Maurice Duhamel (1884

Transcription

Maurice Duhamel (1884
Maurice Duhamel (1884-1940)
En Terre celtique (1925)
Quand le piano fait entendre des sons d’ajoncs et de bruyères
C’est grâce à sa fervente adhésion à la politique, notamment bretonne,
que Maurice Duhamel, de son vrai nom Maurice Bourgeaux, futur
compositeur, musicologue et folkloriste, est conduit à s’intéresser à l’histoire
de son « pays », à la musique aussi, conséquemment. À l’instar de LouisAlbert Bourgault-Ducoudray et de François-Marie Luzel, et aidé d’une part
de ses connaissances musicales et linguistiques (il a étudié à fond le
breton, plus sobrement le gallois et l’irlandais), de l’autre par le soutien
d’intellectuels et de linguistes comme Anatole Le Braz, Joseph Loth ou
Georges Dottin, il collecte, entraîna nombre de publications ; ainsi
Musiques bretonnes, ouvrage essentiel en ce qu’il contenait, par exemple,
des gwerzioù (complaintes) et des sonioù (pendants de la gwerz dans le
domaine amoureux et lyrique) dont Luzel avait omis de noter la musique.
Sans oublier Les quinze modes de la musique bretonne où il établit une
théorie complète du système modal breton (multiples modes différents) ; et
le fait que c’est lui qui utilisa pour la première fois l’expression « musique
celtique ».
Toutefois, c’est la rencontre de Duhamel avec un autre marcheur, Rennais
comme lui, le poète Louis Tiercelin, qui l’encourage à ne s’occuper que de
musique. Il compose pour l’orchestre, ce fin mélodiste, mais surtout pour le
piano et la voix, ou le piano seul comme En Terre celtique, « six pièces
faciles pour piano » : 1. « Chanson galloise », entraînante et d’une grâce
presque timide ; 2. « Cortège de noce en Trégor », d’un rythme marqué,
« avec une sonorité d’accordéon », précise la partition ; 3. « Dans les
brumes de la mer des Hébrides », mystérieux coups de pinceaux sortant,
lents, du noir ; 4. « Cornemuse des Highlands », vive et leste, et des oiseaux
s’envolent criants de vie ; 5. « Soir de mai dans l’Argoad », ample et
d’expression retenue ; 6. « Danse des épées » : elle frissonne malgré les
injonctions martiales, accélère le tempo, s’endiable, croches pointées aux
aguets, pour s’achever, à temps.
Jean-Noël von der Weid
Lire
Maurice Duhamel, Musiques bretonnes, Rennes, Dastum, 1997.
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