Bear Market - Institut Des Libertés

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Bear Market - Institut Des Libertés
Bear Market : Ours brun ou Grizzly ?
Toute reprise des papiers du présent site devra obligatoirement porter la mention
« Un papier initialement publié sur le site de l’Institut des Libertés » en AMONT de l’article. C’est à
dire précisément içi.
Sans AUCUNE exception //AUCUN Changement au texte accepté.
En tant au président de L’Institut des Libertés, mon souhait le plus cher serait de pouvoir
commenter les idées présentes dans le monde intellectuel du moment. Las.
En effet,il me semble que ce pays aime plus à parler de « gens » que « d’idées » . Je me résous
donc à m’entretenir avec mes fidèles lecteurs de l’IdL de la situation mouvementée sur les places
financières actuelles, puisque « faute de grives etc ». Il est d’usage d’appeler un marché qui
baisse un « bear market» et un marché qui monte un « bull market ». Pour être honnête, je ne
sais pas très bien d’où viennent ces deux descriptions. J’ai lu beaucoup d’explications à ce sujet,
mais aucune ne m’a vraiment satisfaite.
Quoiqu’il en soit, depuis pas mal de temps, j’ai essayé de prévenir les lecteurs de l’IDL que la
probabilité d’un bear market augmentait jour après jour et que la seule façon de se protéger était
d’avoir un portefeuille 50 % en actions de qualité et 50 % en obligations très longues aux USA.
Un tel portefeuille n’a pas baissé dans le carnage de ce début d’année, ce qui est une bonne
nouvelle. Qui plus est, il est encore en hausse sensible depuis que je l’ai recommandé pour la
première fois, il y a un peu plus d’un an, ce qui est bien.
Compte tenu du massacre dans les marchés des actions depuis le début de cette année, je vais
partir de l’hypothèse dans la chronique de cette semaine que nous sommes rentrés dans un
marché baissier, un vrai (ce que beaucoup de gens n’acceptent pas encore.)
Et c’est là où les choses se compliquent.
En étudiant l’histoire financière -et au travers de ma propre expérience- je me suis rendu compte
que dans le fonds il y avait deux sortes de Bear Markets.
1. Dans les premiers, que j’appellerai des «ours bruns», l’indice baisse de 20 % à 25
% sur ses plus hauts, et cette baisse dure en général de 12 à 18 mois. Désagréables
ces bear markets sont, comme dirait Yoda, mais dans le fonds on s’en remet assez
facilement.
2. Dans les seconds, que j’appelle des « Grands Grizzlys », c’est une toute autre
affaire. La baisse sur les plus hauts en termes réels atteint facilement 50 % et il faut
souvent attendre quatre ans ou plus pour retrouver les plus hauts. Et encore, pas
toujours : le Nikkei n’a toujours pas retrouvé ses cours de fin 1989…
L’ennui, c’est que les deux commencent de façon similaire et que ce n’est qu’au bout d’un certain
temps que l’on se rend compte que l’ours contre lequel on lutte est un Grizzly et non pas un ours
brun.
Le fait d’admettre que nous soyons rentrés effectivement dans un marché baissier ne règle donc
en rien mon problème.
Dans le premier cas, celui du gentil ours brun, comme pas mal de titres ont déjà baissé de 20 % sur
leurs plus hauts, je dois me préparer ne serait ce qu’intellectuellement à racheter et à augmenter le
niveau de risque dans mon portefeuille.
Dans le second cas, le Grizzly, il faut que je reste bien au chaud le plus longtemps possible et que je
n’achète les plus belles valeurs que lorsqu’elles seront «données dans la rue », ce qui est loin d’être le
cas encore.
Comment savoir donc au début du mouvement si je vais avoir à faire à un Ursus Minus ou à un
Ursus Magnus ? C’est effectivement une question que le lecteur de l’IdL serait à même d’avoir.
Voici un début de réponse, que je propose avec toutes les précautions d’usage, en gardant en
mémoire que les articles que je commets en ce lieu, qui est un peu ma tanière de vieil ours de la
finance, n’ont aucune vocation commerciale et ne constituent absolument pas une stratégie de
placement envers mes fidèles lecteurs amis.
Dans ma classification des bear markets, selon moi, les premiers, les gentils, se passent parce
que le marché est un peu cher et qu’il faut le ramener à une valorisation plus normale.
L’archétype est bien sur 1987 où les marchés ont baissé de 25 % en une journée, et hop, le bear
market était fini.
Les deuxièmes se produisent parce que le Capital, ce bien rare entre tous, a été mal utilisé par
ceux qui y ont eu accès. Et il faut donc corriger cette mauvaise allocation, ce qui prend beaucoup
plus de temps et cause beaucoup plus de dégâts.
Les fidèles lecteurs du site de l’IdL se souviendront que j’ai souvent écrit que les grands bear
markets se produisaient parce que l’une ou plusieurs de ces erreurs de politique économique
suivantes avaient été commises par les autorités :
une guerre,
une augmentation des impôts,
une augmentation des réglementations,
un mouvement vers le protectionnisme et enfin
une erreur de politique monétaire.
Toutes ces erreurs amènent en effet d’une façon ou d’une autre à une baisse de la rentabilité
marginale du capital investi. Dans les années 30, la quasi totalité des gouvernements dans le
monde entier se sont laissés aller à commettre toutes ces erreurs à la fois, et chacun se souvient
des résultats.
Aujourd’hui, nous semblons être en train de répéter les mêmes erreurs, les dévaluations étant
une forme de protectionnisme, la situation de la paix dans le monde étant quelque peu
compromise, les réglementations proliférant comme jamais (voir par exemple le code du travail
en France) tandis que le poids de l’Etat dans l’économie ne cesse de monter, sauf en GrandeBretagne et peut-être aux USA.
D’après moi cependant la pire des erreurs a été et reste une erreur de politique monétaire, un
peu comme dans les années trente et cette erreur a commencé aux USA.
Comme je l’ai dit et écrit souvent, taux d’intérêts et taux de change sont les deux prix les plus
importants dans tout système économique puisque de ces deux prix dépendent tous les autres
prix. Si ces deux prix sont faux, tous les autres prix le seront. Et comme le seul système
d’information dont dépendent les entrepreneurs sont les prix, tous ces faux prix amèneront à de
mauvaises décisions et un jour ou l’autre il faudra que ces mauvaises décisions soient corrigées,
ce qui nous créera de toutes pièces un très long et très vilain bear market.
On le voit dans les matières premières et le pétrole en ce moment, mais ce n’est que le début, je
le crains.
Je vais essayer de montrer cette réalité sous forme graphique comme je le fais souvent.
Ce graphique le voici
(Graphique original soumis à Droit d’Auteur- Aucune reprise sans autorisation
expresse spécifique au cas par cas)
La Ligne bleue, représente l’indice SP 500 en termes réels, c’est-à-dire déflatée de la hausse des prix
aux USA (échelle de gauche)
Les barres rouges représentent les «grizzlys» où il a fallu attendre au moins 4 ans et parfois plus
pour retrouver son capital.
Et enfin, les périodes hachurées vertes sont celles où la banque centrale maintient des taux
d’intérêts en dessous du taux d’inflation et donc procèdent à «l’euthanasie du rentier», si chère à Lord
Keynes.
Comme chacun peut le voir, les taux réels négatifs sont toujours accompagnés ou suivis par des
Grizzlys.
En d’autres termes, les politiques Keynésiennes d’augmentation de la dépense publique
accompagnées de l’euthanasie du rentier amènent toujours à un appauvrissement général et à
des crises financières.
Et depuis 1998 (ou 2002), nous n’avons cessé de suivre des politiques Keynésiennes et nous
avons déjà eu deux Grizzlys.
Je crains donc que le bear market dans lequel nous venons de rentrer ne soit un bon vieux
Grizzly, un de plus… Si l’expérience nous a enseigné quelque chose, c’est bien qu’une gestion par
des gens omniscients, ou qui se croient tels amène toujours à des désastres. Je pense donc qu’un
grizzly est en train d’arriver et que pour la première fois dans leur histoire les banques centrales
n’ont plus aucune arme en réserve.
Et donc, pour l’instant, je ne change pas la structure de mon portefeuille.
A mon avis, j’ai tout le temps devant moi…
Typologie des Marches Baissiers (Bear Markets)
« Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel » est l’un des proverbes boursiers les plus connus. Par
là, ceux qui l’utilisent veulent dire que les hausses ne peuvent pas durer toujours et qu’il faut bien
qu’il y ait des baisses, pour que le marché puisse repartir à la hausse un jour. Je suis dans la
finance depuis 1971 ce qui me permet de certifier au lecteur que les baisses sont des
phénomènes bien réels, et fort désagréables.
Mais comme j’ai un esprit « analytique », j’ai toujours trouvé qu’il était plus facile de maintenir le
cap en cas de gros temps si l’on disposait d’une bonne carte, et ceci est vrai aussi bien pour les
hausses que pour les baisses. Les lignes qui vont suivre ne sont donc qu’une tentative de créer de
l ‘ordre dans cette notion bien confuse de « baisse », car toutes les baisses ne se valent pas. Il y a
celles dont on se remet, et celles dont on ne se remet pas.
Commençons par une première évidence psychologique. Les «Ours » sont des animaux furtifs que
l’on n’entend pas arriver.Dans les premiers « bear markets » que j’ai connu, je me suis rendu
compte que nous étions dans un marché baissier de 12 à 18 mois APRES qu’il ait commencé et
jusque là je n’avais rien vu arriver, pensant que nous étions toujours dans un environnement
favorable alors que j’avais déjà perdu pas mal d’argent. Du coup, je me suis bâti toute une petite
série d’outils pour me prévenir que l’ours était sorti de son hibernation.
Citons en un : Je prends les indices des vingt plus gros marchés des actions mondiaux et je
compare la performance de chacun d’entre eux avec celle d’une obligation du Trésor Américain à
10 ans.
Si un marché fait mieux sur les 12 derniers mois que l’obligation, mon ordinateur sort un +1.
S’il fait moins bien, -1.
J’additionne tous ces +1 ou -1 dans un indice de diffusion.
S’il est en dessous de zéro (plus de marchés qui baissent que de marchés qui montent), je
commence à me méfier.Nous sommes passés en dessous de zero à la mi- Mai 2015 et aujourd’hui
nous sommes à -20, ce qui veut dire que TOUS les marchés font moins bien qu’une obligation
depuis un an… ce qui implique que nous sommes certainement dans un marché de l’ours… De la
mi-mai à aujourd’hui l’indice mondial a baissé d’environ 13 % en dollar…
Et là, je voudrais faire une comparaison entre la bourse et un sport, le football Américain, une
sorte de Rugby local. Quand une équipe a la balle, elle fait rentrer sur le terrain son équipe «
offensive » où les vedettes sont des gazelles, chargées de marquer des points. Quand cette
équipe n’a plus la balle, l’entraineur fait rentrer l’équipe défensive, composée de gros plaqueurs
un peu bourrins, le but étant de perdre le moins de points possibles.Et bien, la gestion de
portefeuille, c’est pareil.
Quand on n’a pas la balle, il faut avoir des bourrins sur le terrain, qui limiteront les dégâts…
(Cash, obligations courtes de très bonne qualité, actions à fort rendement…)Et comme nous
n’avons plus la balle aujourd’hui, place donc aux bourrins.
Continuons par une deuxième constatation que j’ai faite au cours des années.
Dans mon expérience, on ne sait JAMAIS pourquoi un marché commence à baisser. Oh certes, de
nombreuses explications sont fournies par les commentateurs habituels a posteriori, mais ce ne
sont jamais les bonnes.La VRAIE raison apparait dans les six derniers mois de la baisse, et en
général cette baisse s’accélère dramatiquement à ce moment là (selling climax en Anglais). Ce
qui veut dire que dés que la vraie cause est connue, il faut se préparer à acheter.
A mon avis, nous en sommes encore loin.
Et maintenant, venons en à la typologie des marchés baissiers, le but de cet article.
En fait, il y a trois sortes de bear markets.
1. Le moins dangereux est causé par une « Crise de Liquidités ». La banque centrale locale fait
monter les taux d’intérêts soit parce que l’inflation grimpe, soit en raison d’un déficit extérieur,
soit les deux à la fois, les banques commerciales cessent de prêter et nous nous retrouvons dans
un monde où il y a plus d’idiots que d’argent selon la blague bien connue. Ce bear market
s’arrêtera lorsque la banque centrale changera de politique, une récession se produisant. En
général, la baisse est d’environ 20 % sur les plus hauts. Rien de trop grave. Un ourson tout au
plus.
2. Le deuxième type de bear market est beaucoup plus embêtant. Il ne s’agit pas d’une crise de
liquidités mais d’une crise de solvabilité. Un gros intervenant dans le marché s’est endetté bien
au delà du raisonnable, en général dans une monnaie étrangère, souvent le dollar, et ne peut
rembourser, ce qui met en danger le système bancaire local. Par exemple aujourd’hui, le Brésil et
le « complexe des matières premières » sont en pleine crise de solvabilité (voir le désastre
Glencore). Nous parlons dans ce cas là de baisses qui iront pour les indices de -35 % à -50 % sur
les plus hauts. Là, nous avons affaire a un grand ours brun qui peut vous décapiter d’un revers de
patte..
3. Enfin, le dernier type de bear market est un vrai grizzly. Et celui là est vraiment terrifiant. Il est
en fait le résultat de ce que l’on peut appeler « un bust déflationniste ». Les Etats ou le système
économique se sont endettés comme des fous soit auprès des banques soit en émettant des
obligations et se retrouvent bien incapables de rembourser, la croissance s’étant arrêtée net. Il
faut donc passer par pertes et profits de multiples actifs dont les cours ne remonteront JAMAIS.
C’est le bear market décrit par Irving Fisher dans son génial article de 1934 « the debt deflation
theory of great depressions, 1934, Econometrica » et celui là fait vraiment mal, les baisses
s’étageant de -50 % a -90 % pour les indices. Historiquement les USA dans les années 30, le Japon
de 1990 a 2009 ou l’Italie depuis 2000 en sont de bons exemples.
Cette typologie étant établie, je me sens un peu comme lorsque je vais voir un médecin qui me
décrit parfaitement la maladie dont je souffre, pour me dire ensuite qu’il n’a pas la moindre idée
de la façon dont elle peut être traitée tant je me rends bien compte que le lecteur va me de
demander « dans que type de bear market sommes-nous en train de rentrer ? »
A cette question essentielle, je vais répondre franchement : Je n’en ai pas la moindre idée et c’est
là où l’expérience me vient un peu en aide. Tant que la baisse sur le plus haut n’atteint pas 20 %
au minimum, ou que mes indicateurs ne se sont pas retournés, je garde mes bourrins sur le
terrain.
Ce qui me donnera une indication précieuse sur le type de baisse que je vais avoir sera le
système financier (banques, compagnies d’assurance). Dans la crise de solvabilité et dans le bust
déflationniste, ces valeurs s’écroulent de façon abominable, dans la crise de liquidités, elles sont
les premières à baisser mais aussi les premières à remonter. Je surveille donc l’indice des
banques comme du lait sur le feu.
Si la baisse de l’indice général commence a être supérieure à 20 %, je commence à regarder avec
beaucoup d’attention ce qui a baissé MOINS que le reste (en excluant mes bourrins), parce que
c’est probablement parmi ceux là que je trouverai les meneurs de la hausse suivante qui finira
bien par arriver. Et il faut garder en mémoire que les marchés haussiers prennent l’escalier,
tandis que les marchés baissiers prennent l’ascenseur, autre proverbe bousier qui stipule que les
bear markets durent beaucoup moins longtemps que les bull markets. En principe, en deux ans
tout est plié, ce qui voudrait dire qu’en mai 2017 au plus tard, il faudra de nouveau avoir l’équipe
offensive sur le terrain…
La dernière question est bien sur la plus difficile. Toutes les zones géographiques vont-elles
connaitre le même sort en même temps ? La réponse est : ce n’est pas toujours le cas.
Par ordre de danger le plus élevé, je mettrai:
· Le Moyen-Orient, hors concours.
· l’Amérique Latine en deuxième, tant elle a fait des erreurs depuis 10 ans
· Juste derrière l’Europe de l’Euro qui essaie de traiter une crise de solvabilité avec les outils
nécessaires pour traiter une crise de liquidités, ceci pouvant nous amener à un bust déflationniste
d’anthologie.
· Derrière viennent l’Amérique du Nord avec le Canada (monnaie pas chère pour ceux qui veulent
avoir du cash) et les USA
· Moins en risque, les pays Européens qui ont la chance de ne pas être dans l’Euro (Suisse, Suède,
Grande Bretagne, Danemark, Norvège… et peut être Russie, qui pourrait être une protection en
cas de hausse du pétrole)
· En contrôle de leur destin enfin, la Chine et les autres pays Asiatiques, y compris le Japon.
Inutile de souligner que la majorité de mes positions défensives sont dans les deux derniers tant
j’espère que les derniers seront les premiers.
Avis de tempête
Un ‘bear market » se produit quand les opérateurs de marché se rendent compte d’un seul coup
que la rentabilité du capital sera plus faible que ce à quoi il s’attendaient et ajustent donc le prix
du capital, à la baisse bien sûr. Cela se passe, en général mais pas toujours après que les
autorités, (gouvernements, banques centrales) aient commis l’une ou l’autre ou toutes à la fois
des cinq erreurs suivantes qui toutes réduisent la rentabilité du capital investi.
1. Première erreur: une guerre
2. Deuxième erreur: des mesures protectionnistes (autre forme de guerre)
3. Troisième erreur: Une augmentation massive des impôts (guerre aux riches)
4. Quatrième erreur: Une envolée réglementaire du style blocage des prix (guerre au
marché)
5. Une considérable erreur de politique monétaire (guerre contre la monnaie)
La semaine dernière, nous avons eu des marchés des actions quelque peu chaotiques un peu
partout, mais surtout dans ce qu’il est convenu d’appeler les « marchés émergent »: Turquie,
Brésil, Russie, Afrique du Sud, Argentine … se sont fort bien ratatinés.
Bien sûr, il y a des raisons domestiques particulières à chaque pays qui peuvent expliquer cette
mauvaise performance et les journalistes s’en donnent à cœur joie pour les relever. J’ai lu la
presse pendant le Weekend, et à l’exception d’un bref éditorial dans le Wall Street Journal,
personne ne pointe du doigt la « cause première » de cette débâcle. Tout le monde semble
remarquer les arbres mais personne ne s’intéresse à la foret.
En bon disciple d’Aristote, il me va falloir donc expliquer aux fidèles lecteurs de l’IDL qu’elle est
donc la cause première derrière ces mouvements qui pourraient bien être le début de quelque
chose de fort désagréable. Et la cause première de tous les ennuis que nous risquons d’avoir est
une invraisemblable erreur de politique monétaire faite par la banque centrale Américaine.
Je m’explique.
Une banque centrale peut agir sur deux variables; la quantité de monnaie et/ou le prix de la
monnaie et la Fed a agi sur les deux. Pendant la crise de 2008 -2009, elle a massivement
augmenté la quantité de monnaie et fait écrouler les taux courts, ce qui était normal. Depuis, et
devant l’écroulement de la vitesse de circulation de la monnaie , elle a continué à faire croitre la
masse monétaire au travers des opérations dites de QE, ce qui était très bien.
Mais là ou l’erreur a été commise c’est qu’elle a décidé de maintenir les taux courts à zéro c’ est
à dire d’offrir une rentabilité négative à l’épargnant.
Cette politique, à moyen terme a des effets désastreux tant sur l’économie domestique que sur
l’économie internationale.
Dans le papier de cette semaine, je voudrais revenir une fois encore sur les dégâts qu’une telle
politique a sur les économies en dehors des USA.
Chaque monnaie a trois fonctions
C’est un outil de mesure des valeurs marchandes
C’est un moyen d’échange qui permet d’éviter le troc
C’est une réserve de valeur qui permet la constitution de l’épargne
Le dollar est en plus la monnaie de réserve du monde, ce qui veut dire que les autres pays
acceptent d’être payés en dollars lorsqu’ils commercent les uns avec les autres.
Lorsque la Fed décide de maintenir des taux réels négatifs, ce qui est le cas aujourd’hui avec des
taux à zéro et une inflation entre 1 % et 2 %, elle envoie le message suivant à tous les
épargnants en dehors des USA : ‘Nous ne voulons pas de votre argent et donc, nous ne sommes
pas prêts à le rémunérer » . Les épargnants reçoivent le message cinq sur cinq et cessent
d’envoyer leur argent vers les USA et de ce fait le taux de change du dollar s’écroule .
Cette première phase a eu lieu grosso modo de 2002 a 2007.
Mais le dollar ne va pas baisser jusqu’ à la fin des temps.
Aprés un certain temps (aux alentours de 2007) , le dollar va devenir très sous évalué et là, il va
cesser de baisser pour se maintenir mettons aux alentour d’une horizontale. Pourquoi? Parce que
les monnaies retournent toujours à la parité des pouvoirs d’achat disent les économistes (voir
mon article sur ce sujet). Si le dollar est sous évalué de 20 %, si je ne suis pas pressé, je peux
acheter du dollar et engranger à terme une plus value de 25% (je passe de 80 a 100), qui me
compensera et au delà pour les intérêts que je n’ai pas touché.
Normalement, le dollar devrait se mettre à monter, mais comme la banque centrale maintient les
taux à zéro, tout le monde comprend qu’elle ne veut pas que le dollar monte et attend donc
l’arme au pied pour l’acheter et il continue donc à se trainer a son niveau sous évalué.
Résumons nous: Le « faux prix » sur les taux d’intérêts US amène à un deuxième « faux prix »
mais cette fois ci sur le taux de change du dollar.
Or TOUS les prix dans notre système capitaliste dépendent d’une façon ou d’une autre de ces
deux prix, ce qui veut dire que l plus personne ne peut prendre une décision rationnelle et que
tout se grippe.
Dans les lignes qui suivent , je vais montrer la logique qui préside au dérèglement du commerce
international’ laissant de cote les dérèglements à l’intérieur des Etats-Unis
Avec un dollar sous évalué, les comptes courants (c’est à dire la balance commerciale, ou CC
dans la suite de l’article) commencent à s’améliorer, en général avec un délai d’environ trois ans.
Or le dollar est la monnaie de réserve du monde entier, ce qui veut dire une chose et une seule:
les USA sont le SEUL pays au monde à ne pas avoir de CONTRAINTE DU COMMERCE EXTERIEUR.
Les USA « soldent » leurs déficits extérieurs en payant leurs créditeurs …en dollars . Et ces
dollars, une fois à l’extérieur deviennent les réserves de change des autres pays. Et ces réserves
de change servent aux pays tiers à commercer les uns avec les autres , la Corée commerçant
avec la Turquie en dollars. C’est ce que Jacques Rueff appelait « le privilège impérial ».
Je ne porte pas de jugement de valeur sur ce système, je dis simplement que c’est le système que
nous avons mis en place depuis 1971 et que Les USA sont en train de le détruire, ce qui va causer
des dégâts..
Les comptes courants Américains sont donc la source de liquidités primaires pour le
développement du commerce international.
Imaginons que les CC, à la suite de la dévaluation sauvage du dollar soient en tain de s’améliorer,
ce qui est le cas. Depuis 2006, les CC US sont passés d’un déficit d’environ 7 % du PIB US à un
déficit d’environ 3 % du même PIB. Un certain nombre de pays vont se retrouver en récession,
ayant « perdu » 4 % du PIB US. Mais certains de ces pays vont aussi se retrouver non seulement
en récession, mais aussi avec un déficit de leur commerce extérieur, puisqu’ils ont perdu des
parts de marché au bénéfice des USA.Et ces pays ont une contrainte du commerce extérieur. Et
ces déficits, ils doivent les solder avec des dollars US, qu’ils ne gagnent plus . Ils vont donc devoir
mettre en place une politique extrêmement restrictive pour comprimer la demande interne et
faire chuter leurs importations, alors même qu’ils sont en récession, ce qui risque de déclencher
une dépression donc, CHAQUE FOIS que les CC Américains se sont ‘AMELIORES » depuis 1971,
nous avons eu une grave crise financière internationale …
Les pays en déficit, qui ont fait des investissements massifs ( et c’est pour ça qu’ils sont en
déficit) se retrouvent avec une rentabilité très faible sur ces investissements, concurrencés qu’ils
sont par l’appareil de production US opérant à partir d’une monnaie sous évalué. De l’autre coté,
toute une série de sociétés aux USA qui auraient du disparaitre restent en vie …
Que voila une merveilleuse mauvaise allocation du capital …
La croissance des pays émergent s’arrêtent donc net et avec elle la croissance du commerce
internationale. Or 80 % de la croissance mondiale depuis 10 ans provenait du développement des
pays émergents….
Les USA sont en fait en train de faire subir au monde ce que l’Allemagne peut faire subir au reste
de l »Europe , grâce à l’Euro…
Dans les années 30, Roosevelt avait cru malin de dévaluer le dollar alors même que les USA
avaient des comptes courants extérieurs excédentaires, transformant une vilaine récession US
en une dépression mondiale.
Aujourd’hui, les USA ont des CC excédentaires hors énergie et Chine et font la même chose…
Achetez des obligations US et larguez les voiles, si vous ne l’avez déjà fait..
Avis de tempête.

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