la lettre de l`api - Association des Psychiatres de secteur Infanto
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LA LETTRE DE L API Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile n° 18 Le mot de la présidente : Ces derniers mois , la psychiatrie a tenu dans l actualité une place à laquelle elle est peu habituée . « Le drame de Pau » a , au delà de l émotion suscitée , donné l occasion de parler de état du service de santé psychiatrique , et les propos les plus contradictoires ont été tenus. Mais il a aussi eu un effet accélérateur sur la présentation du Plan pour la Santé Mentale , tout en lui donnant une acuité particulière et mobilisant les espoirs et /ou les craintes des patients , leurs familles et les professionnels. Ce plan présenté au conseil des ministres le 20 avril dernier est entré dans sa phase de mise en uvre , et sur ce point j aurai l occasion de revenir prochainement. Au début de l année 2005, les feux de l actualité ont été braqués sur les travaux de M. Zilbovicius en imagerie cérébrale . Il s agit de travaux de recherches portant sur le fonctionnement cérébral dans l autisme dont l intérêt a été souligné par Philippe Douste Blazy au cours d une allocution publique , et repris par la presse . Je peux sans crainte affirmer que nous sommes nombreux à souhaiter que l effort de recherche dans le champ des neurosciences autant que dans les champs de la clinique et l épidémiologie soit maintenu et même sérieusement renforcé. Il va de soi que toute avancée significative des connaissances susceptibles d apporter une amélioration à l état des patients doit connaître la plus large diffusion. Il n en est pas forcément de même pour les étapes des travaux , aussi intéressantes soient elles dont l issue sur des données utilisables n est pas assurée . Pourtant, cette fois , nous pourrions ne pas regretter cette médiatisation précoce. C est elle en effet qui a mobilisé un certain nombre de thérapeutes vers une réflexion des plus fertiles. est ainsi que nous publions dans ces pages deux textes que Madame G. HAAG nous propose , ce qui nous invite à poursuivre dans ces colonnes , les débats grâce à vos contributions. Le premier exposé est celui d une psychanalyste dont les travaux nourrissent la pensée et les projets thérapeutiques de nombreuses équipes soignantes qui ne comptent pas , loin s en faut que des psychanalystes. Le second est le fruit d une mise en commun des observations et expériences de psychanalystes - psychothérapeutes oeuvrant dans le même champ et se sont constitués en collectif. Les difficultés que rencontrent les enfants autistes et psychotiques , leurs familles et leurs soignants sont telles qu elles nous imposent de porter nos efforts vers une meilleure compréhension sans nous laisser distraire par des querelles de chapelles . Les Rencontres Annuelles qui se sont tenues en mars , sur le thème de l autisme et des psychoses ont permis de constater que les pédopsychiatres avaient intégré dans leurs réflexions nombres des données issues des champs des neurosciences, de éducation, de la sociologie. Elles ont également mis en évidence le souci de travailler en relation harmonieuse avec les familles. Souhaitons que ce mouvement se poursuive parmi nous et s étende à tous les partenaires concernés. Troisième point de l actualité récente : la prescription des antidépresseurs chez les enfants et adolescents. Une étude des publications récentes vous est proposée par deux pharmaciennes des hôpitaux afin là encore de dépassionner le débat et de soutenir des conduites réfléchies. Une Lettre ultérieure reviendra sur ces Rencontres Annuelles , mais je saisis l occasion de celle ci pour transmettre aux membres du Comité d Organisation les félicitations dont de nombreux participants m ont faite la dépositaire . A la fin du mois , les Journées Annuelles se tiennent à Lille. Venez nombreux , vous y serez les bienvenus. La Lettre de l API n°18 mai 2005 Dr Yvonne Coinçon mai 2005 26, 27 et 28 Mai 2005 XXIèmes Journées de L A.P.I. Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile L’Enfant, le Pédopsychiatre et leurs Institutions : RESTER VIVANT SOMMAIRE : *Le mot de la présidente p1 *Journées de Lille p2 *Comment les Psychanalystes peuvent aider les enfants avec autisme et leur s familles G Haag p3 *Réflexions de psychothérapeutes de formation psychanalytique s occupant de sujets avec autisme après la publication des résultats d une expérience sur les aires cérébrales concernées par le traitement de la voix humaines.. chez cinq adultes avec autisme, réflexions rassemblées par G Haag p7 *Annonce journées SFPEADA p12 *Utilisation des antidépresseurs chez enfant et l adolescent et augmentation du risque suicidaire ; données et recommandations actuelles p12 *L enfant, la parole et le soin, un livre de Jean-Luc Graber p15 *Festival Vidéo Psy de Lorquin p15 *Bulletin d adhésion à l API p16 1 XXI èmes Journées de L A.P.I. 26, 27 et 28 Mai 2OO5 Maison de l Education Permanente 1, place Georges Lyon LILLE L’Enfant, le Pédopsychiatre et leurs Institutions : RESTER VIVANT Jeudi 26 mai 13h30 : Accueil 14h : Mots de bienvenue par Mme le Dr Yvonne Coinçon, pédopsychiatre, présidente de l A.P.I. 14h30 : Introductions des travaux. Pr. Pierre Delion, C.H.R.U. de Lille 15h : Entre « la patate chaude » et « au feu les pompiers », quelle place pour la fonction contenante des institutions ? Régine Prat, psychologue, psychanalyste, Paris. Discussion, animée par le Dr Michel Libert, pédopsychiatre, secteur Lille Nord 16h30 : Ateliers 18h : Fin des travaux 20h : Conférence :La Psychothérapie d enfants à la Tavidstok Clinic Paul Barrows, psychanalyste, Londres Vendredi 27 mai 8h30 : Accueil 9h : Les mouvements de vie ou de mort dans les institutions. Dr Michel Botbol, médecin directeur de la Clinique de la Fondation de France, Sceaux 10h30 : Ateliers 12h : Repas en commun au restaurant la « Baignoire » 14h30 : Quelques réflexions sur les concepts autour de l institution. Pr. Pierre Delion, C.H.R.U. Lille. 15h30 : L A.P.I., une position institutionnelle ? Ou l institution A.P.I. qu en est-il ? Dr François Bridier, pédopsychiatre,Bordeaux 17h30 : Fin des travaux 20h : Soirée-Repas, animé par Daniel Destombes, psychanalyste, conteur, au restaurant « le Meunier » rue du Tournai Lille Samedi 28 mai 9h-12h : Assemblée générale de l A.P.I Renseignements :Dr Claudine Desobry : [email protected] ou Dr Marc Bétrémieux, CMP , 97 rue Salvatore Allende 62220 CARVIN Tél : 03 21 08 91 50 ---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------A paraître dans « Médecine et Enfance » Geneviève HAAG . Psychiatre et psychanalyste (SPP) COMMENT LES PSYCHANALYSTES PEUVENT AIDER LES ENFANTS AVEC AUTISME ET LEURS FAMILLES Introduction- Psychanalyse et perspectives concernant l'autisme L'urgence est de lutter contre le clivage qui continue à sévir entre les points de vue cognitiviste, génétique, et des neurosciences d'une part et les points de vue psycho-dynamiques. La psychanalyse s'intéresse à tous les aspects du développement de la psyché et a réalisé beaucoup d'approfondissements pratiques et théoriques en abordant progressivement des psychopathologies de plus en plus graves. Ses recherches se sont entrecroisées avec d'autres domaines d'études développementales, par exemple pour le champ qui nous occupe,avec celles du Pr A. Bullinger sur les sensorialités et les plateformes sensori-toniques et tonico-émotionnelles [1] ou celles du Pr C. Trevarthen |2] sur le dialogue émotionnel dans les échanges sonores très précoces, ou encore celles de J. Nadel [3] sur l'imitation. Nous avons également attaché une très grande importance à l'approfondissement du développement précoce par l'observation naturaliste du nourrisson dans sa famille (méthode E. Bick [4]). Notre souci, et celui des patients, est : comment la psyché essaie de se construire malgré des handicaps dont le substrat neurophysiologique est patent et/ou dont les éléments génétiques de prédisposition sont recherchés, comme dans la schizophrénie, la psychose maniaco-dépressive et La Lettre de l API l'autisme. Mais les facteurs environnementaux, parmi lesquels les facteurs relationnels sont très importants, ont une influence de plus en plus reconnue sur l'expression du génome (épigenèse) et influent aussi sur le développement cérébral précoce. En tout cas, c'est la possibilité d'une influence environnementale qui nous donne l'espoir d'avoir un certain impact tant sur le plan éducatif que thérapeutique, et ceci le plus tôt possible. Mais si les psychanalystes mettent davantage l'accent sur le primum movens d'une dysrégulation émotionnelle plurifactorielle, cela ne veut pas dire qu'ils ne considèrent que les facteurs environnementaux. La plupart sont aussi à l'affût des recherches neurophysiologiques et biologiques qui viendraient confirmer une prédisposition qu'ils ressentent souvent ; le « traitement » des émotions est aussi dans le cerveau. L'augmentation des hormones de stress mise récemment en évidence par la recherche clinicobiologique de S.Tordjman [5] semble l'un des chaînons importants à considérer. Quoi qu'il en soit, ces dysrégulations entravent autant le développement de toute la personnalité que les processus cognitifs ; d'autres courants mettent plus l'accent sur l'hypothèse de troubles cognitifs spécifiques : troubles des réceptions sensorielles (M. Zilbovicius) [6], qui pourraient rejoindre les travaux psychanalytiques sur le n°18 mai 2005 2 démantèlement de l'appareil de perception, défaut de « théorie de l'esprit » (U. Fritz) [7], qui pourraient rejoindre les travaux psychanalytiques de longue date sur les identifications. Nous aurions tout intérêt à nous coordonner pour avancer plutôt que de déclarer chroniquement que «la» découverte scientifique du moment confirmerait l'origine cérébrale ciblée de l'autisme et battrait en brèche toute considération de psychopathologie dynamique. Or, les découvertes faites par les psychanalystes qui ont longuement travaillé avec les enfants avec autisme depuis maintenant plus de trente ans, sont importantes et rejoignent complètement les autobiographies de sujets avec autisme (T. Grandin, D. Williams [8] ) ainsi que des repérages actuels de chercheurs non-psychanalystes tels que ci-dessus mentionnés. 1 - Les traitements psychanalytiques des enfants et adolescents avec autisme A) Aménagements techniques La psychanalyse a été adaptée aux enfants à travers la technique du jeu spontané [9],qui a des rapports avec le rêve. Mais est-ce possible avec les enfants avec autisme qui ne jouent pas? [10]. Nous avons découvert qu'ils sont en fait capables de répondre, à une attention ouverte à leurs difficultés, par l'association libre, fondement de la technique psychanalytique, en utilisant au départ, non pas les jouets, qui doivent cependant être à disposition ainsi que des livres d'images, mais leur corps propre, le nôtre, les éléments architecturaux de la pièce et son mobilier, à un niveau en effet très primitif de symbolisation qu'ils nous ont aidés à préciser. Cela suppose la formation des thérapeutes au décryptage du langage corporel et spatial en exerçant l'observation minutieuse de toute l'expression corporelle, tout en recevant ce qui nous était parallèlement donné à ressentir. Nous avons pu rejoindre les repères développementaux de la même construction du moi corporel dont les bébés, à partir au moins du 2e trimestre de la 1ère année, semblent bien conscients. Les travaux d'E. Bick [11], de F. Tustin [12] et de D. Meltzer [13], avaient déjà grandement déchiffré ce langage préverbal, déchiffrage que nous avons poursuivi et qui n'est certes pas terminé. On est amené à une permissivité relative du contact corporel, sans toutefois le chercher ni le favoriser ; les élans affectifs, lorsque l'enfant s'en défendra moins, iront vers les parents. Nous utilisons en effet un concept du transfert et du contre-transfert élargi à la reproduction, dans la relation thérapeutique, des angoisses et des défenses archaïques ainsi que des modalités identificatoires primitives, que nous appelons adhésives depuis E. Bick (1975) (collages corporels et agrippements sensoriels) et projectives (tentatives de pénétration corporelle et psychique dans l'autre), dans les versions normales et pathologiques de ces identifications. Le but est de communiquer au sujet souffrant d'autisme le maximum de compréhension car celle-ci fait partie des facteurs environnementaux qui facilitent la construction de la contenance corporelle et émotionnelle. La compréhension juste est la plus efficace mais aussi la plus difficile puisque les repères La Lettre de l API développementaux sont perdus. C'est pourquoi nous devons nous combiner étroitement, parents, éducateurs, enseignants et psychanalystes, ceux-ci devant communiquer les principales découvertes que les patients les ont amenés à faire concernant leurs vécus émotionnels et la construction de leur personnalité. Pour les cas à risque d'évolution autistique dépistés très tôt, les consultations thérapeutiques hebdomadaires ou bimensuelles parents-bébés doivent être instaurées très tôt (G. Crespin [14] ) ; on peut aussi utiliser avec efficacité l'observation thérapeutique à domicile qui nécessite une formation particulière (Houzel, [15]). Un traitement individuel peut s'instaurer dès l'âge de 2 ans 1/2 (Houzel, ibid. ; M.C.Laznik [16]) mais une période de séances mère ou parents/enfant est souvent nécessaire au départ. On peut aussi envisager des traitements en tout petits groupes avec deux thérapeutes (Urwand, Haag [17]). Le rythme souhaitable des séances individuelles est de trois à quatre séances hebdomadaires. Il est souvent très difficile d'en installer plus de deux. Une seule risque d'être bien peu efficace. Les groupes se font plus souvent à raison d'une ou deux fois par semaine. B) Les processus 1/ Révélations faites par les enfants avec autisme eux-mêmes de leurs vécus corporels et spatiaux angoissants, plus ou moins colmatés par les stéréotypies et rituels, mais qui handicapent leurs explorations spontanées. Ces vécus sont des sensations de chute et de liquéfaction, en rapport avec des effondrements toniques le plus souvent insoupçonnables derrière des enraidissements, des mouvements rythmiques ou des agrippements sensoriels (lumière, son, vertige labyrinthique), mais parfois « réalisés » de manière brusque lors de séparation corporelle (fin de séance dans le cadre thérapeutique), de changement imprévisible, ou de débordement émotionnel : l'enfant s'écroule alors comme un tas de chiffons. Ceux qui parlent peuvent ajouter des évocations d'écoulement et/ou d'engloutissement tourbillonnaire, tel l'enfant Paul qui, après une longue séparation d'été, s'effondre ainsi en fin de séance de retour et dit avec un filet de voix tremblée, très angoissée « On va pas couler dans les W.C... » Une fillette sans langage verbal, cherchant à répondre au questionnement sur son enraidissement corporel global quasi-permanent, verse de l'eau par terre et désigne la flaque, tout en laissant tomber comme une flaque, à côté, une peluche toute molle, vidée de sa bourre. Pour ce qui est de la chute, les enfants font de nombreuses mises en scène d'objets qui tombent du bord des tables, des rebords architecturaux, des sièges etc. Certains se perchent eux-mêmes sur ces rebords architecturaux, comme des alpinistes contre la paroi et nous communiquent ainsi la peur qu'ils ne tombent. Les enfants nous ont également indiqué la nature de leurs peurs de la rencontre du regard qui semblent avoir deux composantes, combinées ou non : - peurs prédatrices (l' il-bec) démontrées souvent avec des objets pointus dirigés vers nos yeux, ou passant à côté en frôlant notre tête ; « racontées », à n°18 mai 2005 3 une étape plus évoluée, sur des images ou des objets ou avec des marionnettes : grands becs d'oiseaux désignés de manière insistante parallèlement aux yeux d'autres animaux ; index fondant comme un épervier sur les yeux d'un enfant dans un livre d'images ; - peur de tomber de l'autre côté des yeux ou de la tête d'autrui, cela est mimé de diverses manières ; nous comprenons que le défaut ou la faiblesse d'introjection de la contenance corporo-psychique est projeté sur la tête de l'autre, nous en reparlerons. Nous observons, dans les cas les plus graves, l'absence de perception du pourtour de la bouche, ce que j'ai appelé «l'amputation du museau » c'est-àdire de la zone de contact dans le nourrissage, qui se manifeste par des bouches flasques, coulantes, ou bien sa perception est si fragile qu'il faut y entretenir des excitations trop dures (objets durs, remplissages excessifs). Lorsque les enfants retrouvent cette sensation par des explorations intenses des objets, des murs, avec la langue et les lèvres, ils réalisent des jonctions main-bouche jusque là inexistantes. Les fluctuations obligatoires dans cette trouvaille, ou retrouvaille, provoquent des crises très angoissées de « dépersonnalisation » où l’on peut voir l’enfant se « rattraper la bouche » en hurlant Nous observons également des négligences d'un hémicorps que j'ai appelé « hémiplégie autistique», ou bien le besoin de se coller latéralement au corps de l'autre : le symptôme bien connu de prendre le bras ou la main de l'autre pour obtenir ou faire quelque chose appartient à cette problématique ; la technique de « communication facilitée » en est une application pratique, de découverte empirique. On peut observer plus rarement une négligence des membres inférieurs réalisant une pseudoparaplégie et pouvant gravement retarder la marche. Tous ces symptômes se sont révélés, chemin faisant, en lien avec la non-constitution, la perte, ou la fragilité des bases de l'image du corps, les « représentations du corps » dit A. Bullinger, principalement le sentiment d'enveloppe c'est-à-dire « être dans sa peau », avec son noyau interne autour de l'axe langue/mamelon relayé par le pouce autoérotique : défaut de constitution des grands axes, vertical et horizontal, qui attachent, « membrent » solidement le corps, ce que certains (D. Meltzer) appellent le « squelette interne ». Les enfants avec autisme qui progressent dans la communication sont conscients du processus de construction ou reconstruction de ces formations et cherchent à nous l'expliquer, tout d'abord en langage préverbal dans des séquences de comportement répétitives et insistantes, qui se retrouvent d'un cas à l'autre, et nous forcent à les décrypter. 2/ Reconstruction du moi corporel Voici comment les enfants avec autisme, les uns après les autres, résument le processus de formation de cette contenance-peau, que nous appelons aussi « enveloppe » : il faut combiner le tactile principalement celui du dos, qui est le premier contact accepté ou recherché par les enfants (Soulayrol [18]) et qui draine les échanges rythmiques dans le sonore et La Lettre de l API probablement les autres sensorialités de proximité avec l'intense pénétration du regard : cela fait une enveloppe circulaire ou plutôt sphérique tout autour du corps et tout d'abord de la tête [19]. Cela va de pair avec un réinvestissement de la bouche et de la zone péribuccale évoqué plus haut. Cette première sphère englobe aussi la main. Nous reconnaissons là ce qui se passe dans les premiers mois de la vie : soutien dos/nuque, enveloppe sonore, intense il à il pendant le nourrissage, surtout dans le deuxième mois. L'étape suivante est la consolidation des grands axes du corps, qui sont souvent non constitués ou très fragiles, donnant des enfants pantins ou plus souvent des enfants très enraidis, tentant de « se tenir » sur leur propre rigidité musculaire. Là aussi ce sont les démonstrations insistantes des enfants qui ont forcé notre compréhension : le côté dominant du corps est fortement identifié au corps et aux fonctions de la mère ou du personnage maternant réactualisé dans le transfert sur le thérapeute, et la communication entre bébé et mère se rejoue d'un côté à l'autre du corps dans les jeux de mains en intégrant l'axe [20] [21]. Nous avons des démonstrations similaires pour l'intégration des membres inférieurs, dont les principaux signes sont répertoriés dans les articles sus-cités et repris dans la grille de repérage des étapes évolutives de l'autisme traité que nous avons établie avec des collègues [22]. Cette grille met en parallèle cette reconstruction avec le développement, spontané, des explorations cognitives et celui du langage et de la symbolisation. Toutes les démonstrations des enfants, notamment du côté des reprises développementales [23] sont parfaitement congruentes avec ce que nous donne la reprise de l'observation du développement évoquée au début de ce texte. Elles s'entrecroisent aussi très bien avec les apports des repérages cognitivistes qui ont eu raison de souligner par exemple l'absence de pointage proto-déclaratif que nous avions également remarqué comme une caractéristique importante, ainsi que l'absence d'attention conjointe. Les enfants nous éclairent, par ce que j'appelle leurs « narrations préverbales », sur certaines articulations entre ces différents signes en les reliant à la fragilité de la contenance et en les mettant dans la filière des processus identificatoires que nous avons pu ainsi mieux comprendre. L'évolution, même favorable, n'est pas linéaire, elle est émaillée de crises qu'il faut bien connaître. En effet, dans les processus thérapeutiques, lorsque ce que nous appelons le « dégel pulsionnel » survient, il est souvent volcanique et donne lieu à de nouveaux troubles du comportement comme les agressions joyeuses du visage : griffures, tirage des cheveux, voire morsures qui sont le témoignage d'un amour oral par rapport auquel il faut faire ou reprendre ce que l'on fait normalement dans le deuxième semestre de la vie : faire respecter la limite de la peau, aider à transformer en caresse, mais surtout théâtraliser la dévoration (jeu de lion), ce qui est l'un des paliers importants d'instauration du faire-semblant qui manque tellement aux enfants avec autisme. Dans le même temps peuvent se multiplier les crises de tantrum (selon le mot n°18 mai 2005 4 de F. Tustin, crises émotionnelles dans le vocabulaire cognitiviste), qu'il est très important de comprendre et de gérer avec les parents et les autres intervenants. Ces crises mêlant rage et angoisses corporelles, surviennent dans la prise de contact avec la réalité et ses frustrations là où auparavant l'enfant aurait colmaté avec des stéréotypies. Elles sont très éprouvantes et peuvent durer entre dix minutes et une heure. Mais, parallèlement, la communication s'améliore. Un autre type de crise, plus tardive, est le surgissement d'états maniaques (plus ou moins grande excitation souvent sexualisée), nécessitant la même coopération étroite pour comprendre les angoisses dépressives qui sont en arrière-plan avec surtout, pour l'enfant, une auto-dévalorisation correspondant d'un côté à une plus grande conscience de son état, de sa différence, de son décalage développemental, des bizarreries d'adaptation sociale dues à son plus ou moins long retrait, mais aussi à la nuance mélancolique de cette dépression qui comporte des éléments de destructivité : c'est vraiment le rôle des psychanalystes de travailler cela pour essayer de contenir le mieux possible cette crise dans la relation thérapeutique. Celte crise, si elle arrive au moment de la puberté, peut se combiner à l'excitation pubertaire, ce qui ne peut qu'amplifier le caractère d'excitation sexualisée. Le recours à une aide médicamenteuse transitoire peut être nécessaire, mais son ajustement est souvent difficile à cause de réactions souvent paradoxales. Le développement du langage est très variable, souvent partiel [24]. La tonalité de la voix a du mal à se mettre en place (voix haut perchées, monocordes). Il faut dire que le rapport des autistes au sonore est très particulier, avec probablement un trouble instauré dès la vie prénatale. Il existe une hypersensibilité à certains bruits (machine trépidante, perceuse, tondeuse...), mais peut-être aussi au bruit de l'articulation consonantique de la parole (le dur de la parole). On est donc obligé de musicaliser beaucoup sa voix, certains enfants ne se démutisent d'abord qu'en sons vocaliques ou en chansons. L'étude neurophysiologique récente, répercutée dans les médias en annonçant que les autistes sont « imperméables à la voix humaine », à partir du constat de la non-activation chez 4 des 5 adultes avec autisme de l’aire spécifique de réception de la voix, nous semble une conclusion très hâtive. Certes les sujets avec autisme sont fréquemment en état de non réceptivité de la parole ; cependant, nos observations cliniques nous font présumer qu'il y a bien une reconnaissance de la voix mais dont l'entrée serait en quelque sorte filtrée par une triple exigence : une suffisante douceur et musicalité, l'adéquation du contenu à leurs préoccupations notamment de leurs vécus corporels, et pour certains l'adresse, indirecte, du commentaire émotionnel. C/ Résultats Nous sommes bien d'accord que la prise en charge psychanalytique, si elle n'est pas combinée étroitement avec les efforts éducatifs, le dialogue fréquent avec les parents et le travail de soutien à domicile, ne peut suffire, mais en échangeant nos expériences entre psychothérapeutes de formation psychanalytique, nous pouvons affirmer que nous La Lettre de l API avons aidé un certain nombre d'enfants avec autisme de bon niveau intellectuel à évoluer avec beaucoup moins de séquelles, notamment obsessionnelles avec rigidité de la pensée telles qu'elles sont décrites dans la littérature depuis Kanner, et aussi avec une meilleure contention émotionnelle bien que cela reste le point fragile ; mais les patients en sont alors conscients et sont capables d'organiser les préventions nécessaires. Il faut aussi savoir qu'il peut y avoir une aggravation transitoire des symptômes anxieux ou obsessionnels pendant l'adolescence car elle réébranle le moi corporel .Nous avons aussi travaillé avec des enfants déficitaires qui évoluent certes beaucoup plus lentement mais qui nous « parlent » avec les mêmes démonstrations préverbales, des mêmes représentations du développement du moi corporel et de ses aventures, que les enfants de haut niveau au début de leur traitement. Il faut cependant reconnaître que certains enfants, même vus très tôt dès la première année de la vie et traités assez intensément, évoluent très peu sans que nous puissions, dans l'état actuel de nos connaissances, comprendre toujours pourquoi. Ces cas, malheureusement très éprouvants pour les familles et pour les intervenants, mériteraient que l'on resserre d'autant plus les liens interdisciplinaires. Malheureusement la souffrance et le sentiment d'échec poussent souvent aux clivages et certaines familles rompent , nous accusent d'impuissance et s'engouffrent dans le clivage actuellement en cours dans les milieux scientifiques eux -mêmes. II - Le soutien aux familles. Il peut prendre des formes différentes : - Les consultations familiales de départ, alternant des entretiens avec les parents seuls, et les parents avec l'enfant. Il s'agit tout d'abord de communiquer les observations mutuelles, d'échanger les compréhensions intuitives des parents et les compréhensions issues de notre expérience, de reprendre les repères développementaux qui ont plusieurs raisons d'être embrouillés, de laisser parler la souffrance et les interrogations forcément angoissées des parents qui nous demandent souvent des éléments de pronostic qui sont très difficiles à donner lorsque l'enfant est très jeune ! Parlera - t - il, ou elle ? Quand ? Nous n'avons pas actuellement de critères fiables de pronostic. Nous pouvons pécher par trop d'optimisme ou de pessimisme. Le plus sage et le plus fécond, mais aussi le plus difficile à maintenir, semble être de proposer une étroite coopération pour suivre l'évolution pas à pas en cherchant les meilleures prises en charge pouvant favoriser le développement de l'enfant à l'étape ou il est. Cela suppose, aussi bien de la part des parents que de celle des professionnels, de pouvoir tolérer l'incertitude et, tout en prenant les moments nécessaires de recul pour l'évaluation des différentes étapes, de se focaliser sur tout ce que nous pouvons observer et comprendre de l'enfant qui va, comme nous l'avons vu, dans les évolutions les plus favorables, traverser des « crises » qui peuvent paraître souvent une aggravation. La notation soigneuse des signes positifs en contre-point des crises anxieuses ou de nouveaux troubles du comportement peut seule n°18 mai 2005 5 redonner espoir. - Le soutien à domicile est un volet important de la prise en charge. Bien avant l'installation des SESSAD, plusieurs équipes ont proposé ce soutien ne serait-ce qu'une ou deux fois par semaine pendant environ une heure et demie afin de voir ensemble avec les parents certains aspects du quotidien et chercher comment essayer de renverser certains cercles vicieux qui se créent obligatoirement autour des troubles alimentaires et de sommeil, de l'absence de jeux spontanés chez l'enfant, ce qui aboutit à supprimer parfois l'espace de jeu au profit de sollicitations seulement éducatives, souvent désajustés en raison de la perte des repères développementaux évoquée plus haut. Beaucoup de familles ont apprécié ce soutien du « voir ensemble », et aussi de pouvoir communiquer et partager les interrogations et anxiétés dans un rythme moins espacé que celui des consultations. La visiteuse à domicile pouvait aussi, lors de l'intégration scolaire, faire le pont pour la mise en selle de l'enfant, et l'accompagner dans des lieux de loisirs pour soutenir les tentatives d'intégrations sociales. Les SESSAD peuvent maintenant apporter le soutien d'interventions plus fréquentes et variées. Ce travail demande une grande délicatesse de la part des intervenants et un grand respect du rôle des parents - Les demandes ou propositions d'aide psychothérapique individuelle ou groupale. Autour d'un enfant autiste, il est difficile de « garder le moral », même si l'on n'a pas de tendances dépressives ou anxieuses. Les couples peuvent être ébranlés. Certains parents demandent ou acceptent une psychothérapie personnelle, ou de couple, qui peut leur être proposée. On peut aussi envisager, dans certains cas de plus forte résonance des troubles de l'enfant dans le groupe familial, des thérapies familiales analytiques qui servent en même temps de soutien pour les frères et s urs, qui sont également éprouvés ; elles sont réalisées généralement à un rythme hebdomadaire ou bimensuel avec deux thérapeutes ; les « associations libres » circulent entre les parents, les activités ludiques (jeux, dessins) des autres enfants, et les expressions en langage corporel de l'enfant autiste parlant ou non parlant, dont on peut ainsi mieux repérer le sens tous ensemble ; celte thérapie peut être préalable, ou parallèle, ou postérieure, à la thérapie individuelle de l'enfant ; c'est le thème groupal qui se dégage qui est retenu et interprété par les thérapeutes, ; il est fait des « résonances » entre les angoisses archaïques de l'enfant et celles que nous avons tous au fond de nous même avec notre psychisme très complexifié et articulé avec nos héritages transgénérationnels, pleins de richesses mais aussi parfois de drames terribles qui peuvent faire irruption dans le thème groupal et être compris. - Certaines équipes font aussi des groupes d'expression pour la fratrie qui sont très appréciables. Ces soutiens spécifiques offerts par les psychanalystes ne sauraient remplacer le soutien et l'aide concrète que peuvent trouver les parents dans leurs Associations : partage des difficultés avec le réconfort de la profonde empathie et sympathie que peut éveiller la difficulté commune ; échanges d'informations de toutes sortes, union pour cerner les besoins et réclamer avec force les équipements nécessaires pour le suivi des enfants, des adolescents et des adultes. Mais il est tout à fait navrant que certaines Associations se soient braquées dans un clivage absolu entre les perspectives éducatives et les perspectives thérapeutiques même s'il est vrai que certaines fractions du monde psychanalytique, qui garde ses divisions et ses conflits autant que d'autres mondes scientifiques, aient pu prendre des positions, et encore peut-être maintenant malheureusement, qui peuvent culpabiliser en restant sur l'idée d'une psychogenèse pure, ou en tout cas ne pas aider les parents à se déculpabiliser car quel est le parent qui ne se culpabilise pas si son enfant ne va pas bien ? En tout cas, cessons d'assimiler les positions de l'ensemble du courant psychanalytique actuel à celles de B. Bettelheim il y a 50 ans, et affirmons que plusieurs courants ont développé des recherches cliniques qui peuvent parfaitement et le devraient beaucoup plus que maintenant s'articuler avec les neurosciences et des projets éducatifs car toutes les propositions en cours (TEACH, PECS, etc..) vis-à-vis desquelles certains crient maintenant prudence par rapport à leurs aspects trop conditionnants et invitent à considérer davantage la vie émotionnelle, contiennent beaucoup de repérages intéressants, mais l'on est loin de l'élaboration d'une psychopédagogie définitivement au point comme le proclame chaque nouvelle méthode, sans doute parce qu'on est loin de comprendre encore assez bien les articulations multidimensionnelles de ce grave trouble cognitivo-émotionnel. Les psychanalystes peuvent, dans cette recherche également, apporter leur «grain de vérité» disait F. Tustin pour l'articuler aux autres. Contact et copyright : G. Haag, 18 rue Emile Duclaux, 75015 Paris RESUME Les psychanalystes ont adapté la méthode de l'association libre en prenant en compte le langage corporel des enfants avec autisme qui nous ont révélé la nature de leurs vécus crispés sur les stéréotypies. La principale panne développementale , quelles qu'en soient les causes, semble la non-constitution ou l'effondrement des premières constructions du moi corporel permettant à la fois d'être dans sa peau et de contenir les émotions. Le débordement émotionnel à la réception de la voix, à la pénétration du regard semble couper, dissocier le développement des réceptions sensorielles et de leur organisation perceptuelle permise par la fonction d'attention, et aussi gravement entraver le développement cognitif. Ces observations et ces hypothèses s'entrecroisent et se discutent avec les recherches cognitivistes, neurophysiologiques et génétiques. La Lettre de l API n°18 mai 2005 6 MOTS CLES Autisme. Psychanalyse. Moi-corporel. Débordement émotionnel. Langage préverbal. Processus développemental (reprise) REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [I] Bullinger A., Le développement sensori-moteur de l'enfant et ses avatars, Toulouse Erès, (2004). [2] Trevarthen C. (1989), Les relations entre autisme et le développement socioculturel normal : arguments en faveur d'un trouble primaire de la régulation du développement cognitif par les émotions, dans : G. Lelord, J.P. Muh, M. Petit & D. Sauvage (dir. publ.), Autismes et troubles du développement global de l'enfant, Paris, Expansion scientifique française, pp. 56-80. [3] Nadel et coll. (2002), Imiter pour découvrir l'humain, Paris, Puf. [4] Haag M. (2002). A propos et à partir de l'oeuvre et de la personne d'Esther Bick vol. I, La méthode d'E. Bick pour l'observation régulière et prolongée du tout-petit au sein de sa famille, 453 p. index, relié, autoédition : Dr M. Haag, 18 rue Emile Duclaux 75015 Paris, 01.47.83.29.84. [5] Tordjman S. et coll. 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Publié dans le numéro de mars 2005 de Carnet Psy REFLEXIONS DE PSYCHOTHERAPEUTES DE FORMATION PSYCHANALYTIQUE S’OCCUPANT DE SUJETS AVEC AUTISME APRES LA PUBLICATION DES RESULTATS D'UNE EXPERIENCE SUR LES AIRES CEREBRALES CONCERNEES PAR LE TRAITEMENT DE LA VOIX HUMAINE CHEZ CINQ ADULTES AVEC AUTISME, par Hélène Gervais, Monica Zilbovicius et coll., août 2004 Réflexions rassemblées par Geneviève Haag ¹ Cette expérience² porte sur cinq adultes avec autisme ayant « développé les capacités de la parole » et huit sujets normaux auxquels on fait entendre un enregistrement alternant de la voix humaine et des sons d'autres origines. L'activation des différentes aires de tout le cortex du cerveau est enregistrée par IRM fonctionnelle. Les sujets normaux ont une activation La Lettre de l API n°18 mai 2005 bilatérale du sillon temporal supérieur plus grande à l'audition de la voix qu'à celle des sons non vocaux. L'un des cinq sujets avec autisme a une activation unilatérale droite de ce sillon. Un autre a une petite activation juste en dehors de lui. Les trois autres n'ont pas d'activation plus grande à l'audition de la voix. Après l'IRM, il a été demandé à tous les sujets d'énumérer les sons 7 entendus : les sujets normaux indiquent que 51 % du total des sons ont une origine vocale (la réponse exacte étant 50), les sujets avec autisme n'en indiquent que 8,5%, c'est-à-dire que tout de même 17% des sons d'origine vocale sont reconnus comme tels. Le communiqué de l'INSERM (19/08/04)³ selon lequel cette expérience «révèle une incapacité des autistes à activer les aires cérébrales spécifiques de la reconnaissance de la voix humaine » comporte ainsi une généralisation à tous les sujets avec autisme de l'expérience, ce qui, on vient de le lire, est inexact, et même une généralisation « aux autistes » alors que ces 5 sujets ne constituent manifestement pas un échantillon représentatif (leur âge moyen est 27 ans; ils utilisent la parole). Un tel communiqué a induit de nombreuses répercussions médiatiques à leur tour inexactes titrées par exemple : « Autisme : la confusion des sons », « Le cerveau des autistes hermétique à la voix », ou causalistes de façon réductrice : « Une anomalie cérébrale empêcherait les autistes d'identifier la voix humaine». Faisons remarquer que si les sujets avec autisme participant à l'expérience avaient développé la parole, c'est qu'ils n'avaient sans doute pas été constamment non réceptifs à la voix humaine. Ne serait-il pas intéressant de faire parallèlement le point sur l 'histoire du développement et l'état clinique actuel de chacun de ces sujets ainsi que sur les résultats de divers tests capables d'apprécier la gravité du syndrome et plus particulièrement des troubles de la communication ? C'est peut-être ce que ces chercheurs en neurophysiologie ont déjà fait mais qu'il nous intéresserait de savoir pour pouvoir mettre leurs résultats en regard des nombreux matériaux que nous avons déjà réunis dans nos recherches cliniques concernant les relations, fluctuantes, des sujets avec autisme surtout enfants et adolescents au sonore en général et à la voix humaine en particulier. Du côté des psychanalystes, nous avons à communiquer davantage l'état actuel de nos constats, hypothèses et interrogations issus des processus thérapeutiques psychanalytiques, et des observations préalables ou parallèles à ceux-ci que nous recueillons de la part des parents, et des divers intervenants: éducateurs, orthophonistes, psychomotriciens, psychopédagogues, musicothérapeutes et enseignants qui s'occupent conjointement des enfants. Nous pensons de plus en plus important d'échanger entre les cliniciens et les chercheurs en neurosciences et en biologie pour un profit sans doute réciproque, cherchant à réduire le clivage trop fréquent, à nos yeux dommageable, entre le « tout cérébral » et le « tout psychique », entre le « tout éducatif» et le « tout thérapeutique ». S'il existe encore de ces positions caricaturales malheureusement aussi dans certaines équipes animées par des psychanalystes, en tout cas ceux qui partagent ces réflexions ont été formés et ont eux-mêmes perçu dans leur expérience l'existence de prédispositions (« quelque chose dans l'enfant », disait D. Meltzer dans les années 70) sur lesquelles les généticiens et neurophysiologistes sont en recherches que nous suivons avec intérêt. Cependant les facteurs environnementaux ont aussi leur importance et une malléabilité certaine des sujets avec autisme nous La Lettre de l API n°18 mai 2005 permet, tant sur le plan éducatif que thérapeutique, d'obtenir des évolutions vers le mieux dans la majorité des cas. C'est sans doute aussi l'espoir des cognitivistes en proposant des actions éducatives très précoces, mais nous pensons que le seul abord éducatif ne peut sans doute pas être aussi efficace qu'une approche pluridisciplinaire, d'autant plus que la prédisposition semble toucher tout un carrefour cognitivo-émotionnel et par conséquent les bases du développement de toute la personnalité. I Les faits cliniques que nous constatons habituellement : 1)Beaucoup d'enfants autistes par moments semblent ne rien percevoir de la voix humaine, mais à d'autres moments se bouchent les oreilles si l'on commence à leur parler. Nous avons observé, et des enfants nous ont aidés à le confirmer lors de leur démutisation, qu'ils se bouchaient d'autant plus les oreilles que la voix était plus forte et très articulée. C'est pourquoi beaucoup de psychothérapeutes ont appris par expérience qu'il leur faut musicaliser leur voix, voire même chanter leurs commentaires et leurs interprétations pour qu'ils soient acceptés, principalement au début des psychothérapies. Mais certains enfants ayant avancé dans la perception d'un langage porteur de significations peuvent aussi se fermer auditivement devant les risques d'un commentaire touchant particulièrement leurs émotions maintenant différenciées, surtout de tristesse, mais aussi de grand enthousiasme. Par contre dans des étapes d'excitation maniaque survenant souvent au cours même d'une évolution positive, le plus apaisant semble être d'utiliser une voix grave, lente, la plus neutre possible. Chez les enfants non parlants, mais utilisant le langage préverbal des gestes pour tenter de communiquer leurs angoisses corporelles et spatiales, nous avons souvent constaté qu'ils étaient très ouverts à écouter notre reconnaissance et notre verbalisation de leurs démonstrations, qu'ils répétaient avec insistance jusqu'à ce que nous ayons clairement traduit en mots leur «langage corporel ». Comment le comprendre ? Beaucoup ont manifestement acquis une compréhension du langage parlé, mais ne semblent écouter que si l'on rejoint leurs préoccupations centrales, mais en évitant de parler trop directement de leurs émotions car alors ils n'écoutent plus, semblent sourds, peut-être comme nous nous rendons sourds à une émission radio que nous avons laissée ouverte mais qui ne nous intéresse plus et que nous nous recentrons sur nos préoccupations et rêveries, ou bien comme nous n'entendons plus quand nous sommes en état de choc: que donnerait notre IRM fonctionnelle à ce moment là ? Les enfants autistes, eux, dans de telles circonstances, se récupèrent en se focalisant sur leurs impressions sensorielles, en l'absence d'un monde interne plus construit avec des représentations évoluées. On constate aussi - et Donna Williams, souffrant d'autisme, en parle clairement dans son autobiographie (1992) - qu'ils écoutent si c'est autour d'eux que l'on parle d'eux, à cause sans doute du risque toujours présent de débordement émotionnel à la réception de certains contenus, mais aussi au vertige de séparation impliqué par l'adresse directe ; ils écoutent donc mieux les commentaires indirects que l'on 8 peut faire près d'eux les concernant, surtout si l'on veut aborder le monde des sentiments plus différenciés et subjectivés. D. Meltzer, psychanalyste anglais qui nous a beaucoup enseigné (1975), nous conseillait de leur parler et de parler d'eux comme si l'on se parlait à soi-même, ou bien dans le «on» : «Je me demande si... », « On dirait que... ». Nous avons aussi pu constater qu'un nombre important d'enfants en voie de démutisation commencent par « chanter » ce qu'ils veulent nous communiquer, mais en se servant seulement de la mélodie. Ce sont des enfants qui ont été nourris, en famille ou dans des institutions où l'on a beaucoup développé les moments musicaux, de comptines, chansons mimées, et qui semblent comprendre les mots contenus dans les chansons et se servent de la mélodie de celles-ci comme« lexique » en quelque sorte. A nous d'avoir entretenu notre souvenir des chansons enfantines ! (Haag 1984,1996). Il y aurait donc bien une reconnaissance de la voix mais dont l'entrée serait en quelque sorte filtrée avec les exigences d'une suffisante douceur et musicalité, de l'adéquation du contenu à leurs préoccupations, et pour certains que ce soit indirectement que les commentaires de leur vie émotionnelle, de leurs capacités, réussites ou échecs soient tentés. 2) Autre phénomène, resté longtemps énigmatique pour nous : lorsque la communication a été améliorée et notamment le contact du regard plus facile, les enfants se passionnent pour les bruits de tuyaux et plus particulièrement le gros borborygme de la fin de l'écoulement des lavabos et baignoires, qui auparavant les terrorisaient. Dans le même temps ils semblent plus souvent réceptifs à nos commentaires et ils se mettent à vocaliser beaucoup plus abondamment. Dans quelques cas, nous avons enregistré la survenue d'hallucinations d'un bruit fort lors du surgissement d'un inattendu dans le déroulement d'une séance, sans qu'il y ait aucun support perceptible de bruit. II Nos hypothèses Pour la première série de ces faits cliniques, nous rejoignons les observations de beaucoup sur l'hypersensibilité des enfants avec autisme aux bruits de machines, aux ambiances trop bruyantes pour laquelle, à notre connaissance, nous n'avons pas encore trouvé d'explication. Peut-on penser pour certains au moins à un trouble cochléaire ? Mais nous faisons plutôt l'hypothèse d'un trouble de l'afférentation en relation avec le retrait émotionnel et le démantèlement des sensorialités cidessus évoqués, nous faisant nous diriger vers l'existence de troubles de l'attention (Houzel, 2002) : des anomalies de la fonction d'attention ont souvent été évoquées au sujet des enfants avec autisme, mais, pour celle-ci de même, est-ce la cause ou la conséquence de la dysrégulation émotionnelle ? Dans certaines études neurophysiologiques n'a-t-on pas trouvé des anomalies des circuits frontaux-pariétaux (Zilbovicius, 2002) ? N. Bodaert et M. Zilbovicius soulignent, dans le dossier de presse « Autisme 2005-2006 », les connexions des aires étudiées avec le système limbique tenu comme le cerveau des émotions. Nous pouvons aussi noter que, pour chaque sensorialité, les enfants établissent ce que nous appelons des «clivages», bien étudiés par F. Tustin (1981) : dans le La Lettre de l API n°18 mai 2005 sonore, le clivage entre dur et doux se manifeste entre les sons des voyelles - la partie musicale de la voix -, et le bruit des consonnes - rejetées du côté du « dur ». Mais nous nous réinterrogeons, pourquoi une telle intolérance aux bruits ? Nous avons été très intéressés par les expériences mettant en évidence qu'à l'audition de sons purs les sujets avec autisme activent la région temporale postérieure du cerveau droit, le cerveau émotionnel, alors que chez les sujets sans autisme cette audition est reçue dans la région symétrique du cerveau gauche, celle du langage chez un droitier (Zilbovicius, ibid.) qui intègre ainsi à la fois la musicalité de la voix, le bruit de la parole autrement dit l'articulation consonantique, et la signification des mots.. A noter que nous enregistrons, au cours des psychothérapies, les mêmes démonstrations pour l ' il à il que pour la pénétration de la voix : pénétration, oui, à condition qu 'elle soit suffisamment douce. Nous pouvons penser que les sujets avec autisme traduisent ainsi leur expérience de débordement émotionnel, à commencer par leur choc à l'inattendu, comme une pénétration corporelle violente faisant en quelque sorte « exploser » leur fragile construction identitaire, tout d'abord celle du premier « moi corporel », et aussi exploser momentanément certains secteurs cognitifs acquis. Y aurait-il là aussi, pour la reconnaissance des visages et le décryptage des émotions sur le visage, le même phénomène de détournement dû au débordement émotionnel de la pénétration du regard ? D. Williams dit de cette rencontre qu'elle était engloutissante et lui faisait perdre pendant quelque temps « des pans entiers de significations » (ibid.) Dans notre expérience, les relations entre le degré de tolérance à la pénétration des bruits ou sons trop intenses et à celle du regard d'une part, et d'autre part la construction de la première étape du moi corporel (sentiment d'entourance, d'enveloppe avec son corollaire de noyau d'attache interne, lequel est sans doute à rapprocher du sentiment de cohérence interne dont le défaut chez les sujets avec autisme est bien souligné dans les travaux cognitivistes) sont étroites ; la pénétration du regard, une fois dédramatisée, est démontrée être un facteur important de la formation de l'enveloppe (Haag, 2000). Lorsque l'enfant a stabilisé ce sentiment d'entourance, qu'il est « dans sa peau», la diminution ou disparition des stéréotypies en étant l'un des principaux résultats, l'intolérance aux bruits de machines variés disparaît ou s'atténue considérablement. Pour la deuxième série de faits, une hypothèse se fait jour depuis une quinzaine d'années à partir de travaux psychanalytiques sur la naissance d'une perception existentielle très primitive dans le sonore prénatal (Maiello, 1991, 1998). Cette racine prénatale du problème du sonore nous est apparue très importante. Les traitements nous ont aidés à la cerner de la manière suivante qui nous semble toujours en lien avec ce problème de dysrégulation émotionnelle. Toujours en contrepoint avec les repérages développementaux, il semble qu'une certaine naissance du sentiment d'existence se produirait à partir du 4è mois de la vie prénatale dans la perception différentielle entre les rythmes réguliers des bruits du c ur et le surgissement de l'aléatoire de la voix maternelle (Maiello, ibid). Les enfants autistes nous ont montré qu'ils avaient établi une analogie entre la voix humaine et les bruits des tuyaux, donc probablement les borborygmes intestinaux, autre bruit aléatoire perçu in utero. Il semblé que ces deux aléatoires 9 aient été rejetés en même temps (cf. troubles de l'écoute de la voix décelés très tôt chez les bébés à risque autistique). Lorsque, dans le processus thérapeutique, ils reprennent confiance dans la communication après atténuation de beaucoup de leurs peurs (angoisses corporelles d'engloutissement, de chute, de liquéfaction) grâce à la compréhension que nous leur en proposons et que très souvent ils reçoivent, ils prennent un plaisir très grand à l'audition des borborygmes des écoulements de lavabos ; ils nous entraînent vers un moment de plaisir partagé, en attention conjointe en quelque sorte, de ces mêmes bruits, ou parfois d'autres jolies rythmicités sonores, par exemple obtenues en faisant résonner des gouttes d'eau sur un récipient renversé, et en même temps ils reprennent plaisir aux échanges vocaux (Haag, 2005). Comment le comprendre ? Est-ce que le «sameness» (recherche d'immuabilité) de L. Kanner, en lien probable avec la non-régulation émotionnelle faisant fuir justement tout aléatoire, serait déjà à l'oeuvre ? Là où cette perception, chez le f tus sans problème, installe au contraire les racines prénatales de l'échange émotionnel (de « type chant et danse » dit S. Langer citée par Meltzer, 1984), en même temps que des sursauts de perceptionconscience et par là-même d’un noyau très primitif d’identité /altérité, ici se produirait un détournement de la voix humaine bloquant l'un des deux principaux canaux d'échanges émotionnels périnataux (Trevarthen, 1989), ramenant ainsi à cette hypothèse de la fragilité au débordement émotionnel dès la vie prénatale, et plus particulièrement au débordement émotionnel à l'inattendu. Du côté neurophysiologique et en liaison avec ces réactions au changement, à l'inattendu, signalons la communication de C. Barthélémy au récent congrès « Psy et système nerveux central » (Cité des sciences, nov. 2004) : la réponse électrophysiologique appelée Mismatch Negativity/négativité de discordance lors de la survenue, rare et imprévue, d'une stimulation différente au sein d'une séquence de stimulations auditives jusque là répétées de façon régulière, se révèle chez l'enfant avec autisme très différente, traduisant « le déclenchement très précoce par la stimulation déviante d'une activation enregistrée au niveau frontal gauche». III Rassemblement de nos questions à l'adresse des chercheurs en neurophysiologie. Nous sommes naturellement bien assurés, quelle que soit la disqualification courante dans les médias à l'encontre des psychanalystes qui auraient ignoré le cerveau, qu'aucune de nos opérations mentales, même les plus complexes, n'existe sans le substrat d'un fonctionnement neurophysiologique cérébral et un grand nombre d'entre nous sont très attentifs aux recherches de laboratoire en cours. Mais ne serait-il pas sage de ne pas déclarer cause première de l'autisme la non activation d'aires qui n'est peut-être que la conséquence d'autres dysfonctionnements ? La question est bien posée à la fin de l'article de M. Zilbovicius (2004), mais elle n'est pas reprise dans le communiqué de l'INSERM ni dans les diffusions médiatiques ; en effet, nous pouvons y lire: « Une possible interprétation de ces résultats est que les sujets autistiques pourraient être caractérisés par une déviation attentionnelle vers des sons non vocaux, dans la ligne des découvertes récentes sur la sensibilité accrue à l'intensité sonore chez les sujets avec autisme ; de futures La Lettre de l API n°18 mai 2005 études devront investiguer si ce manque de reconnaissance des stimuli vocaux cause, ou est une conséquence, du pattern anormal d'activation corticale[..] La ressemblance marquée des déficits de traitement de la voix et de la reconnaissance des visages suggère un mécanisme commun sous-tendant ce traitement anormal de l'information sociale » (Gervais, Zilbovicius et coll., 2004). S'il en est bien ainsi, la question que nous adresserions finalement aux chercheurs maniant l'IRM fonctionnelle serait donc: dans quelle mesure les non activations de ces aires, dont les fonctions spécifiques sont de plus en plus répertoriées - mais relativement modelables par l'expérience cf plus loin C. Vidal - ne sontelles pas des phénomènes transitoires et jusqu'à un certain point réversibles qui pourraient être des réactions en quelque sorte « protectrices » par rapport à ce danger désorganisant du débordement émotionnel, ce qui serait sans être à rapprocher de l'augmentation des hormones de stress dans une étude menée par S. Tordjman et coll. (1997), laquelle fut aidée cliniquement par l'élaboration d'une « Grille de repérage clinique des étapes évolutives de l'autisme infantile traité », dont, sur le terrain, des praticiens ont à leur tour éprouvé l'utilité (Haag G. et coll., 1995). Nous aborderions alors peut-être certains substrats neuro-hormonaux, de ce que nous appelons « défenses archaïques » en termes psychanalytiques, tel que le « démantèlement » - entendre la dissociation - de l'appareil perceptuel, qui fonctionne en général de façon polysensorielle et consensuelle, en ses divers composants sensoriels par relâchement de l'attention (Meltzer 1975), ce qui permet de s'agripper à une lumière, à un son, à un vertige labyrinthique etc. ; ce faisant, la perception des corps et des choses dans leur globalité et leur individualité formelle est annulée et par conséquent la perception de la séparation des uns et des autres. On peut voir aussi des clivages plus évolués : sons purs/bruits ou émotions/représentations comme en témoigne D. Williams quand elle parlait de combattre pour la séparation entre son intelligence et ses émotions, clivage très connu des psychanalystes dans d'autres structures psychopathologiques. Ne serait-il pas intéressant, dans le projet annoncé par M. Zilbovicius d'expériences semblables chez des enfants, d'établir s'il y aurait corrélation entre l'activation ou non de ces aires réceptrices de la voix et les progrès des enfants autistes en communication ? Il serait important de mentionner quels types de traitements leur ont été proposés, car nous doutons que des programmes purement rééducatifs entrepris dans la perspective d'aires cérébrales à activer comme le conclut hâtivement le communiqué de l'INSERM , puissent aboutir à d'aussi bons effets que la conjonction d'abords éducatifs et psychothérapiques travaillant parallèlement cette fragilité émotionnelle et l'acquisition progressive des représentations normales du moi corporel. C'est là notre expérience pour un grand nombre de cas. Mais nous concevons bien que ce retrait de la réception de la voix, inhibant les frayages vers l'aire concernée, s'il commence dès la vie pré et postnatale, époque où le cerveau continue à se développer intensément, puisse entraîner un véritable appauvrissement de substance cérébrale, rendant 10 compte des résultats de l'IRM morphométrique publiés par M. Zilbovicius en 2002 à savoir « une diminution bilatérale de la substance grise localisée dans la région temporale supérieure ».Dans quelle mesure des suppléances sont-elles possibles dans les prises en charge plus ou moins tardives ? Peut-on imaginer une prévention par une action précoce y compris prénatale en cas de circonstances stressantes patentes ou dépressogènes tarissant cette modification universelle de la voix maternelle ou paternelle qui sous-tend les dialogues émotionnels périnataux, le «mothering » traduit en français par « mamanais » (Trevarthen, 1981), tarissement qui serait un facteur environnemental ne pouvant qu'aggraver les facteurs de prédisposition d'ordre génétique en cours de recherche? D'autres questions surgiraient sans doute de rencontres entre chercheurs cliniciens et expérimentateurs en imagerie et biologie que, pour notre part, nous continuons à souhaiter car elles ne pourraient qu'être favorables à ce que les uns et les autres nous nous efforçons de faire pour les sujets souffrant d'autisme et par conséquent pour leurs familles. Ce devrait être facile à lire Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur : : « Nul ne conteste l'immense apport de l'imagerie cérébrale, qui permet de voir le cerveau vivant [..] au cours d'opérations mentales. Ces études ont aussi montré l'importance de la variabilité individuelle dans le fonctionnement du cerveau. Pour une fonction donnée, des régions sont activées en commun, régions incluses dans des réseaux qui diffèrent d'un individu à l'autre. La formation de ces réseaux est largement dépendante de l'expérience de chacun [..] Par exemple, la zone de reconnaissance des visages n'a qu'une spécialisation relative. Si l'on entraîne les sujets à distinguer des oiseaux, des voitures, et même des objets abstraits, la région déterminée pour reconnaître les visages s'active tout autant ! [..] Difficile d'imaginer plus belle démonstration des mécanismes de plasticité cérébrale en fonction de l'expérience. [..] A l'évidence, la prudence s'impose dans l'interprétation de l'imagerie cérébrale » (Vidal, 2003). Là se placerait la discussion sur la relation que l'on pourrait faire entre ce qui a été appelé déviation attentionnelle dans cet article de Nature Neuroscience, et la notion psychodynamique d'investissement ou non investissement. Pour ce qui est des sujets avec autisme, nous avons de toute façon à comprendre encore mieux, les uns avec les autres, le déterminisme de cette sorte de détournement des investissements humains fondamentaux de la voix et du visage, mais dans le respect, évidemment très souhaitable, des apports et des réalisations thérapeutiques de chacun, que le courant psychodynamique, pour sa part, cherche constamment à améliorer. 1Je remercie Michel Haag pour sa relecture de ce texte et ses suggestions 2 Les deux pages de sa publication en anglais sont accessibles par l’obligeance de l’auteur à : « [email protected] » 3 Une page accessible par « [email protected] » 4 Souligné par nous car cela rejoindrait nos hypothèses ci-dessus énoncées. 5 « La mise en évidence de ces déficits perceptifs pourrait permettre l'élaboration de stratégies de rééducation visant à induire un traitement spécifique des informations vocales et faciales, traitement qui semble ne pas s'être développé spontanément chez l'autiste ». Contact et copyright : Dr G. Haag, 18, rue Emile Duclaux, 75015 Paris. Se sont déjà associés à ces réflexions : Dr Heidy Allegaert, membre de l'ABOBEBE Bruxelles) ; Dr Pascale Ambroise, praticien hospitalier, hôpital de jour La Colline 77 Meaux ; Dominique Amy, psychologue, psychanalyste (Collège de psychanalyse groupale et familiale, 92 Courbevoie; Prunelle Aziosmanoff, psychologue, psychothérapeute, Montrenil (93); Cléopâtre Athanassiou, psychanalyste (Société Psychanalytique de Paris) Paris ; Sandrine Calmettes, psychiatre, psychanalyste (Association lacanienne internationale), chef du département de psychiatrie infanto-juvénile de la Fondation Croix Saint-Simon (Paris); Laurence Carpentier, pédopsychiatre, psychothérapeute (Guidance infantile Toulouse) ; Marie-France Castarède, Pr de psychopathologie à l'Université de Besançon, psychanalyste (SPP) ; Catherine Chollet, praticien hospitalier (Toulouse) ; Alexandra Colinet, psychologue psychanalyste (SPF), Paris ; Nicole Cadaux-Marty, psychologue psychothérapeute (AMPPEA), Toulouse; Annick Cukierman, psychiatre, psychanalyste (SPP), Charenton (92) ; Pierre Delion, psychiatre, psychanalyste, Pr de pédopsychiatrie, CHU Lille ; Isabelle Delsol, pédopsychiatre (Guidance infantile Toulouse) ; Maurice Despinoy, psychiatre, psychothérapeute, Marseille ; Bernard Dewitte, pédopsychiatre, psychanalyste, CAMSP, 59 Tourcoing ; Catherine Druon, psychanalyste (SPP) ; Hélène Dubinsky, psychothérapeute. The Tavistock Clinic Teaching Staff (Londres) ; Louis Edy, pédopsychiatre,Paris; Dominique Fischesser, praticien hospitalier (Intersecteur 7 Hauts-de-Seine); Jacques Fortineau, ex-Président de la Fédération française de psychiatrie, chef de service honoraire à l'hôpital Esquirol (1er secteur infanto-juvénile de Paris), psychanalyste (SPP) ; James Gammill, M.D. (Cornell University, U.S.A.), psychanalyste d'adulte et d'enfant (Société britannique de psychanalyse), formateur à la psychanalyse de l'adulte et de l'enfant en France, nombreuses activités enseignantes en milieu universitaire et auprès d'équipes soignantes ; Bernard Golse, pédopsychiatre, psychanalyste, chef de service pédopsychiatrique. Hôpital Necker-Enfants malades, Pr de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'Université Descartes Paris V ; Catherine Graindorge, Pr de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à Paris XI, chef de service de la Fondation Vallée, Gentilly (94) ; Didier Houzel, pédopsychiatre, psychanalyste, Pr de pédopsychiatrie (APF), CHU Caën ; Denise Huon, psychologue, psychanalyste (4e Groupe) ; Nicole Jaucourt, psychothérapeute, Versailles ; Marie-Blanche Lacroix, pédopsychiatre, psychanalyste (SPP), Toulouse ; Dr Bianca Lechevalier, psychanalyste (SPP), Caen ; Dr Florence Leclerc, psychanalyste (SPP), Paris; Béatrice Lehalle, pédopsychiatre, psychanalyste (SPP), Paris; Ann Levy, psychologue, psychanalyste (SPP) ; Marie-Pierre Pougnet, psychologue, psychothérapeute, Vélizy (78) ; PierrettePoyet, psychanalyste, Blois ; Régine Prat, psychologue-psychanalyste (SPP), 91 Bièvres ; Rémi Puyuelo, pédopsychiatre, psychanalyste (SPP), Toulouse ; Maria Rhode, Pr à la Tavislock Clinic et à l'East London University, psychothérapeute ; Denys Ribas, pédopsychiatre, psychanalyste (SPP) Paris ; Hélène Suarez-Labat, psychologue, Paris ; Serge Salabelle, psychiatre, hôpital de Meaux (77) ; Rosella Sandri, Dr en psychologie, psychothérapeute (Bruxelles) ; Yaël Shavit, psychologue, psychanalyste (Paris) ; Jean-Michel Thurin, psychiatre, psychanalyste (Ecole de psychosomatique), Paris ; Christine Touzé, pédopsychiatre, Paris ; Jacques Touzé, psychiatre psychanalyste, Paris ; Jacqueline Tricaud, psychologue psychanalyste (SPP), Versailles; Simone Urwand, Dr en psychologie, psychothérapeute, Paris; Dr Anne-Marie Vaillant, psychothérapeute, praticien hospitalier, intersecteur de Corrèze ; Dr Annette Watillon-Naveau, ex-Présidente de la Société belge de psychanalyse et présidente de l'ABOBEBE (Bruxelles) ; Gianna Williams, The Tavistock Clinic Teaching Staff liste non close à laquelle on peut se joindre en écrivant à G. Haag, 18, rue Emile Duclaux, 75015 Paris. Certains des signataires ci-dessus et d'autres collègues se sont groupés en une Coordination internationale entre psychothérapeutes de formation psychanalytique s'occupant du traitement des enfants avec autisme, qui a déjà tenu deux réunions à Paris. Pour s'y joindre, écrire soit à D. Amy, 10, rue Carpeaux, 92400 Courbevoie, soit à G. Haag, adresse ci-dessus. Références des publications citées : Gervais H., Belin P., Boddaert N., Leboyer M., Coez A., Sfaello I., Barthelemy C, Brunelle F., Samson Y., Zilbovicius M. (août 2004) Abnormal La Lettre de l API n°18 mai 2005 11 cortical voice processing in autism. Nature Neuroscience, volume 7, number 8, July p. 801-802 Haag G. (1984), Réflexions sur certains aspects du langage d'enfants autistes en cours de démutisation, Neuropsychiatr. Enfance Adolesc ; 32 (10-11), 539-544. Haag G. (1995), Tordjman S., Duprat A., Cukierman A., Druon C., Jardin F., Maufras du Chatellier A., Tricaud J., Urwand S. 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Journal de la psychanalyse de l'Enfant, n° 20, p.4066 Maiello S. (1998), Trames sonores et rythmiques primordiales - Bulletin du Gerpen, vol. 39, p. 2-24- 38, avenue Ardoin, 94420, Le PIessis Trévise, TéL/Fax : 01 45 94 16 30). Meltzer D. (1975), Explorations in Autism, Roland Harris Trust, Clunie Press, trad. fr. G. et M. Haag et coll. Explorations dans le monde de l'Autisme, Paris, Payot, 1980. Tordjman S. et coll. (1997), Plasma endorphin, adreno-corticotropin hormone, and cortisol in Autism, Journal of child psychology and psychiatry, vol. 38, p. 705-716. Trevarthen C. (1989), Les relations entre autisme et le développement socioculturel normal : arguments en faveur d'un trouble primaire de la régulation du développement cognitif par les émotions, dans : G. Lelord ; J.P. Muh, M. Petit & D. Sauvage (dir. publ.). Autismes et troubles du développement global de l'enfant, Paris, Expansion scientifique française, pp. 56-80. Tustin F. 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(Paul Bizouard, Alain Plantade, Sylvie Tordjman, Martine Barres, Jacques Hochmann) autisme : de l exploration cérébrale à la recherche clinique et thérapeutique (Catherine Barthélémy, Claude Bursztejn) Les réseaux de soins. Aspects transversaux (Gérard Schmit, Alain Lazartigues, Jacques Constant, Marie-Claude Courteix) Recommandations pour la Pratique Clinique du diagnostic de l Autisme et des Troubles Envahissants du Développement Les enfants qui se développent autrement : désordres de leur pensée et de leurs processus cognitifs Parcours dans le temps Aspects longitudinaux (Philippe Mazet, Antoine Guedeney, Catherine Graindorge, Daniel Marcelli) Renseignements : Jocelyne Yzon, tél : 02 47 47 60 94, fax : 02 47 47 82 92 [email protected] et [email protected] Utilisation des antidépresseurs chez l’enfant et l’adolescent et augmentation du risque suicidaire : Données et recommandations actuelles Aurélie Grass, interne en pharmacie, Isabelle de Beauchamp Pharmacien Centre Hospitalier - BP 100 38521 Saint-Egrève Tel : 04 76 56 42 75 Fax : 04 76 56 45 89 e-mail : [email protected] Le communiqué du 8.12.2004 de l’EMEA [1,3] (Agence Européenne du Médicament), au sujet de la paroxétine et des autres Inhibiteurs Spécifiques de la Recapture de la Sérotonine (ISRS), fait le point sur les données déjà disponibles depuis le 22.04.2004, diffusées par l’intermédiaire de son comité scientifique (Committee for Medicinal Products for Human Use CHMP) : Au cours d’essais cliniques des ISRS chez les enfants et adolescents : Aucune mort par suicide n’a été rapportée, Dans le traitement des épisodes dépressifs majeurs, tous les ISRS ont donné lieu à une augmentation des pensées suicidaires et des tentatives de suicide ainsi que des troubles de l’humeur, Dans la prise en charge des troubles anxieux, ces événements sont décrits aussi, mais de façon moins intense, On ne peut exclure le risque de comportement suicidaire, d’auto et hétéro-agression chez les enfants et adolescents traités par ISRS même si les données sont limitées, Des différences entre ISRS apparaissent dans la base de données de recherche en médecine générale britannique, mais n’ont pas été mises en évidence dans les essais cliniques randomisés. Sur la base de ces données, l’EMEA rappelle que : Les ISRS et IRSN (inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et noradrénaline) ne sont pas autorisés en Union Européenne pour le traitement de la dépression ou de l’anxiété chez les enfants et adolescents. Si la décision devait être prise de traiter un jeune patient, celui-ci devra faire l’objet d’une surveillance attentive et plus particulièrement en début de traitement, à la recherche d’apparition de conduite suicidaire, auto et hétéro-agressivité. Le traitement ne doit pas être arrêté brutalement, mais progressivement sur quelques semaines voire mois, pour éviter l’apparition d’un La Lettre de l API n°18 mai 2005 12 syndrome de sevrage. Aucun antidépresseur tricyclique n’a jamais été autorisé en Europe dans le traitement de la dépression chez l’enfant de moins de 16 ans [4]. L’AFSSAPS (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé) reprend le 10.12.2004 [5] ce communiqué de l’EMEA : Elle rappelle qu’en France le DEROXAT ® est contre-indiqué avant l’âge de 15 ans, quelle que soit son indication,[6] Elle rappelle qu’en France l’EFFEXOR ® reste contre indiqué avant l’âge de 18 ans, quelle que soit son indication.[7] Elle recommande que le traitement de première intention de la dépression de l’enfant et de l’adolescent soit la psychothérapie. Si une chimiothérapie par antidépresseurs est envisagée, la surveillance attentive du patient est de règle. [8-12] Etat des lieux, modification de la réglementation et conseil au patient (FDA) : De tous les antidépresseurs, seule la fluoxétine a été approuvée par la Food and Drug Administration américaine dans le traitement de la dépression en pédiatrie (03.11.2003). La FDA décide le 15.10.2004 d’ajouter une mention sur le risque suicidaire aux notices, et d’ajouter une « boîte noire » sur les conditionnements des ISRS, pour avertir les professionnels de soins, insister sur le besoin de surveillance étroite des patients, et décrire les risques encourus. Cette « boîte noire » est l’avertissement le plus grave de la réglementation : la publicité remise par l’industrie pharmaceutique aux médecins n’est pas permise pour les produits porteurs de cet avertissement. L’agence a mis en ligne le 3.11.2004 une information destinée aux familles et patients traités par antidépresseurs : une méta analyse reprenant le résultat de 24 études sur 4400 enfants et adolescents prenant un antidépresseur ou un placebo pendant 1 à 4 mois, a montré qu’aucun patient ne s’est suicidé, mais que 2% des patients sous placebo et 4% des patients sous antidépresseur sont devenus suicidaires. Un patient commençant un antidépresseur devrait donc voir son médecin une fois par semaine le premier mois, toutes les deux semaines le mois suivant, une fois par mois dès le troisième mois mais plus souvent en cas de problème ou de question. [13] Manque d’informations sur les essais cliniques et les données épidémiologiques à propos de l’usage d’ISRS chez l’enfant et l’adolescent : Les auteurs ne possèdent pas assez d’informations provenant d’essais cliniques ou de données épidémiologiques sur la sécurité d’emploi des ISrS chez les enfants et adolescents. Cependant, une étude cas-témoins conduite dans trois pays n’est pas en faveur de l’existence d’un lien entre ISRS et suicide. De ce fait, les IRSS ne doivent pas constituer le traitement de première intention de la dépression modérée à peu sévère de l’enfance. Les interventions non pharmacologiques sont à préférer. Le rapport bénéfice/risque de l’instauration d’un traitement par ISRS chez l’enfant et l’adolescent est à discuter avant la prescription, et il est nécessaire d’en informer les parents et le patient. Des recherches complémentaires dans ce domaine sont urgentes et indispensables. [14] Analyse critique des publications de résultats d’essais cliniques d’ISRS dans la dépression majeure chez l’enfant et l’adolescent : Six publications d’essais cliniques randomisés contre placebo testant l’efficacité et la sécurité d’emploi des ISRS dans le traitement de la dépression majeure des enfants et adolescents, obtenues sur Medline, ont été analysées. Deux études revendiquaient des résultats significatifs sur les critères principaux mais ces résultats ont été contestés par des analyses ultérieures. Aucune étude n’examine la sécurité d’emploi, notamment concernant les idées suicidaires et les tentatives de suicide, et leur lien possible avec le traitement. Les auteurs dénoncent les biais importants des essais cliniques d’ISRS : collecte des effets indésirables non standardisée, exclusion des sujets suicidaires à l’inclusion, pas de randomisation stratifiée sur l’âge, petits échantillons, conflit d’intérêt des auteurs avec des firmes pharmaceutiques et biais de publication. [15] Une comparaison de la littérature publiée et des données non publiées à propos des ISRS dans la dépression de l’enfant : Les auteurs comparent les données disponibles dans la littérature aux données non publiées au sujet de la sécurité d’emploi des ISRS dans la dépression des enfants et adolescents. Dans le cas de la fluoxétine, les études publiées font état d’une balance positive du rapport bénéfice/risques, ces données sont confirmées par les études non publiées. Concernant la paroxétine et la sertraline, la littérature fait état d’un faible bénéfice ou de résultats équivoques. Le rapport bénéfice/risques devient défavorable au produit selon les données non publiées. La non publication des données de certains essais cliniques peuvent ainsi amener à des recommandations erronées. [16] Le comité de sécurité du médicament anglais avertissait en juin 2004 que le risque de pensées et de comportement suicidaires était entre 1,5 et 3,2 fois plus élevé chez les jeunes patients prenant de la paroxétine en comparaison avec le placebo. La FDA rappelle quant à elle que les ISRS doivent être utilisés avec précautions quel que soit l’âge. Le National Institute of Clinical Excellence publiera des recommandations pour le traitement de la dépression chez l’enfant en 2005 . [17] L’intérêt du signalement par les patients et les proches des effets indésirables, l’exemple de la paroxétine. La Medicines and Healthcare products Regulatory Agency britannique informe que les ISRS sont en grande partie inefficaces dans la dépression sévère chez les enfants et adolescents, et peuvent causer des comportements suicidaires et des autoagressions. Bien qu’il soit effectué en termes non scientifiques, le signalement des effets indésirables par les patients et leurs proches, et notamment les effets indésirables sur le comportement, apportent des informations que le signalement des mêmes effets indésirables par des professionnels de santé ne pourront jamais apporter. Ce fut le cas pour la description de syndrome de sevrage et de tendance suicidaire, qui a été sous-estimée chez les patients sous paroxétine. [18] Une critique des essais cliniques publiés : La Lettre de l API n°18 mai 2005 13 Dans certains essais cliniques d’ISRS versus placebo chez de jeunes patients, on constate l’existence d’un taux élevé de réponse des patients sous placebo (40 à 60%). Les antidépresseurs chez l’enfant sont faiblement (voire non-) efficaces, si ce n’est par un effet placebo. La fluoxétine est le seul ISRS utilisable chez l’enfant, bien que les preuves de son efficacité soient faibles, dues aux nombreux biais que comporte l’étude. Les laboratoires ont recours à de larges effectifs de patients dans leurs essais cliniques, dans le but de détecter des effets très faibles de leurs molécules, qui n’ont aucune signification en clinique. Certains protocoles d’essais cliniques ne comportent pas de check-list d’effets indésirables à relever. La non-publication de certains résultats d’essais cliniques, ainsi que la publication sans analyse critique de la part des revues, vont à l’encontre de la pratique de l’evidence-based-medecine (médecine factuelle). Les médecins devraient être prévenus que les effets indésirables « psychiatriques » des ISRS prennent parfois le pas sur les symptômes de la dépression. Les médecins courent le risque d’augmenter les doses d’ISRS au lieu de les diminuer, et d’ajouter des traitements normothymiques, voire des neuroleptiques atypiques. [4, 19-21] Agence de régulation des médicaments et produits de santé britannique (Medicines and Healthcare Regulatory Agency MHRA) : Bilan des indications actuelles des ISRS chez l’enfant et l’adolescent, de l’efficacité dans la dépression majeure, la sécurité d’emploi et avis sur le rapport bénéfice / risque : seule la fluoxétine obtient un avis favorable au vu du rapport bénéfice / risques. Elle ne possède toutefois pas d’indication dans la dépression en dessous de 18 ans. Le but n’est pas de bannir ces traitements mais de s’assurer que les prescripteurs et les patients soient au courant des risques et sachent comment les surveiller et y remédier. cf Tableau [22] Pharmacocinétique de la fluvoxamine chez les enfants et les adolescents : Les données pharmacocinétiques obtenues chez seize enfants et dix-huit adolescents souffrant de troubles obsessionnels compulsifs montrent que les enfants, et plus spécialement les filles, ont un taux d’exposition supérieur à la fluvoxamine que les adolescents, qui ont le même profil d’exposition que les adultes. Chez enfant et adolescent : Indication Efficacité dans épisode dépressif majeur (essais cliniques) Sécurité emploi Rapport bénéfice risque : avis de la MHRA Fluoxétine PROZAC Sertraline ZOLOFT Citalopram SEROPRAM Aucune TOC Démontrée Non démontrée Pas assez démontrée ↑ EI (dont auto agression, pensées suicidaires) par rapport au placebo ↑ auto agression par rapport au placebo dans 1 essai sur 2 PAS d ↑ auto agression et pensées suicidaires par rapport au placebo ↑ manie, hypomanie par rapports aux adultes Favorable Défavorable Aucune Défavorable Escitalopram SEROPLEX Aucune Aucune donnée Fluvoxamine FLOXYFRAL Paroxétine DEROXAT TOC Venlafaxine EFFEXOR Aucune Aucune Aucune donnée Non démontrée Non démontrée Aucune donnée des essais cliniques Aucune donnée des essais cliniques ↑ auto agression et pensées suicidaires par rapport au placebo ↑ auto agression et pensées suicidaires par rapport au placebo Présumé Défavorable Impossible statuer Défavorable Défavorable de Tableau I (d’après MHRA) dimanche 12 décembre 2004, 19h16 Philippe Douste-Blazy opposé aux antidépresseurs pour les mineurs PARIS (Associated Press) - Le ministre de la Santé Philippe Douste-Blazy a souhaité dimanche que la prescription des antidépresseurs soit interdite aux moins de 18 ans, afin de lutter contre les suicides des adolescents. Philippe Douste-Blazy a expliqué sur Europe-1 qu'il allait écrire en ce sens à l'AFSSAPS. "Je leur demanderai de voir s'il n'est pas possible d'interdire la prescription d'antidépresseurs au-dessous de 18 ans", a-t-il expliqué. "C'est absolument majeur de ne pas donner des antidépresseurs", a ajouté le ministre qui a précisé qu'il suivrait la décision de l'AFSSAPS. Philippe Douste-Blazy, qui était interrogé sur la recommandation de l'Agence Européenne du Médicament de ne plus prescrire ces médicaments aux mineurs, s'est montré inquiet à ce sujet, alors que "nous avons un des taux de suicide des adolescents les plus élevés en Europe". Le ministre a par ailleurs ajouté qu'il présenterait en mars ou "même avant" le "grand plan de santé mentale qu'il nous faut", affirmant que le système de soins français était "en retard sur la psychiatrie, sur la santé mentale". Associated Press. Références 1. http://www.emea.eu.int/pdfs/human/press/pr/19257004en.pdf, consulté le 15.12.2004 2. http://www.emea.eu.int/pdfs/human/referral/19294204en.pdf, consulté le 16.12.2004 3. http://www.emea.eu.int/pdfs/human/press/pr/1120604en.pdf, consulté le 16.12.2004 4. http://www.mhra.gov.uk/news/2004/SSRIfinal.pdf, consulté le 16.12.2004 5. http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filcoprs/041204.htm, consulté le 15.12.2004 6. http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filcoprs/030601.htm, consulté le 15.12.2004 7. http://agmed.sante.gouv.fr/htm/10/filcoprs/030902.htm, consulté le 15.12.2004 8. Culpepper L, Davidson JR, Dietrich AJ, Goodman WK, Kroenke K, Schwenk TL. Suicidality as a Possible Side Effect of Antidepressant Treatment. 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J Am Acad Child Adolesc Psychiatry. 2004 Dec;43(12):1497-50 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Jean-Luc Graber L’ enfant, la parole et le soin La clinique mise à l'épreuve Disparu en octobre 2000, Jean-Luc Graber laissait derrière lui un grand nombre de textes, écrits sur près de trente ans et inspirés par son expérience clinique de pédopsychiatre et de psychanalyste. Le présent ouvrage regroupe dix-sept de ses essais lesplus importants, dont plusieurs inédits, reflétant pour l'essentiel son travail de psychothérapeute et de consultant auprès des enfants, mais aussi sa pratique de médecin-chef dédiée au service public, et concernant tout autant l'institution que ses échanges féconds avec les autres champs du soin et de la prévention. Fondé sur les lignes les plus originales de sa pensée, ce livre explore le vaste champ d'une clinique placée sous le double signe de l'écoute et du discernement théorique. Ce recueil, présenté comme un témoignage et un hommage, se veut aussi une invitation à poursuivre par la pratique les voies ouvertes par Jean-Luc Graber dans l'engagement clinique et la rigueur de la réflexion. C'est dans cette perspective qu'on lira les contributions originales de quelques-uns parmi ses proches qui aujourd'hui encore, dans le partage et le débat, prolongent une uvre qui reste vivante. Jean-Luc Graber (1942 - 2000) était chef de service en pédopsychiatrie à Lyon. Avec les contributions de: André Beetschen, psychiatre, psychanalyste, Anne Bourquin-Chossegros, psychanalyste, André Carel, psychiatre, psychanalyste, Bernard Chervet, psychiatre, psychanalyste, Jean Furtos, psychiatre, Françoise Molénat, psychiatre Notice biographique par Catherine Graber Ouvrage coordonné par Janine Chomier, Christine Gay, Monique Guiran- Verry, Frédéric Jarset Geneviève Ruet avec le concours de René Kaës. 1 volume -16 x 24 - 256 pages Eres - 2004 - ISBN : 2-7492-0361-2 - 25 € Table des matières Avant-propos des coordinateurs Notice biographique, Catherine Graber L'effroi, la rencontre et le psychiatre, Jean Furtos Au croisement des espaces transitionnels, Françoise Molénat 1 - Parole, désir, interdit Le symptôme comme parole avortée Du bon et du mauvais usage du secret L'enfant et la loi Peurs et déplaisirs d'apprendre L'intime, le privé et le public. Le secret, la discrétion et la transparence. Essai de topique interpsychique, André Carel 2 - Avatars du spéculaire Autour de l'anamorphose Réflexion sur le double et l'identité spéculaire L'annonce du handicap, acte de nomination ? La perversité en trompe-l' il (les aménagements pervers familiaux et institutionnels au regard de l'autisme) Face à l'inquiétant, André Beetschen 3 - Les mots, le corps, la mort Les mots en psychothérapie L'enfant et l'écriture La psychosomatique de l'enfant ou les balbutiements du corps Comment parler de la mort aux enfants et aux adolescents ? Ecrit sur le corps d'amour et de mort. Le hiéroglyphe de l'enfance, Anne Bourquin-Chossegros 4 - De l'écoute à l'initiative : accueillir l'enfant psychotique Note liminaire, Bernard Chervet Expérience dite du « mi-temps thérapeutique » Une alternative à l'hôpital de jour Approches éducatives de l'enfant psychotique : questionnement d'un psychiatre Le soin séquentiel avec hébergement. Intérêt et limites Le travail de passage, Bernard Chervet Le passage en question (entre prévention et soin) Bibliographie. Le Festival Vidéo Psy de Lorquin, se déroulera du 7 au 9 juin prochain dans son cadre habituel : le CHS de Lorquin Comme chaque année, son ambition est d être le reflet, par l image de l actualité de la santé mentale et des faits de société qui s y rattachent au travers d un double regard, celui des professionnels de l image, témoins du regard social et celui des professionnels de santé soucieux de mettre en image, leurs pratiques, leurs expériences et leurs interrogations. Ce panorama s élargira cette année à une nécessaire dimension transculturelle avec la collaboration de l Association Minkowska et de Psychiatrie sans Frontière. Ces films venus d ailleurs, nous permettrons de mieux comprendre les différentes approches culturelles de la souffrance psychique. Notre champ professionnel traverse actuellement de graves difficultés amenant un questionnement identitaire. Que ce 29ème Festival nous ouvre des perspectives plus sereines, que des témoignages enthousiastes nous permettent de relancer une dynamique ou la psychiatrie retrouvera ses lettres de noblesse, s articulant comme il se doit sans conflit dans le champ de la santé mentale. Pour tout renseignement, rendez-vous sur le site du festival : www.cnasm.prd.fr La Lettre de l API n°18 mai 2005 15 API Association des Psychiatres de secteur Infanto-juvénile bulletin d adhésion à découper ou photocopier, à remplir en lettres d imprimerie, merci Nom prénom (en majuscules) Fonction (rayer les mentions inutiles) PH temps plein Chef de service : oui PH temps partiel Autre statut , préciser : Retraité Cotisation 2005 : 40 Euros non Coordonnées professionnelles : Région : Département : Code secteur : Lieu principal d exercice : adresse, téléphone, fax, e mail éventuel Coordonnées personnelles (si vous le souhaitez) : Avez-vous déjà participé à des activités organisées par l API ? A quelle adresse souhaitez-vous recevoir LA LETTRE DE L API ? Souhaitez-vous recevoir un reçu fiscal ? oui non Etes-vous intéressé par l envoi d informations et de la lettre de l API par e mail ? si oui, indiquer l adresse e mail à utiliser : Les informations recueillies sont nécessaires pour votre adhésion . Elles font l objet d un traitement informatique et sont destinées au secrétariat de association. En application de l article 34 de la loi du 6 janvier 1978, vous bénéficiez d un droit d accès et de rectification aux informations qui vous concernent. Si vous souhaitez exercer ce droit et obtenir communication des informations vous concernant, veuillez vous adresser au secrétariat de association : API, 45 avenue des Sports 44600 SAINT NAZAIRE Fiche à retourner accompagnée du chèque de 40 au secrétariat de l API : Dr Odile Orphelin 45 avenue des Sports 44600 SAINT NAZAIRE La Lettre de L API est une publication de ASSOCIATION DES PSYCHIATRES DE SECTEUR INFANTO-JUVENILE Pensez à nous signaler tout changement de coordonnées vous concernant, vous recevrez ainsi la Lettre de l API à votre nouvelle adresse Directeur de la publication : Y. COINÇON Coordination : R. TEBOUL Illustration : P. SADOUL Réalisation : Odile ORPHELIN Imprimerie : CAT de Noeux Les Mines 62290 Si vous souhaitez recevoir régulièrement des informations concernant l API par courrier électronique, il vous suffit envoyer un courriel à : [email protected] La Lettre de l API LA LETTRE DE L API : CMP Férrié 4 rue du Général Férrié 38100 GRENOBLE Tél : 04 76 46 88 81 Fax : 04 76 86 11 58 n°18 mai 2005 16