(journal n° 18 spécial immigration.pub)
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(journal n° 18 spécial immigration.pub)
Bulletin d’information de SUD Education Var Spécial immigration Bimestriel Mai-Juin 2006 NON à l’immigration jetable. NON à la déshumanisation de la planète. L’Europe et les Etats-Unis concoctent des lois de plus en plus dures contre l’immigration, accusant les immigrés de tous les maux dont souffrent les citoyens du pays afin de parvenir à leurs fins: précariser l’ensemble des salariés. ETATS UNIS. Le projet de réforme de l’immigration, le « HR4437 » selon Bush : Cherchant à satisfaire les patrons en leur permettant de conserver une importante réserve de main d’œuvre bon marché et malléable, la loi permettrait en même temps un plus grand contrôle de l’Etat sur les flux migratoires. La réforme propose de mettre en place un système de « travailleurs-invités » (« guest-workers »), des étrangers qui signeraient un contrat à durée déterminée dans leur pays d’origine, qui viendraient temporairement dans le pays d’«accueil » afin de pourvoir aux besoins de main-d’œuvre dans les secteurs déficitaires et qui devraient retourner dans leur pays sitôt leur tâche accomplie. Pas question, bien entendu, de regroupement familial, ni de régularisation et encore moins de naturalisation. Les sans-papiers actuellement sur le territoire états-unien (ils sont plus de 11 millions!) devraient retourner chez eux pour effectuer une demande de contrat temporaire auprès des ambassades américaines. Les sans-papiers qui resteraient sur le territoire malgré cela s’exposeraient à des peines sévères. Et ceux qui les aideraient (associations humanitaires, communautés religieuses, agents des services sociaux, etc.) seraient également passibles de sanctions. Parallèlement, la surveillance aux frontières serait renforcée. Un mur de plus de 1000 km (sur les 3000 km de frontière) serait construit entre le Mexique et les Etats-Unis et surveillé par l’Armée dont les effectifs seraient doublés. Le projet est actuellement bloqué au sénat où Ted Kennedy (démocrate) et John McCain (républicain) ont présenté un texte de « compromis » (à peine plus généreux) qui a été rejeté par la majorité républicaine. Les débats sur cette loi ne seront sans doute pas repris avant les élections au Congrès, en Novembre. La difficulté pour l’administration Bush, c’est de produire un texte qui convienne à son électorat de droite où deux tendances s’opposent radicalement sur cette question. SUD Education 83 - 1 Rue Muscatelli 83000 Toulon - Tél : 04 94 21 81 89 Mél : [email protected] - Site : www.sudeduc83.org - Prix : 1 € - Abonnement 3 € / an - N° CPPAP : 0208 S 06377 SUD Education 83 - Page 1 Les patrons Les clandestins travaillent au noir dans des emplois précaires et peu rémunérés (agriculture, bâtiments, hôtellerie, restauration, services à la personne). Malléables, car ils vivent dans la peur constante de se faire expulser, ils ne sont pas protégés par la législation du travail. Certains secteurs, dont l’agriculture, qui ont besoin essentiellement de travailleurs saisonniers ou temporaires, embauchent de préférence des immigrés sans-papiers (qu’ils peuvent exploiter, renvoyer à leur gré et aussi parce que les Américains ne sont pas demandeurs, évidemment, de ces emplois d’intermittents). Les sans-papiers font tourner le système capitaliste et sont donc essentiels à l’économie. C’est la raison pour laquelle le patronat, qui a besoin de ce sousprolétariat pour baisser les coûts salariaux et se passer de syndicats et de code du travail, est farouchement opposé à une fermeture des frontières. Les partisans de l’ «immigration zéro» C’est à dire ceux qui claironnent que les immigrés sont trop nombreux, qu’ils viennent manger le « bun » des américains de souche, font baisser les salaires et changer la nature de leur « beau pays » en imposant leurs coutumes et leur mode de vie. Et s’ils en sont persuadés, c’est que les dirigeants politiques et les chefs d’entreprise ne manquent pas une occasion de le leur rappeler afin de diviser les salariés. C’est le principe de base du néo-libéralisme. Et il n’aurait jamais prospéré si les travailleurs avaient eu conscience qu’ils étaient manipulés avec des discours haineux et discriminatoires. La recette est connue et, malheureusement, efficace pour isoler les différents groupes de la société et les empêcher de se coaliser contre les vrais privilégiés, les patrons et les gouvernants. C’est ainsi qu’on prétend les fonctionnaires « privilégiés », les RMistes « fainéants », les immigrés des « parasites », etc. Pour que le système fonctionne, il faut des boucs-émissaires, des citoyens de seconde zone et un sous-prolétariat. Et en GRANDE BRETAGNE, me direzvous ? D’ici deux ans devrait entrer en vigueur un système d’immigration à points calqué sur le modèle australien qui prévoit d’accueillir les « plus brillants et les meilleurs » en provenance des pays en développement. Les travailleurs de l’Europe récemment élargie pouvant combler en grande partie la pénurie de main d’œuvre non qualifiée, les portes seront alors fermées aux travailleurs immigrés non qualifiés des pays en développement hors Union Européenne. Ce système d’immigration qui comprend cinq catégories attribuerait des points selon certains critères comme le comportement, l’expérience professionnelle, l’âge et les besoins du marché. Chaque année seront fixés les quotas des besoins en main d’œuvre moyennement ou peu qualifiée. Les immigrés les plus diplômés seront autorisés à venir avec leur famille et pourront obtenir la citoyenneté britannique plus rapidement qu’actuellement. En revanche, les travailleurs immigrés peu qualifiés en provenance de pays pauvres (en nombre très limité) ne pourront rester au delà de 12 mois, devront laisser leur famille chez eux, et leurs salaires pourraient être versés directement sur un compte en banque de leur pays d’origine pour les dissuader de rester à la fin de leur contrat. Ces exemples sont bien dans la ligne de l’« immigration choisie » de Sarkozy, non ? SUD Education 83 - Page 2 LA FRANCE (et bien d’autres pays dits « développés), qui est en train de se doter d’une nouvelle loi sur l’immigration, est parfaitement en phase, donc, avec les néolibéraux de la planète. Le Ministre de l’Intérieur prépare depuis des mois le conditionnement de la population (qui n’a, hélas pas toujours besoin de cela pour tomber dans ce panneau grossier): - D’abord, justifier la fermeture des frontières et les expulsions massives grâce à des amalgames (le Kärcher, la racaille, le terrorisme islamiste, les jeunes des banlieues, la criminalisation des militants syndicaux ou des manifestants, etc.), - Bien cibler les « ennemis » de la nation et parler d’immigration « subie », c’est à dire fustiger ceux qui sont sur place, entrés clandestinement depuis des années, souvent, et qui ont désormais leur vie en France, où ils ont fondé une famille, et qui ne souhaitent pas en partir. Pour que le système libéral fonctionne à plein, il faut se débarrasser de ceux-là (susceptibles de s’organiser et de revendiquer) et les échanger au maximum contre une main d’œuvre sous contrat à durée limitée (les fameux « travailleurs-invités, ou « guest-workers » du père Bush ou les travailleurs sous contrat de 12 mois de Tony Blair). Pour s’en débarrasser, on refuse de les régulariser, les mettant ainsi en situation précaire et illégale, à la merci de patrons sans scrupules. On construit des centres de rétention pour les expulser ensuite pour laisser croire que le but c’est de stopper l’immigration et le tour est joué. Avec les clandestins restés sur le territoire, on a ainsi une armée de sous-prolétaires, un réseau d’escla- ves, qui permettront de faire baisser les salaires et aggraver les conditions de travail. De plus, sans permis de travail officiel, ils seront constamment sous la menace d’être renvoyés sur-le-champ, et expulsés. On pourra également piocher dans le vivier de travailleurs au rabais qu’on s’est constitué avec l’Europe élargie. Les autres catégories de travailleurs, les autochtones, précarisés eux aussi (grâce aux différents contrats CDD, CNE, à la réduction des postes de fonctionnaires, au démantèlement des services publics), seront tirés vers le bas, pour le plus grand bonheur des patrons, de leur tiroir-caisse et de celui de leurs actionnaires. Parallèlement, on donnera la possibilité aux pays pauvres de nous envoyer les diplômés dont on aura besoin pour combler les secteurs déficitaires. Cela n’arrêtera pas pour autant le flot d’immigration de tous ceux qui chercheront à tout prix à échapper à la misère ou aux conflits armés dans leur propre pays.Et cela, ils le savent très bien. Hypocrisie et cynisme du système capitaliste, qui n’hésite pas à plonger de plus en plus d’êtres humains dans la misère et le malheur pour le profit d’une minorité sur la planète et qui répand le racisme et la haine pour arriver à ses fins. Cependant, les ficelles des néo-libéraux étaient trop grosses aux Etats-Unis : les immigrés, avec ou sans papiers (dont une grande majorité sont latinoaméricains) et leurs sympathisants sont descendus dans la rue par centaines de milliers dans toutes les grandes villes du pays pour protester contre le système des guest-workers et la criminalisation des clandestins. Les 36 millions d’immigrés, dont plus de 10 millions de sans-papiers, qui vivent et travaillent aux Etats-Unis ont dit à Bush et à sa clique : Aqui Estamos Y No Nos Vamos. (Nous y sommes, nous y restons) Il serait temps que l’Europe des peuples réagisse aussi massivement. Le pouvoir des maires Grâce à la loi Sarkozy sur l' immigration adoptée par l’assemblée nationale et examinée par le sénat, les maires pourront. Refuser de valider : l’attestation en cas de suspicion de «fraude» ou si les «conditions d’un hébergement normal ne sont pas remplies». Constituer des fichiers de demandeurs d’attestation d’accueil afin d’éviter les demandes « répétées et frauduleuses ». Demander ses papiers à un conjoint étranger, vérifier ainsi la régularité de son séjour et ajourner à la célébration pendant un mois en cas de séjour irrégulier. Donner un avis après avoir fait vérifier, par leurs services sociaux avant toute intervention de l’OMI, les logements des demandeurs de titre de séjour. Dans leur programme de 2007, certains pourront ainsi promettre de diminuer voire de supprimer les immigrés dans leur commune. Pas besoin d’attendre que Le Pen soit au pouvoir. SUD Education 83 - Page 3 Bulletin d’information de SUD Education 83 Spécial Immigration. Motion d’actualité Immigration/Sans-papiers Le projet de loi réformant le Code de l’Entrée et du Séjour des Etrangers et Demandeurs d’Asile (CESEDA) du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy est actuellement discuté au Parlement. Cette nouvelle réforme, qui s’inscrit dans la continuité du pillage des pays pauvres, conduit à une négation totale des droits fondamentaux de la personne. Elle restreint encore plus radicalement le droit au séjour pour toutes celles et ceux qui construisent leur vie en France et qui ont fui la guerre, toutes sortes de violences, la misère... Elle entérine la quasi-disparition de la carte de résident, durcit encore les conditions du regroupement familial, crée une nouvelle catégorie de travailleurs étrangers dont la durée du séjour est limitée au bon vouloir de leur patron. Poursuit la politique de pillage des pays pauvres Elle s' attaque au séjour des malades étrangers. Se marier entre français et étrangers devient quasiment impossible, il y a suspicion des pères étrangers d' enfants français, qui devront justifier de leur paternité. La suppression du droit à la délivrance d' un titre de séjour pour les étrangers présents depuis au moins dix ans en France les condamne à l' irrégularité perpétuelle et par conséquent à des conditions de vie misérables … Pour espérer obtenir et conserver leur titre de séjour les étrangers doivent cumulativement être « bien intégrés », bien vus par le maire de leur commune, en bonne entente avec leur conjoint, appréciés par leur patron, disposant d' un bon salaire et d' un grand logement. Quant aux autres, ils n’ont aucun droit et vivent dans la peur quotidienne d’être arrêtés puis enfermés dans un centre de rétention, avant d’être expulsés. Travailleurs illégaux, dans une totale dépendance vis à vis de leurs patrons, ils sont confrontés à la précarité, la surexploitation et le non-droit. La politique du gouvernement en matière d’immigration s' inscrit délibérément dans une perspective utilitariste. N’est acceptable que l' étranger perçu comme rentable pour l' économie française. Cette logique s’inscrit dans la logique libérale qui tend à imposer flexibilité et précarité à l’ensemble du salariat. Pour mieux faire oublier les problèmes d’insécurité sociale générés par sa politique, le gouvernement vise à faire des étrangers les boucs émissaires des maux de la société française (chômage, précarité, délinquance… ). Il intensifie le recours à des pratiques sécuritaires et à la mise en place d’appareils répressifs qui restreignent chaque jour davantage les libertés individuelles et stigmatisent les populations ciblées, déjà largement précarisées, en les excluant socialement. Une telle approche de l’immigration favorise la montée de la xénophobie, du racisme, de l’exclusion, et, par réaction, des communautarismes. Réunis pour le quatrième congrès fédéral de Sud-Education à Clermont-Ferrand, nous condamnons les lois de circonstance, les circulaires et les pratiques administratives qui organisent la traque, le rejet et l' expulsion des étrangers du territoire français. Nous exigeons : La liberté de circulation et d’installation Une véritable politique de l’asile L’arrêt immédiat des expulsions La fermeture des centres de rétention La libération de toutes les personnes emprisonnées pour défaut de papiers et leur régularisation par une carte de résidant de 10 ans • La régularisation automatique et définitive des mineurs isolés dès leur majorité • L’abolition de la double peine • • • • • SUD Education 83 - Page 4