ALGER, LE 22 FEVRIER 2014 HOTEL HILTON

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ALGER, LE 22 FEVRIER 2014 HOTEL HILTON
 CONTRIBUTION AU DEBAT SUR LA TRANSITION ENERGETIQUE
AU
SERVICE DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
ALGER, LE 22 FEVRIER 2014
HOTEL HILTON
CONFERENCE AIED/IAP – CLUB ENERGY
ALLOCUTION DE BIENVENUE
PAR
MONSIEUR A. KRISSAT
Messieurs les Ministres, Honorables invités, Etudiantes et étudiants,
Chers collègues, Mesdames, mesdemoiselles, messieurs.
Notre pays a récemment célébré le 50ème anniversaire de son indépendance, ainsi que celui
de la création de la Sonatrach. Ce 24 février prochain, nous commémorons le 43ème
anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures qui a permis à la nation la récupération
de ses ressources naturelles et, à la Sonatrach de former plusieurs générations d’ingénieurs,
de cadres et de techniciens dans l’ensemble des métiers de la chaine « hydrocarbures ».
C’est dans le cadre de ces évocations de l’histoire récente de notre pays, que l’Association
des Ingénieurs de l’IAP et le « Club Energy », qui est une émanation de la Société Civile
regroupant d’anciens cadres supérieurs du secteur de l’Energie, organisent la conférence
d’aujourd’hui, axée sur la sécurité énergétique nationale à moyen et long terme, et sur la
recherche du meilleur « mix » possible entre les hydrocarbures et les énergies renouvelables.
Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, au nom du Comité d’organisation de cette
conférence, je vous souhaite la bienvenue et vous remercie d’avoir répondu à notre invitation.
Sachez que nous sommes sensibles à votre participation et à votre contribution à ce débat sur
un thème dont vous saisissez bien évidemment l’importance.
Avant de démarrer nos travaux, je vous demande de nous recueillir à la mémoire de nos
martyrs et d’avoir une pensée pieuse pour nos deux amis et collègues du secteur qui nous ont
quitté récemment : Ramdane Hammoutène et Mokrane Sameur. Allah yarhamhoum.
En souhaitant plein succès à notre conférence, je vous remercie pour votre attention.
DISCOURS D’OUVERTURE
PAR
MONSIEUR N.C. ZOUIOUECHE
L’objectif premier de notre conférence, organisée conjointement par l’Association des ingénieurs
de l’IAP (AIED-IAP) et par le CLUB ENERGY, émanation de la société civile regroupant
d’anciens cadres supérieurs en retraite du secteur de l’Energie, est d’apporter notre contribution
au débat sur la sécurité énergétique nationale à moyen et long terme, en recherchant la
meilleure formulation possible du "mix énergétique" entre les hydrocarbures et les énergies
renouvelables.
Ce qui permet de bâtir un modèle énergétique le plus fiable qui obéisse à quatre critères de
base : disponibilité physique ; maturité technologique ; compétitivité des prix du marché et
acceptabilité sociale.
Notre pays a récemment célébré le 50è anniversaire de son indépendance, ainsi que celui de
la création de la SONATRACH. Ce 24 février prochain, nous commémorons le 43éme
anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures qui a permis à la Nation la récupération de
ses ressources naturelles et à Sonatrach de former plusieurs générations d’ingénieurs, de
cadres et de techniciens dans l’ensemble des métiers de la chaine "hydrocarbures".
Ces évocations des fondements et des conquêtes majeurs de l’Histoire récente de notre pays
nous interpellent aujourd’hui sur le rôle que doivent jouer les hydrocarbures dans notre avenir
et dans celui des générations futures : certes, le pétrole et le gaz auront une place de choix en
tant que source d’énergie à moyen et long terme.
Cependant, quel que soit le potentiel du domaine minier national et quel que soit l’effort
d’exploration qui reste à consentir, les réserves prouvées récupérables de pétrole et de gaz,
actuellement identifiées, sont vouées à l’assèchement le temps d’une génération. Qu’il soit de
15 ou 30 ans, ce sursis devrait suffire, à la condition d’agir sans tarder, à asseoir les bases d’une
transition énergétique réussie permettant à la fois d’assurer aussi bien l’avenir énergétique du
pays et la satisfaction des besoins domestiques, que le financement d’une économie pérenne,
de moins en moins tributaire de la rente pétrolière et gazière.
Même si, à court terme, les hydrocarbures auront un rôle prépondérant dans la composition du
"mix énergétique", il n’en demeure pas moins qu’il y a lieu de débattre des conditions
d’exploitation actuelles des gisements, qui peuvent être mieux optimisées, afin d’en améliorer
le taux de récupération : il en est ainsi de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel qui recèlent à eux
deux près de 55% des réserves prouvées récupérables.
La production de gaz suffira-t-elle à assurer le niveau de 60 milliards de M3 d’exportation prévu
et à couvrir les besoins de la consommation intérieure qui atteint 35 milliards de M3 en 2012
avec un taux de croissance de 7% par an ?
Sonelgaz aurait confirmé sa demande de 85 milliards M3 en 2030 pour ses besoins globaux (y
compris la génération électrique), la production d’électricité devant atteindre 250 TWh/an.
L’équation du "bilan matière gaz" entre production (qui pourrait stagner), consommation (qui
augmente) et exportation n’implique-t-elle pas qu’il faille impérativement revoir les stratégies de
commercialisation et particulièrement celle du GNL dont la rémunération peut être jugée
"problématique" ? Ne faudrait-il pas fermer définitivement les anciennes installations de GNL1
et 2 ?
Ne faudrait-il pas adopter une politique de conservation au profit des générations futures ?
Qu’en sera-t-il des hydrocarbures liquides dont la consommation intérieure croît régulièrement ?
La construction de raffineries est-elle la seule solution ? N’est-t-il pas préférable d’envisager
d’autres modèles de consommation ?
Parmi les sources d’énergie alternatives aux hydrocarbures conventionnels, l’exploitation du gaz
de schiste, dont les ressources hypothétiques en place seraient de 20.000 milliards M3 et celles
du pétrole brut (tight et schiste) de 14 milliards barils, nécessite la mobilisation d’un très grand
nombre d’appareils de forage en raison de leur très faible taux de récupération (5 à 10%) : il faut
jusqu’à 100 appareils de forage en gaz de schiste pour obtenir une production équivalente à 1
appareil pour le gaz conventionnel ! De plus, le forage d’un puits de gaz de schiste nécessite 10
à 15 000 m3 d’eau et à 3000 m, son coût peut atteindre 20 millions US$. Pour réduire les
dommages occasionnés aux nappes phréatiques et à l’environnement, il faut équiper les
appareils de forage de lourdes et onéreuses installations de traitement de fluide de forage
contaminé lors des opérations de fracturation !
Les dépenses d’investissement requises pour l’exploitation du gaz de schiste seraient de l’ordre
de 300 milliards US$ selon ALNAFT. En raison de toutes les considérations, aussi bien
techniques, qu’économiques, qu’environnementales, l’exploitation à court terme du gaz de
schiste peut-elle constituer une alternative viable au gaz conventionnel ? Il est toutefois
recommandé d’en suivre l’évolution « en veille technologique », et de se préparer à son
éventuelle introduction à long terme dans le cadre d’un « mixe énergétique » avec le solaire.
L’énergie solaire demeure la plus prometteuse des énergies renouvelables : sur une période
d’une année, son potentiel thermique est estimé à 40.000 milliards M3 de gaz, soit l’équivalent
de dix (10) fois les réserves de gaz du champ de Hassi R’mel, avec un potentiel d’exportation
de 12.000 MW en 2025. Le défi majeur pour cette énergie est de la rendre compétitive par
rapport aux autres sources pour que le coût du solaire thermique et du photovoltaïque soient
comparables à celui du cycle combiné. Cette compétitivité devrait être atteinte à partir de 2020,
avec des coûts avoisinants 10 à 15 cts d’euros/kWh. Dans notre pays, le marché local des
énergies renouvelables est évalué à 1.200 mégawatts entre 2014 et 2030. Le développement
de la filière solaire permettra de faire face aux besoins croissants de la consommation
domestique en matière de chauffage et d’éclairage.
Quel que soit le modèle énergétique retenu, il devra intégrer la nécessaire rationalisation de la
consommation par une politique des prix clairvoyants er une lutte continuelle contre le
gaspillage.
Par ailleurs, quels que soient les vecteurs porteurs qui vont orienter les futurs axes
énergétiques, le développement économique et social ne pourra devenir tangible sans une
ressource humaine de qualité. La déperdition du personnel technique enregistré dans certains
corps de métiers névralgiques dans le groupe Sonatrach (forage, production, aval…), le peu de
consistance d’actions de formation-perfectionnement anticipant la nature et le volume des
programmes d’investissement, aussi bien pour le personnel d’exécution, de maitrise, que
d’encadrement, annihilent la capitalisation de l’expertise et celle du savoir-faire que le groupe
Sonatrach a constituées durant ses cinquante (50) ans de fonctionnement. Il faudra redonner
le goût du travail aux générations montantes, celui de l’initiative et du risque aux futurs managers
tout en leur inculquant la culture "du rendre compte", consubstantielle au sens des
responsabilités et librement consentie. Il faudra également motiver les compétences par une
saine "bourse de l’emploi", en ouvrant la voie à une promotion basée sur l’effort et le mérite
dans le cadre d’une gestion des carrières rénovée.
Nous espérons que le débat que nous engageons aujourd’hui avec l’assistance ici présente,
aboutisse à des solutions alternatives pragmatiques, pondérées, réfléchies, au bénéfice du
développement économique du pays. Les nouveaux modèles de consommation énergétique
sont aujourd’hui à notre portée, aussi bien aux plans de la connaissance, du savoir-faire que de
l‘expertise. Nous allons sans exclusive, prendre en considération toutes les sources d’énergie
primaire : les hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, ainsi que les énergies
renouvelables tels que le solaire, l’éolien, la biomasse, la géothermie, le nucléaire civil. Aussi,
aujourd’hui, à cette tribune, devons-nous encourager la réflexion sur les questions de la
formation dans les métiers de l’Energie au bénéfice des jeunes générations pour leur permettre
de s’impliquer dans les solutions énergétiques du futur.
THEME 1
RESERVES, PRODUCTION ET EXPLORATION DES ENERGIES
(PRESENTE PAR MM ATTAR ET BAGHDADLI)
Le Peak Oïl et Gas (moment où la production de pétrole et gaz stagne avant de commencer à
décliner du fait de l’épuisement des réserves) est proche.
Les conséquences seront dévastatrices pour une société accoutumée à la vente et à une
énergie à bon marché.
Nos réserves prouvées d’hydrocarbures estimées à 8 milliards de Tep sont à moitié entamées.
Les découvertes récentes et éventuelles et éventuellement futures seront de taille moyenne et
leur concours au renouvellement des réserves est estimé à 30%.
Pour retarder le Pic, il faut poursuivre l’effort sur l’amélioration des taux de récupération sur nos
gisements avec notamment la mise en œuvre des nouvelles technologies.
Même si les ressources estimées en gaz de schiste sont importantes, leur conversion en offre
compétitive présente des incertitudes et challenges importantes.
Les incertitudes sont liées aux risques :
-
géologiques, pour confirmer la présence et l’extension de zones favorables ;
technologiques et économiques pour déterminer si les accumulations sont exploitables ;
réglementaires comme les lois sur la protection de l’environnement et sur le domaine
minier.
Les challenges sont multiples. L’exploration et l’exploitation de cette ressource nécessite des
moyens financiers et matériels considérables.
Dans ses prévisions, ALNAFT avance pour les cinquante (50) prochaines années, un
investissement de 300 milliards de US$ et le forage de 12000 puits, pour une production de 60
milliards de M3/an.
Sur la base des données actuelles concernant :
-
les réserves prouvées d’hydrocarbures,
la production,
la consommation interne,
l’exportation,
la rente commencera à baisser à compter de 2019-2022 et deviendra nulle vers 2030-2032.
Si l’on inclut, aux réserves prouvées, les réserves possibles et probables, la rente serait nulle
vers 2036 pour les liquides et vers 2040 pour les gaz.
Toutefois, toute nouvelle découverte importante pourrait reculer ces dates de quelques années
et permettrait d’augmenter les marges de manœuvre.
Ceci étant, il y a lieu de définir en urgence une stratégie pour une transition vers un modèle de
consommation énergétique basée sur l’économie d’énergie et le développement des énergies
renouvelables.
Pour cela, un état des lieux et une définition des paramètres pour la prise de décision sont
nécessaires.
Les données actuelles disponibles en matière de réserves et de coûts ne semblent pas fiables
et souvent en deçà de la réalité.
Actuellement, les chiffres publiés donnent 12,2 milliards de barils d’huile et 4500 milliards de M3
de gaz.et ne pourront couvrir que les besoins énergétiques d’une génération.
Les programmes de développement de la production annoncés paraissent trop ambitieux pour
les dix prochaines années et impossibles sans partenariat avec l’étranger.
Or, le partenariat avec l’étranger devient de plus en plus difficile car les opportunités dans le
monde sont immenses pour les sociétés pétrolières. Les appels d’offres qui viennent d’être
lancés sont un bon indicateur pour l’Algérie.
THEME 2
PROBLEMATIQUE GAZIERES EN ALGERIE, ELEMENTS POUR UNE MISE A
JOUR.
(PRESENTE PAR MR MEKIDECHE)
Aujourd’hui notre position de producteur semble fragilisée et notre position d’exportateur
menacée par :
-
-
Les évolutions récentes et les incertitudes persistantes des marchés internationaux du
gaz en termes d’offre, de demande, de prix, de retour sur investissement (remise en
cause de la clause de « take or pay » et émergence des marchés spot) et plus
récemment des procédés de production de gaz de schistes coûteux et complexes , vont
faire baisser, à volume exporté égal, les revenus du GN et GNL.
La compétition avec le charbon,
La concurrence du Qatar, des États-Unis et de la Russie,
La crise économique en Europe.
Sur le plan national, l’offre gazière reste encore problématique en termes de volume et de durée.
Le GN représente 34% de la consommation totale d’énergie, en Algérie, bien au- dessus de la
moyenne mondiale (22%). La mise en œuvre d’un programme de génération électrique mixte
gaz solaire est une solution pour réduire cette consommation et se rapprocher de la moyenne
mondiale.
La demande interne, en forte croissance, est tirée pour le moment par le résidentiel (12,4% de
croissance de 2011 à 2012 selon le MEM - bilan énergétique national 2012 - et 2,5% en 2012
pour le Monde).
La tarification interne est obsolète. Elle pousse au gaspillage des ménages et à un transfert de
rentes au profit des industries utilisant les inputs gaziers et énergétivores (pétrochimie, engrais,
acier, ciment,…).
Le gaz de schiste reste une inconnue en termes de réserves et de coûts.
D’autre part, les contraintes de prise en charge des besoins de la demande nationale de gaz
face à une offre non garantie à long terme.
Les conditions de prise en charge de la demande nationale en croissance forte sont à revisiter
en termes de tarification, d’arbitrage entre exportation et marché domestique.
Pour certains observateurs la soutenabilité de la demande nationale n’est pas assurée
totalement (offre encore non garantie à moyen et long terme). Il s’agit d’éviter une rupture
potentielle d’approvisionnement interne (syndrome égyptien pour reprendre Aissaoui de
l’APICORP).
Une mise à jour urgente des stratégies gazières du pays, loin de toute pression et vision de
court terme s’impose, car la situation de problématique risque de devenir sérieuse.
Cela passe par le développement des capacités humaines et technologiques du secteur sans
lesquelles le défi sera trop couteux à relever, y compris pour le gaz non conventionnel.
Cela passe aussi par un élargissement du débat national sur les solutions, douloureuses mais
incontournables nécessitant un consensus national pour sa mise en œuvre.
THEME 3
USAGES ACTUELS ET ECONOMIES D’ENERGIE
(PRESENTE PAR MM REBAH A. & BOUCHAKOUR M.)
La consommation d’énergie finale est dominée par deux secteurs : les ménages (40,4%) et le
transport (36,4%).
Par source d’énergie, les produits pétroliers dominent, pour près de 40%.
Le transport routier constitue le mode de transport quasi exclusif (97%). Il privilégie le secteur
routier, le véhicule particulier et la consommation des carburants (production déficitaire) couteux
en devises et polluants.
Le secteur industriel représente moins du quart de cette consommation. Hors BTP et matériaux
de construction, il occupe la portion congrue de cette structure : 11,6%.
Au cours de la période 2000-2012, la consommation de gaz naturel a cru à un taux moyen de
4,1% par an. Cette croissance a été tirée essentiellement par :
.- les besoins de la génération électrique qui ont doublé durant la période pour répondre à une
demande d’électricité dominée par la basse tension (51%).
- la demande des distributions publiques gaz qui a triplé
La consommation finale d’énergie est dominée par les secteurs tertiaire et résidentiel. Le
classement de l’Algérie pour ce qui est du ratio consommation énergétique par habitant, en
dessous de la moyenne mondiale, reflète ce profil « non industriel » prédominant.
Ce profil « improductif » prédominant croissant est la résultante de la déconnexion entre le
rythme de croissance des secteurs de l’énergie (électricité, hydrocarbures) et le reste des
secteurs industriels
La consommation énergétique finale ne traduit ni les priorités productives d’industrialiser le
pays, ni le profil de nos disponibilités, ni le souci de la contrainte devises, ni l’impératif de
préserver l’environnement. Elle est en revanche caractérisée par de grandes disparités socioéconomiques croissantes et porteuses de risques pour la stabilité.
Il y a eu rupture de cohérence des choix stratégiques et rupture de sens quant à la place et au
rôle de l’énergie dans notre pays
Changer de modèle (de consommation ?) devient pressant. Les questionnements du point de
vue de l’équilibre dynamique offre-demande interpellent sur la question des orientations
implicites qui ont conduit aux déséquilibres actuels et la nécessité d’une réorientation
d’envergure qui met en cohérence stratégie de développement, politique énergétique, politique
industrielle, politique économique.
THEME 4
LES ENERGIES RENOUVELABLES DANS LA TRANSITION
(PRESENTE PAR Mr HASNI)
Le programme national de développement des énergies renouvelables est certes ambitieux
puisqu'il prévoit une capacité de 12 000 MW à l'horizon 2030.
Cependant, tant que l'arrêté sur les tarifs ne sera pas publié, la mise en œuvre qui était prévue
pour 2015, ne pourra pas se réaliser. Elle est déjà en retard.
Parmi les énergies renouvelables, le solaire thermique représente une réelle alternative
énergétique, dans la mesure où il ne souffre pas d'intermittence comme le photovoltaïque ou
l'éolien.
En plus de réserves infinies, le solaire thermique offre à notre pays le premier potentiel annuel
de tout le bassin méditerranéen avec l'équivalent de 40 000 milliards M3/an de gaz naturel.
Les couts comparés des différentes filières : solaire thermique, gaz de schiste et nucléaire, font
du solaire thermique la filière la plus économique, la plus respectueuse de l'environnement et la
plus durable.
DEBAT
Intervention de monsieur AIT LAOUSSINE
Le moment est venu de résumer les idées essentielles qui ressortent des discussions que
nous avons eues dans le cadre de cette conférence. Il ne s’agit pas, à proprement parlé, de
conclusions mais d’un recueil des idées forces qui ont marqué cette rencontre.
Que faut-il retenir des débats que nous avons eus au cours de cette journée ?
Pour ce qui est de l’état des lieux :
1. Le patrimoine national d’hydrocarbures fossiles conventionnel est en voie
d’épuisement. Les perspectives de reconstruction de nos réserves sont prometteuses
mais incertaines à moyen terme, l’exploitation des gaz de schistes soulève des
interrogations.
2. La consommation énergétique intérieure augmente de façon vertigineuse. Le prix de
l’énergie consommée localement est source de gaspillage, de contrebande et de
contraintes environnementales.
3. L’effort combiné d’un épuisement continu de nos réserves d’hydrocarbures et de
l’augmentation débridée de notre consommation de gaz naturel et de produits pétroliers
pourrait mettre en danger la sécurité de notre approvisionnement énergétique à long
terme et menacer nos équilibres budgétaires.
Pour ce qui est des mesures préconisées :
1. Intensifier l’effort d’exploration des énergies fossiles, avec priorité accordée aux
hydrocarbures conventionnels tout en poursuivant les travaux d’étude et
d’expérimentation sur la faisabilité de l’exploitation des ressources non
conventionnelles.
2. Maîtriser la consommation nationale en vue d’améliorer l’intensité énergétique,
notamment l’efficacité de la production d’électricité. Le moyen le moins coûteux et le
plus rapide pour y parvenir réside dans la conservation de l’énergie afin réduire le
gaspillage et les pertes.
3. Accélérer le programme de développement des énergies renouvelables en renforçant le
cadre institutionnel, les instruments et la mobilisation du secteur privé.
4. Substituer au régime de subventions actuelles un système de compensations ciblées et
directes au profit des couches les plus défavorisés de la population dans le cadre du
filet de solidarité nationale afin de restaurer l’esprit de justice sociale et de mettre fin à
la contrebande.
5. Moduler le rythme de production et d’exportation de nos hydrocarbures en fonction de
la capacité d’absorption de l’économie nationale en termes de besoins financiers réels
et de couverture à long terme de la consommation interne dans le cadre d’une
programmation dynamique.
6. Envisager le plafonnement de nos exportations de gaz naturel et la constitution d’une
réserve stratégique pour les futures générations.
7. Réunir régulièrement le Conseil National de l’Energie.
Intervention du professeur S. CHITOUR
La situation est catastrophique dans la mesure où le rythme des consommations dans tous les
domaines, est sans liaison avec l’effort.
Il ne faut pas prendre avec sérieux tout ce qu’avancent les organismes étrangers qui excellent
dans la manipulation des chiffres, tels que l’AIE.
Le modèle de consommation est l’affaire de tous les algériens. Des Etats Généraux
s’imposent pour sa définition.
Intervention de monsieur A. HACHED
Les thèmes abordés par les communicants peuvent être analysés sous deux angles : l’un
optimiste l’autre pessimiste. Mr Hached a choisi l’optimiste.
Il se base sur l’historique de production pour affirmer qu’il n’y a pas lieu de croire au au PEAK
OIL.
En ce qui concerne les perspectives des découvertes et l’exploitation des gaz de schiste, il cite
l’expérience américaine et les résultats obtenus pour conforter les prévisions avancées.
Outre les gaz de schiste, de bonnes perspectives sont attendues dans le conventionnel aussi
bien dans l’on-shore que l’offshore.
Il a rappelé que, les prévisions concernant les dix années à venir, la production d’huile
augmentera de 50% et celle du gaz doublera. Il estime d’autre part, que le niveau des prix des
hydrocarbures sera maintenu au niveau actuel.
Sur la base des données disponibles, relatives au bilan énergétique, le secteur a défini un
modèle prospective jusqu’en 2040.
Différents scénarios ont été étudiés avec comme objectifs :
-
garantir à long terme la disponibilité de l’énergie pour le pays,
financer par les hydrocarbures l’économie du pays et la diversification de l’énergie,
mobiliser toutes les sources d’énergie.
Le cas retenu se résume en :
-
Réduction de 50% du gaz utilisé dans la production d’électricité,
12 000 MW à produire en énergie renouvelable d’ici 2020,
Réalisation de centrales à charbon, d’ici 2030,
Génération d’électricité à partir du nucléaire,
Développer le géothermique.
REMARQUES ET CONCLUSIONS
PAR
MONSIEUR A. KRISSAT
Compte tenu du message d’ouverture et au terme des travaux de la conférence du 22 février
2014 et après débat, nous pouvons tirer les remarques et conclusions suivantes :
1°) En vertu du principe de précaution, seules les réserves prouvées d’hydrocarbures,
récupérables restantes (hormis les probables, possibles et potentielles) doivent être prises en
compte.
Elles sont de l'ordre de 4 milliards de tep pour les quatre produits de base que sont le pétrole,
le gaz, le condensat et le GPL. Elles seraient asséchées en 20 ans environ (sur la base de la
production de 2012, soit 200 millions de tep) : ce sursis, celui d'une génération, devrait suffire,
à la condition d'agir sans tarder, à asseoir les bases d'une transition énergétique réussie,
permettant à la fois d'assurer aussi bien l'avenir énergétique du pays et la satisfaction des
besoins domestiques, que le financement d'une économie pérenne, de moins en moins
tributaire de la rente pétrolière et gazière.
A cet objectif, devront être également intégrées la réduction des importations et l'autosatisfaction agro-alimentaire.
Toutefois, les hydrocarbures auront toujours une place de choix, à court et moyen terme, en
tant que source d'énergie, et en seront la veine jugulaire .Le modèle énergétique à bâtir devra
obéir à quatre critères de base :
- disponibilité physique,
- maturité technologique,
- compétitivité du marché,
- acceptabilité sociale.
2°) Il faudra améliorer les conditions d'exploitation actuelles des champs d'hydrocarbures, en
rappelant que Hassi Messaoud et Hassi R'mel recèlent près de 55% des réserves prouvées
récupérables. Ce qui permettra d'accroitre leur taux de récupération (Réduction du GOR,
respect des volumes d'injection de gaz pour le cyclage de Hassi R'mel, d'eau à Zarzaitine,..).
3°) La production de gaz risque de ne pas suffire pour assurer à la fois la consommation
intérieure (35 milliards M3, avec une croissance de 7% par an) et l'exportation de 60 milliards
M3.
Sonelgaz aurait un besoin global de 85 milliards M3 en 2030 (y compris la génération
électrique). D'où la nécessité de restreindre les objectifs de commercialisation à l'export pour
satisfaire les termes de l'équation du bilan matière "gaz".
4°) L'exploitation des ressources en gaz de schiste nécessite le forage de 200 à 600 puits
horizontaux pour produire 28 milliards M3/an (soit 1 Tcf/an)".
Le taux de récupération d'un gisement de gaz de schiste est de 5 à 15%, ce qui nécessite la
mobilisation d'un grand nombre d'appareils de forage et d’énormes volumes d'eau (10 à 15000
M3 par puits).
De plus, à ces difficultés logistiques, s'ajoutent la contamination des couches phréatiques
traversées et le risque de pollution de l'environnement.
Les coûts d'investissements sont prohibitifs : 20 millions US$ pour le forage d'un puits à
3000m et, 300 M US$ pour l'exploitation sur 50 ans. (Estimation d'Alnaft).
5°) Il y a lieu de poursuivre l'effort d'exploration pour renouveler les volumes produits
d'hydrocarbures, en renforçant le partenariat.
Sonatrach doit également veiller à lever les contraintes qui ont limité son effort propre dans le
passé : évaluation et sélection des prospects à explorer, implantation des puits à forer,
efficience de la maitrise d'œuvre forage, contribution qualitative et quantitative des entreprises
de service.
6°) L'énergie solaire demeure la plus prometteuse des énergies renouvelables. Son potentiel
thermique est estimé à 40.000 milliards M3 de gaz/an, soit l'équivalent de 10 fois le champ de
Hassi R'mel.
Le défi majeur pour cette énergie est de la rendre compétitive pour que le coût du solaire
thermique et du photovoltaïque soient comparables à celui du cycle combiné, soit 10 à 15 cts
d'euros/kWh en 2020.
7°) Quel que soit le modèle énergétique retenu, il devra intégrer la nécessaire rationalisation
de la consommation par une politique des prix clairvoyante et une lutte continuelle contre le
gaspillage
8°) Quels que soient les vecteurs porteurs qui vont orienter les futurs axes énergétiques, le
développement économique et social ne pourra devenir tangible sans une ressource humaine
de qualité. La déperdition du personnel technique enregistrée dans certains corps de métiers
névralgiques dans le groupe SH (forage, production, aval...), le caractère disparate du
programme de formation perfectionnement aussi bien pour le personnel d'exécution, de
maitrise que d'encadrement, annihilent la capitalisation de l'expertise et du savoir-faire que le
groupe SH a constituée durant ses 50 ans de fonctionnement. Il faudra redonner le goût du
travail bien fait aux générations montantes, celui de l'initiative et du risque aux futurs
managers tout en leur inculquant la culture "du rendre compte", consubstantielle au sens des
responsabilités et librement consentie. Il faudra également motiver les compétences, en
ouvrant la voie à une gestion des carrières rénovée où la promotion est basée sur la
compétence, le mérite et l'effort.
Les procédures actuelles d'appels d'offres, et notamment le BAOSEM, constituent une très
sérieuse entrave à la bonne conduite et à la rentabilité des projets industriels, il est primordial
de les assouplir et de les réviser profondément.
9°) Il y a lieu de substituer au régime de subvention actuel un système de compensations
ciblées et directes au profit des couches les plus défavorisées de la population dans le cadre
du filet de solidarité nationale afin de restaurer l'esprit de justice sociale et de mettre fin à la
contrebande existant dans le commerce des carburants.
10°) Il y a lieu de faire jouer aux Institutions du pays leur rôle de contrôle tel qu'inscrit dans la
Constitution et, notamment de réhabiliter celui prévu par le Conseil National de l'Energie. Il est
également recommandé d'organiser "Les Etats Généraux de l'Energie" en vue de préciser la
politique énergétique nationale.
P.J. :
- Thème 1 : Réserves, production et exploration des hydrocarbures :
Par MM. Abdelmadjid ATTAR et Sidi Mohamed BAGHDADLI.
-
Thème 2 : Problématiques Gazières en Algérie, éléments pour une mise à jour :
Par Mr Mustapha MEKIDECHE.
-
Thème 3 : Usages actuels et économies d’énergie :
Par MM. Abdelatif REBAH et Mohamed BOUCHAKOUR.
-
Thème 4 : Les énergies renouvelables dans la transition
Par Mr. Tewfik HASNI.

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