Journées d`études Françoise Dolto .:.1Iffi~~ La psychanalyste
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Journées d`études Françoise Dolto .:.1Iffi~~ La psychanalyste
Journées .:.1Iffi~~ de l'enfant L d'études Françoise La psychanalyste, dans la famille Dolto disparue humaine. il ya dix ans, a défini Son modèle: es bébés, elle les appelait ses de vérité en lui fournissant des repères « collègues », simplement parce exactssur sesorigines: aucunenfant ne qu'ils étaientà sesyeux la source naît d'un papa ou d'une maman, mais d'un immense savoir. Elle répé- d'un désir, d'une rencontre charnelle tait aussi que leurs souffrances ne sont entre un homme et une femme. que des questions muettes, des mesC'est peut-êtredansles Evangilesque sages à décoder; et qu'un symptôme la croyanteet chrétienneFrançoiseDolto est, au senspropre, un malentendu(ma] a trouvé l' expressionla plus subl.iméeet entendu),l'expression d'une vérité que la plus aboutie de la condition humaine. les adultes s'empêtrent à celer ou s'en- Dans I.'histoire de la Sainte Famille, du têtent à ne pas voir. ..couple formé par I.'humble charpentier La psychanalyste Françoise Dolto Josephet la Vierge Marie, qui se firent (1908-1988) aura, presqueà elle seule, tout un noël de la venue de leur enfant contribué à changer le regard que l'on Jésus...Car il. y a du mythe, dans cette porte sur les enfants. PapaFreud voyait histoire-l.à, quelque chose de fondaplutôt en eux des « pervers polymor- mental, au-delà de l'imaginaire partiphes », de petits diables aux désirs culier de chacun: la représentation troubles et tyranniques. Maman Dolto collective d'une vérité. « Ça parle, dans en fera des êtres à part entière, fragiles ce trésor de mots assemblés», expliqueet démunis, peut-être, mais compre- t-elle (I). A condition, naturellement, nant tout, surtout ce que l'on s'ingénie de savoirlire entreles ligneset de ne pas à leur cacher par bêtise, ou par igno- se perdre dans des considérations rance, ou pour soi-disant les protéger: oiseuses ou. ..gynécologiques qui file secretde leur naissance,la mort d'un rent sans doute le bonheur des théoloproche, la venue d'un élément pertur- giens mais qui brouillent la clarté du bateur au sein de la cellule familiale. ..message et de la « bonne nouvelle ». Tous ces non-dits qui font la malédicAu départ, cette famille peut semtion (malé diction) de chaque histoire bler pl.utôtétrange. Josephest un hom- la Sainte la place Famille. est, dit joliment Françoise Dolto, « instrument de la greffe de Dieu sur ce rameau de David ». En tant que PSYchanalyste elle peut même interpréter cette ombre comme la métaphore poétique du corps sexuéd'un homme aimé par une femme; une femme qui désire, et veut être enceinte d'un être exceptionnel, d'un enfant merveilleux, d'un véritable Jésus. Et le rôle de Joseph ? fi est tellement surprispar cettegrossessequ'il songeun moment à répudier Marie. Mais un ange lui apprenddansla passivitéde son sommeil (Matthieu, I, 18-25), au cours d'un songe, que la femme qu'il n'a pas touchée porte le fils de Dieu, le futur sauveur de son peuple et qu'il ne doit pas craindre de la prendre pour épouse. Joseph choisit de se soumettre à cette Parole. fi sait que l'enfant à venir n'est pas le fruit de sa chair, mais il décide pourtant d'en être le père. Oui: le père ! Car on fait toujours la confusion entre le père et le géniteur. Le géniteur a peu d'importance, quelques secondes d'existence tout au plus. Le père, c'est une tout autre aventure: c'est Marcel Pagnol qui la raconte le mieux dans sa pièce de théâtre Fanny. On connaît Joseph sait que Jésus n'est pas le fruit de l'histoire: Marius veut enlever à Fansa chair, mais il décide pourtant de l' élever . ny l'enfant qu'il lui a fait mais que Panisse a élevé. Marius fanfaronne : "II n'y a de père qu'adoptif", disait Dolto. « Quand on estpère de quelqu'un, c'est ordinaire et que chacun de nous peut me sansfemme, Marie est une femme pour toujours. » Heureusement, interretrouver, enfouis dans un pan de sa sanshomme -ils ne se sont pas connus vient son propre père -César -, fort en mémoire... au sens biblique du terme! Jésus est gueule et en sagesse. En cinquante ans d'activité comme un enfant sanspère... ou avec un père César : « Quand il est né, il pesait clinicienne, théoricienne et vulgarisa- de trop -ou Joseph ou Dieu. Mais ils 4 kilos... mais, aujoL4rd'hui, il pèse trice, FrançoiseDolto a réussi à asséner forment pourtant une vraie famille hu- 9 kilos, et tu sais ce que c'est, 5 kilos quelquesidéesfortes: que l'être humain maine: unie par une promesse et par de plus, c'est 5 kilos d'amoul: Et pourest avant tout un être de langage ( « un des fiançailles, responsable devant la tant, c'est léget; l'amour! Et toi, qu' estparlêtre », dit Jacques Lacan) ; qu'il loi de l'éducation d'un enfant, par- ce que tu lui as donné ? s'inscrit dans une lignée, dans une tageantla fortune et les épreuvesd'une Marius: La vie, parbleu ! «filiation langagière» ; qu'il est sujet communauté. César : Oui, la vie... Les chiens aussi de désir « dès sa conception ». C'est Comme dans toute famille, la nais- donnent la vie... Les .taureauxaussi... « l'enfant qui choisit ses parents », à sancede l'enfant a commencé par une Cet enfant, tu ne le voulais pas. Ce que charge pour ces derniers de lui don- parole fécondante, porteuse de vie. tu voulais, c'était ton plaisil: La vie, ner un équilibre narcissique de base Pour Marie, c'est la merveilleuse scè- ne dis pas que tu la lui as donnée: il te (1'amourde soi) et de lui créerun espace ne de l' Annonciation, au cours de ]a- l'a prise, ce n'est pas pareil ! quelle l'ange Gabriel lui annonce(Luc, Marius: Comment, toi aussi! Mais I, 26-38) que la puissancedu Très-Haut nom de Dieu, qui c'est, le père ? Celui Françoise Dolto chez elle, la « couvrira de son ombre ». Cette pa- qui a donné la vie ou celui qui a payé à Paris, en 1.986. role inscrit Jésusdans une li!!née. Elle les biberons ? » I -o U) ~ ~ O) = O) ~ CD --- « Le Père, c'est celui qui aime », un messageautrement sérieux qui dit le secret de nos origines: deux êtres conclut superbement César. Et FrançoiseDolto d'ajouter: un père transcendés par un amour et soumis doit toujours « adopter » son enfant ; à une loi qui les dépassesont confron« il n 'y a de père qu'adoptif ».Etre père, tés au mystère de la procréation. La c'est donner son nom à un enfant, c'est femme en s'abandonnant, émerveilpayer de son travail sa subsistance, lée, au prodige de la vie germant dans c'est l'éduquer, l'instruire, c'est l'ap- son corps; l'homme en croyant toujours y être pour très peu dans cette peler à plus de vie, plus de désir ...En nommant son fils Jésus comme le lui opération-là (du Saint-Esprit !). Tous avait demandél' ange, en lui apprenant deux, en assumantla responsabilité de cette vie nouvelle, deviennent mère et son état de charpentier, en l'élevant dans l' amour de Dieu et des hommes, père, sans esprit de possession ni lien Joseph a joué son rôle et accompli sa de dépendance... noble mission. il est dit aussi dans cette histoire de Nous voilà bien loin des arguties couple exemplaire toute la complexité théologiques, des histoires de parturi- de la rencontre amoureuse; l' insatistion ou des moqueries ironiques sur la faction, la déchirure, le manque fondamental qui est à l' origine du désir : virginité de la Vierge et la complaisancedu mari ! Les Evangiles délivrent « Aime1; disait Jacques Lacan, c'est donner ce que sement, incarner cet enfant sente les » Heureu- vreux, qui les roi, sauveur de repréet les l'être unique, s' agenouiller de la Terre; l'espèce qui nostalgies c'est viennent puissants pour c ' est promesse de salut, de chacun; devant toute pas. merveilleux, et porteur espoirs fant n'a le divin enfant va venir et combler ce manque: bonheur les l'on de tous c'est cet en- ses parents humaine... et de 8 XavIer Lacavalerle (1) L'Evangile au risque de la psychanalyse. éd. PointSeuil. Cet article s.en est fortement inspiré. Journées d'études point l'reuvre sur (ateliers, Du 14 cipation au Françoise de Dolto conférences, tables 17 janvier à l'Unesco. : 800 F par : le la psychanalyste rondes). journée. PartiRens. : 01-40-51-72-05. ...~I G No ?~~ -?~ ..-"pmhre 1 QQR