, ça aide au bon
fonctionnement institutionnel. »« Ça nous sert à nous dans le sens où on peut parler des patients ou
connaître les patients, améliorer la prise en charge ».
Selon le discours d'un soignant, il s’opère une fonction d'identification qui va amener le patient
(1/6) à vouloir s'exprimer « on voit des gens qui s’expriment difficilement et qui tout d’un coup lors
des groupes vont se révéler parce que le sujet évoqué par le groupe va rentrer en résonance avec
une expérience vécue et il va naître une pression chez la personne qui va faire qu’elle éprouvera le
besoin d’en parler » mais aussi que l'identification créer un terrain propice à la résolution de
conflit et l'amélioration des relations (2/6) « Si l'autre peut amener des choses qui peuvent la
ramener à sa propre souffrance, je pense que du coup il y a un lien plus important entre eux ».
«... la thérapie communautaire va avoir un effet à priori positif, en tout cas elle tend à avoir un effet
positif, que ce soit surtout dans la famille, que ça se répercute, mais ça peut être dans les relations
professionnelles ou amicales » «...ce n’était pas sans effet sur la manière dont les patients voyaient
leurs relations familiales après ».
Les représentations de la thérapie communautaire
Les discours sont partagés concernant les variétés de dynamique que la thérapie communautaire
propose.
On observe une minorité de participants (4/14) qui ont une perception positive, notamment au
niveau des applaudissements. Du coté des patients (3/8), les applaudissements sont perçus
comme motivants « déjà d’être applaudi ça motive et les paroles de l’animateur sont très
motivantes » « Moi je trouve que c’est bien qu’on récompense les entrants » « Faire le premier pas
pour rentrer la première fois ce n’est pas évident, d’applaudir plutôt, c’est encourageant je
44
trouve ».
et 5/14 ont une perception négative :
Patients « puis à la réunion du mardi, elle nous félicite comme si on était des enfants ». « au début
j’ai trouvé ça un peu bizarre quand ils applaudissent, je trouve ça un peu bizarre même tout le
monde je ne suis pas le seul. je trouve ça ridicule ».
Soignants « il y en a certains qui le perçoivent un peu comme… un esprit un peu colonie et
infantile. » « enfin je trouve que ce ne sont pas des enfants pour qu'on les applaudissent, ce n’est
pas la maternelle quoi ».
Certains (4/14) s'approprient la thérapie communautaire en faisant référence à un autre groupe
tel que les Alcooliques Anonymes.
Patients (3/ 8) « j’ai l’impression de me retrouver aux alcooliques anonymes » « un peu du genre
comme les alcooliques anonyme » « C’est comme les associations par exemple les alcooliques
anonymes ».
Soignants (1/6) « ça fait limite alcooliques anonyme, oui bravo un jour de plus de gagner, je trouve
qu'on en ai pas là quoi ».
Trois participants l’appréhendent en faisant référence à une secte (3/14)
Soignants : « Parce qu’elle ne passait pas du tout, elle est vécue comme quelque chose de sectaire »
Enfin une minorité de soignants (2/6) perçoit la proximité corporelle comme négative celle-ci n'est
pas abordée par les patients.
« se serrer la main et tout ça se balancer, non ça me plaît pas trop c'est perso, je n'aime
pas ». « C’est très difficile d'avoir un travail corporel qui ne fasse pas colonie de vacances, qui ne
fasse pas quelque chose en décalage par rapport à la gravité de certains sujets qui peuvent être
abordés. C'est très difficile dans nos cultures mais Nicole disait que même au Brésil ce n'est pas
évident non plus et nous ça nous est arrivés aussi une fois on se tient par les épaules et on se
balance ».
« ont doit se lever on doit applaudir un peu un coté secte »
Différence de la thérapie communautaire avec un groupe de parole
Ce thème est spécifique aux soignants on observe dans le discours que ce qui marque la différence
avec un autre groupe de parole est que l'accent dans la TC est mis sur les ressources culturelles.
(2/6)« “puis ce n'est pas dans n'importe quel groupe que tu trouves des personnes chanter
s'exprimer avec des poèmes ou des dictons »” « Le chant, la danse, donc le recourt à des formes
d’expressions culturelles qui sont plus ou moins importantes ce qui n’est pas présent dans le groupe
45
de parole habituel où il n’y a que la parole. »
Ce qui diverge également d'un groupe de parole est l'effectif (1/6 )« des groupes de parole à
quatre-vingt-dix ça n'existe pas » mais aussi la créativité (1/6) « ça donne plus d'ouverture dans
les grands groupes, puis il y a plus d'idées dans le grand groupe ». On observe aussi dans un
discours que c'est le cadre et la relation entre participants à l’intérieur qui marque la différence.
(1/6) « Oui mais sauf que dans un groupe de parole classique on n’a pas ce cadre extrêmement
précis que permet la thérapie communautaire et il n’y a pas cette rupture du cadre institutionnel
aussi nettement affirmée que dans le groupe de thérapie communautaire ».
Enfin un soignant pointe la fonction du groupe comme étant non thérapeutique est basé sur une
action sociale, et un outil institutionnel (1/6) «... ils n’ont pas la même fonction qu'un groupe de
parole ce n’est pas quelque chose qui veut remplacer un groupe de parole ça non ça agit au niveau
social » « ...mais c’est normale son utilité ce n’est pas psychothérapeutique »
« ça peut être thérapeutique pour l’institution entre les patients, et entre les patients et les
soignants, ça c’est excellent pour l’institution ça aide au bon fonctionnement institutionnelle. »
La continuité des soins
Ce thème est spécifique aux patients. La moitié des patients ont des attentes concernant le soutien.
Ils expriment le besoin de vouloir participer à un groupe à l’extérieur (4/8). Les principales raisons
pointés sont la solitude, créer des liens, parler ou écouter les différentes expériences relatés. Pour un
patient cela constitue pour lui un moyen de lutter contre la rechute. « je vais me retrouver tout seul
et je vais reboire autant je vais avoir un coup de blues comme on dit et c’est repartie dehors, je
pense qu’il faut continuer à faire les groupes, » « Pour voir d’autres personnes et si je croise des
anciens pour l’amitié »
« c’est vrai que de parler avec des autres comme j’ai fait là de les écouter c’est vrai que ça aide,
Ah oui je pense que c’est nécessaire, même si j’ai du monde chez moi « alors moi ça m'aide de
parler », je dirais que les différents vécu de chacun ça apporte forcément quelque chose. « ne
serait-ce que pour écouter même si tu ne parle pas »
46
VI/ DISCUSSION : INTERPRETATION ET PRECONISATIONS
Au travers des différentes analyses, nous nous attacherons plus particulièrement à interpréter celles
qui sont en lien avec nos objectifs. C'est a dire les différents apports
psychosociaux de la
participation aux groupes de TC, les éléments pouvant nous éclairer sur la possible transposition de
ce dispositif de groupe. Dans cette interprétation, il s'agit donc de mettre en évidence la manière
dont les thérapies communautaires sont investies pas les sujets, mais aussi d'établir des
préconisations quant aux éléments qui modulent les possibles bénéfices que pourrait apporter le
groupe, ainsi que la volonté de participer.
Dans un premiers temps, nous avons relevé les différentes perceptions des patients et des soignants
concernant le fonctionnement des groupes de TC. Nous avons pu mettre en évidence que la majorité
des participants, les soignants et les patients ont un sentiment de lassitude concernant la répétition
des séances chaque semaine, dans la mesure où ils sont contraints d'assister à ces groupes. Au
regard des résultats, il est préconisé dans un premier temps d’espacer la rythmicité des séances afin
que les patients, mais aussi les soignants, ne s'inscrivent pas dans une dynamique de routine qui
pourrait avoir un impact sur les apports de ce groupe.
Par ailleurs, l'analyse des entretiens à montré que la méthodologie de la TC est considérée par les
patients comme trop « rigide », chacun ne pouvant pas s'exprimer librement, mais selon des règles
précises. Inversement, les soignants mettent en avant que cette méthodologie est efficace pour
réguler un groupe de 80 personnes. On peut ainsi interpréter cela par le fait que le groupe dans son
ensemble ne poursuit pas un but commun. Aux deux extrêmes, les soignants dont le but est d'assurer
le bon fonctionnement du groupe et du coté des patients on observe un besoin de s'exprimer,
d'échanger alors que la méthodologie ne le permet pas, ou peut être la taille du groupe qui dépasse
les 80 personnes. Dans la mesure où la structure d’accueil n'est pas marquée par une présence
obligatoire du patient, il est préconisé d'adapter la méthode afin que puisse s'élaborer la parole.
L'obligation de participer est perçue comme non contraignante, ce n'est pas pour autant qu'elle n'est
pas à questionner. En effet, on observe dans les discours des patients que cette non contrainte peut
être influencée par le contexte dans lequel se trouvent les participants. Il se peut que les patients
47
soient soumis à l’autorité de la clinique et que cela puisse se répercuter sur la motivation du groupe.
Ainsi, inscrire la thérapie comme une obligation n'est pas profitable dans le contexte dans lequel
nous voulons le transposer et peut par ailleurs avoir des conséquences sur l'autonomie du patient.
Par ailleurs, nous avons pu mettre en évidence que le groupe de thérapie communautaire est perçu
comme une secte où encore les participants font référence aux Alcooliques Anonymes. Ceci peut
nous éclairer à partir du moment où ces représentations ont une connotation négative, le participant
peut redouter d'y être, contraint malgré lui. Ainsi, cet élément est également à interroger car
l'ensemble des variétés de dynamiques de groupe emprunté à la culture Brésilienne, est perçu ici
non pas comme des ressources du groupe, mais plutôt comme une méfiance et des suspicions de
secte et ainsi peut freiner la participation. Dés lors, il convient de réfléchir à d'autres dynamiques
de groupe que les applaudissements, ou les balancements car ces variétés sont perçues comme
inquiétantes par les participants.
Le pont positif que nous avons relevé dans le discours des soignants est que la participation au
groupe permet d' améliorer les relations entre les soignants et les patients.
En s'appuyant sur les entretiens, on constate que ce groupe a pour fonction de les sensibiliser les
soignants à la composante relationnelle de leur métier, ils apprennent a connaître les patients lors
de la participation et ceci a un effet constructif du lien entre soignant et soigné. Ceci a des
retombées favorables car cela joue un rôle fondamental dans la prise en charge du patient. En ce
sens, il permet aux soignants de bénéficier de pistes d’action et d’adaptation au niveau de la prise en
charge, de développer des comportements et des compétences en lien notamment avec la gestion de
certaines situations, ce qui est important avec ce type de population.
C'est sur la base de l’écoute des expériences de vie dans les groupes que le jugement social sur les
patients s'efface et permet la création de liens entre soignants/soignés.
Ceci a toute son importance dans la mesure où les participants de cette étude mettent en avant un
sentiment de stigmatisation lors de leur démarche de soin. Nous avons vu précédemment que la
stigmatisation n'est pas sans conséquence sur l'identité sociale de l'individu et s'impose dans les
interactions sociales qui sont elles-mêmes mises en danger (Goffman, 1976).
De nombreuses recherches ont mis en avant les conséquences néfastes des représentations sur la
prise en charge des usagers. L'une d'entre elles montre la présence de représentations négatives ou
erronés fondées sur de mauvaises connaissances réciproques des usagers de substances addictives
illégales et des intervenants chargés de les accompagner. Les professionnels de santé ont des idées
reçues sur les toxicomanes, basées pour la plupart sur la crainte. Du coté des usagers, les
48
représentations qu'ils se font des structures sanitaires se basent sur des rumeurs négatives et des
préjugés véhiculés par le groupe de pairs. Ainsi, selon cette étude, ces représentations contre
productives sont dommageables à l'ensemble de la prise en charge (Panunzi-Roger, 2001). Ce point
positif est important dans la mesure où la structure chargée de mettre en place cette thérapie est un
hôpital. L’hôpital est un lieu qui est perméable à ces représentations négatives. Ainsi, il peut être
préconisé de faire participer l'ensemble des acteurs de santé de participer à des séances. L'objectif
étant de tenter de modifier le regard qu'ont les soignants, pose sur ce type de population afin
d’améliorer la prise en charge du patient.
La principale fonction qui est mise en avant dans le groupe, celle de l'écoute des expériences de vie
dans laquelle s’opère une identification entre les membres du groupe. C'est en écoutant les
expériences de vie que le patient éprouvera le sentiment de ne plus être seul au monde avec ses
difficultés, ses questions et ses angoisses. Il est écouté, mais aussi reconnu dans ce qu’il vit et
éprouve. Il semble que cette fonction d'identification soit un terrain propice à l'établissement de
relations entre eux et par ailleurs, selon les soignants, cela permet de réguler les tensions dans le
groupe.
L'analyse des entretiens montre également que la dimension sociale et affective est présente dans ce
groupe, ce qui signe d'un facteur de cohésion, les sentiments affectifs sont présents dans les
entretiens. La cohésion est le phénomène qui maintient unis l’ensemble des membres du groupe.
Elle traduit la volonté de ses membres à appartenir au groupe.
Par ailleurs, on constate que les patients trouvent un avantage au groupe : celui de bénéficier d'un
soutien afin d’adopter des stratégies de coping efficaces pour ne pas rechuter. Celles-ci étant
également optimisées par les conseils que les autres participants du groupe peuvent offrir.
Les soignants mettent en avant que ce qui différencie les groupes de thérapie communautaire à un
groupe de parole est la méthodologie, ou la dynamique de groupe. Cependant, la principale
différence avec un autre groupe de parole est qu'il n'agit pas directement sur la pathologie mais sur
ce qui entoure le patient (famille, réseau social). Ainsi, nous avons vu précédemment que le
contexte social est souvent mis en avant par les patients comme cause ou conséquence de la
dépendance. Face à la médicalisation d'un problème social (Suissa, 2008), la TC propose d'agir sur
l'ensemble de l'environnement de l'individu, et c'est en ce sens qu'elle est thérapeutique. C'est
également dans ce sens qu'il est mis en lumière dans nos résultats que c'est un bon outil pour les
professionnels dans la mesure ou il aide à la vie en communauté au sein de la clinique.
49
Ainsi, au regard de nos résultats, ainsi que le principe de cette thérapie peuvent nous amener à
penser le groupe non pas seulement comme étant un espace de partage des expériences de vie où un
lieu de lutte conte l'isolement social. Mais aussi comme un lieu d'identification de ressources dans
la prise en charge du patient. En effet, cette thérapie peut être un lieu où peuvent se retrouver
l'ensemble des acteurs spécialisés dans le champ des addictions tel que les associations de malades
alcooliques.
Ce qui permettrait d’avoir pour chacun une représentation globale de l'offre de soin en addictologie.
En effet, les patients pourraient disposer d'un accompagnement avec des acteurs divers du champ
sanitaire et social.
De ce fait, il est préconisé également de ne pas considérer les groupes de thérapie communautaire
comme une méthode qui pourrait remplacer un groupe de psychothérapie.
50
CONCLUSION
Cette recherche met en évidence la manière dont les participants se sont approprié les groupes de
thérapie communautaire. Nous avons vu que ces groupes sont indirectement thérapeutiques dans le
sens ou ils mettent l'accent non pas sur la pathologie, mais sur la stimulation à construire des liens
solidaires, promouvoir la santé, les réseaux de solidarité et l’intégration sociale (Barretto 2008).
Le terme thérapie dans le champ des addictions peut prêter a confusion. En effet, ces pratiques
thérapeutiques appréhendent avec difficultés les problématiques sociales des addictions. Si les
difficultés sociales peuvent être abordées, la thérapie n'a pas pour objectif de les traiter en
profondeur ! Elle vise à la stabilisation du malade par la restauration physique, psychique et le
maintien de l'abstinence.
Ainsi, il s'agit pour la thérapie communautaire d'aller au delà de construire des réseaux solidaires et
d'investir dans les forces des réseaux familiaux, sociaux et communautaires. Cette approche ouvre
d'autres horizons. Faire de la santé un territoire public, pluriel, un processus dynamique dans lequel
tous le monde est appelé à intervenir préventivement sur des facteurs qui mobilisent les acteurs
sociaux et les différents savoirs. Ceci pour empêcher de médicaliser des problèmes sociaux et de
donner des réponses individuelles a des problèmes collectifs.
51
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Suissa, A. J. (année). Addictions et pathologisation de l’existence : aspects psychosociaux. In M.
Valleur. Psychotropes - Revue internationale des toxicomanies et des addictions.
Tessier, S., Andreys, J. B., & Ribeiro, M. A. (2004). Santé publique et santé communautaire. Eds
Maloine.
54
ANNEXES
55
GUIDE D'ENTRETIEN PATIENT
Consigne :
Tout d'abord, je vous remercie de participer à cet entretien, je tiens à vous rappeler que celui-ci est
enregistré, les réponses que vous donnerez à cet entretien seront traitées de manière confidentielle.
Enfin, il ne s'agit pas ici de tester vos connaissances, mais de savoir ce que vous pensez.
1/ Exploration de l'experience vecue
Pour commencer pouvez-vous me parler de vous, de votre histoire de vie ?
Que pouvez-vous me dire de votre dépendance ?
(Ou expliquez moi comment vous avez été amené à venir dans cette clinique)
2/ Description de la prise en charge
Pouvez-vous me parler de votre prise en charge dans cette clinique ? Comment cela se passe ?
Plus particulièrement pouvez-vous me parler des différentes choses qui sont proposées dans cette
clinique : les groupes, le suivie ?
3/ Les groupes de therapie communautaire
Plus particulièrement pouvez-vous me parler des groupes de thérapie communautaire ?
Apports et bénéfices perçus des TC
Que pensez-vous que ces groupes vous apportent ?
-
Sur le plan personnel (soutien, estime de soi)
-
Sur le plan relationnel (avec les autres patients avec les soignants, votre famille)
Que pensez-vous du fait que ces groupes soient obligatoires ?
Pensez-vous revenir assister à ces groupes lorsque vous serez sortis de cure ? Pour quelles
raisons ?
56
GUIDE D'ENTRETIEN SOIGNANT
Consigne :Tout d'abord, je vous remercie de participer à cet entretien, je tiens à vous rappeler que
celui-ci est enregistré, les réponses que vous donnerez à cet entretien seront traitées de manière
confidentielle. Enfin, il ne s'agit pas ici de tester vos connaissances, mais de savoir ce que vous
pensez.
1/ Prise en charge du patient dans la clinique
Pour commencer pouvez-vous me parler de votre activité dans cette clinique, en quoi consiste-telle ?
Que pouvez-vous me dire sur la prise en charge des patients dépendants au sein de la clinique ?
2/ Les groupes de therapie communautaire
Plus particulièrement, pouvez-vous me parler des groupes de thérapie communautaire ?
Comment ces groupes fonctionnent-ils ?
Que pensez-vous que ces groupes apportent aux patients ?
Apport et bénefices perçu des TC
Sur le plan relationnel (entre eux, avec leur famille, avec les soignants):
Que pensez-vous que ces groupes apportent aux soignants ?
-
Dans les relations entre patient et soignant ?
-
Et dans les relations entre soignants ?
Pensez-vous que ces groupes de thérapie soient un plus au sein de la clinique ?
Obligation de participer
Que pensez-vous du fait que ces groupes soient obligatoires ?
57
FICHE SIGNALETIQUE PATIENTS
Je vous remercie de bien vouloir compléter cette fiche, dont je vous rappelle l'absolue
confidentialité du contenu.
Vous remarquerez que vous n'avez pas à y indiquer votre nom.
Merci de votre participation.
Vous êtes :
 Un homme
 Une femme
Quel est votre âge :..................
Quelle est votre situation matrimoniale ?
 Célibataire
 En concubinage
 Divorcé
 Marié
Quelle est votre situation actuelle ?
 Sans activité professionnelle
 Avec activité professionnelle
Quel est votre niveau d'étude ?
 Inférieur au bac
 Supérieur au bac
Type de dépendance : (plusieurs choix possibles)
 Alcool
 Cannabis
 Autres drogues
Avez vous déjà rechuté ?
 Oui
 Non
58
FICHE SIGNALETIQUE SOIGNANTS
Je vous remercie de bien vouloir compléter cette fiche, dont je vous rappelle l'absolue
confidentialité du contenu.
Vous remarquerez que vous n'avez pas à y indiquer votre nom.
Merci de votre participation.
Vous êtes :
 Un homme
 Une femme
Quelle est votre profession ?
 Médecin
 Infirmier
 Psychologue
 Aide soignant
 Autres …..............................................................
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