POZ16 - Observatoire Zététique

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POZ16 - Observatoire Zététique
La POZ
La publication de
l’Observatoire Zététique
Août 2006 / Newsletter 016
Editorial
AGENDA
è Le musée d’histoire de la
médecine a rouvert ses portes à
Paris. Des objets retraçant l’évolution de la médecine et de la
chirurgie à travers le monde et le
temps y sont exposés : scalpels
de l’Égypte antique, clystères du
XVIIe siècle, outils de trépanation, scies d’amputation et même
la trousse homéopathique du
Dr Gachet, le médecin de Van
Gogh.
Exposition
Les progrès de la médecine
Musée d’Histoire de la Médecine
12, rue de l’Ecole de Médecine
75 006 Paris
Tarif plein : 3,50€ (réduit : 2,50€)
Infos : 01 40 46 16 93
è Le deuxième Salon du livre
d’histoire des sciences et des
techniques se tiendra à l’espace Robespierre d’Ivry-sur-Seine
(Val-de-Marne) les 17, 18 et 19
novembre 2006. Cette année, il
abordera l’histoire des théories
de l’évolution et accueillera l’exposition Darwin réalisée par l’Institut Charles Darwin International.
L’entrée est libre et gratuite.
Sommaire
> Les nouvelles de l'OZ
2
> Les actualités du Paranormal 4
> Culture et Zététique
8
> Divertissement
9
L
e 8 août dernier, Émile Fradin a
eu cent ans. Qui ça ? Ben Émile
Fradin, voyons, le célèbre inventeur de Glozel, l’un des sites archéologiques les plus controversés de tous
les temps.
Inventeur... ou inventeur ? La question s’est posée, à une époque, puisqu’on a soupçonné le brave paysan
bourbonnais de ne pas s’être contenté
de découvrir un site préhistorique, mais
d’avoir aussi contribué à en fabriquer
des morceaux... Glozel est un problème passionnant, à plus d’un titre.
Par le récit fondateur, déjà : en 1924,
un paysan et son pépé qui découvrent
fortuitement, grâce à un vaillant bovidé
mettant la patte où il ne faut pas, un
site archéologique insoupçonné, qui
sera fouillé par un abbé et un docteur
et mettra en émoi le monde scientifique. Ça c’est une belle histoire, avec
plein de péripéties qui vont avec : les
scientifiques divisés, la police soupçonnant le brave paysan, des controverses
violentes. Il y a de tout.
C’est intriguant aussi sur le fond,
évidemment : Glozel est-il authentique, oui ou schproll ? Même si elle est
moins médiatisée qu’il y a quelques
décennies, la question est toujours là.
D’ailleurs, je parie la main de ma soeur
contre la culotte de ton zouave que
l’on ne pourra jamais répondre à cette
question par oui ou par non, puisqu’il
faudrait d’abord définir ce que signifie
« authentique », puis étudier Glozel
élément par élément. Il y a les os taillés
et gravés (de quand datent les supports, de quand datent les gravures ?),
les tablettes et les poteries (fabriquées
quand ?)... Et surtout, l’écriture bizarre,
rappelant le phénicien et le grec ancien, qui a été au coeur de la discorde
puisqu’on l’a initialement datée de plus
de dix mille ans avant notre ère, ce
qui, pour de l’écriture, fait sacrément
ancien.
C’est croquignolet aussi pour tout ce
qui gravite autour de Glozel. Des théories plus ou moins fumeuses, mettant
en jeu des Êtres supérieurs, extraterrestres, Atlantes ou autres, dont l’hu-
manité serait issue (n’oublions pas
que les cendres de Robert Charroux,
selon la rumeur, reposent dans une
urne du musée de Glozel), ou plus
simplement la tribu des Pions, établie
dans le Bourbonnais. Des développements politiques aussi : l’enjeu est de
taille, s’il s’agit d’établir la suprématie
de l’Occident sur l’Orient en matière
d’écriture. La proximité de Vichy, capitale de la France à ses heures brunes, est à prendre en compte. La personnalité de Fradin, celle du docteur
Morlet, qui a mené les fouilles, sont
aussi des éléments éclairants. Et puis
tout le petit monde qui, depuis plus de
quatre-vingts ans, se presse à Glozel :
radiesthésistes, ufologues, médiums,
kabbalistes et même des sceptiques...
Et même des zététiciens de l’Observatoire zététique, qui ont fait une petite virée là-bas cet été, en touristes.
Glozel, c’est chouette : nous sommes
venus, nous avons vu et nous sommes repartus avec beaucoup plus de
questions qu’en arrivant. Veni, vidi, rien
compri, comme dirait Jules. Pour une
fois, voilà un sujet célèbre pour lequel
on a la sensation que le problème n’est
pas vraiment clos, contrairement à bien
des affaires ultra-rebattues et pourtant
sans cesse présentées comme mystérieuses.
Bref, c’est un sujet idéal pour zététicien : on a l’impression qu’il y a beaucoup de choses à faire, à comprendre,
à chercher, mais aussi beaucoup d’éléments sur lesquels s’appuyer. On n’a
pas pour autant la prétention de tout
régler en trois coups de cuiller à pot,
bien sûr, si ça se trouve on n’en fera
rien, faute de temps, de moyens, si ça
se trouve on se fera une opinion tout de
suite, ou on finira par s’en désintéresser, qui peut savoir ? Mais ça fait frétiller l’appendice caudal. Sans compter
qu’un périple entre copains dans une
campagne radieuse, avec ses chansons, ses chutes dans des trous, son
pinard au goulot, c’est toujours ça que
les Ummites n’auront pas.
Stanislas Antczak
NL 016 - Août 2006
1
Actualités
Les nouvelles de l'OZ
Toute l'actualité de l'Observatoire zététique
Echos de la liste
I
l a été beaucoup question
d’ufologie sur notre liste
cet été. Les nombreuses discussions à ce sujet
semblent avoir été initiées
par l'expérience rapportée
par l'un des colistiers concernant l'observation d'une
étrange sphère orange qui
a intrigué plus d'un zététicien, et le dossier paru en
août dans Science et Avenir
intitulé « Pourquoi les OVNI
ont disparu ». Les débats
ont alors dérivé sur la scientificité de cette discipline,
puis sur la controverse de la
réalité des premiers pas de
l'Homme sur la lune, relancé
par la perte des documents
originaux de la NASA.
concernant le mélange coca
et mentos qui circulaient
depuis quelques mois sur
internet (et sont disponibles
sur google video).
Des explications du phénomène nous ont été données
par notre chimiste Pierre
Aldebert, mandaté par le
CNRS pour étudier la réaction, qui nous précise à l'instant : « C'est une première
approche, mais la nature
profonde du phénomène
échappe encore à tout ceux
qui ont essayé de se lancer
dans un processus explicatif, moi y compris. ». Ces
explications ont été publiées
sur la liste et nous vous les
livrons ici.
Le mystère du mélange
coca-mentos
Une histoire de gaz...
Mais d'autres sujets moins
sérieux et plus terre à terre
ont également été abordés.
Notre liste n'a pas échappé
à la diffusion des vidéos
La recette du mélange
explosif : coca + mentos.
2
NL 016 - Août 2006
Une boisson pétillante est
une boisson dans laquelle
se trouve dissous plus de
gaz carbonique qu'elle ne
peut en contenir à la pression atmosphérique. Tant
qu'elle est enfermée dans sa
bouteille tout reste tranquille,
la pression de gaz au dessus du liquide, supérieure à
la pression atmosphérique,
maintient le gaz dissous
dans le liquide.
Lorsque l'on ouvre le bouchon le système revient à
l'équilibre en libérant le gaz
carbonique excédentaire de
façon plus ou moins violente
et plus ou moins rapide. On
connaît tous le secouage du
cola ou du champagne qui a
pour effet d'augmenter temporairement la pression de
gaz à l'intérieur, phénomène
amplifié par la chaleur de la
bouteille (et la dépression
extérieure, je vous conseille
de faire ça dans un avion,
c'est mieux qu'en monta-
Geyser de coca à
l’introduction de
pastilles de mentos.
gne car vous allez
bénéficier de la dépression extérieure
sans être pénalisé
par une température
trop basse !!!).
Ici donc nous
nous intéressons
au retour à l'équilibre d'une boisson
gazeuse par introduction d'un corps
étranger qui coule.
Protocole des premières expériences :
des mentos normaux
et light (sans sucre
mais édulcorés avec
des sucres que ne
sont pas des sucres simples
de la famille des oses, on y
reviendra) sont libérés dans
des eaux minérales alcalines
(St Yorre) et non alcalines
(Badoit rouge ou Perrier, des
eaux minérales naturelles
renforcées avec du gaz carbonique dissous).
Dans tous ces cas de figure on observe quasiment
la même chose à savoir le
débordement modéré de la
bouteille.
... et d'état de surface
Il s'agit là d'un phénomène
physique lié à l'état de surface de la pellicule du bonbon
sur les aspérités de laquelle
vont s'accrocher, se développer des bulles jusqu'à ce
que la poussée d'Archimède
les fasse remonter.
Le phénomène étant relativement lent on a le temps de
voir de grosses bulles accrochées à l'extérieur du bonbon. Cette observation n'est
donc pas liée à la nature des
sucres et en voici la preuve
: j'ai réalisé, en leur donnant
la forme de pastilles de mentos, des boulettes de pâte à
modeler sur lesquelles j'ai
accroché de la poudre de
pierre ponce (particules poreuses bien connues pour
régulariser les ébullitions) et
j'ai introduit selon le même
protocole dans les bouteilles
d'eau minérales gazeuses.
Le résultat observé est
sensiblement le même. Je
dis sensiblement car on
ne peut mesurer quantitativement le phénomène
observé dans lequel nombre de facteurs incontrôlables jouent à commencer
par la pression de gaz au
dessus de l'eau, la forme
de la bouteille et la géométrie de l'orifice de sortie.
Lorsqu'on arrive aux sodas,
c'est à dire une boisson gazeuse sucrée, l'ampleur des
phénomènes est généralement telle qu'observations et
Actualités
(a)
(b)
Vues microscope électronique à balayage de la surface rugueuse
d’un mentos normal (a) et de la surface lisse d’un mentos light (b).
donc déductions s'en trouvent grandement facilitées.
Qu’importe le flocon
pourvu qu’on est le gaz
Venons en d'abord aux sodas édulcorés à l'aspartam
et soyons de suite clair : ils
marchent tous et n'y a donc
aucune raison de faire de la
réclame pour le diet coke
même si hypocritement
Coca Cola déclare qu'il se
passerait volontiers de cette
pub (Mentos s'en réjouit
ouvertement lui !).
Tous ne produisent pas
des geysers aussi hallucinants qu'avec le Coke mais
là les raisons me semblent
assez faciles à donner.
L'on observe d'abord que
la pression (l'oreille donne
à ce propos une très bonne
indication mais rappelons
qu'il faut ouvrir délicatement
la bouteille avant l'expérience) varie d'une bouteille
à l'autre et que les pressions
qui semblent les plus fortes
(notamment le diet coke
mais aussi le cola et les limonades light de Carrefour
dans une moindre mesure
les produits Casino) donnent
les geysers les plus impressionnants dans la mesure
où les bonbons ajoutés sont
bien toujours les mêmes
mentos non light. Dans cette
catégorie, les bouteilles de 2
litres, qui n'existent que pour
les diverses marques de
cola, sont les meilleures car
contenant le plus de liquide
avec le même diamètre de
sortie. À noter aussi qu'il faut
aussi optimiser le nombre de
mentos, environ 4-5 pour les
bouteilles de 50cc et 13-14
pour les 2 litres (mais je n'ai
pas mené l'optimisation à
son terme dans ce dernier
cas). On peut là mesurer
assez précisément l'effet en
observant le niveau du soda
résiduel dans la bouteille qui
a perdu quasiment tout son
gaz. Si le coeur vous en dit
on peut le constater la véracité de mes dires en buvant.
Pour que cette mesure
de l'effet soit significative il
faut bien évidemment avoir
utilisé le même type de
bouteille et le même nombre
de mentos introduits de la
même façon. Il est devient
donc clair que l'effet amplifié par rapport aux eaux
minérales (ou même par
rapport à la bière où il s'agit
plutôt d'un effet baveux que
je vous conseille !!!) est dû
au dénominateur commun
de ces boissons à savoir
l'aspartam.
La chimie s’en mêle
Conclusion
Maintenant intéressons
nous au rôle joué par le
mentos. On observe qu'avec
la version light, comme avec
tous les autres bonbons pelliculés dits sans sucre (et ils
sont nombreux, dents et embonpoint exigent !!), il ne se
passe rien de plus que l'effet
physique observé avec les
eaux minérales. Venons en
donc à la pellicule du bonbon qui est la seule à avoir
le temps de réagir avec le
soda. Elle contient du saccharose (sucre normal) et
du glucose. J'ai conduit des
expériences avec des dragées de dextrose (= glucose) achetées en pharmacie
et ça marche en première
approximation aussi bien.
J'ai essayé aussi un certain
nombre de sucres simples,
des oses, et moyennant le
fait que, comme il s'agissait
de poudres, il me fallait les
faire couler rapidement, j'ai
repris mes boules de pâte
à modeler et ai incorporé
mes sucres sur le dessus.
Là aussi en première approximation ça marche
aussi bien, en tous cas la
différence est très nette si je
n'introduis dans le soda que
ma pâte à modeler avec de
la pierre ponce en surface.
Enfin si l'on met des mentos
pas light, ou les sucres que
je viens d'évoquer, dans un
soda lui aussi pas light, donc
sucré au saccharose, il y a
également une réaction qui,
sans atteindre celle des sodas light, est quand même
supérieure à celle observée
avec l'eau gazeuse.
En conclusion partielle de
tout ça je dirai qu'il y a un
autre phénomène que le
phénomène physique dans
ces phénomènes de dégazage rapide et explosif et ce
phénomène est chimique.
On peut imaginer qu'il se
produit une modification chimique très rapide de l'état de
surface qui permet une adsorption massive du gaz et
donc l'induction massive du
phénomène de libération du
gaz précedemment décrit.
Je pense que des expériences d'adsorption gazeuse du
mentos avant et après utilisation (qui d'ailleurs peut
resservir un certain nombre
de fois) de même que des
observations en microscopie électronique à balayage
peuvent éclairer notre lanterne.
Quant à la réaction entre
l'aspartam, ou dans une
moindre mesure le saccharose, des sodas étudiés et
le pelliculage de glucose
des mentos ou d'autres sucres simples que j'ai utilisés,
pour l'instant certains oses,
de la catalyse rentrerait-elle
en jeu ?
Bref, là si on veut tout comprendre, il reste encore pas
mal de science à faire avec
des échantillons, sodas
autant que bonbons, contrôlés car fabriqués par l'expérimentateur. Là dessus,
n'oubliez surtout pas que
l'on peut s'amuser exactement comme les américains
mais avec des produits bien
de chez nous.
Pierre Aldebert
zetetique.org/page/dossie
r.php?ecrit=2&ecritId=27),
par Richard Monvoisin. Et si
après ça vous avez du temps
de cerveau disponible, plutôt
que de le consacrer aux mé-
dias, faites un tour du côté
de Paranormal, dérives
sectaires : cautions médiatiques sous couvert
de libre information, par
Richard Monvoisin.
Nouveautés sur le site de l'OZ
C
e coup-ci, deux articles de l’inimitable et
prolixe ami du petit
déjeuner, Richard Monvoisin
le bien nommé.
Diététique ? Esthétique ?
Z’êtes éthiques ? Ah, zététique ! Z’auriez pu zarticuler. Z’est quoi, za ? Z’avez
zune explicazion ? Mais oui,
voici Zététique, petite définition (www.observatoire-
NL 016 - Août 2006
3
Actualités
Les actualités du Paranormal
Petit proverbe zététique : « En été, les ovnis viennent nous visiter. »
Vague d'OVNI en Australie
Une étrange
lumière aux
déplacements
rapides filmée
dans le ciel
australien.
En réalité, il
s’agit de l’une
des 31 vidéos
du canular de
Christopher
Kenworthy.
D
ébut juillet, une série
de vidéos faisant apparaître d’étranges
lumières ayant survolé l'Australie depuis le mois d'avril a
été très largement diffusées
sur internet. Les 31 séquences, archivées sur ce site,
étaient attribuées à de nombreux témoins habitant différentes régions de l'Australie,
si bien que certains commençaient à évoquer une
« vague d'ovnis australienne ». L'histoire a alimenté
les nombreux forums de discussion consacrés à l'ufologie et au paranormal.
Mais mi-août, Christopher
Kenworthy révéla le canular,
expliqué aujourd'hui dès la
page d'accueil de son site.
Il est bien le seul auteur de
ces montages réalisés avec
de simples trucages et superposition d'images. Son
projet, financé par la Australian Film Commission,
est selon lui avant tout une
oeuvre artistique (artwork)
dont la réalisation aurait été
motivée par l'envie d'émerveiller le public : « With this
project I wanted to give people a taste of the drama and
excitement of a UFO Close
Encounter, creating a genuine sense of wonder. »
(« Avec ce projet j'ai voulu
4
NL 016 - Août 2006
donner au public un goût du
drame et de l'excitation que
susciterait la rencontre avec
des ovnis, en créant un véritable émerveillement. »).
Les vidéos se voulaient de
moins en moins crédibles,
jusqu'à cette rencontre terrifiante avec un alien (vidéo n°30). D'après l'auteur,
elles n'ont pourtant suscité
que peu de méfiance si ce
n'est de la part des inflexi-
Extraits des vidéos : une
terrifiante rencontre du 3 ème
type avec un « homme » en
combinaison de latex blanc.
bles sceptiques : « Many
skeptics made bold statments about the clips being
nothing more than balloons,
space junk, stars etc - without doing their research.
They were more easily misled than UFO-believers. »
(« Beaucoup de sceptiques
ont affirmé avec assurance
qu'il ne s'agissait que de ballons, de détritus de l'espace,
ou d'étoiles - sans faire de
recherche. Ils ont été plus
facilement trompés que les
UFO-croyants. »).
Pour s'enthousiasmer de la
rencontre avec des extraterrestres, il fallait se contenter
de ces preuves, mais pour
pouvoir douter sérieusement
de leur authenticité, il aurait
donc fallu déterminer très
exactement la nature des
trucages numériques ?
Géraldine Fabre
La bête noire de
Wissant
Au mois d’août sur la côte
d’Opale, une « bête noire »
a été aperçue par plusieurs
personnes. La présence de
cet animal a été signalée à
la gendarmerie par des témoins effrayés par sa taille
(environ 1,20 m). Devant
la multiplication des témoignages, des recherches ont
alors été lancées pour tenter
de capturer ce que certains
pensaient déjà être une panthère. Un arrêté municipal a
même interdit à Audinghem
la circulation dans la zone
où la « bête » avait pris ses
quartiers, « simplement pour
empêcher les gens de jouer
aux curieux et de se faire
agresser par cet animal-là »,
affirmait alors la préfecture.
Son espèce n'a pas été
identifiée. Photographié,
l'animal ressemble davantage à un gros chat qu'à
une panthère. Il n'a d'ailleurs
manifesté aucune agressivité, s'enfuyant à la vue des
gendarmes. Pourtant, les
avis divergent, même chez
les spécialistes, en l'absence
d'image très précise : gros
chat, panthère, félin sauvage ? La préfecture a tout
de même décidé d'arrêter les
battues, l'animal ne constituant pas un danger pour la
population.
Sans la capture de l'animal,
le mystère de son espèce
risque de rester entier... Le
début d'une légende ?
Actualités
Tags agricoles
M
i-Juin, un premier
crop circle avait
été repéré au pied
du Lion de Waterloo en
Belgique. Entre doute et fascination, il avait déjà attiré
de nombreux curieux. Un
mois plus tard, deux autres
furent découverts non loin
du premier dans un champ
de blé et un champ de lin.
Le phénomène très courant
chaque été en Angleterre
avait donc cette fois bien
traversé la Manche. La curiosité prit alors de l'ampleur
et les touristes belges et
étrangers affluèrent, jusqu'à
250 par jour, ce qui ne sembla pas déranger Paul Van
Ackter, le propriétaire de
ces champs, qui a installé
une petite tirelire à l'entrée
« pour dédommagements
occasionnés par les visiteurs
à mon champ de blé ».
Toutes les hypothèses sont
avancées pour expliquer
la formation de ces agrogryphes : farceurs armés
de planches de bois et de
cordes, artistes champêtres
aux robots télécommandés,
tagueurs
extraterrestres
laissant l'empreinte de leur
soucoupe, boules de lumière
plasmatique, phénomènes
météorologiques localisés... Mais en général, la
géométrie des modèles et
la complexité supposée de
réalisation amènent la plupart des témoins à rejeter
toute intervention humaine
ou origine naturelle. En effet, pour Paul Van Ackter :
« C'est impossible de plier
les céréales comme cela.
Et je ne vous parle pas
du lin. Le système d'écrasement du blé est d'une
perfection inouïe. »
Pourtant, comme on peut
le voir sur ce site et comme
le rappelle le commissaire
Duchenne chargé de l'enquête : « Pour réaliser un
crop circle, il faut simplement une corde, un piquet,
un ordinateur et un GPS... ».
La police est d'ailleurs sur
une piste bien humaine mais
puisque aucune plainte n'a
été déposée, l'auteur éventuellement identifié ne sera
pas inquiété. De même pour
Michel Bougard, président
de la Société belge d'étude
des phénomènes spatiaux
(Sobeps) : « Il est probable à 90% que ce sont des
phénomènes que l'on peut
attribuer à des réalisations
humaines. La technique
Le crop circle apparu à Waterloo aux pieds du Lion n’a été
revendiqué ni par des « céréales killers », ni par des E.T.
en elle-même demande un
savoir-faire indéniable, mais
elle n'est pas compliquée.
Même si on n'est pas certain
des méthodes employées,
ce n'est apparemment pas
hors de portée des capacités humaines. Cela peut
même se faire de manière
relativement simple à l'aide
d'une planche et de fils car
ce ne sont jamais que des
épis qui ont été écrasés et
qui sont disposés d'une certaine façon. »
Les crop circles, toujours
plus complexes, n'ont en
tout cas pas fini de nous
fasciner, gardant le plus
souvent le mystère sur
l'identité de leurs auteurs.
Mais comme le pense Pierre
Lagrange, sociologue au
CNRS, dans cette interview :
« À mon avis, on a plus de
choses à retirer en étudiant
sérieusement le problème
qu'à le rejeter en parlant
d'hallucinations et d'irrationalité populaires. Il est plus
enrichissant de partir de
l'hypothèse positive en se
disant que « c'est peut-être
ça ». Même si on ne trouve
pas les extraterrestres, on
trouvera autre chose. »
G.F.
assure que : « Avec cet
environnement virtuel, nous
créons un environnement
complètement objectif dans
lequel il est impossible aux
participants de transmettre
des signaux ou même des
indices inconscients concernant l'objet qu'ils ont choisi »
(« By creating a virtual environment we are creating
a completely objective environment which makes it
impossible for participants
to leave signals or even un-
conscious clues as to which
object they have chosen. »)
David
Wilde
renchérit
en affirmant « en utilisant
cette technologie, notre but
est de mener l'étude de la
télépathie la plus objective
réalisée à ce jour. » (« By
using this technology we aim
to provide the most objective
study of telepathy to date. »)
Les résultats seront publiés
début 2007.
G.F.
La télépathie testée avec la réalité virtuelle
L
es chercheurs de
l’Université de Manchester ont créé un
environnement virtuel afin
de tester l'existence de liens
télépathiques entre deux
personnes. Lors de l'expérience, les deux sujets seront placées dans des pièces différentes et équipées
d'un casque stéréoscopique les plongeant dans un
monde virtuel en 3D. À l'aide
d'un gant, l'émetteur interagira avec un des objets que
l'ordinateur lui présentera de
manière aléatoire. Le récepteur devra alors retrouver
parmi quatre objets celui
que son partenaire manipule. Le Dr Toby Howard
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Actualités
Sectes et médecine
D
eux
ex-médecins,
Michel Saint-Omer,
radié en 2002, et
Gérard Guéniot, suspendu
pour trois ans, ont été jugés
pour défaut de soins et homicide involontaire au tribunal de Lille, en juin dernier.
Membres du Mouvement du
Graal, une secte d'inspiration chrétienne, en 1995, ils
avaient prescrit à Evelyne
Marsaleix, une jeune mère
de famille atteinte d'un cancer du sein, un traitement
alternatif à base d'homéopathie, de jeûne et de cataplasmes d'argile. Pour eux,
« la maladie est une expiation ». Evelyne Marsaleix
refusa donc tout traitement
classique et subit même un
jeûne de trois semaines en
janvier 1996. Une expertise
démontra que le mauvais
suivi médical aura finalement aggravé la progression
du cancer de la patiente et
entraîné son décès en 1997,
à 31 ans.
« Notre rôle est d'accompagner les personnes cancéreuses. Nous aidons à
supporter le traitement, c'est
tout. Nous ne disons pas que
nous soignons le cancer »,
ont malgré tout soutenu
les ex-médecins à la barre.
Mais cela n'a pas convaincu
la procureure Dominique
Hoflack : « Vous êtes dangereux, très dangereux. Vous
êtes un escroc sur
un marché porteur :
la santé... Avec des
méthodes médicales
controversées mais
lucratives. »
La procureure a requis trois ans de prison dont un ferme
avec interdiction défi- Deux ex-médecins ont été condamnés
nitive d'exercer la mé- pour avoir prescrit à une femme
decine. Les avocats atteinte d’un cancer des traitements
des deux hommes « alternatifs » qui ont entrainé son décès.
ont plaidé la relaxe,
affirmant que le Dr Guériot
moigné la malade avant son
n'avait été consulté qu'une
décès. « Je suis perdue...
seule fois par Evelyne MarJ'ai cru en ces médecins. Je
saleix et qu'elle avait d'elleme suis laissée tromper. »
même refusé la chimiothéraLe jugement a été mis en
pie. « J'avais une confiance
délibéré pour le 7 septemabsolue en eux », avait tébre. G.F.
Mystères, génies, fantômes et cercueils en Malaisie
D’étranges créatures peuplent
l’exposition « Mysteries, Genies,
Ghosts and Coffins ».
D
epuis le 4 Juillet, le
musée du Sultan
Alam Shah dans
l’État du Selangor (centre
de la Malaisie) accueille
l'exposition « Mysteries,
Genies, Ghosts and Coffins ». (Mystères, génies,
fantômes et cercueils). Une
centaine d'objets étranges
sont exposés, dont le squelette d'un être mi-femme miserpent, un esprit maléfique
coincé dans une bouteille et
d'autres créatures issues du
6
NL 016 - Août 2006
folklore malais.
Mohd Lotfi, membre du conseil d'administration du musée, prétend que
« environ 90 pour
cent des objets exposés sont vrais et
sont présentés sous
leur forme originale » (« Almost 90 per
cent of the exhibits
are real and in their
original form. »).
Avis que ne partage
pas Syed Abdullah Al-Attas, chasseur de fantômes
populaire en Malaisie. Celui-ci a demandé la fermeture de l'exposition, arguant
qu'elle n'était composée
que de simples répliques
et de carcasses d'animaux.
Pour tenter de faire taire
les rumeurs de canular, le
musée a accepté la visite
de l'équipe américaine de
Ripley's Believe It or Not!
qui devrait être autorisée à
ausculter certains objets afin
Un « toyol », esprit malais
mythique et maléfique,
isolé dans une cage de
verre car il empesterait
comme un cadavre.
d'évaluer leur authenticité.
De son côté, le propriétaire
de la collection, Safuan Abu
Bakar, un enseignant, a déclaré qu'il comptait faire taire
les sceptiques en ramenant
à la vie un langsuir d'ici la fin
du mois d'août. « Je placerai
le langsuir sur un arbre et le
ramènerai à la vie pour que
les observateurs le voient
voler et pousser des cris
perçants » (« I will place the
langsuir on a tree and bring
it to life to let observers see
it fly and screech »).
G.F.
Une « jenglot », femme
vampire miniature faisant
partie de la mythologie
indonésienne et malaise.
Actualités
Le Bazar du Bizarre
On trouve tout et n'importe quoi sur internet. Morceaux choisis.
La Fontaine de Jouvence
L’avion hanté de James Bond
C’est sur une île au sud des Bahamas
que le magicien américain David
Copperfield pense avoir découvert la
Fontaine de Jouvence. « I’ve discovered
a true phenomenon, [...] You can take
dead leaves, they come in contact with
the water, they become full of life again...
Bugs or insects that are near death, come
in contact with the water, they’ll fly away.
It’s an amazing thing, very, very exciting. » (« J’ai découvert un phénomène réel [...] Vous prenez des feuilles mortes, vous les mettez en contact
avec l’eau et elles redeviennent pleines de vie... Les insectes sur le point
de mourir s’envolent à nouveau. C’est quelque chose d’extraordinaire,
et de très très excitant. »). Il aurait donc engagé des biologistes et des
géologues pour étudier cette source et ses effets sur les humains.
Plusieurs membres
de l’équipe du dernier
James Bond, Casino
Royale, auraient refusé de tourner à
bord d’un boeing 747
Jumbo qu’ils pensent
hanté. Le fantôme d’une femme qui y serait
décédée d’une crise cardiaque il y a plusieurs années serait à l’origine de phénomènes étranges inquiétant le personnel de l’aérodrome de Dunsfold depuis longtemps.
Fluide kabbalistique
et déchets radioactifs
Accent jamaïcan ?
Big foot
Après une attaque cérébrale, à
son réveil, Linda Walker avait perdu
l’accent nasillard de la région de
Newcastle qu’elle a toujours habitée. Aujourd’hui, son accent serait
plutôt jamaïcain pour certains, voire
italien ou slovaque pour d’autres.
Son accident cérébral ayant touché
les zones du langage, elle souffre en
effet du syndrome de l’accent étranger (Foreign accent syndrome). Ce
trouble rare se caractérise par de
subtils changements de la prononciation (allongement de syllabes,
tonalité différente) qui donnent l’impression d’un accent étranger.
Début
juillet,
dans une forêt
du Wisconsin, un
bigfoot aurait été
aperçu et filmé
près de la ville
de Sainte Croix.
En fait, cet été,
Loren Coleman,
célèbre cryptozoologue américain,
rapporte une bonne dizaine d’observations de bigfoot, à Pine Ridge, en
Oklahoma, en Géorgie, en Arizona, et
même à New york. Des vidéos, des
enregistrements de cris, des photos et
même une main sont présentés comme preuves de l’existence de cet animal insaisissable.
Autocombustion de portables
De mystérieuses et impressionnantes combustions
« spontanées » de portables de la marque Dell ont été
rapportées dernièrement. Le feu divin s’attaquerait-il à
présent à nos ordinateurs ? Non, il s’agit en réalité d’un
problème d’alimentation nécessitant le retour chez le
fabricant de près de 4 millions de batteries défectueuses.
Persuadée
que l’eau peut
recevoir
une
puissance curative par la
« méditation et
la conscience
du partage » (meditations and
the consciousness of sharing),
Madonna propose d’utiliser un
fluide mystique pour le traitement
des déchets radioactifs.
La pierre mystérieuse
Le musée du
New Hampshire
expose la Pierre
mystérieuse
(Mystery stone).
Découverte en
1872 dans un
marais près du
rivage du lac Winnipesaukee,
l’étrange pierre sculptée en forme
d’oeuf garde ses secrets sur
son origine, sa symbolique, son
utilisation.
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Culture et zététique
Livre
Sorties en librairie
Pourquoi la tartine tombe toujours du côté du beurre ? de Richard Robinson
V
Pourquoi la tartine tombe
toujours du côté du beurre ?
Richard Robinson
Dunod
Collection Oh ! Les sciences
263 pages - 19,90 euros
ous êtes vous déjà
demandé
pourquoi
« tout ce qui peut
tourner mal, tourne mal » ?
Ce principe fondamental est
à la base de la plupart des
lois de Murphy, appelées
plus communément lois
de l'« emmerdement maximum ».
Grâce à ce livre, vous
comprendrez tout. Richard
Robinson y explique avec
beaucoup d'humour pourquoi quand les gens font
ce qu'ils veulent, ils font
finalement tous la même
chose, pourquoi on perd la
mémoire en passant d'une
pièce à l'autre, pourquoi
ce qu'on aime est illégal,
immoral ou trop calorique,
pourquoi les buts sont
marqués lorsque l'on est
aux toilettes, pourquoi on
arrive jamais à replier une
carte routière, pourquoi l'ordinateur plante juste avant
que l'on ne sauvegarde...
Les lois de Murphy
À la fin des années 50, la première loi de Murphy fut énoncée
ainsi : « Si quelque chose peut mal tourner, alors ça tournera
mal ». Il existe aujourd’hui de nombreuses variantes de cette
loi auxquelles s’ajoutent de nombreux corollaires, comme :
3⁄4 Loi aquamurphyque : Quand tout baigne, y en a forcément un qui coule
3⁄4 Loi de Choix Temporel : S’il y a une période où une
catastrophe ne doit surtout pas se produire, elle se produira
à ce moment.
3⁄4 Paradoxe de Murphy : Faire quelque chose de la manière la plus compliquée est toujours plus facile.
3⁄4 Principe d’Incertitude d’Heisenberg-Mikusek : On ne
peut savoir à la fois exactement quand ça va foirer et pourquoi
ça va foirer.
3⁄4 Loi de Bon-Yahvé-Benvéniste-Schiaparelli : Quel que
soit le nombre de preuves démontrant la fausseté d’une
chose, il se trouve toujours quelqu’un pour croire qu’elle est
vraie.
Source : www.courtois.cc/murphy/murphy.html
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NL 016 - Août 2006
Les explications ont somme
toute plus à voir avec l'esprit
critique qu'avec les mauvaises intentions de la Nature.
Elles mettent en évidence
la faillibilité de nos sens, la
subjectivité de nos observations et la faiblesse de
nos raisonnements. Car en
pensant que les objets et les
éléments nous en veulent,
comme le pamplemousse
qui nous gicle toujours dans
l'oeil, le vent qui souffle toujours dans le mauvais sens
lorsque l'on est à vélo ou
encore le bout du rouleau
adhésif qui disparaît immanquablement, nous faisons
preuve d'un animisme irrationnel. En croyant que les
feux sont toujours rouges
lorsque l'on est pressé, que
notre file d'attente est toujours la plus lente, que le
parquet grince lorsque l'on
ne veut pas faire de bruit,
nous sommes trompés par
nos perceptions du temps,
du bruit... En déduisant que
l'on prend froid quand il fait
froid, que les gens qui portent des chapeaux deviennent chauves, qu'un trèfle
à quatre feuilles nous porte
bonheur, nous établissons
des liens de cause à effet
injustifiés (inexistants ou
inversés en réalité).
Au quotidien, nous sommes la plupart du temps
tous des scientifiques naïfs,
animistes,
égocentriques,
triant les données de manière subjective, établissant
des causalités et des corrélations hâtives, pour en tirer
des conclusions générales
validant nos a priori (la Nature nous en veut), de surcroît nuls en statistiques et
calcul de probabilités. Dans
ce livre, Richard Robinson
nous montre donc que nous
ne sommes pas les victimes
de la Nature que nous pensions être...
Géraldine Fabre
Une tartine beurrée tombe toujours du côté du beurre, un chat
retombe toujours sur ses pattes, donc... si on jette un chat avec
une tartine beurrée accrochée sur le dos, il lévite ! C.Q.F.D.
Cette technologie est d’ailleurs probablement celle utilisée par
les E.T : elle explique le ronronnement des OVNI.
Divertissement
Enigme
Exercez votre logique et votre esprit critique avec...
lors qu’il était au restaurant avec sa femme, Monsieur
A. fait tomber un cure-dent de la table. Il se baisse
alors pour le ramasser et le trouve dans une position
très étrange défiant apparemment les lois de la physique.
A
Voici les deux photos (ci-dessous) non truquées qu’il prit
alors, intrigué par cette observation.
Comment expliquer ce « miracle du cure-dent » ?
N’hésitez pas à nous envoyer toutes vos propositions à
l’Observatoire zététique. L’explication sera donnée dans la
prochaine newsletter.
Si vous avez d’autres mystères photographiques à élucider,
envoyez vos documents à l’Observatoire zététique :
www.observatoire-zetetique.org.
La POZ est préparée par l’équipe de rédaction de la newsletter
de l’Observatoire Zététique. La newsletter de l’OZ est diffusée par
mail après inscription sur : [email protected]. Elle
est également disponible sur le site de l’OZ : www.observatoirezetetique.org.
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