Conférence de Fanny De La Haye – O3-10

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Conférence de Fanny De La Haye – O3-10
Conférence Fanny de la Haye Maître de Conférence UBO/Professeure IUFM site de St Brieuc
– Les difficultés de compréhension en lecture –
3 octobre 2012/ UBO Brest (amphi A)
Introduction
Bibliographie de référence :
La lecture apprentissage et difficultés de Jocelyne Giasson
Apprendre à lire des sciences cognitives à la salle de classe de Stanilas Dehaene
Psychologie Cognitive de l’éducation de Lieury/ De La Haye
Psychologie pour l’enseignant Manuels visuels L3-Master de Lieury
1. Observation de l’étude d’Emmanuel Bonjour (thèse avec JE Gombert)
4000 élèves évalués : sont-ils performants en lecture ?
- 30% sont rapides et performants.
- 14% sont lents et non performants.
- 56% sont lents mais performants. Cette lenteur indique que l’automatisation est encore en
cours, donc cela peut rendre compréhension défaillante.
2. Résultats JDC année 2008 :
C’est la photographie de l’ensemble de la population (rappel : on ne peut pas parler d’illettrisme
avant l’âge de 16 ans).
9,8% lecteurs médiocres : le terme « médiocres » existe pour attirer l’attention et rester
vigilants, car s’ils quittent le système scolaire trop tôt, ils peuvent devenir illettrés.
Traitement complexe : 4,9% n’ont pas accès.
Différences garçons et filles à observer.
Lire est une activité complexe…
Connaître l’origine des difficultés est le point important.
Lire c’est … accéder au texte et au sens du texte.
- 3 étapes simultanées : identification mot écrit/ syntaxe/ compréhension
Le vocabulaire est important également mais il est à placer aux 3 niveaux (Décodage Vocabulaire
Compréhension (DVC) de Perrefetti).
Plus on a de vocabulaire plus on va lire, et mieux on va comprendre. Ainsi l’apprentissage doit être
régulier et intensif.
Expérience avec l’amphi :
Texte différent et « illisible selon les normes connues » pour casser les habitudes : « Textes des
grillons ». Le lire (15s) et questions de compréhension.
Conclusion : Tous les profils d’élèves sont dans la salle : certains ne font pas, la fatigabilité accrue se
lit (yeux plissés), le temps supplémentaire est nécessaire…
On demande donc l’impossible quand on demande de lire et comprendre en même tps pour des
élèves en difficultés.
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Rappel accès décodage lecture :
Il y a quelques années, on interdisait de subvocaliser. Or lire vite un texte n’est pas forcément un
critère de compréhension.
Cf Expérience de Lieury a démontré que ces étayages doivent être permis : subvocalisation
(entendre mots dans sa tête) ou oraliser (voix haute)
Laisser les élèves suivre avec une règle, le doigt : car ils nous indiquent qu’ils n’ont pas
automatisé le décodage.
Qu’est-ce qui se passe ? voie directe (par adressage)/ voie indirecte (pour lire mots nouveaux –
pas assemblage (par syllabes ou phonème).
Socle commun nécessaire :
Des connaissances phonologiques/ morphologiques/ lexicales et sémantiques.
Mais relativisons les résultats PISA : complexité de la langue Finlande n’est pas identique à cele
d’autres pays (notamment la France, ils ont un système alphabétique transparent (phonème
graphème identiques).
Italien : Phonèmes 30 / Graphème 32 / % lecture correcte fin année 1ère année : 92%
Espagnol : 32/ 45 /92%
Allemand : 40 / 85 /95%
Français : 35 / 130 /82%
Anglais : 40 / 1100 /32%
NB : Proposer l’anglais à un élève dyslexique est une aberration, on pourrait proposer l’italien, ce
serait plus facile.
Expérimentation pour la conscience phonologique de la maternelle au collège :
Epreuve de dénombrement (S/P)
Epreuve de suppression (S/P)
Epreuve de permutation (S/P)
Scores prédictif en GS du niveau de lecture
QD difficultés lecture persistent au collège, elles sont en partie liées aux habilités phono.
Conclusion : Lire et écrire doit se poursuivre au cycle 3 (et au collège)
Processus d’automatisation sous la dépendance de l’exercice et de la répétition.
Nécessité de lire pour automatiser la lecture. Cercle vertueux de la lecture… pour beaucoup mais…
Mais cercle vicieux pour les élèves en difficulté…
C’est la spirale de l’échec effet Mathieu (Stanovich, 1986)
Comment faire ? Trouver des temps en petits groupes (aide personnalisée/ ateliers de besoins…)
Paradoxe les enfants en situation précaire lisent bien moins.
Allington et Cunningham : CE1 : lit 1900 mots/ 16 pour un faible lecteur.
CM1 : 20000 mots par semaine contre 350 pour un faible lecteur.
10% des meilleurs lisent en 2 jours le même nombre de mots que les 10% les moins performants.
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Giasson : corrélation entre la quantité de textes lus et la réussite en lecture.
- en profitant plus du temps de scolaire.
- en intervenant en dehors des heures de classe.
- et en favorisant la lecture pendant les vacances estivales.
CM1 : livre de l’été. Intention louable. Mais la démarche de la Belgique est à observer : une liste de
livres est proposée en mai et les élèves choisissent le livre qu’ils aiment. Du travail est prévu dans les
classes.
La réussite en lecture et la quantité de mots lus par les élèves de CM2 : 9 091 000 …. 8000. (Giasson)
Outils de classe pour aider les élèves en difficulté :
ELFE : évaluation de la lecture en FluencE : http://www.cognisciences.com (même texte du
CE1 jusqu’à la 5ème) pour ceux où on a un doute.
L’outil Fluence (Editions La Cigale) http://www.editions-cigale.com/ pour remédiation.
Texte répété par petit groupe de niveau (4 élèves). Chronométré : 1 minute. /observation.
Visualisation des progrès grâce à un graphique. Choisir des textes de l’âge donné.
Expérience en 6ème : 69 mots en une minute à la rentrée/ 16 entraînements : + 32 mots/ 101 en
janvier.
Conclusion de l’expérience : Attitude des élèves a changé/ collège adhère jusqu’en 5ème. Redonne
l’envie de lire.
En classe, pas de supports plus nobles que d’autres.
Pour lire, nous devons identifier les mots écrits et faire appel à notre lexique mental.
Un individu a une capacité théorique d’acquisition de 20000 à 40000 mots /100000 avec les formes
dérivées.
Donc le dictionnaire personnel de chaque individu acquis par l’expérience tout au long de
l’existence est à développer.
Importance de catégoriser. Plus on a de vocabulaire plus on réussit/ bien plus important que le QI
(Lieury).
A chaque mot doivent être associées les informations qui lui propres : ortho/ phono/ syntaxiques/
morpho/ sémantique.
Ce n’est pas en les voyant une fois, qu’on va les intégrer à long terme. La mémorisation est à
travailler.
Au-delà de 1 à 2% de mots nouveaux dans un texte, il peut y avoir difficulté.
Lieury a observé et étudié les manuels scolaires en collèges : 6317 mots nouveaux (6ème)/ 9679 mots
nouveaux (5ème)/ 18073 (4ème)/ 23989 (3ème).
Cela bloque l’accès à la compréhension. L’élève en difficulté n’a pas les stratégies pour développer la
lecture et compréhension (le contexte…). Il « passe » …
Un mot doit être présenté une dizaine de fois (dans des contextes différents) avant d’être stocké en
mémoire et réutilisable. (Exemple du « mot par jour » qui présente assez peu d’intérêt
pédagogique… car pas réutilisé !).
Conclusion : le travail d’équipe à prévoir pour programmer le vocabulaire.
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Les enfants apprennent de nouveaux mots :
- par enseignement direct.
- par apprentissage en contexte
- par décomposition morphologique
- par enseignement de la catégorisation
Des dispositions de remédiation sont parfois envisageables : Fanny DL Haye et Nathalie Bonneton
ont travaillé sur un protocole de recherche. Exemple de textes utilisés : avec un mot inventé
(« floni »). Exemple : Apprendre à déduire la signification d’un mot en fonction du contexte.
Groupe expérimental : 3 points en 16 séances. / Groupe contrôle pas d’augmentation voir baisse.
Importance de la morphologie : 80% des mots sont construits morphologiquement.
Plus de 60% du lexique des enfants d’âge scolaire est construit morphologiquement (Nagy et
Anderson 1984, déro 998). Exemple : travailler sur observation de la lettre muette/ mots composés/
suffixe (ette)…
Conclusion : Ce travail sur la morphologie des mots est à conduire dès la GS.
Outils pour le vocabulaire :
Manulex 2004 : gratuit sur Internet base de données des mots (CP/CE1/cycle «3).
Fichier excel donc on peut faire des tris. http://unpe.univlyon2.fr/-lete/manulex/INDEX
TAVOC en préparation (Testing adaptatif du vocabulaire) : évaluation/ remédiation…
Guide pour enseigner le vocabulaire à l’école primaire Retz
Un jour un mot Hachette
Catégo
Lexico (Nathan)
Lexico (atelier de l’oiseau magique)
TIC TAC BOUM
Selon Fayol : le lexique a un rôle important dans le décodage et compréhension.
DVC : décodage/vocabulaire/ compréhension.
Test pour l’amphi :
Une poule sur un mur… traduit en mots compliqués ! Thierry Dedieu et Katy Couprie (1993)
Gallimard
Synthèse des étapes :
La reconnaissance des mots est capitale.
L’élaboration du sens au niveau de la phrase.
Sans reconnaissance de l’organisation syntaxique, la compréhension est difficile.
Notamment l’ordre des mots de la phrase est essentiel :
Le garçon pousse la fille.
La fille pousse le garçon.
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Outils pour travail sur la syntaxe :
Syntaxi-kit Mot à mot Corinne Boutard (orthophoniste)
Gram’animo Editions péda du Grand Cerf. Images et cartes textes à associer. (Différents
niveaux de complexité).
Comprendre : capacité à construire, à partir du texte et des connaissances antérieures, une
représentation.
Modèle de la compréhension de texte (de Kinsch et Van dijk )
Info textuelles et connaissances du sujet / puis production d’inférences/ puis modèle de situation.
Comprendre un texte : des compétences spécifiques simultanément requises.
- compétences de décodage / linguistiques / textuelles/ référentielles/ stratégiques
Exemple dans « Je lis / je comprends » voir le processus du lecteur. (d’après Giasson la
compréhension en lecture)
Elle évoque : Microprosessus/ processus d’intégration/ macro processus … et processus
d’élaboration.
Conclusion :
Produire un résumé est très difficile car cela s’apprend. Choisir celui qui convient le mieux est déjà
difficile pour les élèves en difficulté.
Apprendre à comprendre peut être nécessaire : expliciter et faire expliciter.
La compréhension peut et doit s’enseigner. Souvent évaluée mais rarement enseignée.
Et souvent évaluée de la même façon (répondre à des questions).
Profil 1 : Prévoir lecture voix haute
Profil 2 : ils décodent mais leur lire et s’assurer de leur compréhension orale.
Quelles stratégies de compensation les élèves en difficulté mettent-ils en place ?
Test INETOP évaluation écrite (souvent utilisé par Goigoux). Aubret et Blanchard 1991
L’amorce de la réponse est fournie. Les erreurs sont intéressantes.
Evaluer par le biais de questionnaire mais svt questions extractives. Or idée reçue.
Conclusion : Si questions implicites (6ème restent performants) mais 6ème segpa non, les
compétences inférentielles stagnent. Parce ce que n’est pas enseigné.
Ils restent persuadés que la réponse est dans le texte ! attention à nos paroles : « mais cherche dans
le texte tu vas trouver… »
Evaluer la compréhension avec questionnaires mais les manuels sont tous construits de la même
façon – réponses à trouver de façon chronologiqueProblème : raconter l’histoire/ Raconter procédure pour y arriver… lire le texte et raconter le pb.
Comment évaluer la compréhension autrement ?
Par reformulation/ vrai-faux/ relier phrase à un dessin/ remettre phrases ou des images du textes en
ordre/ détection d’i incohérences –images ou textes)/ dessin/ choisir parmi plusieurs résumés celui
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qui correspond le mieux/ paraphrases immédiates ou différées/ parcours à effectuer/ mime/
théâtralisation/ traitement phrases lacunaires/ puzzle verbal...
Conclusion : Ne pas utiliser tout le temps la même modalité pour questionner un texte.
Outil s :
Lector et Lectrix Retz Cèbe et Goigoux (CM)
Je lis et je comprends (Chateauroux- Goigoux/ Cèbe/ Thémazat (gratuit sur Internet)
Protocole évaluation / puis remédiation par compétences.
Les inférences :
Informations non données explicitement dans un énoncé.
Textes courts à privilégier (pas littérature). Textes de résolution de problèmes en quelque sorte car
on exclut le décodage.
Outil s :
Stratégie pour lire au quotidien Apprendre à inférer de la GS au CM2 (avec CD rom)
Mais après transfert sur textes longs : où se trouve la réponse ? dans le texte (une phrase ou
plusieurs phrases) ou dans la tête. (icône de stratégies)
Histoires pressées de Friot ensuite par exemple.
Lire et lier Lan Trividic Retz 2009
Il fait le choix de ne pas poser de questions de compréhension.
Les outils papier-crayons ont été testés de manière empirique.
Outil numérique : TACIT
Ce logiciel s’adapte à la zone de compétence de
chaque élève.
Equipe Tacit : des chercheurs aux compétences complémentaires
Olivier Le Bohec / Yvonnic Noêl/ Christophe Quaireau / Fanny de la Haye
(Jérémy Nogue informaticien a été embauché pour aider d’où le prix 35 euros par classe et par an).
C’est un outil “full web” : être connecté suffit. 2300 enfants Bretons l’ont testé.
Des classes de Brest l’ont testé, à Lampaul-Plouarzel (Circonscription Brest Iroise)
Un millier d’exercices hiérarchisés (plus simple au plus compliqué) : http://www.tacit.fr
Créer un compte test gratuit est possible. Les remarques sont les bienvenues pour améliorer et aider
les écoles.
Ouvrir deux navigateurs si à la maison avec un seul ordinateur.
Evaluer 5 fois dans l’année. Les tests sont classés par niveau.
Deux modes de travail pour remédiation : autonomie ou tutoré.
Conclusion : outil indispensable pour la différenciation et l’aide à la compréhension.
Un remerciement sincère à Fanny De La Haye pour la qualité de sa conférence.
! Ce CR ne prétend pas à l’exhaustivité et ne remplacera jamais les propos argumentés et
illustrés d’un chercheur !
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