Innovation et Emploi - Le blog de Jacques Boulesteix

Transcription

Innovation et Emploi - Le blog de Jacques Boulesteix
Contribution provisoire à la construction
de l’espace métropolitain
«Innovation et Emploi»
Composition du groupe de travail
Président : Dominique Becker
Membres : Pascale Amenc-Antoni, Roger Carrega, Eric Chaveau, Roselyne Gorlier, Denis Guyomarc’h, Paul-Alex Huygues
des Etages, Philippe Langevin, Claude Noble, Michel Normand, Christophe Prior, Juliette Real.
Ce rapport constitue la synthèse à ce jour du travail de la Commission « Innovation et Emploi » mise en place en septembre 2010. Cette Commission comprend des représentants
des Conseils de développement de la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aix, de
la Communauté d’Agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Etoile et de la Communauté
Urbaine Marseille Provence Métropole. Elle est ouverte à des représentants des autres
Conseils de développement des Communautés des Bouches-du-Rhône. Cette Commission est présidée par Dominique Becker. Le rapporteur est Philippe Langevin.
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION : De quel territoire parle-t-on ?
CHAPITRE 1 : Un territoire dynamique marqué par le sous-emploi
1 - Les créations d’emploi ralenties par la crise
2 - Un déficit en cadres des fonctions métropolitaines supérieures
3 - Un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale, malgré une amélioration sensible de 1999 à 2008
CHAPITRE 2 : Le défi de l’innovation pour créer des emplois et renouveler le marché du
travail
1 - L’économie de la connaissance
2 - Les autres champs de l’innovation
CHAPITRE 3 : Un potentiel de recherche et d’enseignement supérieur élevé
1
2
3
4
-
Une offre conséquente d’enseignement supérieur
Le premier potentiel de recherche après Paris
Aix-Marseille Université
Les écoles d’ingénieurs du territoire
CHAPITRE 4 : Des réseaux d’entreprises innovantes actifs
1
2
3
4
5
-
Les pôles de compétitivité
Les plates-formes d’innovation
I.T.E.R.
Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire
Initiatives innovantes dans les activités classiques de la métropole
CHAPITRE 5 : Vers une démarche concertée et structurée pour valoriser l’innovation et
dynamiser la création d’emplois
CONCLUSION : Appel pour un supplément d’audace
3
INTRODUCTION
«De quel territoire parle-t-on ? »
La définition précise des limites d’une aire métropolitaine ne va pas de soi, notamment pour l’aire métropolitaine provençale qui nous intéresse. Sa dimension spatiale évolue avec les implantations d’entreprises, l’amélioration des transports en commun, les politiques de l’habitat, l’aménagement de zones
industrielles et commerciales. Le développement économique ne se renferme pas dans des limites administratives, communales ou même intercommunales. Les Communautés d’agglomération du Pays d’Aix,
du Pays d’Aubagne et de l’Etoile et la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole sont trois
espaces de proximité, ne peuvent envisager leur développement et leur avenir économique totalement
indépendamment les unes des autres.
Ces trois communautés rassemblent 64 communes sur les 119 des Bouches-du-Rhône et 74% de sa
population.
Données démographiques
CU Marseille-Provence-Métropole
CA du Pays d’Aix-en-Provence
CA du Pays d’Aubagne et de l’Etoile
Total
Date de création
2000
2001
2000
Nombre de communes
18
34
12
64
Population 2009
991 953
340 298
93 298
1 425 549
Si cette contribution émane des conseils de développement de ces trois communautés, il n’en demeure
pas moins que l’étang de Berre, Ouest Provence et les Alpilles participent du même mouvement. Par
simplification, nous étendrons dans notre analyse l’espace métropolitain au territoire des Bouches du
Rhône.
Données économiques
CU Marseille-Provence-Métropole
CA du Pays d’Aix-en-Provence
CA du Pays d’Aubagne et de l’Etoile
Total
Bouches-du-Rhöne
Revenu
Emploi total
Médian (euros)
2007
16 716
399 393
20 832
167 658
19 435
34 490
601 541
17 814
770 263
Variation
1999-2007
1,70%
3%
2,40%
2%
Etablissements
actifs
82 820
35 362
8 523
126 705
163 589
Source : INSEE
4
CHAPITRE 1
«Un territoire dynamique marqué
par le sous-emploi »
Malgré des avantages comparatifs indéniables et de fortes potentialités de développement, le territoire
couvert par les trois communautés que nous appellerons ici « espace métropolitain », souffre, malgré
une évolution favorable durant ces dix dernières années ralentie par la crise financière de 2008, d’une
pénurie d’emploi qui génère un chômage bien plus élevé qu’au niveau national. Cette situation n’est pas
nouvelle. L’écart entre le taux de chômage départemental et national reste significatif, avec cependant
des situations contrastées entre les intercommunalités qui le composent.
1 - Les créations d’emploi ralenties par la crise
A - Croissance soutenue des emplois entre 1999 et 2006
Dynamique du marché du travail
Entre 1999 et 2006 les emplois au lieu de travail ont augmenté de 15,2%, passant de 655 800 postes
de travail à 755 283. 46,3% des emplois sont occupés par des femmes. La répartition des emplois au
lieu de travail traduit le caractère tertiaire de l’économie du département
(poids du tourisme, des commerces et des services) mais résulte aussi d’une agriculture à forte productivité et d’activités industrielles en profonde reconversion.
Emplois au lieu de travail selon le secteur d’activité 2007
Ensemble
Agriculture
Industrie
Construction
Tertiaire
Bouches-du-Rhône
Nombre
755 283
100
12 253
1,6
84 270
11,2
44 901
5,9
613 859
81,3
France
en %
100
3,5
15,4
6,4
74,7
Source : INSEE
5
Les estimations de l’emploi salarié soulignent le poids des emplois publics (éducation, santé, action
sociale, administrations) qui représentent 34,6% du total des emplois salariés du département et de
ceux qui répondent à des services aux particuliers et aux entreprises qui en constituent 22,5%. Avec
le commerce, ces emplois représentent 79% des emplois salariés créés entre 1999 et 2006. La croissance de l’emploi salarié a été soutenue entre 1999 et 2007. Les estimations plus récentes incitent à
estimer que ce mouvement ne s’est pas poursuivi à partir de 2008, compte tenu de la crise économique
et financière.
La variation des emplois salariés entre 1999 et 2006 met en évidence les forts taux d’accroissement
dans les services, notamment les services aux particuliers. La construction, les transports et le commerce présentent également des résultats très positifs. Le secteur industriel des biens intermédiaires
a limité ses pertes d’emplois. L’administration et les activités liées à l’éducation, la santé et l’action
sociale sont des secteurs nettement moins créateurs d’emploi que dans la période précédente 19901999. L’agriculture régresse.
Variation des emplois salariés 1999-2006
Services aux particuliers
Services aux entreprises
Construction
Transports
Commerce
Total
Administration
Activités financières
Activités immobilières
Industries de biens intermédiaires
Education, santé, action sociale
Industries de biens d'équipement
Industries agricoles et alimentaires
Agriculture, sylviculture, pêche
Energie
Industries de biens de consommation
Industrie automobile
-40,00%
-30,00%
-20,00%
-10,00%
0,00%
10,00%
20,00%
30,00%
40,00%
50,00%
60,00%
Source : INSEE
6
Accroissement des mobilités domicile-travail
Les déplacements domicile travail continuent à croître. Ils traduisent à une échelle infra- départementale la croissance des emplois de plus en plus éloignés des lieux d’habitat. En 1999, 61,1% des actifs
ayant un emploi travaillent dans leur commune de résidence : en 2006, cette part relative était de
58,7%, la plupart toutefois dans le même département.
Une étude de l’INSEE 1. sur les déplacements domicile-travail en 2004 montre une interdépendance
forte entre les territoires d’un vaste espace qui s’étend d’Arles à Toulon, en passant par Aix-en-Provence
et Marseille. Le Pays d’Aix et Marseille Provence Métropole sont des territoires « polarisateurs » qui
accueillent un volume important de salariés. Les trois communautés entretiennent des relations qui se
sont intensifiées depuis 1999. Près de la moitié des emplois du pays d’Aix est occupée par des actifs
qui n’y résident pas. Le Pays d’Aubagne et de l’Etoile a de nombreux échanges avec les autres SCOT
du territoire. Ces données confirment également la progression des relations domicile-travail entre les
Bouches-du-Rhône et les espaces limitrophes du Var, du Vaucluse et des Alpes de Haute-Provence, amplifiées par les travaux engagés dans le cadre de l’opération ITER.
B- Impacts de la crise sur les créations d’emploi
Cette évolution favorable semble avoir été stoppée à partir de 2008 sous l’effet de la crise. Après avoir
augmenté de façon régulière entre 2006 et 2008, l’emploi salarié au sens de l’UNEDIC est en réduction en 2009. Avec une perte de 7 100 emplois sur un an, l’emploi salarié UNEDIC est en baisse de
1,3% dans les Bouches-du-Rhône. Tous les secteurs sont concernés : l’industrie (-2%), la construction
(-1,3%) et le tertiaire (-1,2%).
1
Sud INSEE l’essentiel N° 126- Novembre 2008
7
2 - Un déficit en Cadres des Fonctions Métropolitaines
Dans les aires urbaines de plus de 200 000 emplois, l’INSEE a distingué 5 fonctions dites « métropolitaines » : conception-recherche, prestations intellectuelles, commerce inter- entreprises, gestion et
culture-loisirs. La présence de Cadres des Fonctions Métropolitaines (CFM) est un indicateur du rayonnement des grandes villes. Les CFM sont des emplois de cadres ou de chefs d’entreprise de 10 salariés
et plus, présents dans les 5 fonctions métropolitaines supérieures.
La situation de l’aire urbaine Aix-Marseille n’est pas favorable par rapport aux autres aires urbaines 2.
- classée 3e (hors Paris) en nombre avec 59 000 cadres des fonctions métropolitaines derrière Lyon
98 000 et Toulouse 69 000.
- mais classée 8e (hors Paris) en termes de part des 5 fonctions métropolitaines dans l’emploi total
27,5% contre 32% à Grenoble, Lyon, Toulouse.
Ces disparités se retrouvent à l’intérieur de l’aire urbaine Aix-Marseille. Si la part moyenne de CFM est
de 9,5% de l’emploi total, elle est de 13,8% sur Aix et de 9% sur Marseille. D’une manière générale les
fonctions de type métropolitain sont insuffisamment présentes sur nos territoires.
Part des Cadres des Fonctions Métropolitaines (CFM) dans
les aires urbaines de plus de 200 000 emplois
Nom de l’aire
urbaine
Paris
Grenoble
Toulouse
Lyon
Montpellier
Nantes
Strasbourg
Rennes
Lille
Nice
Aix-Marseille
Bordeaux
Rouen
Toulon
Nombre total
d’emplois en 2006
5 561 906
250 569
504 757
811 214
212 487
351 665
293 669
274 228
498 654
385 430
620 766
448 751
219 850
209 924
Nombre de CFM
en 2006
1 019 219
35 186
69 151
98 024
23 374
36 770
29 660
27 558
49 547
37 489
59 137
42 559
15 222
11 663
Part des CFM en
2006 (en %)
18,3
14,0
13,7
12,1
11,0
10,5
10,1
10,0
9,9
9,7
9,5
9,5
6,9
5,6
Part des CFM en
1982 (en %)
10,7
7,3
6,0
6,5
6,1
5,4
6,0
4,3
5,2
5,8
5,7
5,5
4,3
3,3
Source : Insee, recensements de la population de 2006 (exploitation complémentaire au lieu de travail)
et de 1982 (sondage au quart au lieu de travail)
Note : les aires urbaines sont classées selon la part des CFM en 2006
2
Note de M.Chaveau « L’emploi en relation avec l’Enseignement Supérieur- Recherche » – novembre 2010
8
3 - Des taux de chômage qui restent encore supérieurs à la moyenne nationale, malgré une amélioration sensible de 1999 à 2008
A- Un sous-emploi qui reste prégnant
Après avoir régulièrement diminué entre 1999 et 2008, le taux de chômage dans le département est
reparti à la hausse à partir du quatrième trimestre 2008. Il faut voir dans ce mouvement l’impact de la
crise de 2008 qui n’a épargné aucun département. Ce taux est 2,4 points plus élevés qu’au niveau national en 2009 contre 5,8 en 1999. Il suit toutefois la même tendance. Néanmoins, l’écart entre le taux
de chômage du département et le taux national a tendance à décroître. Le même mouvement s’observe
entre le taux départemental et le taux régional.
TAUX DE CHOMAGE LOCALISES
en %
16
15
14
13
12
Bouches-du-Rhône
11
Provence-Alpes- Côte d'Azur
France
10
9
8
7
6
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
On peut observer que :
- entre 1999 et 2009 le taux départemental baisse de 3,4 points alors que le taux national reste
le même
- la tendance globale des deux taux est à la hausse après 2003, mais le taux de chômage départemental augmente moins fortement que le taux national
Les employés et les ouvriers représentent 42% des demandeurs d’emploi.
9
B- Une forte dégradation du marché du travail en 2009
Il y avait dans le département, au 31 décembre 2009 3, 104 028 demandeurs d’emploi de catégorie
A (demandeurs d’emploi sans emploi), 17,6% de plus qu’au 31 décembre 2008. Si l’on intègre les
catégories B (demandeurs d’emploi exerçant une activité réduite courte) et C (demandeurs d’emploi
exerçant une activité réduite longue), on arrive à un total de 141 528 actifs à la recherche d’un emploi,
en progression de 15,5% par rapport à l’année précédente (19,3% pour les hommes et 11,8% pour les
femmes). La situation a continué à se dégrader en 2010 avec, fin novembre, 110 401 demandeurs de
catégorie A et 151 104 de catégorie A,B et C.
3
Sud INSEE Conjoncture N° 33 Février 2010 « Fin 2009 : l’effet de la crise se prolonge sur le marché du travail régional ».
10
CHAPITRE 2
«Le défi de l’innovation pour créer
des emplois et renouveler le marché du travail»
Pour créer des emplois et développer un marché du travail dynamique et ouvert correspondant aux besoins des demandeurs mais également des actifs il est admis que c’est dans l’innovation que se situe
la vraie réponse. Qu’elle soit technologique, organisationnelle ou sociale, l’innovation appelle à de nouveaux comportements pour permettre au territoire métropolitain non seulement de jouer tout son rôle par
rapport aux autres grandes métropoles françaises et européennes mais aussi de créer les emplois qui lui
manquent. De plus, il est reconnu que l’emploi hautement qualifié génère, avec un fort taux multiplicateur, de l’emploi non qualifié. Or si le territoire métropolitain a un grand besoin d’emplois très qualifiés
pour accroître sa compétitivité dans la mondialisation, la majorité de ses demandeurs d’emploi ne sont
pas suffisamment qualifiés pour pouvoir y prétendre. La capacité à innover dépend de l’économie de la
connaissance. Elle ne s’y confond pas.
1 - L’économie de la connaissance
L’économie de la connaissance est l’ensemble des activités qui contribuent à créer et à transmettre de
la connaissance sur un territoire donné. Elle englobe généralement :
- l’enseignement supérieur qui, par définition, est producteur de compétences,
- la recherche fondamentale ou appliquée, publique ou privée, à l’origine même de la construction
de connaissances,
- les activités qui relèvent du tertiaire supérieur dans les fonctions de direction et de conseil.
La connaissance est un bien économique particulier que l’on peut qualifier de bien public et qui justifie
qu’un acteur public s’en préoccupe. Elle constitue un atout pour notre avenir. L’économie de la connaissance est en lien avec l’importance croissante des activités de recherche et d’éducation dans une économie mondialisée. Elle repose sur un modèle productif plus immatériel et intangible qui combine innovations technologiques et innovations organisationnelles, qui articule TIC et compétences, qui favorise
le développement des réseaux pour dynamiser la productivité. Mais elle suppose à la fois une diffusion à
l’ensemble des autres secteurs d’activités (low-tech), une combinaison des différentes dimensions de la
connaissance (apprentissage, compétences, capacités cognitives…) et une intensification des inter-relations, des partenariats publics privés et des espaces d’échange. Elle suppose enfin le développement,
la gestion et la capitalisation des connaissances dans le cadre de systèmes d’informations stratégiques
qui, s’ils sont largement développés au sein des firmes innovantes, restent peu présents sur les territoires. Dans le même temps, l’économie de la connaissance se satisfait mal d’un modèle hiérarchique et
enregistre un rapport paradoxal au temps (accélération de la concurrence, mais temps nécessaire aux
apprentissages durables) et à l’espace (renforcement de la proximité des firmes aux marchés, aux parties
prenantes tels que les fournisseurs par exemple, polarisation spatiale).
11
L’économie de la connaissance n’est pas une économie locale dans la mesure où elle s’exprime au
niveau international. Elle est néanmoins construite sur des espaces métropolitains qui ont atteint une
taille suffisante pour développer une offre diversifiée d’enseignements supérieurs, accueillir des centres
de recherche, bénéficier de fonctions directionnelles dans des secteurs spécifiques, qui disposent d’un
réseau d’entreprise dynamique et ouvert à l’innovation.
L’économie de la connaissance n’est pas non plus une solution miracle. L’intensité des interdépendances favorise les cercles vertueux, mais elle produit à l’inverse des cercles vicieux, notamment lorsque les
effets de diffusion peinent à se mettre en place : éparpillement physique des laboratoires de recherche,
dynamiques partenariales réduites, articulation public-privé limitée, participation des acteurs faible,
culture de l’apprentissage étroite. Le risque est alors celui de l’émergence ou du renouvellement de
fractures : fracture numérique souvent évoquée, fracture éducative notamment pour l’éducation de base,
fracture technologie/organisation du travail, fracture cognitive, etc.
La Commission s’est posée des questions difficiles : comment construire des dynamiques qui s’inscrivent dans la durée et qui valorisent les spécificités locales, plutôt que de privilégier un principe
d’uniformisation ? Comment dépasser une conception principalement technicienne de l’économie de
la connaissance pour favoriser une conception plus organisationnelle et sociale ? Quelle place donner
aux hommes et aux femmes dans ces processus et ces dynamiques (question de la participation, de
l’accès à la formation….) ? Quelles conditions préalables et quel système d’incitation doivent être mis
en œuvre pour favoriser les effets d’interdépendance et minimiser ou compenser les risques de fracture ?
Comment favoriser le développement d’innovations ouvertes, dont les effets de diffusion sont renforcés
? Comment soutenir les polarisations de proximité et leur mise en réseau intersectoriel ? Quelles passerelles développer entre innovation, création d’entreprises et production industrielle ?
Si l’économie de la connaissance représente environ 100 000 emplois dans l’aire métropolitaine marseillaise, son poids réel s’apprécie aussi sur les effets d’entraînement qu’elle est susceptible de générer
en termes d’étudiants formés, de centres de recherche reconnus et d’un milieu des affaires spécialisé.
Elle génère des économies externes.
12
2 - Les autres champs de l’innovation
Il serait hasardeux toutefois de limiter l’économie de la connaissance aux emplois dits supérieurs, décisionnels, à très haut niveau de qualification. La connaissance comme l’innovation peuvent être le fait
d’artisans, d’inventeurs, de professionnels modestes dans toutes les formes d’emploi. Elle peut être
populaire et ouvrière. La capacité à s’adapter, à bricoler, à innover n’est pas le monopole des cadres et
des ingénieurs.
Au delà de la connaissance c’est « l’esprit créatif » qui s’y développe qu’il faut promouvoir ou libérer car
il constitue un des moteurs de l’innovation.
Les milieux de la culture et des activités artistiques relèvent aussi du même champ. La richesse du potentiel de nos territoires est un de ses points forts et un facteur essentiel de son attractivité. Les activités
liées au cinéma, aux médias, aux arts de la rue, à la musique, à la danse, aux productions festivalières,
à l’édition de livres et de disques, au design, à la protection et la valorisation du patrimoine, sont fortement présentes et créatrices de connaissances. Les écoles d’art, les conservatoires de musique, l’école
d’architecture de Marseille-Luminy, les écoles de danse diffusent ces connaissances et participent de
la vie de la cité.
Le journalisme et toute l’industrie des médias sont au cœur de l’économie de la transmission de la
connaissance. Ces emplois se développent rapidement dans la société de l’information et de la communication. Le Pôle Médias de la Belle de Mai est un des points forts tout comme les formations supérieures au cinéma d’Aubagne et l’école de journalisme de Marseille.
L’innovation concerne aussi les activités traditionnelles de nos territoires : l’agriculture, le bâtiment, les
services à la personne, doivent aussi savoir innover pour créer de la valeur ajoutée et des emplois. Le
développement de l’économie sociale et solidaire et de la responsabilité sociale et environnementale des
entreprises ouvre un champ prometteur pour des innovations.
13
CHAPITRE 3
«Un potentiel élevé pour l’Enseignement
Supérieur et la Recherche »
1. Une offre conséquente d’Enseignement Supérieur
Le rôle de l’enseignement et particulièrement de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche est
primordial pour favoriser un emploi de haute qualité qui tire le territoire vers le haut. L’académie d’Aix
Marseille développe un réseau de formations très varié et étoffé, capable de répondre aux demandes
internes mais aussi externes du territoire 4. L’offre est étendue et diversifiée.
L’académie d’Aix-Marseille est la 8ème du pays en matière d’effectifs. Toutefois, en matière de taux de
croissance des effectifs, Aix-Marseille est en 14ème place: l’académie perd régulièrement des places.
L’origine géographique des étudiants interroge sur l’attractivité de notre territoire : 70% des étudiants
sont originaires de l’académie et 5% seulement sont des étudiants étrangers.
Les trois universités d’Aix-Marseille accueillent environ 64 000 étudiants sur les 70 000 de l’académie
dont 35 000 à Aix et 29 000 à Marseille. Si l’on prend en compte les sections de techniciens supérieurs, les classes préparatoires aux grandes écoles et les grandes écoles, on atteint 90 000 étudiants.
Toutes les disciplines sont représentées. L’Université de Provence est dominée par les lettres et les
sciences, l’Université de la Méditerranée par la médecine, les sciences et l’économie, l’Université Paul
Cézanne par le droit, l’économie et les sciences. Plus de 3000 enseignants-chercheurs exercent dans la
métropole au sein des 3 universités.
4
« L’emploi en relation avec l’Enseignement Supérieur- Recherche » - Note de E.Chaveau – novembre 2010
14
2- Le premier potentiel de recherche après Paris
Le potentiel de recherche dans l’aire métropolitaine est de haut niveau.
- La recherche publique est conduite par les universités dont l’excellence est reconnue dans de
nombreux domaines : mathématiques, physique, informatique, océanographie, astronomie, sciences
du vivant, sciences sociales. Elle est aussi le fait du Centre National de la Recherche Scientifique
(CNRS), de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). 6 000
chercheurs et 3 000 techniciens constituent un très important potentiel.
- Une recherche privée conséquente est conduite par les grands établissements industriels dans
l’aéronautique, la pétrochimie, les matériaux, les industries agroalimentaires et les constructions
électroniques.
- A cet ensemble s’ajoute l’implantation en cours d’ITER, projet de dimension mondiale.
Le territoire bénéficie d’un fort potentiel de recherche et d’innovation en matière de santé5 . Ses spécialités sont les neurosciences, la cancérologie, l’infectiologie, l’immunologie et la nutrition. Le Cancéropôle
PACA rassemble un potentiel de 3 équipes qui fédèrent l’Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille
(APHM), l’INSERM, les universités de la Méditerranée et de Nice-Sophia-Antipolis, le centre Paoli Calmette et le centre Antoine Lacassagne. Le cluster Eurobiomed, localisé à Marseille mais qui couvre les
régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Languedoc-Roussillon, est le premier des 7 pôles de compétitivité
nationaux dans le domaine de la santé.
Le tertiaire supérieur qui participe de l’économie de la connaissance est concentré dans les activités qui
dominent l’économie métropolitaine : dans les transports, l’activité portuaire et la culture à Marseille,
dans les activités juridiques et de conseil dans le Pays d’Aix. Le port, l’aéroport, les plates-formes logistiques, le réseau ferroviaire et autoroutier ouvrent l’économie métropolitaine sur la mondialisation.
5
« Recherche et innovation en PACA » - Note de M. Normand - 2010
15
3 - Aix-Marseille Université
Aix-Marseille Université « unifiée » comprendra 70 000 étudiants, 3 500 enseignants-chercheurs, 150
laboratoires, et 3000 techniciens. Cette fusion donnera lisibilité et visibilité à l’Enseignement Supérieur
et à la Recherche par la définition et la mise en œuvre d’une politique dynamique de développement.
Dans son acte fondateur, Aix-Marseille Université se présente comme « un lieu d’une pensée libre,
indépendante et ouverte au monde…qui mettra tout en œuvre pour faciliter l’accès à une formation
permettant tout à la fois l’acquisition d’une culture académique et son insertion professionnelle et sociale. L’enseignement dispensé par Aix-Marseille Université visera à former des hommes et des femmes
cultivés et éclairés, capables de contribuer au développement social, culturel, politique et économique
de la société»
L’ambition de l’Université Unique est triple : construire une université leader dans le secteur de l’économie de la connaissance, dynamiser le territoire métropolitain Aix-Marseille et contribuer à l’édification
de l’Union Méditerranéenne des savoirs.
La Commission prend acte de cette ambition qu’elle partage. Elle souhaite que les dispositions soient
mises en œuvre, en partenariat avec tous les acteurs concernés, pour y parvenir dans le respect des
équilibres territoriaux.
Les Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur (PRES) sont conçus comme un instrument de promotion des établissements membres. C’est un moyen de prendre place dans la compétition scientifique
internationale :
- en matière de formation (doctorat, master) : la coordination des études pourra donner lieu à la
délivrance d’un diplôme sous le sceau du PRES Aix-Marseille Université, correspondant à des formations assurées par une ou plusieurs écoles ou universités membres.
- en matière de rayonnement : le politique de l’internationalisation du PRES va dans le sens du processus de Bologne (LMD - Licence Master Doctorat) au niveau européen et doit se développer dans
des formations intégrées (bi diplôme) ou en créant un réseau partenarial comme c’est déjà le cas à
l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE).
- en matière de recherche : toutes les publications scientifiques des sites sont désormais présentées
sous la signature unique du pôle, ce qui améliore la visibilité à l’international des productions scientifiques des membres du pôle.
La force des PRES repose sur le dialogue et la synergie permanente à dynamiser entre le monde de l’Enseignement, de l’Entreprise et de la Recherche.
La Commission recommande que le PRES Aix-Marseille Université s’affirme comme un pôle majeur de
l’université unifiée, structure de coordination et de pilotage stratégique pour la recherche et l’innovation
et moteur de sa promotion internationale.
16
4 - Les écoles d’ingénieurs du territoire 6
Chaque année, 700 ingénieurs environ sont formés sur le territoire métropolitain. Au total, les différentes écoles d’ingénieurs des Bouches-du-Rhône ont accueilli en 2009 plus de 2 400 élèves Les élèves
ingénieurs représentent 7% des étudiants du territoire. Dans l’académie d’Aix-Marseille, sept institutions sont habilitées à former ces ingénieurs.
Les plus importantes sont l’École Centrale de Marseille, Polytech’Marseille et l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) d’Aix-en-Provence qui forment chacune environ 300 ingénieurs par
an. La première appartient au groupe des Grandes Écoles d’Ingénieurs et est membre du réseau des
Écoles Centrales (avec celles de Paris, Lyon, Lille et Nantes). La seconde est une école universitaire qui
appartient comme la troisième au réseau national « Polytech ».Les deux premières sont le résultat récent
de regroupements et de fusions, qui ont permis d’augmenter leur visibilité et leur attractivité, tant au
plan national qu’international.
Deux autres écoles forment chacune une centaine d’ingénieurs chaque année : l’École Supérieure des
Ingénieurs de Luminy (ESIL), école universitaire qui a vocation à intégrer prochainement Polytech’Marseille et le Centre Micro-électronique de Provence (CMP G. Charpak) situé à Gardanne qui dépend de
l’École des Mines de Saint-Étienne et appartient de ce fait au groupe des Grandes Écoles d’Ingénieurs.
Les autres institutions constituent des niches spécifiques au territoire : l’École des Officiers de l’Armée
de l’Air de Salon, l’Ecole de la Marine Marchande. L’Institut Supérieur du Bâtiment et des Travaux Publics de Château Gombert, qui est une école consulaire de spécialisation, délivre entre 5 et 10 diplômes
par an.
Un rapide tour d’horizon des grandes écoles de commerce sur notre territoire révèle plusieurs formations
dans les domaines du management, de la technologie et de l’innovation, notamment à Euromed Marseille (8ème dans le Top 40 des meilleures Ecoles en 2010 selon le Figaro) et à l’IAE d’Aix-en-Provence
qui décroche une mention aux Trophées Andrew Heiskell 2010.
6
« Attractivité et impact des écoles d’ingénieurs sur le territoire des Bouches du Rhône »- Note de M. NORMAND - 2010
17
CHAPITRE 4
«Des réseaux d’entreprises innovantes pour
développer les synergies nécessaires entre innovation
et production industrielle et créer des emplois»
La constitution de réseaux d’entreprises innovantes répond tout à la fois à une priorité de l’Etat dans le
cadre de la politique nationale des pôles de compétitivité et à une priorité régionale dans le cadre des
Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire (PRIDES). C’est aussi une
nécessité pour les entreprises qui veulent optimiser leur potentiel d’innovation. Dans les deux cas, le
territoire métropolitain a été reconnu comme disposant de forts potentiels dont tous n’ont pas encore
été explorés.
1 - Les pôles de compétitivité
Un pôle de compétitivité est sur un territoire donné, l’association d’entreprises, de centres de recherche et d’organismes de formation, engagés dans une démarche partenariale (stratégie commune de
développement), destinée à dégager des synergies autour de projets innovants conduits en commun en
direction de marchés donnés. Cette politique vise à susciter puis soutenir les initiatives émanant des
acteurs économiques et académiques présents sur un territoire. Par cette mise en réseau des acteurs de
l’innovation, la politique des pôles a comme objectifs de :
- développer la compétitivité de l’économie en accroissant l’effort d’innovation ;
- conforter sur des territoires des activités, principalement industrielles, à fort contenu technologi
que ou de création ;
- accroître l’attractivité de la France, grâce à une visibilité internationale renforcée ;
- favoriser la croissance et l’emploi.
Sur les 11 pôles labellisés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 6 ont leur siège dans l’aire métropolitaine.
La plupart des autres y sont également impliqués.
18
Pôles de compétitivité - Les membres du pôle 2008 et territoire
Etablissements membres
CU Mle
Autres
Pce et CA Collectivités
AubagnePACA
Etoile
Toutes
Régions
France et
étranger
Part relative
CA AixMarseilleAubagne
41
140
44%
52
66
170
31%
St Paul
50
6
174
29%
Biotechnologies
/ Santé
Marseille
32
10
112
29%
Photonique
Marseille
35
15
99
35%
Grasse
Forcalquier
16
27
83
19%
Marseille
39
14
96
41%
Agroalimentaire
Avignon
n.d
23
107
n.d
Risques
Aix-enProvence
44
18
109
40%
Energie
Ingénierie /
Services
St Paul les 3
châteaux
n.d
8
6
n.d
330
228
1 096
30%
Filières
Sièges
Technologies de
l’Inform. et de la
Com, TIC
Ernergie TIC
Transports
Rousset,
SophiaAntipolis
62
Toulon
Capenergie
Energie
Eurobiomed
Solutions
Communicantes
Sécurisées
Mer PACA
Optitec
PASS
Pegase
PEIFL , Pôle
Européen d’Innovation Fruits
et Légumes
Gestion des
risques
Trimatec
TOTAL
Parfums,
Arômes, Bioressources Chimie
Aéronautique /
Espace
Source : Tableau de bord des pôles Edition 2009
19
Ces pôles traduisent les spécificités industrielles et les filières où la région Provence-Alpes-Côte d’Azur
bénéficie d’un fort potentiel. Le tableau montre que 57% des établissements (industries, centres de
recherche, transferts d’innovation…) des pôles de compétitivité de la région sont dans l’espace métropolitain dont les compétences s’expriment notamment :
- dans les TIC et la sécurisation de l’information et de la communication autour du pôle de Rousset
et de Gardanne,
- dans l’espace marin, compte tenu des activités maritimes (Grand Port Maritime de Marseille, Pôle
de la Ciotat) et du potentiel de recherche (station marine, activités sous- marine),
- dans les énergies non émettrices de gaz à effet de serre autour du CEA de Cadarache,
- en médecine et biotechnologies (Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille, hôpitaux, faculté
de médecine, laboratoires pharmaceutiques…),
- dans la construction aéronautique (Eurocopter à Vitrolles-Marignane, plate-forme d’Istres),
- dans la prévention des risques (pôle de l’Arbois, CEREGE…).
La dynamique induite par les pôles de compétitivité favorise la revitalisation de l’industrie du territoire
métropolitain en l’ouvrant davantage sur la recherche et l’innovation et en facilitant les relations entre
grands groupes et P.M.E. Elle a aussi un effet positif sur l’emploi. Près de 20 000 postes de travail
relèvent d’un des pôles de compétitivité dans l’aire métropolitaine marseillaise, plus de la moitié des
emplois totaux des pôles en Provence- Alpes Côte d’Azur
Pôles de compétitivité - Effectifs salariés 2008 et territoire
SCS
Mer
Capenergie
Eurobiomed
Optitec
PASS
Pegase
PEIFL
Risque
Trimatec
TOTAL
CA Pays d’Aix
CU Marseille
Provence et
CA Aubagne
Etoile
4 582
1 192
2 532
0
3 222
338
1 092
n.d
3 696
n.d
16 654
1 157
2 108
851
586
7 286
52
7 512
n.d
3 526
n.d
23 078
Toutes
Autres
Régions France
Collectivités PACA
et Etranger
5 426
2 377
16
213
1 891
2 490
581
1 361
2 123
2 865
19 343
19 061
10 778
8 838
5 949
16 915
5 058
9 692
6 915
14 058
11 938
109 202
Part relative
CA AixMarseilleAubagne
30%
31%
38%
10%
62%
8%
89%
n.d
51%
n.d
36%
Source : Tableau de bord des pôles Edition 2009
20
2 - Les plates-formes d’innovation
Retenue par appel à projet, comme pour les pôles de compétitivité, une plate-forme d’innovation est le
regroupement de moyens (compétences, équipements…) destinée à proposer des
ressources locales à des utilisateurs potentiels pour leur permettre de mener à bien leurs projets de recherche et d’innovation.
Lors du premier appel à projet, la plate-forme « Micro-Packs » à Gardanne a été retenue pour ses compétences en matière d’assemblage de micro- technologies intégrant des préoccupations sécuritaires.
Dans le cadre du deuxième appel à projet, une plate-forme en matière de santé a été présentée. Le
Centre d’Innovation et d’Usages a pour ambition de valoriser les technologies et les savoirs faire autour
de la thématique « Santé à domicile et Autonomie ». Le C.I.U. repose sur une organisation en réseau de
centres experts animée par quatre régions : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et
Limousin.
3 - ITER (le chemin en latin)
La localisation de l’installation de recherche ITER à Saint-Paul-lez-Durance (Communauté d’agglomération du Pays d’Aix), à proximité du CEA de Cadarache, se place dans un programme scientifique international unique au monde. Il s’agit de démontrer la faisabilité scientifique et technologique de l’utilisation
de la fusion comme une source d’énergie par un réacteur expérimental. Le prototype industriel DEMO
qui produira de l’électricité est pour sa part prévu à l’horizon 2050. Un site d’environ 180 ha lui est
dédié et plus de 1 000 personnes.
Les retombées locales attendues sont importantes pour nos territoires : marchés au bénéfice d’entreprise
notamment dans le BTP, l’électricité et les services (phase de construction), dans la mécanique et l’électronique (phase d’exploitation), « effet promotionnel » sur l’ensemble du territoire, création d’emplois
et d’entreprises, valorisation de la recherche scientifique. Les collectivités territoriales de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur se sont fortement engagées pour sa construction. Les projets conduits par le
CEA de Cadarache qui emploie en rythme de croisière 4 000 personnes constituent un véritable poumon
économique pour le nord- est des Bouches-du-Rhône.
4 - Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire (PRIDES)
Les Pôles Régionaux d’Innovation et de Développement Economique Solidaire traduisent la politique
économique conduite par la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Ils ont pour objectifs de la renforcer,
d’améliorer leurs performances globales et de créer des emplois sur un territoire particulièrement affecté
par le chômage. Retenus après appel à projet, les PRIDES. expriment une volonté commune des entreprises concernées de créer des emplois durables, de conduire des projets innovants, de se développer à
l’international tout en accordant une importance particulière à leur responsabilité sociale et environnementale.
21
Au-delà des économies d’échelles générées par la mutualisation de leurs moyens et savoir- faire, le
label PRIDES. est formalisé par un contrat d’objectifs pluriannuel signé avec la Région assorti d’une
convention financière annuelle qui l’assure d’une aide au fonctionnement et à la réalisation des projets
coopératifs de leurs adhérents. De plus, les entreprises membres d’un PRIDES peuvent bénéficier d’une
aide individuelle directe dans le cadre d’un contrat de développement pour l’emploi.
Cette politique spécifique à la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur complète la politique de l’Etat des
pôles de compétitivité définie en 2006 qui se placent pour leur part dans une optique industrielle, de
mobilisation de la recherche et de l’innovation technologique. A ce titre, les pôles de compétitivité de la
région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont aussi été labellisés PRIDES.
Sur les 29 PRIDES labellisés dans la région, 19 ont leur centre dans la métropole. Ils traduisent non
seulement des spécialités reconnues par la compétence de leurs membres (entreprises, centres de recherche, associations, collectivités territoriales), mais aussi une volonté commune de travailler ensemble pour accroître leur compétitivité.
Pôles de compétitivité - Effectifs salariés et territoire
PRIDES
ActivArgile Provence
Bâtiment Durable Méditerranéen
Capenergies
Carac’Terres
EA Eco-entreprises
Eurobiomed
Finance et Conseil Méditerranée
ICI Mode
Images
Livres et disques
Cluster PACA Logistique
Novachim
Optitec
Industrie culturelles et patrimoine
Pegase
Risques
Services à la personne
Solutions Communicantes Sécurisées
Solutions et Systèmes Industriels
Thématique
Arts, métiers et industries de la terre
Construction durable
Energies non génératrice de GES
Tourismes solidaire
Eco-entreprise
Santé
Métiers du chiffre, du droit et du conseil
Textile et Habillement
Economie créative de l’image
Livres et disques
Logistique
Chimie de l’innovation
Optique, photonique
Patrimoine, culture
Aéronautique et Spatial
Surveillance et gestion des risques
Services à la personne
Microélectronique, Télécommunication
Mécanique et mécatronique
Lieu
Aubagne
Aix-en-Provence
Cadarache
Aix-en-Provence
Aix-en-Provence
Marseille
Marseille
Marseille
Marseille
Arles
Marseille
Marseille
Marseille
Arles
Aix-en-Provence
Aix-en-Provence
Marseille
Rousset
Marseille
Source : Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
22
Les PRIDES participent à la structuration de l’économie en invitant les entreprises du territoire à se
rapprocher pour conduire des actions communes.
Les autres PRIDES qui n’ont pas leur siège social dans les Bouches-du-Rhône, impactent néanmoins
fortement l’économie de nos territoires et y regroupent un grand nombre d’entreprises. Et tout particulièrement les PRIDES suivants :
- Grande Plaisance : compte tenu du poids de la réparation navale grande plaisance à La Ciotat et
à Marseille
- PASS : avec les entreprises de parfumerie et la Cité de la cosmétique récemment implantée à Marseille
- Mer : regroupe des entreprises marseillaises des activités maritimes et constitue un pôle de compétitivité à vocation mondiale
- Fruits et légumes : dans la mesure où les Bouches du Rhône sont le premier producteur français
de légumes.
La Commission estime qu’une stratégie de développement économique devra s’appuyer sur ces réseaux
qui constituent une part importante de l’armature économique de la région et préparent celle de demain.
Un premier pas serait d’inviter la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole et les Communautés d’agglomération du pays d’Aix et du Pays d’Aubagne et de l’Etoile à définir une stratégie d’appui
et de valorisation qui aurait le double avantage de structurer les principales filières économiques en
devenir sur leur territoire et de les intégrer dans des réseaux régionaux, tant il est acquis qu’il n’y a pas
de territoires économiques fermés. Dans le cadre de leurs compétences en matière de développement
économique, la Commission propose que les 3 intercommunalités retiennent comme intérêt communautaire le développement des réseaux d’entreprises de type PRIDES.
5 - Initiatives innovantes dans les activités classiques de la métropole
L’innovation n’est pas le monopole des entreprises de pointe, des universités, des centres de recherche
ou des grands groupes industriels. Elle concerne aussi l’économie dite classique, première pourvoyeuse
en établissements et en emplois. Les membres de la Commission ont souligné la place et le rôle de
l’innovation dans les activités classiques et traditionnelles qui concernent notamment l’artisanat et les
Très Petites Entreprises (TPE).
23
A) Dans l’agriculture
Malgré le caractère principalement urbain des Bouches-du-Rhône, l’agriculture est une de ses spécialités et le département est l’un des premiers territoires agricoles du pays qui contribue pour 3% de la
valeur de la production agricole nationale. L’agriculture occupe encore 30% de l’espace départemental
contre 40% en 1970 7. Le climat, l’irrigation et la position géographique du territoire sont favorables à
toutes les formes de l’agriculture. Cette activité, dominée par les productions légumières et fruitières,
rencontre néanmoins de nombreuses difficultés qui pourraient remettre en cause son avenir. En 2009,
le résultat courant avant impôt par actif non salarié a baissé de 43% par rapport à 2008.
Innover dans l’agriculture, c’est l’aider à conserver sa place dans nos territoires 8 .
Développer l’agriculture péri-urbaine dans la métropole
Le poids démographique des agglomérations permet de réorienter l’agriculture pour répondre directement aux besoins des marchés urbains de proximité. On parle alors d’agriculture péri-urbaine. La force
de l’agriculture péri-urbaine, dite de ceinture maraîchère, tient à sa proximité avec les consommateurs
qui permet de leur offrir des produits très frais dans des délais très courts. Néanmoins, l’agriculture péri-urbaine n’est pas armée pour se battre sur des premiers prix en productions basiques, comme en courgettes ou aubergines par exemple. Sa place s’illustre avec des produits fragiles (salades, radis, plantes
aromatiques), des produits gustatifs (fraises de variétés locales) ou des produits identitaires (câpres de
la vallée de l’Huveaune, cébettes d’Auriol ou aulx d’Aix-en-Provence). D’ailleurs c’est souvent l’occasion
de créer une marque locale, comme autour d’Aubagne : « Les Jardins du Pays d’Aubagne » pour fidéliser
les clients en leur garantissant qualité, fraîcheur et provenance des produits.
Promouvoir l’agriculture biologique
Les Bouches-du-Rhône comptent 281 exploitations certifiées bio ou en conversion. Le nombre de fermes a progressé de près de 25% en un an. Les surfaces biologiques y occupent 13 437 ha, plaçant le
département en première position régionale. Avec 8,5 % de sa surface agricole en bio, les Bouches-duRhône arrivent en troisième position française. Cette bonne dynamique de conversion profite à toutes les
filières, et plus particulièrement à la vigne, le maraîchage et l’oléiculture. Dans les Bouches du Rhône,
près de la moitié des surfaces en conversion concerne la vigne. La filière oléicole compte 180 ha en
conversion, ce qui permettra de doubler les surfaces oléicoles bio du département.
7
Portrait agricole des Bouches-du-Rhône - AGRESTE N° 34 - Juin 2008
8
Notes de D. GUYOMARC’H - 2010
24
Appuyer les Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne 9 (AMAP)
Une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne est un partenariat de proximité entre un
groupe de consommateurs et une ferme locale, débouchant sur un partage de récolte régulier (le plus
souvent hebdomadaire) composée des produits de la ferme. L’AMAP est un contrat solidaire, basé sur
un engagement financier des consommateurs qui paient à l’avance la totalité de leur consommation sur
une période définie (la «saison»). Ce système fonctionne donc sur le principe de la confiance et de la
responsabilité du consommateur ; il représente une forme de «circuit court» de distribution.
Ce rapprochement entre les consommateurs soucieux d’établir des rapports de proximité et les producteurs amène une notion de commerce équitable local et une co-responsabilité entre les deux parties. La
première AMAP française a vu le jour à Ollioules (Var) en 2001. Il existe 65 AMAP dans les Bouchesdu-Rhône, qui relèvent du réseau « Alliance Provence », ce qui correspond à environ 8 000 familles et
à 30 000 « consommateurs ».
Préserver les terres agricoles
L’évolution d’une partie de l’agriculture vers une agriculture péri-urbaine et biologique plus proche du
consommateur se trouve confrontée à un manque d’espaces. Certains propriétaires fonciers espèrent
que leurs parcelles agricoles deviendront constructibles. Ce n’est pas le manque de paysans motivés qui
explique les terres en friches mais plutôt le refus de beaucoup de propriétaires de les mettre en location ! La préservation et la valorisation des terres nécessaires à l’activité agricole relève d’une démarche
cohérente à l’échelle de l’espace métropolitain.
Développer de nouvelles filières
De nouvelles filières s’ouvrent pour mieux intégrer l’agriculture au développement territorial. L’agro-tourisme, l’agropastoralisme, les filières « vertes », les filières bois, l’éducation à l’environnement, la lecture
des paysages, le passage du développement agricole au développement rural constituent des pistes à
explorer porteuses d’innovation.
B) Dans le bâtiment
Une activité motrice fortement soumise à la conjoncture
Le bâtiment et les travaux publics représentent une activité motrice dans le département.
Fortement affectée par la crise et la baisse des commandes qui en résulte, la filière du bâtiment et des
travaux publics est un des premiers employeurs du département. En 2007, les 12 000 établissements
emploient 47 000 salariés et représentent un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros. Le secteur comprend d’une part de grands groupes industriels et d’autre part un artisanat d’entrepreneurs individuels.
9
Note de J. REAL- 2010
25
La production annuelle de ciment est estimée à 900 000 tonnes, celle de granulats à 10,5 millions de
tonnes. Sur un marché de proximité, les ressources naturelles du département évitent aux établissements d’importants coûts de transport.
La filière dépend largement de la conjoncture et du climat des affaires. Elle ne porte pas une image de
marque très favorable et ces métiers attirent insuffisamment les jeunes. L’emploi intérimaire représente
12,7% de l’emploi salarié contre 8,1% au niveau national. Le bâtiment et les travaux publics rencontrent des difficultés de recrutement car ces métiers, estimés pénibles, ne sont pas attractifs. Ce déficit
d’image appelle des réponses innovantes
De grands domaines d’avenir comme la réhabilitation thermique, la lutte contre le bruit, les grands travaux annoncés constituent des opportunités à valoriser, et dont il faut tirer parti tant pour l’innovation
que pour la formation professionnelle
Tirer parti du Grenelle de l’environnement pour innover 10 dans les formations à la rénovation thermique
et l’utilisation de matériaux peu « polluants »
Au-delà des besoins importants de la métropole en matière de construction, la formation aux métiers
du bâtiment doit bénéficier des priorités reconnues en matière de réhabilitation de logements anciens
et de mesures de rénovation thermique. Les formations initiales et continues doivent modifier leurs
référentiels. Les formations actuelles en isolation thermique ne prennent généralement en compte que
la partie théorique de cette dimension. Innover dans ces formations appelle des enseignements et des
pratiques nouvelles comme le contrôle de la caméra thermique, la connaissance de la diversité des isolants thermiques, le coefficient conforme à la Règlementation Thermique 2012, l’étanchéité de l’air, la
conformité acoustique et incendie.
Promouvoir l’éco-construction et la réhabilitation du parc de logements
La demande de logements ne cesse de progresser. La crise actuelle résulte de l’inadéquation entre les
logements proposés et les besoins des actifs : les prix sont trop élevés pour les acquéreurs. Les primoaccédants, les jeunes actifs et les populations à revenus modestes sont exclus du marché immobilier. Le
prix moyen a doublé entre 1995 et 2005. Cette pression, qui écarte les ménages les plus modestes de
l’exercice de leur « droit au logement » ; invite à innover dans les normes de confort, dans les process
de construction, etc pour en réduire le coût.
10
Note « Les besoins en formation de l’artisanat du BTP » MF. CARREGA - 2010
26
C) Innover dans les services à la personne
Les services à la personne répondent aux besoins des familles et se développent rapidement avec le
vieillissement de la population et l’activité féminine. C’est un secteur particulier caractérisé par le poids
des particuliers employeurs, de l’emploi féminin et l’implication du secteur associatif et des Centres
Communaux d’Action Sociale. Il est conduit par une multitude d’opérateurs mal ou peu identifiés et
rencontre des difficultés de recrutement compte tenu de son caractère éclaté. Le travail non déclaré est
prédominant et beaucoup de femmes travaillent à temps partiel. Cette filière est encore peu structurée
dans une métropole méditerranéenne où les solidarités familiales s’exercent pleinement. Elle représente
néanmoins de fortes potentialités de création d’emplois.
L’accompagnement des personnes âgées représente 65% de ces services, le travail ménager 25%.
Innover dans ce secteur implique de :
- Structurer et rendre visible l’offre de services à la personne afin de faciliter l’expression de la demande ;
- Anticiper le vieillissement de la population et favoriser le maintien à domicile des personnes âgées
dépendantes par le développement d’activités commerciales ou associatives de services à la personne ;
- Impliquer les Directions des Ressources Humaines dans la diffusion du Chèque Emploi Service
Universel (CESU) ;
- Définir des conditions de travail convenables, l’exercice du droit à la formation professionnelle ou
des perspectives de carrière pour ces nouveaux métiers.
Deux initiatives récentes sont en cours :
- Le PROJET PROSPER (Professionnaliser les Services à la PERsonne), conduit par la CCIMP, entend
développer les entreprises du secteur et mettre en place les conditions de sa pérennité. Les trois piliers
du projet (sensibiliser, professionnaliser, promouvoir) visent à faire de cette filière une partie intégrante
du développement local à même d’offrir des emplois qualifiés et des perspectives de carrière à ses salariés. La CCIMP assure un accompagnement aux porteurs de projets, anime un club d’entreprises qui se
retrouve dans les termes d’une « charte d’engagement ».
- Le PRIDES « Services à la personne », labellisé en 2007, est une structure de coopération des entreprises agréées services à la personne en région Provence- Alpes-Côte d’Azur. (associations, coopératives,
sociétés commerciales, CCAS…) .Le pôle a pour ambition de soutenir la croissance, de promouvoir les
logiques de diversification de services et de différenciation, de consolider les entreprises et d’améliorer
la qualité de l’emploi. Il souhaite favoriser une offre de services de qualité, construite sur des valeurs de
solidarité et de responsabilité sociale et environnementale. Au 31 décembre 2009, les 108 adhérents
sont : 83 entreprises de services à la personne représentant plus de 10 961 salariés et 25 structures
collectives (CQFD, Dom’Inno, Qualidom Sud, URIOPSS, MSD, CRESS…).
27
L’innovation dans les services à la personne passe également par les ressources techniques nombreuses,
notamment dans le domaine de la dépendance : maison intelligente, télésurveillance des personnes
âgées, robots à domicile, matériel de nettoyage, télé-enseignement, etc. Elle n’est pas étrangère au développement durable dans les modalités de gestion des déchets, les économies d’énergie, la ressource
en eau et le respect des personnes privées d’autonomie.
D) Innover dans la création d’entreprise
La culture d’entreprendre est insuffisamment développée, notamment chez les jeunes diplômés dont
l’insertion dans le marché du travail est difficile. C’est tout l’appareil de formation qui est interpellé
pour promouvoir l’esprit d’entreprise dans toutes les disciplines. Le statut récent d’auto-entrepreneur
peut constituer pour eux une opportunité favorable. Les couveuses, pépinières, coopératives d’activité et
d’emploi sont à faire connaître et à développer.
E) Innovation et rayonnement international
Enfin, on ne peut achever ce rapport sans souligner le lien qui existe entre innovation et rayonnement
international. La valorisation de l’innovation a un impact très fort sur l’image d’un territoire, son attractivité, et constitue un véritable vecteur de rayonnement.
Mais la stratégie de positionnement, de communication et promotion internationale d’un territoire, nécessite également des efforts d’innovation pour assurer cohérence, lisibilité et pertinence de ses objectifs et de ses moyens. A l’échelle de notre espace métropolitain, cette question mérite un examen
approprié.
28
CHAPITRE 5
«Vers une démarche concertée et structurée
pour valoriser l’innovation et dynamiser
la création d’emplois »
A l’examen des potentialités de l’espace métropolitain, aussi bien en matière d’enseignement supérieur,
de recherche, d’initiatives innovantes dans de nombreux secteurs, de pôles de compétitivité et de PRIDES, la Commission a fait le constat que ce territoire n’était toujours pas à la hauteur des grandes métropoles Européennes, que l’emploi reste à la traîne, que l’innovation reste confidentielle et ne débouche
pas suffisamment sur de la création productive.
Sur toutes ces dimensions de l’innovation, l’espace métropolitain dispose de nombreux atouts, de fortes
potentialités, mais la Commission souligne qu’ils ne sont pas suffisamment valorisés ni structurés pour
irriguer l’ensemble du territoire, et dynamiser la création d’emplois.
Les membres de la Commission sont convaincus que l’économie de l’avenir se joue dans notre capacité
à valoriser l’innovation et son potentiel de création d’activité. Cette démarche sera d’autant plus pertinente qu’elle mobilisera de manière concertée les atouts et les moyens de nos territoires vers cet objectif
commun.
La Commission propose quelques pistes pour dépasser la situation actuelle dans une conception partagée de l’intérêt général notamment :
- Soutenir et évaluer la dynamique des pôles de compétitivité et des PRIDES en termes notamment
de création d’entreprises et d’emplois ;
- Structurer les dispositifs actuels pour optimiser l’action territoriale et les financements publics en
faveur de l’innovation (notamment mise en place d’un guichet unique) ;
- Dynamiser, notamment dans le cadre du PRES, les relations et les synergies entre l’université, la
recherche et les entreprises ;
- Faire connaître et développer la culture de l’invention et de l’innovation et stimuler les relations
entre créateurs et producteurs dans le cadre d’une maison des sciences, des créateurs et des technologies associée à un show room ;
- Réfléchir aux moyens d’appui à l’innovation dans l’agriculture de proximité, l’économie solidaire
et l’artisanat ;
29
- Accroître l’attractivité de nos territoires pour y favoriser l’accueil et le développement de nouvelles
fonctions métropolitaines, par une vision partagée de ses grands projets ;
- Soutenir la créativité sous toutes ses formes et le goût d’entreprendre notamment chez les jeunes
(impact sur la formation professionnelle) ;
- Réfléchir à une meilleure complémentarité des moyens d’analyse des filières stratégiques et de
prospective dans le cadre possible d’un observatoire de l’innovation ;
- Se donner les moyens de construire une économie touristique de niveau international.
Les trois Conseils de développement concernés par cette réflexion ont souligné l’importance et la diversité des initiatives prises par les acteurs publics et privés pour développer toutes les formes d’innovation.
Ils considèrent que ces mesures et leurs impacts ne trouveront leur plein épanouissement que dans une
démarche cohérente et soutenue à l’échelle de l’espace métropolitain.
A cette fin, la Commission propose la mise en place d’un groupe de réflexion sur les conditions de mise
en œuvre de ces orientations.
Ce groupe pourrait préfigurer la mise en place d’une agence commune pour la valorisation de l’innovation et de ses applications.
Elle souligne néanmoins que ce nouveau cap ne pourra être franchi si d’autres problèmes structurels ne
sont pas résolus dans un proche avenir :
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un port fiable,
une offre foncière maîtrisée par les acteurs publics,
un programme pour l’habitat à la hauteur des besoins,
un réseau de transport collectif structuré et performant,
une université unique qui tienne ses promesses.
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CONCLUSION
«Appel pour un supplément d’audace»
A l’examen des potentialités de l’espace métropolitain, aussi bien en matière d’enseignement supérieur, de recherche, d’initiatives innovantes dans de nombreux secteurs, de pôles de compétitivité et de
PRIDES, la Commission a fait le constat que ce territoire n’était toujours pas à la hauteur des grandes
métropoles Européennes, que l’emploi reste à la traîne, que l’innovation reste confidentielle. Elle estime
que parmi les explications avancées, la faiblesse des partenariats, les difficultés du travail en commun,
l’insuffisance de stratégie et de prospective ainsi que l’insuffisance des synergies entre innovation et applications productives jouent un rôle déterminant dans l’incapacité actuelle de porter un projet collectif
à la hauteur des ambitions des acteurs de cet espace.
Les Communautés d’agglomération comme les Communautés urbaines ont une compétence en matière
de développement économique et d’aménagement du territoire. Aussi, les trois Conseils de développement invitent fortement les trois EPCI à travailler de manière concertée à la définition d’une stratégie
métropolitaine d’appui et de valorisation de l’innovation. A partir d’un diagnostic partagé et dans le cadre d’une vaste consultation à engager, la définition de quelques orientations stratégiques donnerait de
la lisibilité et de l’efficacité aux politiques publiques mises en œuvre.
D’ores et déjà quelques orientations peuvent être mises en avant, parmi d’autres à explorer :
- Les bons résultats acquis par les pôles de compétitivité et les PRIDES mériteraient d’être accompagnés et amplifiés par des démarches communes à la hauteur des enjeux d’un territoire dynamique
qu’une culture locale habituée à d’autres arbitrages n’a pas encore su valoriser ;
- Le soutien aux filières clés, la mise en réseau des pôles de compétitivité et des PRIDES, le développement de projets collaboratifs, la promotion des savoirs faire et de l’esprit d’entreprise, l’accès au
capital risque, le développement de l’économie sociale et solidaire contribueraient sans aucun doute
à accroître le nombre de créateurs et d’entreprises innovantes ;
- Les synergies Recherche-Université-Entreprises sont à amplifier par des structures d’accompagnement appropriées. Le développement de fondations constitue une piste à explorer. L’université unifiée y contribuera fortement avec le PRES unifié, mais l’enjeu n’est pas qu’universitaire ;
- Les écoles d’ingénieurs sont un outil de formation essentiel à l’ensemble de nos territoires, leur
devenir et leur qualité sont d’intérêt général et méritent un regard spécifique,
- La création sous toutes ses formes mérite d’être stimulée et accompagnée. L’innovation et l’entreprise ne peuvent se concevoir sans développer l’esprit créatif, l’esprit d’entreprise et la culture qui
les anime ;
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- Une agence territoriale pour la valorisation de l’innovation permettrait d’optimiser l’action publique
et sa coordination avec le privé, d’en assurer la lisibilité. Elle serait facteur de rayonnement international et de promotion de l’image de ses territoires ;
- Un projet de « Maison des sciences des créateurs et des technologies » constituerait un signe fort
et serait un facteur de rayonnement national et international.
Les trois intercommunalités auxquelles sont attachés nos Conseils de développement ont toutes des
établissements d’enseignement supérieur, des étudiants, des entreprises de pointe, des structures de
transfert de technologies. Elles souhaitent toutes les trois attirer des cadres de haut niveau, accueillir
des créateurs d’entreprises performants, valoriser leurs potentialités humaines, promouvoir leurs sites
scientifiques. Les trois intercommunalités rencontrent des problèmes de chômage qu’elles souhaitent
évidemment pouvoir combattre. Elles n’acceptent pas le destin incertain d’une économie purement résidentielle. L’économie productive est leur priorité.
La société civile invite à l’audace pour préparer cet avenir.
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« Vers un espace métropolitain...
les Conseils de développement s’engagent »
Mars 2011