La République des Pyrénées, L`Éclair, “Citoyen du Béarn”

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La République des Pyrénées, L`Éclair, “Citoyen du Béarn”
JEUDI 9 JUIN 2016
6 | Faits du jour
Gardez-le
pour vous
Et bientôt
la Nouvelle
Aquitaine
Le nom de la nouvelle grande
région Aquitaine-LimousinPoitou-Charentes sera officiellement choisi le 27 juin au cours
d’une séance de l’assemblée
régionale. C’est la dénomination
« La Nouvelle Aquitaine» qui
sera proposée aux élus, selon le
site sudouest.fr. Une large
concertation a été menée à
travers toute la Région pour
choisir son nom.
La tête de l’UDI
reste à Bayonne
EN LUMIÈRE
GRIPPE AVIAIRE : LES CHÈQUES ARRIVENT
SANTÉ Les aides ont commencé à être distribuées hier aux éleveurs touchés par cette crise sanitaire. Elles s’échelonneront sur un mois.
romis pour mai, les
concours financiers
destinés à aider les
éleveurs de palmipèdes
à supporter la crise aviaire et ses
conséquences (vide sanitaire,
travaux d’assainissement et
rupture de la production)
P
doivent enfin arriver chez les
des éleveurs. Le directeur de la
DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer)
Nicolas Jeanjean l’annonçait
hier : « Après le feu vert donné
par France Agrimer, il a fallu
obtenir la validation des
barêmes par la Commission
européenne qui cofinance les
aides, ce qui a pris un peu de
temps » concède-t-il. « Les
premiers chèques doivent partir
ce 8 juin et arriveront tout au
long du mois ». Pour la partie
aval de la filière, ce sera plus tard.
Ce dossier est géré par France
Agrimer et la direction Régionale de l’Agriculture et de la
Forêt (DRAF). Au total, le gouvernement doit apporter 130
millions d’euros pour soutenir
la filière dans les 18 départements concernés l
Le généticien Axel Kahn en
citoyen d’honneur du Béarn
ENTRETIEN Ce jeudi à la Maison Pour Tous à Laàs (18h30), le généticien Axel Kahn présentera son
dernier livre « Etre humain, pleinement » et sera fait citoyen d’honneur de la « principauté » béarnaise.
Thibault Chenevière et JeanRené Etchegaray. © DR
Maire de Bayonne, Jean-René
Etchegaray a été élu samedi à
une très large majorité président
de la fédération des PyrénéesAtlantiques de l’UDI pour un
mandat de trois ans. Ce mouvement, qui se présente comme «
fédéraliste et humaniste », a
pour délégué départemental le
Palois Thibault Chenevière.
La Sepanso
conteste la LGV
« La signature d’une déclaration
d’utilité publique n’a jamais
transformé un mauvais projet
en projet d’intérêt général » a
affirmé la Sepanso après le feu
vert donné à la construction de
lignes ferroviaires à grande
vitesse au sud de Bordeaux en
direction de Toulouse et de Dax
(notre édition du 6 juin).
Laborde
à micros ouverts
Ardent porte-parole de « La
cause des vaches» déclinée dans
son livre éponyme paru aux
éditions du Rocher (143 p.
15 €), l’écrivain Christian
Laborde sera l’invité de Nicolas
Demorand dans l’émission « Le
téléphone sonne » sur France
Inter, jeudi 9 juin à 19 h. Il sera
également l’hôte du magazine
« 28 minutes » d’Elisabeth
Quin sur Arte, lundi 13 juin à
20h05, en compagnie du philosophe Alain Finkielkraut, autre
fervent opposant aux élevages
intensifs. Grand défenseur des
productions fermières, le
penseur a d’ailleurs fait graver
sur son épée d’Académicien une
« vache normande ».
D
u Béarn, le généticien
Axel Kahn connaît les
terres d’Arzacq, Arthezde-Béarn et de Navarrenx pour les avoir arpentées
en juillet 2013, lors d’une « diagonale pédestre » à la rencontre de
la France et de ses habitants.
L’auteur de « Etre humain, pleinement » (1) s’entretiendra ce jeudi
9 juin à 18 h 30 avec le public
de Laàs comme il le fit la veille à
Pau. A l’occasion de sa venue,
Jacques Pédehontaà, élu départemental de « Orthez, terres des
gaves et du sel » lui remettra le
passeport de citoyen d’honneur
de « sa » principauté.
Qu’est-ce qui vous a fait céder
à l’invitation du maire de Laàs ?
J’ai parcouru le Béarn à la fin de
ma première grande traversée
pédestre de la France en juillet
2013 et j’y suis revenu plusieurs
fois chaque année et tout récemment en 2015. J’aime cette région,
ses paysages, ses traditions, son
histoire, sa cuisine... Je garde un
souvenir ému de l’accueil de
Jacques Pédehontaà à Navarrenx
en 2013. Il m’avait alors longuement présenté son projet. La
première condition du succès
possible est d’oser vouloir le
construire. Avant de constituer
une entité souveraine, la principauté de Laàs est, selon moi, la
manifestation de la volonté d’un
maire du Béarn à ne pas se résoudre au déclin de sa commune, à
vouloir le meilleur pour ses
administrés.
Votre dernier titre interroge sur
l’altérité, ferment de l’humanité. Nos contemporains manqueraient-ils de l’une et de l’autre ?
Je ne suis pas persuadé que nos
contemporains soient insensibles à la valeur de l’autre, qu’ils
n’aspirent pas à ce qu’elle soit
mieux célébrée, mieux mise en
valeur. Il est vrai, en revanche,
que les standards sociaux se sont
progressivement déplacés de
l’individu libre et heureux au sein
pas matérielles, pour partager et
donner. Si l’on se construit pour
apporter à l’autre, il n’y a pas
contradiction entre le « développement
personnel »
et
l’altruisme.
Quelle est la part du déterminisme dans l’évolution de
l’être ?
J’ai coutume de dire que nos
capacités sont à la fois innées et
acquises. Si Dewi, mon héroïne,
avait hérité d’un génome d’orangoutang, elle n’aurait jamais pu
être récompensée par le Prix
Nobel de physiologie et de
médecine. Cependant, sa sœur
jumelle Eka possède les mêmes
gènes que Dewi mais, privée de
tout échange au sein de semblables jusqu’à l’âge de 10 ans, elle
est une enfant malheureuse au
retard mental définitif. La plus
innée des propriétés codées par
le génome humain est la possibilité d’acquérir.
En 2013, Axel Kahn avait entrepris un tour de France qui l’avait conduit
fin juillet sur les routes du Béarn auquel il s’est attaché. © ARCHIVES R. MARTIN
d’un tissu social auquel il participe à l’injonction de construire
seul son destin, de promouvoir
ses intérêts particuliers et
d’accéder à ses plaisirs personnels. Il en résulte une atmosphère
un peu schizophrène qui participe sans doute à la situation
compliquée de notre pays
aujourd’hui.
Que faudrait-il à nos semblables
pour qu’ils soient justement
« humains, pleinement » ?
Il ne leur manque rien, encore
convient-il qu’ils osent le vouloir.
Certes, le monde est loin d’un
idéal facilitant l’épanouissement
de chacun, il est nécessaire de le
vouloir de toutes ses forces et de
le construire avec ardeur et
ténacité, comme Dewi, mon
héroïne. Deka, sa sœur jumelle,
elle, ne le peut pas car les conditions de son enfance sauvage l’ont
privée des outils cognitifs nécessaires. Trop de nos concitoyens
sont à ce point convaincus que
tout est déterminé, par les gènes,
par les règles contraignantes de
l’organisation économique, par
les « puissants », qu’ils n’osent
plus vouloir rédiger eux-mêmes
leur avenir et contribuer à écrire
celui du monde. Alors, bien
entendu, ils ne le peuvent pas !
Peut-on défendre les droits de
l’homme et de l’Autre jusqu’à
la négation de soi, ainsi que le
suggèrent certains essayistes ?
La meilleure manière de défendre l’autre, de l’enrichir, c’est d’être
soi-même doté de l’énergie pour
agir, de richesses personnelles
de cœur et d’esprit, et pourquoi
Avec le député Jean Lassalle,
vous avez en commun la traversée de la France. Que pensezvous de sa candidature à
l’élection présidentielle ?
J’apprécie Jean Lassalle, sa
gouaille, son courage, je devrais
dire son opiniâtreté, son non
conformisme, son attachement
au Béarn et à la France. Nos
observations du pays et de ses
habitants faites tout au long des
chemins sont voisines. Cependant, je comprends moins son
désir – si cela en est un – de se
présenter à la prochaine présidentielle, comme tant d’autres
qui n’ont pas sa qualité. J’appréciais, je crois, son amitié pour
François Bayrou qui, si souvent
et cruellement, a été abandonné par ses proches sur le plan
politique ! Et puis, je crains qu’une
partie de la force du message
de Jean Lassalle ne pâtisse du
score nécessairement faible qu’il
fera.
l RECUEILLI PAR RENÉE MOURGUES
(1) Edition Stock. 245 p. 18,50 €