La gourde Crapaud

La gourde Crapaud
Tapie sous les gerbes de blé ou sous les feuilles de
betteraves, elle profite de la fraîcheur. Le paysan l’a
déposée au petit matin et tout au long de sa journée
de travail aux champs, il viendra s’y rafraîchir et
s’adoucir la gorge que le soleil et la poussière ont
rendue sèche.
Une autre, de la même époque a été mise au jour à
Fiennes près de Boulogne sur Mer, lors de fouilles
dans un atelier de poterie médiéval.
Elle a accompagné plusieurs générations de paysans
aux travaux des champs : pendant les moissons, les
campagnes de betteraves, les labourages... Elle était
encore utilisée dans les années 1960 mais avec la
modernisation des exploitations agricoles elle est
devenue désuète.
La date de fabrication de la gourde crapaud de cette
photo est inconnue mais il est certain qu’elle a au
moins vécu tout le 20ème siècle. Maintenant élément
de décoration, elle n’en reste pas moins un objet avec
une histoire. Pour les anciens qui ont travaillé aux
champs avec leurs parents paysans et qui s’y sont
désaltérés, elle raconte tout un pan de leur jeunesse
et les souvenirs familiaux se mêlent à la nostalgie
d’une époque.
Elle se portait en bandoulière, une lanière de cuir ou
une corde passée dans quatre petites anses. Certains
modèles possèdent deux goulots et le nombre de
passants varie de 2 à 4. Vide elle pèse 2kg 700 et peut
contenir 3 litres de boisson : de l’eau, de la frênette,
mais surtout du cidre dans notre région.
Pour les générations suivantes il serait magique qu’en
la débouchant la vie de nos aïeux nous soit contée.
Nous pourrions alors entrevoir les lots de misère et
de malheur des périodes de guerre, mais aussi ces
vies faites de labeur, de simplicité, de bon sens et de
respect des hommes et de la nature.
Sphérique sur le dessus, marron, vernissée, son fond
plat permet de bien la caler dans la terre et ainsi
enfouie sa forme évoque celle du crapaud, d’où son
nom : la gourde crapaud.
Objets inanimés avez-vous donc une âme ?...
Initialement en bois, la gourde crapaud était déjà
connue au Moyen-Age. Un exemplaire à usage
domestique, a été retrouvée dans le Beauvaisis, elle
date de la fin du 14ème siècle ou début du 15ème
Article de Martine T.