Télévision reportage Moustique a rendu visite à son

Télévision reportage
Moustique a rendu
visite à son confrère Jules-Edouard Moustic
Groland présente ses meilleurs vieux
I
Depuis 16 ans,
Moustic et sa bande
repoussent les limites
du politiquement
incorrect. Vive
la “présipauté”
du Groland: absurde,
trash, mais
toujours libre.
ls sont les vraies stars de
Groland. Souvent comédiens, les petits vieux sont
omniprésents dans les sketches. “La seule émission de
télé où il y a des vieux, c’est la
nôtre, martèle son présentateur Jules-Edouard Moustic,
qui n’est pas peu fier de lutter
contre le jeunisme ambiant
qui règne à la télé. Les vieux,
ça les fait rire. On a même eu
un ancien ambassadeur. Il
avait 80 balais. Si on lui demandait de sodomiser une
vache, il le faisait.”
B
ienvenue à Paris, à la plaine SaintDenis. Ou plus exactement à “Cacacittà”. “C’est ici que sont enregistrées la plupart des merdes de la
télé” s’amuse Jules-Edourd Moustic. Chaque jeudi soir vers 20h30, le public
vient assister à l’enregistrement du Groland
Mag Zine qui se déroule dans le même studio
que celui des Guignols.
Dans le civil, Jules-Edouard a un vrai nom:
Christian Borde...
Visa pour Groland
D’abord intégré dans Nulle part ailleurs, avec
ses rubriques CNN International et Le 20h20,
le Groland a très vite pris son indépendance en
revisitant l’info de proximité sur un ton qui
singe adroitement les actualités régionales ou
le célèbre 13 heures de Jean-Pierre Pernaut.
C’est l’objectif de Groland: détourner une fausse actualité locale “proximiteuse”, pour mieux
dézinguer la vraie. Après Groland sat, Bienvenue au Groland, Sept jours au Groland, voici
maintenant Groland Mag Zine. A la présentation, l’indétrônable Christian Borde, alias Moustic. L’homme a longtemps vécu à Monaco où il
était animateur sur RMC. La Principauté est
même en grande partie à l’origine de l’Etat
imaginaire de la “présipauté” de Groland qui,
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depuis 16 ans, sert de toile de fond à tous les
sketches de ses émissions.
Moustic est une des dernières figures du
Canal historique, il a notamment écrit pour les
Nuls. En 92, il rencontre Benoît Delépine (qui
joue le journaliste Mickael Keal). Avec le réalisateur Sylvain Fusée et Christophe Salengro
(qui joue le président du Groland), ils forment
les quatre premiers piliers de l’émission. Orientation politique du quator: la gauche. Mais ils
préfèrent leur propre président. “Il mesure près
de deux mètres et a une stature très gaullienne.
Il est très graphique. D’ailleurs il fait toujours
partie de la troupe de danse du chorégraphe
Philippe Decouflé” lance Moustic admiratif.
Bleds paumés
et bistrots improbables
En exil permanent, Christophe Salengro traîne
régulièrement au bar de La Pomponette, l’ambassade officielle de Groland à Paris. Le reste
des troupes est installé en province. Moustic
passe d’ailleurs le plus clair de son temps au
Pays basque. Présent à Paris deux jours par
semaine, il fuit les mondanités et le milieu du
showbiz. C’est pareil pour Sylvain Fusée. Ce
Picard a un véritable don pour dégoter les bleds
paumés et leurs bistrots improbables qui
constituent le décor naturel de Groland.
Des contrées pas si imaginaires, arpentées
par les reporters maison, comme le comédien
Francis Kunz. “Il profite de sa notoriété pour
régler des comptes ou pour emballer”, raconte
Moustic. D’autres personnages grolandais sont
devenus cultes sur YouToube. Parmi eux, un certain Michel Sardouille qui
se demande pourquoi les
Turcs n’aiment pas le jambon...
Isabelle Doll s’occupe de
recruter les acteurs et les figurants de Groland. “Soit ils
nous écrivent directement,
soit nous envoyons des annonces dans les revues spécialisées. Nous avons aussi
bien des comédiens professionnels que des amateurs.
On leur demande de regarder
Groland au moins une fois,
pour qu’ils sachent où ils mettent les pieds. On leur explique le sketch, ils sont libres
d’accepter ou pas.”
Dans certains sketches, on
a pu voir des mémés s’offrir
un chippendale et sniffer de
la coke. Dans d’autres, on a
vu des papys qui se tripotaient. “Chacun a ses propres
limites et ses propres tabous.
Il y a des gens qui ne parlent
pas de la Seconde Guerre
mondiale car le souvenir est
trop douloureux. En revanche,
des mamies ont accepté de
faire un sketch sur le tourisme
sexuel en Afrique.”
Plus de 10.000 personnes
figurent dans le fichier gro-
présente l’émission debout. Un bon entraînement pour son premier one man show qui débutera en décembre à Paris. “Je vais avoir 57 ans
et je ne me suis pas vu
vieillir. Cette réflexion est le
point de départ de mon
spectacle. Quand est-ce
qu’on devient vieux? A partir
du moment où on passe
plus de temps dans ses
pantoufles. A Groland, c’est
un public acquis. Seul en
scène, tu es à poil.”
“La seule
limite,
c’est que
ça nous
fasse rire.”
Six auteurs travaillent
pour Groland. Un vrai luxe
pour une émission hebdomadaire d’une vingtaine de
minutes. “Chaque semaine,
on se réunit et on constitue
un JT en équilibrant un
sketch avec un minimum de
fond, un plus absurde et un
sketch cul ou pipi-caca, explique Moustic. La seule limite, c’est que ça nous
fasse rire. Sinon on jette à la poubelle. On s’autocritique beaucoup.” Cette année, Jules-Edouard
En 10 ans de recrutement
grolandais, Isabelle a pu
constater que les jeunes
avaient finalement beaucoup
plus de tabous que leurs
aînés. “Les personnes âgées
s’éclatent plus que les jeunes. La première fois que j’ai
appelé une grand-mère, le
sketch prévoyait qu’elle montre ses seins. J’étais plus gênée qu’elle. Les vieux ont envie de faire des trucs qu’ils
n’ont jamais fait.”
Regard
indispensable
L’esprit Groland, c’est
aussi son indépendance
au sein de Canal +. Le directeur des programmes
de la chaîne, Rodolphe Belmer, était fan de l’émission
quand il était étudiant. Agé de 39 ans, il n’intervient pas dans les délires des quinquas
landais. Les petits vieux représentent à peine 10 % des
effectifs. “Mais c’est vraiment
sympa de travailler avec eux,
car leur bonne humeur est
communicative. On fait un
peu partie de leur famille. La
moitié de nos petits vieux
sont seuls. Ils nous offrent
des fleurs, des chocolats.
Quand on vient tourner chez
eux, on est reçus comme des
rois.”
Pour les personnes âgées,
c’est aussi un bon moyen
d’arrondir leus fins de mois.
Un comédien touche 245 €
brut pour huit heures de travail, en figuration c’est 84 €.
“Mais ils viennent surtout
pour s’amuser. Ils savent ce
qu’ils font et on ne leur force
jamais la main”. A l’issue du
tournage, les seniors se ruent
même sur Canal + ou sur Internet pour commenter leurs
performances avec leurs collègues de tournage. “On
n’imagine pas à quel point les
vieux sont modernes”, conclut
Isabelle Doll.
potaches. “On a des discussions, mais ce ne
sont pas des censures. C’est bien d’avoir un
regard extérieur. Par exemple, avec Sarkozy, on
était un peu trop directs. Quand on est trop
frontal, ce n’est pas drôle. C’est plus subtil de
fonctionner avec des allusions”, reconnaît
Moustic.
Aujourd’hui, Groland est un des derniers
symboles de l’esprit frondeur et décalé des
débuts de Canal +. Même si elle ne vole pas
toujours très haut et si elle est parfois carrément trash, l’émission remue les neurones et
porte un regard critique indispensable sur notre
société. C’est sûr, Moustic pique souvent juste
où il faut. Souhaitons donc à Groland et à son
président de pouvoir renouveler leur mandat.
Laurent Van Roey
Groland Mag Zine
Dimanche - 19h30 - Be 1
@
Les meilleurs reportages de Groland sont sur
www.telemoustique.be
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