Innovation et Emploi - Le blog de Jacques Boulesteix
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Innovation et Emploi - Le blog de Jacques Boulesteix
Contribution provisoire à la construction de l’espace métropolitain «Innovation et Emploi» Composition du groupe de travail Président : Dominique Becker Membres : Pascale Amenc-Antoni, Roger Carrega, Eric Chaveau, Roselyne Gorlier, Denis Guyomarc’h, Paul-Alex Huygues des Etages, Philippe Langevin, Claude Noble, Michel Normand, Christophe Prior, Juliette Real. Ce rapport constitue la synthèse à ce jour du travail de la Commission « Innovation et Emploi » mise en place en septembre 2010. Cette Commission comprend des représentants des Conseils de développement de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix, de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile et de la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole. Elle est ouverte à des représentants des autres Conseils de développement des Communautés des Bouches-du-Rhône. Cette Commission est présidée par Dominique Becker. Le rapporteur est Philippe Langevin. 2 SOMMAIRE INTRODUCTION : De quel territoire parle-t-on ? CHAPITRE 1 : Un territoire dynamique marqué par le sous-emploi 1 - Les créations d’emploi ralenties par la crise 2 - Un déficit en cadres des fonctions métropolitaines supérieures 3 - Un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, malgré une amélioration sensible de 1999 à 2008 CHAPITRE 2 : Le défi de l’innovation pour créer des emplois et renouveler le marché du travail 1 - L’économie de la connaissance 2 - Les autres champs de l’innovation CHAPITRE 3 : Un potentiel de recherche et d’enseignement supérieur élevé 1 2 3 4 - Une offre conséquente d’enseignement supérieur Le premier potentiel de recherche après Paris Aix-Marseille Université Les écoles d’ingénieurs du territoire CHAPITRE 4 : Des réseaux d’entreprises innovantes actifs 1 2 3 4 5 - Les pôles de compétitivité Les plates-formes d’innovation I.T.E.R. Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire Initiatives innovantes dans les activités classiques de la métropole CHAPITRE 5 : Vers une démarche concertée et structurée pour valoriser l’innovation et dynamiser la création d’emplois CONCLUSION : Appel pour un supplément d’audace 3 INTRODUCTION «De quel territoire parle-t-on ? » La définition précise des limites d’une aire métropolitaine ne va pas de soi, notamment pour l’aire métropolitaine provençale qui nous intéresse. Sa dimension spatiale évolue avec les implantations d’entreprises, l’amélioration des transports en commun, les politiques de l’habitat, l’aménagement de zones industrielles et commerciales. Le développement économique ne se renferme pas dans des limites administratives, communales ou même intercommunales. Les Communautés d’agglomération du Pays d’Aix, du Pays d’Aubagne et de l’Etoile et la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole sont trois espaces de proximité, ne peuvent envisager leur développement et leur avenir économique totalement indépendamment les unes des autres. Ces trois communautés rassemblent 64 communes sur les 119 des Bouches-du-Rhône et 74% de sa population. Données démographiques CU Marseille-Provence-Métropole CA du Pays d’Aix-en-Provence CA du Pays d’Aubagne et de l’Etoile Total Date de création 2000 2001 2000 Nombre de communes 18 34 12 64 Population 2009 991 953 340 298 93 298 1 425 549 Si cette contribution émane des conseils de développement de ces trois communautés, il n’en demeure pas moins que l’étang de Berre, Ouest Provence et les Alpilles participent du même mouvement. Par simplification, nous étendrons dans notre analyse l’espace métropolitain au territoire des Bouches du Rhône. Données économiques CU Marseille-Provence-Métropole CA du Pays d’Aix-en-Provence CA du Pays d’Aubagne et de l’Etoile Total Bouches-du-Rhöne Revenu Emploi total Médian (euros) 2007 16 716 399 393 20 832 167 658 19 435 34 490 601 541 17 814 770 263 Variation 1999-2007 1,70% 3% 2,40% 2% Etablissements actifs 82 820 35 362 8 523 126 705 163 589 Source : INSEE 4 CHAPITRE 1 «Un territoire dynamique marqué par le sous-emploi » Malgré des avantages comparatifs indéniables et de fortes potentialités de développement, le territoire couvert par les trois communautés que nous appellerons ici « espace métropolitain », souffre, malgré une évolution favorable durant ces dix dernières années ralentie par la crise financière de 2008, d’une pénurie d’emploi qui génère un chômage bien plus élevé qu’au niveau national. Cette situation n’est pas nouvelle. L’écart entre le taux de chômage départemental et national reste significatif, avec cependant des situations contrastées entre les intercommunalités qui le composent. 1 - Les créations d’emploi ralenties par la crise A - Croissance soutenue des emplois entre 1999 et 2006 Dynamique du marché du travail Entre 1999 et 2006 les emplois au lieu de travail ont augmenté de 15,2%, passant de 655 800 postes de travail à 755 283. 46,3% des emplois sont occupés par des femmes. La répartition des emplois au lieu de travail traduit le caractère tertiaire de l’économie du département (poids du tourisme, des commerces et des services) mais résulte aussi d’une agriculture à forte productivité et d’activités industrielles en profonde reconversion. Emplois au lieu de travail selon le secteur d’activité 2007 Ensemble Agriculture Industrie Construction Tertiaire Bouches-du-Rhône Nombre 755 283 100 12 253 1,6 84 270 11,2 44 901 5,9 613 859 81,3 France en % 100 3,5 15,4 6,4 74,7 Source : INSEE 5 Les estimations de l’emploi salarié soulignent le poids des emplois publics (éducation, santé, action sociale, administrations) qui représentent 34,6% du total des emplois salariés du département et de ceux qui répondent à des services aux particuliers et aux entreprises qui en constituent 22,5%. Avec le commerce, ces emplois représentent 79% des emplois salariés créés entre 1999 et 2006. La croissance de l’emploi salarié a été soutenue entre 1999 et 2007. Les estimations plus récentes incitent à estimer que ce mouvement ne s’est pas poursuivi à partir de 2008, compte tenu de la crise économique et financière. La variation des emplois salariés entre 1999 et 2006 met en évidence les forts taux d’accroissement dans les services, notamment les services aux particuliers. La construction, les transports et le commerce présentent également des résultats très positifs. Le secteur industriel des biens intermédiaires a limité ses pertes d’emplois. L’administration et les activités liées à l’éducation, la santé et l’action sociale sont des secteurs nettement moins créateurs d’emploi que dans la période précédente 19901999. L’agriculture régresse. Variation des emplois salariés 1999-2006 Services aux particuliers Services aux entreprises Construction Transports Commerce Total Administration Activités financières Activités immobilières Industries de biens intermédiaires Education, santé, action sociale Industries de biens d'équipement Industries agricoles et alimentaires Agriculture, sylviculture, pêche Energie Industries de biens de consommation Industrie automobile -40,00% -30,00% -20,00% -10,00% 0,00% 10,00% 20,00% 30,00% 40,00% 50,00% 60,00% Source : INSEE 6 Accroissement des mobilités domicile-travail Les déplacements domicile travail continuent à croître. Ils traduisent à une échelle infra- départementale la croissance des emplois de plus en plus éloignés des lieux d’habitat. En 1999, 61,1% des actifs ayant un emploi travaillent dans leur commune de résidence : en 2006, cette part relative était de 58,7%, la plupart toutefois dans le même département. Une étude de l’INSEE 1. sur les déplacements domicile-travail en 2004 montre une interdépendance forte entre les territoires d’un vaste espace qui s’étend d’Arles à Toulon, en passant par Aix-en-Provence et Marseille. Le Pays d’Aix et Marseille Provence Métropole sont des territoires « polarisateurs » qui accueillent un volume important de salariés. Les trois communautés entretiennent des relations qui se sont intensifiées depuis 1999. Près de la moitié des emplois du pays d’Aix est occupée par des actifs qui n’y résident pas. Le Pays d’Aubagne et de l’Etoile a de nombreux échanges avec les autres SCOT du territoire. Ces données confirment également la progression des relations domicile-travail entre les Bouches-du-Rhône et les espaces limitrophes du Var, du Vaucluse et des Alpes de Haute-Provence, amplifiées par les travaux engagés dans le cadre de l’opération ITER. B- Impacts de la crise sur les créations d’emploi Cette évolution favorable semble avoir été stoppée à partir de 2008 sous l’effet de la crise. Après avoir augmenté de façon régulière entre 2006 et 2008, l’emploi salarié au sens de l’UNEDIC est en réduction en 2009. Avec une perte de 7 100 emplois sur un an, l’emploi salarié UNEDIC est en baisse de 1,3% dans les Bouches-du-Rhône. Tous les secteurs sont concernés : l’industrie (-2%), la construction (-1,3%) et le tertiaire (-1,2%). 1 Sud INSEE l’essentiel N° 126- Novembre 2008 7 2 - Un déficit en Cadres des Fonctions Métropolitaines Dans les aires urbaines de plus de 200 000 emplois, l’INSEE a distingué 5 fonctions dites « métropolitaines » : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter- entreprises, gestion et culture-loisirs. La présence de Cadres des Fonctions Métropolitaines (CFM) est un indicateur du rayonnement des grandes villes. Les CFM sont des emplois de cadres ou de chefs d’entreprise de 10 salariés et plus, présents dans les 5 fonctions métropolitaines supérieures. La situation de l’aire urbaine Aix-Marseille n’est pas favorable par rapport aux autres aires urbaines 2. - classée 3e (hors Paris) en nombre avec 59 000 cadres des fonctions métropolitaines derrière Lyon 98 000 et Toulouse 69 000. - mais classée 8e (hors Paris) en termes de part des 5 fonctions métropolitaines dans l’emploi total 27,5% contre 32% à Grenoble, Lyon, Toulouse. Ces disparités se retrouvent à l’intérieur de l’aire urbaine Aix-Marseille. Si la part moyenne de CFM est de 9,5% de l’emploi total, elle est de 13,8% sur Aix et de 9% sur Marseille. D’une manière générale les fonctions de type métropolitain sont insuffisamment présentes sur nos territoires. Part des Cadres des Fonctions Métropolitaines (CFM) dans les aires urbaines de plus de 200 000 emplois Nom de l’aire urbaine Paris Grenoble Toulouse Lyon Montpellier Nantes Strasbourg Rennes Lille Nice Aix-Marseille Bordeaux Rouen Toulon Nombre total d’emplois en 2006 5 561 906 250 569 504 757 811 214 212 487 351 665 293 669 274 228 498 654 385 430 620 766 448 751 219 850 209 924 Nombre de CFM en 2006 1 019 219 35 186 69 151 98 024 23 374 36 770 29 660 27 558 49 547 37 489 59 137 42 559 15 222 11 663 Part des CFM en 2006 (en %) 18,3 14,0 13,7 12,1 11,0 10,5 10,1 10,0 9,9 9,7 9,5 9,5 6,9 5,6 Part des CFM en 1982 (en %) 10,7 7,3 6,0 6,5 6,1 5,4 6,0 4,3 5,2 5,8 5,7 5,5 4,3 3,3 Source : Insee, recensements de la population de 2006 (exploitation complémentaire au lieu de travail) et de 1982 (sondage au quart au lieu de travail) Note : les aires urbaines sont classées selon la part des CFM en 2006 2 Note de M.Chaveau « L’emploi en relation avec l’Enseignement Supérieur- Recherche » – novembre 2010 8 3 - Des taux de chômage qui restent encore supérieurs à la moyenne nationale, malgré une amélioration sensible de 1999 à 2008 A- Un sous-emploi qui reste prégnant Après avoir régulièrement diminué entre 1999 et 2008, le taux de chômage dans le département est reparti à la hausse à partir du quatrième trimestre 2008. Il faut voir dans ce mouvement l’impact de la crise de 2008 qui n’a épargné aucun département. Ce taux est 2,4 points plus élevés qu’au niveau national en 2009 contre 5,8 en 1999. Il suit toutefois la même tendance. Néanmoins, l’écart entre le taux de chômage du département et le taux national a tendance à décroître. Le même mouvement s’observe entre le taux départemental et le taux régional. TAUX DE CHOMAGE LOCALISES en % 16 15 14 13 12 Bouches-du-Rhône 11 Provence-Alpes- Côte d'Azur France 10 9 8 7 6 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 On peut observer que : - entre 1999 et 2009 le taux départemental baisse de 3,4 points alors que le taux national reste le même - la tendance globale des deux taux est à la hausse après 2003, mais le taux de chômage départemental augmente moins fortement que le taux national Les employés et les ouvriers représentent 42% des demandeurs d’emploi. 9 B- Une forte dégradation du marché du travail en 2009 Il y avait dans le département, au 31 décembre 2009 3, 104 028 demandeurs d’emploi de catégorie A (demandeurs d’emploi sans emploi), 17,6% de plus qu’au 31 décembre 2008. Si l’on intègre les catégories B (demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite courte) et C (demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite longue), on arrive à un total de 141 528 actifs à la recherche d’un emploi, en progression de 15,5% par rapport à l’année précédente (19,3% pour les hommes et 11,8% pour les femmes). La situation a continué à se dégrader en 2010 avec, fin novembre, 110 401 demandeurs de catégorie A et 151 104 de catégorie A,B et C. 3 Sud INSEE Conjoncture N° 33 Février 2010 « Fin 2009 : l’effet de la crise se prolonge sur le marché du travail régional ». 10 CHAPITRE 2 «Le défi de l’innovation pour créer des emplois et renouveler le marché du travail» Pour créer des emplois et développer un marché du travail dynamique et ouvert correspondant aux besoins des demandeurs mais également des actifs il est admis que c’est dans l’innovation que se situe la vraie réponse. Qu’elle soit technologique, organisationnelle ou sociale, l’innovation appelle à de nouveaux comportements pour permettre au territoire métropolitain non seulement de jouer tout son rôle par rapport aux autres grandes métropoles françaises et européennes mais aussi de créer les emplois qui lui manquent. De plus, il est reconnu que l’emploi hautement qualifié génère, avec un fort taux multiplicateur, de l’emploi non qualifié. Or si le territoire métropolitain a un grand besoin d’emplois très qualifiés pour accroître sa compétitivité dans la mondialisation, la majorité de ses demandeurs d’emploi ne sont pas suffisamment qualifiés pour pouvoir y prétendre. La capacité à innover dépend de l’économie de la connaissance. Elle ne s’y confond pas. 1 - L’économie de la connaissance L’économie de la connaissance est l’ensemble des activités qui contribuent à créer et à transmettre de la connaissance sur un territoire donné. Elle englobe généralement : - l’enseignement supérieur qui, par définition, est producteur de compétences, - la recherche fondamentale ou appliquée, publique ou privée, à l’origine même de la construction de connaissances, - les activités qui relèvent du tertiaire supérieur dans les fonctions de direction et de conseil. La connaissance est un bien économique particulier que l’on peut qualifier de bien public et qui justifie qu’un acteur public s’en préoccupe. Elle constitue un atout pour notre avenir. L’économie de la connaissance est en lien avec l’importance croissante des activités de recherche et d’éducation dans une économie mondialisée. Elle repose sur un modèle productif plus immatériel et intangible qui combine innovations technologiques et innovations organisationnelles, qui articule TIC et compétences, qui favorise le développement des réseaux pour dynamiser la productivité. Mais elle suppose à la fois une diffusion à l’ensemble des autres secteurs d’activités (low-tech), une combinaison des différentes dimensions de la connaissance (apprentissage, compétences, capacités cognitives…) et une intensification des inter-relations, des partenariats publics privés et des espaces d’échange. Elle suppose enfin le développement, la gestion et la capitalisation des connaissances dans le cadre de systèmes d’informations stratégiques qui, s’ils sont largement développés au sein des firmes innovantes, restent peu présents sur les territoires. Dans le même temps, l’économie de la connaissance se satisfait mal d’un modèle hiérarchique et enregistre un rapport paradoxal au temps (accélération de la concurrence, mais temps nécessaire aux apprentissages durables) et à l’espace (renforcement de la proximité des firmes aux marchés, aux parties prenantes tels que les fournisseurs par exemple, polarisation spatiale). 11 L’économie de la connaissance n’est pas une économie locale dans la mesure où elle s’exprime au niveau international. Elle est néanmoins construite sur des espaces métropolitains qui ont atteint une taille suffisante pour développer une offre diversifiée d’enseignements supérieurs, accueillir des centres de recherche, bénéficier de fonctions directionnelles dans des secteurs spécifiques, qui disposent d’un réseau d’entreprise dynamique et ouvert à l’innovation. L’économie de la connaissance n’est pas non plus une solution miracle. L’intensité des interdépendances favorise les cercles vertueux, mais elle produit à l’inverse des cercles vicieux, notamment lorsque les effets de diffusion peinent à se mettre en place : éparpillement physique des laboratoires de recherche, dynamiques partenariales réduites, articulation public-privé limitée, participation des acteurs faible, culture de l’apprentissage étroite. Le risque est alors celui de l’émergence ou du renouvellement de fractures : fracture numérique souvent évoquée, fracture éducative notamment pour l’éducation de base, fracture technologie/organisation du travail, fracture cognitive, etc. La Commission s’est posée des questions difficiles : comment construire des dynamiques qui s’inscrivent dans la durée et qui valorisent les spécificités locales, plutôt que de privilégier un principe d’uniformisation ? Comment dépasser une conception principalement technicienne de l’économie de la connaissance pour favoriser une conception plus organisationnelle et sociale ? Quelle place donner aux hommes et aux femmes dans ces processus et ces dynamiques (question de la participation, de l’accès à la formation….) ? Quelles conditions préalables et quel système d’incitation doivent être mis en œuvre pour favoriser les effets d’interdépendance et minimiser ou compenser les risques de fracture ? Comment favoriser le développement d’innovations ouvertes, dont les effets de diffusion sont renforcés ? Comment soutenir les polarisations de proximité et leur mise en réseau intersectoriel ? Quelles passerelles développer entre innovation, création d’entreprises et production industrielle ? Si l’économie de la connaissance représente environ 100 000 emplois dans l’aire métropolitaine marseillaise, son poids réel s’apprécie aussi sur les effets d’entraînement qu’elle est susceptible de générer en termes d’étudiants formés, de centres de recherche reconnus et d’un milieu des affaires spécialisé. Elle génère des économies externes. 12 2 - Les autres champs de l’innovation Il serait hasardeux toutefois de limiter l’économie de la connaissance aux emplois dits supérieurs, décisionnels, à très haut niveau de qualification. La connaissance comme l’innovation peuvent être le fait d’artisans, d’inventeurs, de professionnels modestes dans toutes les formes d’emploi. Elle peut être populaire et ouvrière. La capacité à s’adapter, à bricoler, à innover n’est pas le monopole des cadres et des ingénieurs. Au delà de la connaissance c’est « l’esprit créatif » qui s’y développe qu’il faut promouvoir ou libérer car il constitue un des moteurs de l’innovation. Les milieux de la culture et des activités artistiques relèvent aussi du même champ. La richesse du potentiel de nos territoires est un de ses points forts et un facteur essentiel de son attractivité. Les activités liées au cinéma, aux médias, aux arts de la rue, à la musique, à la danse, aux productions festivalières, à l’édition de livres et de disques, au design, à la protection et la valorisation du patrimoine, sont fortement présentes et créatrices de connaissances. Les écoles d’art, les conservatoires de musique, l’école d’architecture de Marseille-Luminy, les écoles de danse diffusent ces connaissances et participent de la vie de la cité. Le journalisme et toute l’industrie des médias sont au cœur de l’économie de la transmission de la connaissance. Ces emplois se développent rapidement dans la société de l’information et de la communication. Le Pôle Médias de la Belle de Mai est un des points forts tout comme les formations supérieures au cinéma d’Aubagne et l’école de journalisme de Marseille. L’innovation concerne aussi les activités traditionnelles de nos territoires : l’agriculture, le bâtiment, les services à la personne, doivent aussi savoir innover pour créer de la valeur ajoutée et des emplois. Le développement de l’économie sociale et solidaire et de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ouvre un champ prometteur pour des innovations. 13 CHAPITRE 3 «Un potentiel élevé pour l’Enseignement Supérieur et la Recherche » 1. Une offre conséquente d’Enseignement Supérieur Le rôle de l’enseignement et particulièrement de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est primordial pour favoriser un emploi de haute qualité qui tire le territoire vers le haut. L’académie d’Aix Marseille développe un réseau de formations très varié et étoffé, capable de répondre aux demandes internes mais aussi externes du territoire 4. L’offre est étendue et diversifiée. L’académie d’Aix-Marseille est la 8ème du pays en matière d’effectifs. Toutefois, en matière de taux de croissance des effectifs, Aix-Marseille est en 14ème place: l’académie perd régulièrement des places. L’origine géographique des étudiants interroge sur l’attractivité de notre territoire : 70% des étudiants sont originaires de l’académie et 5% seulement sont des étudiants étrangers. Les trois universités d’Aix-Marseille accueillent environ 64 000 étudiants sur les 70 000 de l’académie dont 35 000 à Aix et 29 000 à Marseille. Si l’on prend en compte les sections de techniciens supérieurs, les classes préparatoires aux grandes écoles et les grandes écoles, on atteint 90 000 étudiants. Toutes les disciplines sont représentées. L’Université de Provence est dominée par les lettres et les sciences, l’Université de la Méditerranée par la médecine, les sciences et l’économie, l’Université Paul Cézanne par le droit, l’économie et les sciences. Plus de 3000 enseignants-chercheurs exercent dans la métropole au sein des 3 universités. 4 « L’emploi en relation avec l’Enseignement Supérieur- Recherche » - Note de E.Chaveau – novembre 2010 14 2- Le premier potentiel de recherche après Paris Le potentiel de recherche dans l’aire métropolitaine est de haut niveau. - La recherche publique est conduite par les universités dont l’excellence est reconnue dans de nombreux domaines : mathématiques, physique, informatique, océanographie, astronomie, sciences du vivant, sciences sociales. Elle est aussi le fait du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). 6 000 chercheurs et 3 000 techniciens constituent un très important potentiel. - Une recherche privée conséquente est conduite par les grands établissements industriels dans l’aéronautique, la pétrochimie, les matériaux, les industries agroalimentaires et les constructions électroniques. - A cet ensemble s’ajoute l’implantation en cours d’ITER, projet de dimension mondiale. Le territoire bénéficie d’un fort potentiel de recherche et d’innovation en matière de santé5 . Ses spécialités sont les neurosciences, la cancérologie, l’infectiologie, l’immunologie et la nutrition. Le Cancéropôle PACA rassemble un potentiel de 3 équipes qui fédèrent l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (APHM), l’INSERM, les universités de la Méditerranée et de Nice-Sophia-Antipolis, le centre Paoli Calmette et le centre Antoine Lacassagne. Le cluster Eurobiomed, localisé à Marseille mais qui couvre les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon, est le premier des 7 pôles de compétitivité nationaux dans le domaine de la santé. Le tertiaire supérieur qui participe de l’économie de la connaissance est concentré dans les activités qui dominent l’économie métropolitaine : dans les transports, l’activité portuaire et la culture à Marseille, dans les activités juridiques et de conseil dans le Pays d’Aix. Le port, l’aéroport, les plates-formes logistiques, le réseau ferroviaire et autoroutier ouvrent l’économie métropolitaine sur la mondialisation. 5 « Recherche et innovation en PACA » - Note de M. Normand - 2010 15 3 - Aix-Marseille Université Aix-Marseille Université « unifiée » comprendra 70 000 étudiants, 3 500 enseignants-chercheurs, 150 laboratoires, et 3000 techniciens. Cette fusion donnera lisibilité et visibilité à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche par la définition et la mise en œuvre d’une politique dynamique de développement. Dans son acte fondateur, Aix-Marseille Université se présente comme « un lieu d’une pensée libre, indépendante et ouverte au monde…qui mettra tout en œuvre pour faciliter l’accès à une formation permettant tout à la fois l’acquisition d’une culture académique et son insertion professionnelle et sociale. L’enseignement dispensé par Aix-Marseille Université visera à former des hommes et des femmes cultivés et éclairés, capables de contribuer au développement social, culturel, politique et économique de la société» L’ambition de l’Université Unique est triple : construire une université leader dans le secteur de l’économie de la connaissance, dynamiser le territoire métropolitain Aix-Marseille et contribuer à l’édification de l’Union Méditerranéenne des savoirs. La Commission prend acte de cette ambition qu’elle partage. Elle souhaite que les dispositions soient mises en œuvre, en partenariat avec tous les acteurs concernés, pour y parvenir dans le respect des équilibres territoriaux. Les Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) sont conçus comme un instrument de promotion des établissements membres. C’est un moyen de prendre place dans la compétition scientifique internationale : - en matière de formation (doctorat, master) : la coordination des études pourra donner lieu à la délivrance d’un diplôme sous le sceau du PRES Aix-Marseille Université, correspondant à des formations assurées par une ou plusieurs écoles ou universités membres. - en matière de rayonnement : le politique de l’internationalisation du PRES va dans le sens du processus de Bologne (LMD - Licence Master Doctorat) au niveau européen et doit se développer dans des formations intégrées (bi diplôme) ou en créant un réseau partenarial comme c’est déjà le cas à l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE). - en matière de recherche : toutes les publications scientifiques des sites sont désormais présentées sous la signature unique du pôle, ce qui améliore la visibilité à l’international des productions scientifiques des membres du pôle. La force des PRES repose sur le dialogue et la synergie permanente à dynamiser entre le monde de l’Enseignement, de l’Entreprise et de la Recherche. La Commission recommande que le PRES Aix-Marseille Université s’affirme comme un pôle majeur de l’université unifiée, structure de coordination et de pilotage stratégique pour la recherche et l’innovation et moteur de sa promotion internationale. 16 4 - Les écoles d’ingénieurs du territoire 6 Chaque année, 700 ingénieurs environ sont formés sur le territoire métropolitain. Au total, les différentes écoles d’ingénieurs des Bouches-du-Rhône ont accueilli en 2009 plus de 2 400 élèves Les élèves ingénieurs représentent 7% des étudiants du territoire. Dans l’académie d’Aix-Marseille, sept institutions sont habilitées à former ces ingénieurs. Les plus importantes sont l’École Centrale de Marseille, Polytech’Marseille et l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) d’Aix-en-Provence qui forment chacune environ 300 ingénieurs par an. La première appartient au groupe des Grandes Écoles d’Ingénieurs et est membre du réseau des Écoles Centrales (avec celles de Paris, Lyon, Lille et Nantes). La seconde est une école universitaire qui appartient comme la troisième au réseau national « Polytech ».Les deux premières sont le résultat récent de regroupements et de fusions, qui ont permis d’augmenter leur visibilité et leur attractivité, tant au plan national qu’international. Deux autres écoles forment chacune une centaine d’ingénieurs chaque année : l’École Supérieure des Ingénieurs de Luminy (ESIL), école universitaire qui a vocation à intégrer prochainement Polytech’Marseille et le Centre Micro-électronique de Provence (CMP G. Charpak) situé à Gardanne qui dépend de l’École des Mines de Saint-Étienne et appartient de ce fait au groupe des Grandes Écoles d’Ingénieurs. Les autres institutions constituent des niches spécifiques au territoire : l’École des Officiers de l’Armée de l’Air de Salon, l’Ecole de la Marine Marchande. L’Institut Supérieur du Bâtiment et des Travaux Publics de Château Gombert, qui est une école consulaire de spécialisation, délivre entre 5 et 10 diplômes par an. Un rapide tour d’horizon des grandes écoles de commerce sur notre territoire révèle plusieurs formations dans les domaines du management, de la technologie et de l’innovation, notamment à Euromed Marseille (8ème dans le Top 40 des meilleures Ecoles en 2010 selon le Figaro) et à l’IAE d’Aix-en-Provence qui décroche une mention aux Trophées Andrew Heiskell 2010. 6 « Attractivité et impact des écoles d’ingénieurs sur le territoire des Bouches du Rhône »- Note de M. NORMAND - 2010 17 CHAPITRE 4 «Des réseaux d’entreprises innovantes pour développer les synergies nécessaires entre innovation et production industrielle et créer des emplois» La constitution de réseaux d’entreprises innovantes répond tout à la fois à une priorité de l’Etat dans le cadre de la politique nationale des pôles de compétitivité et à une priorité régionale dans le cadre des Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire (PRIDES). C’est aussi une nécessité pour les entreprises qui veulent optimiser leur potentiel d’innovation. Dans les deux cas, le territoire métropolitain a été reconnu comme disposant de forts potentiels dont tous n’ont pas encore été explorés. 1 - Les pôles de compétitivité Un pôle de compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale (stratégie commune de développement), destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en direction de marchés donnés. Cette politique vise à susciter puis soutenir les initiatives émanant des acteurs économiques et académiques présents sur un territoire. Par cette mise en réseau des acteurs de l’innovation, la politique des pôles a comme objectifs de : - développer la compétitivité de l’économie en accroissant l’effort d’innovation ; - conforter sur des territoires des activités, principalement industrielles, à fort contenu technologi que ou de création ; - accroître l’attractivité de la France, grâce à une visibilité internationale renforcée ; - favoriser la croissance et l’emploi. Sur les 11 pôles labellisés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 6 ont leur siège dans l’aire métropolitaine. La plupart des autres y sont également impliqués. 18 Pôles de compétitivité - Les membres du pôle 2008 et territoire Etablissements membres CU Mle Autres Pce et CA Collectivités AubagnePACA Etoile Toutes Régions France et étranger Part relative CA AixMarseilleAubagne 41 140 44% 52 66 170 31% St Paul 50 6 174 29% Biotechnologies / Santé Marseille 32 10 112 29% Photonique Marseille 35 15 99 35% Grasse Forcalquier 16 27 83 19% Marseille 39 14 96 41% Agroalimentaire Avignon n.d 23 107 n.d Risques Aix-enProvence 44 18 109 40% Energie Ingénierie / Services St Paul les 3 châteaux n.d 8 6 n.d 330 228 1 096 30% Filières Sièges Technologies de l’Inform. et de la Com, TIC Ernergie TIC Transports Rousset, SophiaAntipolis 62 Toulon Capenergie Energie Eurobiomed Solutions Communicantes Sécurisées Mer PACA Optitec PASS Pegase PEIFL , Pôle Européen d’Innovation Fruits et Légumes Gestion des risques Trimatec TOTAL Parfums, Arômes, Bioressources Chimie Aéronautique / Espace Source : Tableau de bord des pôles Edition 2009 19 Ces pôles traduisent les spécificités industrielles et les filières où la région Provence-Alpes-Côte d’Azur bénéficie d’un fort potentiel. Le tableau montre que 57% des établissements (industries, centres de recherche, transferts d’innovation…) des pôles de compétitivité de la région sont dans l’espace métropolitain dont les compétences s’expriment notamment : - dans les TIC et la sécurisation de l’information et de la communication autour du pôle de Rousset et de Gardanne, - dans l’espace marin, compte tenu des activités maritimes (Grand Port Maritime de Marseille, Pôle de la Ciotat) et du potentiel de recherche (station marine, activités sous- marine), - dans les énergies non émettrices de gaz à effet de serre autour du CEA de Cadarache, - en médecine et biotechnologies (Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, hôpitaux, faculté de médecine, laboratoires pharmaceutiques…), - dans la construction aéronautique (Eurocopter à Vitrolles-Marignane, plate-forme d’Istres), - dans la prévention des risques (pôle de l’Arbois, CEREGE…). La dynamique induite par les pôles de compétitivité favorise la revitalisation de l’industrie du territoire métropolitain en l’ouvrant davantage sur la recherche et l’innovation et en facilitant les relations entre grands groupes et P.M.E. Elle a aussi un effet positif sur l’emploi. Près de 20 000 postes de travail relèvent d’un des pôles de compétitivité dans l’aire métropolitaine marseillaise, plus de la moitié des emplois totaux des pôles en Provence- Alpes Côte d’Azur Pôles de compétitivité - Effectifs salariés 2008 et territoire SCS Mer Capenergie Eurobiomed Optitec PASS Pegase PEIFL Risque Trimatec TOTAL CA Pays d’Aix CU Marseille Provence et CA Aubagne Etoile 4 582 1 192 2 532 0 3 222 338 1 092 n.d 3 696 n.d 16 654 1 157 2 108 851 586 7 286 52 7 512 n.d 3 526 n.d 23 078 Toutes Autres Régions France Collectivités PACA et Etranger 5 426 2 377 16 213 1 891 2 490 581 1 361 2 123 2 865 19 343 19 061 10 778 8 838 5 949 16 915 5 058 9 692 6 915 14 058 11 938 109 202 Part relative CA AixMarseilleAubagne 30% 31% 38% 10% 62% 8% 89% n.d 51% n.d 36% Source : Tableau de bord des pôles Edition 2009 20 2 - Les plates-formes d’innovation Retenue par appel à projet, comme pour les pôles de compétitivité, une plate-forme d’innovation est le regroupement de moyens (compétences, équipements…) destinée à proposer des ressources locales à des utilisateurs potentiels pour leur permettre de mener à bien leurs projets de recherche et d’innovation. Lors du premier appel à projet, la plate-forme « Micro-Packs » à Gardanne a été retenue pour ses compétences en matière d’assemblage de micro- technologies intégrant des préoccupations sécuritaires. Dans le cadre du deuxième appel à projet, une plate-forme en matière de santé a été présentée. Le Centre d’Innovation et d’Usages a pour ambition de valoriser les technologies et les savoirs faire autour de la thématique « Santé à domicile et Autonomie ». Le C.I.U. repose sur une organisation en réseau de centres experts animée par quatre régions : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Limousin. 3 - ITER (le chemin en latin) La localisation de l’installation de recherche ITER à Saint-Paul-lez-Durance (Communauté d’agglomération du Pays d’Aix), à proximité du CEA de Cadarache, se place dans un programme scientifique international unique au monde. Il s’agit de démontrer la faisabilité scientifique et technologique de l’utilisation de la fusion comme une source d’énergie par un réacteur expérimental. Le prototype industriel DEMO qui produira de l’électricité est pour sa part prévu à l’horizon 2050. Un site d’environ 180 ha lui est dédié et plus de 1 000 personnes. Les retombées locales attendues sont importantes pour nos territoires : marchés au bénéfice d’entreprise notamment dans le BTP, l’électricité et les services (phase de construction), dans la mécanique et l’électronique (phase d’exploitation), « effet promotionnel » sur l’ensemble du territoire, création d’emplois et d’entreprises, valorisation de la recherche scientifique. Les collectivités territoriales de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont fortement engagées pour sa construction. Les projets conduits par le CEA de Cadarache qui emploie en rythme de croisière 4 000 personnes constituent un véritable poumon économique pour le nord- est des Bouches-du-Rhône. 4 - Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire (PRIDES) Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire traduisent la politique économique conduite par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils ont pour objectifs de la renforcer, d’améliorer leurs performances globales et de créer des emplois sur un territoire particulièrement affecté par le chômage. Retenus après appel à projet, les PRIDES. expriment une volonté commune des entreprises concernées de créer des emplois durables, de conduire des projets innovants, de se développer à l’international tout en accordant une importance particulière à leur responsabilité sociale et environnementale. 21 Au-delà des économies d’échelles générées par la mutualisation de leurs moyens et savoir- faire, le label PRIDES. est formalisé par un contrat d’objectifs pluriannuel signé avec la Région assorti d’une convention financière annuelle qui l’assure d’une aide au fonctionnement et à la réalisation des projets coopératifs de leurs adhérents. De plus, les entreprises membres d’un PRIDES peuvent bénéficier d’une aide individuelle directe dans le cadre d’un contrat de développement pour l’emploi. Cette politique spécifique à la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur complète la politique de l’Etat des pôles de compétitivité définie en 2006 qui se placent pour leur part dans une optique industrielle, de mobilisation de la recherche et de l’innovation technologique. A ce titre, les pôles de compétitivité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont aussi été labellisés PRIDES. Sur les 29 PRIDES labellisés dans la région, 19 ont leur centre dans la métropole. Ils traduisent non seulement des spécialités reconnues par la compétence de leurs membres (entreprises, centres de recherche, associations, collectivités territoriales), mais aussi une volonté commune de travailler ensemble pour accroître leur compétitivité. Pôles de compétitivité - Effectifs salariés et territoire PRIDES ActivArgile Provence Bâtiment Durable Méditerranéen Capenergies Carac’Terres EA Eco-entreprises Eurobiomed Finance et Conseil Méditerranée ICI Mode Images Livres et disques Cluster PACA Logistique Novachim Optitec Industrie culturelles et patrimoine Pegase Risques Services à la personne Solutions Communicantes Sécurisées Solutions et Systèmes Industriels Thématique Arts, métiers et industries de la terre Construction durable Energies non génératrice de GES Tourismes solidaire Eco-entreprise Santé Métiers du chiffre, du droit et du conseil Textile et Habillement Economie créative de l’image Livres et disques Logistique Chimie de l’innovation Optique, photonique Patrimoine, culture Aéronautique et Spatial Surveillance et gestion des risques Services à la personne Microélectronique, Télécommunication Mécanique et mécatronique Lieu Aubagne Aix-en-Provence Cadarache Aix-en-Provence Aix-en-Provence Marseille Marseille Marseille Marseille Arles Marseille Marseille Marseille Arles Aix-en-Provence Aix-en-Provence Marseille Rousset Marseille Source : Région Provence-Alpes-Côte d’Azur 22 Les PRIDES participent à la structuration de l’économie en invitant les entreprises du territoire à se rapprocher pour conduire des actions communes. Les autres PRIDES qui n’ont pas leur siège social dans les Bouches-du-Rhône, impactent néanmoins fortement l’économie de nos territoires et y regroupent un grand nombre d’entreprises. Et tout particulièrement les PRIDES suivants : - Grande Plaisance : compte tenu du poids de la réparation navale grande plaisance à La Ciotat et à Marseille - PASS : avec les entreprises de parfumerie et la Cité de la cosmétique récemment implantée à Marseille - Mer : regroupe des entreprises marseillaises des activités maritimes et constitue un pôle de compétitivité à vocation mondiale - Fruits et légumes : dans la mesure où les Bouches du Rhône sont le premier producteur français de légumes. La Commission estime qu’une stratégie de développement économique devra s’appuyer sur ces réseaux qui constituent une part importante de l’armature économique de la région et préparent celle de demain. Un premier pas serait d’inviter la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et les Communautés d’agglomération du pays d’Aix et du Pays d’Aubagne et de l’Etoile à définir une stratégie d’appui et de valorisation qui aurait le double avantage de structurer les principales filières économiques en devenir sur leur territoire et de les intégrer dans des réseaux régionaux, tant il est acquis qu’il n’y a pas de territoires économiques fermés. Dans le cadre de leurs compétences en matière de développement économique, la Commission propose que les 3 intercommunalités retiennent comme intérêt communautaire le développement des réseaux d’entreprises de type PRIDES. 5 - Initiatives innovantes dans les activités classiques de la métropole L’innovation n’est pas le monopole des entreprises de pointe, des universités, des centres de recherche ou des grands groupes industriels. Elle concerne aussi l’économie dite classique, première pourvoyeuse en établissements et en emplois. Les membres de la Commission ont souligné la place et le rôle de l’innovation dans les activités classiques et traditionnelles qui concernent notamment l’artisanat et les Très Petites Entreprises (TPE). 23 A) Dans l’agriculture Malgré le caractère principalement urbain des Bouches-du-Rhône, l’agriculture est une de ses spécialités et le département est l’un des premiers territoires agricoles du pays qui contribue pour 3% de la valeur de la production agricole nationale. L’agriculture occupe encore 30% de l’espace départemental contre 40% en 1970 7. Le climat, l’irrigation et la position géographique du territoire sont favorables à toutes les formes de l’agriculture. Cette activité, dominée par les productions légumières et fruitières, rencontre néanmoins de nombreuses difficultés qui pourraient remettre en cause son avenir. En 2009, le résultat courant avant impôt par actif non salarié a baissé de 43% par rapport à 2008. Innover dans l’agriculture, c’est l’aider à conserver sa place dans nos territoires 8 . Développer l’agriculture péri-urbaine dans la métropole Le poids démographique des agglomérations permet de réorienter l’agriculture pour répondre directement aux besoins des marchés urbains de proximité. On parle alors d’agriculture péri-urbaine. La force de l’agriculture péri-urbaine, dite de ceinture maraîchère, tient à sa proximité avec les consommateurs qui permet de leur offrir des produits très frais dans des délais très courts. Néanmoins, l’agriculture péri-urbaine n’est pas armée pour se battre sur des premiers prix en productions basiques, comme en courgettes ou aubergines par exemple. Sa place s’illustre avec des produits fragiles (salades, radis, plantes aromatiques), des produits gustatifs (fraises de variétés locales) ou des produits identitaires (câpres de la vallée de l’Huveaune, cébettes d’Auriol ou aulx d’Aix-en-Provence). D’ailleurs c’est souvent l’occasion de créer une marque locale, comme autour d’Aubagne : « Les Jardins du Pays d’Aubagne » pour fidéliser les clients en leur garantissant qualité, fraîcheur et provenance des produits. Promouvoir l’agriculture biologique Les Bouches-du-Rhône comptent 281 exploitations certifiées bio ou en conversion. Le nombre de fermes a progressé de près de 25% en un an. Les surfaces biologiques y occupent 13 437 ha, plaçant le département en première position régionale. Avec 8,5 % de sa surface agricole en bio, les Bouches-duRhône arrivent en troisième position française. Cette bonne dynamique de conversion profite à toutes les filières, et plus particulièrement à la vigne, le maraîchage et l’oléiculture. Dans les Bouches du Rhône, près de la moitié des surfaces en conversion concerne la vigne. La filière oléicole compte 180 ha en conversion, ce qui permettra de doubler les surfaces oléicoles bio du département. 7 Portrait agricole des Bouches-du-Rhône - AGRESTE N° 34 - Juin 2008 8 Notes de D. GUYOMARC’H - 2010 24 Appuyer les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne 9 (AMAP) Une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne est un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et une ferme locale, débouchant sur un partage de récolte régulier (le plus souvent hebdomadaire) composée des produits de la ferme. L’AMAP est un contrat solidaire, basé sur un engagement financier des consommateurs qui paient à l’avance la totalité de leur consommation sur une période définie (la «saison»). Ce système fonctionne donc sur le principe de la confiance et de la responsabilité du consommateur ; il représente une forme de «circuit court» de distribution. Ce rapprochement entre les consommateurs soucieux d’établir des rapports de proximité et les producteurs amène une notion de commerce équitable local et une co-responsabilité entre les deux parties. La première AMAP française a vu le jour à Ollioules (Var) en 2001. Il existe 65 AMAP dans les Bouchesdu-Rhône, qui relèvent du réseau « Alliance Provence », ce qui correspond à environ 8 000 familles et à 30 000 « consommateurs ». Préserver les terres agricoles L’évolution d’une partie de l’agriculture vers une agriculture péri-urbaine et biologique plus proche du consommateur se trouve confrontée à un manque d’espaces. Certains propriétaires fonciers espèrent que leurs parcelles agricoles deviendront constructibles. Ce n’est pas le manque de paysans motivés qui explique les terres en friches mais plutôt le refus de beaucoup de propriétaires de les mettre en location ! La préservation et la valorisation des terres nécessaires à l’activité agricole relève d’une démarche cohérente à l’échelle de l’espace métropolitain. Développer de nouvelles filières De nouvelles filières s’ouvrent pour mieux intégrer l’agriculture au développement territorial. L’agro-tourisme, l’agropastoralisme, les filières « vertes », les filières bois, l’éducation à l’environnement, la lecture des paysages, le passage du développement agricole au développement rural constituent des pistes à explorer porteuses d’innovation. B) Dans le bâtiment Une activité motrice fortement soumise à la conjoncture Le bâtiment et les travaux publics représentent une activité motrice dans le département. Fortement affectée par la crise et la baisse des commandes qui en résulte, la filière du bâtiment et des travaux publics est un des premiers employeurs du département. En 2007, les 12 000 établissements emploient 47 000 salariés et représentent un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros. Le secteur comprend d’une part de grands groupes industriels et d’autre part un artisanat d’entrepreneurs individuels. 9 Note de J. REAL- 2010 25 La production annuelle de ciment est estimée à 900 000 tonnes, celle de granulats à 10,5 millions de tonnes. Sur un marché de proximité, les ressources naturelles du département évitent aux établissements d’importants coûts de transport. La filière dépend largement de la conjoncture et du climat des affaires. Elle ne porte pas une image de marque très favorable et ces métiers attirent insuffisamment les jeunes. L’emploi intérimaire représente 12,7% de l’emploi salarié contre 8,1% au niveau national. Le bâtiment et les travaux publics rencontrent des difficultés de recrutement car ces métiers, estimés pénibles, ne sont pas attractifs. Ce déficit d’image appelle des réponses innovantes De grands domaines d’avenir comme la réhabilitation thermique, la lutte contre le bruit, les grands travaux annoncés constituent des opportunités à valoriser, et dont il faut tirer parti tant pour l’innovation que pour la formation professionnelle Tirer parti du Grenelle de l’environnement pour innover 10 dans les formations à la rénovation thermique et l’utilisation de matériaux peu « polluants » Au-delà des besoins importants de la métropole en matière de construction, la formation aux métiers du bâtiment doit bénéficier des priorités reconnues en matière de réhabilitation de logements anciens et de mesures de rénovation thermique. Les formations initiales et continues doivent modifier leurs référentiels. Les formations actuelles en isolation thermique ne prennent généralement en compte que la partie théorique de cette dimension. Innover dans ces formations appelle des enseignements et des pratiques nouvelles comme le contrôle de la caméra thermique, la connaissance de la diversité des isolants thermiques, le coefficient conforme à la Règlementation Thermique 2012, l’étanchéité de l’air, la conformité acoustique et incendie. Promouvoir l’éco-construction et la réhabilitation du parc de logements La demande de logements ne cesse de progresser. La crise actuelle résulte de l’inadéquation entre les logements proposés et les besoins des actifs : les prix sont trop élevés pour les acquéreurs. Les primoaccédants, les jeunes actifs et les populations à revenus modestes sont exclus du marché immobilier. Le prix moyen a doublé entre 1995 et 2005. Cette pression, qui écarte les ménages les plus modestes de l’exercice de leur « droit au logement » ; invite à innover dans les normes de confort, dans les process de construction, etc pour en réduire le coût. 10 Note « Les besoins en formation de l’artisanat du BTP » MF. CARREGA - 2010 26 C) Innover dans les services à la personne Les services à la personne répondent aux besoins des familles et se développent rapidement avec le vieillissement de la population et l’activité féminine. C’est un secteur particulier caractérisé par le poids des particuliers employeurs, de l’emploi féminin et l’implication du secteur associatif et des Centres Communaux d’Action Sociale. Il est conduit par une multitude d’opérateurs mal ou peu identifiés et rencontre des difficultés de recrutement compte tenu de son caractère éclaté. Le travail non déclaré est prédominant et beaucoup de femmes travaillent à temps partiel. Cette filière est encore peu structurée dans une métropole méditerranéenne où les solidarités familiales s’exercent pleinement. Elle représente néanmoins de fortes potentialités de création d’emplois. L’accompagnement des personnes âgées représente 65% de ces services, le travail ménager 25%. Innover dans ce secteur implique de : - Structurer et rendre visible l’offre de services à la personne afin de faciliter l’expression de la demande ; - Anticiper le vieillissement de la population et favoriser le maintien à domicile des personnes âgées dépendantes par le développement d’activités commerciales ou associatives de services à la personne ; - Impliquer les Directions des Ressources Humaines dans la diffusion du Chèque Emploi Service Universel (CESU) ; - Définir des conditions de travail convenables, l’exercice du droit à la formation professionnelle ou des perspectives de carrière pour ces nouveaux métiers. Deux initiatives récentes sont en cours : - Le PROJET PROSPER (Professionnaliser les Services à la PERsonne), conduit par la CCIMP, entend développer les entreprises du secteur et mettre en place les conditions de sa pérennité. Les trois piliers du projet (sensibiliser, professionnaliser, promouvoir) visent à faire de cette filière une partie intégrante du développement local à même d’offrir des emplois qualifiés et des perspectives de carrière à ses salariés. La CCIMP assure un accompagnement aux porteurs de projets, anime un club d’entreprises qui se retrouve dans les termes d’une « charte d’engagement ». - Le PRIDES « Services à la personne », labellisé en 2007, est une structure de coopération des entreprises agréées services à la personne en région Provence- Alpes-Côte d’Azur. (associations, coopératives, sociétés commerciales, CCAS…) .Le pôle a pour ambition de soutenir la croissance, de promouvoir les logiques de diversification de services et de différenciation, de consolider les entreprises et d’améliorer la qualité de l’emploi. Il souhaite favoriser une offre de services de qualité, construite sur des valeurs de solidarité et de responsabilité sociale et environnementale. Au 31 décembre 2009, les 108 adhérents sont : 83 entreprises de services à la personne représentant plus de 10 961 salariés et 25 structures collectives (CQFD, Dom’Inno, Qualidom Sud, URIOPSS, MSD, CRESS…). 27 L’innovation dans les services à la personne passe également par les ressources techniques nombreuses, notamment dans le domaine de la dépendance : maison intelligente, télésurveillance des personnes âgées, robots à domicile, matériel de nettoyage, télé-enseignement, etc. Elle n’est pas étrangère au développement durable dans les modalités de gestion des déchets, les économies d’énergie, la ressource en eau et le respect des personnes privées d’autonomie. D) Innover dans la création d’entreprise La culture d’entreprendre est insuffisamment développée, notamment chez les jeunes diplômés dont l’insertion dans le marché du travail est difficile. C’est tout l’appareil de formation qui est interpellé pour promouvoir l’esprit d’entreprise dans toutes les disciplines. Le statut récent d’auto-entrepreneur peut constituer pour eux une opportunité favorable. Les couveuses, pépinières, coopératives d’activité et d’emploi sont à faire connaître et à développer. E) Innovation et rayonnement international Enfin, on ne peut achever ce rapport sans souligner le lien qui existe entre innovation et rayonnement international. La valorisation de l’innovation a un impact très fort sur l’image d’un territoire, son attractivité, et constitue un véritable vecteur de rayonnement. Mais la stratégie de positionnement, de communication et promotion internationale d’un territoire, nécessite également des efforts d’innovation pour assurer cohérence, lisibilité et pertinence de ses objectifs et de ses moyens. A l’échelle de notre espace métropolitain, cette question mérite un examen approprié. 28 CHAPITRE 5 «Vers une démarche concertée et structurée pour valoriser l’innovation et dynamiser la création d’emplois » A l’examen des potentialités de l’espace métropolitain, aussi bien en matière d’enseignement supérieur, de recherche, d’initiatives innovantes dans de nombreux secteurs, de pôles de compétitivité et de PRIDES, la Commission a fait le constat que ce territoire n’était toujours pas à la hauteur des grandes métropoles Européennes, que l’emploi reste à la traîne, que l’innovation reste confidentielle et ne débouche pas suffisamment sur de la création productive. Sur toutes ces dimensions de l’innovation, l’espace métropolitain dispose de nombreux atouts, de fortes potentialités, mais la Commission souligne qu’ils ne sont pas suffisamment valorisés ni structurés pour irriguer l’ensemble du territoire, et dynamiser la création d’emplois. Les membres de la Commission sont convaincus que l’économie de l’avenir se joue dans notre capacité à valoriser l’innovation et son potentiel de création d’activité. Cette démarche sera d’autant plus pertinente qu’elle mobilisera de manière concertée les atouts et les moyens de nos territoires vers cet objectif commun. La Commission propose quelques pistes pour dépasser la situation actuelle dans une conception partagée de l’intérêt général notamment : - Soutenir et évaluer la dynamique des pôles de compétitivité et des PRIDES en termes notamment de création d’entreprises et d’emplois ; - Structurer les dispositifs actuels pour optimiser l’action territoriale et les financements publics en faveur de l’innovation (notamment mise en place d’un guichet unique) ; - Dynamiser, notamment dans le cadre du PRES, les relations et les synergies entre l’université, la recherche et les entreprises ; - Faire connaître et développer la culture de l’invention et de l’innovation et stimuler les relations entre créateurs et producteurs dans le cadre d’une maison des sciences, des créateurs et des technologies associée à un show room ; - Réfléchir aux moyens d’appui à l’innovation dans l’agriculture de proximité, l’économie solidaire et l’artisanat ; 29 - Accroître l’attractivité de nos territoires pour y favoriser l’accueil et le développement de nouvelles fonctions métropolitaines, par une vision partagée de ses grands projets ; - Soutenir la créativité sous toutes ses formes et le goût d’entreprendre notamment chez les jeunes (impact sur la formation professionnelle) ; - Réfléchir à une meilleure complémentarité des moyens d’analyse des filières stratégiques et de prospective dans le cadre possible d’un observatoire de l’innovation ; - Se donner les moyens de construire une économie touristique de niveau international. Les trois Conseils de développement concernés par cette réflexion ont souligné l’importance et la diversité des initiatives prises par les acteurs publics et privés pour développer toutes les formes d’innovation. Ils considèrent que ces mesures et leurs impacts ne trouveront leur plein épanouissement que dans une démarche cohérente et soutenue à l’échelle de l’espace métropolitain. A cette fin, la Commission propose la mise en place d’un groupe de réflexion sur les conditions de mise en œuvre de ces orientations. Ce groupe pourrait préfigurer la mise en place d’une agence commune pour la valorisation de l’innovation et de ses applications. Elle souligne néanmoins que ce nouveau cap ne pourra être franchi si d’autres problèmes structurels ne sont pas résolus dans un proche avenir : - - - - - un port fiable, une offre foncière maîtrisée par les acteurs publics, un programme pour l’habitat à la hauteur des besoins, un réseau de transport collectif structuré et performant, une université unique qui tienne ses promesses. 30 CONCLUSION «Appel pour un supplément d’audace» A l’examen des potentialités de l’espace métropolitain, aussi bien en matière d’enseignement supérieur, de recherche, d’initiatives innovantes dans de nombreux secteurs, de pôles de compétitivité et de PRIDES, la Commission a fait le constat que ce territoire n’était toujours pas à la hauteur des grandes métropoles Européennes, que l’emploi reste à la traîne, que l’innovation reste confidentielle. Elle estime que parmi les explications avancées, la faiblesse des partenariats, les difficultés du travail en commun, l’insuffisance de stratégie et de prospective ainsi que l’insuffisance des synergies entre innovation et applications productives jouent un rôle déterminant dans l’incapacité actuelle de porter un projet collectif à la hauteur des ambitions des acteurs de cet espace. Les Communautés d’agglomération comme les Communautés urbaines ont une compétence en matière de développement économique et d’aménagement du territoire. Aussi, les trois Conseils de développement invitent fortement les trois EPCI à travailler de manière concertée à la définition d’une stratégie métropolitaine d’appui et de valorisation de l’innovation. A partir d’un diagnostic partagé et dans le cadre d’une vaste consultation à engager, la définition de quelques orientations stratégiques donnerait de la lisibilité et de l’efficacité aux politiques publiques mises en œuvre. D’ores et déjà quelques orientations peuvent être mises en avant, parmi d’autres à explorer : - Les bons résultats acquis par les pôles de compétitivité et les PRIDES mériteraient d’être accompagnés et amplifiés par des démarches communes à la hauteur des enjeux d’un territoire dynamique qu’une culture locale habituée à d’autres arbitrages n’a pas encore su valoriser ; - Le soutien aux filières clés, la mise en réseau des pôles de compétitivité et des PRIDES, le développement de projets collaboratifs, la promotion des savoirs faire et de l’esprit d’entreprise, l’accès au capital risque, le développement de l’économie sociale et solidaire contribueraient sans aucun doute à accroître le nombre de créateurs et d’entreprises innovantes ; - Les synergies Recherche-Université-Entreprises sont à amplifier par des structures d’accompagnement appropriées. Le développement de fondations constitue une piste à explorer. L’université unifiée y contribuera fortement avec le PRES unifié, mais l’enjeu n’est pas qu’universitaire ; - Les écoles d’ingénieurs sont un outil de formation essentiel à l’ensemble de nos territoires, leur devenir et leur qualité sont d’intérêt général et méritent un regard spécifique, - La création sous toutes ses formes mérite d’être stimulée et accompagnée. L’innovation et l’entreprise ne peuvent se concevoir sans développer l’esprit créatif, l’esprit d’entreprise et la culture qui les anime ; 31 - Une agence territoriale pour la valorisation de l’innovation permettrait d’optimiser l’action publique et sa coordination avec le privé, d’en assurer la lisibilité. Elle serait facteur de rayonnement international et de promotion de l’image de ses territoires ; - Un projet de « Maison des sciences des créateurs et des technologies » constituerait un signe fort et serait un facteur de rayonnement national et international. Les trois intercommunalités auxquelles sont attachés nos Conseils de développement ont toutes des établissements d’enseignement supérieur, des étudiants, des entreprises de pointe, des structures de transfert de technologies. Elles souhaitent toutes les trois attirer des cadres de haut niveau, accueillir des créateurs d’entreprises performants, valoriser leurs potentialités humaines, promouvoir leurs sites scientifiques. Les trois intercommunalités rencontrent des problèmes de chômage qu’elles souhaitent évidemment pouvoir combattre. Elles n’acceptent pas le destin incertain d’une économie purement résidentielle. L’économie productive est leur priorité. La société civile invite à l’audace pour préparer cet avenir. 32 « Vers un espace métropolitain... les Conseils de développement s’engagent » Mars 2011