Funérailles à l`église ou célébration à la maison funéraire?

Transcription

Funérailles à l`église ou célébration à la maison funéraire?
Note : Dans une semaine, avec la solennité de Tous les Saints et Saintes, nous entrerons dans le mois de novembre, mois traditionnellement consacré à nos défunts.
Dans le but de nourrir notre réflexion je reprends deux articles publiés dans le «Prions en Église» en 2014.
Funérailles à l’église
ou célébration à la maison funéraire?
Les habitudes funéraires changent rapidement dans notre société. Il n’y a pas si longtemps
les proches des défunts allaient tout naturellement à la paroisse célébrer les funérailles de
leurs disparus. Depuis quelques années, beaucoup préfèrent une liturgie de la Parole à la
maison funéraire. Et d’un diocèse à l’autre, le contenu de cette liturgie de la Parole varie
beaucoup. Les uns n’autorisent que des lectures bibliques avec des prières. D’autres
acceptent qu’on y ajoute un rite d’adieu comportant une aspersion avec l’eau bénite et une
prière, parfois même un encensement. Cependant, nulle part la célébration de l’eucharistie
n’est officiellement permise dans les maisons mortuaires, les évêques la réservant aux
funérailles à l’église. En l’interdisant, ils souhaitent distinguer vivre au salon funéraire et
funérailles à l’église. Pour eux, la célébration au salon n’est pas une célébration de
funérailles. Pourtant, ce n’est pas la célébration eucharistique qui fait d’un rite funéraire des
funérailles chrétiennes. C’est la liturgie de la Parole associée au rite d’adieu (aspersion,
encensement et chant ou prière d’adieu au défunt). Quand tous ces éléments rituels sont
célébrés à la maison funéraire ou à l’église, ils constituent des funérailles chrétiennes.
Quel qu’il soit, le rite célébré à la maison funéraire n’est pas inscrit dans un registre paroissial. Il n’est pas considéré
comme des funérailles.
Le ministre qui préside est parfois un prêtre de la paroisse, parfois un prêtre ou un diacre engagé par l’entreprise
funéraire et qui n’a généralement aucun lien avec la personne défunte.
Une situation ambiguë
On le voit la situation est confuse. Pour beaucoup de gens, funérailles à l’église ou célébration à la maison funéraire,
c’est du pareil au même. C’est une prière à l’occasion de la mort d’un proche. Pourquoi se déplacer à l’église? Pourquoi
ne pas profiter de tous les services offerts sur place par la maison funéraire?
À mon sens, célébrer un rite funéraire au salon plutôt que des funérailles à l’église éloigne le défunt et ses proches de la
communauté chrétienne. On privatise le rite funéraire. Les funérailles célébrées à l’église rassemblent la communauté
qui veut écouter la Parole d’espérance, prier pour l’un des siens et lui dire adieu. Le lieu de rassemblement normal de la
communauté, c’est l’église. Pour moi, il en va de l’adieu à un chrétien comme de son accueil dans l’Église. De même
qu’on ne baptise pas à domicile, mais bien dans la maison de la communauté chrétienne, de même on dit adieu à un
défunt là où la communauté se rassemble dans l’église. On fait la même chose pour les mariages (malgré les coutumes
de plus en plus populaires de se marier sur des plages ou d’autres lieux de vacances). La liturgie n’est pas une affaire
privée, Elle implique nécessairement la communauté.
Un discernement à faire
On me dira que les gens qui demandent une liturgie d’adieu au salon ne viendraient pas de toute façon à l’église, qu’il
faut aller au-devant d’eux pour les rejoindre. Dirait-on la même chose pour la célébration du baptême et du mariage?
C’est une chose d’aller au-devant des distants pour les évangéliser, c’en est une autre de célébrer les rites de l’Église.
Alors, au moins qu’on assure que les rites permis au salon soient clairement distincts de ceux des funérailles. Les
personnes qui désirent des funérailles chrétiennes à l’église feraient bien de le spécifier clairement dans leur testament et
d’en aviser dès maintenant leurs proches. (Alain Roy, Prions en Église, 14 septembre 2014)